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Critiques de Marlen Haushofer (336)
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Le Mur invisible

Le mur invisible c’est l’histoire d’une femme ordinaire en Autriche qui se réveille un matin dans le chalet de ses amis partis en vadrouille et prisonnière de la forêt. Un mur, invisible, se dresse devant elle comme un mur scindant le passé et le futur, l'humanité, la civilisation et la nature. Cette histoire peut rappeler le Dôme de Stephen King sauf qu’ici l’horreur se trame dans la solitude et la peur.

Ce roman amène beaucoup de réflexions et de « pistes » pour vivre en autarcie dans un monde figé et arrêté, pas loin apocalyptique.

La Robinsonne, si elle veut vivre et survivre devra puiser dans la nature toute l'énergie nécessaire. Les animaux ont grande place dans l’histoire, remplaçant très vite les hommes. Ils seront pour l’héroïne le dernier rempart avec l'humanité.

Comment malgré tout survivre seule en pleine forêt ? Peut-être faut il oublier toute trace du passé et vivre comme si cette vie en forêt fut à jamais la seule véritable.

On pourrait penser que ce roman est monotone, faute d’actions, je l’ai trouvé pour ma part très vivant. La palpitation tient dans cette survie, dans cette nature imprévisible et dans sa capacité à réinventer une vie loin de la civilisation. Parfaitement réussi et intelligent.
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La nuit

Relecture 24 décembre 2021



La première fois que je fus bouleversée, captivée par cette auteure, ce fut avec son roman « Le Mur invisible »…J’ai ensuite poursuivi ma connaissance de son œuvre abondante, par ses recueils de nouvelles où nous retrouvons des thèmes récurrents et permanents : La Solitude dans le couple, les différences de sensibilité entre les hommes et les femmes qui les font le plus souvent rester étrangers les uns aux autres, la peur, toutes les peurs issues des non-dits, de la solitude immense de chaque être, et plus particulièrement les femmes, les histoires d’amour qui finissent rarement bien, l’aspiration et le besoin du Beau…, le refus des limites des conventions sociales, la nécessité de démesure, de fantaisie, de création, d’un idéal à se construire et à vivre, un refus de la routine, et des règles sociales sclérosantes, etc.



Dans ce recueil de nouvelles d’inégale importance, l’une de mes préférées est « Le Legs » (dont je transpose un extrait ci-dessous), d’autres nous interpellent comme celle, incroyable, intitulée « La Nuit », qui exprime au plus juste toutes les peurs diffuses de plusieurs personnages, « peurs » venant de très loin, qui se déploient pendant ce temps du sommeil : peur de mourir, peur de disparaître, toute la vie mystérieuse fourmillant dans la nature, nous entourant….



Une autre est à remarquer qui offre de façon inhabituelle un ton moqueur, ironique, une sorte de légèreté pour décrire cette incompréhension quasi constante entre l’esprit, la psychologie des hommes et des femmes, dans la vie de couple, ayant la plupart du temps, du mal à coïncider , à se rejoindre.



Cette nouvelle « hilarante » nommée : « (a +b) (a-b) ¨¨ a2 –b2- Une agréable soirée à la maison » : Une épouse apparemment docile, pour faire plaisir à son mari ,accepte des exercices de sa part, pour l’instruire sur tel ou tel sujet dont Monsieur a envie de discuter ensuite, mais comme à ses yeux, sa femme n’est jamais à son niveau, il entreprend chaque fois de l’instruire ; et ce jour là, « Monsieur » avait décidé de se lancer dans un ouvrage de mathématiques. Il soumet son épouse à différents premiers exercices dont elle réussit à se sortir assez « honorablement », mais cela ne dure guère ; il s’agace, la traite de « cruche, d’inepte, pour finalement la déclarer « cas désespéré ». !!!

Ce qui ne peut que faire rire c’est le dédoublement de l’épouse : faussement obéissante et arrangeante, on lit ses pensées intérieures, pleines d’ironie :

« Elle était impressionnée. Pas tout à fait autant qu’elle feignait l’être, mais tout de même ! Elle aimait entendre dans sa voix-comme c’était le cas maintenant-ce ronronnement de matou satisfait » (p. 71)



Je reviens au « Legs », qui reste la nouvelle qui m’a le plus marquée dans ce recueil…

« Quand l'été fut revenu, je l'autorisai à aller s'asseoir dans le jardin. Je lui offris une grande boîte de crayons de couleur; elle en éprouva un bonheur d'enfant. Elle dessina tout ce qui lui passait devant les yeux. Les joues brûlantes, elle levait les yeux su moi et me montrait ses dernières oeuvres.

-La seule chose que je regrette, se plaignit-elle une fois, c'est que ces couleurs soient beaucoup trop ternes, elles devraient être plus ardentes, plus lumineuses, telles que je vois les choses. (p. 33)”



Ce legs est celui d’une jeune femme sur le point de mourir qui aimerait léguer à son ancien compagnon “son regard”, un regard plus vif, moins conventionnel que cet homme amoureux, toutefois par trop conventionnel, n’ayant pas compris ou pire, ayant été effrayé par l’impétuosité, la fantaisie, la liberté, les excès de sa compagne, Régine. Il réalisera tout ce qu’il a manqué, raté, lorsque celle-ci sera sur le point de mourir ! Il se réveillera enfin… Régine lui aura offert, légué un REGARD neuf sur la Vie !



Une relecture très appréciée…même si l’univers de Marlen Haushofer est désabusé et assez sombre. L’analyse psychologique des personnages, ainsi que son style sont comme ciselés, très approfondis et affinés, en étant à la fois, dans l’épuré, l’Essentiel : l’Universelle difficile compréhension entre les êtres !

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Le Mur invisible

Quelle belle surprise cette année ! C'est avec beaucoup de hâte que j'attendais l'occasion de lire enfin ce roman extraordinaire après avoir lu l'excellent billet de @HordeDuContrevent. Chère Chrystèle, je me souviens avoir ressenti énormément de curiosité vis-à-vis un ouvrage dont je n'avais encore jamais entendu parler...ton avis m'a donné envie de plonger à mon tour et je n'en regrette rien.



Il m'est rarement arrivé de tomber sur un roman écrit d'une traite, sans changement de chapitre, sans espace entre les paragraphes, à peine quelques alinéas saupoudrés ici et là et sans aucun - mais absolument aucun - dialogue ou quoi que ce soit qui y ressemble. "Le mur invisible" consiste intégralement en un monologue, celui d'une femme dont l'existence vient de basculer de façon drastique.



