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Citations de Marquis de Sade (582)


[10.]
Épitaphe de D.-A.-F. Sade,
détenu sous tous les régimes.

Passant,
Agenouille-toi pour prier

Près du plus malheureux des hommes.
Il naquit au siècle dernier
Et mourut au siècle où nous sommes.
Le despotisme au front hideux[1]
En tous les temps lui fit la guerre[2]
Sous les rois ce monstre odieux[3]
S’empara de sa vie entière[4] ;
Sous la Terreur il reparaît[5]
Et met Sade au bord de l’abîme[6] ;
Sous le Consulat il renaît[7] :
Sade en est encor la victime.
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[7.]
Fantômes.
Être chimérique et vain dont le nom seul a fait couler plus de sang sur la surface du globe que n’en fera jamais répandre aucune guerre de politique, puisses-tu rentrer dans le néant dont la folle espérance des hommes et leur ridicule frayeur osèrent malheureusement te sortir ! Tu ne parus que pour le supplice du genre humain. Que de crimes épargnés sur la terre, si l’on eût égorgé le premier imbécile qui s’avisa de parler de toi ! Montre-toi donc si tu existes ; ne souffre pas surtout qu’une faible créature ose t’insulter, te braver, te bafouer comme je le fais, qu’elle ose renier tes merveilles et rire de ton existence, vil fabricateur de prétendus miracles ! N’en fais qu’un, pour nous prouver que tu existes ; montre-toi, non dans un buisson de feu, comme on dit que tu apparus au bon Moïse, non sur une montagne, comme tu te montras au vil lépreux qui se disait ton fils, mais auprès de l’astre dont tu te sers pour éclairer les hommes : que ta main à leurs yeux paraisse le guider ; cet acte universel, décisif, ne doit pas te coûter davantage que tous les prestiges occultes que tu opères, dit-on, tous les jours. Ta gloire est intéressée à celui-ci ; ose le faire, ou cesse de t’étonner que tous les bons esprits rejettent ton pouvoir et se soustraient à tes prétendues impulsions, aux fables, en un mot, que publient de toi ceux qui s’engraissent comme des pourceaux à nous prêcher ta fastidieuse existence et qui, semblables à ces prêtres du paganisme nourris des victimes immolées aux autels, n’exaltent leur idole que pour multiplier les holocaustes, — Vous voilà, prêtres du faux dieu que chanta Fénelon ; vous étiez, en ces temps-là, contents d’exciter dans l’ombre les citoyens à la révolte : malgré l’horreur que l’Église a dit avoir pour le sang, à la tête des frénétiques qui versaient celui de vos compatriotes, vous montiez sur des arbres pour diriger vos coups avec moins de danger. Telle était alors la seule façon dont vous prêchiez la doctrine du Christ, dieu de paix ; mais depuis qu’on vous couvre d’or pour le servir, bien aises de n’avoir plus à risquer vos jours pour sa cause, c’est maintenant par des bassesses et des sophismes que vous défendez sa chimère. Ah ! puisse-t-elle s’évanouir avec vous pour jamais, et que jamais les mots de Dieu et de religion ne soient plus prononcés ! Et les hommes paisibles, n’ayant plus à s’occuper que de leur bonheur, sentiront que la morale qui l’établit n’a pas besoin de fables pour l’étayer, et que c’est enfin déshonorer et flétrir toutes les vertus que de les échafauder sur les autels d’un Dieu ridicule et vain, que l’examen le plus léger de la raison pulvérise dès qu’elle l’examine, — Évanouis-toi donc, dégoûtante chimère ! Rentre dans les ténèbres où tu pris naissance ; ne viens plus souiller la mémoire des hommes ; que ton nom exécré ne se prononce plus qu’à côté du blasphème, et qu’il soit livré au dernier supplice, le perfide imposteur qui voudrait à l’avenir te réédifier sur la terre ! Ne fais plus surtout tressaillir d’aise ni crier de joie les évêques charnus à cent mille livres de rentes : ce miracle ne vaudrait pas celui que je te propose, et si tu dois nous en montrer un, qu’il soit au moins digne de ta gloire. Et pourquoi donc te cacher à ceux qui te désirent ? Crains-tu de les effrayer, ou redouterais-tu donc leur vengeance ? Ah ! monstre, comme elle t’est due ! Était-ce en effet la peine de les créer pour les plonger, comme tu le fais, dans un abîme de malheurs ? Sont-ce donc par des atrocités que tu dois signaler ta puissance, et ta main qui les écrase ? Ne doit-elle pas être maudite par eux, exécrable fantôme ? Tu as bien raison de te cacher ! les imprécations pleuvraient sur toi, si jamais ta face hideuse apparaissait aux hommes ; les malheureux, révoltés de l’ouvrage, pulvériseraient bientôt l’ouvrier ! — Faibles et absurdes mortels qu’aveuglent l’erreur et le fanatisme, revenez des dangereuses illusions où vous plonge la superstition tonsurée, réfléchissez au puissant intérêt qu’elle a de vous offrir un Dieu, au crédit puissant que de tels mensonges lui donnent sur vos biens et sur vos esprits, et vous verrez que de tels fripons ne devaient annoncer qu’une chimère, et, réversiblement, qu’un fantôme aussi dégradant ne pouvait être précédé que par des brigands. Si votre cœur a besoin d’un culte, qu’il l’offre aux palpables objets de ses passions : quelque chose de réel vous satisfera du moins dans cet hommage naturel. Mais qu’éprouvez-vous après deux ou trois heures de mysticité déifique ? Un froid néant, un vide abominable qui, n’ayant rien fourni pour vos sens, les laisse nécessairement dans le même état que si vous eussiez adoré des rêves et des ombres !… Et comment en effet nos sens matériels peuvent-ils s’attacher à autre chose qu’à la même essence dont ils sont formés ? Et vos adorateurs de Dieu, avec leur frivole spiritualité que rien ne réalise, ne ressemblent-ils pas tous à Don Quichotte prenant des moulins pour des géants ? — Exécrable avorton, je devrais ici t’abandonner à toi-même, te livrer au mépris que tu inspires seul, et cesser de te combattre de nouveau dans les rêveries de Fénelon. Mais j’ai promis de remplir la tâche ; je tiendrai parole, heureux si mes efforts parviennent à te déraciner du cœur de tes imbéciles sectateurs et peuvent, mettant un peu de raison à la place de tes mensonges, achever d’ébranler tes autels, pour les replonger à jamais dans les abîmes du néant.
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L’estime due aux écrivains.
Malheur à l’écrivain qu’il est impossible d’estimer après l’avoir lu… On doit avant tout chercher l’honnête homme dans l’écrivain… — Voilà ce que nous adresse le rédacteur du Journal des Débats du 25 messidor an XI.

