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Citations de Marion Muller-Colard (228)


On n'a plus rien à compter. On avait trois amis, mais ils ont beau refaire leurs comptes, ils ne tombent plus sur ce qu'on était. On avait bien un Dieu, mais il était le Suprême Comptable. Comment compter sur lui quand une vie plus ne tient plus en chiffres?
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Puisqu'en effet tout se passe bien, on prend cela pour une évidence et bien vite, cette évidence devient un dû. On voue un petit culte intime et secret à celui qu'on imagine être son Garant - on a un peu d'éducation et on n'est pas totalement ingrat. A tout hasard, on convoque le Garant en situation extrême.
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Nous pouvons alors commencer une autre histoire. Une histoire d'amour et de grâce - une histoire gratuite, sans système ni commerce.
Car si nous voulons revenir de la plainte autrement qu'en «défenseurs fanatiques de l'ordre rétabli », il nous faut le courage de recréer une façon d'être au monde qui intègre l'irréductible menace. En parcourant avec Job ce chemin du dogme vers la foi, de la garantie vers la confiance, nous arrivons avec Paul Tillich à cette conclusion:
L'acte d'accepter l'absence de sens est en lui même un acte plein de sens : il est un acte de foi.
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Cette vérité, elle est simple et vertigineuse, elle est tout entière le cri têtu de Job : rien de ce qui arrive à mon vieux frère, à mon fils, aux milliers d'humains sur qui s'abat un violent malheur, aucune maladie de ceux à qui j'ai rendu visite, aucun accident n'est injuste. Rien n'est injuste, car cela voudrait dire que quelque chose est juste. Cela voudrait dire qu'il existe un enclos et un Gardien à cet enclos.
N'en déplaise aux amis de Job dont l'enclos tient encore et qui refoulent à la marge tout témoignage de dévastation. N'en déplaise à notre facilité déconcertante d'éteindre les écrans qui témoignent incessamment du désordre du monde et de la permanence du sort.
Il n'y a pas de système, de dogme, de religion, qui puisse abolir, contenir, détourner les conjonctures qui nous menacent perpétuellement d'un coup du sort.
Tout comme le bonheur, le malheur n'est simplement pas juste. Ce n'est pas une attestation du contraire de la justice, mais simplement de son absence. C'est pourquoi je n'ai pas dit, à l'homme récemment retraité que la maladie contraignait à renoncer à tous ses projets, que sa situation était injuste. Je ne voulais pas suggérer en lui une quelconque cause à cette injustice. Car alors Dieu, après avoir été le bienveillant papa-gardien de nos sécurités, serait devenu le grand méchant loup sadique contre qui, à juste titre, Job intente un procès.
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On ne pourra peut-être pas mieux que deviner ce qu'il veut vraiment, car avec les adolescents (comme parfois avec le grec ancien), on en est toujours tenu à une interprétation semée d'embûches et de malentendus. Ce que nous comprenons, c'est qu'ils veulent. Ils veulent avec urgence, ils veulent outrageusement, ils brûlent de vouloir. Le verbe mérite pour eux de devenir intransitif: vouloir est l'objet même de leur volonté. On le voit sur leurs corps, ces centimètres qu'ils gravissent. Ils se hissent de toute leur volonté, et parfois en dépit d'elle, sans le vouloir ils veulent: ils ne peuvent plus se cacher dans nos jupes. Ils produisent un surcroît d'eux-mêmes qui embarrasse tout le monde (à commencer par eux).
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"Jésus a fait encore beaucoup de choses ; si on les écrivait en détail... je ne pense pas que le monde même pourrait contenir les livres qu'on écrirait." (Jean 21, 25)

