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Critiques de Maximilien Le Roy (222)
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España la vida

Une vie de résistance... Léo, un jeune bourgeois parisien, nourri de Victor Serge et de Marx, rejoint l'Espagne en 1937. Si son idéalisme disparaît devant la réalité (sordide) des combats, ses convictions perdurent et se renforcent. Il reviendra en France puis rejoindra Londres en 1940.

Un très beau voyag initiatique, fait sur un coup de tête, un coup de sang. Contre le chemin tracé et une vie tiède. En droite ligne des convictions, tenues jusqu'à la fin (de l'album).

Néanmoins, 3 étoiles, parce parfois j'ai trouvé le dessin un peu brouillon, surtout au début.
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Nietzsche

Je m'attendais à une initiation simple à la philosophie de Nietzsche. J'ai été déçu. Les textes sont réduits à la portion congrue, ils sont fragmentaires et parfois caricaturaux, privilégiant des mots chocs mille fois entendus, mais pas vraiment expliqués, à une immersion dans la pensée du philosophe. Les dessins sont plus réussis , mais ne peuvent se suffire à eux mêmes. En fait le livre ne s'adresse pas à des novices, mais à des connaisseurs capables d'apprécier l'ambiance dégagée. Si vous voulez vous initier, lisez plutôt Nietzsche ou la passion de la vie de Vergely. C'est sans prétention mais beaucoup plus efficace.
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Thoreau : La vie sublime

Belle BD hommage à David Thoreau. La vie du militant pour l'abolition de l'esclavage, ses prises de positions contre la guerre du Mexique... Un homme qui a vécu aux plus près de ses convictions, au plus près de la nature aussi, même lorsque le succès littéraire frappa à sa porte.

Elle ne relate que les dernières années de la vie de Thoreau, mais donne une image précise du genre d'homme qu'il était. Humaniste, pacifiste, écologiste avant l'heure, ouvert aux autres.

Maximilien Le Roy nous régale une fois encore avec la biographie d'un homme libre et engagé.
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España la vida

La guerre d'Espagne est le sujet de cette bd qui met en scène un jeune bourgeois parisien révolté par la montée du fascisme en Europe. Il croit s'engager pour une cause juste en défiant l'autorité de sa mère. Il va découvrir que la guerre n'est pas une partie de plaisir.



J'ai beaucoup aimé le graphisme de Vaccaro qui m'avait déjà séduit dans Championzé, une histoire de Battling Siki ou encore l'excellent La Promesse. Une lecture également assez fluide.



J'aime bien les récits politiques assez engagé sur le tempo de faire passer ses idées avant son bien-être. Cependant, cela manque un peu de souffle au niveau du scénario. Pour autant, cela reste un témoignage intéressant de ce qui s'est passé en Espagne durant la période précédant la Seconde Guerre Mondiale.
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Dans la nuit, la liberté nous écoute

J'ai bien aimé le témoignage de cette vie d'un soldat français qui a changé de camp au nom de valeurs bien supérieures au nationalisme ou devrais-je dire au colonialisme. Il s'agit bien d'une critique féroce contre ce régime qui utilise la propagande habituelle de dire que les autres sont des terroristes.



Cela me rappelle des exemples encore récents de peuples qui se battent pour leur indépendance territoriale. Pourtant, des membres de ma famille ont fait la guerre d'Indochine en croyant bien faire. C'est clair que c'est une nouvelle lecture qui apporte plus de réflexions.



Le trait graphique n'est pas celui que je préfère mais j'ai bien aimé cette bichromie qui utilise la couleur grise. Par ailleurs, le récit est particulièrement fluide au niveau de sa narration. Un homme est face à son destin et va faire un choix pour être en accord avec lui-même. Je l'admire déjà. Bref, c'est un bel hommage rendu par l'auteur pour un homme hors du commun et pourtant méconnu.
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Les chemins de traverse

Voilà la bd typique qui ne paye pas de mine. La couverture ne donne pas franchement l'envie d'une lecture. Par ailleurs, le titre ne nous parle pas. Bref, on n'a pas très envie de se plonger sur la forme. Et pourtant...



