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Critiques de Mariana Enriquez (328)
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Les dangers de fumer au lit

Qu'importe si les ouvrages de Mariana Enriquez sont traduits en français dans un grand désordre chronologique : après Ce que nous avons perdu dans le feu, Notre part de nuit, et maintenant Les dangers de fumer au lit, nous, les aficionados de l'écrivaine argentine, réclamons que ses 4 autres romans parus en espagnol soient bientôt à leur tour disponibles dans nos librairies. 12 nouvelles composent Les dangers de fumer au lit, autant d'histoires qui déterrent la peur et l'indicible, s'attaquant à tous les tabous possibles avec un naturel désarmant et une capacité d'évocation irréelle : la mort, le sexe, la folie, rien ne résiste à la plume incandescente de l'autrice. Le plus étonnant est qu'elle parvienne à nous entraîner aussi facilement dans les tréfonds de l'horreur, y compris ceux qui sont peu amateurs du genre, et sans même tutoyer le mauvais goût, qu'elle ignore d'une chiquenaude. Sans doute est-ce que parce que tous les récits disent en creux beaucoup sur notre société, en apparence civilisée voire aseptisée mais qui ne fait que ranger l'effroi de l'existence et de la violence du vivre ensemble, sous le tapis. Mariana Enriquez exhume tout des dérèglements de l'humain sans prendre de gants mais avec un rictus qui dissimule une ébauche de rire sardonique. C'est qu'il y a de l'humour aussi, forcément noir, dans ces nouvelles atroces, et une poésie inavouable sous les oripeaux du macabre. Point n'est besoin de révéler quoique ce soit de ces contes sordides car la découverte est primordiale, surtout au moment de dériver vers de glauques contrées que l'on ne voudrait en aucun cas visiter, en temps normal. Mais si l'on en devait retenir un, ce serait peut-être Les petits revenants, le plus sociologique et le plus poignant. Ce que l'on note, enfin, est la quasi absence de chute, à chacune de ces chroniques de l'épouvante, comme si l'essentiel avait été à chaque fois écrit auparavant et nous intimait l'ordre de poursuivre dans les ténèbres, avec un nouveau récit. Avec un plaisir frissonnant, Mariana !
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Les dangers de fumer au lit

La couverture de ce livre donne le ton de ce qui attend le lecteur: sur fond noir, une « vanité » qui fume une cigarette.

M.Enriquez a du, dans sa jeunesse être marquée par « les mères de la Place de Mai » qui inlassablement tournaient sur cette place à Buénos Aires , c’était dans les années 80 sous la dictature ; elles manifestaient chaque jour dans le vain espoir de retrouver leurs enfants disparus.

Les 12 nouvelles , pas trop longues, juste assez pour laisser le lecteur respirer, ont pour sujet principal ces enfants disparus, et en particulier des très jeunes filles.

Toutes ont une relation très intime et impudique au corps, plus de tabou , de pudeur ni de honte. Bourreau-victime, fantasme-folie, la vie-la mort, tout est imbriqué, et la terre ne charrie que des odeurs pestilentielles.

La santé mentale est plus qu’ébranlée par ce fantastique si réel.

Et pourtant , quels beaux textes, non empreints de poésie malgré toute cette noirceur ;

La traduction française d’Anne Plantagenet est à souligner.

Je note »Notre part de nuit «  de cette autrice à lire plus tard.
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Ce que nous avons perdu dans le feu

La première nouvelle met en scène une jeune fille qui vit seule dans la maison de ses grands-parents dans le quartier devenu le plus mal famé de Buenos Aires. Elle fait la connaissance d'un petit garçon qui vit dans la rue avec sa mère droguée, et s'inquiète pour lui. Avec raison sans doute, car la violence et l'horreur ne sont pas loin. La deuxième nouvelle emmène les lecteurs dans un hôtel où le passé sombre de l'Argentine va ressurgir brièvement, mais fortement.

Les personnages de tous les textes sont des fillettes ou des jeunes filles, parfois de jeunes femmes au début de leur vie adulte : premier couple, premier appartement, premier travail. Cette découverte de la vie s'accompagne de révélations perturbantes, parfois même franchement effrayantes.



Voici une lecture que je repoussais depuis de longues années ! J'ai écouté Mariana Enriquez lors d'une rencontre en 2017, à propos de ces nouvelles, précisément, et je l'avais trouvé très intéressante. Je n'avais pas pris de notes, malheureusement, mais j'ai reconnu un passage de le troisième nouvelle qui avait été lue lors de cette rencontre. La jeune autrice a écrit ensuite Notre part de nuit, un bon gros roman de 800 pages et très récemment du danger de fumer au lit, un deuxième recueil de nouvelles. Je vous conseille d'aller voir la couverture de ce dernier livre, si ce n'est déjà fait.

