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Critiques de Mariana Enriquez (328)
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Notre part de nuit

Ambiance noire et mystique, presque envoutante dans ce livre. On y retrouve des airs de Lovecraft ou de Carlos Ruiz Zafon par moment, ce qui n’est pas pour me déplaire. Mariana Enriquez transforme certains lieux de l’Argentine en épicentre de l’horreur gothique, on y célèbre des invocations démoniques, on y vénère les ténèbres, les initiés donnent corps et âmes aux dieux noirs de souffrance et y sacrifient leurs êtres les plus chers. Malgré un texte fort et addictif, ce n’est pas un coup de cœur, car parfois ce fut un peu long, mais la fin se mérite, dans une explosion surréaliste et fantastique.



Ce roman, à plusieurs points de vue, commence par l’histoire de Juan. Cet homme très grand et blond, traverse l’Argentine avec son jeune fils Gaspar. Malgré son gabarit, il souffre dans son corps et dans sa tête, il semble fuir des ennemis puissants capables de tout. La mère de Gaspar est morte tragiquement, mais dans ces années de dictature, de violences et d’instabilité ce n’est pas inhabituel. Pourtant, Juan qui a un don de médium, sait que les membres d’un mystérieux ordre secret, dont font partie les membres de la famille de son épouse, ne sont pas étrangers à ce drame. En tout cas, il veut sauver son fils.



Ce roman est foisonnant de mythes et de récits, de la vieille Angleterre aux tribus guaranis. Mais aussi des voyages à travers l’Argentine jusqu’à des contrées fantastiques et cruelles. Mariana Enriquez sait raconter des histoires qui nous embarquent dans l’horreur mais aussi la poésie. Le rendez-vous est donc pris pour découvrir un autre livre de cette romancière à l’imagination sans limite.



❓ Et vous, quelle est votre part de nuit ?


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Les dangers de fumer au lit

Beaucoup de belles critiques pour ce livre, qui m'ont poussé à le lire, mais je suis passée totalement à côté. Aucun frisson.

Après avoir lu "La cabane aux confins du monde" qui m'avait vraiment secouée, là rien. Ce n'est tout simplement pas mon genre.



J'ai lu rapidement ces douze nouvelles, envahies par les fantômes, sorcières, d'enfants, d'adolescentes. C'est vrai qu'il y a une atmosphère malsaine, de la souffrance, de la peur, des odeurs nauséabondes, bien décrites....



Celles qui ont retenu mon attention, L'Exhumation des os d'Angelita , par sa grand-tante, qui jouait dans le jardin. Un petit fantôme qui pleure lors de pluies.

Ainsi que les petits revenants, enfants de tous âges disparus, pour certains depuis de nombreuses années et qui un jour réapparaissent dans les parcs de Buenos Aires.



Je ne peux pas dire que je ne l'ai pas aimé, puisque j'ai été au bout, mais Les dangers de fumer au lit de Mariana Enriquez m'ont laissé un peu indifférente.



Pour ceux qui l'ont lu, je ne fume pas au lit et je n'essaie de voir les étoiles au plafond en brûlant les draps, qui me servent de tente....



Ce n'est que mon avis personnel, beaucoup de babelpotes l'ont aimé et il y a de très beaux billets, allez les voir.
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Les dangers de fumer au lit

Particulièrement séduite par Notre part de nuit, c’est avec enthousiasme que j’ai accepté la proposition de Babelio et des Editions du sous-sol de participer à la Masse critique privilège pour découvrir les 12 nouvelles de Mariana Enriquez réunies dans ce recueil. Je les en remercie.

J’y ai retrouvé l’univers morbide, violent, fantastique de l’auteure. C’est peut-être sa marque de fabrique. Je ne peux pas encore juger. C’est seulement ma deuxième rencontre avec elle.



Chaque récit est fortement ancré dans l’Argentine d’aujourd’hui. Chacun est raconté du point de vue d’un personnage féminin, souvent adolescent ce qui permet à l’auteure de distiller un lexique très familier, des considérations très terre à terre, voire carrément triviales : pipi, caca, scarification, masturbation…

Il en ressort une impression étrange, souvent dérangeante. Si des fantômes sont presque toujours présents, si la peur est presque toujours là, les vivants sont, dans certains récits, plus monstrueux que les revenants. C’est comme si, l’auteure en faisant un pas de côté, nous laissait voir des dérangements : ceux des protagonistes des récits aux comportements parfois aberrants, ceux d’un monde « normal » où pourtant les esprits, les fantômes sont là, tout près, prêts à nous approcher pour peu qu’un déclencheur soit activé et surtout sans qu’on sache toujours très bien ce qu’ils veulent.

