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Citations de Mario Vargas Llosa (700)


les livres sortaient de cette petite tête obstinée et de ces mains infatigables, l'un après l'autre, à la mesure adéquate, comme des chapelets de saucisses d'une machine.
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- [...] Les amitiés ici sont très superficielles, il faut le dire. Les Anglais n'ont pas de temps à perdre avec l'amitié.
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Encore une chose que tu dois apprendre : rien n’est facile, Lituma. Les vérités qui ressemblent le plus à la vérité, si tu les regarde de près, elles ne le sont plus qu’à pitié ou elles cessent de l’être.(Folio, p.110)
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« Trois amants en une nuit, dont deux marins. Ils me l’ont fait six fois ! Arrivé à l’hôtel en marchant les jambes écartées comme une parturiente. » Au milieu de sa mauvaise humeur, l’énormité de ce qu’il venait d’écrire lui flanqua le fou rire. Lui, si policé, si délicat dans son vocabulaire avec les gens, il éprouvait toujours, dans l’intimité de son journal, un besoin invincible d’écrire des obscénités. Pour des raisons qu’il ne comprenait pas, la coprolalie lui faisait du bien.
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Je suis au bord de la folie. Un être humain normal ne peut plonger tant de mois dans cet enfer sans y laisser sa santé, sans succomber à un dérangement mental. Certaines nuits, dans mes insomnies, je sens que c’est mon cas. Quelque chose se désagrège dans mon cerveau. Je vis dans une angoisse constante. Si je continue à me frotter à ce qui se passe ici, je finirai moi aussi par administrer des coups de chicotte, par couper des mains, et assassiner des Congolais du matin au soir sans le moindre état d’âme, ni en avoir l’appétit coupé. Parce que c’est ce qui arrive aux Européens dans ce maudit pays.
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— J’étais agent de change, financier, banquier, dit Paul.[…] Si j’avais poursuivi dans cette voie, je serais peut-être millionnaire. Un grand bourgeois qui fume des cigares et entretient deux ou trois maîtresses. […] Le corrupteur, celui qui a foutu en l’air ma carrière de bourgeois, c’est le bon Schuff.
[…] ce collègue effacé et complexé abritait, sous son allure si peu flatteuse, deux passions, qu’il t’avait révélées au fur et à mesure que se tissait votre amitié : l’art et les religions orientales. […] Pour le bon Schuff, les artistes étaient des êtres d’une autre espèce, moitié anges, moitié démons, différents en essence des hommes communs. Les œuvres d’art constituaient une réalité à part, plus pure, plus parfaite, plus ordonnée, que ce monde sordide et vulgaire. Entrer dans l’orbite de l’art c’était accéder à une autre vie, où non seulement l’esprit, mais aussi le corps, s’enrichissait et jouissait à travers les sens.
— […] Il m’entraînait dans les galeries, les musées, les ateliers d’artistes. […] en cachette, je me suis mis à dessiner. Tout a commencé là. Mon vice tardif. Je me rappelle cette impression de faire quelque chose de mal, comme quand j’étais enfant, à Orléans chez l’oncle Zizi, et que je me masturbais ou épiais la bonne qui se déshabillait. […]
— C’est comme si j’avais été frappé par la foudre, comme si j’avais vu une apparition, expliqua Paul. L’Olympia d’Édouard Manet. Le tableau le plus impressionnant que j’aie jamais vu. J’ai pensé : « Peindre comme ça c’est être un centaure, un Dieu. » J’ai pensé : « Il faut que je devienne peintre moi aussi. »
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C'étaient naturellement les mots "art" et "artistiques" qui revenaient le plus souvent dans ce fiévreux discours, comme quelque formule magique qui ouvrait et expliquait tout. Mais, plus insolite que les paroles du scribe bolivien, il fallait voir la ferveur avec laquelle il les proférait et, peut-être plus encore, l'effet qu'elles provoquaient. Il parlait en gesticulant et en se dressant, de la voix fanatique de l'homme qui est en possession d'une vérité urgente et doit la propager, la partager, l'imposer.
