Citations de Marilou Addison (123)
Le minois heureux de ma fille, ses yeux brillants et son excitation suffisent à me convaincre. Après tout, je l'ai inscrite au foot pour qu'elle se fasse des copains avant la rentrée. Je ne serais pas très cohérente si je refusais d'inviter Emma à la maison. À l'appart, je veux dire...
— OK, mais seulement si Isabella est d'accord.
— Ça ne me dérange pas, répond la principale intéressée, je pourrais aller chercher Emma chez vous un peu plus tard. Vers quoi ? Huit heures ?
Je consulte ma montre. Il est déjà sept heures. Ça ne laissera pas beaucoup de temps aux filles pour s'amuser. Je mets mon orgueil de côté et lui propose :
— T'as qu'à venir aussi, si tu veux. Ça évitera de faire l'aller-retour.
Je vois bien qu'à son regard qu'elle n'avait pas prévu ça. Mais l'invitation semble lui plaire.
— OK. C'est une bonne idée. Je te suis ?
Quand la vie vous envoie des citrons, faites-en de la limonade, qu'ils disaient. Moi, contrairement à l'expression, la limonade, j'aime autant la jeter au visage de ceux que je déteste.
Je sais qui je suis, ce que je ressens, et je dois continuer à me respecter. Même si ça me brise le coeur...
J'ai beau l'aimer, parfois l'amour ne peut pas surmonter tous les obstacles.
Je suis tentée de stopper net et de lui faire une jambette. Avec ses talons de 8 pouces et sa jupette à mi-fesse, elle aurait l'air fin.
Je sombre dans un sommeil sans rêve, où le temps passe à la vitesse grand V...
C’est fou tout ce qu’on peut découvrir lorsqu’on prend le temps de bien regarder les choses, plutôt que de laisser notre regard courir sur celles-ci. Il faut vraiment considérer chaque chose pour ce qu’elle est, en profondeur… On remarque d’abord tous ses aspects, ses contours, sa profondeur. Ça, la profondeur, c’est un truc qui me passionne. De se rendre compte que toute substance peut être vue, contemplée et analysée de différents côtés. Bon… Je m’égare…
Je l’aime bien, au fond, mon paternel. Il ne me met jamais de pression. Il me laisse vivre en paix. Ce n’est pas comme ma mère, qui me harcèle sans arrêt. On dirait qu’elle est là juste pour me faire suer, parfois… Non, tout le temps ! Ma sœur est pareille. Elles ont la même attitude, le même regard, la même voix. Annie, c’est un peu ma mère lorsqu’elle était plus jeune et moi… Moi, je joue le rôle ingrat de son mari qu’elle n’aime plus et qui lui tape sur les nerfs.
On avale des cachets pour contrer la déprime et on se transforme en petit mouton sage et docile. Mais moi, je suis tout sauf sage et docile, justement ! Je n’ai jamais voulu prendre toutes ces pilules que ma mère me tendait ! Ça me donnait des tas de tics nerveux et j’avais cette désagréable impression que le cœur allait sortir de ma poitrine. Ça n’a pas été long que mes parents ont abandonné ces traitements à la noix, pour tenter une approche plus… plus quoi, au juste ?
Je déteste la saleté et les odeurs nauséabondes que le corps humain laisse échapper malgré lui, malgré moi. Quand je suis satisfait de ce lavage en profondeur, je ferme le robinet et laisse l’eau s’évaporer d’elle-même un instant sur mon dos sans faire un geste pour l’essuyer. Ça me procure des frissons et c’est plutôt agréable. Il est si rare que des gens me touchent, sauf pour me frapper, que cette sensation est comme une caresse.
Est-ce qu’on naît avec ce désir de tuer, ou est-ce qu’il nous vient lorsque la vie nous en fait baver ? Pourquoi ce goût de la mort, qui me déchire l’intérieur ? Et surtout, comment toute cette haine peut-elle n’être dirigée qu’envers une seule et même personne ?
