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Citations de Mary Doria Russell (53)


La plupart des hommes sont simples. Ils recherchent la sécurité, ou le pouvoir, ou l'occasion de se rendre utile, un sentiment de certitude ou de compétence. Une cause pour laquelle se battre, un problème à résoudre, une niche où s'insérer. Il y a d'infinies possibilités, mais une fois qu'on a compris ce que recherche un homme, on peut commencer à le comprendre.
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Nous sommes ce que nous redoutons chez les autres.
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Juste ciel, soupira Anne, quelle dégringolade ! Nous qui croyions être le centre de l’univers, et à présent, voyez donc ! Nous ne sommes guère qu’un groupe d’êtres conscients comme tant d’autres. Patatras ! » Son expression changea et elle se pencha pour serrer Emilio dans ses bras avec une jubilation mauvaise. « Qui croyez-vous que Dieu aime le mieux, mon père ? Hou, en voilà une vilaine petite pensée ! Rivalités parmi les espèces conscientes ! Tu imagines un peu la théologie de la chose, Emilio ? »
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Comprenez-vous la différence qu’il y a entre un polyglotte et un linguiste ? »
Un murmure s’élève. Tout le monde connaît les deux mots, mais sans jamais avoir eu à préciser la distinction.
« L’aptitude à parler parfaitement une langue ne nous permet pas automatiquement de la comprendre sur le plan linguistique, explique Sandoz, de même qu’on peut être un très bon joueur de billard sans vraiment comprendre la physique newtonienne, n’est-ce pas ? J’ai reçu une formation très poussée dans le domaine de la linguistique anthropologique, si bien que mon but en travaillant avec Askama n’était pas seulement d’être capable de demander à quelqu’un de me passer le sel, si vous voulez, mais d’obtenir certains aperçus des a priori culturels sous-jacents et du psychisme de son peuple. »
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Récent retraité, George avait passé ses premières semaines de liberté à sillonner sa vieille maison de fond en comble, pour y découvrir toutes les petites réparations nécessaires, regardant avec tout l’orgueil d’un conservateur de musée les fenêtres en bois qui fonctionnaient impeccablement, le travail de la brique, l’ordre qui régnait dans son atelier. Il lut des piles de livres, qu’il dévorait comme du pop-corn. Il agrandit le jardin, construisit une tonnelle, réorganisa le garage. Il s’enfonça dans un moelleux coussin de satisfaction. Il s’emmerda à cent sous de l’heure.
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Le Consortium d’entrée en contact a su exploiter le drame au maximum ; en le distillant sous forme de minuscules épisodes, il a su en extraire jusqu’à la dernière parcelle de substantifique moelle, jusqu’au dernier gros sou, même lorsqu’il est devenu évident que ses propres hommes avaient sans doute péri sur Rakhat.
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Remâchant ce même problème, tandis qu’il regagne sa chambre sans lumière, dans l’est de Rome, John Candotti possède sa propre théorie quant à la façon dont le drame s’est noué. La mission, pense-t-il, a sans doute échoué par la faute d’une série de décisions logiques, raisonnables, soigneusement pesées, dont chacune a paru sur le moment être une bonne idée. Comme tous les plus gigantesques désastres.
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Marc avait commencé à dessiner et à peindre les Runa et leur vie quotidienne quelques jours à peine après leur arrivée, et il poursuivit cette activité à mesure que la ronde des saisons se déroulait. Emilio fut enchanté de constater que leurs nouveaux amis utilisaient, pour désigner les images que créait Marc, la déclinaison spatiale. A présent, lorsque les femmes partaient commercer, elles commandaient à Marc ou à ses apprentis un portrait d'elles, afin, expliqua Chaypas, de pouvoir rester auprès de leur famille même quand elles voyageaient. Les mères étaient désormais absentes, mais pas invisibles.
