Citations de Mélissa Da Costa (2245)
Elle venait de comprendre, avec un mélange de tristesse et de mélancolie, qu’il valait mieux pleurer toutes les personnes merveilleuses qu’on perdait plutôt que de ne jamais les avoir connues.
Je pense toujours à Philippe et j'ai toujours mal quand je pense à lui. Mais c'est comme vivre avec une entorse à la cheville. Au début, on souffre énormément, puis la douleur devient plus diffuse, plus lointaine. On a toujours mal mais on n'y prête plus autant attention, on apprend à vivre avec. Au bout d'un certain temps, la douleur fait même partie du quotidien. Elle ne nous empêche pas de vivre. Elle est là, c'est comme ça, on n'y peut rien, mais c'est presque comme si on s'en moquait.
Je n'ai jamais compris pourquoi les gens s'adressaient à leurs morts devant une pierre froide et rugueuse, aux formes géométriques trop abruptes. Pourquoi ne leurs parlent ils pas en pensée, n'importe ou, n'importe quand? C'est ce que je me suis attachée à faire jusqu'à maintenant. Fuir le cimetière, la pierre froide, parler à Benjamin dans mon esprit, au milieu de mon jardin ou dans mon salon, n'importe ou, en fait.
Il faut marcher dans l'obscurité pour apercevoir la lumière.
Denis Lapointe
Une autre porte coulissante qu’Autumn fait glisser dévoile une chambre des plus dénudées. Une fenêtre donnant sur les roseaux. Un lit double. Une armoire murale. Le tout ne fait pas plus de vingt mètres carrés. Cela suffira pour vingt kilos d’affaires. Vingt kilos d’une vie dont il ne reste rien à sauver.
Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d’aller de l’avant.
Léon a envie de l’embrasser mais il ne bouge pas. Il sait que ce qu’ils échangent, tous les deux, du fond de leurs yeux, est encore plus fort que n’importe quel baiser.
Pourquoi tu as peur qu’on t’aide ?
- Parce que quand on laisse les gens vous aider, après, on ne peut plus vivre sans eux.
Quand tu as l'impression que la vie t'éparpille en mille morceaux, quand tous tes repères s'envolent, alors transforme toi en arbre.
La vie n'en a jamais terminé. Il l'a bien compris. Tant qu'il décidera qu'il n'est pas mort, elle continuera de lui jouer de drôles de tours. Et il n'est pas encore mort. Au contraire. Il ne s'est jamais senti aussi vivant.
Le moment présent à un avantage sur tout les autres : il nous appartient.
Le van avance, bringuebalant, dans le faible crachin de cette fin de journée. Le ciel est bas, opaque. Ni gris ni bleu. Le paysage lui a rappelé un instant la Bretagne : la lumière basse, les falaises surplombant la mer agitée, bruine. Mais elle n’a jamais vu autant de vallons verdoyants en Bretagne, autant de moutons au kilomètre carré. Surtout, elle ne s’est jamais sentie aussi isolée. Aussi exilée. Aussi fragile. La dernière ville a été traversée il y a une heure. Invercargill. Une bourgade sans âme aux rues perpendiculaires, bordée de fermes et d’exploitations agricoles. Depuis, plus rien. Une route qui serpente, des vallons et des moutons par centaines, la mer et les falaises.
"Puisqu'on ne peut changer la direction du vent, il faut apprendre à orienter les voiles. C'est une phrase de James Dean. Elle aime se la rappeler quand elle a besoin de croire en elle, quand les choses lui apparaissent difficiles. Ca sonne comme un encouragement. S'adapter, c'est s'en sortir. Il faut savoir réorienter ses voiles. Toujours."
Je vais bientôt mourir et je ne me suis jamais senti aussi en paix avec moi-même. Je porte un nouveau regard sur moi, sur le jeune homme un peu stupide que j'ai été, mais ce regard est bienveillant. Je me sens grandi grâce à ces quelques mois. Je me sens élevé.
Une foule compacte qui continue de grossir. Joseph disait toujours à Joanne : Pour connaître l’âge du mort, compte le nombre de personnes présentes à son enterrement. Plus il y a de monde, plus il est jeune.
- J'aime ton inconscience, Evie. Ton besoin d'intégrité et d'absolu.
....
- Ne recommence pas avec ta condescendance à deux balles, Pierre.
Il sourit, dépose un autre baiser triste sur le haut de mon épaule.
...
À la vérité, il n'a pas tort. J'ai besoin d'absolu. Jamais je ne me suis sentie aussi bancale, aussi branlante et dispersée aux quatre vents que depuis que je connais Pierre et Clara.
Je fais une année sabbatique ici », a confié le conducteur tout à l’heure en anglais, tandis qu’il la prenait en stop. Il a la vingtaine, sent la transpiration mais ne semble pas s’en soucier le moins du monde. Il arbore un sourire insouciant et donc insupportable. À l’arrière du véhicule, les casseroles cognent contre les spatules, les portes de placards claquent dans le vide, les caisses de vêtements se promènent. Sa ne semble pas perturber le conducteur qui continue de fredonner en anglais avec son accent reconnaissable. Un Allemand. « French ? » a-t-il demandé. Elle a a secoué la tête. « I’m from Saint-Kitts-et-Nevis. Small Island. » Il a levé un sourcil, étonné. Il ne connaît pas. Il n’ose pas l’avouer. Tant mieux. C’était bien le but. Ne pas entamer de conservation sur la France, Paris, Moulin Rouge, les baguettes, le champagne, la Côte d’Azur… Ne pas entamer de conversation, tout court. Il continue de sourire et elle de fixer la route. Le véhicule s’engage sur un chemin de terre qui fait tressauter le plancher, couiner la carlingue – Nid-de-poule sur nid-de-poule. Un n cul-de-sac comme l’indique le GPS. Au bout il n’y a rien. Ou si. La mer. Un terrain fouetté par le vent, niché au creux d’une baie. Quelques emplacements à peine délimités par une végétation sauvage. Un préfabriqué pour les quelques employés. Une pancarte teindiquant “mutunga o te ao”. Un terme maori qui signifie « bout du monde ».
Elle lissa le papier et commença à lire. C'était un poème d'une dizaine de lignes, recopié avec maladresse mais sans rature :
Nos racines ne sont pas dans notre enfance,
dans le sol natal, dans un lopin de terre,
dans la prairie enclose
où jouent les enfants de la maternelle.
Nos racines sont en chaque lieu que nous avons un jour traversé.
...
- C'est d'un poète estonien. Karl Ristikivi.
Accepter de recevoir est un geste de générosité, tu sais... Peut-être encore davantage que le fait de donner.
Elle lève les yeux vers la voûte céleste, se laisse envahir par un léger vertige? Ça veut dire que je m'oublie dans le travail, que je prépare des crêpes pour Milly et Autumn, que je m'efforce d'oublier auprès d'elles le monstre que j'ai été, s'il y a quelque chose à rattraper quelque part c'est ici dans cette baie.