Imaginons. Se réveiller au petit matin dans un chalet de montagne en pensant y prendre le petit-déjeuner avec des proches qui ne sont en fait jamais revenus de leur balade de la veille au soir. Au début, on pense qu'ils ont pu avoir un contretemps sur la route, un désordre mécanique, un accident, peut-être. Les premières heures de l'avant-midi passent, toujours pas de nouvelles. Notre héroïne commence à paniquer puis décide de partir à leur rencontre à pied, jusqu'au village...Elle se heurte alors à un mur invisible. Une paroi transparente, infranchissable, d'un côté comme de l'autre, bloquant ruisseau, route, absolument tout. Ce qu'elle voit de l'autre côté est difficile à assimiler. C'est l'incompréhension. L'effet de panique est décuplé...



Seule avec un chien qui ne lui appartient pas, la dame n'aura d'autre choix que de se débrouiller avec les ressources en place pour se sortir de cette situation. Pour survivre à ce nouveau monde isolé de tout. Toute la question réside en ceci: si le mur ne disparaît pas par lui-même de la même manière qu'il est apparu, comment le franchira-t-elle ? Ou sinon, comment pourra-t-elle subsister de son côté, seule au monde ? Parce qu'il n'y a pas âme qui vive à des milles à la ronde sur ces vastes montagnes autrichiennes...Nous débutons l'histoire dans ce contexte, déjà dans une atmosphère de solitude et en grande partie au grand air.



Ce roman, écrit à la première personne du début à la fin, ne comporte aucun élément ennuyeux ou ennuyant, tant dans sa narration que dans sa forme. Le lecteur est happé dès les premières pages justement grâce à l'habileté de l'autrice à nous raconter ce qu'elle vit, par sa manière de rédiger le texte, de toujours nous faire sentir que nous vivons le moment présent, exactement en même temps qu'elle. Écrit autrement, cela aurait pu être assommant mais dans ce cas-ci c'est tout le contraire !

Dès le début, je me suis sentie totalement aspirée dans l'histoire, incapable d'arrêter de tourner les pages, avide de connaître la suite. Il faut dire que Marlen Haushofer n'attend pas longtemps avant de nous envoyer percuter son mur invisible, aussi...



Le décor change peu souvent, pourtant, nous n'avons pas l'impression d'être toujours au même endroit, statique. Même chose pour les actions. Les journées pourraient paraître longues ou redondantes mais elles ne le sont pas, chacune apportant son lot de corvées à accomplir selon la saison ou l'heure de la journée. Tout se ressemble, rien n'est pareil. Le flot du temps coule lentement sans qu'on perçoive de lourdeur...C'est comme revenir au Moyen-âge en un claquement de doigts. Bien qu'écrite il y a plus de cinquante ans, cette histoire n'a pas d'âge, elle pourrait correspondre à n'importe quelle époque. J'ai adoré le sentiment d'intemporalité qui s'en dégage...Bref, cette aventure est complètement incroyable.



Ce roman a été pour moi un gros coup de coeur ! Étonnant, fascinant, tout simplement splendide ! Il aura sa place dans ma bibliothèque encore longtemps, accessible, toujours à portée de main, car c'est assurément un livre que je relirai avec plaisir. Merci beaucoup pour cette découverte hors du commun !



CHALLENGE PLUMES FÉMININES
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Le Mur invisible

Un livre publié en 1963, récompensé  du Prix Arthur Schnitzler. Un livre en avance sur son temps, écrit par une femme de la petite bourgeoisie autrichienne, concernée, peut-être plus que d'autres, par les contraintes sociales qui s'imposent à elle alors et définissent son rôle et ses limites dans la société.

Pas étonnant que ce livre n'ait pas eu à son époque le succès qu'il méritait et qu'il soit aujourd'hui reconnu parce qu'il pose des problématiques contemporaines.

Le déclencheur de l'histoire est ce mur invisible surgit de nulle part, isolant la narratrice dans un espace clos au sein d'une vallée des alpes autrichiennes dans laquelle se trouve le chalet de chasse de ses cousins.

En villégiature, elle avait choisi ce soir-là de ne pas accompagner ses cousins au restaurant dans la ville proche.

Cette idée de roman a été explorée plus récemment par Stephen King dans le Dôme et le Village évanoui de Bernard Quiriny.

Le roman de Marlen Haushofer est plus fort, plus complet, tourné vers une introspection qui ne laisse pas indifférent, là où les deux autres romans frisent la sociologie convenue.

La force du récit chez Marlen Haushofer est de placer le lecteur sous pression et de le renvoyer à sa propre vision du monde, à ses propres interrogations, à son intégrité, à son honnêteté, à la façon dont il peut être amené à se jouer ou à jouer avec les règles sociales.

Il y a bien longtemps que je n'avais lu une oeuvre aussi forte et aussi impliquante.

Assez tôt dans le récit, la narratrice évoque la mort de ses animaux Lynx et Taureau sans en donner la raison. le lecteur devra attendre la fin du récit pour en connaître la raison. En attendant il est poussé avec la narratrice, à lire, à agir, à voir s'écouler le temps sans le contrôle que nous tentons en vain d'exercer sur lui.

Seule, confrontée à la nécessité d'assurer sa survie, la narratrice écrit « A ce moment-là, je n'avais pas encore perdu l'espoir ; il résista longtemps. Même quand je dus m'avouer que je n'avais plus aucune aide à attendre, cet espoir insensé resta en moi ; un espoir contraire à toute raison et contraire à ma propre conviction. »

Elle ne sait pas encore ce qu'elle va affronter et les questions pratiques qu'elle devra résoudre, comme simplement celle de la nourriture.

L'introspection permanente à laquelle elle se livre l'amène à écrire : « Je peux me permettre d'écrire la vérité, tous ceux à qui j'ai menti pendant ma vie sont morts. »

C'est sa distanciation avec les règles sociales, même si elle les respectait pour son mari et ses enfants du temps de sa vie antérieure, qui va lui donner la force de survivre.

« Quand je me remémore la femme que j'ai été, la femme au léger double menton qui se donnait beaucoup de mal pour paraître plus jeune que son âge, j'éprouve pour elle peu de sympathie. »  toutefois, elle ne la juge pas sévèrement « (…) Il ne lui a jamais été donné de prendre sa vie en main.»

Pour survivre, elle doit- malgré son isolement et la seule compagnie de la nature et des ses animaux, un chien des chats, une vache et un taureau - passer outre des principes guidés par la seule convenance sociale.

