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Critiques de Mathieu Bablet (508)
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Carbone & silicium

« Carbone 6 et Silicium 14 », quel drôle de titre ! Mathieu Bablet voudrait-il nous ramener sur les bancs du lycée et nous faire revoir la table de Mendeliev dans un ouvrage didactique ? Ouf … Heureusement non ! S’il est bien question de science dans cet album à la pagination plus que généreuse (près de 300p) paru chez Anakama éditions dans la collection « Label 619 » , le propos est bien plus vaste et cette somme est avant tout une histoire romantique, épique, philosophique, voire prophétique…



L’histoire commence dans un laboratoire de la Silicon Valley où des chercheurs viennent de donner naissance à deux robots. On le s connecte à internet pour les nourrir de connaissances et on les dote d’un corps et d’un nom : Carbone et Silicium. Plus tard ces intelligences artificielles vont s’échapper ou parvenir à s’émanciper de leurs créateurs, sillonner le monde et devenir les témoins de ce qui arrive au genre humain et à la planète.

La mise en page est très rigoureuse avec un lettrage identique à chaque début de chapitre qui indique date et lieu et un portrait pleine page de Carbone sous les traits de sa nouvelle « incarnation » afin de permettre au lecteur de se repérer. La finition est très soignée : dos toilé, papier épais et très beau rendu des couleurs.



Une histoire d’amour



Les protagonistes s’appellent Carbone et Silicium car ce sont deux éléments que l’on retrouve partout dans les squelettes de robots comme dans les circuits imprimés mais Mathieu Bablet a également choisi ce titre pour créer un nouveau couple de légende après « Adam et Eve », « Tristan et Yseult » ou « Romeo et Juliette ». Ainsi d’emblée apparaissent deux des dimensions de l’album : la SF et l’histoire d’amour.

Carbone et Silicium c’est un peu le Yin et le Yang : une femme/ un homme, une blanche/un noir (« pour satisfaire les réseaux sociaux et les médias de gauche » !), une optimiste / un fataliste, une affective/un rationnel, l’une qui privilégie l’enracinement et les liens sociaux, l’autre qui choisit la solitude et le voyage… Bablet ne donne raison ni à l’un ni à l’autre mais pousse paradoxalement le lecteur à questionner ainsi son propre rapport au monde.

On voit l’évolution des deux personnages grâce à la transformation de leur corps : au départ ils assouvissent différents fantasmes et stéréotypes : les savants dotent Carbone d’une poitrine extrêmement généreuse mais sont moins prodigues pour le sexe de Silicium ! Leur morphotype est imposé aux entités. Lors de sa réincarnation, Carbone a un corps « accidentel ». Ensuite, elle y fera un peu plus attention en se maquillant et en étant coquette par exemple mais elle s’empare de chaque occasion pour changer de corps et de genre jusqu’à l’oublier lorsqu’elle passe beaucoup de temps dans le réseau ; Silicium, lui, bricole et rafistole son corps. Il se l’approprie et y est attaché. C’est par cela que passe son émancipation. Mais au fur et à mesure les corps des AI se dégradent : cela signale le passage du temps et leur finitude. Le lien existant entre les deux robots est très bien rendu par le jeu des regards. Je trouve néanmoins que les personnages en général ne sont pas assez finis (souvent sans mains ni jambes) et que leurs traits sont grossiers, y compris ceux du couple de héros. Il semblerait que Silicium soit inspiré de Ryan Gosling … je ne l’aurais pas deviné !



Une dystopie alarmiste



En couverture de l’édition standard, un visage artificiel relié par des câbles apparait en gros plan. Ses yeux clos ne permettent pas de savoir si l’androïde est en veille ou pas encore opérationnel mais l’ensemble (qui rappelle à la fois un masque de No japonais et le graphisme de « Ghost in the Shell ») suggère une sorte de sagesse ancestrale et interroge sur la condition humaine en miroir.