C'est une oeuvre que j'ai beaucoup apprécié à la lecture qui traite encore une fois du conflit israëlo-palestinien mais qui nous offre pour une fois un espoir sur une porte de sortie. Le vivre ensemble et la paix sont du domaine du possible à partir du moment où il y aura des gens de bonnes volontés de part et d'autres du mur. Il faudra également aboutir à un changement de l'opinion public manipulé actuellement par une propagande savamment orchestré par les différents gouvernements conservateurs qu'ils soient de droite ou de gauche.



J'ai beaucoup aimé la maturité de l'écriture de cette bd qui serait fort utile pour apaiser les esprits. Elle démonte de nombreux mécanismes pour aller plus loin dans la réflexion. Il n'y a point de naïveté dans le propos. La démonstration est tout à fait pertinente. On pourra aisément emprunter ces chemins de traverse afin de découvrir une certaine vérité !
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Faire le Mur

Faire le mur est l’une des premières bd qui aborde la question palestinienne en me montrant leur point de vue. Il est vrai que jusqu’à une période récente, abreuvés par les médias occidentaux, je croyais naïvement que c’était des terroristes qui voulaient détruire l’état d’Israël. Je ne voyais qu’un monde bipolaire : les méchants contre les gentils. Durant la Seconde guerre mondiale, c’était même très facile de faire ce partage manichéen. De même pendant la guerre froide. Et puis et surtout, les juifs avaient bénéficié de la compassion mondiale liée à la découverte de l’holocauste. Tout le monde avait marché …



Cette lecture n’aura pas été inutile car elle ouvre véritablement les yeux sur ce conflit qui s’éternise depuis plus de 60 ans. Actuellement, la population palestinienne est brimée et parquée autour d’un mur honteux censé protéger des colons. Le mot est lâché : il s’agit bien d’un vaste programme de colonisation. Quel serait alors le prochain stade ? L’extermination de tout un peuple ? Il est vrai que depuis quelques temps, la position des gouvernements occidentaux s’est infléchie. Ce n’est manifestement pas assez pour éviter cet apartheid d’un nouveau genre.



Alors, oui, j’aimerais vivre sur une planète responsable qui éviterait toute forme de conflit. Cela serait le meilleur des mondes. Il faut bien admettre que cette utopie n’existe malheureusement pas. Faut-il alors bien choisir son camp pour ne pas se tromper ? Certainement. Une autre attitude consisterait à les renvoyer les uns comme les autres le dos au mur. Etant moins mâture, j’en avais marre d’entendre parler du Moyen-Orient à la TV ou à la radio. Cela m’harassait littéralement. Je me disais qu’en France, juifs et arabes arrivaient bien à vivre ensemble dans une apparente harmonie, pourquoi cela ne serait-il pas le cas là-bas ? Alors, peut-on mettre sur le même pied d’égalité oppresseur et opprimé ? Je ne le pense pas. Cela serait une manière d’éviter de voir le problème en face et de préférer la fuite en ne prenant pas position. Cependant, il faut toujours avoir en tête qu’un opprimé peut se révéler un jour un puissant agresseur. Rien n’est facile en ce bas monde.



Et puis, il ya ce mot qui cache bien des réalités différentes : terroriste. Depuis un certain 11 Septembre, il y a eu une croisade à travers le monde pour faire la chasse aux terroristes. Du coup, les Etats ont utilisé ce mot pour mâter toute rébellion qui était gênante pour la pérennité de leur régime. C’est encore le cas de nos jours avec toutes les dictatures à travers le monde. Un terroriste tue aveuglément des civils. C’est ce qu’on leur reproche essentiellement. Cette bd va nous apporter des éléments de réponse même si le postulat de base demeure le fait qu’on doit condamner toute forme de terrorisme. Encore une fois, on n’est pas dans le meilleur des mondes !