Me voici donc lancée, six ans après, dans ces douze nouvelles qui m'ont toutes frappée les unes plus que les autres. Quelques lignes suffisent à mettre dans l'ambiance, et quelle ambiance ! Une fois les personnages posés, une sensation de malaise, diffuse, ou plus prégnante, s'installe très vite, et rend la lecture captivante. La pauvreté y est montrée par l'autrice comme une composante essentielle de l'Argentine, ainsi que la violence, qu'elle soit familiale, de rue ou ordonnée par l'état. Les femmes en sont bien souvent les premières victimes, et leurs échappatoires ne sont pas toujours celles auxquelles on penserait spontanément. Les textes vont crescendo, avec des scénarios de plus en plus terribles et fascinants à la fois (mais rien que je ne puisse lire, tout de même). Je peux vous dire qu'après cette lecture, beaucoup de romans risquent de vous paraître bien mièvres.
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Notre part de nuit

Un livre très moyen. L'histoire est intéressante... au début. On s'ennuie très vite par un rythme particulièrement lent et une écriture laborieuse.

Je ne comprends pas la succès de ce roman, mais je pense qu'il faut essayer pour se faire véritablement un avis.
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Notre part de nuit

Je suis consternée par le concert de louanges qui entoure ce roman qui nous embarque en Argentine aux côtés d'un père médium et de son fils héritier des dons de son géniteur.

On suppose que ces deux-là fuient une mystérieuse société secrète. Sa mère étant morte dans des circonstances suspectes, le petit est triste et pleure tous les matins. Le père le console mais, parfois, quand son enfant le contrarie, il lui balance une bonne beigne parce qu'il a beaucoup de colère en lui.

Pour reconstituer ses forces (le papa a subi plusieurs opérations cardiaques), il se fait faire une petite gâterie par un homme rencontré sur la route de la cavale. Voilà. J'ai abandonné ma lecture au bout d'une centaine de pages tellement le récit virait au ridicule.
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Notre part de nuit

Mariana ENRIQUEZ. Notre part de nuit.



Dès que je vois un gros livre, que se soit sur les étals des librairies ou sur le présentoir de la médiathèque, je m'en empare. J'espère passer de belles heures de lecture. D'autant que la quatrième de couverture me convient. Oui, j'ai lu le résumé.



Déception. Je n'adhère pas du tout aux séances de spiritisme avec médium et sacrifices humains, mutilations, etc.... 760 pages. Non ce genre littéraire ne m'est pas destiné. J'ai cependant lu jusqu'à la page 233. Je ne peux poursuivre ma lecture. Peut-être, suis-je trop sensible? Je vais de ce pas restituer cet ouvrage à la bibliothèque: il trouvera certainement un autre lecteur. Et je vais cependant lire les avis des babelionautes. ( 15/04/2022)




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Notre part de nuit

Quel grand livre, vraiment percutant et tordu, dans le bon sens !



Si vous lisez le synopsis, vous aurez peut-être l'impression que ce livre est fantastique, si vous écoutez les gens, vous pourriez penser que c'est de l'horreur... et bien sûr il contient les deux ingrédients, mais le réduire à ces deux étiquettes simplifie une histoire très complexe à la pointe de l'absurde. Dans ses pages on parle des rituels démoniaques et d'un puissant ordre des gens riches touchés par les ténèbres, de l'histoire d'un père et d'un fils - qui est tordue, malade, nocive comme du poison mais tellement remplie d'amour - et aussi de la vie rurale d'un pays et de sa dictature militaire, de l'amitié et des premières amours, de la sexualité avec toutes ses facettes, vous avez compris, c'est un roman complexe, comme un regard acéré sur les recoins les plus sombres de la nature humaine...

Les personnages sont parfaitement développés, avec une voix et une profondeur incroyables. Le décor et l'intrigue comprennent des éléments rappelant les univers de Lovecraft ou King, en plus de mélanger magistralement divers genres d'horreur dans un même roman : d'une horreur plus traditionnelle, basée sur des éléments physiques que les personnages peuvent voir et ressentir, à une plus horreur psychologique basée sur la vie quotidienne, les phobies, les obsessions et les peurs personnelles de chaque personnage. La plume de l'auteure est impressionnante, elle a un style de prose très visuel, nous transportant avec facilité dans les mondes cauchemardesques auxquels ses personnages accèdent, je retiens surtout les incursions dans L'Autre Lieu, une expérience terrifiante qui transmet l'angoisse et la terreur.

Le roman suscite l'impatience, vu la lenteur avec laquelle l'histoire se déroule. J'ai ressenti le besoin de dévorer ses pages à la recherche de réponses que Mariana Enríquez laisse tomber au compte-gouttes.

Un peu (très peu) déçue par la fin, que j'attendais magistrale, fantastique, un feu d'artifice d'émotions ! Malheureusement, il y a de nombreux points d'interrogation pour ma part, elle est trop ouverte à mon goût.

C'est le premier livre que je lis de l'auteure et ce fut une merveilleuse découverte, que je recommande chaleureusement aux amoureux du genre. Je suis certaine que Mariana Enríquez sera la révolution du genre horreur dans les années à venir.



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Notre part de nuit

J'ai longtemps hésité à lire ce roman, tentée par les retours enthousiastes que je lisais mais aussi freinée par l'univers teinté de surnaturel que je sais ne pas être tout à fait ma tasse de thé. Sans compter mon peu d'affinité avec la littérature sud-américaine à de rares exceptions près. Il se trouve que j'ai gagné cet exemplaire lors d'un jeu concours et que ça a réglé mon dilemme : je l'ai donc lu.

Et ?

