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Critiques de Maximilien Le Roy (222)
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Nietzsche

Le désir ne tient jamais ses promesses

Nous sommes le jouet de l'Espèce

Nous devons être des expériences

Les poètes de notre existence

Il n'existe pas de mystère Amoureux

Bravo Messieurs, Onfray pas mieux ;-)
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Gauguin, loin de la route

Voici un nouveau portrait de Gauguin qui renvoie à la toute dernière année de sa vie à Tahiti après un séjour aux îles Marquises. Il commence à avoir de la renommée en France mais il se concentre surtout pour continuer son œuvre tout en menant une vie toujours aussi bohème.



Malheureusement pour lui, il est atteint par la maladie suite vraisemblablement à une vie d'excès notamment en matière de drogues et d'alcool comme un peu tous les artistes maudits. A noter qu'il a abandonné sa famille pour vivre de sa liberté et de sa passion. On ne jugera point, ce sont juste les faits.



Son idéal demeure assez révolutionnaire et il va s'opposer notamment au clergé local mais également à l'administration policière qui souhaitent asservir les peuples indigènes à la culture française ce qui provoque un déracinement culturel. Il est vrai que l'air des tropiques lui réussit plutôt bien car il retrouve une sacrée inspiration.



Ce portrait qui insiste sur ce côté rebelle le rend presque sympathique et attachant comme le fut également Serge Gainsbourg malgré ses provocations. Il y aura ce procès qui le condamnera à une peine qu'il n'aura plus l'occasion de subir. La conclusion demeure assez triste avec une mort à 55 ans.



Cette BD est joliment dessinée avec un trait plutôt gras et coloré sur un décor très polynésien. La lecture fut très agréable dans un si bel écrin. On ressent beaucoup d'émotion.



J'en retire un beau portrait d'un homme engagé, certainement en avance sur son temps.

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Thoreau : La vie sublime

Mars 1845, Massachusetts. Avec une hache qu'il a empruntée, Henry Thoreau se dirige vers la forêt. C'est là qu'il va construire une maison en bois. Faisant fi de la société dans laquelle il vit, trop capitaliste à ses yeux, il a décidé de vivre loin de ses concitoyens. Un toit, quelques lopins de terre pour y cultiver ce qui lui sera nécessaire pour survivre, un lac tout près pour y puiser de l'eau, du calme pour se ressourcer, lire et écrire, il ne lui en faut guère plus pour vivre. Vivre abondamment, simplement, intensément...



Maximilien Le Roy, dans cet album, livre une partie de la vie de Henri David Thoreau, naturaliste, essayiste, enseignant, poète et philosophe. Père fondateur d'un courant de pensée très actuel, il aura inspiré les plus grands (Gandhi, Luther King...) et aura une grande influence sur l'humanité tant au niveau social que politique, économique ou écologique. L'auteur commence son récit au moment où Thoreau vit en ermite pendant deux ans, période au cours de laquelle il a écrit son œuvre majeure, "Walden ou la vie dans les bois". Cette biographie s'attarde sur la destinée, les idées et les pensées de cet homme pacifiste proche de la nature. Un album intéressant et instructif dans lequel fourmille des scènes contemplatives et des silences.

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Thoreau : La vie sublime

Nous sommes en 1845 dans le Massachusetts et Henry David Thoreau décide de construite une cabane dans les bois près de l’étang de Walden. Il y passera deux ans, vivant sobrement dans la solitude et dans l’observation de la nature.

Écologiste avant l’heure, cet écrivain poète philosophe naturaliste était aussi abolitionniste dans cette Amérique qui prônait encore l’esclavage. (Qui ne sera aboli qu’en 1865). Il restera pacifiste toute sa vie, pratiquant l’objection de conscience et la désobéissance vis-à-vis d’un gouvernement qui finance l’esclavage et la guerre contre le Mexique.

