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Critiques de Marlen Haushofer (336)
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Le Mur invisible

Ce roman raconte (c'est l'héroïne qui parle) l'histoire d'une femme invitée chez une cousine dans la forêt autrichienne et qui, suite à une catastrophe planétaire, se retrouve un jour seule, séparée du monde par un mur invisible et infranchissable. Elle organise alors sa survie avec quelques animaux, le chien Lynx, la vache Bella et une chatte, luttant pour survivre, physiquement bien sûr, mais aussi face à la situation qu'elle n'explique pas. La narration est très simple, mais elle fait mouche, que ce soit pour décrire les relations avec ses animaux (ses amis ?), pour expliquer ce qu'elle met peu à peu en place, pour nous faire comprendre et partager ses réflexions.

C'est bouleversant, plein d'humanité, sans jamais tomber dans l'excès, et on en ressort pas indemne, tant les questions que pose Marlène HAUSHOFER nous incitent à la philosophie.

C'est vraiment un livre magnifique, on n'a pas envie que le récit s'arrête.
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Le Mur invisible

Mon coup de cœur durant le confinement ! Il faut dire que ce roman de l'autrichienne Marlen Haushofer s'y prêtait complètement : journal d'un confinement d'une femme entre deux âges, qui se retrouve un jour coincée dans le chalet d'amis à elle, seule, suite à l'apparition d'un "mur invisible". L'origine de ce mur n'est d'ailleurs pas explicité, l'autrice préférant donner la part belle à l'introspection de cette femme - dont le prénom restera un mystère - qui reviendra sur sa vie, avec recul et lucidité, tout en organisant au mieux sa survie dans la forêt autrichienne. Marlen Haushofer offre un très beau portrait de femme, mais aussi une réflexion sur la civilisation, ainsi qu'une belle ode à la nature.
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Le Mur invisible

Un livre étrange... On est en science fiction, pourtant c'est une symphonie pastorale. Il ne se passe presque rien qu'un quotidien solitaire et je suis restée happée... La narratrice vit cloîtrée dans une enceinte incompréhensible qui l'isole du jour au lendemain du reste du monde. Dans la nuit un mur invisible est apparu et tout ce qui est à l'extérieur est figé, mort... Elle se retrouve seule dans un chalet de montagne et tente de survivre avec quelques animaux domestiques que le hasard a placé dans l'enceinte. L'héroïne est magnifique. Certains voient dans cette histoire une énième conjuration de la peur des armes de destruction massive pendant la guerre froide (époque de l'écriture de ce livre). Peut être peut on aussi deviner le paradis perdu de l'enfance de l'auteur, les questions d'une femme prise à son rôle social qui se demande ce qu'aurait été sa vie dans la liberté/prison de l'absence de contraintes. Magnifique.
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Le Mur invisible

Superbe roman qui mérite que l'on prenne le temps de le savourer. Grande lectrice, je peux lire en tout temps et dans toutes les circonstances. J'ai l'immense bonheur d'avoir la faculté de me plonger dès la première ligne à 100% dans mon roman, quel que soit le contexte: (bus, gare, rue, salon bondé chez des amis ou en famille, devant la télévision, à la salle de sport sur mon vélo elliptique, ....). Hé bien pour ce roman...mon cœur de lectrice m'a poussée naturellement à ne le lire qu'au calme, tranquillement, seule, dans mon salon avec mon chat et des bougies, le soir. Je pense que c'est une des premières fois qu'un livre me dicte autant que cela ma manière de lire :-)



Effectivement, il s'agit bien d'un roman qui mérite de se vivre en même temps que la narratrice. Écris en huis-clos, seule humaine survivante (à priori...) d'une catastrophe dont le lecteur ne saura que très peu de choses, notre héroïne prend le plis de survivre, en mettant en œuvre ce qu'elle peut en fonction de ce que la nature de son petit univers lui fourni.