Et je ne sais toujours pas ni ce que j'ai lu ni si j'ai aimé. Cette histoire a un côté très addictif, la fuite de Juan et de son fils Gaspar pour tenter d'échapper à l'Ordre de l'Obscurité entraîne tout de suite le lecteur dans une aventure dont il ignore à peu près tout. Mon esprit cartésien a bien sûr cherché des réponses rationnelles tout au long de ma lecture et je suis sans doute passée très au-dessus de la métaphore avec les violences liées à la dictature argentine même si j'en ai aperçu les contours. Côté violences et scènes d'horreur on est servis, mais je ne suis pas chochotte donc il en faut beaucoup plus pour me faire lâcher un livre. Non, ce qui me gêne je pense c'est que je n'y ai pas trouvé de sens, incapable de passer les frontières de mon imaginaire dans cet univers obscurément obscur. Oh j'ai bien saisi quelques allusions et références mais l'ensemble de ces bribes ne m'a pas menée à un tout qui s'éclaire à la fin.

Reste que je suis contente d'avoir lu ce roman que je considère comme une curiosité littéraire.
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Notre part de nuit

Notre part de nuit n'est pas un roman simple à chroniquer. Il n'est pas non plus de ceux qu'on peut ranger dans un genre en particulier. En revanche, il est un des rares que j'aurais tendance à qualifier d'incomparable. Il a cette densité, cette puissance, cette rareté qui suscitent les avis les plus extrêmes et les plus vives discussions. On l'aime, on le déteste, on ne le comprend pas toujours et pourtant, on poursuit sa lecture, comme hypnotisés par son magnétisme et sa force. Il veut nous dire l'Obscurité, les ossements, les sacrifices, le sexe, l'horreur, la peur, la révolution.

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Ce livre contient six parties, se déroulant sur plusieurs années, ponctuées parfois de souvenirs passés. Selon les périodes, différents narrateurs interviennent, Juan, Rosario, Gaspar ou Olga, apportant chacun un regard différent sur l'histoire.

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Dans l'Argentine du début des années 1980, nous allons suivre Juan et son fils Gaspar, sillonnant les routes du pays pour aller quelque part ailleurs, ou plutôt pour fuir quelque chose. Juan doit éloigner à tout prix son fils de sa famille maternelle, membres d'une secte d'illuminés, dont il est lui-même le medium. Il est l'indispensable élément qui leur permet de dialoguer avec l'Obscurité, celui qui détient le pouvoir et qui leur permettra d'atteindre l'ultime but de leur existence, l'immortalité. A sa mort, l'enfant sera peut-être son digne successeur et tous attendent sa révélation, d'autant plus que Juan est de plus en plus faible.

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L'entrée en matière m'a immédiatement happée, notamment par son ambiance, avec cette chaleur étouffante, pesante, qui joue sur le rythme du récit. L'écriture est à ce point habile qu'elle met parfaitement en lumière les silences, la communication laconique entre un père et son fils, l'absence de la mère.

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Dans ce roman, on ne peut pas dire que tous les personnages suscitent l'empathie, certains sont même détestables et effrayants. Juan est sans doute celui que j'ai trouvé le plus complexe. C'est un être déstabilisant, capable de la brutalité la plus extrême, la plus insoutenable, mais aussi parfois de la plus sincère affection. Il est gravement malade depuis toujours, et pourtant il se dégage de lui une force et un charisme, renforcés par sa grande stature, qui nous incitent à plier devant sa volonté.

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Qu'il s'agisse de la part de fantastique, de la violence, de l'horreur ou bien de l'atmosphère poisseuse, absolument tout s'amplifie au fil des pages, insinuant une angoisse perpétuelle, nous entraînant dans un abîme de noirceur. Ce roman fait naître la peur, celle qui nous ronge de l'intérieur, qui éteint toute la lumière et la vie. Cette part de nuit que nous avons tous en nous et qui, si l'on n'y prend pas garde, pourrait nous envahir. Il m'est arrivé d'être à ce point en symbiose avec le récit que j'ai physiquement ressenti cette peur. Certaines scènes sont particulièrement douloureuses à lire, à imaginer, une sensation décuplée dans la version audio.

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Je dois pourtant dire que certains passages m'ont ennuyée, spécialement ceux racontés par Rosario. Des pages qui évoquent l'Ordre, son origine, ses gosses de riches, et qui révèlent une humanité sordide et sadique. Ils sont essentiels dans cette histoire, je suppose, mais je m'en serais volontiers passé. En revanche, certains pans de la vie de Gaspar sont plaisants à lire, et il faut bien cette lumière là pour éclairer la nuit.

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Par ailleurs, j'ai été fascinée par les références culturelles de cet ouvrage, qui parle aussi bien de poésie, d'art, de littérature, que d'histoire. Il foisonne de détails riches et passionnants, qui trouvent naturellement leur place dans le récit. J'ai aimé la mention de ces poètes morts avant l'âge de trente ans, j'ai aimé découvrir la vie étudiante d'une certaine époque, comprendre la libération sexuelle, la révolte contre les diktats de la société. J'ai aussi appris l'histoire de l'Argentine, les massacres qui ont eu lieu, la peur qui étreignait la population, les fosses communes, les Guaranis, la pauvreté, les cultes.

