Une femme fuit l’Azirie, ravagée par la guerre et une dictature. Elle ne peut plus être comédienne dans un théâtre et laisse derrière elle les gens qu’elle aime. Elle doit survivre avec pour toute protection un colt 45, sa force et son intelligence. Le colt ne la protègera pas vraiment, et pourtant elle s’y accroche, seul objet qui lui reste après le viol et l’incendie. L’arme disparaîtra, réapparaîtra, fera son travail et finalement ne sera plus utile.
L’écriture de ce roman est simple, mais à coup sûr fruit d’un énorme travail, comme si chaque mot avait été choisi pour être à sa place exacte dans le texte. L’absence d’émotions exprimées donne toute latitude au lecteur pour en ressentir et le faire entrer dans le monde des errants, des sans feu ni lieu, avec les tombes d’un cimetière pour tout lit.
À chaque fois que Lora remonte et espère s’en sortir, c’est pour une courte durée, elle redescend bientôt. La vie est ainsi faite à Santaré, sorte de Far West sans pitié qui évoque d’autres théâtres de guerre, ceux-là bien présents dans l’actualité, dont nous avons vécu les retombées en plein Paris. Et au milieu de tout cela, les livres, le théâtre, la création, l’amitié, les liens sont là, tout n’est pas perdu. Au bout du chemin, Lora n’a plus besoin de protection : « je dois apprendre toute seule à devenir Lora Sander ». Allégorie de l’exil, de la fuite, de la survie, ce récit est aussi celui d’une naissance à un nom, une identité, une individualité. Un texte magistral, ni trop ni trop peu, rigoureux et onirique, saisissant, au vrai sens du terme.
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