J'ai frémi avec elle, je me suis posée beaucoup de question, j'ai eu envie par moment de la prendre dans mes bras ou de m'assoir à sa table, devant une tasse de thé chaud, pour parler avec elle, échanger nos avis. Je me suis retrouvée projetée dans ce monde à la Robinson Crusoé féminin et j'ai fermé la dernière page du livre avec l'impression d'avoir moi-même vécu un voyage seule au monde.

Étrange et fascinant. Je ne peux que le recommander.

Ne vous laissez pas décourager par la narration. Il n'y a en effet ni dialogue ni chapitre mais cela fait partie de la magie de ce superbe livre. Je n'ai détecté, pour ma part, ni longueur ni répétition.

Autre recommandation, ne vous privez pas des quelques pages explicatives qui se trouvent en fin de roman (pour l'édition Babel poche de 1992 en tout cas). Elle permet de comprendre mieux et de prolonger un peu l'univers de l'auteure. Une belle découverte!
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Le Mur invisible

La narratrice écrit ce qui lui est arrivé et raconte les événements depuis qu'elle a découvert qu'elle est seule dans un chalet (une résidence secondaire de chasse) ayant été protégée par une « mur invisible » d'une catastrophe qui semble avoir décimé tout le reste de la population mondiale.



Nous ne savons des circonstances qui entourent cette catastrophe que ce que l'héroïne en observe et les hypothèses qu'elle émet. Se découvrant seule au matin dans le chalet où sa cousine et son mari l'avaient invitée et où ils auraient dû rentrer la veille au soir, mais accompagnée du chien, Lynx, elle part vers le village à pied... et se heurte assez rapidement à un obstacle invisible qu'elle va suivre pour en estimer le périmètre. Commence alors l'organisation de sa vie de survivante : comment gérer les ressources présentes au chalet ainsi que les ressources naturelles auxquelles elle peut avoir accès, organiser ses journées pour ne pas devenir folle, s'attacher aux animaux qui deviennent ses compagnons, éprouver la dureté des travaux physiques nécessaires quand on est citadine...



Le rythme du récit est plutôt lent, sa forme étant celle d'un journal parfois rétrospectif ce qui permet des effets d'annonce au cours du texte. J'ai beaucoup aimé suivre le cheminement de la pensée de l'héroïne et l'évolution de son comportement au fil des mois.



Un excellent livre bien qu'assez angoissant et dont la fin est laissée à l'imagination du lecteur.



J'ai été assez surprise de découvrir que ce roman était paru pour la première fois en 1963 car il pourrait tout à fait être contemporain.
Lien : http://toutzazimuth.eklablog..
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Le Mur invisible

Difficile de noter ce livre.

J’ai failli abandonner : il ne s’y passe rien, c’est une répétition de gestes, de tâches ingrates dans un monde où une femme semble être la seule survivante de l’humanité, avec vache, chien et chat. Elle plante ses patates, sème des haricots et trait sa vache. Elle parle à son chien et se fait adopter par une vieille chatte. Il pleut, il neige et il fait du vent. Parfois, il fait chaud.

Que ça semble chiant n’est-ce pas ?



Et puis, à un moment donné la magie opère. Peut-être l’effet d’une lecture au cœur de la nuit, ma forêt intime.

Pas d’action, non mais de l’introspection. De l’abandon de soi mais aussi de l’attachement aux animaux. Bien meilleurs que les hommes, finalement.



Et puis il y a ce chalet ou cette cabane d’alpage, cette forêt, cette magie de l’écriture. Les odeurs. Et vous voici transporté. Et vous voici à surveiller l’heure des corneilles, à être empli de chagrin sur les pertes que cette femme subit. Et vous sentez le doux souffle de Bella, la truffe humide de Lynx, caressez le front bouclé de Taureau. Et vous vous posez sur le banc de l’alpage et prenez doucement le soleil, le chien à vos côtés.



Alors oui ce roman ne répondra pas aux attentes de celui qui attend un grand roman post apocalyptique avec zombies et coups de fusil. Pas à la mode du jour sans doute. Mais il ne se laissera pas facilement oublier ou noyer dans la masse.



Et réflexion faite, je l’ai beaucoup aimé.