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Cette année-là, quelques superbes œuvres d’art de la Renaissance furent vendues sans aucune publicité à des investisseurs privés. Lors d’une vente aux enchères à Londres, on fixa un prix pour une collection de porcelaines orientales du XVIIe siècle considérée jusque-là comme inestimable. Certaines propriétés détenues depuis longtemps et divers portefeuilles d’actions furent discrètement mis sur le marché, à des intervalles soigneusement calculés et dans des lieux rigoureusement choisis, où des plus-values considérables pouvaient être réalisées à la vente.
Il s’agissait de faire des profits, de liquider certains avoirs, de redistribuer du capital. La somme nécessaire, comme l’avait prédit Sofia Mendes, n’était pas insignifiante, mais elle fut loin de mettre la Compagnie de Jésus sur la paille et elle n’affecta même pas les missions et les bonnes œuvres dont elle s’occupait sur la Terre, lesquelles étaient financées grâce aux revenus provenant d’établissements d’enseignement et de recherche, de contrats de location et de brevets de fabrication. La somme ainsi réunie fut déposée dans une banque viennoise relativement discrète. Tout autour du globe, on ordonna à divers membres de la Compagnie de surveiller les médias et les réseaux de données, afin d’y déceler la moindre mention de l’activité financière des jésuites et de transmettre ces renseignements aux bureaux du général, à la Curie généralice. D’un bout de l’année à l’autre, personne ne remarqua rien.
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Edward ne sait pas quoi penser de l’assassinat de la petite Askama, ni de la violence prétendûment déclenchée par les missionnaires jésuites. Mais, en revanche, si Emilio Sandoz, mutilé, misérable, désespérément seul, s’est livré à la prostitution, qui a le droit de lui jeter la pierre ? Pas Edward Behr, toujours, qui sait à quoi s’en tenir sur la force de caractère de cet homme et sur tout ce qu’il a fallu lui infliger pour le ravaler à l’état dans lequel on l’a trouvé sur Rakhat. Johannes Voelker, par contre, est convaincu que Sandoz n’est qu’un dangereux voyou qui a sombré dans de monstrueux excès en l’absence d’autorité extérieure. Nous sommes ce que nous redoutons chez les autres, se dit Edward, et il se demande à quoi Voelker emploie ses loisirs.
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Elle le dévisagea un moment, interloquée. « Vous n’êtes vraiment pas au courant, hein ? demanda-t-elle. Vous avez dû mener une vie très protégée, j’imagine. »
Ce fut au tour d’Emilio de la regarder sans comprendre.
« Vous ne savez donc pas ce que signifie ceci ? » continua-t-elle en indiquant le bracelet de métal qu’elle portait toujours. Il l’avait remarqué, bien sûr, ce bijou plutôt passe-partout, en accord avec le goût de Sofia pour les toilettes sobres. « Je ne reçois que le strict minimum pour vivre. Mes honoraires vont à mon agent. Il m’a mise sous contrat quand j’avais quinze ans. C’est lui qui a payé mes études et, tant que je n’aurai pas remboursé tout ce qu’il a investi, il est illégal de m’employer directement. Je ne peux pas retirer ce bracelet d’immatriculation. Il est là pour protéger les intérêts de mon agent. Je croyais que tout le monde était au courant de ce genre d’arrangement.
– Mais enfin, ça ne peut pas être légal ! s’écria-t-il quand il eut retrouvé l’usage de la parole. C’est de l’esclavage.
– Peut-être serait-il plus exact de dire que c’est de la prostitution intellectuelle. Sur le plan juridique, cela ressemble plus à un contrat d’apprentissage qu’à de l’esclavage, Dr Sandoz. Je ne suis pas liée à lui pour la vie. Quand j’aurai remboursé ma dette, je serai libre de le quitter. » Tout en parlant, elle ramassa ses affaires, prête à s’éclipser. « Et sachez que je trouve cet arrangement préférable à la prostitution physique. »
Là, c’était plus qu’il n’était capable d’en absorber. » Où allez-vous, à présent ? demanda-t-il, toujours abasourdi.