Si cette lecture m’a plu, ce n’est pas vraiment un coup de cœur car il m’a manqué les chutes. En effet, de façon tout à fait déconcertante, ces nouvelles n’en ont pas vraiment. Or, c’est justement la chute que j’apprécie dans ce genre…

Pour finir, mention spéciale pour la 1er de couv. Magnifique choix !

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Les dangers de fumer au lit

La plupart des jeunes filles présentes dans les 12 nouvelles qui composent ce recueil sont perdues, fatiguées, incomprises ou brutalisées. Mais elles ne sont jamais seules : fantômes, ombres, mauvais sorts ou malédictions peuplent leur monde. Tortionnaires ou victimes, malfaisantes ou innocentes, chacune à sa manière tente de sauver sa peau…



Rien ne devait mettre ces pages entre mes mains. Qu’il s’agisse d’un coup du sort ou celui du destin, c’est une belle découverte.



Une fois accepté le soupçon de culpabilité que l’on ressent à l’idée d’apprécier la noirceur, la violence et le mal qui se cachent derrière ces histoires, on se délecte de l’univers de Mariana Enriquez.

Avec une écriture rythmée, travaillée, mélodieuse, l’auteur plonge son lecteur au cœur de funestes cruautés. C’est une peur sournoise, insidieuse, qui vient se glisser doucement dans un train train quotidien. Les malédictions et les sorts sont jetés là, égoïstement, pour se sauver soi-même d’une mort certaine. La folie guette ses proies, tapie dans l’ombre…



Mariana Enriquez réussit avec talent à nous faire frissonner… Un conseil : ne lisez pas ces nouvelles le soir sous la couette ou vous serez contraint de vérifier que rien ne se cache sous le lit !!
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Ce que nous avons perdu dans le feu

Avec Ce que nous avons perdu dans le Feu, Mariana Enriquez nous livre un recueil de 12 nouvelles noires et cruelles parsemées d'une légère touche de fantastique.

Ce qui me frappe dans ces nouvelles c'est la place imposante laissée à l'imagination du lecteur. Au final, on ne sait jamais vraiment si le personnage évolue dans notre réalité ou dans le surnaturel. La narration est volontairement ambiguë et ça fonctionne très bien.

Le récit s'ouvre sur la précarité et la misère des bidonvilles. Le lecteur glisse ensuite au milieu de chroniques sociales d’une Argentine où pèse encore la mémoire des atrocités commises pendant la dictature des années 70.

L'une des nouvelles en particulier m'a interpellée. « La Maison d'Adela » se concentre en effet sur une étrange et angoissante maison qui annonce un épisode du superbe roman Notre Part de Nuit.

Une autrice qui me fascine dans la conception de ses univers qui, bien que ancrés dans la réalité, mettent en perspectives nos plus affreux cauchemars.

Mariana Enriquez écrit sur les fantômes du passé qui hantent encore l'Argentine d'aujourd'hui et les relents de la dictature et de ses heures noires. Ses personnages incarnent des jeunes gens confrontés à l'horreur et à la mort. Elle dépeint la misère sociale et mentale de toute une frange de la population. Les traumatismes sont toujours là, souvent cachés dans l'inconscient collectif.

Des histoires intrigantes et sombres sur une écrasante réalité qui flirte avec l'imaginaire.

Un recueil dont on ne ressort pas indemne tout comme l’a été pour moi la lecture de son roman Notre Part de Nuit.
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Notre part de nuit

Notre Part de Nuit est un énorme coup de coeur.

Un roman choral qui donne voix à différentes personnes mais aussi à différentes périodes.



L'autrice nous embarque en 1981 avec Juan, medium pour un Ordre occulte. Lorsque sa femme décède et se sachant lui-même condamné à court terme, il fuit la demeure familiale pour empêcher l'Ordre de mettre la main sur son fils et de l'enrôler à son tour comme medium. Après un court arrêt en compagnie d'un membre de cette organisation secrète on atterrit en 1985 et la nouvelle vie de Juan et Gaspar. Puis l'autrice nous fait remonter le temps jusqu'au Londres des années 60-70 avant de nous expédier directement en 1993 sur les traces d'une journaliste désorientée.



Un récit déstructuré qui révèle pourtant une maîtrise parfaite du sujet par son autrice. La non linéarité alimente en effet le mystère sur les événements qui nous sont racontés.