Je dois bien avouer que la démonstration a été plutôt convaincante. Je ne me transformerai pas en combattant de la liberté pour autant, rassurez-vous ! L’œuvre est plutôt mal dessinée mais ce n’est pas ce qui compte en l’espèce. Il y a une narration qui nous prend tout de suites par les tripes et qui nous emmène sur un terrain insoupçonné. J’ai essayé de croire que cela se voulait objectif. Cela ne sera pas le cas notamment pour certaines affirmations qui sont fausses après vérification.



Cependant, le témoignage de ce jeune palestinien est touchant car il ne fait pas dans la charité ou la compassion à deux balles. J’ai eu la vision qu’avec des gens de bonne volonté des deux côtés, il était possible de construire une paix durable dans un Etat qui les engloberait en respectant leur particularisme et leur culture. A mon sens, la fausse route a été de croire qu’une même terre pouvait regrouper deux Etats différents. On peut toujours avoir de l'espoir d'un monde meilleur ! Cette oeuvre y contribue en tout cas !
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Ni dieu ni maître : Auguste Blanqui, l'enfermé



Plus de trente ans derrière les barreaux, telle est l’histoire de Louis Auguste Blanqui, figure mythique du socialisme, et à travers elle, celle d’une France profondément mouvementée, Révolutionnaire, que Le Roy a choisi cette fois de nous faire revivre.

Une biographie, presque une autobiographie par l’intermédiaire d’un journaliste qui a force d’acharnement, va convaincre Blanqui de nous raconter sa vie, à la fois en dehors du monde, puisque prisonnier, et jamais élu, mais aussi totalement au cœur de la vie de la cité, pas simplement par ses écrits...

Un combat qu’Auguste Blanqui, l’enfermé, mènera au prix de tous les sacrifices possibles, tant il aura terrifié et fasciné ceux le côtoyant. .

Une leçon de persévérance, que l’on adhère ou non à sa pensée; une leçon de vie pour le respect absolu de soi et de ses idées, une leçon de courage car il lui faudra vivre la mort de tous ses êtres aimés en prison, et enfin une histoire d’amitié entre un journaliste persévérant et un vieil Homme d’une droiture.



Le scénario est dense, retrace une partie d’une période L’Histoire de France peu simple à résumer.



Mais un dessin très dur, plus que sombre, guerrier, très souvent avec une absence de vraies couleurs mais le recours au noir profond de l’encre de Chine et au lavis pour accentuer une ambiance de haine et de révolte.



Ne pas faire l’économie de la lecture de la préface documentée de M Le Roy.
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Dans la nuit, la liberté nous écoute

La tentation de découvrir pleinement et rapidement un auteur après un coup de coeur est toujours grande. Elle est également toujours risquée, surtout si la découverte s'est faite à l'occasion d'une des dernières parutions dudit auteur.

Bien que connaissant ce risque, ce piège, je n'ai pu attendre pour continuer d'explorer l'oeuvre de Maxilien le Roy.

Cela est passé forcément par la lecture de ses premiers albums, romans graphiques.

Toujours à cheval entre biographie et livre engagé, livre politique, l'auteur cette fois-ci nous entraîne sur les traçes d'Albert Clavier; jeune homme qui va découvrir les excès de la guerre, des relations occupants/occupés, de la résistance, durant sa Jeunesse en 1943.

L'arrestation de son père le conduira à s'engager dans l'armée française pour aller combattre en Indochine; puis à déserter pour s'engager sur un terrain plus large selon lui: le combat contre le colonialisme.

Comme dans ses albums précédents et les futurs, Maximilien le Roy va commercer son récit par un avant-propos très fort et terminera par un entretien avec un spécialiste du sujet traité.

Ici, Alain Ruscio, docteur ès lettres, spécialiste de l'histoire vietnamienne contemporaine et de la colonisation.

Ces deux éléments donnent une vraie force au récit.