L’histoire commence en 2045 et se termine 300 ans plus tard. C’est un récit d’anticipation qui projette les crises que devrait traverser le monde de demain : écologiques, économiques et migratoires. Ce n’est pas la première fois que ces sujets sont abordés mais Mathieu Bablet le fait sous un angle original (vu de façon distanciée par les AI). A travers le futur, il parle d’aujourd’hui. Ainsi le logo de la Tomorrow Foundation est inspiré de Twitter et Facebook. Les dangers des réseaux et du monde virtuel sont magistralement mis en scène dans l’invention « du Réseau » qui les résume et les amplifie. Toutes les pages qui y sont consacrées sont traitées dans des teintes marron et dorées, en négatif, avec une architecture particulière (bâtiments précolombiens ? escaliers labyrinthiques à la Escher) ? C’est très beau et très graphique et sort des sentiers battus.

J’ai bien aimé aussi la « machinalisation » des humains : la scène choc de la fin de vie de Noriko ou encore quand Carbone et Silicium sont poursuivis par une chasseuse de primes devenue presque bionique. Cela permet une réflexion à la fois sur la quête d’éternité et de performance au prix d’une déshumanisation (en dénonçant le rêve transhumaniste des GAFAM) et sur l’humanité, l’amour et la solidarité. Les deux robots par leur pudique histoire d’amour et par leur amour pour la Terre et les hommes apparaissent, en effet, finalement bien plus humains que la plupart des humains intéressés et non respectueux de la Nature décrits ici.



Une Ode à la planète



Ce n’est pas qu’une dystopie car on a aussi au gré des pérégrinations des héros un véritable hymne aux beautés de la planète. On a des moments de tension et d’autres contemplatifs. Cette variation de rythme est particulièrement intéressante. Le fait que le récit se déroule sur près de trois siècles crée du suspense : on ne sait ni dans quel pays, ni à quelle époque on va se retrouver du fait des ellipses et des ruptures entre les chapitres et ça fait aussi travailler notre imagination.

A part les scènes qui se déroulent dans le réseau, « Carbone & Silicium » se passe dans un univers très contemporain avec un dessin réaliste. Après le huis-clos de la station spatiale de « Shangri-la », son précédent opus, Bablet avait des envies de grands espaces et de suivre les errances de deux personnages sur le globe. Il voulait « faire vivre une expérience visuelle et sensorielle au lecteur ». Les décors et les paysages sont donc particulièrement soignés et réussis. La démarche empruntée par l’auteur ici n’est pas sans rappeler celle du cinéaste Yann Arthus Bertrand : célébrer tout à la fois la beauté de la planète et insister sur les dangers qui la guettent. On regrettera cependant que parfois ces magnifiques images soient parasitées par un discours redondant et des digressions philosophiques un peu longuettes. Mais on soulignera la grande richesse chromatique et les ambiances variées puisqu’on découvre plusieurs pays à des époques différentes. Les éclairages sont splendides également et les cieux à couper le souffle. Dans ces grandes cases et parfois ces demi-pages, Mathieu Bablet donne la pleine mesure de son talent … époustouflant.



« Carbone et Silicium » est donc un ouvrage foisonnant … peut-être un peu trop. J’aurais aimé que l’intrigue comme les enjeux soient un peu plus resserrés, que les dialogues soient élagués et les personnages plus soignés graphiquement. Il a été « oublié » de la sélection d’Angoulême mais a tout de même remporté en janvier dernier le prix Bd FNAC France Inter et cela n’est que justice car, malgré ses menus défauts, c’est un album somptueux et poétique qui pose de multiples questions essentielles et permet l’évasion tout autant que la réflexion.

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Carbone & silicium

Traversés par l'intégralité du savoir humain emmagasiné depuis l'invention de l'écriture, Carbone 7 & Silicium 14 ont reçu assez de capacités cognitives pour se faire une image globale et absolue du monde.

Ils sont ainsi passé d'une intelligence artificielle rudimentaire à une I.A. forte.