Et si l’on se souvient que ce roman a été écrit par une femme en 1963 dans une Autriche post nazie, dominée par les hommes, cette histoire prend alors une saveur encore plus particulière.
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Une poignée de vies

Il y a bien longtemps que je n’étais pas autant passé à côté d’un livre et me voici bien ennuyée pour tenter de m’expliquer face aux amoureux de Marlen Haushofer.



Pourtant ça partait très bien.

«En mai 1951, dans une petite cité autrichienne, un certain Anton Pfluger mourut dans un accident de voiture.»

Le premier chapitre plante le décor, présente les personnages, l’écriture est fluide et très élégante, on perçoit une ambiance, un univers.

Et puis ça s’enlise….l’ennui arrive, en même temps qu’apparait le personnage principal, Betty Russel.

Un personnage tellement complexe que je ne l’ai absolument pas compris.

Aucune empathie, aucune émotion, même négative. Le néant.

L'histoire de cette femme qui refait surface incognito après avoir décidé un jour de disparaitre, de quitter mari et enfant, aurait pu être forte et passionnante mais le récit était pour moi trop froid, sans relief.



Je crois que je n'ai tout simplement pas trouvé la grille de lecture.

La plume de l'auteure m’a poussé à tourner les pages jusqu’au bout mais j’ai traversé ce roman en pilotage automatique, absente à un texte qui ne faisant aucun sens pour moi.



Traduit par Jacqueline Chambon
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Le Mur invisible



A tous ceux qui ont gardé une âme d’enfant et qui furent fascinés par Robinson Crusoe et révèrent d’une île déserte, ce roman plaira. A tous ceux qui ont tenté d’oublier leurs aventures de jeunesse dans les bois en les trouvant par trop puériles mais qui aiment la science-fiction et le survivialisme, ce roman plaira.

Ainsi qu’à ceux qui aiment les animaux, la nature, la solitude… Enfin c’est dire que ce livre peut atteindre et a atteint un très large public.



De son isolement involontaire, son héroïne va puiser dans toutes ses forces ancestrales de survie et affronter un étrange destin. Son énergie, elle la focalisera non plus dans son interaction aux autres, empêchée par un mur infranchissable et invisible, mais dans son intégration au milieu naturel. L’autre (humain) est d’ailleurs peu présent ici, se noyant dans les limbes de sa mémoire ou pétrifié par une force mystérieuse.

N’ayant plus à jouer son rôle social, l’individualité s’estompe au point de disparaître et de devoir apprendre à revivre en symbiose avec son environnement. La lutte est âpre, la douleur morale et physique intense et tout l’équilibre consiste à ne pas renier ou oublier l’essence de son être.

C’est donc un livre hautement philosophique tout comme l’était Robinson Crusoe d’ailleurs, fort bien écrit et terriblement prenant.

Une belle réussite qui donne envie de mieux connaître l’oeuvre de Marlène Haushofer.
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Le Mur invisible

En vacances dans un chalet au coeur des massifs autrichiens, une femme d'une quarantaine d'années s'aperçoit un matin qu'elle est coupée du reste du monde par un mur invisible qui se dresse tout autour de la vallée où elle se trouve. de l'autre côté de cette paroi, toute vie humaine semble s'être brutalement arrêtée, comme pétrifiée.



Si le point de départ de ce roman est post-apocalyptique, je vous rassure, le reste du roman est on ne peut plus terre à terre puisque la narratrice nous restitue dans ce carnet de bord son quotidien au chalet.



Celle-ci doit alors trouver la force de vivre, de ne pas renoncer malgré la solitude qui la pèse. Heureusement, quelques compagnons à quatre pattes partagent son existence, avec lesquels elle tisse des liens affectifs forts et qui l'aideront à ne pas sombrer.



Jour après jour, saison après saison, la femme coupe du bois pour l'hiver, récolte ses pommes de terre, rentre le foin à l'étable et monte dans les alpages l'été pour sa vache.