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Avec Notre part de nuit, Mariana Enriquez nous offre un roman dense et puissant, qui n'est certes pas irréprochable mais néanmoins éminemment remarquable.

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Mon avis sur la version audio :

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Dans la version Audiolib, Notre part de nuit est interprété par un trio brillant, Féodor Atkine (Juan/Gaspar), Clara Brajtman (Rosario) et Françoise Cadol (Olga). Juan et Gaspar étant les principaux protagonistes, Féodor Atkine occupe une place plus importante dans le récit. Grâce à lui, mon immersion dans l'histoire a été immédiate, entière et passionnée. Une voix qui emporte, qui transmet, un comédien qui modèle les personnalités, avec cette finesse qui caractérise chacune de ses interprétations. Une voix qui nous accroche, qui nous incite à continuer, même quand l'angoisse nous étreint, qu'on voudrait faire une pause alors que résonne dans nos oreilles le timbre âcre et terrifiant d'une Mercedes sur le déclin ou que l'Obscurité nous griffe de ses ongles dorés. Une voix magnétique ! Cela étant, je suis heureuse qu'Audiolib ait choisi de faire intervenir des lectrices telles que Clara Brajtman et Françoise Cadol, qui apportent un nouveau souffle et qui permettent ainsi de dynamiser l'écoute et de captiver l'attention sur la durée. Je rappelle que la version papier compte presque 800 pages et que l'écoute dure plus de 27 heures. Une version audio magistrale, qui souligne avec brio toute l'intensité de ce roman.

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Roman lu dans le cadre du Prix Audiolib 2023.

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Ma chronique complète est sur le blog.

Caroline - le murmure des âmes livres

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Notre part de nuit

J'ai eu beaucoup de doutes avant de commencer cette lecture le synopsis me faisant terriblement envie mais il est beaucoup comparé à du Stephen King et à Cormac McCarthy et je dois avouer que je n'ai pas aimé le second et que je suis toujours plutôt mitigé sur le King trouvant beaucoup de longueur dans ses récits.



Notre part de nuit faisant 769 pages j'ai eu de l'appréhension, mais j'ai tout de suite accroché à la plume de l'auteur et j'ai été embarqué dans ce récit ou il ne se passe pas des tonnes de rebondissements comme dans mon genre de prédilection mais ou tout se passe dans l'atmosphère de cette Argentine sous dictature et ou la relation père fils entre Juan et Gaspar et vraiment plus que plaisante à suivre. Cette aura de secte de mysticisme de forces obscures qui sont aussi plus que métaphoriques ici.



Dans la seconde et troisième partie ces personnages disparaissent mais j'ai été tellement heureuse de les retrouver dans la dernière partie du récit. Je pense cependant que ce roman ne pourra pas plaire à tous je pense que l'on rentre dedans ou non cette lecture étant vraiment particulière mais dans mon cas cela a fonctionné.



Cette lecture est également divisé par période et j'ai été vraiment heureuse qu'il se situe en Argentine car je n'ai pas beaucoup de récit se déroulant en Amérique Latine dans ma bibliothèque, je pense que je garderai cette histoire un petit moment en tête.
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Notre part de nuit

Voilà un bouquin de 760 pages comme je les aime, sans concession, étrange, âpre, noir, qui dérange.

Découpé en plusieurs chapitres de tailles inégales, axés en général sur un personnage et une époque particulière, ce roman débute par l'histoire du père, Juan, médium, et de son fils, Gaspar. ils sont seuls. La mère, Rosario, est morte dans des circonstances peu claires. Ils fuient. Nous sommes en Argentine pendant la dictature de Videla.

Malgré les sauts dans le temps, les retours arrières - on suit les protagonistes sur une période allant de 1960 à 1997 - tout s’enchaîne bien. Quelques rares longueurs peut-être mais qui passent sans problème.

Occultisme, secte, environnement politique et social propre à l'Argentine, liens familiaux et amicaux francs, complexes, voire étranges et pervers, on a de tout dans ce bouquin. C'est brut, animal, peuplé de personnages torturés qui possèdent tous leur part de nuit.



J'ai découvert Mariana Enriquez grâce à Métal Hurlant, et je ne regrette pas.

A lire.

(ps : Réviser peut-être les grandes lignes de l'histoire tourmentée de l'Argentine de Peron à Menem. Mais rien d'obligatoire)



Lu dans le cadre du "Challenge Multi-défis 2024" et du "Challenge Mauvais genres 2024"

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Les dangers de fumer au lit

Douze petits contes horrifiques encrés dans une Argentine contemporaine où, selon la pioche, bonne ou mauvaise, on mettra à jour de bonnes trouvailles (comme par exemple L'exhumation d'Angelita, La Vierge des tufières, le caddie, le mirador, Où es-tu mon coeur ?) et d'autres qui sont bien moins abouties.



Le genre des contes fantastiques doit permettre par sa brièveté de mettre en valeur la théorie de l'effet faisant de sorte que tous les éléments convergent à la réalisation d'un coup de théâtre ; ici, malheureusement, le style n'est pas exemplaire et les scénarios manquent souvent de précision. Quant au coup de théâtre, il est souvent assourdit.