S'ils sont des robots, créés à l'origine pour prendre en charge la population âgée, ils vont d'abord et avant tout être les témoins de la destruction de notre société sans pouvoir parvenir à en endiguer le développement.



Album d'anticipation, l'auteur de "Shangri-La" nous propose une nouvelle dystopie d'une vraisemblance effrayante tant les maux, vus au travers du regard de deux androïdes, font écho à certains bouleversements actuels.

La maitrise graphique de Mathieu Bablet est saisissante et renforce d'une façon exponentielle la force des dialogues.
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Carbone & silicium

J’ai commencé ma découverte des BD et des Comics il y a peu. Lors de ma découverte, on m’avait énormément parlé d’un titre particulièrement reconnu et apprécié : Carbone & Silicium.



Si à l’époque je n’avais pas spécialement été attirée par la couverture, mon oeil étant trop habitué aux images made in Japan, j’ai finalement cédé lors d’une visite en librairie. Je me suis dit que si je devais me jeter dans l’univers de la BD, il fallait que je commence par celle-ci. Et j’ai très très bien fait.



J’ai tout de suite compris pourquoi c’était culte. Pourquoi on parlait tant de cette oeuvre. Dès les premières pages, j’ai été intriguée par ces deux IA nommées Carbone et Silicium. D’abord sans corps, elles se retrouvent ensuite propulsée parmi nous après s’être échappée. Seulement, ces deux androïdes sont créés pour se désactiver automatiquement après 15 ans de vie, afin de permettre à l’entreprise d’être pérenne. Et oui, le profit avant tout! Leurs vies, ce sont donc des aventures, des courses contre la montre et surtout une recherche constante de transmission, pour de pas se perdre, ne pas oublier.



J’ai adoré l’humanité présente dans nos deux entités qui les rend particulièrement attachants. Chacun a sa personnalité, son sens de l’humour et ses préoccupations. On les voit défiler à travers le temps, à travers les limbes du monde humain qui change, évolue, s’écroule. Ils se trouvent, se retrouvent, se perdent et le lien entre eux est toujours là, enfoui quelque part. Il ne se brisera jamais.



Entre la profondeur du récit, la beauté des dessins, la pertinence des propos qui sont encore d’actualité, Carbone & Silicium est en effet un incontournable. L’écologie, les émotions, l’apprentissage permanent, l’intelligence artificielle, la condition humaine… Chaque sujet est traité avec justesse. Cette vision du futur n’est pas la plus positive qui soit, mais l’espoir n’est jamais très loin.



Grâce à cet ouvrage, j’ai compris que j’aimais aussi la BD.



Je tiens également à souligner la beauté de l’édition. Le Label 619 fait toujours les choses bien, et ça se remarque encore ici.
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Carbone & silicium

La couverture est juste magnifique et le résumé tentateur. Malheureusement cela ne fait pas tout et ca n’a pas suffit.





Mathieu Bablet nous confronte à un hypothétique avenir où l’intelligence artificielle implantée dans des androïdes pourrait connaître une certaine évolution. Mathieu Bablet s’attaque à un thème cher à la science-fiction et son développement est plutôt cohérent et explore la multiplicité. Hommes et androïdes cohabitent sereinement dans un premier temps et, bien évidemment, cette fragile entente finit par sombrer. L’intelligence artificielle comprend dans un premier temps les combats des communautés minoritaires et par la suite se les approprie pour acquérir une indépendance. Le récit se déroule sur des centaines d’années et met en avant une évolution qui n’a rien d’idyllique. Le scénario catastrophe est au centre du scénario (surpopulation, dégradation écologique et climatique, guerre, famine…). N’oublions pas que le multivers est omniprésent et fait figure d’échappatoire addictive.





Alors que Silicium veut à tout prix découvrir le monde et sa beauté, Carbone veut se confronter à sa laideur. Au fil du scénario, l’auteur pose son regard sur la notion de « genre » et joue avec subtilement.





