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Citations de Martin Michaud (241)


En fait, je me suis réveillée en sursaut à 8 h 45, mettant fin à un cauchemar angoissant au terme duquel une automobile me happait. Je suis demeurée hébétée quelques secondes à regarder défiler d’un œil attentif les cristaux liquides de mon réveil. Mais il n’y avait pas à en douter, il était bien 8 h 45. J’allais être drôlement en retard.
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Montréal
Pour autant que je me souvienne, il n’y avait pas de rayons de soleil le matin du 1er avril, que la grisaille morne du jour qui tarde à se lever. Une plaque de glace sale subsistait devant l’entrée de mon appartement, rue Saint-Antoine.
Charriés par le torrent de neige que des grattes éparpillaient depuis décembre aux quatre coins de la ville, des papiers hétéroclites formaient une mosaïque sur le trottoir.
Avril.
C’est l’époque de l’année où, après un hiver rigoureux, les Montréalais espèrent, comme une promesse oubliée, le soleil, les bourgeons dans les arbres et le vent chaud qui chatouille le visage. C’est aussi à ce moment-là que les amateurs des Canadiens commencent à rêver de coupe Stanley.
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Mais on ne refait pas son futur. On le façonne petit à petit, à la lumière de nos choix. Et à mesure qu'on avance, de nouvelles cicatrices s'impriment sur notre cœur.
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L'humanisme, ce n'est pas dire :
"Ce que j'ai fait, aucun animal ne l'aurait fait",
c'est dire : " Nous avons refusé ce que voulait
en nous la bête."
André Malraux, les voix du silence
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L’homme qu’il s’apprêtait à tuer menait une vie rangée, dont il connaissait par coeur les moindres détails : le jeudi, il terminait son travail à 20 h 30 ; il s’arrêtait ensuite acheter un surgelé au supermarché avant de regagner son domicile ; dès son arrivée, il réchauffait son repas au micro-ondes et avalait le tout devant son téléviseur, calé dans un fauteuil
confortable.
Il était entré dans la maison à quelques reprises en l’absence de l’homme.
Il avait parcouru la pile de DVD que ce dernier rangeait dans une bibliothèque et noté avec dédain qu’il ne s’intéressait qu’aux séries américaines.
Les gens ne font que s’étourdir avec des divertissements grossiers et génériques.
Il avait aussi constaté que la maison, vaste et luxueuse, contrastait avec les habitudes de vie frugales de son propriétaire. Au salon, il avait observé un échiquier de marbre et les détails d’ornementation des pièces, finement ciselées.
Une telle maison était destinée à accueillir une famille et des enfants, pas une personne seule. Les gens perdaient le sens des vraies valeurs. Le culte de l’individualisme, du chacun-pour-soi, le révoltait.

Plus personne n’assume les conséquences de ses actes. Pour se disculper, on se contente de pointer le doigt vers ceux qui font pire que soi.
L’homme paierait pour ses fautes. Il s’en assurerait.
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Accroupi dans l’obscurité, derrière le comptoir de la cuisine, il inspecta de nouveau l’arsenal étalé devant lui : un sac de hockey sur roulettes, une valise métallique, une pile de serviettes et une bouteille de nettoyant tout usage. Il demeurait invisible depuis l’entrée. Il n’aurait qu’à bondir vers l’avant pour atteindre l’homme.
Deux heures auparavant, il avait garé la voiture dans la rue et neutralisé le système d’alarme. Avant de quitter le véhicule, il avait rangé son ordinateur portable dans un sac à dos et glissé celui-ci sous la banquette arrière.
Il avait procédé avec méthode. Tout était en ordre.
Il caressa le manche du couteau fixé à sa cheville.
Bientôt, il allait extraire la mort de la mort.
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L’obscurité.
Les paupières closes, il essaya de recréer une image mentale du visage, mais la vision s’estompait.
Pendant une fraction de seconde, il crut voir apparaître la naissance des sourcils, puis tout se brouilla. Quoi qu’il tente, il demeurait incapable de visualiser les yeux.