Peut-on soutenir un tel paradoxe ? L’homme qui ose nous dire une telle chose ignore donc que l’estime n’est qu’un sentiment purement relatif à nos opinions et que nous n’accordons jamais qu’à celui qui les partage ? Et l’homme de lettres doit-il, par état, flatter les opinions de tel ou tel ? Par les organes de son génie et de son cœur, il doit écrire ce que l’un et l’autre lui dictent, abstraction faite des opinions individuelles. De ce moment il lui devient impossible de plaire à tout le monde. Il faudrait plutôt dire : Malheur à l’écrivain bas et plat qui, ne cherchant qu’à flatter les opinions à la mode, renonce à l’énergie qu’il a reçue de la nature pour ne nous offrir que l’encens qu’il brûle complaisamment aux pieds du parti qui domine. Le malheureux, captivant, soumettant ainsi ses propres opinions à celles du jour, n’aurait jamais le courage de sortir son siècle du bourbier où l’entraînent si souvent les modes absurdes de l’opinion. Et voilà celui qu’eurent les écrivains célèbres du xviiie siècle, si nettement désignés par les imbéciles rédacteurs de ce journal vendu au plus infect capucinisme. Laissons les sots en paix clabauder contre des talents qu’ils ne peuvent avoir. On sait que de tout temps cette classe de dégoûtants écoliers eut l’égoïste manie de rabaisser à elle ceux auxquels il lui devenait impossible de s’élever. « Le vice des petits esprits », dit l’aimable auteur des Enfants de l’Abbaye, « est de haïr la supériorité à laquelle ils ne peuvent atteindre ». Il faut qu’il y ait de ces originaux dans le monde ; c’est à eux que Gresset adressait ces vers :

