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Citations de Michel Bataille (51)


Et, au fond, il ne s'agit en rien d'assujettir les gens ni de les émerveiller. Il suffit de les distraire. Ils s'ennuient tous, et celui qui rompt l'ennui sera le mieux aimé.

Page 61.
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Alors, toujours en silence, une nouvelle fois, une dernière fois, les deux hommes se regardent. Et toute l'expérience d'une vie passe dans ces instants : la peur, l'épouvante, le sang-froid devant l'inévitable, l'amitié et, à cause de l'amitié, le meurtre. "Chacun de nous tue ce qu'il aime, avec un baiser, un poème. Le meilleur se sert d'un couteau", dira Oscar Wilde.
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Telle est la France : c'est un cimetières de croyances et d'aventures et, par là même, une matrice infiniment féconde de croyances nouvelles et d'aventures à venir, puisque rien ne naît jamais de rien et qu'au contraire la vie découle de la mort comme le jour succède à la nuit.
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Tout le monde se dirige vers le lieu consacré à la cérémonie. C'est le grand bassin des Tuileries sur lequel on a posé un plancher. Une très grande pyramide y est édifiée. Elle est en bois mais tendue de serge noire.

Sur chacune de ses faces ont été inscrits les noms des massacres que l'opinion publique impute au parti du roi. Dans la nuit, on allume des torches dont les lueurs dansent sur les visages. Mais les flancs sombres et mats de la pyramide ne renvoient pas les reflets. Ils se dressent, noirs et tristes, précis, sur le ciel bleu sombre parcouru de nuages gris fer. La foule silencieuse est groupée sous les arbres. Vers les Champs-Elysées, au-delà de la place de la Révolution, dans la direction de l'ouest et du soleil couchant, le bleu du ciel est encore baigné de lueurs marines et, de là, comme les vents dominants de Paris sont les vents d'ouest, la flotte vaporeuse des nuages se dirige, avec une majestueuse lenteur, vers la pyramide noire.
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Toutes les vies privées, dans toutes les villes et tous les villages, en seront atteintes, dans leurs ressorts les plus intimes, et souvent brisées. Les morts se compteront par millions. Des dizaines, des centaines de milliers de monuments seront nécessaires, pour en graver la liste dans la pierre. Tous les espoirs de la jeune civilisation industrielle seront détruits. Auparavant, on faisait des projets. Plus tard, on survivra.
Jadis, on supportait les calamités, pensant que le travail humain, un jour, y mettrait fin. Cette fois, c'est le résultat même de ce travail qui, explosant jusqu'au ciel comme un fruit pourri, va donner au désastre son intensité prodigieuse, broyant la chair humaine, par les machines mêmes dans lesquelles l'intelligence et l'ingéniosité humaines s'étaient investies, sur terre, sur mer, et dans les airs.
Ce sera une guerre mondiale, et l'humanité en émergera exsangue, atteinte d'un cancer moral sans doute inguérissable...
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" Tuer un homme pour le bien du monde, ce n'est pas agir pour le bien du monde ", dit la sagesse de l'Orient.
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Nul n'a pleuré plus loin que moi. Mais ce fut dans l'ombre. Nul n'a sombré plus bas que moi. Mais il n'y a eu aucun témoin. Nul n'a hurlé plus haut que moi, mais de ma gorge, de mes mâchoires ouvertes, ne sortait aucun son. Nul n'a brûlé plus fort que moi. Mais ce furent d'invisibles flammes.
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L'assemblée des hommes est une forêt. Chacun, tel un arbre, se dresse dans la solitude de son destin. Mais les arbres communiquent ils ont un fond commun ... C'est dans la même terre que plongent leurs racines... Là, c'est même nuit, même froid, même humidité et même nourriture...
Pour les hommes, ce milieu où plongent les racines, c'est la douleur, la vieille douleur fondamentale à laquelle nul n'échappe. Et puisque la seule raison d'être d'un écrivain est de joindre les autres, leur parler un langage essentiel, peut-être, c'est dans la douleur qu'il faut plonger. Mais laquelle ? On ne connaît que la sienne. Mais elle communique avec toutes... L'écrivain est ce spéléologue, névrosé volontaire, au péril de sa paix, qui brise sans cesse ses illusions et plonge dans les eaux de la souffrance même.
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Le volume des ennuis est à peu près constant. Il n'y a que leur forme qui change. On n'est jamais tout à fait tranquille. Et en même temps, on n'en meurt jamais. Ou, plus exactement, on n'en meurt qu'une fois. Ce n'est donc pas la peine de s'inquiéter.
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Il y avait chez ce vieil homme une sorte de présence très digne, un attachement qui ne demandait rien. Et comme il ne demandait rien, on avait envie de lui donner ... Comme il ne commandait pas, on avait envie d'obéir.
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Qui était Gilles de Rais ? Homme de guerre, il fut courageux ; grand seigneur, il menait une existence fastueuse ; immensément riche, il a dilapidé une fortune.
Mais, au delà de cet homme de belle renommée, se profile soudain un autre être, étrange, ténébreux, aux actes atroces.
Ses crimes, ses perversions, comment les expliquer ?
Gilles de Rais était-il un fou, un criminel supérieurement intelligent ?
Un homme d'un autre âge qui refusait de se conformer aux lois morales de son temps et qui, à travers ses crimes, était à la recherche d'autres principes de vie, n'ayant trouvé, pour y parvenir, d'autres moyens que l'horreur ?
Et ne soupçonne-t-on pas, grâce à lui, un univers infernal où se débattent, à toute époque, des hommes dont les actes et les pensées ne sont pas connus, mais qui néanmoins existent ?
Voilà un mystère sur lequel ce livre ouvre de profondes perspectives.
(quatrième de couverture du volume paru dans la collection "l'aventure mystérieuse" aux éditions "J'ai lu" en 1968)
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Le 20 avril 1792, la France déclare la guerre à la Hongrie. La Hongrie est loin, on ne sait pas exactement où, et personne n'y prend garde. Le roi fait à l'Assemblée un discours médiocre et ensommeillé, comme d'habitude. Pourtant la guerre ne cessera plus jusqu'en 1815, à Waterloo.
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Au delà de la morale, Maurice et grand-père représentaient deux générations de gens d'affaires, aux systèmes plus que différents, incompatibles : les industriels, les financiers.
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- Je commence à assimiler votre style, dit le directeur. Mais il me semble difficile d'aller beaucoup plus loin…
- On peut toujours aller plus loin.
- On ne peut être péremptoire jusqu'à l'absurde.
- Si.
- Mais…
- Monsieur le directeur, vous connaissez le proverbe : « Chien qui aboie ne mord pas ». Nous sommes en ce pays parmi les plus grands braillards du monde. Quand on braille, on ne mord pas. On a la bouche grande ouverte, on avale tout.
- Il y a tout de même une différence entre les chiens et les hommes…
- Oui, les chiens sont fidèles.