Pour dénoncer le capitalisme et la conquête de l’Ouest au détriment des populations amérindiennes, il préfère vivre dans la solitude à l’écart de la civilisation. Il donnera tout de même quelques conférences et écrira de nombreux livres qui font référence comme son chef-d’œuvre « Walden »

« Ce qu’il me faut, c’est vivre abondamment, sucer toute la moelle de la vie, vivre assez résolument, assez en spartiate, pour mettre en déroute tout ce qui n’était pas la vie »



Les dessins colorés de ce roman graphique célèbrent cette nature dans laquelle Thoreau aimait à s’immerger. Beaucoup de verts, des ocres des bruns et des rouges sombres accompagnent la précision du trait de A. Dan. On suit les grandes étapes de la vie de Thoreau jusqu’à sa mort, causée par sa tuberculose. Par contre, il y a peu de texte, et il n’est pas toujours facile de replacer chaque évènement dans l’histoire. Heureusement, le livre se termine sur quelques pages de Michel Granger, professeur émérite de littérature américaine, qui éclaire quelque peu note lanterne sur les aspirations, de Thoreau, ses traits de caractère, ses écrits et ses combats.

Roman graphique bien documenté pour une lecture agréable.



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Nietzsche

Sujet de philosophie du Bac 2019:

Nietzsche, vérité et mensonges sur son oeuvre.





Nietzsche fut un nini-hiliste, car son nom commençait par un grand Niet!

Sa mère voulait qu'il soit pasteur, mais il fut philosophe, car il ne savait faire que ça, parler et écrire.





Il fut un surhomme :" Ecce Homo" et parlait de "L'Éternel retour" comme Jean Cocteau. Il se battit en duel et attrapa une chaude pisse, dans un bordel, car il n'avait pas de morale: " Par delà le bien et le mal".





Ses livres ne lui rapportaient rien, de son vivant. Il aimait sa soeur et ils voulaient se marier ensemble, à l'âge de 8 ans. Il fut soupçonné d'antisémitisme, à cause de ses livres..

"Ainsi parlait Zara, et tout ça" ( sic!), une égérie de Nietzsche", alors qu'il n'eut que Lou Andréas Salomé, comme seul amour.

Copie notée 5/20.





Le meilleur texte pour le sujet de philosophie fut celui d'un certain Michel Onfray:

Après 10 années de folie, à cause de la syphilis contactée dans sa jeunesse, Nietzsche mourut à 55 ans.





L'oeuvre de Nietzsche fut une critique de la culture moderne occidentale et de l'ensemble de ses valeurs morales,

philosophiques, politiques, religieuses, par l'affirmation d'un "éternel retour" (Mène ta vie en sorte que tu puisses souhaiter qu'elle se répète éternellement) et l'avènement du surhomme !

Une thèse récupérée et dévoyée par le Nazisme!





Après le décès de Nietzsche, sa soeur falsifia ses textes qu'elle publia sous le nom de son frère, dans " La volonté de puissance ", accréditant la thèse d'un Nietzsche antisémite, belliciste, faisant l'éloge de la brutalité, de la cruauté, et du mépris de la pitié...





Élisabeth Nietzsche devint l'amie d'Adolf Hitler.

Dans " Ecce Homo", Nietzsche avait écrit que son argument le plus sérieux contre sa théorie de l'Éternel retour, était...sa soeur ( qui devint adepte du Nazisme!)





Copie notée 18/20.

Annotations du correcteur: Vous ne parlez pas de la thèse d'une tumeur au cerveau, ou de la possibilité d'une folie héréditaire. Ni, que la soeur de Nietzsche, a voulu défendre les oeuvres de son frère, contre les accusations d'antisémitisme, malgré son penchant pour Adolf Hitler et ses thèses...
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Nietzsche

Lectrice occasionnelle de bandes dessinées, j’éprouve toujours un peu de mal à rentrer dans l’univers d’un nouvel auteur/dessinateur.

Ici bande dessinée et philosophie se côtoient et s’apprivoisent sur 126 pages étonnantes de modernité.



Très bien documentée et rythmée, la narration aussi réaliste que rêveuse rend compte du travail méticuleux et obsessionnel du philosophe.

Il est clair que la philosophie de Nietzsche est l’une des pensées les plus complexes à appréhender, ne se classant pas véritablement dans les courants philosophiques traditionnels.

