Citations de Maud Mayeras (197)
Je n'aime pas l'été. Il est l'excuse qui dénude vos corps et le leurre qui les rapproche.
[Les photographies] sont la preuve que quelque chose a été là et n'est plus. Comme une tache. Et leur immobilité est déroutante. On peut leur tourner dos, mais quand on revient, elles sont toujours là en train de vous regarder.
Diane Arbus
Je n'aime pas le bruit de mes pas sur les pavés secs. Cet autre cœur qui fait semblant de battre près de moi et qui n'existe pas.
–Quelque chose cloche Em’ ?
Non, tout va bien. Je viens de me faire avorter, opérer, recoudre, violer, tout cela dans l’ordre par le plus gros fêlé de la ville. Mais à part ça, tout roule ma poule.
L'armée, c'est l'endroit où on confie des armes à tous les fous qui n'ont pas encore été enfermés.
Je n'aime pas les lueurs vives du matin, celles qui rendent vos peurs moins visibles. Elles les planquent jusqu'à la nuit tombée, où elles vous abandonnent avec délectation à vos terreurs délaissées.
Ses lèvres me répètent qu’il n’y aura plus que nous deux au monde, seulement nous deux et personne d’autre.
Infâme litanie.
On ne devrait pas chanter sur le bonheur, il n'y a rien de plus accablant que la joie des autres.
Les mères ont ça dans le sang, imaginer le pire. Et lorsqu'il se produit, elles semblent toujours surprises.
Elle met le contact et, pour une fois, elle prend son temps ; elle regarde la ville dépeuplée, les boutiques encore fermées, elle allume la radio qui annonce que les pluies vont enfin cesser. La vie va reprendre, les habitants vont réintégrer leur foyer, ils répareront les dégâts et ils passeront à autre chose. Puisque c'est cela que l'humain fait le mieux, il s'adapte.
Would you be happy if I cried sometimes ?
You known I
Sit in the dark and I try I try
But I can't make a sound until the morning comes
My head is dumb and my heart is dry
And some things cannot be fixed.
Serais-tu heureux si je pleurais parfois ?
Tu sais que je
M'assois dans l'obscurité et que j'essaie j'essaie
Mais je suis incapable du moindre son jusqu'à ce que le matin arrive
Ma tête est engourdie et mon cœur est sec
Et certaines choses ne peuvent pas être réparées.
Happy, Kat Frankie
Faut lui laisser le temps. Il a pas l'habitude d'être content, tu comprends?
Pourquoi me souvenir de pareilles idioties? Les lois du cortex sont impénétrables.
"Perdre un enfant est une maladie que l’on a peur de contracter. C’est une contagion dont on évite soigneusement les infectés. On change de trottoir, on les fuit à toutes jambes.
De ces gens-là, je suis la peste et le choléra. Je suis leur faucheuse, leur cancer, leur 22 long rifle."
On oublie ceux qu'on ne voit plus, c'est Maman qui l'a dit.
Elle se dit que le monde n'est fait que de cela, de monstres qui grouillent, qui hurlent, qui geignent, qui tuent, qui forniquent pour enfanter de nouveaux monstres.
Elle se dit que c'est sans fin.
Et que sous l'horreur, il y aura toujours pire.
Promettre demeure le mensonge le plus commode qui soit. Promettre ne met rien en péril. Au contraire, promettre met à l'abri.
Puis la platine avait diffusé de la musique française qu'ils avaient écoutée, allongés tête-bêche sur le tapis du salon. Hunter s'était imprégné des notes et des mots, ils étaient entrés en lui et l'avaient fait frissonner. Le piano-boucle, la voix de fumeur, les paroles douces qu'il ne comprenait pas. "c'est beau", il avait dit.
Tu n'es plus qu'une pauvre épave,
Chienne crevée au fil de l'eau
Mais je reste ton esclave
Et plonge dans le ruisseau
Quand le souvenir s'arrête
Et l'océan de l'oubli,
Brisant nos coeurs et nos têtes,
A jamais, nous réunit...
"C'est triste", avait répondu Antoine.
Sa mère lui avait appris cela, le désespoir terrible de la musique
-"On ne devrait pas chanter sur le bonheur, il n'y a rien de plus accablant que la joie des autres." Et elle poussait le volume à fond en pompant voracement ses cigarettes.
Antoine se dit qu'elle doit avoir porté et élevé de nombreux enfants. Il y a, dans ses rondeurs et dans ses yeux, dans ses adieux - Demandez- moi n'importe quoi ! -, la faille de l'amour maternel. [...] Les mères ont ça dans le sang, imaginer le pire. Et lorsqu'il se produit, elles semblent toujours surprises.
Noël approche de plus en plus. Les guirlandes se multiplient autour des réverbères, et les faux Père Noël sont passés aux trente-cinq heures. Ces individus me mettent mal à l’aise avec leur fausse barbe crade et leurs lunettes sans verre. Ils font l’aumône, rouges mendiants, clones que l’on retrouve à chaque coin de rue, quémandant de leur voix doucereuse un argent dont leurs mains sales ne sauront que faire hormis alcooliser leur grosse bedaine.