« Nous étions donc quatre, la vache, la chatte, Lynx et moi. Lynx m'était le plus proche car il n'était pas seulement mon chien mais aussi mon ami, mon unique ami dans un monde plein de labeur et de solitude. »

Sa nouvelle condition l'amène à penser que la violence justifiée socialement n'existe pas dans la nature :

« Je n'ai jamais eu peur la nuit dans la forêt alors qu'en ville je ne me suis jamais sentie tranquille (…) parce que dans la forêt je n'avais pas peur de rencontrer des hommes. »

Elle découvre qu'elle doit chasser pour se nourrir, bien que cela la répugne. Elle découvre que dans la société où elle vivait, son statut privilégié la conduisait à voler le temps de ceux qui n'avait que cette seule richesse à leur disposition.

Elle mesure la différence entre le fait d'acheter des pommes de terre cultivées par d'autre et celui de les cultiver soi-même, avec toutes les tâches préalables et les prévisions que cela suppose d'exécuter.

« Je suis devenue un paysan, et un paysan doit prévoir. »

Ode à la vrai vie et à la renaissance, le roman de Marlen Haushofer nous parle dans le contexte que nous vivons aujourd'hui et nous conduit à penser à la vacuité de la vie qui nous est imposée, que nous nous imposons ?



« (…) je pensais à ma vie passée qui m'apparut insuffisante à tous points de vue. J'avais réalisé bien peu de ce que j'avais voulu, et quand j'étais parvenu à réaliser quelque chose, je n'en voulais déjà plus. »

Le regard franc et tranché d'une femme sans complaisance :

« Déjà, je ne suis plus qu'une fine pellicule recouvrant un amoncellement de souvenirs. (…) Qu'adviendrait-il de moi si cette peau venait à se rompre ? »



Merci à Dourvach et à sa liste Marlen Haushofer grâce à laquelle j'ai découvert cette auteure.
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Le Mur invisible

Il est de ces lectures dont on attend sans doute trop, je dois avouer que ma déception est grande, Prix Schnitzler 1963, encensé par les babelionautes, c'est une lecture que je voulais entreprendre depuis un moment.

Mais voilà, je n'y ai pas trouvé grand chose à me mettre sous la dent : le rythme est monocorde, peu de changements de ton, l'angoisse et le bien-être sont traités de la même façon (c'est ça qui m‘a le plus déçu), il n'est question que de l'humeur du chat, du chien, de la vache… ça se répète et même parfois ça se contredit. le chat sort, il rentre, il ressort, il re-rentre… “Le onze mars, la chatte sauta du lit”, cette phrase résume malheureusement bien mon ressenti, pour un roman post-apocalyptique, une histoire de survie, j'ai trouvé les préoccupations de l'héroïne bien quelconques.

J'aurais voulu sentir la montagne autrichienne, mais les descriptions sont pauvres, ça pourrait aussi bien se passer en Bretagne, dans les Appalaches américains, en Grande Bretagne ou n'importe où dans le monde pour peu que ça soit un peu vallonné, il y a peu de descriptions, le personnage est seul, ses sens devraient êtres décuplés (Je pense à Bid Box de Josh Malerman ou La Route de Cormac McCarthy…), mais c'est le vide absolu, elle ne semble rien voir, rien sentir, rien entendre.

Jamais je n'ai esquissé un sourire, jamais je n'ai ressenti la moindre empathie.

Et le manque de cohérence dans l'ensemble m'a gêné, le thème de la survie devrait aussi évoluer dans sa réflexion, mais tout arrive dans le désordre et frise souvent l'incohérence, on est loin du fameux Malevil de Robert Merle.

Qu'est devenu le vieux qui était immobile de l'autre côté du mur, son corps s'est-il décomposé, pourquoi n'essaye-t-elle pas d'examiner plus attentivement ce mur, quelle hauteur, pourquoi les nuages passent, surtout pourquoi n'est-elle pas plus curieuse, pourquoi n'essaye-t-elle pas au moins de comprendre sa situation, pourquoi se dit-elle qu'elle doit retaper la route, pour aller où ?… On dirait que ce roman a été écrit sans plan, sans idées préparées, totalement improvisé, d'ailleurs il n'y a pas de chapitre ce qui semble conforter cette hypothèse, et du coup, le fil se dilue dans une suite de phrases toujours égales, mais il n'y a que très peu d'évolution, les chats passent leur temps à sauter sur le lit, il fait beau, puis il pleut, puis il neige etc.. “Le onze mars, la chatte sauta du lit...” Si vous aimez les chats, lisez plutôt “Simon's Cat”.

Malheureusement, dans l'introspection intérieure c'est aussi peu intéressant, les obsessions devraient être exacerbées, les angoisses omniprésentes, les moments de déprimes ou d'espoir devraient ressortir. le temps passe sans qu'on ressente les changements dans le moral, les souvenirs ressurgissent au compte goutte pour seulement quelques banalités sur ces filles... Il y avait pourtant de quoi faire sur sa condition de femme, mais c'est juste effleuré.

Et l'écriture n'est même pas assez riche pour m'accrocher, pas la moindre subtilité.

Dans chacun des domaines exploité dans ce roman j'ai l'impression d'avoir lu cent fois mieux.

Bref, c'est une amère déception, sans doute qu'on me l'avait trop bien vendu.



Tout du long de cette lecture j'ai eu dans la tête cette chanson de Jacques Brel "Les Vieux", vous savez, quand il dit "le petit chat est mort", sauf qu'ici, ce n'est pas du point de vue de Jacques Brel, mais de celui de la vieille.

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Le Mur invisible

***

Sans comprendre ce qui lui arrive, une femme dont on ne connaîtra jamais le nom, se retrouve seule sur terre. Elle est enfermée par un mur invisible en montagne, dans le chalet où elle séjournait. Accompagnée par son chien Lynx, sa vache Bella et ses nombreux chats, elle va tenter de survivre et de donner un sens à cette nouvelle vie. Sans avenir, elle ne veut pas penser au passé et elle se réinvente en tant que femme, forte de ses désirs, de ses rêves et de sa place dans ce monde...

