Chère lectrice, Cher lecteur,
Porté par un poème d’Emily Dickinson, Notre part de nuit de Mariana Enriquez, s’avère un livre monstre, où l’instance lectrice est emportée malgré elle dans des sphères ténébreuses, malsaines, diaboliques avec comme toile de fond une Argentine tourmentée. Je voulais le lire depuis sa sortie, alors lorsqu’Alto a proposé une édition CODA, je me suis empressée de demander une copie en service de presse. Je tiens par ailleurs à remercier la maison d’édition pour cet envoi.
Dès le départ, j’ai été happée par cette histoire mettant en scène un père violent et malade, Juan, et son fils Gaspar, qui partent sur les routes de l’Argentine dans un «road-trip» au début des années 80. L’un est en deuil de la femme aimée et l’autre de sa mère. Juan fait tout son possible pour éloigner son fils de la famille de sa femme décédée car cette dernière est liée à une secte. Cette secte commet des actes terribles, barbares, pour tenter d’atteindre l’immortalité ou maintenir en vie la conscience. Juan et Garpar réussiront-ils à lui échapper? Le destin finira-t-il par les rattraper?
Dans ce livre, j’ai été témoin d’actes horrifiants, sataniques. L’Obscurité n’est jamais loin et les maisons sembles possédées. Le pouvoir de la secte est immense et il s’infiltre dans le coeur noir des uns et dans les pensées des autres. J’ai ressenti la peur des personnages envers la magie noire ou encore la sorcellerie. Il y a même une jeune fille à qui il manque un bras qui disparaît à l’intérieur d’une maison et sa disparition aura un impact sur le devenir de Gaspar et de ses amis Vicky et Pablo.
Ce que j’ai trouvé le plus fascinant dans ce récit, c’est l’Histoire du Culte de l’Ombre et des médiums. Car Juan est un médium qui sait voir les morts sauf son amour.
«Ils avaient entendu des histoires à propos d’un esprit qui se manifestait sous la forme d’une lumière noire et avait un pouvoir de divination et de prophéties.» (p. 422)
«Seuls les médiums peuvent faire venir cette Obscurité qui parle et nous permettra de vivre pour toujours, d’être comme des dieux. Les mortels sont le passé, m’a dit un jour Florence.» (p.450)
Durant toute ma lecture, je me suis dit que Mariana Enriquez possédait une imagination à nulle autre pareille. Je n’ai encore rien lu de tel même dans les romans de Stephen King.
Le seul bémol à cette histoire, je dirais, ce sont les nombreux personnages que la lectrice ou le lecteur rencontrent. Je trouvais qu’ils étaient trop nombreux. C’est vrai que pour offrir un roman de plus de 800 pages, il faut bien suggérer quelque chose….
Mais encore, la construction du récit apparaît géniale. Mariana Enriquez propose à son lectorat les morceaux d’un casse-tête qu’il doit rassembler à travers les différentes époques ou encore par le biais des voix qui se font écho pour réussir à contempler tout le portrait démoniaque du récit. C’est fort, c’est un voyage au bout de la nuit, c’est un navire rempli de bêtes terribles qui avance au fil des pages. Âmes sensibles, abstenez-vous.
Malgré tout, je vous invite à découvrir cette histoire marquée par l’Obscurité, par les sacrifices humains, par les rituels, par les puissances occultes, par les meurtres. Je ne me suis pas ennuyée. Ce livre mérite certainement les critiques élogieuses qu’il a reçues et les nombreux prix que son autrice a remportés grâce à lui.
C’est une belle histoire aussi d’amitié entre Gaspar, Vicky et Pablo. C’est également une belle histoire entre un père qui veut à tout prix protéger son enfant et celle d’un fils qui doit tenter de comprendre les forces occultes l’entourant, tout cela sous fond de dictature.
Avez-vous lu Notre part de nuit de Mariana Enriquez?
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