(page 115)
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Et s'il s'agit de l'explosion d'un des grands oiseaux atomiques occidentaux, je peux compter sur l'accord tacite de toutes les forces militaires pour nier l'évidence aussi loin qu'elle sera niable.

Page 35.
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Et comme tout, dans la vie, finit par survenir à son heure, mais qu'en général elle sonne trop tard, nous finissons par découvrir "notre" plage, mais c'est trois jours avant de repartir.

Page 23.
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Voilà un sujet de réflexion pour la psychologie des profondeurs : l'enfance redécouvre par elle-même les grands symboles magiques.

Page 20.
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Nul n'a pleuré plus loin que moi. Mais ce fut dans l'ombre. Nul n'a sombré plus bas que moi. Mais il n'y a eu aucun témoin. Nul n'a hurlé plus haut que moi, mais de ma gorge, de mes mâchoires ouvertes, ne sortait aucun son. Nul n'a brûlé plus fort que moi. Mais ce furent d'invisibles flammes.
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Austin était plus philosophe que moi.Il revenait, en vélo, du catéchisme à Puymermiers. On leur avait raconté l'histoire du péché originel, le serpent, Eve qui fait manger la pomme à Adam, le malheur. A la fin, pour voir s'ils avaient écouté, le prêtre leur avait demandé quand le couple avait été chassé du paradis terrestre.
- Et tu sais ce qu'a répondu Denis, du grand mas? En octobre. La tête du curé, ça valait mille. Il roulait les gros yeux et disait: mon Dieu, en octobre, mais comment tu sais, mais pourquoi, mais comment? Et ici le Denis l'a eu... Parce que c'est la saison des pommes, il a dit. On était roulés par terre...
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La Bastille dort, blanche sous la lune, haut donjon imprenable dont les murs presque aveugles dominent tous les immeubles d'alentour. On dit qu'ils délimitent une cour sans une seule fenêtre, puits de maçonnerie où l'on devient fou.
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