Lorsque les yeux aspirent la mort, ils ne reflètent que le vide. Je ne peux me représenter un tel vacuum.
Il secoua la tête. Sa vie n’était plus qu’un rêve, enfoui dans un autre rêve.
L’attente.
Les impacts réguliers sur les carreaux. La pluie cessa peu avant 20 h.
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Je suis schizophréne, et moi aussi.
Carl Jung
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Crois-moi, Ariane, c'est Sartre qui avait raison. Rien ni personne d'autre que toi n'a le pouvoir de changer ta vie.
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Je me suis posé la question dès ma toute première montée: pourquoi personne ne parle dans un ascenseur ?
Je devais avoir six ans et j'accompagnais mon père à son bureau lorsque j'en ai pris conscience pour la première fois: non seulement les gens évitaient soigneusement de se regarder entre eux, mais il régnait aussi, dans la cage d'acier bondée qui nous trimballait d'un étage à l'autre, un silence quasi funéraire, malsain et angoissé.
Lorsque je l'ai questionné sur les motifs profonds de cette anomalie, mon père m'a répondu: "Quand il se sent piégé, l'homme se replie sur lui-même et se tait."
Alors depuis ce temps, forte de ce diktat, moi aussi je me tais dans l'ascenseur, je fais comme tout le monde.
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Parfois, Victor se demandait s'il devait craindre ce qu'il était devenu ou s'l était devenu ce qu'il devait craindre. (p.630)
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– Vous n’êtes pas sans savoir, professeur, que la charia est la volonté de Dieu et qu’elle codifie les aspects publics et privés de la vie, de même que les interactions sociales. Les tribunaux de l’État islamique sont chargés de son interprétation et responsables non seulement des crimes, des désaccords civils et des différends économiques, mais également de ce qui est relié à l’individu : alimentation, habillement et prières.
J’ai acquiescé et enregistré ces informations qu’il avait récitées d’un trait, comme une leçon trop bien apprise. Nous avons poursuivi notre chemin en silence, jusqu’à ce que je reprenne la parole :
– Qui sont ces gens ?
Je désignais du doigt deux hommes vêtus d’une jubba blanche, une longue robe à capuchon par-dessus laquelle ils portaient une veste noire sans col ni manches. Kalachnikov en bandoulière, ils inspectaient la marchandise d’un vendeur de fruits.
Samir a retiré ses Ray-Ban et, ouvrant la bouche, a soufflé sur un verre pour l’embuer.
– Ils appartiennent à la Hisbah.
J’ai froncé les sourcils, l’air interrogateur.
– La Hisbah ?
Mon compagnon astiquait maintenant ses lunettes fumées avec un pan de sa chemise.
– La Hisbah a pour tâche de s’assurer que la charia est respectée.
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Un filet de voix que je n’avais pas détecté jusqu’alors parvenait à mon oreille. En y prêtant attention, j’ai compris. J’entendais un homme murmurer en arabe. Il demeurait invisible, mais je savais exactement ce qu’il faisait. Il récitait une prière que je reconnaissais. Une prière à l’islam. Une prière à Allah.
Refermant la porte en douceur, je me suis glissé sans bruit dans la pièce. Le cœur cognant dans ma poitrine, j’ai fait quelques pas entre les étagères centrales. Dix mètres devant moi, la silhouette d’un homme seul, me tournant le dos, se détachait dans le clair-obscur. Ses chaussures de course étaient rangées à côté d’un gros sac de voyage noir déposé à sa droite. Vêtu d’un veston et d’un jean, en chaussettes, il s’est agenouillé sur son tapis, puis s’est penché vers l’avant. Je reconnaissais là un rituel qui me renvoyait loin en arrière.
J’avais beau étirer le cou, je n’apercevais Phoebe nulle part. Il fallait qu’elle soit ici, sinon rien de tout cela n’aurait de sens. Y avait-il une autre pièce entre cette salle et la réception ?
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Réfléchis, merde ! Reprends-toi si tu veux le revoir vivant...