Mais je reste une fois encore sur ma faim tant concernant le dessin que la façon dont le sujet est traité. Peut être parce que l'album sur Thoreau reste pour moi le plus abouti.... le dessin est un peu trop "crayonné", le scénario manque parfois de rythme et de profondeur (bien que plus de 170 pages) et surtout, la vie de Clavier est traitée de façon très partiale. L'image donnée de lui est celle d'un idéaliste, d'une humaniste qui n'aura de cesse de vouloir faire du bien et de réveiller les conscience. Or, l'histoire de Clavier n'est pas totalement celle-ci, elle est un peu moins idyllique....

Mais il convient de reconnaître que le sujet est porteur de vraies questions et réflexions...

donc, je vais encore faire une dernière tentative avec Ni Dieu ni Maitre...

A suivre.
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Gauguin, loin de la route

Les dernières années de la vie de Gauguin, exilé aux Marquises après avoir vécu quelques temps à Tahiti. Malade et révolté contre les institutions, ces derniers moments faits de colère, de folie et d'addictions nous sont contés en parallèle avec l'arrivée de Victor Segalen arrivé après la mort de l'artiste dans ces mêmes îles, et grâce à qui ses dernières œuvres ont été récupérées.



La façon dont les auteurs appréhendent le personnage principal est originale même si parfois un peu décousue. On comprends dans les grandes lignes ce que Gauguin voulait défendre ou représenter, parfois au travers de vignettes entièrement consacrées au silence, le tout complété par un dossier en fin d'ouvrage qui comporte essentiellement des photos des personnages croisés dans la BD.



Le trait et la couleur sont très bien pensés car le style rappelle celui qu'utilisait Gauguin, certaines images sont magnifiques et ce sont ces images et l'esprit qui s'en dégage qui me resteront en tête, des lignes fortes, des couleurs puissantes qui évoquent pourtant la fragilité de ces îles et de leur culture et celle de cet homme perdu qui n'attendait plus rien de personne.
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España la vida

"Juillet 1936 dans les casernes catalanes la mort bute sur les milices et le peuple compte ses armes..."

Ces paroles que tu pourras chercher camarade me revenaient sans cesse en tête alors que je lisais cette BD. Je ne te caches pas que si cette lecture m'a plu à ce point, c'est avant tout parce que son thème me parle. C'est sur un conseil anarchiste que je suis tombé dessus alors que je sortais de mon Master de sciences de l'éducation qui portait sur la représentation du conflit dans les manuels scolaires français.



La Guerre d'Espagne est un sujet passionnant, une histoire qui pourrait nous apprendre beaucoup, celle d'une République légalement et légitimement instituée renversée par un coup d'Etat militaire soutenu par les fascistes. Une Démocratie que les autres démocraties ont laissé tomber. Une République dans laquelle la CNT, syndicat anarchiste, était la principale composante politique avant de se faire trahir et écraser par l'organe local du Kommintern fort du soutien de l'URSS, seul grand pays à "aider" contre les nationalistes. Un conflit qui voit aussi, selon Pratt, la mort de Corto Maltese [un peu long comme introduction, je m'emporte.]



Parlons donc de cet ouvrage, il s'agit du parcours initiatique d'un jeune militant ordinaire dans des temps extraordinaires. Issus de la bourgeoisie française, il se lève contre la tradition familiale (représentée par sa mère pour le moins anticommuniste) et contre son milieu.



Le livre s'ouvre sur Guernica, la destruction de la ville par les nazis de la légion Condor (un don généreux d'Hitler lui permettant de tester ses troupes et son matériel), puis le tableau de Picasso exposé lors de l'expo universelle à Paris.

Cette construction vous place directement dans ce décalage entre l'effroi des basques sous les bombes et le dédain des parisiens. Léo, le personnage principal regarde la toile gigantesque et se dispute contre sa mère qui voit d'un bon oeil l'intervention franquiste contre la République. Tout est dit... cette tension va pousser le jeune militant à partir. A ce moment là, il est déjà ailleurs, la déchirure entre sa vie, sa copine et là bas ou la Révolution se joue l'mporte peu à peu. Il doit mettre en accord ses principes et sa vie, le logos et la praxis.