Insaisissables, les écrits de Nietzsche, comme lui-même avait l’habitude de dire « doivent s’aborder comme une montagne, une progression lente »



Rien de bien nouveau sur sa biographie, mais tous les grands thèmes sont passés en revue tels le nihilisme, le Bien et le Mal et la volonté de puissance.

La plume souvent trempée dans le vitriol est très moraliste.



L’atmosphère est parfois feutrée avec des couleurs pastel qui peuvent passer au rouge écarlate dans les moments de confusion et de souffrance.

Michel Onfray et Maximilien LeRoy ont rendu un bel hommage à la mémoire de ce grand philosophe !



Bénis soient les auteurs qu’aucune cloison ne résiste à leur désir de comprendre le monde !



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L'esprit rouge

Janvier 1936. Antonin Artaud entreprend un voyage qui, il en est sûr, changera sa vie... Débarqué à La Havane après une traversée éprouvante, des jours entiers seuls et des nuits propices à des crises d'angoisse, il traverse les ruelles de la ville grouillante avant de trouver un petit hôtel. Au Carteles, il informe l'éditeur de ce journal local qu'il lui enverra ses textes dès qu'il sera au Mexique. Ensuite, il erre au cœur de la ville et tombe sur un dealer à qui il achète de l'opium. La nuit tombée, il s'isole sur la plage et se shoote. Allongé, les yeux dans les étoiles, il aperçoit un amérindien qui lui propose de le suivre. Celui qui se fait appeler Le sorcier lui offre une dague provenant de Tolède et Antonin lui promet d'y prendre soin. Quelques jours plus tard, le jeune homme débarque enfin au Mexique...



Voilà un portrait à la fois tourmenté et incroyable d'Antonin Artaud, cet homme aux multiples facettes. Acteur, écrivain, poète, metteur en scène, dessinateur, essayiste ou encore théoricien du théâtre, Antonin Artaud part pour le Mexique en 1936 pour y rencontrer une civilisation antique, les Tarahumaras, dans le seul but d'apprendre et de ramener des enseignements à l'Europe. De retour de ce voyage, il aura changé et passera des mois sans un sou, entre mendicité et cure de désintoxication. Maximilien Le Roy nous dresse un portrait torturé d'un homme accro à l'opium, d'un aventurier profondément humaniste toujours habité par ses passions. Très peu de texte mais un graphisme remarquable, Zéphir alternant cases précises et cases plus floues. Une certaine violence s'échappe de certaines planches tant par les couleurs rouges et noires que par le trait agressif. D'autres expriment parfaitement les souffrances de ce poète tenaillé.

Un album épuré et remarquable...
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Thoreau : La vie sublime

Je connaissais ce poète philosophe qui m’avait marquée par le fait qu’il s’était retranché dans les bois, loin de toute consommation. Mon film culte, Le cercle des poètes disparus, y fait, par ailleurs, référence : « Vivre, intensément, et sucer toute la moelle de la vie. Mettre en déroute tout ce qui n’était pas la vie pour ne pas découvrir, à l’heure de ma mort que je n’avais pas vécu ».

J’ai appris beaucoup de choses dans cet album.



Notamment qu’Henri David Thoreau n’a passé que deux ans dans les bois. Là, j’avoue que j’ai été déçue. Ensuite, qu’il a prôné la liberté contre l’esclavage. Ah, il est remonté dans mon estime ! Mais apprendre qu’il y a eu des propriétaires assassinés parce qu’ils employaient des esclaves m’a laissée dubitative. Je ne suis pas une farouche partisane de la loi du talion. Je pense qu’il y a d’autres solutions que de s’octroyer le droit d’ôter la vie à quelqu’un, quel qu’il soit. Bon, personne ne peut être foncièrement parfait, donc je garde à l’esprit les aspects positifs de la pensée de cet homme de Lettres.



Cet album aura eu le mérite de m’apprendre des choses et de me faire passer une lecture des plus agréables.


Lien : https://promenadesculturelle..
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Thoreau : La vie sublime

Il l'aura pris par les cornes, le Henry David.