L'écriture possède une esthétique gothique où le lyrisme laisse régulièrement la place à l'action et un rythme qui ne faiblit pas sur les 760 pages mais laisse par moment adroitement le lecteur respirer.

Je peux vous dire que j'ai eu besoin de reprendre plusieurs fois mon souffle pendant ma lecture. Je dois quand même avertir les âmes sensibles qu'en dépit de son incroyable puissance littéraire, le roman est classé dans la catégorie horrifique et ce n'est pas pour rien.



L'autrice puise à la source d'anciens mythes guaranéens pour créer un monde occulte où les adorateurs des Ténèbres attendent avec ferveur d'entrer dans l'Obscurité, d'être repérés et touchés par cet inconnu. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à la dictature argentine à l'évocation de cet ordre. L'autrice abordera d'ailleurs la question des charniers, des fosses communes, et des horreurs perpétrés durant cette sombre période de l'histoire argentine. Elle fait preuve de beaucoup de réalisme dans ses descriptions des paysages, qu'ils soient oniriques ou répugnants, de la population et du climat de l'époque.



Notre part de Nuit c'est nous, la société dans toute son ambivalence : sa cruauté et sa beauté. Si Juan, serviteur malgré lui de cette obscurité, sait qu'il est condamné, il refuse le même avenir pour son fils. Dès lors, Gaspar apparaît comme l'enfant à protéger de ce mal qui le traque, le possible avenir apaisé. La question universelle du terrible héritage familial, comme le souligne Juan lorsqu'il se confie à son fils Garspar : « Tu possèdes quelque chose à moi. Je t'ai laissé quelque chose, j'espère que ce n'est pas maudit, j'ignore si je peux te donner quelque chose qui ne soit pas souillé, qui ne soit pas obscur, notre part de nuit. ».



Un récit qui hurle le cri d'un père qui refuse l'esclavage de son enfant, qui remue le lecteur par l'horreur engendrée par des fanatiques dépravés, qui dérange par la violence de la relation père-fils.

Une de mes plus bouleversantes lectures de cette année 2021.

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Les dangers de fumer au lit

Dans ce recueil de douze nouvelles, l'auteure argentine Marina Enriquez nous amène aux frontières du fantastique dans un univers sombre et macabre, mettant en scène des enfants ou des adolescent.es aux prises avec une réalité hostile qui vire au cauchemar. Ces nouvelles font écho à la mauvaise santé mentale et à la solitude de cette société.



On rencontre plein d'étranges figures dans ces histoires : un bébé fantôme qui cherche ses os, une jeune fille frappée de malédiction, des sorcières, des adeptes de planche Ouija, des chiens sortis de l'enfer et des junkies, des ado scarifiés à l'âme torturée, des fanatiques affamées…



A l'image de la couverture, c'est tout à fait horrifique et fascinant, on hésite entre répulsion et désir, on oscille entre la réalité et un certain réalisme magique latinoaméricain, le tout dans une atmosphère sensuelle et poisseuse. Comme dans un mauvais rêve, les lieux et les gens qui semblent familiers peuvent se transformer et basculer dans l'horreur.



J'ai particulièrement aimé les nouvelles « Où es-tu mon coeur » sur une fétichiste du rythme cardiaque, « Les dangers de fumer au lit », très poétique, et « Les petits revenants » qui n'est pas sans rappeler l'affaire des enfants volés sous la dictature militaire argentine.



J'ai un peu pensé à « Jusque dans la terre » de Sue Rainsford et à « Mortepeau » de Natalia García Freire, pour l'ambiance gothique. Mais la comparaison s'arrête là. L'écriture de Marina Enriquez est à part, fortement évocatrice et addictive.



Je suis tout de suite entrée dans cet univers singulier et j'aimerais me procurer le livre en espagnol pour être au plus près de la langue.



Foncez !



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Notre part de nuit

Difficile de résumé un livre aussi puissant.

je me suis délecté de chaque page.



Notre part de nuit de Marina Enriquez est la sortie de la rentrée littéraire à ne pas louper. Certes on peut se perdre dans les long Chapitres, les descriptions et les retours en arrières, mais ça en vaut la peine.



Des personnages puissants, une ambiance sombre et un voyage surnaturel au travers l'Argentine.



Lorsque Juan constate que son fils, Gaspar partage le même don que lui, celui ci n'a qu'une idée. Le protéger. Pour cela il devra traverser le pays et l'éloigner de sa famille. Le lien puissant qui les lie sauvera sûrement Gaspar, mais les marquera à jamais.