A partir de là, le livre rend compte de son parcours initiatique du jeune homme. Anarchiste il va partir rejoindre les colonne de la CNT sur les conseil de Victor Serge. Sur le chemin, il va rencontrer Saïd, un camarade algérien et traverser la frontière pour rencontrer la guerre, la Révolution, les désilusions, la mort et l'amour.



A travers son aventure, nous suivons la fin de la Révolution dans la guerre qui s'enlise. Les mesures progressistes de la CNT sont vite réduites par la prise de contrôle d'un gouvernement Républicain de moins en moins révolutionnaire. Puis, les nationalistes prennent le pouvoir et Franco qui n'était qu'un général insurgé parmi d'autres l'emporte...



Les dessins crayonnés de Vaccaro traduisent le désespoir de cette guerre, le crépusculed'une époque, la fin d'un rêve. Il rend compte de ces combattants sous-équipés ne tenant que par la force de leurs convictions. Il fait passer dans le dénuement des traits de crayons et des couleurs chaudes tout ce que raconte Orwell (combattant internationaliste au sein du Poum) dans Hommage à la Catalogne.



Ce n'est pas trahir l'intrigue que de dire que cette guerre fut perdu pour les Républicains, les socialistes, les basques, les catalans, les communistes, les anarchistes et les poumistes. Franco restera au pouvoir jusque dans les années 1970. Léo, comme de nombreux combattants républicains, s'engagera donc dans la Résistance contre les nazis et les fascistes...



Pour moi cette oeuvre rejoint les quelques fictions/témoignages emblématiques du conflit, Hommage à la Catalogne de Orwell, Pour qui sonne le glas d'Hémingway ou encore l'Espoir de Malraux. Histioriennement parlant, je ne peux que vous conseiller le Benassar.
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España la vida

J'ai apprécié découvrir une partie de l'histoire espagnole à travers cette bande dessinée. On y suit le parcours de Léo, 22 ans, admirateur du révolutionnaire et écrivain Victor Serge, étudiant en lutte contre son milieu familial, journaliste en herbe et révolutionnaire potentiel lui-même.

En proie aux questionnements existentiels de son âge, il décide sur un coup de tête de prendre sa valise et de partir pour l'Espagne. Nous sommes en 1937, la guerre civile entre anarchistes et fascistes bât son plein.

Cette histoire aux allures de parcours initiatique est une belle occasion de s'interroger sur l'histoire de la résistance en Europe et sur le regard que l'on porte sur les idées révolutionnaires de tout bord.

Les couleurs et le dessin se prêtent bien au propos défendus et contribuent à faire de cette lecture un moment agréable et instructif.
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Faire le Mur

Une sacrée claque que cette bande dessinée , surtout en ces temps où l'on parle d'une troisième Intifada.

Ici, le narrateur , c'est Mahmoud, qui vit dans le camp d'Aïda en Cisjordanie: un vrai camp délimité par un mur... Et on voit son point de vue de Palestinien sur ce conflit qui n'en finit pas, les risques pour aller voir sa sœur de l'autre côté du mur, son frère en prison depuis 7 ans, sans avoir été jugé, mais parce qu'on le soupçonne d'avoir tué un soldat israélien, sa ferme détruite par des bulldozers en quelques heures...

Et lui Mahmoud, il étouffe: il voudrait dessiner: il tient l'épicerie familiale; il voudrait aimer: il ne rencontre que des femmes de passage alors que lui ne peut sortir...

Et on sent sa colère : il ne comprend pas l'inertie internationale face à Israël qui ne respecte pas les accords de paix, le partage de la terre , et grignote petit à petit les territoires palestiniens. Et ceux qui luttent contre ça , il aimerait tellement qu'on ne les appelle plus terroristes; pour lui, ce sont des résistants et ils répondent à leur manière à la violence israélienne.