Si l'intrigue est simple avec de peu de rebondissements, la grande force de la romancière autrichienne est de parvenir à nous captiver de bout en bout. Les pages défilent sans que l'on puisse s'arrêter grâce une prose belle, fluide et sans fioritures. Les descriptions de paysages nous transportent et l'omniprésence de la nature dans ce roman fait écho au superbe livre de Jean Hegland.



Un récit de survie palpitant paru pour la première fois en 1963 et qui n'a pas pris une ride. Un retour aux valeurs essentielles qui fait inévitablement réfléchir.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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Le Mur invisible

C'est un roman post-apocalyptique qui n'en est pas un, puisque, de la catastrophe et du monde dévasté, la narratrice – et, par le fait même, le lecteur – ne saura rien. Cette histoire émouvante et métaphorique en est plutôt une de retour à la terre, à une vie laborieuse et frugale, et d'introspection solitaire.



Le personnage nous raconte deux années, difficiles et monotones, de son ermitage forcé dans les montagnes autrichiennes, avec pour seule compagnie ses animaux domestiques, qui lui donnent tout à la fois une charge de travail supplémentaire et une raison de vouloir rester en vie.



Ce roman écologiste avant le temps évacue tout le superflu dont se composent nos vies citadines modernes et met cruellement en évidence la superficialité de nos sociétés. C'est une lecture immersive, méditative, presque hypnotique, qui nous enseigne une vérité troublante : si la nature est cruelle, l'humanité l'est souvent davantage.
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Le Mur invisible

J'ai lu ce livre quasiment dans la foulée de Dans la forêt de Jean Hegland, j'ai donc l'impression d'une redite, même s'il a été écrit bien avant. Ceci-dit, j'ai eu le même coup de coeur. Une femme, dont on ne connaîtra jamais le nom, se retrouve isolée du reste du monde, qui a priori est mort, et doit survivre dans un chalet dans une forêt. Elle est accompagnée d'un chien, d'une vache et de chats. Sa solitude m'a angoissée du début à la fin. Je me suis souvent demandée combien de temps on peut tenir dans cette situation avant de devenir fou. Le style est très agréable et transcrit bien les émotions su seul personnage de ce roman. Et même si de genre de lecture a une tendance à me mettre le moral dans les chaussettes, j'ai beaucoup apprécié.
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Le Mur invisible

J'ai eu beaucoup de mal au début à m'impliquer dans cette "histoire-conte".Peut-être dû pour ma part à une trop grande fatigue, et il a fallu pour mon plus grand bonheur, lors d'un rendez-vous chez un spécialiste , une attente de deux heures pour qu'à la lecture de ce roman, je sois complètement "embarquée " dedans. Comme quoi, les salles d'attente qui portent bien leur nom, ont parfois du bon!

-Voilà une jeune femme , qui, suite à une catastrophe planétaire, va se retrouver seule dans un chalet au milieu de la forêt Autrichienne, complètement séparée du reste du monde par un mur invisible qu'elle touche, qui existe, mais qu'elle ne voit pas , car il est transparent; au delà de ce mur, toute vie s' est pétrifiée. Elle va devoir organiser sa vie , entourée d'animaux domestiques:une chatte, un chien et une vache.A partir de là, elle va faire un travail extraordinaire sur elle - même car au lieu de sombrer dans une dépression ou attenter à sa vie, elle s' oblige à se dépasser, à accomplir des tâches d'hommes. Elle transgressera ses "à priori "se trouvant comme la 1 ère femme"ève", quittant les sentiers de la civilisation et de l'histoire pour rejoindre le mythe.Elle s' identifiera complètement au décor qui l'entoure et supportera mieux son existence vivant lorsqu'elle perdra sa montre au rythme des corneilles qu'elle détestait au début de l'histoire et qui lui seront familières et indispensables après. Nous sommes dès lors envoutés par le cheminement de cette femme au milieu de cette forêt, et la rencontre de l'homme à la fin du roman m'a déstabilisée:lequel des deux était encore humain? Comment comprendre leur comportement? Elle - même ne se comprend plus.