Qu'il m'a paru long ce roman !!! Heureusement que la belle écriture de l'auteur me poussait à tourner les pages. Mais je me dis aussi que c'était peut être le but : aucun chapitre, peu d'action, une suite de tâches quotidiennes à accomplir pour survivre... Une grande solitude m'a souvent envahie devant les mots de cette femme, et plusieurs fois je me suis blottie bien au chaud, aux côtés de ceux que j'aime... Un très beau roman qui touche, qui questionne et qui nous fait relativiser et apprécier notre propre quotidien...
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Le Mur invisible

Imaginez une clairière au fond des Alpes autrichiennes, entourée de forêts, gorgée de torrents, elle jouxte quelques herbages et abrite, merveille !, un petit chalet comportant toutes les commodités pour fuir la civilisation le temps de quelque repos. Un poêle à bois, des denrées non périssables en quantité, quelques outils et de chauds vêtements. Vous viendriez accompagné d'amis pour goûter le calme et la fraicheur des lieux, bien loin des conflits mondiaux, bien loin de tout souci.

C'est le rêve d'une vie simple, un ermitage où renouer, pour un week-end, des liens authentiquement purs avec la nature.

Mais voilà que, tandis que vous venez juste d'arriver et que vos amis sont partis diner à l'auberge du village voisin, un mur invisible mais infranchissable isole votre petit Eden du reste de monde. Vous laisse absolument seul avec pour unique compagnie celle de votre chien, d'une chatte et d'une vache. Et que c'est parti pour durer.

Anna, qui m'a recommandé cette lecture, en est sortie bouleversée et marquée par un inconfort mêlé de fascination. J'y suis quant à moi entrée comme dans un bain tiède après une journée harassante. Comme apaisée par cette apocalypse qui avait eu lieu et qui laissait la possibilité de vivre à la mesure de ses seuls moyens. Comme rassénérée par ce calme que garantit la solitude absolue.

Sur la base de ce scénario, il existe des centaines de romans d'anticipation : ceux où l'on fuit refaire une communauté meilleure dans un coin du monde non touché, ceux où on se transforme en hordes tuantes et éructantes dans une fantasmagorie de vie animale. Ceux où l'on réinvente les prémisses de la civilisation jusqu'au geste de trop comme dans le désormais très classique et daté Ravage de Barjavel. Comme une déclinaison de la robinsonnade sur le mode « que feriez-vous sur une île déserte avec un couteau suisse et un briquet ? ». Ca a donné Sa majesté des mouches, Vendredi ou la vie sauvage et même des jeux télévisés.

L'enjeu, dans la plupart de ces oeuvres, est de rêver à la manière dont l'humanité se recréerait. Confortablement lové dans son fauteuil, le lecteur peut imaginer la manière dont il ferait du feu avec deux silex, l'ingéniosité avec laquelle il saura planter les deux graines de quinoa qu'il aurait providentiellement au fond de sa poche pour ensuite bricoler une meule artisanale et se faire les meilleures foccacia de l'univers. Atteint de la folie des grandeurs, notre Robinson en charentaises peut étendre l'univers de son pouvoir : domestiquer une espèce indigène (animale ou humaine), déployer un début de mécanisation, industrialiser sa pêche… Ah, le kiff !

Ou pas…

Avec le mur invisible, cette tentation n'est pas de mise. Est-ce parce que le personnage à qui arrive cette aventure est une femme ? Quoiqu'il en soit, il n'est pas question de domestiquer des abeilles sauvages pour avoir du miel ou de commencer un élevage de truites qu'on fumerait pour l'hiver. Que les MacGyver survivalistes aillent bricoler ailleurs, le propos n'est pas celui-ci.

Il s'agit plutôt d'éprouver, dans une simplicité aride, ce qui fait l'attache à la vie. le rôle du travail physique lorsqu'il faut garantir son existence. Celui qui vous permet de passer l'hiver et vous sauve des pensées mélancoliques dangereusement assassines. Il s'agit de tenir la place d'un humain dans un monde qui le contient mais qu'il ne domine pas.

Pourtant, malgré ce dénuement presque absolu, il reste de quoi souffrir, quelques liens qui vous unissent aux seuls animaux vivant en votre compagnie. Est interrogée ainsi la limite d'une existence qui ne serait attachée à aucun être vivant, la capacité à exister sans éprouver d'affection pour rien ou personne. le soin que nous portons à nos semblables ici de plumes ou de poils, nécessaire à notre survie psychique et pourtant exorbitant lorsqu'il se révèle aussi incertain que le reste.

Alors c'est un livre âpre sans autre espoir que celui du moment présent, retranché de tous les deuils passés ou probables. Mais c'est un livre apaisant aussi, d'une écriture fluide et agréable. Comme une invite à prendre une part plus ténue et plus juste au monde.

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Le Mur invisible

Le titre "Le Mur invisible" et surtout la couverture m'avait attirée, il y a plus d'un an déjà ;

La couverture représente, non pas comme je l'ai cru une femme en costume locale des Alpes Autrichiennes ; mais Jeanne d'Arc, tableau peint par Jules Bastien-Lepage, né en 1848 à Damvillers à 30/40 Kms de Verdun, artiste fort apprécié de Zola qui décèdera à l'âge de 36 ans à Paris.



Histoire qui se situe dans les pré-alpes, essentiellement dans la vallée ainsi que dans les alpages.



C'est une histoire étrange, envoûtante, d'une simplicité extrême.



Expérience-limite d'une femme se retrouvant, malgré elle, dans un isolement total, entourée seulement d'un chien, d'une vache et d'un chat.



Elle va apprendre à vivre en autarcie - à chaque jour suffira sa peine - et réapprendre des gestes oubliés, la patience, la débrouillardise , mais aussi se confronter à un dur labeur et à elle-même.



Elle va se connecter à la nature, au véritable sens de la vie.

Apprendre à vivre intensément le moment présent, y faire face avec courage et ténacité, ressentir le temps qui passe d'heure en heure inexorablement.



Survivre, travailler, seule avec ses animaux.

La Grande Solitude,

L'amour inconditionnel de ses bêtes,

L'amour des hommes étant parfois si compliqué et incompréhensible.



L'autrice a un style limpide, transparent comme ce mur invisible !



Fait-elle une transposition des humains dans les corneilles noires qui sont omniprésentes, et cette unique corneille blanche, rejetée qui est elle ?



Un livre qui interroge sur un passé révolu et sur tant d'autres choses encore.



Autobiographique ?

Sans doute.

Fût il pour elle un exutoire, une forme de thérapie ?



Que de questions , après avoir refermé ce livre.



Quelle interprétation en faire ?



Chacun puisera en lui, le mystère d' ETRE !



Un livre qui m'a fait forte impression.
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Le Mur invisible

Lu en audio.