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Il fit les exercices de qi gong. [..]
La posture de l'arbre qui se balance en avant et en arrière, de gauche à droite et en rond, poussé par le vent. Les pieds bien plantés dans le sol et en essayant de faire le vide dans sa tête, il se balançait, cherchant le centre. Chercher le centre. Ne pas oublier le centre. Lever les bras et et les abaisser très lentement, une petite pluie qui tombait du ciel en rafraîchissant son corps et son âme, en apaisant ses nerfs et ses muscles. Maintenir le ciel et la terre à leur place et les empêcher de se toucher, avec les bras.
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Je sais jouir. C’est une aptitude que j’ai perfectionnée sans relâche, au long du temps et de l’histoire, et j’affirme sans arrogance que j’ai atteint dans ce domaine à la sagesse. Je veux dire : l’art de butiner le nectar du plaisir de tous les fruits –même pourris- de la vie.
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Mario Vargas Llosa
Ni Kafka, ni Joyce, ni Proust n'ont eu besoin de l'appui de l’État pour écrire ce qu'ils ont écrit, ni l'oeuvre d'un Wajda, d'un Tadeusz Kantor ou d'un Grotowski n'a résulté des subventions culturelles du socialisme. Et ces six créateurs, bien qu'ils ne soient pas faciles et qu'ils exigent de leurs lecteurs ou spectateurs un effort intellectuel, ont trouvé un public qui pour les six est allé en s'élargissant, comme les cercles concentriques. Une société doit avoir l'art et la littérature qu'elle mérite : ceux qu'elle est capable de produire et ceux qu'elle est prête à payer. Et il est bon que les citoyens assument aussi dans ce domaine leurs propres responsabilités sans y renoncer devant les fonctionnaires, pour éclairés qu'ils soient.[..] Cela ne signifie évidemment pas que l’État n'ait aucune responsabilité culturelle. Il en a une, l'éducation.
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Sur le matelas, au ras du sol, nue, sur le ventre, ses fesses rondes dressées et le dos un peu courbe, tournant à moitié son visage vers lui, Teha’amana le regardait d’un air d’épouvante infinie […] Il avait encore au fond des yeux le spectacle ineffaçable de ces fesses froncées et soulevées par la peur. […] La fille nue serait obscène sans la peur qui se lit dans son regard et cette bouche qui commence à se tordre en grimace. Mais la peur ne diminuait pas sa beauté, elle l’accroissait plutôt, lui faisant serrer les fesses de façon si suggestive. Un autel de chair humaine sur lequel célébrer une cérémonie barbare. (*)
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Mario Vargas Llosa
Aucun autre pays n’a une littérature plus audacieuse et qui ait exploré avec plus de témérité et d’impudence les songes de la raison et ses secrets abîmes. C’est pourquoi la France a vu naître tous les courants de la vie qui exploraient les ombres et les réduits rebelles de la personnalité, comme le dadaïsme, le freudisme ou le surréalisme, et leurs différentes écoles ou tendances. Et ces soubresauts téméraires qui ont révolutionné la langue, les formes, l’art et la vie même, dans les réalisations les plus audacieuses. Et c’est pour cela même qu’aucune autre littérature que la française n’a été autant passée au crible de la raison ou de la déraison qui naît des instincts et des songes.

C’est en France qu’a germé la déraison qui alimente la littérature moderne, opposant toujours à la vie cette survie qui est celle du subconscient et des instincts. Balzac ne soupçonna pas, quand est née dans sa tête la « Comédie humaine », l’idée de circonscrire le monde qu’il avait sous les yeux, la réalité la plus immédiate. Et quand Victor Hugo, dans son île semi-déserte de Guernesey, convoquait les esprits – ils le connaissaient tous et tous lui faisaient honneur –, est-ce que par hasard il les discriminait par leur nationalité ou par la langue qu’ils parlaient et écrivaient ? Non, l’universalité a toujours été la caractéristique des grandes entreprises littéraires françaises, et le monde reconnaissant en a fait le plus grand cas, croyant en elle ou simplement la lisant.