– À l’École de guerre de l’armée américaine. Il y a un professeur d’histoire militaire qui part à la retraite. Au revoir, Dr Sandoz. »
Il lui serra la main et la regarda partir. La tête haute, un port de princesse.
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Jimmy n’était pas un imbécile, mais il avait été tendrement chéri par d’excellents parents et soigneusement instruit par de bons professeurs, deux faits susceptibles d’expliquer cette habitude d’obtempérer qui mystifiait Peggy Soong et la mettait hors d’elle. À d’innombrables reprises, au cours de sa vie, il avait pu constater que les autorités avaient raison et qu’en dernière analyse, les décisions de ses parents et de ses maîtres lui paraissaient sensées. En conséquence de quoi, il n’était pas ravi, bien sûr, de voir ses fonctions à l’observatoire d’Arecibo confiées à un système d’intelligence artificielle, mais, livré à lui-même, il n’aurait sans doute pas protesté. Il n’y travaillait que depuis huit mois : ce n’était pas assez pour se sentir des droits imprescriptibles sur un emploi qu’il n’avait obtenu que grâce à un incroyable coup de pot. Car enfin, il n’avait pas décroché ses diplômes d’astronome en s’attendant à débarquer ensuite sur un marché du travail en plein boom. Les astronomes gagnaient des clopinettes et la lutte pour l’emploi était féroce, mais désormais, c’était à peu près pareil dans tous les secteurs. Sa mère – une femme petite et crampon – avait insisté pour qu’il fît des études débouchant sur quelque chose de plus concret, mais Jimmy s’en était tenu à l’astronomie : quitte à ne pas avoir de travail, comme les statistiques le laissaient prévoir, autant ne pas en avoir dans la profession de son choix, avait-il déclaré.
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Rétrospectivement, la chose était prévisible. Tout, dans l’histoire de la Compagnie de Jésus, montrait qu’elle alliait le savoir-faire au sens de l’efficacité, le goût de l’exploration à celui de la recherche. Au cours de ce que les Européens se plaisaient à appeler l’âge des Grandes Découvertes, les prêtres jésuites n’étaient jamais arrivés plus d’un an ou deux après ceux qui avaient noué des rapports avec des peuples jusque-là inconnus ; ils étaient même, bien souvent, à l’avant-garde des explorateurs.
Il fallut des années aux Nations unies pour parvenir à une décision que la Compagnie de Jésus prit en dix jours. À New York, les diplomates multiplièrent les débats acharnés, ponctués d’innombrables suspensions et ajournements, afin de savoir s’il fallait consacrer des ressources humaines à une éventuelle prise de contact avec le monde que l’on connaîtrait ensuite sous le nom de Rakhat, alors qu’il y avait sur Terre tant de besoins pressants, et pourquoi. À Rome, les questions que l’on se posa n’étaient pas si et pourquoi, mais dans quel délai la mission pourrait être tentée et qui envoyer.
La Compagnie ne demanda la permission d’aucun gouvernement temporel. Elle agit conformément à ses propres principes, avec ses propres capitaux et sous l’autorité du pape. Et la mission vers Rakhat fut entreprise non pas tant secrètement que confidentiellement – distinguo subtil, mais que la Compagnie ne se sentit nullement tenue d’expliquer ou de justifier lorsque la nouvelle fit les gros titres de l’actualité quelques années plus tard.
Les scientifiques jésuites partirent apprendre et non convertir. Ils partirent parce qu’ils voulaient connaître les autres enfants de Dieu, parce qu’ils voulaient les aimer. Ils partirent pour la raison qui a toujours poussé les jésuites vers les frontières extrêmes de l’exploration humaine. Ils partirent ad majorem Dei gloriam, pour la plus grande gloire de Dieu.
Ils ne pensaient pas à mal.
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