Ma sœur… Ma jumelle. Celle qui a partagé avec moi le ventre de ma mère. Celle qui s’est collée contre moi, lorsque nous n’étions que des embryons. Celle aussi que j’ai failli tuer, lors de l’accouchement, à cause du cordon ombilical beaucoup trop long. Est-ce à partir de ce moment que notre relation a changé du tout au tout ? Lorsque Annie s’est rendu compte que j’étais capable d’un tel acte ? À peine conscient et déjà un meurtrier… Non, je déraille. Mon cerveau se fait des idées pour ne pas voir que la seule raison pour laquelle ma frangine me hait, c’est que je ne suis tout simplement pas aimable…
Je suis un perdant. Un loser, ouais. Je ne réussis jamais rien, même pas ce maudit jeu de merde. Je parviens à m’arracher de la contemplation de la télévision au prix d’un effort surhumain. Je suis tellement fatigué. À croire que j’ai passé la nuit éveillé, à jouer à des jeux inutiles. Quoique… C’est pas mal ça, finalement.
J’ai tout, sauf le goût qu’elle essaie de devenir mon amie. De toute manière, elle va vite se rendre compte que ça ne sert à rien de me parler. Je ne sais jamais trop quoi dire aux gens qui veulent discuter et je sors toujours des trucs étranges qui ne veulent rien dire. Alors aussi bien me taire et passer pour un fou que de parler et de confirmer la chose...
Je peux savoir pourquoi il me demande automatiquement de donner la bonne réponse ? Pourquoi c’est toujours à moi qu’il s’adresse, quand personne d’autre ne veut lui répondre ? Mais c’est plus fort que moi, je ne peux pas faire comme si je ne la savais pas (la réponse !). Et pourtant, qu’est-ce que je donnerais pour être capable au moins une fois de me la fermer et d’avoir l’air aussi stupide que mes collègues de classe…
Pour moi, les leçons et les devoirs, c’est beaucoup trop facile. Et c’est là tout mon problème. Je suis un surdoué. Un élève qui dépasse toutes les exigences. Je connais les réponses à toutes les questions. Je comprends avant même qu’on ne m’explique. Je suis un freak. Je suis un geek. Je suis tout ça et je suis aussi totalement mésadapté au niveau social. Je n’arrive pas à m’intégrer.
C’est fou… J’ai dix-sept ans, je suis sûrement le plus doué des élèves de mon école, je fais mes devoirs sans aide depuis que je suis en deuxième année du primaire et pourtant (pourtant !), ma mère me prend encore pour un bébé. Tous les fichus soirs, elle me demande (ou plutôt, elle me beugle) de faire mes devoirs. Comme si je ne le savais pas !
Tous les jours, à chaque heure, à chaque seconde, quelqu’un se fait humilier. Quelqu’un fait rire de lui par les autres. Ça peut être un élève qui a donné une mauvaise réponse. Ça peut être une femme, à l’épicerie, qui n’a pas assez d’argent pour payer ses courses. Ça peut être un homosexuel, qui se fait pointer du doigt par un groupe de jeunes. Ça peut être n’importe qui. Mais depuis quelque temps, c’est devenu beaucoup trop souvent moi…
On dit souvent qu’il vaut mieux avoir des remords pour ce que l’on a fait, que des regrets pour n’avoir rien risqué.
Pourquoi ne pas l’avoir tué ? Bonne question. J’imagine qu’il me plaisait. Et peut-être que je voulais avoir l’impression d’avoir un homme dans ma vie. J’ai toujours préféré les hommes aux femmes. Si j’avais eu le choix, jamais je n’aurais épousé Béatrice, tu sais. Chose certaine, je ne regrette aucun des moments que nous avons passés ensemble, lui et moi.
Je venais probablement de passer pour une dame sans défense, adepte de commérage. J’étais plutôt fière de moi. N’empêche… Robert allait sûrement tenter de me rappeler pour me demander conseil. Je ferais aussi bien de m’en charger immédiatement.