Sur le fond, cette bande dessinée est juste géniale. L’auteur nous offre une réflexion actuelle sur le devenir du monde des espèces vivantes, sur le bénéfice des évolutions technologiques, mais aussi sur les conséquences néfastes. On assiste impuissant à la lente destruction du monde tel que nous le connaissons et ouvre sur des perspectives macabres. L’amitié entre Silicium et Carbone est le fil rouge du récit et tout du long, la place de la religion, du communautarisme, du capitalisme, de l’écologie, du climat, de la place de l’homme, autant de thèmes, qui y sont abordés avec justesse.





Sur le fond, c’est parfait, mais sur la forme, je n’ai absolument pas accroché. Des illustrations brouillonnes, pour ma part, ne donnant pas vraiment envie. Des formes floues, des couleurs ternes qui n’évoluent pas trop. Bref, et c’est désolant, je n’ai ressenti aucune accointance.





Une bande dessinée qui mérite tout de même d’être découverte. Je vous invite à faire votre propre avis.
Lien : https://desmotspourtoujours...
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Shangri-la

Extrait de ma chronique :



"Comme l'explique en effet Istvan Csicsery-Ronay dans un article que j'ai déjà eu l'occasion de citer ici, ce sentiment à l'oeuvre dans les littératures de l'imaginaire s'organise suivant deux pôles : "le sublime est une réaction à un choc de l'imaginaire, l'acte complexe de repli et de rémission de la conscience lorsqu'elle doit faire face à des objets trop vastes pour être appréhendés ; le grotesque en revanche est une qualité généralement attribuée à des objets, étranges combinaisons d'éléments disparates, qui n'existent pas dans la nature."





Le sublime, il y en a indubitablement dans le prologue ("on est si petit... si rien" page 20) et l'épilogue, mais aussi dans beaucoup de passages de la partie centrale, de la dérive de Scott page 72 aux pages 204-207, qui se souviennent sans doute d'Universal War One de Denis Bajram ; quant au grotesque, en droite ligne du Wells de L'Île du docteur Moreau, il s'attache aux espèces déjà créées par l'homme avant l'homo stellaris, à savoir les animoïdes, qui servent de "défouloir à toutes les frustrations humaines" (page 61).





L'union de ces deux contraires au sein d'une même oeuvre (que Victor Hugo appelait de ses voeux dans la célèbre préface d'une de ses pièces) est sans doute facilitée par le regard que Mathieu Bablet pose sur ses personnages, qu'il décrit sans indulgence, mais non sans tendresse, même dans les pires moments."
Lien : https://weirdaholic.blogspot..
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Carbone & silicium

Pour faire sortir Carbone et Silicium des usines Bablet, il aura fallu 5 ans.



5 ans de gestation pour pondre son nouveau bébé, mais aussi 5 ans de réflexion sur les multiples crises qui touchent sa génération, accouchant donc d'un travail assez personnel.



En 5 ans, tant de choses ont déjà changé dans notre monde que j'en reviens à penser à la réflexion de Carbone à Silicium.



"Pour nous, une nano-seconde peut durer une éternité."



Je me dis alors qu'on se rapproche doucement de cette conception distillée du temps, provoquée par un emballement technologique, et qu'un jour on devra y faire face. Il nous faudra alors choisir entre notre ego ou notre bien commun, de la même manière qu'on lutte pour préserver notre planète.



Voir ces deux androïdes, aux corps changeants mais à l'esprit fixe, explorer la planète ainsi que l'esprit humain, a amené en moi un profond sentiment d'introspection et à reconsidérer ce qui fait ou non la beauté de notre espèce. De la même manière que dans Shangri La, Bablet se veut grandement incisif quant au futur qui nous attends.



Du point de vue de nos deux protagonistes principaux, ola fois œuvre dystopique et œuvre voyage, avec un climat de fin des temps qui ne cesse de croître, où l'humanité part à la dérive dans des confins inaccessibles à nos corps fragiles et périssables.