Je sais que ce conflit est compliqué mais avoir un autre œil que celui des médias fait du bien . Et là, on ne peut que réfléchir . Surtout que cette Bd est pleine de références: Guernica, Mandela... : l'Histoire fait écho à cette histoire réelle car Mahmoud, l'auteur l'a rencontré . D'ailleurs ses propres dessins, colorés et sauvages, entrecoupent ceux d'un gris jaunis de l'auteur.

Mahmoud croit au pouvoir de la littérature pour faire prendre conscience de ce qui se passe: là , c'est réussi.
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Gauguin, loin de la route

Paul Gauguin arrive à Hiva Oa en 1901 après avoir vécu 7 ans à Tahiti. Déserteur de la "société de consommation", anti-colonialiste, anti-militariste, l'homme vient s'installer dans une petite maison pour profiter du calme, de la nature qui l'inspire, à travers ses peintures, sculptures mais aussi ses écrits.



La BD au graphisme très agréable, au trait marqué, aux couleurs chatoyantes, révèle un Gauguin, loin des "cartes postales" lisses habituelles. Fort en gueule, boiteux, cynique, jouisseur par la bringue et les femmes (parfois très jeunes...), porté sur la bouteille, Gauguin luttera jusqu'au bout contre deux représentants d'une société qu'il haïssait : le curé et le gendarme. Défendant les autochtones, il fut l'aimé de toutes celles qui pouvaient l'approcher même si "ogre d'égoïsme" qu'il était, il se gardait bien de se donner complètement, "ayant son oeuvre à poursuivre".

Parallèlement aux derniers mois de Gauguin, les auteurs, à travers un jeu de retours dans le passé, relatent la mission du médecin et ethnographe Victor Segalen aux Marquises, homme qui "n'aurait pas pu comprendre cette terre sans être confronté aux croquis de Gauguin ».



Fan des peintures de Gauguin, j'ai eu plaisir à découvrir cette BD qui décrit un homme fatigué, torturé mais aussi colérique et égoïste, hypersensible aux choses qui l'entourent, un homme qui a peur de la Vie qui déboule devant lui...finalement si humain. Les artistes de cette trempe ne sont jamais tout blancs ou tout noirs, non ? ;)
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Thoreau : La vie sublime

Une BD extraordinaire . L'on plonge ici avec un plaisir immense dans l'oeuvre de Thoreau qui devient par là méme bien plus accessible . Le propos est intelligent , le dessin brillant , cette BD est une ouverture parfaite à la pensée de cet auteur majeur .
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Gauguin, loin de la route

Le 08 mai 1903, Paul Gauguin meurt à Atuona dans les îles Marquises.

Le 02 septembre 1903 à Papeete, Tahiti, des peintures sont mises aux enchères.



Deux ans plus tôt…



Le peintre Gauguin a quitté la France pour la Polynésie française, vers 1891, après avoir connu la misère, puis une belle réussite sur la vente de quelques toiles.

En 1901, lorsqu’il décide de quitter Tahiti pour l’île de Hiva-Oa, Gauguin est un homme déjà fatigué par sa blessure à la jambe et très déprimé. Un petit coin de terre, "entre une mission catholique et une église protestante", lui paraît être le meilleur des refuges pour construire sa maison qu’il dessinera et parera d’un fronton sculpté "La maison du jouir". Il cherche son paradis.

Peindre, boire, souffrir, aimer, se mettre en colère, Gauguin fait tout intensément ; sa vie est colorée, passionnée. La bouteille, dont la fée verte (absinthe), l’accompagne dans tous ses états, elle anesthésie son mal de vivre et la douleur qui le taraude.

Homme violent et révolutionnaire dans l’âme, il se conduit comme un sauvage et se heurte à l’administration européenne. Le clivage entre les deux civilisations, polynésienne et française, le remplit de ressentiment et le rend querelleur. Il ne supporte plus les autorités, la tutelle coloniale, qu’elles soient cléricales ou administratives. Il devient alors le plus indigène des indigènes.