Les sots sont ici-bas pour nos menus plaisirs.

Il faut, disent ces ostrogoths, chercher l’honnête homme dans l’écrivain. C’est l’homme de génie que je veux dans l’écrivain, quels que puissent être ses mœurs et son caractère, parce que ce n’est pas avec lui que je veux vivre, mais avec ses ouvrages, et je n’ai besoin que de vérité dans ce qu’il me fournit ; le reste est pour la société et il y a longtemps que l’on sait que l’homme de société est rarement un bon écrivain. Diderot, Rousseau, d’Alembert paraissaient presque imbéciles en société, et leurs écrits seront toujours sublimes, en dépit des turpitudes de Messieurs des Débats… Il est si à la mode d’ailleurs de prétendre juger les mœurs d’un écrivain d’après ses écrits, cette fausse conception trouve aujourd’hui tant de partisans, que l’on n’ose presque plus, de nos jours, essayer une idée hardie : si malheureusement surtout on énonce ses pensées sur la religion, voilà la tourbe monacale qui vous écrase et qui ne manque pas de vous faire passer pour un homme dangereux. Les coquins vous brûleraient comme l’Inquisition, s’ils en avaient le pouvoir ! Doit-on s’étonner d’après cela que, pour vous faire taire, ils décrient sur-le-champ les mœurs de ceux qui n’ont pas la bassesse de penser comme eux ? Au reste, cette injustice n’est pas nouvelle : nous savons qu’il se trouvait jadis des gens assez imbéciles, ou du moins aussi imbéciles que les Geoffroy et les Joudot des Débats, pour prétendre que l’auteur de la tragédie d’Atrée était un méchant homme, parce qu’il avait rempli une coupe du sang du fils de Thyeste.
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[3.]
Geoffroy dit quelque part qu’on n’ose pas louer ce qui peut être sorti de bon de la plume d’un écrivain obscène, de peur, en louant le bon, de se rendre complice du mauvais. D’où il résulte que, d’après ce raisonnement, il ne faudrait point applaudir la Métromanie, parce que son auteur a fait l’Ode à Priape, ni Mérope, parce que la Pucelle est sortie de la plume de son divin poète.


[4.]
De Thou, dans son cinquante-deuxième livre, rapporte que, le lendemain de la Saint-Barthélemy, les femmes de la cour de Catherine de Médicis sortirent du Louvre pour contempler les corps nus des huguenots assassinés et dépouillés sous ses murs. — Au 10 août, les femmes de Paris vinrent de même contempler les corps des Suisses jonchés dans les Tuileries.


[5.]
Il faut intituler le Suborneur : l’Homme dangereux ou l’Ami du jour.
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Voilà encore les guerres de religion prêtes à dévaster l’Europe. Boheman, chef et agent d’une nouvelle secte de christianisme épuré, vient d’être arrêté en Suède, et les projets les plus désastreux sont trouvés dans ses papiers. La secte à laquelle il tient ne tendait, dit-on, à rien de moins qu’à se rendre maîtresse de tous les potentats de l’Europe, ainsi que de leurs sujets. En Arabie, de nouveaux sectaires s’érigent et veulent épurer la religion de Mahomet. En Chine, des troubles plus affreux encore, et toujours motivés par la religion, déchirent l’intérieur de ce vaste empire. — Et toujours des dieux pour cause de tous les maux.
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« Les bêtes féroces qui m’environnent inventent chaque jour quelque humiliation qui ajoute à l’horreur de ma destinée ; elles distillent goutte à goutte dans mon cœur le poison de l’adversité, comptent mes soupirs avec délice et, avant que de s’engraisser de mon sang, elles s’abreuvent de mes larmes. »