Somme toute, nous sommes assez loin du talent de Guy de Maupassant (Contes et nouvelles), de Théophile Gautier (La Cafetière) ou d'Alan Edgar Poe (Histoires extraordinaires).



Mais pour les amateurs de littérature fantastique sud-américaine, on passe quelques bons moments dans les sombres corridors de l'âme humaine.



Bravo pour la couverture !

Ce « Crâne avec cigarette allumée » de Vincent van Gogh m'a attrapé comme personne.

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Notre part de nuit

Voilà un roman dont j'avais lu et entendu beaucoup de choses. Multi-primé en plus. je redoutais de m'y mettre. Et j'ai regretté, finalement, d’avoir tant tardé à le lire, tant j'ai adoré cette lecture envoûtante, ma meilleure lecture de l'année à ce jour.



Notre part de nuit, c'est d'abord l'histoire d'un duo, celui de Juan et de son fils gaspar.

Ce binôme m’a beaucoup plu malgré sa violence et son aspect totalement dysfonctionnel. Certaines personnes ont trouvé cette violence gratuite, trop répétitive et pas suffisamment bien rattachée au récit. Oui, il y a des pages difficiles, surtout pour un lecteur contemporain. Mais la violence est réaliste, authentique. Elle se révèle brute, sans être enjolivée ni amoindrie.

Et au-delà de ces moments douloureux et angoissants, il y a une sorte de compréhension mutuelle entre les deux, malgré les non-dits. Un attachement silencieux, qui prend tout son sens au fur et à mesure du roman. Juan a une présence magnétique tout au long du récit que j’ai adorée. De ce fait, j’ai surtout lu une histoire pleine d’amour d’un père pour son fils. Et peu à peu, le roman nous apprend, tant à Gaspar qu’au lecteur, à aimer Juan. J’ai trouvé cette relation très touchante.



Juan-Gaspar, c’est un peu seuls contre tous. Car ils descendent de familles complètement dingues, im- et amorales, obnubilées par le sang et les pouvoirs de l’Ombre. Tous sont ou givrés, ou soumis, ou détruits. Mais chaque personnage m’a plu, jusqu’au plus mesquin/lâche/violent/horrible. Car ils sont remarquablement bien écrits, et authentiques. Et surtout, ils sont chacun une facette de l’éventail de couleurs entre le gris et le noir. Ils explorent alors la part sombre qui réside en chacun de nous.

Pas vraiment de gentil ni de méchant dans ce bouquin, ni de rôle bien établi pour les personnages. Leurs relations sont brouillonnes, complexes, changeantes. Ca peut paraître parfois illogique, incompréhensible, mais n’est-ce-pas le propre de la vie ?



S’il joue avec les rôles et fonctions des personnages, le roman s’amuse également avec le schéma narratif. En effet, Mariana Enriquez explose les 5 étapes du roman, pour les démultiplier. Notre part de nuit comporte plusieurs parties, plusieurs points de vue, et plusieurs époques.

Bref, c’est un puzzle dont il faut patiemment assembler les pièces, morceau par morceau, couleur par couleur. Chaque partie a son indépendance, tout en étant liée au roman. Il faut donc pour chaque partie se réinvestir dans le texte. Ensuite, il faut raccrocher les wagons pour trouver le sens de tout ceci et obtenir une vision macroscopique de l’ensemble. On se rend alors compte que chaque morceau a son utilité… Cela peut être difficile parce que le roman est long, son rythme pas forcément soutenu.



D'autre part, ce roman est un savant mélange de plusieurs choses. Entre roman fantastique et roman merveilleux sur fond d’horreur. La violence est brusque, intervient quand on ne l’attend pas : elle gicle. Il n’y a pas de voyeurisme, pas de « normalité » de l’horreur dépeinte. Je tiens à le préciser : aucune banalisation de l’horreur ou de la violence dans ce roman. Mais l’horreur se donne pleine et entière, et par moments elle est difficilement soutenable. Car encore une fois, terriblement réaliste. Derrière l’horreur un peu magique liée aux forces occultes se cache une horreur bien humaine, féroce, sans limites. Et là aussi, l’autrice joue avec le genre, mêlant savamment les nuances de gris et de noir, l’imaginaire et le réel.



J’ai également adoré toutes les pages liées à la l’exploration d’une villa abandonnée et à ses répercussions. On se serait cru dans La maison des feuilles de Danielewski. On y retrouve des concepts entiers. Cela apporte une dose de sueur froide dans le dos, plus traditionnelle, une horreur moins frontale mais tout aussi efficace.



Enfin, le roman dessine une fresque de l'Argentine des années 60-90, politique, sociale et culturelle.

On y retrouve le rapport propriétaires terriens/travailleurs avec les problématiques sous-jacentes de la répartition de la Terre, la domination sociale et économique par les classes supérieures et le poids de l’argent (corruption, etc.).

