Citations de Michael Roch (154)
Je comprenais, enfin, qu’ils ne voulaient être qu’écoutés, car leur Roi les dominait, la nuit les dominait, et leur monde était damné
Si l’on cherchait le ciel, c’était pour s’effrayer d’autant plus des trouées improbables que formaient les cimes des tours.
Tu sais, toi, le pirate, ce qu’il en coûte de tout perdre, puis d’avoir à tout reconstruire. Tout aimer, tout perdre. Tout perdre encore, même soi, et tout reconstruire, se reconstruire. S’aimer, puis, de nouveau, tout perdre. Surtout soi. Tu le sais déjà.
Je voudrais parfois me transformer en dégoût. Cet amour qui est là, constant, en moi, je voudrais qu’il en sorte. Je voudrais me retourner comme un lapin qu’on dépèce, l’intérieur à l’extérieur, le corps visqueux, décharné, à vif, croulant sur le sol et me laisser mourir pour ne plus ressentir l’absence de ceux et celles qui sont parties.
Je bouillais intérieurement. Mes organes flambaient à l’huile de mes cauchemars. Je lui aurais vomi à la gueule, je lui aurais planté mes ongles dans ses joues, arraché ses lèvres à coups de dents, détruit sa coiffe, rongé ses liens, fendu ses jambes et sa droiture et sa morale et son empire j’aurais capturé son âme l’aurais broyée engluée dans un sarcophage de venin j’aurais sucé l’essence de sa vie pour la recracher plus loin à la surface du néant j’aurais tout englouti tout avalé tout dégueulé remâché cinq fois dix fois qu’il ne reste plus rien de lui, de sa présence dans ma vie, de son souvenir. J’aurai pilé son souvenir jusqu’à ce qu’il n’en reste moins qu’une poudre, une poussière qui se dissiperait au premier souffle.
Je ne voulais pas vivre des regrets. Quand bien même étais-je incapable de les refouler. Quand bien même leur mordant m’attirait. Je souhaitais les dépasser ; je préférais vivre des remords et mourir plein de souvenirs, aussi tristes soient-ils, et non de rêves incomplets.
Le crocodile me fait comprendre qu’il ne me sert à rien de le combattre. C’est indéniable : tous les souvenirs sont douloureux, quand bien même nous croyons qu’ils sont bons. Nous éprouvons des regrets et des remords qui ravivent les brûlures de nos actes passés. Nous sommes aussi nostalgiques des moments de joie, car ils n’existeront plus. Et la nostalgie est une souffrance. C’est pour ça que ses morsures sont cruelles. Il n’y a pas d’autre alternative que le déchirement de l’âme, lorsque celle-ci se remémore.
– Cela commence par là, continué-je. S’entretenir avec les lucioles, cartographier les étoiles, compter les amandiers, même les plus petits. Regarder la vie pour ce qu’elle va nous apporter, non pas pour ce qu’elle nous a apporté. La remercier pour sa beauté, la remercier de nous rappeler notre chance de faire partie d’un si grand projet. Le bonheur viendra tout seul, comme un grand, et il nous portera dans ses bras comme tous ceux qui nous entourent, allégés de leurs souffrances. On vous a enlevé la confiance. Il n’y a pas d’autre manière de la retrouver que de l’accorder pleinement. »
La prochaine fois que je verrai ce crocodile de pacotille, ce croque-soupir de malheur, je lui dirai que moi, Peter Pan, je suis riche d'une myriade de trésors. Je n'ai pas peur de mes souvenirs, ils sont les ancres de mon présent.
Moi, tu vois, c'est Pan. Avant, c'était Peter. Et parfois, je me dis que je n'ai pas d'autres moyens de franchir la vie qu'en la traversant en m'élançant comme au départ d'un cent mètres. Tu as un problème, dépasse-le. Su tu n'as pas de nom, trouves-en un. Fais-le briller comme si l'Univers entier était à toi. Cajole-le jusqu'à ce qu'il te représente, toi, et qu'il soit celui que tu veux devenir, celui que tu veux être au jour le jour.
- Vous, les filles, vous êtes comme les étoiles. Ça ne vous sert à rien de savoir laquelle brille plus que l’autre. Vue d’ici, qu’on soit pirate, indien ou enfant perdu, chaque étoile a le pouvoir d’illuminer à elle seule un bout de notre territoire. Vous êtes uniques.
- Mais nous sommes si nombreuses. Quelle différence y a-t-il à ça ?
- La différence, c’est la bonne étoile : il n’y en a qu’une par personne.
Être libre, ce n’est pas avoir la possibilité d’hésiter, mais c’est de pouvoir accomplir ce que l’on a choisi.
Se battre, ou fuir.
Et se comparer aux autres démolit le soi, en soi, brique par brique. Les autres paraissent toujours plus que nous : plus grands, plus beaux, plus intelligents, plus marrants, plus à l'aise, et plus heureux.
Nous ne sommes pas faits pour nous ennuyer. Nous devons garder notre esprit à l'instant présent, le précieux trésor de nos vies, l'endroit-clé d'où partent l'élan, l'envie, l'ambition, et les mille bonheurs qui en découlent. L'avenir n'arrivera jamais qu'un seul jour après l'autre.
Et parfois, je me dis que je n'ai pas d'autres moyens de franchir la vie qu'en la traversant en m'élançant comme au départ d'un cent mètres. Tu as un problème, dépasse-le. Si tu n'as pas de nom trouves-en un. Fais-le briller comme si l'Univers entier était à toi. Cajole-le jusqu'à ce qu'il te représente, toi, et qu'il soit celui que tu veux devenir, celui que tu veux être au jour le jour.
Mon désir de vengeance n’a pas disparu avec la mort de Luke et il reste des points sombres que je ne peux laisser en suspens. Je dois terminer cette course dans laquelle j’ai été placé contre mon gré. Okes n’a eu de cesse de me le répéter : je suis le seul à pouvoir y arriver.
Il faut parfois savoir lire entre les lignes et entendre parmi les paroles jusqu’à trouver la bonne interprétation.
C’est bien le moment de faire dans l’héroïsme. Je le secoue. Ce connard a tué ma femme. Il n’a pas le droit de crever comme ça. Il n’a pas le droit de mourir sans que je le décide. Il n’a pas le droit de m’ôter ma vengeance.
Les meilleures planques sont toujours les plus dures à trouver.
Tout est éblouissant et velouté. Je sens sa présence sur mon corps, son front sur mon ventre, ses mains sur mes cuisses. Lisa me chatouille avec les mèches de sa tignasse, balançant sa tête de gauche à droite, elle m’embrasse aussi, et joue avec le bout mon sexe. Je suis au paradis. J’ai enfin retrouvé ma douce. Ses lèvres arrondies titillent ma chair, l’excitent, la gonflent. Elle souffle, aspire, mordille. J’essaye de tendre une main vers elle, caresser ses cheveux auburn, mais je ne maîtrise plus mon corps. Je flotte, et l’apesanteur décuple le plaisir de sa bouche chaude.