"Il avait vraiment tout dépouillé de l’étranger… Il marchait à nu sur ses pieds, mieux que nous, il montait dans la montagne, mieux que nous… Quand il allait par les sentiers des monts, les chants de joie autour de lui se transposaient en chants de bienvenue et d’hommages…"



L’artiste est un original qui déborde de vitalité. Il est aussi dans la lignée des créateurs maudits. Son impulsivité peut séduire comme déranger et ses tableaux aux couleurs éclatantes témoignent du feu de ses ardeurs.

Fantasque, être torturé, versatile, il n’est pas toujours compris ; il peint le soleil, la volupté des femmes, la beauté, mais happé par la spirale douloureuse de la maladie, il devient un fauve grossier et barbare.

Il meurt le 08 mai 1903, dans son isolement, entouré de ses dessins, ses sculptures et ses écrits, "banni" par la justice française après un procès qu’il a jugé de "traquenard" et qui l’a condamné à trois ans de prison et 500 francs d’amende…



En août 1903, nous découvrons aussi Gauguin à travers la quête d’un médecin de marine, Victor Segalen, venu retrouver le peintre dans les traces qu’il a laissées ; écrits, dessins, réputation.

"Quatre cents milles marins nous séparaient… Mais que n’ai-je pas entendu ?! Qu’il était fou et qu’il peignait des chevaux roses ! On m’a dit qu’il rendait la vie impossible à l’administration d’Hiva-Oa ! Ou qu’il passait ses journées, prosterné, à vénérer le soleil…". Il questionne, prend notes, se rapproche de l’artiste qu’il admire et le fait revivre…

Son regard rend à l’artiste son humanité et son talent.



Cet album est un bel hommage à Gauguin. Je m’aperçois que je ne connaissais rien de l’homme. J’aime ses peintures et la chaleur qu’elles dégagent. J’aime cette ligne qui va de l’impressionnisme vers le symbolisme, la rupture d’un temps pour un autre siècle. J’ai des appréciations naïves et je constate qu’elles sont chaperonnées par une sotte ignorance. C’est alors avec plaisir que j’ai ouvert ce livre et découvert ses dernières années. L’homme ne paraît pas très sympathique, sa personnalité est trop animale et le mal qui le dévore le rend encore plus capricieux et déraisonnable. Étrangement, je l’imaginais bien plus sage ! Ses œuvres paraissent si douces, si sereines, dans leurs glorieuses et flamboyantes tonalités.

Les trois auteurs, texte, dessin, couleurs, s’accordent parfaitement à rendre cette biographie légitime. Les personnages, Gauguin, Tohotaua, Tioka, Ky Dong, Victor Segalen, l’évêque Martin, sont très ressemblants (des photos sont dans la dernière page) et les dessins rendent l’âpreté de sa vie. On perçoit le génie, son intelligence, sa force, mais aussi son mal qui se gangrène et la solitude qu’il noie.

Une très belle rencontre…
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Gauguin, loin de la route

BD reçue dans le cadre d’une opération Masse Critique de Babélio que je tiens à remercier d’avoir pensé à moi et merci également aux éditions Le Lombard.

L’envie et l’attente étaient très fortes car j’aime beaucoup Gauguin, le peintre, en particulier sa période aux Marquises.

Si bien, que je ne sais pas ce que j’attendais, mais sans doute pas au récit et aux dessins de cette BD.

Bon, il faut avouer que je ne suis pas une grande habituée des BD. J’en ai lu quelques unes plus jeune, ado… très peu étant adulte… donc j’ai rarement été confrontée aux différents styles de dessins. A la première lecture de la BD, je n’ai pas aimé. Soyons claire. Ni le dessin, trop brutal à mon goût, ni le récit qui décrivait la fin de vie du peintre, mais en fait, parlait très peu de son art, de sa peinture.

Je l’ai donc mise de côté, quelques semaines, et je viens de la relire.

Tout cela avait fait son chemin dans mon esprit, et je l’ai un peu plus appréciée, sans en devenir fan tout de même.

Disons qu’à la seconde lecture, les traits du dessin m’ont moins heurté. Ils sont en fait, assez en adéquation avec la violence du personnage. Gauguin, en effet, est sous l’emprise de l’alcool, et ensuite de la morphine, due à une blessure à la jambe qui le fait atrocement souffrir. Il est également un homme à femmes, pour ne pas dire plus….