L’autrice étire son intrigue depuis les années 60 jusqu’à la fin des années 90. Deux décennies instables ponctuées de coups d’Etat et de dictatures militaires, suivies d’un retour à la démocratie au début des années 80. Le roman dépeint alors une Argentine sous la dictature. Les années 80/90 sont l’occasion pour elle d’explorer des milieux plus étudiants et intellectuels, ce qui lui permet de dresser un portrait de l’université argentine et du monde journalistique , de la jeunesse branchée gay face aux ravages du SIDA…

Sans en faire un roman historique, l’autrice a su intégrer son intrigue dans une réalité historique et à faire des liens entre les deux. Ce faisant, le portrait de cette Argentine qui se dessine n’est pas juste un décor en arrière-plan mais bien un élément à part entière de l’intrigue, tant celle-ci se retrouve parfaitement imbriquée dans l’environnement social, économique et culturel de l’époque. Et on peut aussi penser que l’intrigue du roman est le moyen qu’a trouvé l’autrice pour raconter l’histoire de son pays et celle qu’elle a vécue pendant cette période difficile.



Notre part de nuit est un roman à la fois terrifiant, envoûtant et captivant pour qui parvient à entrer dedans. Je dois ajouter que la traduction est remarquable, Anne Plantagenet a fait un boulot fantastique sur ce texte vraiment pas facile du tout. Une pure merveille !
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Notre part de nuit

Certains livres effraient et fascinent tout à la fois, comme cet épais roman de Mariana Enriquez que l’éditeur situe entre l’écrivaine argentine Silvina Ocampo, le perspicace Cormac McCarthy et le maître de l’épouvante Stephen King. J’acquiesce, mais Poe et Lovecraft ne sont pas loin, et bien que derrière cette inquiétante couverture, reprenant un détail de l’Ange déchu d’Alexandre Cabanel, j’imaginais une tout autre histoire et un autre ton, l’autrice est parvenue à m’emporter, à me posséder, me laissant à l’issue de ce récit avec le goût du manque sur la langue et le souvenir de personnages collant à l’âme.



Ce roman polyphonique, tantôt écrit à la troisième personne, tantôt à la première, s’étale sur plusieurs décennies, trouve un ancrage historique et sociopolitique dans la dictature argentine des années 80, le psychédélisme londonien des années 70, évoque les massacres perpétrés par l’armée, le libéralisme sexuel ou l’épidémie de sida. Sur cette toile de fond particulièrement convaincante et saisissante, se brode une histoire fantastique, celle d’un père et de son jeune fils possédant le don de communiquer avec l’au-delà et fuyant un Ordre maléfique souhaitant les exploiter comme médiums pour accéder au secret de l’immortalité au travers du pouvoir d’une entité terrible, vorace. Via principalement le regard du père, du fils et de la mère, de retours en arrière et de sauts d’époque, c’est l’histoire d’une famille maudite qui s’écrit avec sang et fiel, entre amour et haine, tendresse et fureur.



Le style est fluide, agréable, ne prenant jamais le pas sur l’histoire. Les personnages sont vibrants de réalisme, de contrastes et d’émotions. La manière dont le fantastique (qu’il faut accepter pour apprécier le récit) se mêle aux événements historiques et altère la vie des protagonistes est captivante. Entre les croyances spirituelles guaranies et les mythes démonologiques, les descriptions épouvantables de tortures et de sacrifices, surgissent des références à la musique pop-rock et à la peinture, aux vers de poètes lumineux et souvent maudits tels Neruda, Keats, Yeats, ou Blake.



Un vrai roman gothique, magistral et envoûtant.
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Notre part de nuit

Très partagée à propos de ce bouquin. Certes, c'est un livre important et ambitieux, flirtant à la fois avec le fantastique gothique voire gore par moments et le symbolisme vu le parallèle assez évident qui y est fait entre l'histoire de cette famille étrange et la grande histoire de l'Argentine, notamment la dictature des années 80. Mais j'ai eu beaucoup, beaucoup de mal à entrer dans l'histoire. Probablement parce que la psychologie des personnages m'est apparue très peu développée sauf peut-être dans le dernier tiers du récit. En cela la comparaison qui est faite notamment avec Stephen King me semble trompeuse car la démarche de King me paraît exactement inverse : il procède de l'individu pour aller vers le contexte qui l'entoure tandis qu'ici les protagonistes sont noyés dans un cadre qui les dépasse de très loin. Il n'empêche que cette oeuvre est Grande, avec des références historiques, culturelles (le passage éclair de David Bowie, sans doute en référence au film The Hunger où son personnage n'apparaît pas très éloigné de celui de Juan Peterson) voire ethnologiques qui forcent l'admiration. Mais je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages sauf peut-être vers la fin du récit. Je ne voulais pas laisser de côté ce livre dont je reconnais les qualités mais il ne m'a pas emportée, dommage...
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Notre part de nuit

Attirée par la couverture de ce livre et le bandeau rouge invitant à se laisser emporter par un nouvel ovni littéraire, j’ai abordé Notre Part de Nuit en m’attendant à un roman baroque, haletant, que je ne parviendrais pas à lâcher tant que je ne l’aurais pas terminé.

De fait, malgré mes difficultés à totalement apprécier ce roman, je n’ai pas pu le fermer jusqu’à avoir le fin mot de cette histoire: la promesse est donc tenue de ce côté.



Cependant, je ressors de ma lecture avec quelques réserves: peut-être faut-il mieux connaître que moi l’histoire de l’Argentine pour apprécier la métaphore (je reconnais que mes connaissances sur l’histoire du continent Sud-américain est plus que lacunaire!), ce qui explique certainement une partie de mes difficultés à entrer totalement dans ce récit.

