Il faut être patient pour être Christ - c'est à mon avis la première qualité exigée sur le profil de poste.
Mon fils a toujours rêvé de voler. Ce seul rêve lui donne déjà des ailes pour grandir.
"Comme nous tous, tu mourras un jour. Mais ne t'inquiète pas : tu mourras quand tu auras fini de vivre" selon la formule de Françoise Dolto, d'une simplicité éblouissante.
Et nous dormons du sommeil du juste, tant que notre réalité immédiate ne dément pas de façon trop flagrante ce postulat. Nous dormons du sommeil de ceux qui délèguent à Dieu la vigilance et la responsabilité. A Dieu ou à la Vie, à leur Bonne Etoile, à un défunt aïeul à qui la mort a soudain prodigué un pouvoir surnaturel de protection.
Nous dormons du sommeil confiant de ceux qui croient, comme Job, qu'ils sont protégés d'un enclos.
Il faut respecter le temps des spasmes dont l'âme a besoin pour se vider de sa bile.
Il faudrait pouvoir mourir en sortant de table, après avoir rendu grâce. Au lieu de quoi on nous ligote à notre chaise et nous voilà punis, condamnés à rester à la table d'un interminable repas. Si bon qu'il fût, on est écoeuré à la seule vue des restes.
C'est malheureux, mais il n'existe pas de formation universitaire qui prépare à l'impuissance.
La position intellectuelle la plus honnête, quant à la question de l'existence de Dieu, est assurément celle de l'agnostique. Celui qui admet, sur un si vaste Sujet, ne pas avoir la connaissance. Le croyant et l'athée partagent l'effronterie de faire un pari. Chaque pari est valable car, s'il est autorisé de ne pas croire, il demeure également autorisé de croire. Le croyant croit positivement, l'athée croit négativement, l'agnostique ne croit pas : il voudrait savoir - et il se heurte à un domaine qui ne relève pas de la connaissance. Au sens, du moins, d'une connaissance admissible par tous.