Roman sombre avec une dose de paranormal.



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Notre part de nuit

Quel roman !Le genre fantastique incite souvent,hélas, à la facilité ,à la surenchère dans le gore. Ce n'est pas le cas dans ce pavé (750 pages) qui sait intégrer la grande histoire (la dictature argentine, l'épidémie de SIDA..) ,les aléas de la vie de famille ou d'ado (relation père/fils, les copains et les amours) avec du très noir et angoissant. A travers plusieurs années et plusieurs narrateurs et narratrices , nous suivons le destin d'un père et son fils possédant le pouvoir d'entrer en relation avec une inquiétante et cruelle entité nommée l'Obscurité. Celle-ci est érigée en divinité par une secte impitoyable et meurtrière qui en tire richesse ,pouvoir et peut-être immortalité. Juan ,le père, Gaspar son fils vont lutter pour échapper à cette emprise qui tend à faire d'eux les clefs passives de cet autre monde étrange et morbide contigu au nôtre. Rien n'est totalement expliqué , la vérité est suggérée par petites touches cauchemardesques qui placent constamment le lecteur dans le déséquilibre et génèrent des images d'une grande puissance onirique..
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Notre part de nuit

Brrrr quel roman angoissant, violent, singulier et fort.

J’ai vécu cette histoire comme une pièce en trois actes. Et promis, je ne dévoile rien de fondamental pour laisser la surprise aux futurs lecteurs.

Acte 1 : la mise en place de l’histoire et des personnages. Ils sont mystérieux, inquiétants, impliqués dans des histoires sombres et surnaturelles assez terrifiantes. Mais tout l’art de l’autrice est de laisser suffisamment de zones d’ombres plus effrayantes que la pleine lumière. On sent toute la chaleur qui suinte, toute la porosité entre le monde réel et un monde des esprits pas très sympathiques. On sent l’extrême fragilité de ce père et toute la violence de sa détermination à sauver son fils, si jeune, fragile et ignorant, d’un danger flou mais épouvantable. On sent cette famille qui comme une araignée venimeuse, au pouvoir immense, tisse sa toile autour de ses proies.

Acte 2 : le père est toujours là, et le fils aussi. Les forces s’équilibrent différemment : le père devient de plus en plus fragile, de plus en plus violent, à la frontière de la folie. Le fils a grandi. Il est plus fort, plus indépendant et plus curieux aussi. Les amis gravitent autour de lui, sans que l’on sache à quel point ils sentent la porosité entre les deux mondes. Et le surnaturel s’invite de plus en plus,…comme une ombre qui grandit à la tombée du jour. Certaines scènes sont vraiment horribles. Notamment celle où le père ordonne au fils de mettre la main dans un carton pour toucher les choses qui s’y trouvent. Ce moment va rester dans ma mémoire de lectrice pendant un bon bout de temps.

Acte 3 : L’enfant devenu grand doit faire des choix. Certaines scènes qu’il a vécues reviennent le hanter. A juste titre. Et la fin qui aurait pu être tirée par les cheveux est plutôt réussie.



Il y a en filigrane l’histoire de cette étrange famille, de la mère disparue et des liens qui se sont tissés entre eux et cette espèce de chose noire et maléfique qui régit toute leur vie.

C’est un beau roman d’horreur. Bravo car dans ce genre de littérature il est très difficile de rester sur le fil, entre l’envie d’en dire trop pour terrifier, et d’en dire trop peu pour laisser la place à l’imagination du lecteur, au risque d’être incompréhensible ou trop tiède.



J’ai vraiment aimé, notamment l’ambiance sud-américaine qui ajout un côté exotique très agréable pour moi, lectrice française. En revanche, c’est tellement maléfique et malsain, que j’avais parfois envie d’en sortir, comme un mauvais rêve qui dure trop longtemps. Pourtant il faut mettre le paquet pour m’effrayer…



Alors, faut-il le lire ? Oui ! Un vrai cauchemar à lire, et c’est un compliment !! Et ensuite, si vous voulez renouer avec des bons sentiments, et remplacer la noirceur par la lumière, je vous recommande l’excellent Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andrea.

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Notre part de nuit

Un homme Juan et son fils Gaspard traversent l'Argentine en voiture.

Cet homme est le medium (je divulgâche un peu) d'une société secrète : un Ordre.

L'Ordre essaye d'obtenir quelque chose de l'Obscurité par l'intermédiaire de son médium.