Malgré tout, ce n’est pas le seul problème de cet ouvrage qui, à mon sens, joue avec les genres sans vraiment aller au fond de l’un d’eux. Roman horrifique, roman fantastique, roman historique ? On comprend bien que l’autrice ne désire pas se limiter à un style, et après tout pourquoi pas car les cases sont souvent restrictives... Mais on se retrouve laissé pour compte dans chacun de ces styles. La plupart du temps, un début d’explication est donné pour chacune de nos questions, mais aucune ne reçoit de réponse complète, ce que j’ai trouvé très frustrant.



Au-delà de cette critique sur le fond, je dirais que sur la forme on ressort de ce livre avec un sentiment poisseux, très lourd, certainement dû au registre assez glauque de l’écriture. De ce côté-là, le lecteur est servi, avec des descriptions parfois répugnantes, d’autres fois inquiétantes, certaines fois impudiques - serait-on finalement dans un tableau de Jérôme Bosch? - mais j’ignore encore si celles-ci nuisent au récit ou lui confèrent sa force.



En résumé, je ressors de cette lecture avec le sentiment assez rare de ne toujours pas savoir si j’ai aimé ou détesté Notre Part de Nuit. C’est peut-être cela qui lui a permis d’obtenir le qualificatif d’ovni littéraire : l’incapacité à le classer dans un genre, ni même à définir les sentiments qu’il fait naître chez nous, si ce n’est une sorte de fascination dégoûtante.



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Notre part de nuit

Voilà un livre que j’ai beaucoup aimé car Il a réussi à me convaincre qu’au-delà d’une histoire racontée, au-delà de ce qu’on peut deviner en parcourant la quatrième de couverture, la manière dont les mots tissent une réalité romanesque, suffit à emporter le lecteur. Je suis effectivement tombée dans le récit comme dans un puits sans fond, accrochée dès les premières pages à un monde qui jusqu’alors m’était inconnu.

Je connais peu l’Argentine, quelques images des mères de la place de Mai, le souvenir de ces milliers de disparus sous la botte de la junte, la crise économique ensuite avec son inflation sans fin. Les récits ésotériques par contre, ne m’ont jamais attirée je n’ai pas de sympathie particulière pour les mystères noirs qui se réclameraient de la marche du monde et de son humanité…Autant de raison pour renoncer à priori à s’enfoncer dans les presque 800 pages du roman, et pourtant j’y suis allée et j’y suis restée, sans regrets.

La surprise est née dès les premières pages, au fil d’une écriture convaincante, en tension, dans un présent où le lecteur est immergé au plus près des personnages. Juan, Gaspard prennent vie instantanément, sans atermoiement possible, dans leur mystère.

La force du livre tient beaucoup à l’intelligence de la narration. Elle ménage ses effets, elle sait être économe, elle se garde bien de dévoiler trop tôt les clés du mystère. Le récit commence en 1981, Gaspard a six ans, il est le fil rouge de l’histoire, le lecteur le découvre en plein désarroi, sa mère est morte récemment, et son père l’entraîne sur la route dans un voyage dont on suit la progression sans rien connaître de son but. Petit à petit les contours des personnages prennent forme, la santé du père, ses craintes pour l’enfant, l’ombre de la mère. Dans ses malaises fréquents, la fragilité de Juan laisse deviner une réalité hors normes mais rien n’est explicite et tout est bien ancré dans le réel, celui des paysages, de la chaleur pesante, en écho à l’arrière-plan de la dictature de Videla. Sept chapitres vont peu à peu aider le lecteur à lever le voile en donnant la parole successivement à ceux qui peuvent à postériori ou à priori, éclairer la vie de Juan. Le docteur Bradford raconte en 1983, sa rencontre avec Juan et le rôle qu’il a joué dans sa vie, Rosario, évoque son amour pour Juan et comment elle a pu être à ses côtés, dans la révélation de ses pouvoirs au fil des années 60 et 70, progressivement le récit se resserre autour de Gaspard, véritable enjeu des forces obscures qui le cernent et auxquels il tente de résister avec obstination. La dénonciation de la dictature est palpable tout au long du récit jusqu’à la révélation des charniers et des disparus. Il n’y a qu’un pas pour voir là, la réalité de cette obscurité mangeuse d’hommes, qui fait et défait les vies tout au long du livre, jusqu’à se heurter au besoin irrépressible de liberté de Gaspar.

Un livre dense et envoutant.

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Notre part de nuit

L'Obscurité, divinité abominablement omnipotente, éternelle affamée de misère humaine, règne depuis les ténèbres sur une Argentine fragilisée et fissurée par les trop nombreux conflits politiques mortels.



Durant trente longues et éprouvantes années, les trois générations des familles Reyes, Bradford et Peterson se voient contrôlées, qu'elles le veuillent ou non, par la terrible influence de la nuit sans étoiles, aveuglées par la soif insatiable d'un pouvoir divin.



