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Critiques de Michel Rostain (127)
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Le fils

Un très beau récit sur la perte d'un enfant qui ne tombe jamais dans le larmoyant.
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Le fils

Le 25 octobre 2003, le fils de Michel Rostian décède d’une méningite fulgurante à l’âge de 21 ans. Tout au long de ces 170 pages, sept ans plus tard, Michel Rostian nous fait le récit des derniers jours de son fils, mais aussi les jours douloureux qui suivent sa disparition.



Que le fils disparu, surnommé Lion, soit le narrateur de ce récit donne une force toute particulière à ce roman qui a obtenu le prix Goncourt du premier roman 2011. Pour ma part, je l’ai ressenti comme un signal de la présence de ce fils disparu, mais pourtant toujours là.



Les parents sont dans la douleur, mais le ton donné est celui de l’ironie affectueuse du fils : « Arrête de dire des conneries papa ». Car au fil des jours qui entourent ce drame, le père cherche inexorablement les signes d’une mort annoncée par un renoncement quelconque à la vie de la part du fils, fort de la conviction que la mort ne survient que lorsqu’on baisse la garde. Bingo ! Son fils avait pris rendez-vous avec une psy de la médecine préventive universitaire.



Page 22 : « Tout de même, les doutes envahissent papa. Peut-être étais-je en analyse depuis longtemps, et je n’en avais rien dit, surtout pas à lui. Peut-être étais-je à un moment difficile du chemin, et il n’y avait vu que du flou. Papa cerné par mille doutes, mille remords. Il aurait dû…Ponctuation permanente du deuil, l’infâme culpabilité fait son boulot. C’est ce qu’on appelle les regrets éternels. »



Pourtant, Lion ironise et lui met sous le nez toutes les preuves de son désir de vie comme un abonnement presse qui arrive le lendemain de la mort, le concert de rock prévu dans deux jours,…



Et puis, ce type de narration permet le récit distancé de ce qui pourrait se révéler brut de décoffrage de la bouche des parents : car comment ne pas tomber dans le larmoyant en racontant le rangement de l’appartement du défunt, ou dans le morbide en racontant le choix d’un cercueil ? Ces moments se voilent alors d’une tendresse et d’un réalisme pourtant inouï , si bien qu’à la lecture de ces toutes premières pages, encore imprégnée moi-même du deuil d’un être cher, je me suis demandée si je pourrais continuer cette lecture :



Page 10 : « Le onzième jour après ma mort, Papa est allé porter ma couette à la teinturerie. Monter la rue du Couédic, les bras chargés de ma literie, le nez dedans. Il se dit qu’il renifle mon odeur. En fait, ça pue, je ne les avais jamais fait laver ces draps ni cette couette. Ça ne le choque plus. Au contraire : subsiste encore quelque chose de moi dans les replis blancs qu’il porte à la teinturerie comme on porterait le saint sacrement. Papa pleure le nez dans le coton. Il profite. Il sniffe encore un coup la couette, et il pousse enfin la porte du magasin. Papa ne peut plus traîner. Condoléances, etc. Le teinturier recondoléances, etc. débarrasse papa de la couette. Papa aurait voulu que ça dure, une file d’attente, une livraison, une tempête, juste que ça dure le temps de respirer encore un peu plus des bribes de mon odeur. Papa se dépouille, il perd, il perd. »



Car Michel Rostian choisit de ne rien nous cacher, depuis la découverte alarmante des tâches violacées sur le corps du fils quelques heures avant la mort, en passant par les clichés pris à la morgue comme une furieuse envie de ne rien effacer, jet enfin usqu’au choix brutal de l’incinération imposée par la mère et la gestion logistique des cendres.



Par dessus tout, Michel Rostian choisit d’écrire une ode à la vie. Et si fou de désespoir , il exigeait de l’amie de son fils qu’elle crie vaille que vaille « Vive le soleil, vive le soleil quand même ! », l’apaisement non pas de la douleur, mais l’apaisement fourni par la vie, lui permet aujourd’hui de dire que oui, on peut vivre avec çà.



Un livre qui porte un écho sans nul doute pour la plupart de ses lecteurs tant la conviction est forte dans nos sociétés que rien n’est pire que la perte d’un enfant. Mais aussi un écho particulier pour moi car il traite du deuil et du chemin long, incontournable ,pour parvenir à la sérénité malgré les fameux « éternels regrets ». Je suis persuadée également que la puissance de ce livre tient au fait qu’il ait été écrit sept ans « après ».
Lien : http://lectureamoi.blogspot...
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Le fils

Le fait, pour un parent, d’assister à la mort de son enfant plutôt que le contraire m’a toujours semblé une insulte suprême à l’ordre naturel de l’univers. Nous ne sommes pas programmés génétiquement pour survivre à nos descendants. Et pourtant, cette tragédie, certains n’ont pas le choix que de la vivre.

(Lire la suite...)
Lien : http://plaisirsdemodes.com/l..
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Le fils

Oeuvre très touchante. L'auteur a un style correct, qui lui permet surtout de provoquer des émotions chez le lecteur. Trop sensibles s'abstenir ...
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Le fils

Je n'aime pas les récits larmoyants et c'est justement parce que l'on m'avait dit que ce n'était pas du tout le cas que je me suis autorisée à lire "Le fils" de Michel Rostain.

