Quand Siabelle m’a proposé de découvrir ce thriller psychologique en lecture commune, j’ai accepté avec grand plaisir, car Maud Mayeras avait réussi à me surprendre avec ses précédents écrits et avait globalement su me conquérir, en particulier avec « Hématome » et « Reflex ». J’étais donc curieuse de plonger dans sa dernière publication dont les éloges sont nombreux sur la toile. Comme les lecteurs, j’ai pris plaisir à fouler le sol de ce terrier angoissant où vivent deux bambins et leur mère. Ils sont tous les trois séquestrés. Dans leur bulle souterraine. Seuls. En meute. Coupés du monde. Protégés des Hommes. Vivant de peu. À demi-nus. La maman veille sur ses progénitures, les protège, les éduque, les éveille et les nourrit au sein lorsqu’Aleph, leur seul contact à l’extérieur, n’a pas amené assez à manger. Voilà un huis-clos glauque, terrifiant, sombre et rempli de secrets…
Le lecteur n’est pas sot : il comprend très vite la nature de ces deux « monstres » ainsi que le passé violent de leur génitrice qui, pour survivre, obéit au mâle alpha leur apportant des vivres. Cela ne m’a pas empêchée d’attendre les réponses avec impatience. Il me tardait de comprendre les raisons pour lesquelles Aleph avait fondé cette communauté. Or, c’est cette curiosité morbide qui m’a poussée à dévorer une à une les pages. Cependant, j’avais le souffle court : on a beau savoir de quoi il en retourne, y faire face et encaisser est difficile ! Rosemarie, la mère des petits enfants, m’a énormément touchée. J’ai trouvé sa psychologie très bien menée et intéressante. Ce qu’elle a traversé est riche en émotions et tout simplement horrifiant !
Les chapitres du livre sont courts, ce qui donne du rythme. Afin d’apporter une vision d’ensemble, la narration sera plurielle, offrant alors la parole à Aleph, à Rosemarie, aux enfants-monstres Eine et Jung, au lieutenant Jeanne Rousseau et à des personnages de passage. Et, parfois, lorsque les protagonistes ne sont plus narrateurs, des extraits de conte se glissent entre les chapitres. Il s’agit là de livres écrits par Aleph pour les bambins. Ces textes les éduquent, les font rêver et permettent de les avertir du danger extérieur. Le tout est desservi par la plume simple, fluide et efficace de l’auteure. Cette dernière ne ménage pas ses personnages. Ô que ce roman noir est affreux ! Quels non-dits abjects ! Quels mystères révoltants ! Chaque révélation est comme un uppercut plongeant le lecteur de plus en plus dans l’horreur humaine…
« Les monstres » m’a conquise par son ambiance aussi haletante que pesante ainsi que par sa construction. C’est glaçant, bouleversant, sans espoir et très bien écrit. Néanmoins, tout n’est pas parfait. Comme me l’a fait remarquer Siabelle, les rebondissements sont trop classiques et prévisibles. Elle a tout à fait raison. La preuve : nous avons toutes les deux anticipé chaque twist… Pour elle, ce fut un blocage. À l’inverse de mon amie, cela ne m’a pas empêchée de globalement apprécier ce titre. Certes, j’aurais désiré de la nouveauté ou être davantage étonnée comme avec les œuvres passées de l’auteure néanmoins, j’ai été touchée par Rosemarie… Je conclurais cet avis en disant que ce n’est pas le meilleur ouvrage de l’auteure, mais qu’il a le mérite de ne pas laisser le lecteur indifférent. Merci encore à Isa pour nos échanges !
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