Émancipé d'une société conformiste, il s'est retiré dans les bois pour y vivre pleinement dans le plus grand dénuement.

Revenir à l'essentiel.

Rejeter le superflu.

Se contenter du minimum tout en se focalisant sur ses désirs d'absolu.

Aussi, n'était-il pas rare de l'entendre jouer du flûtiau, à poil sur un rocher face à l'étang de Walden qui l'inspira tant. Et pourquoi pas.



Abolitionniste, naturaliste, contestataire pacifique, autant de casquettes qu'il portait avec une grâce et un allant contagieux.



Cette BD lumineuse relate ce que furent ses moult combats en tant qu'esprit libre et engagé.



Curieux de tout, l'homme s'est laissé porté par ses émotions, ses appétences tout en se libérant de toute contingence idéologique susceptible de refréner la moindre de ses inclinations.



Un récit qui vous fait réfléchir tout en vous procurant une saine et exaltante bouffée d'oxygène.



Grand moment.
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Gauguin, loin de la route

Un Gauguin aux Iles Marquises

bien croqué en bd par une paire d'artistes

en poète et peintre anarchiste

qui se pose en défenseur des indigènes

s'insurge contre le code civil,

les curés missionnaires et les gendarmes.

Un Gauguin en fin de vie, malade, boiteux

accro à la bibine et à la morphine

bon vivant et terriblement humain

qui aime la vie et les femmes

se fait appeler Kéké le sauvage

pour emmerder les bien pensants.

Un Gauguin adulé par Ferré

qui repose désormais près de Brel.

Ce Gauguin haut en couleurs a du panache !

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Vaincus mais vivants : La vie de Carmen Cas..

♫La banlieue, c'est pas rose, la banlieue, c'est morose♪

Possible, les gars, mais allez donc faire un tour du côté du Chili, période Pinochet se rêvant calife à la place du calife, et on en reparle.



Carmen Castillo y était.

Mieux, elle participa activement à l'élection d'Allende puis entra immédiatement en résistance contre ce tortionnaire putschiste déjà prometteur qu'était Pinochet.



Ceci est son histoire.

Triste, tragique, édifiante.

Elle est l'histoire de tout un peuple.

Un miroir qui s'est brisé violemment tout comme les rêves de grandeur d'un pays alors pleinement confiant en son avenir.



A force d'entretiens réguliers avec Carmen Castillo, Maximilien Leroy retrace le parcours chaotique de cette femme intrépide expulsée du Chili en 1974.

Pour parfaire sa vision globale de la chose, il s'entretint également avec Régis Debray alors fervent partisan de la cause, puis se rendit au Chili afin de s'y imprégner.



Le rendu est saisissant.

L'effroi palpable au regard de toutes ces vies sacrifiées, souvent sous la torture, pour un idéal commun.

Carmen aura eu une trajectoire atypique, tout comme son compagnon Miguel Enriquez tué par la police militaire à la solde de Pinochet.



Où l'on découvre un pan de l'histoire chilienne.

L'organisation de réseaux (notamment le MIR, mouvement de la gauche révolutionnaire) appelés à combattre jusqu'au sacrifice final.

L'incroyable propension de l'homme à vouloir assservir son prochain.

L'innommable fertilité de son esprit dérangé pour soutirer des renseignements lui garantissant un futur exempt de toute opposition. Il n'était pas rare de brancher des électrodes sur les tétons et le vagin des femmes pour ce faire. Un exemple parmi tant d'autres.



Le mieux est encore de découvrir par vous-même ce récit riche d'enseignements.

Des couleurs froides, des traits anguleux, rien qui ne transpire une quelconque joie de vivre et en même temps un ensemble parfaitement cohérent au regard de la thématique proposée.
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Gauguin, loin de la route

Voila un titre que je voulais découvrir et quand je l'ai enfin eu entre les mains, j'ai été de suite conquise par ce petit bijou. Les couleurs sont intenses, l'album est magnifique, le papier bien épais bref c'est une bande-dessinée magnifique.