Et c'est ainsi que commence une odyssée de 800 pages. 800 pages !!!

N'ayez crainte c'est captivant. Une Odyssée entre Argentine, Brésil et Europe



Une odyssée découpée en plusieurs parties : chacune son narrateur, chacune son époque, son ambiance. Tout est lié par les ténèbres qui hantent les personnages.



Ténèbres servies par l'Ordre. L'Ordre ne laisse personne lui échapper.

L'Ordre tue, torture, kidnappe. Il est tenu par de riches familles.

Son activité, ses crimes sont indiscernables de la dictature militaire argentine.

Des proches peuvent disparaitre et l'on n'ose pas aborder le motif de cette disparition.

Mais les échos des disparus, apparaissent à Juan témoin de son temps et de son pays.



La dictature reste cependant en arrière plan. L'avant-plan du récit est tenu par la narration de Juan, Gaspard et leurs proches.

Des récits émouvants, touchants mais qui laissent chacun une grande part de non-dit, de suggéré.



Oui c'est un roman d'horreur. Horreur parfois explicite et directe.

Mais c'est quand elle est suggérée que je l'ai trouvé plus efficace.

Quand on n'ose rentrer dans une maison spéciale du quartier.

Quand quelque chose gratte à la fenêtre, quelque chose que l'on n'a pas appelé.



Seul bémol : j'ai trouvé le dénouement trop rapide.



C'est fort, c'est parfois horrible, c'est prenant, c'est réussi.
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Notre part de nuit

Les morts voyagent vite.



L’œuvre paraît monumentale. De par sa taille, de par l'intensité magnétique de sa couverture. Mais surtout de par ce qu'elle renferme.

En Argentine, un père et son fils tentent d'échapper au contrôle d'une secte décidée à utiliser leurs pouvoirs de médiums pour appeler une divinité occulte.

Mais on n'échappe pas si facilement à sa famille. Au sang.

À l'Obscurité.



L'ambiance du roman suinte à travers chaque page, épaisse comme la sueur, comme le sang ; elle vous capture et vous entraîne dans la boue et la nuit.

Le style dense et foisonnant de Mariana Enriquez brûle comme la chaleur de ce pays, tape comme la migraine derrière vos yeux, lancinante.

L'autrice vous arrache le bras d'un coup de griffes pour mieux soigner aussitôt la plaie. Elle est une main qui vous touche le dos dans le noir, alors que vous êtes seul·e dans la pièce. Elle est le pendu qui se balance à sa branche alors qu'il n'y a pas de vent. Elle est la créature aux dents aiguisées et à la jalousie abrasive qui vous attend au fond de la grotte.

Elle vous ouvre le coeur et l'embrasse, vous laissant une immense cicatrice que vous garderez longtemps.



Sorte de saga familiale rongée par la noirceur, elle multiplie les points de vue avec une justesse déchirante (notamment sur les amitiés de l'adolescence). Contaminée d'un fantastique rampant proprement horrifique, et forte d'un contexte historique inhabituel en toile de fond (dictature militaire argentine des années 80, épidémie du SIDA...), tout se lie harmonieusement dans le sang et les larmes, se répond en échos, se nourrissant des uns et des autres.



Mystérieux, hypnotique, touchant, passionnant et effrayant, il hantera vos jours et vos nuits, rampera sous votre peau, jusqu'à ce que vous le dévoriez complètement.

Mais une fois le livre refermé, vous réaliserez alors qu'il vous a dévoré le premier.



Car l'Obscurité est faite de bouches.

Elles ont faim.

Elles avalent tout.



Et vous y consentirez.
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Notre part de nuit