Reprend le thème de la survie post apocalyptique. La cause de cet effondrement, qui est de mon point de vue le seul point faible de ce livre, est ... bizarre. le fameux mur invisible du titre dont on ne saura rien : je divulgâche mais il me semble important de le savoir, l'intérêt de ce livre ne réside pas là.

C'est contemplatif, méditatif, lent comme une vie qui s'écoule selon un rythme qui n'est plus imposé par une société trépidante.

On réfléchit à ce qui compte vraiment dans une vie, ce qui a été important avant, et qui peut l'être demain.

Le rapport avec la nature, mais surtout avec ses animaux domestiques est très fort.

C'est un beau texte, que j'ai trouvé parfaitement lu par Marie-Eve Dufresne qui a réussi à me faire entrer dans la peau de ce personnage féminin qualifié d'"ordinaire" , mais qu'est-ce que cela veut vraiment dire ?

Introspection garantie.
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Le Mur invisible

Gros gros coup de cœur, on plonge directement à l'intérieur du personnage, happé complètement par ses priorités, ses douleurs, sa lutte et ses joies simples.

C'est une réponse aux angoisses du temps qui passe trop vite, un hymne à la nature et au monde animal.

J'ai été complètement hypnotisé, à l'image de Tigre qui plane en regardant les herbes se balancer légèrement.

Je referme ce livre est j'ai juste envie d'aller me poser un instant en forêt et d'écouter le souffle de la vie.
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Dans la mansarde

1er billet- mai 2013- Réactualisation le 19 avril 2024



Une femme, épouse bourgeoise, mère de famille, se réfugie régulièrement dans une mansarde pour lire le courrier qui lui est adressé. Or ce qu'elle trouve dans les enveloppes, c'est, épisode après épisode, le journal qu'elle tenait du temps où devenue sourde, elle avait été reléguée par son mari dans une cabane, au coeur de la forêt autrichienne....

Les mêmes thèmes chers à Marlen Haushofer: la solitude, la peur, la difficulté de vivre, l'hypocrisie des relations, la solitude dans les rapports de couple...



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Chronique réactualisée le 19 avril 2024





Les romans de Marlen Haushofer mettent fréquemment en scène la solitude d'une femme au sein de son couple. Ainsi Dans la Mansarde, une femme, épouse bourgeoise, mère de famille se réfugie régulièrement dans une mansarde pour lire le courrier qui lui est adressé. Or ce qu'elle trouve dans les enveloppes jaunes, c'est, épisode après épisode, le journal qu'elle tenait du temps où, devenue sourde, elle avait été reléguée par son mari dans une cabane, au coeur de la forêt autrichienne. Avec ce texte, Marlen Haushofer réunit les thèmes qui lui tenaient le plus à coeur : la peur, la solitude, la mémoire, l'hypocrisie des relations.



En plus de la solitude pathétique dans le couple de l'héroïne, il y a sa différence, sa marginalité à cause de sa surdité subite et sans origine physique…qui la mettent à l'écart de son couple. Elle dérange. Marlen Haushofer décrit de façon très dense les méandres et les tourments mentaux, intérieurs d'une femme qui, quelque part ne trouve pas réellement sa place dans l'existence. La solitude revêt mille costumes, entre la maladie physique, la pauvreté, la laideur, le handicap, et dans cette histoire, il s'agit d'un profond mal de vivre. Dans les mots de cet écrivain, il y a l'obsession de la mort, du néant. Il ne faut pas oublier que cette femme a vécu les bombardements, la seconde guerre, et le nazisme.



Son idée du couple est noire : la réunion de deux individualités qui ne se comprennent pas ou si mal. Ainsi l'héroïne de la Mansarde dit les choses suivantes en parlant de son époux, tout au début du roman : Il ne se rend pour ainsi dire pas compte de ma présence et ne m'adresse pas la parole mais il faut que je sois dans la pièce. le mariage envisagé comme un échappatoire à la solitude : un pis-aller…j'ai épousé un homme aux moeurs bourgeoises, je m'occupe d'un intérieur bourgeois et dois me comporter en conséquence. Mes extravagances hors des règles d'une vie bourgeoise se limiteraient à passer la soirée dans la mansarde.



Quand deux êtres sont ensemble et qu'un seul pleure, rien de bon ne peut en sortir.

L'auteur décrit la difficulté de vivre, d'adhérer à son existence : Non seulement je ne pouvais pas entendre mais j'osais à peine parler car je ne savais pas à quoi ma voix se ressemblait. J'avais vraiment le sentiment de ne rien avoir à faire sur cette terre. (…) Pauvre Hubert (le mari de l'héroïne) , il ne peut pas être comme son père. Il n'aime pas les femmes, il a seulement besoin d'elles. Il n'aime pas non plus vraiment la vie, il la prend comme un devoir que lui aurait donné un maître d'école inconnu, comme un travail dont il ne peut venir à bout, quelque mal qu'il se donne. Et il s'en donne !



Il est aussi beaucoup question de tourment mental, comme cette surdité qui apparaît à priori sans raison physique ni précise : Pourquoi moi ou cette étrangère qui est en moi ne voulons-nous plus nous entendre ? Et pourquoi ce refus alors que j'avais enfin ce que j'avais toujours voulu avoir, une famille pour moi seule ? (…) Je reste assise à attendre que cette étrangère en moi condescende à réentendre.





L'héroïne exprime de façon bouleversante ses difficultés à vivre à deux et son impossibilité à s'assumer seule : "mon unique partenaire, c'est Hubert. de nombreuses femmes trouveraient que c'est un partenaire impossible. Il me convient. Il est là sans être vraiment présent et jamais il ne s'approche trop de moi."



J'aime ce livre pour une réflexion qui me convient, et que je trouve très juste sur le sentiment de se sentir vivant, indépendant, tout en souhaitant la proximité humaine :

"J'aime bien la solitude dans une pièce mais pas dans toute une maison . Quand on est seul dans une pièce, on a toujours la ressource de frapper à la porte voisine et de demander si l'on peut entrer quelques instants. Et celui qui est à l'intérieur répond (…) Après avoir passé un petit moment avec lui, je retrouve la force de repartir et de rester dans ma chambre."



L'être humain doit parler, semble-t-il, s'il ne veut pas perdre la raison.

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Dans la mansarde

La narratrice, à laquelle l’auteure a choisi de ne pas donner de nom, est une femme au foyer qui mène une vie simple, elle s’occupe de son mari, de ses enfants, de sa maison.