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« A-t-on toujours le pouvoir de décider de ce qu'on devient? Y a-t-il toujours un moment où on peut rebrousser chemin, changer de direction ou recommencer? »
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Non, il ne savait pas ce qu'il ferait du reste de sa vie; mais, demain, le soleil prendrait sa place dans le ciel. Et après, encore. Il sourit à son tour.
C'était tout.
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Il n'y a pas d'émotion plus pure, plus vraie que la peur. On ne peut la confondre avec aucun autre état. L'humain devient ce qu'il y a de plus noble dans la souffrance et dans la douleur.
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– Laisse-moi finir ! Donc, je te disais qu’elle faisait du bénévolat au sein d’un groupe d’aide aux jeunes toxicomanes. Et devine qui était l’une des personnes-ressources de ce groupe ?
– Câlice, Nadja ! J’suis vraiment pas d’humeur à faire des devinettes.
– Aldéric Dorion !
– Tu me niaises ?
– Pas du tout ! Tu m’as demandé de te fournir des renseignements additionnels concernant le passage de Dorion à Val-d’Or. Je n’ai rien trouvé d’intéressant pour l’instant, mais je suis tout de même tombée sur ça dans un document que j’ai obtenu de l’archevêché : Dorion travaillait dans le même groupe que Laila. Quand j’ai lu le rapport des crimes majeurs, j’ai tout de suite fait le rapprochement.
– Tabarnac ! Aldéric Dorion connaissait Laila François. Et maintenant elle a été enlevée et lui est introuvable ! On a notre lien, Nadja ! On l’a ! Crisse ! L’hostie de charogne de pédophile ! T’aurais dû me dire ça en partant ! Il faut immédiatement parler au responsable de l’enquête aux crimes majeurs !
– Du calme, Victor. Du calme. Ça, c’était la bonne nouvelle.
– (Silence.) C’est quoi, la mauvaise ?
– Veux-tu vraiment la connaître ?
– Nadja… ?
– C’est Jacinthe Taillon qui est responsable de l’enquête.
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Caché derrière un pilier de ciment, Pasquale Moreno attend que le policier s’éloigne avant de se mêler à la foule.
Une seule des deux cibles visées par son employeur a été supprimée. Il est déçu, mais Moreno n’entretient aucune animosité à l’égard des personnes qu’il est chargé d’exécuter. Il appuie froidement sur la détente, on vire de l’argent dans son compte bancaire et il peut rentrer à la maison, auprès de Maria et des enfants, et s’occuper de sa petite famille.
Pour Moreno, tuer des gens n’est qu’une autre journée au bureau, la routine.
Le sang-froid manifesté par le policier l’a surpris, impressionné.
Ce Victor Lessard est un adversaire coriace, pour lequel il a de l’admiration.
Téléphone à la main, il envoie un texto à l’agent du SIV pour le mettre au courant et obtenir ses instructions.
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J’ai entendu la musique depuis le vestibule.
Et si tu n’existais pas, le tube de Joe Dassin, jouait sur la stéréo que mon père avait achetée un mois auparavant. Maman avait osé avancer que, avec son licenciement, cette dépense n’était peut-être pas une bonne idée. Le lendemain matin, son œil gauche ressemblait à une prune trop mûre.
– Maman ? Raymond ?
J’ai posé mon sac sur le plancher de la cuisine et ouvert le réfrigérateur. J’ai pris une grosse croquée dans une pomme. À mon grand dam, je n’avais le droit qu’aux fruits ou aux légumes en attendant le souper.
J’ai arrêté de mâcher sec en entrant dans le salon.
Affalée sur le divan, ma mère portait sa robe fleurie.
Comme Le dormeur du val, de Rimbaud, elle avait « deux trous rouges au côté droit ».
Elle tenait sur elle mon frère de quatre ans, Guy, qui, lui, avait reçu une balle en plein front. Raymond était couché sur le sol, devant elle, face contre terre. Une balle lui avait traversé la gorge, une autre s’était fichée dans son cœur. Raymond, mon petit Raymond.
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