C'est un roman très symbolique où derrière le conte se cache toute l'essence dont est constitué l'être humain, et où le "moi " est surpassé face à la nature de façon magistrale grâce à la plume et à l'histoire de Marlen Haushoffer. Livre inclassable mais d'où on ne ressort pas indemne, .A conseiller pour les amoureux de psychologie, car on peut le lire dans un premier temps facilement au 1er degré, mais il faut approfondir , derrière les mots se cachent beaucoup d'analyses sur le comportement de l'être humain face à une situation qui en fait une expérience limite, roman sur lequel on pourrait discuter des heures .♡♡♡♡
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Le Mur invisible

Le Mur invisible est une vraie claque, un de ces livres qu'on oublie pas, et qui vous tord le coeur et la cervelle d'un lecteur.

Servi par une écriture épatante, Marlen Haushofer nous conte avec talent l'histoire d'une femme qui est peut-être la dernière, dans un monde si semblable au nôtre qu'on a l'impression que ça pourrait se produire demain... Venue passer un week-end avec sa cousine et son époux dans le chalet des Alpes de celui-ci, la narratrice se réveille un matin pour voir qu'ils ne sont pas rentrés du village la veille au soir. Elle se heurte en redescendant le chemin à une invisible barrière: de l'autre côté, toute vie animale, humains compris, semble être devenue pierre....C'est son récit, alors qu'elle s'organise et tente de survivre dans la forêt, se rendant compte peu à peu de mois en mois que le monde semble avoir péri dans son entier: radio morte, aucun avion, juste elle sur sa montagne avec les quelques animaux qui sont restés coincés de son côté de la barrière.

C'est une superbe écriture de la nature au passage, la forêt, les animaux, l'alpage, tout prend vie ici, et c'est aussi un magnifique portrait de femme, et des ravages de la solitude.

Il y a dans ce texte beaucoup d'humilité et beaucoup de beauté, étonnant pour un texte aussi dur, bien plus réaliste que l'habituel roman de fin du monde à gros effets et à grosses ficelles.



Je le recommande très chaudement !
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Le Mur invisible

L'auteure, le livre (256 pages, 1988, 1963 en VO) :

Une fois n'est pas coutume, voilà qu'on ressort un vieux bouquin : l'édition originale date de 1963 (!) et on a lu une première fois la version française en 2015, mais sans la chroniquer. Une relecture s'imposait donc pour réparer cet oubli.

Marlen Haushofer (décédée en 1970) est une autrichienne qui dut traverser une époque difficile.

Le mur invisible est son ouvrage le plus célèbre, devenu culte pour l'écoféminisme.

Écriture et sujet sont intemporels, universels : c'est ce qu'on peut appeler un grand roman, sans doute en train de devenir un véritable classique. Un film en a été tiré en 2013.

Hasard de l'agenda de nos lectures, les parallèles sont nombreux avec La femme paradis (du français Pierre Chavagné) que l'actualité littéraire vient tout juste de mettre entre nos mains.



L'intrigue :

Une femme dont on ignore presque tout, se réveille seule dans un chalet de montagne, séparée du reste du monde par un mystérieux mur transparent au-delà duquel toute vie a été pétrifiée.

Les amis d'hier ne sont pas rentrés, sa seule compagnie est celle d'un chien, d'un chat et d'une vache.

C'est son journal que nous lisons, un récit qui se situe quelque part entre une robinsonnade, un conte philosophique, un survivalisme post-apocalyptique et la réflexion solitaire d'une ermite.



On aime vraiment beaucoup :

❤️ La prose de Marlen Haushofer est élégante et soignée mais suffisamment intemporelle ou étonnamment moderne pour n'avoir pas pris une seule ride depuis soixante ans.

Même si de nombreuses réflexions psycho-philosophiques émaillent le roman, ce n'est jamais pontifiant, mais toujours pertinent et l'auteure ne s'éloigne jamais bien longtemps du récit de la vie de cette femme isolée du monde : on reste captivé d'un bout à l'autre et si un vague mystère entoure bien sûr l'origine de ce mur, on l'oublie rapidement et on s'intéresse bien plus à la survie de cette ermite malgré elle.