Lorsqu’elle en trouve le temps, elle aime se réfugier dans la mansarde pour dessiner des oiseaux, des insectes, des poissons.

Une enveloppe marron trouvée un matin dans sa boîte à lettres va bousculer ce quotidien.

C’est dans la mansarde, son refuge, qu’elle lit ces pages.

Qui ? Pourquoi ? Elle ne comprend pas, comment le journal qu’elle a écrit quinze ans plus tôt dans des circonstances particulières, peut se retrouver sous ses yeux.

Qui a découvert ce texte ? Où l’avait-elle laissé, perdu ?

Au fil des réceptions les questions deviennent de plus en plus angoissantes et la ramènent au temps qu’elle a passé dans une cabane isolée, après avoir perdue momentanément l’ouïe.



Ce livre m’a beaucoup émue. J’ai été touchée par cette femme qui parle peu, qui observe sans jamais porter de jugement.

Elle ne trouve pas sa place dans ce foyer qui est pourtant le sien. C’est « Dans la mansarde » qu’elle se sent revivre. Elle n’est cependant pas malheureuse, ni résignée, tout au plus indépendante et secrète.



Ce roman est lent, il se passe peu de choses, il est magnifiquement écrit.

Marlen Haushofer m’a entraînée dans la tête de son personnage, j’ai partagé sa solitude, ses doutes, ses émotions.

Un livre magnifique.

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Le Mur invisible

Mouai...



J'ai pas aimé. J'ai trouvé ça très répétitif. Vraiment. Lassant. Dans le même genre, Birdbox est mille fois mieux.

Par ailleurs c'est bourré de petites contradictions et incohérences, à quelques pages de différence elle dit des trucs opposés (genre que le chien est toujours joyeux, et 5 pages plus loin, qu'il est triste et qu'il essaie même pas de jouer). C'est le genre de truc qui m'agace profondément.



Elle assène un coup des généralités, au coup d'après des comportements particuliers très spécifiques dans le même élan, comme si c'était des vérités premières "sur les chats", ou "sur les chiens", ou n'importe quoi d'autre. Ses réflexions sur "tuer des daims pour bouffer ça me dégoûte" m'ont gavée, elle le dit au moins 4 fois en 300 pages, on avait compris à la première !



Et au moment où ça aurait pu devenir intéressant, paf, c'est fini. Il aurait aussi fallu que l'auteure, au passage, explique comment, plus de deux ans au moins après "la catastrophe" (gestation mise bas et croissance suffisante de "Taureau" pour devenir père), alors que ses tennis à elle partent en ruines, un gars peut se promener en costard cravate (certes crasseux, mais parfaitement reconnaissable, semble-t-il) dans la nature.



Alors je veux bien qu'on ait un message féministe à faire passer. Je veux bien qu'on abuse des clichés au prétexte que dans l'intro, on a mis des rôles inversés "homme/femme" pour faire passer la pilule, merci la soeur et le beau-frère. Mais trop c'est trop.

Que cette bonne femme infoutue d'aimer ses gamines une fois passée leur pré-adolescence (et c'est le seul truc un peu original dans tout ça, et ça s'arrête net. On repassera pour un véritable examen de conscience...) vienne me donner des leçons sur le fait que "les hommes ça tue" et "les femmes ça aime", et que "le monde serait différent si c'était les femmes au pouvoir", ça ne passe pas, ça ne passera jamais... Je connais des nanas qui sont pires que des mecs niveau violence, et d'autant plus qu'elles ont justement "les clichés" pour elles.



Les femmes sont pas meilleures que les hommes, pas moins connes, pas moins violentes. Il y a de tout partout, chez les hommes et les femmes, chez les blancs, les noirs, les jaunes.

Quand on est con, on est con. Quand on est une brute, on est une brute. Quand on sait pas aimer, on sait pas aimer. C'est pas une question de sexe, de couleur, de race ou de je ne sais quoi d'autre. Quand on veut rester con, on reste con. C'est pas une question de sexe, c'est une question d'humanité. Et si on veut changer, c'est une question de conscience et de non-aveuglement sur soi-même, épicétou. ça a tout à voir avec le coeur et l'intelligence correspondante. le sexe, la race, ça n'a rien à voir avec une quelconque évolution de l'être humain. ça m'agace de lire des trucs pareils, bon dieu que ça m'agace.

Il y a certes abus de patriarcat dans notre société dite "civilisée", mais ce bouquin-là, bah c'est pas un bon bouquin sur le sujet.

ya rien dans ce livre, du vent et beaucoup d'auto-brossage dans le sens du poil type "qu'est ce que je suis forte en survie" et "j'aime trop les animaux". Et c'est tout ou presque... Insupportable... Voilà, c'est dit.



J'ai pas aimé.



Edit d'Aout 2020 : en ce moment je lis des tas de livres de Jung et ML von Franz. Et là, je me rends compte à quel point le fait que ce bouquin ait un tel succès aujourd'hui traduit le retour de bâton prédit par eux à propos de l'abus de patriarcat de notre société. C'en est à un tel point qu'un livre même pas très bon objectivement, devient un best-seller, lol...

Ah oui, aussi : pour vous congratuler entre vous sur le fait que vous avez a-do-ré ce livre, allez donc le faire ailleurs que dans les commentaires sur mon avis, parce que moi, en vérité, je m'en fous royalement. Sur les vôtres, d'avis, par exemple. A condition bien sûr que vous ayez pris la peine d'en écrire un. Sinon, allez sur un avis à 5 étoiles, il y en a tant... J'ai supprimé et supprimerai à l'avenir tout commentaire inintéressant de gens que je ne connais pas du genre "et bien moi j'ai adoré". Merci de votre compréhension.
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Le Mur invisible



Pourquoi avoir tant retardé la lecture de ce livre qui m'attend depuis longtemps dans la bibliothèque ? Je le traînais un peu partout sans oser me lancer et je dois dire que mon entrée dans Le mur invisible a été assez difficile.

Cette histoire de femme condamnée, à la suite d'une catastrophe planétaire, à vivre recluse dans un chalet de montagne, où elle avait accompagné ses cousins, sous un dôme transparent dont elle ne peut s'échapper, m'inspirait peu et un léger sentiment de claustrophobie et d'angoisse m'a étreint pendant un bon tiers du livre.

Cette femme dont nous ne connaissons ni l'âge, ni le nom, ressent le besoin d'écrire son journal sur des bouts de papier trouvés dans le chalet de chasse. Elle veut ainsi témoigner de son expérience, sans savoir si elle sera lue un jour, et espère, de cette manière, vaincre la peur et la folie qui la guette.