Les morts voyagent vite. Dans Notre part de nuit, de l'Argentine Mariana Enriquez, la phrase revient comme un mantra. Ce à quoi on pourrait ajouter que l'horreur est humaine, une fois lu ce roman dont le qualificatif qui lui sied le mieux est celui de monstrueux. Autant le dire d'emblée, voici un livre exceptionnel qui ne peut que laisser des traces durables et susciter des cauchemars, pas seulement nocturnes, pour le caractère graphique de certaines scènes atroces. Son aspect gothique est l'une des facettes d'un récit polymorphe où même durant les périodes d'accalmie, il y a toujours des menaces tapies tapies dans l'ombre et des comportements violents à redouter de la part des deux personnages principaux, un père et un fils, aux prises avec une organisation ténébreuse et maléfique. L'Obscurité est sans cesse présente dans Notre part de nuit, surtout aux pires moments de la dictature en Argentine avec son cortège macabre de disparitions et d’exécutions. Le livre s'empare avec maestria de nombreux genres, du thriller surnaturel au roman d'apprentissage, en passant par le récit historique ou même romantique. Au-delà de ses passages les plus terrifiants, de son intensité quasi permanente et de sa construction acrobatique, Notre part de nuit parle de filiation et de transmission avec une force tellurique et des moments choquants et inoubliables où amour, haine et violence se mêlent dans un déferlement paroxystique que l'on aurait du mal à qualifier de cathartique. De toute manière, le lecteur n'a pas le choix : dès l'entame du livre, il est lui aussi sous emprise, fasciné, accablé, halluciné, stupéfié... Surtout, que personne ne s'amuse désormais à fredonner "Retiens la nuit', il pourrait s'en repentir et finir avalé par les forces occultes de l'Obscurité.
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Notre part de nuit

Embrasser notre part de nuit, rencontrer l’Obscurité.



S’immerger dans le langue organique de Mariana Enriquez et se délecter de ce roman singulier et étrange qui m’a littéralement fascinée.



Dans cette saga familiale gothique et violente, il est question d’oubli, de mémoire, de transmission. On trouve de l'amour aussi, troublant et passionnel, souvent complètement destructeur. Et puis il y a l’Argentine surtout, son histoire violente, ses traumatismes liés à la dictature, la puissance des possédants et la révolte de ceux qui souffrent.



Enfin il y a l’horreur, des corps monstrueux et mutilés, le fantastique et l’occulte, qui s’immiscent dans le réel avec une évidence toute latino-américaine, pour mieux dénoncer la dictature, les disparus, la misère. Les maux de tout un peuple qui peine à contenir sa rage, les non-dits et les secrets d’État.



Mariana Enriquez nous emporte dans l’histoire de Juan et de son fils Gaspar, dans une succession de parties qui dialoguent. Variant les styles et les ambiances, du road-movie du début au récit d’apprentissage de Gaspar, en passant par de véritables scènes horrifiques inspirées de la peinture symboliste (j’ai beaucoup pensé à Gustave Moreau notamment), l’autrice argentine excelle à décrire l’étrangeté, la douleur, physique et morale, la violence historique et politique. Elle explore les codes du genre, explose les normes, et compose un roman singulier, imparfait certes, mais tellement magnétique et ensorcelant qu’on a toutes les peines à le refermer.



J’ai adoré m’y perdre en tout cas, j’ai été soufflée par l’atmosphère pesante qui habite ces pages, par la force qui émane des personnages et par la puissance créatrice des mots de Mariana Enriquez. Je garderai longtemps en mémoire les images de l'Autre Monde qui surgissent avec un réalisme effrayant dans l'imaginaire du lecteur qui s'y aventure.
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Les dangers de fumer au lit

Soyons honnête, j'ai beaucoup de difficultés à chroniquer cet ouvrage de Mariana Enriquez, reçu dans le cadre d'une masse critique.



Impression mitigée au sortir de ces "Dangers de fumer au lit". La question est alors de savoir ce qui m'a perturbé, déplu. Exercice intéressant puisqu'il force à revenir sur sa lecture.



D'abord, il y a peut-être la forme elle-même. Non pas que l'écriture de l'auteure soit désagréable. Au contraire, avec un style clair, concis, incisif. Les mots sont soigneusement choisis, ni trop, ni trop peu. C'est sans doute davantage la forme de la nouvelle que j'ai parfois du mal à appréhender. Il me semble pourtant avoir déjà lu ce type de récit mais ici, certaines nouvelles sont très - trop ? - courtes et laissent un sentiment d'inachevé. J'aurais aimé aller plus loin, que les 12 ou 20 pages de certaines histoires se transforment en quelque chose de plus fouillé.



A ce titre, des 12 nouvelles de ce recueil, celle qui m'a le plus plu est aussi la plus longue : "Les petits revenants", qui raconte comment des enfants disparus réapparaissent tous au même moment à Buenos Aires. Sans que l'on sache pourquoi. Ni que l'histoire ne se termine vraiment.



C'est l'autre particularité du livre : nombre de textes qui laissent des questions en suspens, à différents moments des récits. C'est sans doute inhérent à la forme même de la nouvelle. Mais aussi lié à la thématique d'ensemble, qui fait la part belle au fantastique sous toutes ses formes, horrifique comme poétique. Et c'est sans doute le genre littéraire qui me parle le moins. Reste que l'on est bousculé, interpellé, parfois choqué par le texte, les thèmes qu'il évoque. Autrement dit, ce livre, même si j'ai eu du mal à "rentrer dedans", est de ceux qui restent. Justement parce qu'il fait sortir de sa zone de confort.



