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Citations de Mélanie Fazi (278)


C'est un autre monde, les gens de l'océan. Ceux de cette ville plus encore. Ils ont peut-être appris d'expérience que poser des questions ne sert à rien. La volonté marine est quasiment divine. Elle désigne au hasard. Il en est qu'elle prend et d'autres qu'elle épargne. Ils ont eu des générations pour apprendre le fatalisme.
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Je fais ma Shéhérazade, mais en négatif, a-t-il ironisé. Moi, je vole les histoires pour survivre. Regarde bien, il y en a une différente sur chaque page. Jamais deux fois la même : toute une vie derrière chaque dessin.
[dans « Serpentine »]

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Le choix du motif n’a rien d’anodin, c’est un geste porteur de sens. Témoignage d’un instant qui vous accompagnera toute votre vie durant. On le choisit comme une profession de foi, un totem ou un blason. Un corps, on naît avec, mais rien n’empêche d’agir sur lui.
[dans « Serpentine »]

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- J'y vais moi-même. Je te demande de ne plus franchir cette porte, compris ?
Sa voix, son regard possédaient la dureté d'une lame aiguisée, celle qu'accompagnent en général une gifle ou des remontrances. Le moyen de pression préféré des adultes sur plus petit qu'eux, celui grâce auquel une simple interdiction prend force de loi. Les grandes personnes en obtiennent, de victoires, rien qu'en haussant la voix.
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Apprendre à écouter respirer les pierres, s’il faut en arriver là. Entendre pulser le sang épais qui alimente les rêves minéraux de la ville. Sentir en chaque pierre, en chaque muraille, la rémanence d’un passé rarement paisible, fantôme des jours de splendeur et de violence.
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Il constatait alors que je ne lui avais pas menti en lui promettant 'un authentique soupir capturé sur le pont'.
Ma version personnelle du chant de la mer dans un coquillage. Chacun son type d'arnaque.
Mais je ne m'étais jamais soucié de ce que devenaient mes soupirs une fois échappés de leur boîte. Ils devaient s'enfuir par la première fenêtre ouverte et se disperser dans les airs, mais
ensuite ?
Retournaient-ils s'enchâsser dans le pont ou se perdaient-ils dans la nuit vénitienne ?

[La cité travestie]
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Le remords n’est qu’une invention des morts, leur petite vengeance mesquine. Parce qu’ils ne supportent pas l’idée d’être oubliés. C’est terrible de penser que le monde continuera sans vous. Qu’on peut mourir sans que ça change quoi que ce soit à l’ordre des choses, quand on aimerait tellement se croire irremplaçable.
[dans « Le passeur »]