Paroles d’Antoinette à la Conciergerie.
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2/Ô mouvements sacrés, fières impressions,
Soyez à tout jamais l’objet de nos hommages,
Les seuls qu’on puisse offrir au culte des vrais sages,
Les seuls en tous les temps qui délectent leur cœur,
Les seuls que la nature offre à notre bonheur !
Cédons à leur empire, et que leur violence,
Subjuguant nos esprits sans nulle résistance,
Nous fasse impunément des lois de nos plaisirs
Ce que leur voix prescrit suffit à nos désirs[4].
Quel que soit le désordre où leur organe entraîne,
Nous devons leur céder sans remords et sans peine,
Et, sans scruter nos lois ni consulter nos mœurs,
Nous livrer ardemment à toutes les erreurs
Que toujours par leurs mains nous dicta la nature.
Ne respectons jamais que son divin murmure ;
Ce que nos vaines lois frappent en tous pays
Est ce qui pour ses plans eut toujours plus de prix.
Ce qui paraît à l’homme une affreuse injustice
N’est sur nous que l’effet de sa main corruptrice,
Et quand, d’après nos mœurs, nous craignons de faillir,
Nous ne réussissons qu’à la mieux accueillir[5].
Ces douces actions que vous nommez des crimes,
Ces excès que les sots croient illégitimes,
Ne sont que les écarts qui plaisent à ses yeux,
Les vices, les penchants qui la délectent mieux ;
Ce qu’elle grave en nous n’est jamais que sublime ;
En conseillant l’horreur, elle offre la victime
Frappons-la sans frémir, et ne craignons jamais
D’avoir, en lui cédant, commis quelques forfaits.
Examinons la foudre en ses mains sanguinaires
Elle éclate au hasard, et les fils, et les pères,
Les temples, les bordels, les dévots, les bandits,
Tout plaît à la nature : il lui faut des délits.
Nous la servons de même en commettant le crime
Plus notre main l’étend et plus elle l’estime[6].
Usons des droits puissants qu’elle exerce sur nous
En nous livrant sans cesse aux plus monstrueux goûts[7].
Aucun n’est défendu par ses lois homicides,
Et l’inceste, et le viol, le vol, les parricides,
Les plaisirs de Sodome et les jeux de Sapho,
Tout ce qui nuit à l’homme ou le plonge au tombeau,
N’est, soyons-en certains, qu’un moyen de lui plaire.
En renversant les dieux, dérobons leur tonnerre
Et détruisons avec ce foudre étincelant
Tout ce qui nous déplaît dans un monde effrayant.
N’épargnons rien surtout : que ses scélératesses
Servent d’exemple en tout à nos noires prouesses.
Il n’est rien de sacré : tout dans cet univers
Doit plier sous le joug de nos fougueux travers[8].
Plus nous multiplierons, varierons l’infamie,
Mieux nous la sentirons dans notre âme affermie,
Doublant, encourageant nos cyniques essais,
Pas à pas chaque jour nous conduire aux forfaits.
Après les plus beaux ans si sa voix nous rappelle,
En nous moquant des dieux retournons auprès d’elle
Pour nous récompenser son creuset nous attend ;
Ce que prit son pouvoir, son besoin nous le rend.
Là tout se reproduit, là tout se régénère ;
Des grands et des petits la putain est la mère,
Et nous sommes toujours aussi chers à ses yeux,
Monstres et scélérats que bons et vertueux.
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La Vérité
Manuscrit : 1787 — Première édition : 1961