Et je vais de ce pas lire les autres critiques de Babelionautes avertis afin de voir d'autres ressentis. Et écouter une chronique récente d'Isabelle Sorrente sur France Inter, portant sur ces Dangers de fumer au lit.



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Les dangers de fumer au lit

J'ai eu un coup de cœur pour ce recueil de nouvelles horrifique très particulier car sans tabou et original, chaque histoire que compose ce livre, qu'elle soit courte ou longue est passionnante (aucune ne fait exeption), le lecteur se régale du début à la fin.

La plume de Mariana Enriquez est très forte, et sait mené le suspense avec brio.

Attention, tout le monde ne pourra pas supporter toutes les histoires notamment les plus sensibles car comme je le disais plus haut, il n'y a pas de tabou, on parle horreur pure, peur, angoisse, personne n'est épargné dans le genre humain, même pas les enfants ni les bébés, on a l'impression de sentir les odeurs tellement nous sommes plongés dans ce que nous conte l'autrice. Il y a des scènes de sexe explicites également donc ne laisser pas traîner le livre n'importe où.

On entre dans l'âme humaine, dans ses pensées les plus terrifiantes, de la folie en passant par les visions, les croyances, la vengeance ou encore une certaine forme de sadisme. Frissons garantis.

Je n'avais jamais lu l'autrice mais je vais me pencher sur son livre précédent, c'est une évidence.

Vous noterez également la superbe couverture qui n'est autre qu'un tableau de Vincent van Gogh.
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Les dangers de fumer au lit

Les dangers de fumer au lit marque le retour de Mariana Enriquez en français, après le roman Notre part de nuit sorti en 2021. Il s’agit d’un recueil de nouvelles antérieur à ce pavé qui avait secoué nombre de lecteurs par ces scènes horrifiques et une écriture qui ne laissait pas indifférent.

Douze textes dans la même veine, assez courts, la plupart entre 15 et 20 pages. Douze histoires à voir comme des tranches de vies (et de mort).

Des récits où planent des ambiances pesantes, emplies d’apparitions, de monstres et de sorcières. Mais surtout de peur et de folie, thématiques omniprésentes, de misère sociale et de crasse aussi. Où le mal-être touche même les fantômes.

Des atmosphères lugubres, parfois hallucinées, qui donnent aussi une image de l’Argentine (même si toutes les nouvelles ne s’y déroulent pas), entre croyances et dénuement, faisant marcher la métaphore. Avec les femmes comme porte-voix, toujours narratrices.

Entre surnaturel et réalisme, empreints d’une certaine poésie noire, les récits sont plutôt dérangeants.

Je suis pourtant resté globalement sur le côté de la route. Mariana Enriquez n’a pas la même manière d’appréhender la nouvelle que moi. Ce n’est pas un jugement, mais un constat.

J’aime quand les textes courts arrivent à créer une ambiance et des personnages en peu de pages, mais proposent aussi une fin qui marque, frappe, fait réfléchir, surprend. Ce n’est pas le cas ici, ces moments de vie se terminent de manière abrupte, comme si on passait simplement dans la vie de ces personnages pour s’en détourner ensuite.

Avec une impression un brin répétitive et de déjà-vu, et le fait qu’au final je n’ai que peu été étonné par les histoires en elles-mêmes, je ressors de cette lecture davantage frustré que contenté. Savoir terminer une histoire est un art complexe qui me fascine, me laissant ici un goût amer.

A vous de voir ce qui vous importe dans ce genre de lecture et si ces ambiances vous emporteront.
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Les dangers de fumer au lit

Un des meilleurs recueils de nouvelles horrifiques lus ces cinq dernières années ! Dans la lignée de “Quand arrive la pénombre” du catalan Jaume Cabré. Douze histoires aux tonalités crues ou lubriques, sachant mêler l'intime et le politique, pour repenser la place des femmes et des enfants dans la littérature de genre.
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Notre part de nuit

Début des années 1980. Juan quitte Buenos Aires en voiture, dans l’urgence, avec son fils, Gaspar, pour se rendre à Iguazu. Ce départ aux airs de fuite n’est que le commencement d’un long combat du père pour protéger son fils de l’avenir que lui a réservé, à sa suite, l’Ordre, société secrète dans laquelle Juan est tombé bien malgré lui enfant, lorsqu’ont été découvertes par hasard ses capacités de Médium : il en est effet celui qui peut appeler l’Obscurité, entité monstrueuse à laquelle l’Ordre confère des propriétés surhumaines qui pourraient les servir. Cet Ordre, tenu d’une main de fer par deux familles depuis sa création, ou presque, les Mathers et les Bradford – dont fait partie Rosario, la mère de Gaspar -, a une mainmise implacable sur l’Argentine, profitant pleinement du climat dictatorial du pays et des exactions qui y sont commises pour arriver à ses fins.