De ce pacte entre la littérature française et le monde des vivants est née cette liberté que les écrivains français ont menée plus loin que personne, dans ce stupéfiant parcours qui, dans certains cas, comme celui de Flaubert, Molière, Victor Hugo, Rimbaud ou Baudelaire, nous émerveille, parce qu’ils semblent toucher à l’infini, qui a un visage humain et une apparence divine.

Discours de M. Mario Vargas Llosa, élu à l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Michel Serres, le jeudi 9 février 2023 (page 20)
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Le mauvais roman, à faible pouvoir de persuasion, ou qui en est dépourvu, ne nous convainc pas de la vérité de son mensonge ; il nous apparaît alors comme tel, un «mensonge», un artifice, une invention arbitraire et sans vie propre ; semblable aux marionnettes empotées d'un médiocre guignol qui laissent voir les fils manipulés par leur créateur, caricatures d'êtres vivants, dont les prouesses ou les souffrances peuvent difficilement nous émouvoir : en vérité, ce sont des attrape-nigauds sans âme et sans liberté, des vies d'emprunt dépendant dun maître omnipotent.
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Mais il n'en alla pas ainsi, parce que dans cette vie les choses se passent rarement comme nous, les pitchounets, les envisageons.
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A-t-on jamais vu oiseau noir gambader dans la neige ?
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Les frontières nationales ne reflètent pas les véritables différences existant en Amérique latine, marquées au sein de chaque pays et, de façon transversale, englobant des régions et des groupes de pays. Il y a une Amérique latine occidentalisée, qui parle espagnol, portugais et anglais (dans la Caraïbe et en Amérique centrale), qui est catholique, protestante, athée ou agnostique, et une Amérique latine indigène qui, dans des pays comme le Mexique, le Guatemala, l’Équateur, le Pérou et la Bolivie, comprend des millions de personnes, conservant des institutions, des pratiques et des croyances d'origine précolombienne. Mais l'Amérique indigène n'est pas homogène, elle est, à son tour, un autre archipel et connaît différents niveaux de modernisation.
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Tu devrais lire un peu la Bible, fiston. Au moins le Nouveau Testament. Le monde où nous vivons est plein de références bibliques et si tu ne les comprends pas tu vivras dans la confusion et l’ignorance totale.
(Gallimard, p.128)
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Depuis que j'avais l'âge de raison, je rêvais d'habiter Paris. Probablement à cause de mon père et de ces romans de Paul Féval, de Jules Vernes, d'Alexandre Dumas et de tant d'autres qu'il m'avait fait lire, .avant de se tuer dans l'accident qui m'avait laissé orphelin. Ces livres m'avaient farci la tête d'aventures et persuader qu'en France la vie était plus riche, plus joyeuse, plus belle, et tout et tout, que nulle part ailleurs.
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Il y a au secrétariat un traître ou un incapable. J'espère que c'est un traître, les incapables sont encore plus nuisibles.
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- Putain de vérole de cul ! Si vous aviez vu ce qu'ils en ont fait, ça vous couperait la chique et plus question d'aller au bordel. Et on comprendrait que je ne puisse pas penser à autre chose.
- On comprend, dit Josefino. Mais y'en a marre de causer d'un macchabée. Tu chies dans la colle, Lituma, avec tes histoires.
- Voilà ce que c'est que devenir flic, dit José. On en prend plein la tronche, et toi d'abord ça ne te vaut rien. Un flic, ça doit avoir un coeur de pierre, il doit même, s'il le faut, être un sacré fils de pute. Mais toi tu es sentimental comme c'est pas possible, couillon de la lune.
- C'est vrai que je le suis, admit Lituma, abattu.
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