On s'inquiète avec elle pour la future récolte de pommes de terre, pour la hauteur du tas de bois, pour la quantité de foin rentré avant l'hiver, ...

Le récit est habilement dosé et, tout comme La femme paradis mais en plus "classique", on tient là une histoire forte, prenante qui laisse une empreinte durable sur le lecteur.

❤️ Et puis il y a le propos féminin ou féministe quand reviennent les souvenirs de cette femme et de sa vie d'avant.

❤️ On aime bien aussi suivre cette femme solitaire entourée de ses rares animaux (un chien, un chat, une vache) qui deviennent peu à peu de vrais personnages du roman.

❤️ On aime bien aussi terminer sur une fin très élégante que l'on ne vous dévoilera pas mais qui reste bien dans le ton de ce très curieux roman.

Pour celles et ceux qui aiment les chiens et les animaux.
Lien : https://bmr-mam.blogspot.com..
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Le Mur invisible

Il existe des romans étonnants dont le résumé n'est pas follement attirant, où il ne se passe finalement pas grand chose ... et qu'on ne lâche pas. Je peux me tromper, mais Le Mur invisible risque de me rester longtemps en mémoire et je le classe derechef dans la liste des 'livres qu'il faut avoir lus'.



Dans un chalet perdu dans la montagne autrichienne, une femme écrit, sans doute pour elle seule, le récit de ses deux dernières années, bloquée dans une vallée par un mur invisible apparu au cours d'une nuit. Quand elle regarde de l'autre côté, il lui semble que les êtres vivants ont été changés en pierre, à la suite de quoi? Une catastrophe? Une guerre?



Assez vite elle est happée par ses nouvelles responsabilités. En effet, elle se charge de la vache Bella, du chien Lynx et d'une chatte sans nom, et se lance dans un dur labeur de paysan, sa survie en dépend. Couper du bois, le ranger, faucher un champ, retourner le foin et l'entreposer, préparer le terrain pour les haricots et les pommes de terre, réparer ce qui doit l'être.



"La première année où je n'étais pas adaptée, j'avais dépassé mes forces au point que jamais je ne pourrai me remettre complètement de ces excès. (...) A présent je prends le pas tranquille du paysan, même pour me rendre de la maison à l'étable. Le corps reste détendu et les yeux ont le temps de regarder."



Sa vie d'avant était celle d'un femme ordinaire, la quarantaine, veuve, deux enfants. Cette remarque au détour d'une page, quand ses filles partent à l'école : "Plus tard je ne fus plus jamais heureuse. Tout se transforma d'une manière désolante et la vraie vie s'arrêta pour moi."



Une narration posée, lucide, presque froide, où affleure quelque espoir. Elle vit au jour le jour, tout en devant prévoir ses occupations pour survivre."Je suis devenue un paysan, et un paysan doit prévoir."



La nature environnante n'est pas l'occasion de grandes envolées lyriques, même si elle est sensible à sa beauté, mais plutôt perçue comme le seul moyen de pourvoir à ses besoins.



"Quand je repense à ce premier été, il m'apparaît bien plus marqué par le souci que je me faisais pour mes bêtes que par la conscience du caractère désespéré de ma propre situation. La catastrophe ne m'avait déchargée d'une grand responsabilité que pour, sans que je le remarque, m'accabler d'un autre fardeau. Quand je pus enfin comprendre ce qui se passait, je n'étais plus en mesure d'y rien changer."



Je viens (enfin) à ce qui pour moi a rendu ce roman si attachant, à savoir les relations entre la narratrice et ses animaux. Le chien Lynx, en particulier, qui savait ressentir ses humeurs et l'en sortir quand il le fallait. Les chats excellemment décrits. Même la brave vache Bella...



A la place de cette femme, d'autres auraient réagi autrement, sans doute; exploré la région à fond ou creusé pour passer sous le mur (au risque d'en mourir) ou désespéré. Simplement, elle raconte son évolution et sa vie.
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Le Mur invisible

J’avais vu passer ce livre peu connu sur d’autres comptes de réseaux sociaux. Le mur invisible est un roman d’une autrice autrichienne, Marlen Haushofer. Je trouvais l’histoire d’une femme isolée par un mystérieux événement intéressant à explorer. Il faut dire que j’ai un fort intérêt pour le postapo et le nature writing. Alors qu’en ai-je pensé ?