Dans ce récit magnifiquement complexe, complet et multidimensionnel, aussi bien dans la véracité historique poignante que dans le genre d'épouvante qui la complémente, on découvre justement un entrelacement entre réalité et fiction qui expose les horreurs d'une dictature meurtrière et d'une société de violence comme jamais vu auparavant; l'Ordre, la société secrète fondée par les plus grandes familles d'Argentine, prospère grâce aux sacrifices sanguinaires et virulents de ce régime. Comparaison géniale et touchante qui met en valeur tout ce qui va mal, en confrontant sans aucun filtre la dictature et la violence de Videla à la secte la plus ignoble et monstrueuse qu'il soit possible d'imaginer. L'horreur, que l'on peut croire fictive, est en fait inspirée de faits réels qui encore aujourd'hui font souffrir des milliers victimes.

Terriblement engagée dans de si nombreuses causes, l'auteure nous sensibilise sur des sujets tabous et étouffés depuis la nuit des temps. Les personnages que l'on suit souffrent et traversent des épreuves et des crises telles que le harcèlement, la perte d'êtres chers, la médiatisation des tragédies, le sexe, le sida, les violences parentales, l'alcoolisme, les traumatismes, la corruption, la sorcellerie... qui suivent les protagonistes sur plusieurs générations et qui marquent indéfiniment leur ADN.



L'Obscurité ne serait finalement que la personification des vices et de la noirceur humaine, révélée, réveillée, créée peut-être, par les atrocités dont les hommes sont capable; 'Gods always behave like the people who make them', les dieux se comportent toujours comme les gens qui les font (Zora Neale Hurston, puis Mariana Enriquez).



Les vérités inavouables sur l'Ordre et l'Obscurité nous sont dévoilées par chapitres, dans lesquels styles, narrateurs et points de vue varient, sans respecter la linéarité du temps. On se retrouve hypnotisé par les expériences plus insolites et terrifiantes les unes que les autres de chacun des personnages et on apprend avec une certaine fascination morbide les règles en rigueur dans ce(s) monde(s) de mort et de torture. On devient nous même les perpétrateurs de cette soif de savoir, de cette obscène obsession pour ce qu'on ne peut comprendre; on devient spectateurs de ce théâtre des horreurs, alors que l'auteure cherche à nous ouvrir les yeux sur l'absurdité de cette médiatisation intéressée... on fait tous partie du problème en fait.



Plus j'écris et plus j'ai de choses à dire sur ce roman. C'est véritablement une lecture qui m'a bouleversé profondément et qui va me suivre pendant beaucoup d'années.

Ce roman, aux dimensions colossales, est à lire absolument.

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Notre part de nuit

Janvier 1981. Juan et son fils Gaspar (six ans) quitte précipitamment Buenos Aires en voiture. Rosario, femme et mère des deux protagonistes, n’est plus là (elle est morte, renversée accidentellement par un autobus …) Ainsi commence le récit qui – dès le départ – peut sembler un peu flou au lecteur …



Juan, sorte de géant blond (d’origine scandinave) va faire une première halte chez Tali, la demi-soeur de Rosario (et fille de la maitresse du père de cette dernière) à Puerto Reyes. L’homme est malade du coeur, à la grande frayeur de son petit garçon qui craint de devenir orphelin. Juan est un « médium », arraché aux siens à l’âge à de cinq ans (par la puissante famille Bradford, plus particulièrement par la cruelle Mercedes, mère de Rosario, un être diabolique qui n’aime personne, pas même ses proches …) afin de servir « l’Ordre » et « l’Obscurité » … Le père et le fils doivent se rendre à Corrientes (chez les Bradford) pour le Cérémonial annuel. Juan qui sait que Gaspar possède le don veut absolument éviter le même (terrible) sort que le sien à cet enfant qu’il aime …



Un roman noir et « mystique » (relativement âpre) qui mélange fiction et réalité. Ou plus précisément des évènements historiques marquants (la dictature militaire argentine qui plongea le pays dans l’horreur de de 1976 à 1983 …) et la passionnante intrigue d’un père et de son fils, sur les routes d’un pays dévasté, entre les années 1981 et 1997 (avec un flash back sur la « révolution » de 1960 à 1976 …)



Généralement, je ne suis pas très enthousiaste à l’idée d’une lecture de roman « gothique » (ou fantastique …) Toutefois, la curiosité, doublée par l’intérêt de l’intrigue a réussi à me faire passer outre les aspects « occultes » bien glauques (sacrifices humains entre autres) ce qui est – en ce qui me concerne – un véritable tour de force de l’auteure ! Mais attention : c’est un exercice plutôt anxiogène, nous ne sommes pas chez notre ami « Harry Potter » ! De nombreux passages sont relativement dérangeants, pour ne pas dire plus … Oui, il a fallu que je m’accroche à plusieurs reprises, ce qui ne veut pas dire non plus que je n’ai pas aimé ce livre … (dont je trouve la symbolique percutante, voire brillante !) Par contre, je ne suis pas vraiment pressée de renouveler l’expérience …
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Notre part de nuit

Quand un bouquin traine une semaine sur ma table, ce n’est pas bon signe du tout. J’aime bien le fantastique, les pavés ne me font pas fuir, le pitch avait tout pour me plaire, mais c’est long, c’est redondant, difficile de s’attacher à quelque personnage que ce soit, la relation père fils ne m’a absolument pas convaincue, les allers-retours dans le temps n’apportent pas grand-chose, bref, je suis passée complètement à côté et les 150 dernières pages ont été lues en diagonale.
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