Mais peut-être pouvons-nous en retenir précisément quelques détails,
comme on retient par la manche celui dont la visite a été trop courte, sachant pourtant, au fond de nous, que tout est dit.
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Si nous connaissions le don de Dieu, Ies puits ne nous sembleraient pas si obscurs, et plus rien en nous ne résisterait à la visite des profondeurs. Les margelles de puits seraient notre lieu de vie et nous y rencontrerions ceux qui ont soif encore. Nous aurions soif ensemble.
Si nous connaissions le don de Dieu, l'eau qu'il nous donne à boire nous électriserait dans une acuité nouvelle, cette eau ne serait plus le breuvage sans goût que nous croyons qu'elle est et nous découvririons enfin sa saveur véritable.
Si nous connaissions le don de Dieu, il n'y aurait ni juifs, ni samaritains, ni hommes ni femmes, ni développement, ni voie de développement, ni tiers-monde, ni quart-monde, ni grilles ni grillages, pas de code surtout — et du Christ nous n'aurions pas à faire de bien tristes chrétiens.
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Le premier son d’eau sur la housse fut celui des larmes d’Antoine. » p 22 a 7
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La vérité, c’est que la mort de Bastien n’est rien censée changer, au fond. C’est silence sur silence, absence sur absence, carré blanc sur fond blanc. Fantôme, Bastien l’a été vivant. Si la mort crée du fantôme, la mort d’un fantôme, que peut-elle bien créer ? Rien du tout, j’imagine. » p 23 a 3
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La vie se fout un peu du cadran, à vrai dire, c’est une poule qui pond du temps en veux-tu en voilà et les souvenirs se ramassent à votre guise, comme des œufs au poulailler. » p 33 a 1
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Ça se remonte la mémoire, et bien sûr il en existe une source. Mais sait-on jamais où elle se trouve, comment elle perce, pourquoi ici et pas ailleurs, un peu avant, un peu plus loin, depuis combien de temps elle creuse ses galeries souterraines avant de nous donner à voir ce filet d’eau timide, guilleret, inoffensif – qui deviendra plus tard un tumulte puissant, enflé par d’autres qui le rejoignent. » p 128 a 1
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Malika a les yeux humides mais Malika a toujours les yeux humides. Elle va comme ça, posant son regard sur le monde, épongeant tous les fronts, toutes les colères qui grondent. On ne sait jamais si elle vient de pleurer ou si elle s’apprête à le faire, elle n’a pas les yeux rouges pourtant, jamais, seulement humides et rieurs, tout le temps. » p 151 a 10
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Disons que je re-bois pour les occasions heureuses et je re-fume pour les occasions malheureuses.
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« Rabbi, qui a péché pour qu’il soit aveugle: lui ou ses parents ? ». Et voilà Dieu de nouveau cantonné à tenir des comptes, et nous voilà dans la jouissance idiote d’experts-comptables traquant les fautes. « Ni l’un, ni l’autre » répond Jésus, et je l’imagine un peu las. Il a autre chose à proposer, il le fait d’ailleurs dans la foulée: « Mais AFIN QUE les œuvres de Dieu se manifestent en lui, tant qu’il fait jour, il nous faut travailler aux œuvres de celui qui m’a envoyé ». (p. 98)
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Pour Job, le contrat dont la rupture brutale engendra la Plainte était explicite: il reposait sur le système rétributif. Les règles étaient claires: Dieu rendait le bien pour le bien, et le mal pour le mal. (p. 42)
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Je crois qu'il n'existe pas non plus de formation universitaire qui prépare à la grâce.
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J'ai trente ans et quand je pense à mon âge, j'y pense comme à un accident. J'ai l'impression d'avoir quinze ans depuis toujours et pour toujours. Aujourd'hui, je comprends : ma vie a continué d'avancer sans moi.
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J'ai l'impression d'avoir quinze ans depuis toujours et pour toujours. Aujourd'hui, je comprends : ma vie a continué d'avancer sans moi.

par Abdellahe
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C'était ça, les machines. Ça annulait toutes les odeurs, ces traces qu'on porte sur soi de ce qu'on a mangé, de ce qu'on a fumé, de ce qu'on a rêver, de ceux qui nous ont touchés. Le linge se refaisait une virginité dans le tambour des machines à laver, il ressortait comme neuf et ma mère, dans la salle d'à côté, l'engourdissait de vapeur, l'aplatissait, le pliait, et c'est comme si personne ne l'avait jamais touché.

(Extrait choisi par Sana et Mathilde)
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Dans les affaires de terrorisme, sache-le, les membres de la famille sont considérés comme des suspects potentiels, pas comme des victimes. C'est terrible, c'est injuste, mais c'est ainsi.
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