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De guerre lasse, je me suis réfugiée dans la cuisine. J’avais la gorge sèche et la peau irritée d’avoir trop gratté. J’ai réussi à me verser un verre de jus d’orange sans trembler. Le frigo ronronnait assez fort pour réveiller tout l’immeuble.
Trois heures, bientôt quatre et la nausée qui monte… On dit que c’est l’heure la plus désespérée. Celle des insomniaques, des dépressifs, des pensées suicidaires. Celle où, dans le meilleur des cas, l’inconfort est la règle. Les draps sont étouffants, le carrelage glacé sous mes pas. Le sommeil ne viendra plus.
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C’est terrible d’être un monstre et de ne rien pouvoir y changer. Qu’est-ce qui reste d’humain en moi si je ne peux même pas pleurer mes morts ?
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- Tu ressentais ça comment, toi, Arlis ? L’impression de rêver sans être endormi ?
- À peu de choses près. Mais c’est difficile à décrire.
- Vu de l’autre côté, et je t’en parle en y ayant assisté plusieurs fois… On te voyait avec les yeux perdus dans le vide, ou fixés sur un point juste devant toi… Et quelques secondes plus tard, il y avait des gens ou des objets, ou des modifications du décor, qui n’étaient pas là l’instant d’avant. C’est pas tellement que tu rêvais debout… C’est plutôt comme si des rêves s’échappaient pour contaminer ce qui t’entourait. Je peux te dire que la première fois, ça fait bizarre.
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On aurait dit qu’il avait pour but dans l’existence de regarder l’envers des choses, et d’essayer de changer lui aussi la vision des autres, par petites allusions subtiles. Habitude contractée, m’avait-il laissé sous-entendre, à force de passer le temps seul en sa propre compagnie, et ce depuis l’enfance. Quand on vient au monde pas totalement « normal », selon les critères de certains, et dans un coin où toute forme d’infirmité passe pour un châtiment divin, on apprend, par la force des choses, à se distraire de ses propres pensées. À plus forte raison quand on ne peut pas passer sa jeunesse à courir partout avec les autres gamins. Quand on rejoint ensuite les gens du voyage, et qu’on apprend vite à n’être de nulle part, l’habitude devient une seconde nature.
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- Mais pour qui elle se prend. Cette espèce de salope.
Faith riait de plus belle.
- C’est pas tous les jours que je t’entends utiliser ces mots-là, Arlis. Allez, lâche-toi un peu, ça fait du bien. Répète encore une fois.
- Espèce de salope.
- Plus fort.
- Salope.
- Plus fort, je te dis. Il n’y a personne pour t’entendre.
- SALOPE !
Le mot a claqué comme une détonation au milieu des champs. Faith s’est remise à danser sur place, l’expression toujours rieuse, satisfaite d’avoir été celle qui pressait la détente.
- Hein, que ça soulage ?
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Et comme je me tenais là, devant la tombe (...), il m’a semblé soudain qu’on me regardait. Derrière mon dos, une présence. Pas comme celle de la dame à la petite croix dorée, depuis la tombe qu’elle récurait. Pas comme celle d’un passant. Une présence plantée derrière moi. Mais pas vraiment charnelle.
J’ai cru sentir un courant d’air, ou une vague d’électricité statique. Quelque chose d’aussi peu concret. (...)
Quelque chose. Qui n’aurait pas de chair pour me toucher. Je n’osais pas me retourner, par peur que ce seul geste suffise à la faire disparaître.
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Elle m’avait expliqué qu’ils avaient un jour pour honorer leurs morts, pas très loin de la date d’Halloween. Tout gamin, je m’étais demandé s’ils débarquaient dans les cimetières en costume de fantôme, avec des citrouilles creusées à la main. Mais les morts ne devaient pas se montrer prodigues au moment de la distribution de bonbons.
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- Dis Jared, elles sont où tes jambes ?
Au silence gêné de Lindy avait répondu en écho le rire de Jared, tel un crépitement de mitraillette.
- Ça t’intrigue, hein ? Figure-toi que ma mère a vendu son âme au Diable pendant sa grossesse.
Devant ma mine incrédule, il avait rectifié :
- Non, la vraie histoire, c’est qu’un loup-garou m’a pris en chasse quand j’étais petit comme toi. (...)
- Les loups-garous, ...ça existe pas.
- Tu préfères que je te dise que je les ai vendues à un marchand de pièces détachées, un jour où j’étais complètement fauché ?
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Curieux que l’inspiration vous fasse toujours défaut juste au moment de trouver des réparties cinglantes. J’aurais voulu lui rabattre le caquet une bonne fois pour toutes, mais silence radio dans mon cerveau. Je suis resté comme un idiot à ruminer ma colère.
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La lune paraissait tellement proche que j’aurais juré pouvoir l’atteindre. Il suffisait de tendre la main. On pouvait même deviner sa texture, froide et un peu rugueuse au toucher. Elle semblait tellement concrète, grosse boule suspendue en l’air, caillou phosphorescent. On ne regarde pas la lune : c’est elle qui vous regarde. Elle est toute proche et elle vous regarde. Pas comme le soleil qui vous force à baisser les yeux.
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(...) la première branche s’est trouvée à portée de main et ma laborieuse escalade a commencé. (...)
L’écorce était trop lisse pour assurer ma prise, mais juste assez rugueuse pour m’écorcher les paumes. Les branches faisaient mine de se plier dès que je m’y accrochais, histoire de me rappeler que l’homme avait renoncé à vivre dans les arbres depuis des millions d’années.
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On chasse l’ennui comme les moustiques, pour le voir aussitôt revenir à l’assaut. Comme cette pellicule de sueur au goût salé qui vous colle à la peau : on ne s’en débarrasse jamais.
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On m’a souvent raconté que je savais grimper sur le dos de l’ours avant même d’apprendre à marcher, et qu’on m’avait retrouvé plus d’une fois endormi contre sa fourrure, comme un bébé agrippé aux jupes de sa mère. Dire que la plupart des gamins se contentent d’un ours en peluche.
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