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Citations de Mélanie Fazi (275)


"Alors on s'approprie ces endroits qui font maintenant partie de la routine, ceux du trajet quotidien vers la fac ou le lieu de travail, si souvent répété qu'on en oublie de regarder autour de soi. On plonge le nez dans un livre, les pensées dans les souvenirs de la journée de travail, tout ce qui occupe le trajet en effaçant les lieux. Le regard s'endort si facilement quand on ne l'exerce pas."
GALERIE
PETIT THEATRE DE RAME
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Sa cousine s’apprêtait à lui rappeler l'interdiction de quitter la chambre (ses parents ne plaisantaient pas avec la discipline) mais Noël avait déjà bondi du lit et enfilé un gilet par-dessus son pyjama usé aux genoux. Par réflexe, Ingrid lui emboîta le pas, prête à saisir par la manche à la première gaffe. C'est que s'ils étaient pris à désobéir ensemble, la gifle serait collective. Et sa mère s'y entendait pour vous donner l'impression d'avoir les joues marquées au fer rouge du sceau de l'infamie. Une vraie tireuse d'élite.

("Le faiseur de pluie")
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La voix des morts ne s'éteint jamais. Ils sont partout et c'est eux que je traque. Elle est là, aussi, la marque de l'Histoire. Mais c'est sans doute le lot de toutes les grandes cités. Peut-on traverser les siècles et rester inchangée ? Venise, on l'a peuplé de millions d'âmes. On l'a prise pour confidente de milliers d’intrigues et de complots. Ses eaux ont caché des disparus par centaines. Il n'y a pas que les pierres qui se nourrissent du passé.
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Le temps qui passe et les jours qui se transforment en années. Arrive le moment où l'on se demande, un peu plus sérieusement, ce qu'on est en train de faire de sa vie. On commence son bonhomme de chemin, on accepte le premier boulot venu, "comme ça, en attendant", puis l'usure s'installe. On se persuade qu'on aura le temps de changer de trajectoire, mais ça rétrécit. Et ce chemin-là, il devient de pus en plus difficile d'en dévier.
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je me suis étonnée, un jour, lors d’un atelier d’écriture, qu’une participante me dise trouver si difficile d’écrire sur la folie, sujet abordé dans plusieurs de mes nouvelles. Ca me semble si naturel, au contraire, d’écrire à partir d’une vision du monde radicalement différente de celle des autres et de faire naître une forme de trouble à partir de là. Je peux m’y projeter cent fois plus facilement que dans le quotidien d’une famille ordinaire. Il suffit d’un léger pas de côté : trouver la logique qui habite le personnage et s’y tenir jusqu’au bout. C’est un exercice qui devient vite jubilatoire dès lors que l’on maîtrise l’angle d’attaque.
Tout trouve son utilité un jour. Même la différence.
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La différence entre cuisine et sorcellerie n'est pas si grande qu'on veut bien le croire. J'étais sérieuse, tu sais : tout est dans les herbes. Leur connaissance est la clé de tout, en cuisine comme en magie.

"Mémoire des herbes aromatiques"
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Tu n'étais pas tout blanc non plus, Ulysse. Tu as menti à ce type, Homère, quand il est venu te trouver pour écrire tes mémoires. Tu as menti parce que c'est le verbe qui nous façonne. Je suis de la même étoffe que toi, n'oublie pas, l'étoffe dont sont taillés les mythes. Humains, dieux ou titans, nous sommes tous de cette espèce qui n'oublie jamais, ni ne pardonne. C'est notre essence même, puisqu'on nous a créés pour la fureur et la vengeance. J'ose dire que nous y excellons.
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Et le roulis dicte mes pas, métronome détraqué, rythme bâtard. La vitesse du métro me porte, je ne touche plus terre, je suis dans le mouvement. J'en fais partie. Le long du couloir et autour de la barre, sur un sol jamais stable. Il me porte, ce mouvement, il me pousse de l'avant et m'arrache à la terre, à la crasse, au sol foulé par tous ces gens, poussière de leurs semelles.
- Petit théâtre de rame -
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Dès le premier jour, il a baissé les bras. Il a renoncé à tout d'un seul haussement d'épaules. A ses jumeaux, à sa femme, à sa vie de famille. C'est si facile de devenir une épave. Avec le chagrin pour alibi, tout devient permis.

("Élégie")
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C'est incroyable, un être humain. Ça paraît si petit, fragile, instable. Mais ça peut contenir acide et magma et rester entier. De l'extérieur, on aperçoit à peine quelques lézardes. Ça peut pourrir de l'intérieur et continuer à marcher.
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C'est incroyable un être humain. Ca paraît si petit, si fragile, instable. Mais ça peut contenir acide et magma et rester entier. De l'extérieur, on aperçoit à peine quelques lézardes. Ca peut pourrir de l'intérieur et continuer à marcher.
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J'ai appris le dessin de tes rides et de tes veines, de tes failles et de tes crevasses, la carte de tes cicatrices. Je t'ai inspecté comme une porte sans serrure apparente, à la recherche du sésame.

(dans la nouvelle "Elégie")
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J'ai appris une chose depuis tout ce temps : quand on rit assez fort, personne ne remarque que ça sonne faux.

"Le jardin du silence"
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Il constatait alors que je ne lui avais pas menti en lui promettant 'un authentique soupir capturé sur le pont'.
Ma version personnelle du chant de la mer dans un coquillage. Chacun son type d'arnaque.
Mais je ne m'étais jamais soucié de ce que devenaient mes soupirs une fois échappés de leur boîte. Ils devaient s'enfuir par la première fenêtre ouverte et se disperser dans les airs, mais
ensuite ?
Retournaient-ils s'enchâsser dans le pont ou se perdaient-ils dans la nuit vénitienne ?

[La cité travestie]
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L'infini me fait peur. Petite fille déjà, la vue des lignes droites tracées sur mes cahiers de maths m'angoissait. J'aime les espaces clos, les figures géométriques fermées sur elles-mêmes.

("Nous reprendre à la route")
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Quelque chose est cassé. Je ne sais pas comment le dire autrement. Il en va des périodes de dépression comme de la sensation de la douleur physique: avec le recul, il est impossible de se les rappeler précisément. On se souviendra de leur durée, de leur intensité ou de leurs conséquences, mais l'expérience elle-même est impossible à invoquer ensuite.
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S'enfermer dans sa coquille ne suffit jamais pour obtenir la paix. On vient vous chercher, vous titiller, vous reprocher jusqu'à votre silence. [...] Je crois n'avoir, depuis toujours, rien tant souhaité que cette petite chose si simple en apparence : voir les autres me laisser faire les choses telles que les dicte mon instinct, sans jugement ni commentaires, sans réactions perplexes ni moqueuses. Si j'aime tant la solitude, c'est en partie parce qu'elle me protège des regards et des questions.
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Le choix du motif n’a rien d’anodin, c’est un geste porteur de sens. Témoignage d’un instant qui vous accompagnera toute votre vie durant. On le choisit comme une profession de foi, un totem ou un blason. Un corps, on naît avec, mais rien n’empêche d’agir sur lui.
[dans « Serpentine »]

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L’espoir vous mine plus sûrement que l’oubli.
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Depuis, je porte sa marque sur les doigts. Comme une infection. Partout où je les pose, les couleurs s’estompent. Les textures durcissent. Et ça se propage à vue d’œil. Des plaques de gel couvrent les murs. J’aperçois encore la peinture par endroits. Plus beaucoup. De toute façon, j’en ai presque oublié la couleur.


[extrait de « Née du givre »]
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