Quelle est cette chimère impuissante et stérile,
Cette divinité que prêche à l’imbécile
Un ramas odieux de prêtres imposteurs ?
Veulent-ils me placer parmi leurs sectateurs ?
Ah ! jamais, je le jure, et je tiendrai parole,
Jamais cette bizarre et dégoûtante idole,
Cet enfant de délire et de dérision
Ne fera sur mon cœur la moindre impression.
Content et glorieux de mon épicurisme,
Je prétends expirer au sein de l’athéisme
Et que l’infâme Dieu dont on veut m’alarmer
Ne soit conçu par moi que pour le blasphémer.
Oui, vaine illusion, mon âme te déteste,
Et pour t’en mieux convaincre ici je le proteste,
Je voudrais qu’un moment tu pusses exister
Pour jouir du plaisir de te mieux insulter.
Quel est-il en effet ce fantôme exécrable,
Ce jean-foutre de Dieu, cet être épouvantable
Que rien n’offre aux regards ni ne montre à l’esprit,
Que l’insensé redoute et dont le sage rit,
Que rien ne peint aux sens, que nul ne peut comprendre,
Dont le culte sauvage en tous temps fit répandre
Plus de sang que la guerre ou Thémis en courroux
Ne purent en mille ans en verser parmi nous[1] ?
J’ai beau l’analyser, ce gredin déifique,
J’ai beau l’étudier, mon œil philosophique
Ne voit dans ce motif de vos religions
Qu’un assemblage impur de contradictions
Qui cède à l’examen sitôt qu’on l’envisage,
Qu’on insulte à plaisir, qu’on brave, qu’on outrage,
Produit par la frayeur, enfanté par l’espoir[2],
Que jamais notre esprit ne saurait concevoir,
Devenant tour à tour, aux mains de qui l’érige,
Un objet de terreur, de joie ou de vertige
Que l’adroit imposteur qui l’annonce aux humains
Fait régner comme il veut sur nos tristes destins,
Qu’il peint tantôt méchant et tantôt débonnaire,
Tantôt nous massacrant, ou nous servant de père,
En lui prêtant toujours, d’après ses passions,
Ses mœurs, son caractère et ses opinions :
Ou la main qui pardonne ou celle qui nous perce.
Le voilà, ce sot Dieu dont le prêtre nous berce.

Mais de quel droit celui que le mensonge astreint
Prétend-il me soumettre à l’erreur qui l’atteint ?
Ai-je besoin du Dieu que ma sagesse abjure
Pour me rendre raison des lois de la nature ?
En elle tout se meut, et son sein créateur
Agit à tout instant sans l’aide d’un moteur[3].
A ce double embarras gagné-je quelque chose ?
Ce Dieu, de l’univers démontre-t-il la cause ?
S’il crée, il est créé, et me voilà toujours
Incertain, comme avant, d’adopter son recours.
Fuis, fuis loin de mon cœur, infernale imposture ;
Cède, en disparaissant, aux lois de la nature
Elle seule a tout fait, tu n’es que le néant
Dont sa main nous sortit un jour en nous créant.
Évanouis-toi donc, exécrable chimère !
Fuis loin de ces climats, abandonne la terre
Où tu ne verras plus que des cœurs endurcis
Au jargon mensonger de tes piteux amis !
Quant à moi, j’en conviens, l’horreur que je te porte
Est à la fois si juste, et si grande, et si forte,
Qu’avec plaisir, Dieu vil, avec tranquillité,
Que dis-je ? avec transport, même avec volupté,
Je serais ton bourreau, si ta frêle existence
Pouvait offrir un point à ma sombre vengeance,
Et mon bras avec charme irait jusqu’à ton cœur
De mon aversion te prouver la rigueur.
Mais ce serait en vain que l’on voudrait t’atteindre,
Et ton essence échappe à qui veut la contraindre.
Ne pouvant t’écraser, du moins, chez les mortels,
Je voudrais renverser tes dangereux autels
Et démontrer à ceux qu’un Dieu captive encore
Que ce lâche avorton que leur faiblesse adore
N’est pas fait pour poser un terme aux passions.
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Mme de Verquin, en mourant, ne regrettait que de n'avoir pas fait assez de mal, Mme de Lérince mourrait, repentante du bien qu'elle n'avait pas fait.
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On demandera sans doute quel est l'ignorant pharmacien qui travaille aussi négligemment? Je ferai à cette question une réponse qui fera toucher les difficultés ; c'est que le Directeur a confié la pharmacie à son ancien cocher et que cet homme manie le pilon avec moins d'adresse que l'étrille. A la vérité, il ne manque pas de zèle, mais jamais il n'a fait d'études et tout son talent consiste à savoir un peu lire et panser un cheval.

