Modération
Étienne AUGRIS, de la revue L'éléphant
Intervenante:
Marie FAVEREAU, maître de conférences à l'université Paris Nanterre
À l'occasion de la publication de l'ouvrage : La Horde. Comment les Mongols ont changé le monde de Marie Favereau (Éditions Perrin)
En rupture avec la vision conventionnelle de l'Empire mongol, Marie Favereau montre que la Horde sut mettre en place une administration mobile et sophistiquée, capable de faire cohabiter les communautés religieuses dans leur diversité. À partir du XIIIe siècle, les Mongols remodelèrent en profondeur l'espace slave, contribuèrent à l'épanouissement de l'Islam et forgèrent de nouvelles alliances avec les Mamluks, les Lituaniens, les Polonais, les Italiens et les Allemands. Ils sont à l'origine de l'une des premières mondialisations.
+ Lire la suite
Ainsi alors que les pièces voyageaient rarement hors de leur région de production, le lingot d'argent, en revanche, devint une sorte de monnaie universelle qui pouvait être utilisée dans tous les territoires dominés par les Mongols. Facile à transporter, accepté par tous et non périssable, il était le moyen le plus simple pour transférer, transporter et multiplier un capital. Produits massivement en Europe du Nord, dans les principautés russes, ces lingots étaient l'équivalent des traveller chèques d'aojourd'hui. 205
Traditionnellement, les Mongols comme leurs sujets sédentaires délimitaient leurs terres, mais pour des raisons différentes : les sédentaires se considéraient comme des propriétaires terriens, construisant des clôtures et des fortifications pour marquer et défendre leurs possessions : les Mongols estimaient que les esprits étaient les vrais seigneurs de la terre sur laquelle ils habitaient et ils ils leur faisaient des offrandes dans l'espoir que, ainsi honorés, ces esprits les protégeraient et leur apporteraient prospérité et bonheur. Lorsque les Jochides clôturaient leurs terres, leur souci n"était pas de les protéger contre les pilleurs ou les ennemis mais de repousser les âmes errantes des "mal-morts". 278.
Bashman fut coupé en deux. Les Mongols lui refusèrent ainsi la mort noble qu'ils réservaient habituellement aux ennemis de haut rang. Dans leurs croyances, en effet, les os symbolisaient la descendance patrilinéaire ; c'est pourquoi les exécutions de nobles se faisaient par strangulation pour préserver le squelette de la victime. Rompre les os de Bashman, comme le fit Bodeck, revenait à détruire symboliquement toute sa descendance. 99.
Dans l'imaginaire historique porté par l'humanisme,le nationalisme ou le libéralisme, la recherche du consensus et de la tolérance relevaient exclusivement du monde "civilisé " et "moderne ",remisant ainsi les Mongole au rang de barbares.Que les dirigeants mongols aient pu développer des approches originales,humaines et sophistiquées de la negociation politique et de l'intégration sociale est devenu un impensé.
Vous pouvez conquérir un empire à cheval, mais vous ne pouvez pas le gouverner à cheval
Lorsqu'ils sont appelés à régler des différends, les juges du khan respectent généralement les lois locales, y compris les lois coutumières slaves et islamiques