Elle est rapidement entourée de plusieurs animaux, le chien de ses cousins, une chatte qui aura plusieurs portées, une vache qui lui donne du lait, et un jeune taureau.

Très active et courageuse, elle organise ses journées autour des activités d'aménagement de la maison et de l'étable, de chasse, de pêche et de cueillette, de culture de pommes de terre et de haricots, et se consacre pleinement aux soins de ses animaux, avec qui elle noue des relations de tendresse et de bienveillance.

Son journal de bord nous livre le détail de son combat au quotidien, dans la nature, pour lutter pour sa survie, et celle de ses bêtes. Peu d'introspection, ni de plainte ou de sentimentalité de sa part. Elle est concentrée, ramassée dans l'action, vit le moment présent, ne semble pas regretter sa vie d'avant, et parait peu émue par la perte de ses proches.

Le mur de verre dont elle ne peut s'échapper et qui la sépare du monde extérieur où il n'y a plus rien, est perçu, dans un premier temps, comme le symbole d'une claustration, mais il peut également être vu comme une protection qui permet à l'héroïne de couper avec un vécu antérieur contraignant et peu épanouissant, de se reconstruire et d'accéder à une forme d'autonomie.

Son aventure extrême, loin de la détruire, semble donner un sens à sa vie, dans le présent, sans projet et sans retour en arrière, dans la communion avec la nature et les animaux dont la charge lui est essentielle. Ce qu'elle traverse s'apparente à une expérience mystique. Nous sommes proches des valeurs du bouddhisme, compassion et instant présent.

La métaphore du mur offre-t-elle d'autres interprétations ? Nous songeons au nazisme et à la culpabilité des autrichiens après la seconde guerre mondiale, ou à la guerre froide qui faisait craindre une apocalypse nucléaire. La démarche de l'autrice est-elle préfiguratrice d'un écoféminisme ? S'agit-il d'une condamnation des modes de vie contemporains, basés sur la consommation et la vitesse ?

Il n'est pas aisé de faire le tour de ce roman étrange, puissant, qui déclenche autant de questionnements et d'en saisir tous les ressorts. Je comprends néanmoins aujourd'hui la portée qu'il peut avoir et je remercie les amis babeliotes qui m'ont encouragée à le lire.



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Le Mur invisible

L’idée de départ est excellente : une femme se retrouve un matin coupée du monde. Non loin de sa maison un mur invisible l’isole, et de l’autre côté elle constate assez vite qu’il n’y a plus rien de vivant, ni hommes ni bêtes. Ni elle ni le lecteur ne saura ce qui s’est passé, ce n’est pas le propos de ce roman. Quand elle commence à rédiger ce récit, deux étés se sont écoulés, elle raconte comment elle a appris à vivre dans la solitude, comment elle fait face aux soucis basiques du quotidien et apprend à écouter la nature, d’autant qu’elle n’a ni musique, ni lecture. La nature est omniprésente, les saisons se répètent, immuables, avec les tâches indispensables qu’elles impliquent. La nécessité de prévoir (le bois de chauffage, le foin pour la vache, les plantations, …) n’empêche nullement qu’elle apprend en même temps à vivre au jour le jour. La compagnie des animaux est essentielle. C’est un récit bouleversant, sans espoir, il en émane une vision pessimiste de l’espèce humaine. Mais je n’ai pas du tout aimé la façon dont fini ce récit : qu’on ne sache pas d’où vient le mur est une chose, mais on ne sait pas non plus le pourquoi des événements finaux (que l’on attend depuis le début) et les dernières lignes m’ont paru un peu trop faciles. Je ne vois pas vraiment où l’auteur veut en venir, certains lecteurs y voit une fable (la fin est bien trop ouverte et énigmatique pour cela), du féminisme ou de l’écoféminisme. Pour ma part, je reste finalement perplexe et déçue. Et pour ce qui est du côté survivalisme dans la nature «Ermites dans la taïga» et «Des nouvelles d’Agafia» de Vassili Peskov sont bien mieux, et en plus, c’est une histoire vraie.
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Le Mur invisible

Suite à de nombreux avis enthousiastes, j’ai décidé de me plonger dans Le Mur Invisible et je ne le regrette pas, car c’est une lecture qui me marquera pendant longtemps !



Je dois bien avouer qu’il ne s’agit pas du livre le plus joyeux que j’aie pu lire, surtout vu le contexte anxiogène actuel, mais ce roman n’en demeure pas moins une très belle réflexion sur la vie et ses composantes (comme le temps, la nourriture, les saisons), la mort, la nature, les animaux, la solitude et tant d’autres thèmes universels et qui parlent à tout être humain.



J’ai beaucoup aimé le fait que l’histoire soit rédigée à la première personne du singulier, car j’ai ressenti de l’empathie et me suis beaucoup attachée à la narratrice (même si l’on ne connait finalement pas grand-chose de sa vie passée, hormis quelques éléments sur sa famille), ayant des valeurs communes avec elle (comme le dégoût pour la chasse, l’attachement aux animaux, la pression qu’exerce le temps dans notre vie quotidienne, entre autres) et admirant sa persévérance et son courage. Je me suis immergée dans ce récit à tel point qu’à plusieurs reprises, j’avais l’impression d’être moi-même la narratrice du récit, ce qui est une expérience inédite et assez particulière, compte tenu de la situation !



L’écriture en elle-même n’est pas exceptionnelle (elle est adaptée à la narratrice qui, comme elle le répète souvent, « n’est pas très cultivée » et est d’une intelligence moyenne), mais j’ai aimé sa simplicité et sa fluidité.

Bien sûr, je me suis particulièrement attachée à tous les animaux gravitant autour de la narratrice, en particulier Lynx (mon amour pour les chiens oblige !).



Ainsi, ce roman mérite d'être lu pour son caractère unique, c'est un livre qui ne laisse pas indifférent par son interrogation sur la condition humaine.



A lire !

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Le Mur invisible

Une jeune femme, mariée et mère de famille, est invitée par une cousine et son mari, à venir passer, seule, quelques jours dans leur pavillon de chasse en moyenne montagne.



Un après-midi, le couple décide de partir faire un tour en ville, laissant la femme seule dans le chalet. Au soir, ils ne rentrent pas et, le lendemain matin ils ne sont toujours pas revenus. La femme décide alors d'aller à leur rencontre, mais découvre qu'un mur invisible barre le passage, - et tout le paysage - et que tout ce qui se trouve au-delà de ce mur, bêtes comme gens est mort, statufié dans la position où la mort les a saisis.