Parlons maintenant du contenu. J'ai trouvé intéressant de suivre en parallèle deux personnages : Gauguin lui même et Victor Segalen, un médecin qui revient sur les traces du peintre. Mais le parallèle entre les deux personnages est un peu mal géré selon moi. On passe d'un personnage a un autre très rapidement et l'on n'est pas souvent averti.



Parlons maintenant de Gauguin, cet album se veut biographique et retrace très bien les dernières années de l'homme mais le peintre, l'artiste n'est que très peu présent. Dans le résumé on parle que ce dépaysement en Polynésie lui a donner "une inspiration renouvelée" pourtant on ne voit jamais ses œuvres. Alors certes, quand on parle de Gauguin on a obligatoirement une ou plusieurs de ses peintures qui nous viennent en tête mais j'aurais aimé découvrir d'avantage le peintre.



Concernant l'homme, j'ai été assez surprise. J'y ai rencontré un homme fatigué, avec des blessures aux jambes qui ne guérissent pas et pour lesquelles il se fait des injections de morphine. Un homme amateur de femmes, d'alcool et de fêtes. Un homme aussi très révolté contre la société, l'église, les forces de l'ordre.... Je ne sais pas trop quoi en penser. Je suis tiraillée entre l'admiration pour le peintre et l'image de l'homme que renvoi cette BD.



En tout cas c'est un très bel album, les dessins sont magnifiques et c'est un bel hommage a un grand peintre.
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Nietzsche

De la solitude absolue à la reconnaissance bédéphile, Nietzsche aura effectué du chemin. N’était-ce pas lui-même qui avait prévu que ses textes ne pourraient être lus ni compris avant que l’humanité ait dépassé le cap des années 2000 ?



Ses prévisions sont justes : en effet, Nietzsche connaît une réhabilitation qui dépasse sans peine les médiocres succès intellectuels connus de son existence (deux élèves en conférence à l’université de Bâle). Reste à savoir si ces réhabilitations sont à la hauteur de son œuvre…





Ici, Le Roy au dessin s’associe à Michel Onfray pour mettre en scène l’existence de Nietzsche dans un album grand volume dont la qualité graphique, sobre, racée et élégante, impressionne d’emblée. Seule appréhension : reste à voir de quelle façon l’apport de Michel Onfray influencera le contenu. On connaît en effet cette mauvaise habitude de l’écrivain qui consiste à ne sélectionner que certaines parties de l’ensemble d’une œuvre pour en faire ressortir une thèse qui se conforme avant tout à sa vision hédonique et pseudo-révolutionnaire du monde. Entreprise de vulgarisation qui n’échappe jamais à un certain domaine de la réalité mais qui entraîne cette fâcheuse habitude de réduire une œuvre complexe à un ensemble de stéréotypes qui, loin d’intéresser le lecteur, finissent par réduire sa curiosité à néant en lui faisant croire qu’il lui reste finalement peu de nouvelles choses à découvrir.





Malheureusement, Nietzsche n’échappe pas à cette entreprise de réduction. Ceux qui connaissent déjà un peu l’existence du philosophe ne découvriront rien de neuf : attrait pour Wagner et Schopenhauer puis rejet de la vision du monde propagée par ces deux hommes, admiration des vertus du monde hellène, critique de l’antisémitisme, solitude, crises migraineuses… Le plaisir de prendre connaissance à nouveau de ces étapes clés de l’existence de Nietzsche est toutefois indéniable, surtout lorsqu’il est ponctué par des citations extraites directement de son œuvre. Mais certaines représentations font en revanche grincer des dents lorsqu’elles simplifient la pensée de Nietzsche à l’extrême et qu’elles le réduisent à une caricature vulgaire voire risible. Nietzsche apparaît comme un homme-fini, bourré d’une pensée achevée qu’il assène péremptoirement à ses proches. On ne voit jamais les phases de l’élaboration de sa philosophie, et le philosophe semble artificiel, aussi complexe que puissent l’être ses idées.