Bien sur, je connaissais un peu certains de ces aspects, mais il est vrai que dessiné ainsi, mis sous nos yeux de manière assez violente, est perturbante… en tout cas, moi ça m’a perturbé. Par contre j’ai découvert qu’il avait une certaine idée des droits de l’homme, du respect du aux populations à leur culture, à leur liberté d’expression, et aussi le droit des femmes à disposer de leur vie, de leurs corps. Il exprime tout cela de manière assez confuse, peu efficace, désordonnée et provocatrice, mais il y croit.

En parallèle, on suit Victor Segalen qui arrive à Hiva Oa peu de temps après la mort de Gauguin, et tente de se faire une idée de l’homme, de l’artiste en rencontrant les personnes qui l’ont connu, en lisant ses écrits, en sauvant certaines de ses œuvres, en allant sur ses traces.

Alors je ne regrette pas la découverte de cette BD qui m’a donné une vision de Gauguin différente de celle que j’avais jusqu’à aujourd’hui… en tout cas, l’homme dans sa fin de vie. Cela ne m’a pas apporté grand-chose sur son rapport à son art…

Ceci dit, j’aime toujours autant la peinture de Gauguin !



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Dans la nuit, la liberté nous écoute



Marqué par la lecture de l'autobiographie d'Albert Clavier, Maximilien le Roy raconte la vie de cet engagé volontaire dès 1945 dans l'artillerie coloniale en Indochine. Ce jeune communiste, ulcéré par l'occupation de la France, se rend vite compte des exactions commises par ses camarades de combat au nom de la liberté. Il comprend qu'être libre, c'est faire des choix, parfois radicaux. Il rejoint alors le Viêt Minh, la ligue indépendentiste.

Une superbe BD loin de toutes caricatures, qui relate la vie d'un homme confronté à des choix et qui conserve, malgré tout, ses idéaux. Il sera condamné à mort par contumace pour trahison envers sa patrie.
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Dans la nuit, la liberté nous écoute

Cette bande dessinée est centrée sur la vie (extraite d'un témoignage « vrai » d'Albert Clavier) d'un homme qui, juste après la seconde guerre mondiale, pour échapper à une existence rurale assez misérable, se laisse engager dans l'armée en route pour l'Indochine.

Mais il s'aperçoit rapidement que la vie militaire heurte nombre de ses principes et qu'il n'est pas fait pour les actions de terrain. Repéré pour des tâches administratives, il ne supporte bientôt plus de cautionner de la sorte ce que fait l'armée française « colonisatrice », d'autant qu'il s'est lié à quelques indigènes dans lesquels il ne peut voir des ennemis ni des êtres moins civilisés que les français.

Il va alors s'enfuir avec des rebelles et intégrer la résistance vietminh.

J'ai trouvé cette histoire vraiment très intéressante et l'humanité dont fait preuve le héros admirable.
Lien : http://toutzazimuth.eklablog..
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Dans la nuit, la liberté nous écoute

Alors qu'il est adolescent et que la France est sous le joug nazi, Albert Clavier s'engage dans le parti communiste. Lorsque le pays est libéré, il intègre l'armée, dans l'espoir de voir du pays et de se sortir de sa misère. Alors qu'il est envoyé en Indochine, il se rend compte que sa vision des choses était faussée et que les Vietnamiens font la même chose que les Français sous l'Occupation : ils résistent. Albert décide alors de déserter en se faisant passer pour mort. Commence alors pour lui une vie selon ses idéaux communistes. Il restera une vingtaine d'année au Viêt-Nam, rencontrera Hô Chi Minh et atteindra un poste élevé dans les médias. Il est rentré en France lorsqu'il voyait que le communisme de sa jeunesse commençait à disparaître. Cette bande dessinée est inspirée d'une histoire vraie, Albert Clavier étant décédé en mars 2011.

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