La perte d'un enfant est indescriptible, je le pense et depuis que je suis maman, je refuse d'y penser justement. Sans doute parce que c'est un peu contre nature. Les parents ne doivent pas survivre à leur descendance. L'ordre ne serait pas respecté.



Michel Rostain n'est pas un écrivain, du moins, c'est son premier roman publié. Jusqu'ici, il racontait des histoires, mais à travers la musique.

Né en 1942, Michel Rostain est avant tout un metteur en scène d'opéra.

Il dira d'ailleurs que c'est la mélodie de la voix de son fils qui a rendu possible l'écriture de ce récit. Il a souvent eu l'impression de le sentir pas très loin de lui après sa disparition brutale, une méningite foudroyante.

En tout cas, ce premier ouvrage fut couronné par le prix Goncourt du premier roman.



Ce que vous pourrez lire en quatrième de couverture :



Avec une écriture incroyablement percutante et lucide, un père fait parler son fils Lion, foudroyé par une méningite à 20 ans, pour raconter le deuil difficile, heurté, et pourtant inéluctable.

Par la voix tendre et ironique de son fils, Michel Rostain nous dit tout, du plus bouleversant au plus absurde, sur les jours et les semaines qui suivent la mort : emmener la couette chez le teinturier, les achats de supermarché, chaque minute du jour fatidique, le marketing des catalogues de cercueils, mais aussi ses secrets, la musique, le théâtre, l'éruption du volcan islandais… Il nous dit aussi le chaos et la solitude qui suivent l'enterrement, quand l'absence commence véritablement, et la vie qui force, pourtant, son chemin têtu jour après jour.



Ce que j'en ai pensé après l'avoir lu :



Le livre est assez court (173 pages en tout), mais c'est un beau condensé sans être indigeste.

Il y a indéniablement un style très contemporain, percutant, rythmé, presque saccadé comme si ces secousses rendaient mieux compte de la douleur. De ces chocs à répétition, on retire une chose : ils vous font comprendre que l'être cher n'est plus là et qu'il vous manque. Des piqûres de rappel amers, insidieuses.



Le narrateur est le défunt, ce jeune homme, étudiant, plein de vie, fauché par un méchant microbe en moins de 24 heures.

Il utilise un ton très actuel, assez spontané. Il observe son père et commente ses faits, ses gestes, sa tristesse. Il n'est plus là physiquement, mais on ressent bien sa présence. Je comprends mieux ce que voulait dire Michel Rostain en évoquant sa façon d'écrire ce récit. Il sentait son fils et c'est lui en quelque sorte qui lui a permis d'écrire cet ouvrage. Il a été son secrétaire.



On va s'attacher à des petits riens.

Tous peuplent nos vies et on les laisse derrière nous quand on disparait. Nos proches les voient comme des reliques, cherchent à comprendre des éléments qui leur resteront parfois à jamais obscur. Ils culpabilisent aussi, se demandent si… Mais non, c'est impossible. Ils imaginent tout un tas de choses.

Ces petits rien sont aussi autant de petits bonheurs. Des perles de la vie qu'il faut cueillir.



Le plus surprenant, c'est que l'on ne tombe jamais dans le voyeurisme malsain alors que l'on nous donne des détails très personnels. J'imagine bien que Michel Rostain a transformé un peu le tout, mais la base est bien réelle (hélas pour lui car c'est de son fils unique dont on parle).

Il y a même de belles touches d'humour :

"Sûr, si les cendres de Lion sont déposées là, ils vont se tirer une balle."

" Je n'ai rien à dire : un mort ça ferme sa gueule. D'ailleurs, un mort, ça n'a pas de gueule."

Elles rendent l'ouvrage tellement humain, tellement parlant.



C'est un livre qui respire, transpire la vie alors que l'on n'y parle que de mort. Mais la mort fait parti de la vie et oui, on peut vivre avec ça !
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Le fils

Michel Rostain a réussi l'impossible : mettre des mots justes sur le pire qui puisse arriver. Ce livre parle de la douleur causée par la perte de son enfant et de comment on vit avec ça mais c'est surtout la plus belle déclaration d'amour d'un père pour son fils trop vite disparu.
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Le fils

J'admire ceux qui ont le courage de se jeter à corps perdu dans un premier roman...

L'exercice n'est pas simple. Et dès lors que ce premier roman retrace une part de sa vie, quel intérêt y voient les autres ?

Il n'y a aucune raison sauf à ce qu'il soit arrivé quelque chose.Quelque chose de grave idéalement et là, le monde s'intéresse à la vie de l'autre...

Michel Rostain a perdu son fils de 20 ans, foudroyé par une méningite.

Au-delà de la curiosité qui me pousse à lire ce genre de roman triste, j'ai été charmée par l'angle du récit pris par l'auteur. C'est le fils perdu qui parle, et c'est poignant...

2 récits sur la perte d'un enfant en peu de temps, et les deux m'ont fait pleurer et rire aussi. AM Revol "nos étoiles ont filé" m'a fait le même effet.

2 auteurs qui usent de l'écriture comme d'une thérapie, c'est beau et c'est fort.

Un roman que je recommande.

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