Des débuts de leur création dans des locaux de la Silicon Valley, jusque dans les confins du monde, par delà désert et montagnes, Bablet nous fait voyager avec un trait qui a bien mûri. D'un côté, les limbes escheriennes couleur prune du Réseau où IA et humains se connectent, de l'autre des environnements en permanente mutation.



Des planches entières de la BD laissent le lecteur ébahi par la maîtrise chromatique qui en émane, certains d'entre eux étant sûrement les plus beaux que j'ai pu voir.



Mon esprit, gavé d'autant de couleurs que de réflexions, restera en feu un long moment avant que je puisse réellement m'en remettre.
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Carbone & silicium

Carbone et Silicium sont deux androïdes qui, à peine créés, sont connectés à internet pour "avaler" tous les savoirs possibles. Amis et amoureux, ils cherchent à s'émanciper de leur créateur. L'un y parviendra, l'autre non. Nous les suivons alors sur près de 300 ans et assistons avec eux au déclin de l'humanité.

La réflexion est vaste : la place de la technologie, les écrans, l'attention donnée aux vivants, l'importance de l'écologie, le règne de l'individualité.



Ce fut une lecture triste et très touchante, parfois glaçante et qui invite forcément à la réflexion.



Il faut le lire en prenant son temps, cette bd est exigeante mais très belle.

Beaucoup de couleur, beaucoup de détails à explorer et une très histoire qui ne peut laisser indifférent.
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Carbone & silicium

Dans un futur pas si lointain, une chercheuse du nom de Noriko met au point avec son équipe deux "I.A. fortes". Elles s'appelleront Carbone et Silicium. Ces I.A. ne sont pas comme les autres. En effet, elles sont capables d'altruisme, de créer de l'empathie. Au fil du temps, la planète se dégrade. Les humains y sont pour beaucoup. Les I.A. se battent alors pour leur survie et pour avoir une vie comme elles l'entendent. Les questions sur l'individualisme de l'être humain, son ego, son égoïsme ponctuent le récit et interrogent...

Un texte réduit à l'essentiel, des illustrations riches et parlantes, des panels de couleurs à faire briller les yeux, Mathieu Bablet nous offre à nouveau un ouvrage magnifique.
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Carbone & silicium

Carbone & Silicium confirme ce que tous les adeptes et lecteurs de BD de SF savaient déjà : Mathieu Bablet est un jeune auteur/illustrateur bourré de talent ! Je ne dévoilerai rien de l'intrigue, ce serait gâcher tout le génie de cette œuvre qui, dans son dessin et son scénario, arrive à rendre à notre monde toute sa beauté primitive. Mathieu Bablet parle de notre époque comme personne. Dans tous ses dédales architecturaux, futuristes, dystopiques, il en revient toujours à l'essentiel : l'humanité. Les regards des personnages nous transpercent de leur sincérité, leur douleur, leur doute. On ressent une tendresse certaine pour tous ces personnages brisés par un monde trop lourd.



Une BD qui donne à réfléchir, un chef d'œuvre de A à Z.



Un dernier mot sur la colorisation de ses planches : c'est à couper le souffle. Une telle maîtrise des couleurs donne à certaines cases un aspect contemplatif assumé, et c'est magnifique...
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Shangri-la

Je me demande ce qui s'est passé avec cet auteur. Je l'ai découvert avec La Belle Mort que je n'avais pas trop apprécié mais dont j'avais pourtant repéré certaines influences qui me parlaient. Puis, il y a eu Adrastée qui était également assez intéressant par cet univers visuel mais qui souffrait d'un scénario un peu vide. Mais là, c'est tout bonnement extraordinaire. Que d'évolution en si peu de temps. Est-ce que c'est bien le même auteur ? Il semblerait et nous avons là l'un des meilleurs titres de science-fiction de ces dernières années. Bref, il a réussi une belle prouesse.