(Hippolyte de Colins, De l'hospice de Charenton)
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C'est principalement au rez-de-chaussée que l'on met les malades que les infirmiers nomment malpropres ou qu'ils veulent punir. Là ils sont presque tous couchés seulement sur de la paille et beaucoup sans couvertures. Aussi rarement y restent-ils longtemps sans y être atteints de rhumatismes, de dévoiements quelquefois incurables ou sans avoir les extrémités infiltrées.

(Hippolyte de Colins, De l'hospice de Charenton)
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Instruire l'homme et corriger ses mœurs, tel est le seul motif que nous nous proposons dans cette anecdote. Que l'on se pénètre, en la lisant, de la grandeur du péril, toujours sur les pas de ceux qui se permettent tout pour satisfaire leurs désirs.

Eugénie de Franval, nouvelle tragique
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la philosophie… c’est le ton du jour, c’est le langage de la raison.
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On doit supprimer cette peine, en un mot, parce qu'il n'y a point de plus mauvais calcul que celui de faire mourir un homme pour en avoir tué un autre, puisqu'il résulte évidemment de ce procédé qu'au lieu d'un homme de moins, en voilà tout d'un coup d'eux, et qu'il n'y a que des bourreaux ou des imbéciles, auxquels une telle arithmétique puisse être familière.
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Faites-leur sentir que ce bonheur consiste à rendre les autres aussi fortunés que nous désirons de l'être nous-mêmes.
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Il y a une sorte de plaisir pour l'orgueil, à se moquer des défauts qu'on n'a point, et ces jouissances-là sont si douces à l'homme et particulièrement aux imbéciles.
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Mon libertinage ne touche mon mari en rien; mes fautes sont personnelles. Ce prétendu déshonneur était bon il y a un siècle; on est revenu de cette chimère aujourd'hui, et mon mari n'est plus flétri de mes débauches que je ne saurais l'être des siennes.
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Considère en effet, Eugénie, une jeune fille à peine sortie de la maison paternelle ou de sa pension, ne connaissant rien, n'ayant nulle expérience, obligée de passer subitement de là dans les bras d'un homme qu'elle n'a jamais vu, obligée de jurer à cet homme, aux pieds des autels, une obéissance, une fidélité d'autant plus injuste qu'elle n'a souvent au fond de son cœur que le plus grand désir de lui manquer de parole. Est-il au monde, Eugénie, un sort plus affreux que celui-là?
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Des rites bizarres s'instituent sous le nom de sacrements, dont le plus indigne et le plus abominable de tous est celui par lequel un prêtre, couvert de crimes, a néanmoins, par la vertu de quelques paroles magiques, le pouvoir de faire arriver Dieu dans un morceau de pain.
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Que nous font, osent-ils dire, les douleurs occasionnées sur le prochain? Les ressentons-nous? Non; au contraire, nous venons de démontrer que de leur production résulte une sensation délicieuse pour nous. A quel titre ménagerions-nous donc un individu qui ne nous touche en rien? A quel titre lui éviterions-nous une douleur qui ne nous coûtera jamais une larme, quand il est certain que de cette douleur va naître un très grand plaisir pour nous?
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