Surtout, la présence de Michel Onfray aux commandes de cet album se ressent avec trop de lourdeur. Le mépris de Nietzsche pour le christianisme devient une diatribe presque intolérante ; son éloignement total des valeurs antisémites se transforme en approbation de béni-oui-oui tolérant du 21e siècle. En tournant la dernière page, on croirait presque voir en Nietzsche le précurseur de Michel Onfray : philosophe paré d’un voile de révolutionnaire mais finalement très politiquement correct.



Au-delà de cette déception, le travail scénaristique de Le Roy fournit toutefois un plaisir de lecture indéniable. Que l’on apprécie ou non la pensée de Nietzsche, on aimera voir se développer sous nos yeux la progression de son existence. A prendre comme une agréable distraction mettant en scène un philosophe qui mérite tout notre intérêt.






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Faire le Mur

Voici un livre fait pour comprendre clairement et facilement la vie d'un jeune palestinien (il y a dix ans mais la situation s'est encore aggravée aujourd'hui).

Bien que Maximilien Le Roy en ait écrit et dessiné la majeure partie, il s'agit en quelque sorte d'un ouvrage collectif : Simone Bitton a composé une brève préface, une entretien avec Alain Gresh vient compléter le récit et le rend ainsi encore plus intéressant.

Mais surtout Mahmoud Abu Srour, le protagoniste, participe pleinement au récit, avec ses dessins (petit bémol, ils me semblent moins beaux que ceux de l'auteur) et les photos de son album de famille. Ce jeune homme est admirable en ce sens qu'il devient pacifiste et le demeure, en dépit de ce qu'il a subi.
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Nietzsche

"Je vous le dis:il faut encore porter du chaos en soi pour pouvoir donner naissance à une étoile filante" écrivit Friedrich Nietzsche, développant son idée du "surhomme" et de dépassement de soi,suite à sa rupture avec Lou Andréa Salomé ("étonnante", vive,intelligente, "un peu magique") rare liaison que l'on connut à ce célibataire endurci.

Est-ce cet échec cuisant qui a conduit ce philosophe allemand en recherche de reconnaissance vers une pensée novatrice tout en le guidant peu à peu vers la folie?

A moins que ce ne soient des traumatismes plus anciens: d' enfant exalté endeuillé par la perte de son père pasteur et de son petit frère, d'une éducation luthérienne, d'une vocation de compositeur contrariée par sa mère,de la syphilis contractée dans des maisons closes; de la mort côtoyée dans l'armée prussienne en 1870,de sa démission de l'Université de Bâle où il exerça comme professeur de philologie rejeté car "trop lyrique"?

Michel Onfray, philosophe contemporain prolifique (ex: Cyniques, Théorie du voyage, Politique du rebelle..) dont les réponses à sa philosophie de l'hédonisme passent (entre autres) par le "nietzschéisme de gauche" a publié Nietzsche, bande dessinée pour adultes dans le cadre d'une philosophie ouverte à tous.

Outre une biographie détaillée de Nietzsche, il aborde ici ses influences: Schopenhauer ( "Schopenhauer n'a rien à faire du bonheur qu'il sacrifie à la vérité"), Wagner (substitut de père adulé puis rejeté); ses errances (incessants voyages entre Allemagne, Italie,France et Suisse); sa libération "de la morale chrétienne"; son rejet de l'antisémitisme (que sa soeur trahira en modifiant son oeuvre inachevée).

Fort bien illustrées par Maximilien Le Roy (dessinateur qui a publié Gaza, SDF..) les planches très réalistes (dans des couleurs sombres) grâce à des gros plans, des distorsions de lignes ou des changements de teintes violents mettent en avant la bascule dans la folie, les angoisses,la solitude et la dépersonnalisation du génie que fut Nietzsche.

Cette BD (parsemée de citations de Nietzsche) est une bonne approche pour comprendre la génèse de son oeuvre et pour tout lecteur voulant connaitre un tant soit peu celui qui a dit: "Ce qui est grand dans l'homme, c'est qu'il est un pont et non un but".

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Gauguin, loin de la route

Le premier tableau de P.Gauguin que montre cette BD, est " L'or de leurs corps".



Le peintre est aux Marquises, pour cet or, ce jaune, ce pigment qui est aussi un parfum, tiré d'une plante ( du Miro, bois de rose) avec lequel, les femmes s'enduisent le corps. Jaune d'or!