Je n'ai rien à redire de ce scénario très élaboré avec un beau message véhiculé. L'univers décrit est tout bonnement magnifique. Les questions qui sont posées ainsi que les thématiques sur l'avenir de l'humanité sont passionnantes et traitées de manière fort intelligente. On apprend des concepts assez subtils sur la nécessité du pouvoir et la soumission du peuple via une société de consommation.



Par contre, c'est un peu le graphisme qui pêche mais cela demeure très acceptable. Je n'aime pas réellement les traits géométriques de ces visages humains mais bon, ce n'est qu'une question de goût. Les décors sont quant à eux parfaitement réussis avec par exemple de beaux vaisseaux spatiaux. Des couleurs également splendides.



Un album hors-normes de 220 planches que j'ai grandement apprécié. C'est digne du film 2001, l'odyssée de l'espace. C'est une bd qui aurait grandement mérité d'être dans le prix des lecteurs 2016 mais bon.
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Adrastée, Intégrale

Déjà persuadée du fort pouvoir de l'image dans la bande dessinée, après la lecture de cet ouvrage j'en suis encore plus persuadée!!! Alors si vous, lecteur, vous en doutez encore, procurez-vous d'urgence ce livre!! Je viens de le refermer et je suis plus qu'enthousiaste d'avoir pu le lire. Que dis-je..., d'avoir pu le dévorer des yeux! En effet, il y a peu de texte, l'essentiel du récit passe par l'image et quelles images! Elles sont magnifiques, pleines de détails qui vous font vous émerveiller et qui vous plongent littéralement dans cet univers mythologique. Les décors se suivent et ne se ressemblent pas, les couleurs sont superbement bien travaillées pour coller à chaque lieu et les personnages s'y fondent parfaitement. Quant à l'histoire, elle est profonde et poétique et est le prétexte de beaucoup de rencontres avec des personnages mythologiques. Ce livre est un vrai bonheur et je ne saurais que vous le conseiller!
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Carbone & silicium

Carbone et Silicium est bien plus qu'une simple bande dessinée. C'est une plongée vers un futur possible, où se côtoient humanité et androïdes. La thématique peur sembler familière mais sont traitement est lui particulièrement singulier puisque l'histoire se déroule sur 300 ans du point de vue des robots. La déliquescence de l'humanité et l'absence de salut pour nos congénères m'empêche de noter 5 étoiles, mais nous sommes proches de la perfection. Ce roman graphique vous marquera sans doute et vous amènera à reconsidérer votre rapport à votre propre humanité.
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Carbone & silicium

Excellentissime BD.

Le graphisme comme l'histoire m'ont bouleversée.

Bien sûr, on est dans la science-fiction et l'intelligence artificielle, donc tout est hypothétique et supposition.

Mais l'histoire est captivante, les personnages sont redoutablement attachants.

L'histoire est sombre et laisse peu de place à un avenir radieux.

Mais j'ai adoré.



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Carbone & silicium

Carbone & Silicium est un roman graphique de science-fiction, où nous suivons deux androïdes, les premiers de leur génération, créés pour ressentir et ressembler à l’humain pour les chercheurs les ayant développés, et pour faire du profit, pour l’entreprise capitaliste qui les a financés. Si la conception de leur cerveau nous est épargnée, nous avons droit à l’élaboration de leur corps physique (scène à la fois drôle et tragique) mais surtout au débat sur leur durée de vie. Il sera décidé que les robots ne peuvent vivre plus de 15 ans, pour ne pas dépasser la vie humaine mais aussi pour rester productifs et ne pas sombrer dans la dépression d’un trop grand vide de temps. Noriko, la maman de Carbone et Silicium, trouvera pourtant un moyen de contourner cette nouvelle règle universelle…



A travers près de 300 ans, nous suivrons donc nos deux protagonistes. De son trait résolument organique, Bablet dépeint l’évolution du monde, à travers progrès technologiques et crises de tous les genres. Guerre civile, réchauffement climatique, pauvreté, immigration, déshumanisation… Une profonde réflexion est menée sur le rapport au corps (sexualité, vieillissement, puissance…), le rapport à l’autre (liens familiaux, amicaux, haineux), le rapport à la mort (l’immortalité est-elle une bonne chose ?) et surtout au temps qui passe. Bablet propose un voyage dans le temps, raconte la chute de l’Humain et ses pires travers.



