Citations de Maurice Leblanc (813)
L'aventure, c'est la vie même d'Arsène Lupin. Tant qu'il vivra, il sera le centre et le point d'aboutissement de mille et une aventures. Il l'a dit un jour : "Je voudrais qu'on inscrivît sur ma tombe : Ci-gît Arsène Lupin, aventurier."
(Les dents du tigre)
- On vous accuse ouvertement, et vous faites des bulles de savon ?
- Rien de plus passionnant, mon cher Alexandre.
(Les dents du tigre)
- Le patron... le patron...
- Pourquoi pas ?
- Mais non... mais non... puisque...
- Puisque quoi ?
- Vous êtes mort.
- Et après ? Crois-tu que ça me gêne pour vivre, d'être mort ?
(Les dents du tigre)
Dès le début, Raoul lui sembla un être insaisissable, mystérieux, auquel, jamais, elle ne comprendrait rien. Il la désolait par certains accès de légèreté, d’ironie méchante et d’humeur soucieuse. Mais à côté de cela, quelle séduction ! Quelle gaieté ! Quels soubresauts d’enthousiasme et d’exaltation juvénile. Tous ses défauts prenaient l’apparence de qualités excessives et ses vices avaient un air de vertus qui s’ignorent et qui vont s’épanouir.
(La comtesse de Cagliostro )
C’est à la suite de cette entrevue, et pour en effacer le souvenir dans l’esprit de Raoul, que Clarisse commit la faute de lui ouvrir, à deux reprises, la porte de son boudoir. Imprudence dangereuse et dont Raoul s’était prévalu avec toute la logique d’un amoureux.
(La comtesse de Cagliostro )
Ce matin-là, simulant une indisposition, elle se fit apporter le déjeuner de midi tandis que Raoul se cachait dans une pièce voisine, et après le repas, ils restèrent longtemps serrés l’un contre l’autre devant la fenêtre ouverte, unis par le souvenir de leurs baisers et par tout ce qu’il y avait en eux de tendresse et, malgré la faute commise, d’ingénuité.
(La comtesse de Cagliostro )
Elle essuya ses larmes et tenta de sourire en le regardant. Il était mince comme elle, mais large d’épaules, à la fois élégant et solide d’aspect. Sa figure énergique offrait une bouche mali-cieuse et des yeux brillants de gaieté. Vêtu d’une culotte courte et d’un veston qui s’ouvrait sur un maillot de laine blanc, il avait un air de souplesse incroyable.
(La comtesse de Cagliostro )
Oui, au baron d’Étigues et à ses invités. Comment des messieurs de leur âge peuvent-ils perdre leur temps à massacrer sur une roche de pauvres oiseaux innocents
?
– C’est leur plaisir.
– En êtes-vous certaine ? Pour moi, je suis assez intrigué. Tenez, nous ne serions pas en l’an de grâce 1894 que je croirais plutôt… Vous n’allez pas vous froisser ?
– Parlez, mon chéri.
(La comtesse de Cagliostro )
Parmi les arbres du verger, à gauche du château, et s’appuyant contre le mur d’enceinte dont elle formait jadis l’un des bastions, il y avait une tour tronquée, très basse, recouverte d’un toit et qui disparaissait sous des vagues de lierre. Or, Raoul ne doutait point que la réunion de quatre heures n’eût lieu dans la grande salle intérieure où le baron recevait ses fermiers. Et Raoul avait remarqué qu’une ouverture, ancienne fenêtre ou prise d’air, donnait sur la campagne.
(La comtesse de Cagliostro )
Le baron Godefroy d’Étigues avait la musculature d’un lut-teur de foire et un visage couleur de brique, qu’entourait un collier de barbe rousse, et où le regard avait de l’acuité et de l’énergie. Son compagnon, qui était un cousin et que Raoul connaissait de vue, Oscar de Bennetot, donnait cette même impression de hobereau normand, mais avec plus de vulgarité et de lour-deur. À ce moment tous deux semblaient très agités.