L’autrice ne donnera jamais d’explication au phénomène qui frappe le monde. L’objectif du roman est de mettre en scène la solitude de son personnage principal. On se saura jamais son nom, juste quelques détails sur sa vie personnelle et son passé. Le roman prend la forme d’un journal. Elle y note ses journées et ses tâches. Le retour à la nature l’éloigne presque de sa condition humaine, la poussant à la considérer avec une autre hauteur. La rigueur de son existence contraint à l’humilité. Qu’est-ce que le temps face à la nuit ? La tempête ? Le froid ? Mesurer les heures devient un acte futile, une tentative idiote de l’Humain de maîtriser ce qu’il ne peut dompter. Ainsi, on se saura jamais le nom de notre personnage principale. Comme elle le notera elle-même, qu’est-ce qu’un nom quand aucune autre personne ne peut le prononcer ?



L’écriture est une concession face à ce nouvel état de nature. Le roman est pudique. La femme tente de proposer une évolution chronologique de son histoire. Mais parfois, elle digresse, nous proposant un coup d’oeil dans son quotidien. Ce sont des passages touchants et teintés de regrets. Au début, la pensée est difficile car le travail l’épuise jusqu’à perdre connaissance. Au fil du texte, on sent une acceptation de sa condition plus qu’une résignation. On admire le sang-froid de la femme, qui est pourtant en grand danger. Mais son style est posé, précis, et documente avec attention ce qui lui est arrivé. Mais si cette nouvelle vie et cette introspection forcée sont dans un premier temps difficiles, cette isolement lui permet de vivre pleinement une existence indépendante dont l’ancien monde l’avait privé.



L’aspect science-fictionnel est dans ce roman léger. L’histoire commence alors qu’une femme, alors seule dans un chalet, constate qu’un mur invisible la sépare de la civilisation. Au-delà du mur, tous les humains semblent être morts. Nous suivons donc son organisation de, supposément, dernière femme au monde devant survivre dans une nature parfois salvatrice, parfois hostile. Ainsi, ce roman est particulièrement visionnaire car la narratrice se pose la question de la place de l’humanité dans le cycle terrestre. En tant que personne éduquée, elle a appris l’histoire, l’arithmétique… Autant de compétences qui ne lui sont pas utiles alors qu’elle doit chasser, construire des abris, s’occuper des animaux. Et encore. Dans les années 30, elle a quand même passé un peu de temps dans les fermes dans sa jeunesse, ou fait des concours de tir par loisirs. Mais déjà, elle ressent une déconnexion rapide entre son ancien mode de vie et la rigueur de la vie à la campagne, quand elle doit chercher ses propres ressources.



Mais malgré les difficultés, la reconnexion à la Terre lui permet de trouver une forme d’équilibre. Elle doit affronter de nombreuses problématiques : le froid de l’hiver, le manque de nourriture, l’absence d’autres personnes… Il y a cependant une satisfaction à progresser. Parvenir à traire la vache. Voir les premières pommes de terre pousser. Il y a aussi tout l’attachement aux autres animaux, une vieille chatte, le chien et la vache, qui forment une nouvelle famille. En somme, elle retrouver le chemin d’une forme d’authenticité dans la nature, qui lui permet de s’affranchir d’artifices qui la retenaient.