P.Gauguin est venu du bout du monde, pour ces couleurs: le bleu outremer de l'océan, le vert des collines et de la forêt, et le noir des cheveux des vahinés...

Il peindra 70 toiles, en quelques mois.





Une certaine mélancolie traverse ses tableaux, les femmes ont le regard absent et une grande douceur dans leur pose... Il a acheté un terrain marécageux, à l'évêque Martin et y a bâti sa cabane: "la maison à jouir".

Il y vit avec Tehura (13 ans, au maximun...) On lui reprochera ses moeurs, mais à l'époque, en 1900, les filles étaient mariées à 13 ou 14 ans. Et, contrairement à d'autres, le peintre ne battait pas ses 3 compagnes...





Un paradis perdu...

Ce que recherchait le peintre, mais à Atuona, les coqs chantent à tue tête, tout le temps, les moustiques peuvent vous rendre fous, et le soleil tape durement...

Le peintre a des relations difficiles avec ceux qu'il déteste : le curé et le gendarme. On aperçoit Tehura nue sur le lit, dans la BD. C'est l'ébauche d'un tableau

" Manao Tupapau, l'esprit des morts veille ...



" Tehura est nue et allongée, à plat ventre, sur un drap, avec un paréo bleu aux motifs floraux bleus. Mais, dans l'ombre, au second plan, il y a un personnage tout noir: un revenant , un fantôme, un "tupapau". Car, le peintre réalise aussi des sculptures sur bois, des tikis, des espèces de divinités. Cette noirceur va le tuer: eczéma mortel, sous les Tropiques, gangrène ou maladie vénérienne? ( L'étude ADN de ses dents prouva que l'eczéma de ses jambes était la cause de sa mort, et non pas la syphilis).

A Atuano, la lumière sculpte le paysage...



Dans cette BD, vous croiserez aussi Victor Segalen, médecin de marine, parti sur les traces du peintre. Dans le quartier Gauguin, à Atuona, on n'aime pas parler du peintre, mais les filles s'éclaboussent toujours, dans l'eau des rivières, en riant, en souvenir de P.Gauguin...
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Gauguin, loin de la route

Quand on évoque Gauguin viennent à l’esprit couleurs chaudes et vahinés, Tahiti et les îles Marquises. Mais en grattant un peu derrière les images d’Épinal on découvre que le bonhomme était un misanthrope « ogre d’égoïsme […] pourfendeur résolu de l’idéologie coloniale, impérialiste et religieuse de son époque. »



En 1901, le peintre quitte Tahiti pour la petite île d’Hiva. Deux ans avant sa mort, il apparaît aigri, fatigué, mais aussi jouisseur invétéré, travailleur acharné, ne crachant pas sur la bouteille et accro à la morphine. Maximilien Leroy entrecroise la trajectoire de l’artiste et celle de Victor Segalen, médecin de marine fasciné par Gauguin et venu à Hiva quelques mois après sa mort pour tenter de mieux cerner la personnalité de celui qu’il finira par qualifier avec admiration de monstre : « Gauguin fut donc un monstre, et il le fut complètement, impérieusement. »



Gauguin est une plaie pour l’administration de l’île. Il incite les autochtones à refuser la loi des colonisateurs, les encourage à boycotter l’école : « N’envoyez plus vos enfants là-bas. Continuez comme vous le faisiez avant, avec votre culture, vos coutumes, vos traditions ! Vous n’avez pas besoin de les écouter. Ils déversent dans vos oreilles toute leur pisse corrompue. » L’église en prend aussi pour son grade, comme les forces de l’ordre qu’il ne cesse d’insulter, ce qui lui vaudra en mars 1903 d’être condamné à trois ans de prison pour diffamation envers un gendarme dans l’exercice de ses fonctions. Une peine qu’il ne pourra effectuer puisqu’il décédera le 8 mai de la même année d’une probable overdose de morphine.