(La comtesse de Cagliostro )
Godefroy d’Étigues surtout l’étonnait. Comment la tendre Clarisse pouvait-elle être la fille de ce sombre personnage ? Quel but poursuivait-il ? Quels motifs obscurs le dirigeaient ? Haine, cupidité, désir de vengeance, instincts de cruauté ? Il évoquait un bourreau d’autrefois, prêt à quelque sinistre besogne. Des flammes illuminaient sa face empourprée et sa barbe rousse.
(La comtesse de Cagliostro )
À quatre heures seulement, deux nouveaux venus entrèrent. L’un, âgé, de silhouette militaire, sanglé dans sa redingote, et qui portait au menton la barbiche que l’on appelait l’impériale sous Napoléon III, s’arrêta sur le seuil. Tout le monde se leva pour aller au-devant de l’autre, que Raoul n’hésita pas à considérer comme l’auteur de la lettre non signée, celui que l’on attendait et que le baron avait désigné sous le nom de Beaumagnan.
(La comtesse de Cagliostro )
Vous saviez, n’est-ce pas ? que le prince d’Arcole était des nôtres, mais le hasard avait voulu qu’il fût absent lors de nos réunions et que son action s’exerçât de loin, et de la façon la plus heureuse d’ailleurs. Aujourd’hui, son témoignage nous est nécessaire, puisque deux fois déjà, en 1870, le prince d’Arcole a rencontré la créature infernale qui nous menace.
(La comtesse de Cagliostro )
- N'y va pas, je t'en prie !
- Et après ? Crois-tu qu'ils me mangeront ?
- Beaumagnan est capable de tout.
- C'est donc un anthropophage ?
(La comtesse de Cagliostro)
- Ah ! Ces sacrées femmes, ça ne peut pas perdre un milliard sans tourner de l'oeil. Quelles mazettes !
(La comtesse de Cagliostro)
Il était livide et la sueur coulait de son front. Il porta la main vers le corsage clos. Mais elle le repoussa et,...
« Voici donc les dispositions que nous avons prises, sous réserve de votre approbation. Cette nuit, un bateau anglais viendra croiser à quelque distance des côtes. Une barque s'en détachera, au devant de laquelle nous irons, et que nous rencontrerons à dix heures, au pied de l'aiguille de Belval. Cette femme sera livrée, emmenée à Londres, débarquée la nuit, et enfermée dans une maison de fous, jusqu'à ce que notre oeuvre soit achevée. Je ne pense pas qu'aucun de vous s'oppose à notre façon d'agir, qui est humaine et généreuse, mais qui sauvegarde notre oeuvre et nous met à l'abri des périls inévitables ? »
(La comtesse de Cagliostro)
Au bord du gouffre, le prêtre s'arrêta de nouveau quelques secondes. Puis il tendit le bras qui portait le gui et, précédé par la plante sacrée comme par un talisman qui changeait pour lui les lois de la nature, il fit un pas en avant, au-dessus de l'abime.
Et il marcha ainsi dans le vide, tout blanc sous le clair de lune.
Véronique défaillit. Son regard vacillant, devant lequel il lui semblait que les choses dansaient, s'accrochait à la lueur scintillante de la faucille qui se balançait sur la poitrine du prêtre au-dessous de sa longue barbe blanche. Qu'allait-il faire ? Bien que le pont n'existât plus, Véronique était convulsée par l'angoisse. Ses genoux ne la portaient plus. Elle se coucha, les yeux toujours fixés sur l'effrayante vision.
Elle était sauvée.
Mais, ayant levé les yeux sur la colline opposée, elle aperçut, tout en haut de la pente, un spectacle qui lui fit pousser un cri d'horreur. Trois des arbres les plus avancés de ceux qui couronnaient la colline, et qui appartenaient au bois du Grand-Chêne, avaient été dépouillés de leurs branches inférieures. Et, sur les trois troncs dénudés,leurs bras écartelés et ramenés en arrière, leurs jambes ficelées sous les haillons de leurs jupes, des cordes passées sous leurs têtes livides que cachaient à moitié les ailes noires de leurs coiffes, se dressaient les trois soeurs Archignat.
Elles étaient crucifiées.
Il y a miracle si l'on accepte les explications surnaturelles. Il y a phénomène naturel si l'on recherche et si on trouve les causes physiques, capable de susciter le miracle apparent.