La femme comprend rapidement que personne ne va venir la chercher et qu'elle se retrouve désormais le seul être humain vivant de son côté du mur, avec pour seule compagnie le chien de chasse de ses amis, une vieille chatte qui s'est invitée dans le chalet, et, peu de temps après, une vache que la femme a récupérée lorsqu'elle est allée à la découverte de son environnement.



La vallée de montagne dans laquelle le chalet est installé, et l'alpage situé au-dessus, seront désormais son seul univers. La femme décide d'abord de faire durer le plus longtemps possible les nombreuses provisions qui étaient stockées dans le chalet, mais vient le jour où elle doit véritablement se débrouiller si elle veut survivre.



Elle sème des haricots, plante des pommes de terre, fauche la prairie pour que la vache ait du foin pendant la saison froide, fait des confitures avec les framboises récupérées dans les buissons, coupe du bois pour alimenter le poêle...



Le temps passant, elle décide de faire le récit de son quotidien depuis le début de sa mésaventure (tant qu'elle aura suffisamment de papier pour le faire nous avertit-elle).



C'est ce récit que nous livre Marmen Haushofer dans le mur invisible, et d'une manière magistrale, car, il faut bien le dire, de prime abord le mur invisible n'a rien pour être un succès de librairie. Jugez-en plutôt.



Un livre dont les personnages sont une femme (dont on ne connaît jamais le nom), un chien de chasse, une chatte et une vache (qui, eux, ont des noms). Avec une telle distribution, pas de possibilité de dialogues (seulement le récit que la femme fait parfois des paroles qu'elle adresse aux animaux).



Une histoire qui est la simple description des tâches quotidiennes de la femme, des difficultés qu'elle rencontre - souvent - des petits moments de bonheur - plus rarement-, de ses pensées, et surtout de son comportement avec ses animaux.



Le tout dans un récit linéaire (sans aucun découpage en chapitres) de près de 350 pages...



Et pourtant, le mur invisible est un roman passionnant, qu'on a du mal à lâcher et que l'on voudrait voir se poursuivre quand l'héroïne dit qu'elle doit s'arrêter là car elle n'a plus de papier.



A une époque où le genre littéraire le plus populaire est le thriller, avec ses amoncellement de cadavres tous plus ensanglantés les uns que les autres, et ses rebondissements tous les trois paragraphes, le mur invisible est une lecture reposante et profondément attachante, qu'on ne saurait que trop recommander.

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Le Mur invisible

Paru en 1963, le Mur invisible est certainement le roman le plus connu de Marlen Haushofer. Je me suis enfin décidée à le sortir de ma bibliothèque, quelques heures plus tard je le referme songeuse.. Je vous épargnerai un énième résumé de ce texte porté aux nues par la majorité de ses lecteurs.

L'apparenter exclusivement au registre de la S.F post-apocalyptique me semble être trop restrictif. Bien sûr le contexte , la disparition de toute espèce "animale", est certes avéré, nous n'en connaitrons d'ailleurs ni le pourquoi ni le comment. Mais est-ce là l'essentiel? Je n'en suis pas convaincue. Je retiendrai plus volontiers le récit d'une femme livrée à elle-même dans un univers clos, en compagnie d'un chien, d'une vache, d'une chatte. A elle de s'adapter, de se projeter sur l'avenir pour pouvoir survivre elle et ses animaux. Nous découvrons son quotidien, ses angoisses, ses peurs, ses joies, ses satisfactions. Comment est-ce possible me demanderez-vous? Par un récit qu'elle laisse derrière elle. Qui le trouvera ou plutôt qui l'a trouvé? Peu importe ...

J'ai beaucoup apprécié certaines pages en particulier le rapport à ses animaux, chat, chien, vache. La nature est omniprésente les saisons et les intempéries se succèdent. Ceci dit, je reste songeuse. Que retiendrais-je de ce récit? Quelle était le but recherché? que veut-elle dénoncer? Il y a surement un message à lire entre les lignes, je ne suis pas sure de l'avoir pleinement décodé. Je pensais que la post-face de Patrick Charbonneau allait éclairer ma lanterne mais l'hermétisme du langage, des références littéraires destinées à un public averti ont eu raison de moi. Dommage.
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Le Mur invisible

Lu ce roman, lecture "imposée" dans le cadre d'une formation professionnelle. Si le sujet m'intéressait avec un côté "post-apocalyptique", la narratrice se retrouve seule avec comme unique compagnie des animaux derrière un mur Invisible dans la forêt autrichienne, mur au delà duquel il semble ne plus y avoir de vie, la forme du roman, ne m'a pas convaincu. En effet, ce récit est écrit sous forme d'un journal alternant entre faits passés et réflexions de la narratrice. L'absence de chapitres rend la lecture monotone. Je regrette d'être un peu passé à travers cette lecture car sur le fond ce roman apporte de nombreux questionnements.
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Le Mur invisible

Un livre qui ne se raconte pas, qui se lit, se sent, se vit, se ressent, tant il est vivant, empli de réflexions sur la nature humaine confrontée à son sort, avec pour celle amie ou ennemie : la nature et son règne animal et végétal.

Beaucoup beaucoup à réfléchir sur cette histoire, l'auteur a su nous livrer un roman d'une extrême beauté, sans extravagance, ni grandes scènes apocalyptiques mais simplement une vie à reprendre à la base : survivre et ne plus penser à ce qui fut et ne sera plus. Rien à rajouter, il faut se plonger dans ce livre tout simplement magnifique.



Je ne conterais pas l'histoire, mais je vous recommande vivement ce livre pour sa grandeur et puissance également, son côté anxiogène est parfois un peu déroutant.

Pour ceux qui s'amuse à jouer au Robinson Crusoé, ça semble l'idéal, mais quand on est un humain on est rien face à la vie si fragile.

J'étais extrêmement émue par le lien d'amour entre cette femme et ses animaux, les seuls liens et seule source d'amour tant pour l'homme que pour ces animaux domestiques même sauvages comme la corneille blanche.

Puis face à cela, la cruauté encore et toujours, l'incompréhension de l'acte gratuit, sauvage, d'un seul homme qui est venu rompre cet havre de paix et d'amour.

C'est la fin du roman, l'auteur ne s'attarde pas sur ce fait, comme pour nous laisser dans la méditation de cette être qui est l'Homme !

Très belle lecture enrichissante et intéressante.

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