Je vais faire un peu ma rabat-joie mais, sans dénier les qualités certaines de ce roman, je ne l’ai pas trouvé à la hauteur des éloges qui lui ont été faits. Son rythme, sa construction narrative, et son style, sont à mon sens inégaux : en effet, bien que le choix de mêler les temporalités et les points de vue soient bienvenus pour permettre une compréhension complète de l’Ordre, et le désir de Juan d’empêcher son fils de connaître le même destin que lui en devenant à son tour Médium, ce mélange ne prend pas toujours aussi bien.



La première partie, qui raconte plus précisément le retour contraint de Juan au sein de l’Ordre, et ses conséquences sur l’existence de Gaspar, qui va grandir dans une atmosphère de secret, avec un père gravement malade, instable, violent, m’a semblé parfois poussive et confuse, sensation amplifiée par des phrases ou expressions souvent lourdes et convenues, qui font perdre de la force à l’atmosphère terriblement inquiétante décrite par son intermédiaire. Au contraire, la deuxième partie, s’intéressant plutôt à Rosario, disparue dans des circonstances troubles – ce qui poussera Juan à partir, au début du roman -, racontant à la fois l’histoire de l’Ordre, ce qui a fait de Juan le Médium, et de Rosario la mère de Gaspar, est magistralement menée, mettant en scène un univers dense, vraiment troublant, mimant au mieux l’Obscurité au centre de chaque évènement : le fantastique est enfin, dans cette partie, palpable, et la magie a, enfin, opéré. Mais la dernière partie, qui conclut le destin de Gaspar, et finalement de l’Ordre, m’a semblé de nouveau plus poussive, retombant dans les travers stylistiques du premier quart du roman, donnant lieu à un dénouement précipité proportionnellement au reste de l’intrigue qui avait vraiment pris le temps de se mettre en place, et de fait pas toujours crédible.



Une lecture en demi-teinte en somme, qui ne m’a pas complètement convaincue : j’ai apprécié l’intrigue et l’univers mis en place, beaucoup moins le style et la narration parfois choisis pour les mettre en scène.
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Notre part de nuit

Notre part de nuit précipite le lecteur dans un voyage au cœur des ténèbres.

C'est en Argentine, pays meurtrie par la dictature, que se développe l'histoire. Les nombreuses disparitions alimentées par le contexte politique du pays permettent à l'Ordre, un culte voué à l'Obscurité, de se servir impunément dans le vivier national. Cette mystérieuse entité apparait lors de rituels perpétrés par un medium et se nourrit grâce aux sacrifices engendrés par ses adorateurs.

Il est aussi question d'un père et de son fils, Juan et Gaspar.

C'est avec eux que débute le récit. C'est leurs histoire que Mariana Enriquez a choisi de raconter, dans toute sa noirceur et sa monstruosité.



Ce n'est pas une lecture facile. Elle n'est pas compliquée dans le sens où le vocabulaire et la compréhension sont laborieux. Elle est difficile parce qu'il y a de nombreux passages extrêmement sombres, durs, violents. Il faut être prêt à envisager l'inimaginable, à accepter l'horreur et espérer une fin heureuse malgré tout.

On baigne dans une ambiance pesante, poisseuse, glauque et j'en passe. Mariana Enriquez transcrit à la perfection ce climat dérangeant qui colle à la peau tout au long de la lecture et qui la rend si singulière.



Les chapitres sont long et se déroulent dans un ordre qui peut paraitre confus aux premiers abords puisqu'ils ne sont pas chronologiques mais qui prend sens au fur et à mesure de la lecture. Cette construction apporte une vision nouvelle à l'histoire et éclaire le lecteur sur de nombreuses zones d'ombres.



J'ai longtemps hésité avant de sauter le pas, finalement, je ne regrette pas mais je comprend que certains puissent émettre des réserves au sujet de ce roman.
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