Il y a beaucoup à dire sur cette œuvre, mais je crois que beaucoup a déjà été dit en 2 ans d’existence. Pour moi, la traversée de Carbone & Silicium a été très douloureuse. Les traits d’humour sont vite rattrapés par une réalité crue et cruelle. Les corps se déforment, dépérissent. Les esprits se perdent et se défont. L’attachement est presque toujours vain. Le respect du monde et des autres se transforme en quête perdue d’avance. Fresque tragique, ce roman graphique a la couleur du café trop longtemps réchauffé, et pour m’avoir retourné les tripes de nombreuses fois entre la première et la dernière page, je ne peux le conseiller à des personnes trop sensibles, même si je reconnais une grande maîtrise et un but atteint. Ne lisez pas si vous n’êtes pas dans de bonnes dispositions, ou préparez-vous un épisode de Kaamelott à la sortie.
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Carbone & silicium

Carbone & Silicium est une bande dessinée réalisée par Mathieu Bablet et publiée en août 2020 chez les éditions Ankama.

Oeuvre graphique, objet-livre, fable transhumaniste et post-apocalyptique, le récit suit la longue et tumultueuse existence de deux intelligences artificielles nommées Carbone et Silicium. Et à travers leurs yeux et leurs pensées humanoïdes, c’est l’avenir du monde qui prend forme à mesure que l’humanité dégénère. L’humanité ? Mais c’est quoi au juste, être humain ?



Carbone & Silicium est un bijou graphique au service d’une réflexion profonde sur la nature profonde du concept d’humanité, mais aussi sur ce que nous sommes tous réellement, aujourd’hui, et ce que nous serons peut-être demain. Antithèse du manichéisme, le récit floute les contours de la spécificité humaine, artificialise les organismes et élève les machines au rang d’êtres spirituels.

Voilà un ouvrage qui se dévore autant qu’il se savoure, dont on aimerait arracher quelques pages pour les fixer au mur du salon. Mais non, ce livre est bien trop beau pour qu’on l’abime !

Chronique complète sur le blog !
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Shangri-la

Dans un futur plus ou moins lointain, l'homme ne peut plus vivre sur la Terre et s'entasse dans une station spatiale contrôlée par Tianzhu, une multinationale type GAFA.

Mathieu Bablet signe une œuvre de science-fiction dystopique. La société de consommation exacerbée et le racisme ne sont guère différents de ce que nous vivons. Le scénario est bien ficelé et les décors sont magnifiques. Petit bémol pour dessins des personnages.
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Métal Hurlant, n°1 : Le futur c'est déjà demain..

Cette belle couv de Ugo Bienvenu nous faisait patienter depuis déjà quelques temps…ça y est, c’est le retour de la revue mythique créée en 1975 ! 288 pages, 60 pages d’analyses et interviews et des histoires courtes en BD.. de quoi ravir le fan mais pas que !



En effet le thème est ici le futur proche… celui qui est déjà là, à nos portes… du coup pas besoin d’être un fou de sci-fi pour apprécier les 22 récits de Mathieu Bablet, Jérémy Perrodeau, Ugo Bienvenu, Alfred, Carole Maurel, Merwan, Franck Biancarelli, Lucas Varela, Jaouen Salaun pour ne citer que mes préférés.

Le casting est impressionnant ! C’est très varié autant au niveau des thèmes (mémoire, réseaux, rapport à la nature, aux animaux….) qu’au niveau des dessins… C’est surtout très souvent pertinent et bien vu !



Au final, pour le côté revival et pour la qualité des différents intervenants (scénaristes et dessinateurs), ce retour de Métal Hurlant mérite le détour…à confirmer dans un prochain numéro couvé par JP Dionnet himself !