J’aime beaucoup l'univers graphique de Christophe Gaultier, découvert avec son adaptation de Robinson Crusoé. Son encrage épais, son trait un peu charbonneux et son style peu réaliste font ici merveille. Les couleurs sont, dans l’ensemble très sombres et collent parfaitement à l’existence torturée de l’artiste.



Portrait saisissant d’un homme en souffrance, tant physique que psychologique, cet album étonnant écorne avec rigueur et lucidité le statut de héros que beaucoup continuent d’accorder à Gauguin. Dans son oraison funèbre, l’évêque Martin n’hésita pas à affirmer : « Il n’y aurait rien de bien saillant, ici, que la mort d’un triste personnage nommé Gauguin, artiste de renom, ennemi de Dieu et de tout ce qui est honnête… ». Difficile de lui donner tort.


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La révolte des terres

En 1941 des ouvriers du Pas-de-Calais organisent une grève pour le 1er mai. Ils veulent protester contre l'ennemi intérieur que représente le capitalisme et parallèlement contre l'occupation de l'ennemi extérieur ! Cependant la répression est terrible et beaucoup seront déportés au camp de Sachsenhausen. L'un de ces hommes doit subir,en plus de la persécution nazie, celle de ses camarades qui sont persuadés que c'est lui qui les a trahi lorsqu'ils se sont fait arrêter. C'est un bel hommage à ces travailleurs qui ont eu le courage de ne rien céder malgré la double menace qui pesait sur eux et j'ai éprouvé beaucoup de compassion pour le pauvre Ferdinand victime à tous les niveaux. Cependant cette bd n'a pas été simple à lire car Kosa change en permanence de lieu et de temps,et les dessins de Marion Mousse ne sont pas très précis concernant les visages ce qui m' à souvent perdue. Pourtant globalement j'ai vraiment aimé le graphisme, le choix du noir et blanc, qui rendent bien compte de l'atmosphère de l'histoire. Dommage que la structure de l'album ne soit pas assez claire.
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Faire le Mur

L'auteur nous fait partager le quotidien et les réflexions de Mahmoud, vendeur dans une épicerie familiale, dans le camp d'Aïda.

La vie du jeune homme est inéluctablement imprégnée du conflit israélo-palestinien, et de la politique coloniale israélienne que la BD dénonce.

Dans un entretien en postface avec le journaliste Alain Gresh, l'auteur expose son propre point de vue sur la nature des actes de résistance palestiniens, qu'il refuse de caricaturer sous le vocable réducteur de terrorisme, en les situant dans leur contexte historique et géopolitique. L'ensemble constitue un ouvrage très intéressant sur le sujet, qui n'est pas sans rappeler les propos de Sorj Chalandon sur le "problème" irlandais ('Mon traître', et 'Retour à Killybegs').
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Thoreau : La vie sublime

Anarchiste ou libertaire, Henry David Thoreau ? Qu'importe l'étiquette, pourvu qu'on ait les valeurs humanistes et qu'on les mette en pratique. Thoreau (1817-1862) était de ces penseurs dont "l'oeuvre invite à mener une vie philosophique au quotidien et non à ciseler des concepts pour la seule joie des bibliothèques". Il a vécu deux ans dans une cabane en forêt, en harmonie avec la nature, autonome mais pas ermite, se contentant du minimum, rejetant l'argent, le progrès et la consommation. Il refusait de payer ses impôts pour marquer sa révolte contre l'esclavage aux Etats-Unis et la guerre au Mexique.



Cet album présente un bon aperçu de la vie et de la pensée de Thoreau, tout en donnant envie d'en savoir davantage. Les illustrations sont en phase avec le propos, le trait est clair, net, à l'image de la droiture du personnage - qu'on imagine même rigide et intransigeant. Le portrait de Thoreau est subtilement complété en postface grâce à des échanges entre l'auteur du scénario, Maximilien Le Roy, et un professeur de littérature américaine du XIXe, Michel Granger. Ils apportent une nuance à cette image d'Epinal de bienveillance non-violente, rappelant que "la pensée de Thoreau est complexe, mouvante, paradoxale, provocatrice", soulignant son soutien à des actions abolationnistes armées.



Aussi agréable à lire et à regarder qu'instructif.
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