La conscience de Tess, dernière d'une fratrie de six enfants s'éveille au monde vers ses sept ans jusqu'au bouleversement de la mort de sa mére qui meurt de la tuberculose à quarante ans .
Nous sommes dans l'Irlande rurale des années 40.
La petite Tess en perd les mots, incapable de dire, soudain silencieuse, sous la férule de son pére dur, réservé , surtout ravagé par le chagrin.
Tess rejoint sa soeur aînée à New-York , après des études d'infirmière, au début des années 60;
Elle tombe amoureuse du brillant cousin de sa colocataire.
Aprés une unique, fragile et fugitive étreinte, la voilà enceinte de son premier amant qu'elle ne reverra jamais plus.
Reniée par sa famille, Tess éléve seule son fils Théo, dans le petit appartement d'
Academy Street .au coeur d'une ville qui ne la juge pas...........
Elle n'a qu'une seule amie, Willa, la généreuse voisine noire.La vie s'écoule rythmée par l'amitié avec Willa, l'enlèvement de
Patricia Hearst, l'assassinat du president Kennedy et les attentats du11septembre.............
Tess ne se plaint jamais, marquée par la mort de sa mére, toujours en marge des autres, une chape de nostalgie la submerge , une espèce de bulle intérieure la condamne à une solitude virtuelle .
"Jamais de toute sa vie, elle n'avait vraiment su quoi faire, comment agir."
Théo son fils lui reproche d'être craintive quand il aurait eu besoin qu'elle soit forte.
Elle choisit les gardes de nuit à l'hôpital pour se fondre dans la masse, sa réserve en société l'isole, la paralyse , la handicape , la rend parfois malade.Elle est témoin de sa propre vie.
Elle ne se révolte pas, trouve peu à peu son salut dans les livres : hommage vibrant de l'auteur à la littérature et à ses baumes secrets..
Mary Costello dresse le portrait d'une femme sans importance qui rayonne par son courage résigné, sa dignité d'être, sa sensibilité étouffée, sa sensualité cachée, cette vague angoisse latente.
Comment qualifier ce livre rare , pudique,intense et bouleversant? , ce récit formidable, d'une vraie force, empreint de grâce, tout en finesse, légèreté et profondeur, un travail d'orfèvre, un petit bijou qui touche, avec des mots simples, l'antidestin délicat et très humain de cette femme américaine, extraite des plus fragiles et des plus humbles, qui interpelle sur les choix, la famille, le poids du passé , le deuil et les traditions.
L'auteur enlumine et magnifie ce portrait à l'aide de son écriture si près des choses , sobre, une sobriété qui amplifie l'émotion et étreint le lecteur tout au long du roman !
Une vraie réussite pour un premier ouvrage !
Merci à Marie ma libraire et vive les auteurs Irlandais!