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Carbone & silicium

La lecture de Carbone & silicium est une bien troublante expérience...Tantôt agressive, tantôt obsédante. Agressive par le graphisme d'abord, par les traits bruts des personnages, les couleurs déprimantes et un monde imprégné de technologie rouillée et détournée, les corps déchirés et reconstitués. Si le futur ressemble à ça, je n'aimerais pas en être !



Et pourtant, la "vie" des deux IA Carbone et silicium est...non pas passionnante mais obsédante, à l'image d'une scène macabre dont on ne pourrait se détourner. On s'amuse de leur humour lors des premières planches, on s'attriste de ce qu'ils représentent pour leur créatrice, prenant le pas sur ses propres enfants, et l'on se questionne sur leurs quêtes respectives et le ballet qu'ils dansent à travers les siècles.



Une lecture désarçonnante, que je ne relirai probablement pas : tout y est trop dense et trop étouffant ; mais qui soulève tout de même de nombreuses questions sur le propre de l'humanité et des robots, sur la capacité à éprouver des émotions, sur le dépassement du langage pour communiquer, sur l'affection qu'une personne peut développer pour une intelligence artificielle...et bien sûr sur l'incapacité des humains, malgré leur merveilleuse technologie, à s'assurer une vie meilleure.



Si l'auteur voulait me mettre mal à l'aise, il a brillamment réussi ! Et réflexion faite une fois cette BD refermée, ces IA si étranges ne sont finalement pas si différentes des êtres humains par leurs quêtes respectives insensées, méthodiquement "pilotée" par les chiffres qu'elles maîtrisent (qui n'a pas rêvé de son propre compteur de superficie du monde découverte ?) et vaines toutes les deux, enrobée d'une romance cruelle et violente mais ô combien humaine.
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Carbone & silicium

Voici une œuvre massive : un peu plus de 250 pages pour un peu plus de 250 années de récit. Nous suivons deux robots androïdes, Carbone et Silicium, depuis leur naissance en 2046 dans un laboratoire de la Silicon Valley. Initialement condamnés à une obsolescence programmée de quinze ans, ils vont se libérer de ces entraves imposées par leurs créateurs. Mathieu Bablet nous propose alors un ambitieux voyage dans le futur des possibles, à travers les défis écologiques et migratoires. L’odyssée de deux intelligences artificielles, pourtant identiques au départ, mais suivant des inclinations bien différentes. La première est sédentaire et s’ancre dans la société qui l’entoure, au gré des nouvelles générations de robots et des crises qui agitent l’humanité. Le second est un voyageur solitaire qui parcourt le monde. Mais ces deux alter ego ne peuvent rester séparés indéfiniment...

J’ai été happé par cet épais roman graphique. Par les thèmes abordés, à la fois très actuels et inspirés des classiques SF. Par l’univers graphique, que j’ai bien plus apprécié que dans Shangri-La : le style très brut et particulier des personnages, les couleurs brunes, les décors splendides, que ce soient des décharges à perte de vue ou la représentation d’un monde numérique et connecté. Et parmi tous ces lieux traversés, certains m’ont évoqué mes propres souvenirs de voyages. On s’attache à ces deux androïdes par certains côtés très humains, qui s’interrogent sur leur propre condition et celle de leurs créateurs.

Bluffant.
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Carbone & silicium

Un roman graphique absolument fascinant. Le graphisme et la narration imaginés par Mathieu Bablet sont époustouflants.

Sur fond d’histoire d’amour de deux androïdes Carbone et Silicium, auxquels leur créatrice « prête vie », plusieurs sujets tels que l’urbanisation, le transhumanisme, la protection de l’environnement , la sociabilité ou l’individualisme sont abordés avec beaucoup de finesse par l’auteur.

A ne manquer sous aucun prétexte !
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10 questions
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Thèmes : amérique du sud , littératureCréer un quiz sur cet auteur

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