« Le mur invisible » de Marlen Haushofer est un roman captivant qui explore la solitude et la reconnexion à la nature dans un contexte post-apocalyptique. L’autrice offre une vision subtile de l’isolement et de l’adaptation de la protagoniste, sans fournir d’explication claire sur l’événement mystérieux qui l’a isolée. À travers un journal intime, le roman témoigne de son acceptation et de sa capacité à trouver un nouvel équilibre. L’aspect science-fictionnel est léger, mais soulève des questions sur la place de l’humanité dans la nature. Malgré les difficultés, la protagoniste découvre une forme d’authenticité en se reconnectant à la Terre. « Le mur invisible » est une réflexion profonde sur la condition humaine et l’importance de la nature dans nos vies.
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Le Mur invisible

Le roman d'une femme de la ville qui se retrouve à devoir survivre seule dans la montagne autrichienne après l'apparition d'un mur invisible et la transformation en "pierre" De tous les êtres vivants qui se trouvaient derrière.

Les 322 pages de ce livre écrit en 1962 pourraient sembler redondantes et de peu d'intérêt à première vue mais il est bizarrement difficile à lâcher. La survie de cette femme seule, ses moyens pour y parvenir, ses pensées et son rapport aux animaux et à la nature qui évoluent au fur et à mesure que l'histoire avance m'ont passionnée. La transformation de son corps, la difficulté du climat montagneux, le fait de devoir tuer pour se nourrir, l'importance de ses relations avec les quelques animaux domestiques et sauvages qui l'entourent sont parfaitement décrits. L'écriture de ce livre est accessible et paraît simple à la lecture mais on ne s'y trompe pas! Marlen Haushofer était une grande écrivaine et l'histoire de sa narratrice est passionnante. J'aurais encore pu la suivre 300 pages supplémentaires sans m'en plaindre! Un grand plaisir avec quelques citations magnifiques.
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Le Mur invisible

Je ne suis pas amatrice de récits dystopiques, et j’ai très rapidement été rassurée : la fiction du mur qui isole les derniers survivants du reste du monde n’est qu’un point de départ, une hypothèse pour essayer de répondre aux questions les plus profondes, les plus éternelles. Quel est le sens de notre vie sur terre ? Quelle est notre place dans l’univers ?

La narratrice est présentée, en quatrième de couverture, comme « un moderne Robinson ». J’ajouterais, surtout, comme un Robinson au féminin, qui, contrairement à son illustre prédécesseur, ne cherche pas à reconstituer sur son ile la société qu’elle a toujours connue. Elle prend tout de suite en charge les quelques animaux domestiques qui ont survécu, et c’est le soin qu’elle leur apporte qui donne désormais du sens à son existence. Sans se lancer dans de grandes constructions métaphysiques, sans aucune prétention, en suivant son cœur et son instinct, elle atteint la sagesse suprême vers laquelle toutes les spiritualités tendent : notre vie n’a de sens que par l’amour que l’on partage, qui nous fait participer à l’univers dont nous ne sommes pas séparés. Tout le reste n’est qu’illusion et vain orgueil.

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Le Mur invisible

Comment critiquer un tel roman ?



Le Mur invisible fait partie de ses lectures qui nous marquent par leur singularité.



On le prend nonchalamment sur l'étagère d'une bibliothèque en se disant "tiens ça à l'air sympa!" et puis on se trouve totalement pénétré par l'univers d'une écrivaine sublime.



Le Mur invisible nous questionne sur des sujets d'une formidable intemporalité. Les relations entre les hommes et les animaux, le rapport de l'humain à la nature, le goût du labeur, la solitude, l'apprivoisement de soi.



Bref, la sobriété d'une vie en solitaire sur laquelle il nous est tous arrivé de fantasmer.



Je ne saurai rien ajouter de plus si ce n'est que cet ouvrage de Marlen Haushofer vient définitivement s'inscrire dans mon panthéon livresque.
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Le Mur invisible

Un mur invisible isole un matin sur les hauteurs autrichiennes une brave dame avec un chat, un chien et une vache dans un chalet aux réserves bien fournies.



L'auteure arrive fort bien à se mettre dans la peau de cette femme un peu simplette qui écrit assez platement qu'elle boit du lait, mange des orties, cultive patates et haricots, tue parfois un chevreuil pour donner de la viande à son chien Lynx, parle à ses animaux qu'elle conduit en été aux alpages et se réjouit même de sa solitude...



Ce livre plaira sans doute à toutes les amoureuses d'animaux de compagnie.

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