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Critiques de Michel Rostain (128)
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Le fils

Un inclassable sur la perte d’un enfant. Lequel est le narrateur.

Un récit brut, qui ne cache rien, et qui trouve un juste milieu entre poésie et réflexions autour de la perte d’un être tant aimé tout en évitant de tomber dans le larmoyant.

Ceci dit, j’ai eu vraiment du mal à m’y plonger justement à cause de ce qui en fait la force : c’est un récit extrêmement personnel et j’ai été gêné d’entrer à ce point dans l’intimité d’un couple.

À chacun de voir donc, en fonction de son ressenti et de son vécu.
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Le fils

Deux lectures de ce récit, ce qui est rare de ma part. Mais avec un avant et un après : le décès de notre fils, parti aussi trop tôt -39 ans- et surtout trop vite comme "Lion" dans ce livre poignant.

J'ai revécu pas à pas la démarche originale de Mr Rostain qui donne la parole à son fils défunt. L'exercice n'est pas facile sur la durée d'un livre entier. L'exercice est réussi car les émotions sont intactes et les interrogations, la culpabilité sont parfaitement restituées. C'est un livre qui fait du bien , surtout ce qui fait du bien, c'est de pleurer avec l'auteur !
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Le fils

Il aura fallu le Drame pour que Michel Rostain prenne la plume et adresse à ce fils disparu cette lettre d'amour .

A travers rires et larmes, Michel Rostain raconte ou plutôt laisse le soin à Lion,le fils , de raconter les quelques jours qui ont précédé son décès, les jours et les semaines qui ont suivi..

A travers rires et larmes, Michel et Martine, Martine et Michel, essayent de trouver le chemin qui leur permettra de survivre à l'inimaginable, à l'intolérable, à l' inacceptable.

A travers rires et larmes, merveilleusement bien entourés, ils vont avancer pas à pas

A chacun son chemin, à chacun sa façon de " faire son deuil" selon l'expression consacrée.

A chacun son ressenti personnel vis à vis d'un texte aussi intime.
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Le fils

Le fils/Michel Rostain

Prix Goncourt du premier roman 2011.

Je commence ma lecture…

Dès le deuxième paragraphe, je suis mis face à une situation étrange, inattendue et paradoxale, pour ne pas dire incongrue teintée d’humour : « Le onzième jour après ma mort, papa est allé porter ma couette à la teinturerie. »

Bon, je n’étais pas préparé à une telle claque et j’essaye de m’en remettre et je réfléchis …

Lion, le fils, raconte sa maladie, son agonie et sa mort à 21 ans suite à une méningite fulminante ; et ce qui suit.

Car la mort est une chose, mais les tracas à suivre en sont une autre : à peine mort, il faut préparer les obsèques.

Les obsèques de Simon, ami du père de Lion furent une répétition pour les parents de Lion. Au grand oral de la mort se greffent une série de situations burlesques où la dérision le dispute au tragique et au cynisme.

« Pas facile de gérer la mort, entre profane et sacré…. Le deuil est une école de réalisme. »

Tout au long de ces lignes on découvre l’amour immense d’un père pour son fils. L’injustice, comme si la justice avait quelque chose à voir, et l’inéluctabilité inhérentes à ce drame contre nature torturent des parents qui n’imaginaient pas un instant devoir survivre à leur descendance. Le deuil, ils vont le porter tel une croix pendant longtemps, de façon assez originale.

J’ai beaucoup souri à cette lecture, mais avec une lourdeur au corps comme si j’avais pris un coup violent.

« Ma tombe est l’une des rares sépultures du cimetière à ne pas être surmontée d’un christ en croix, tête penchée à droite. (Question : pourquoi si peu de christs ont-ils la tête penchée à gauche ?) Finalement c’est une tête de lion sculptée dans la pierre par un ami qui siégera sur le tombeau. »

« Syllogisme : papa pleure chaque fois qu’il pense à moi. Papa n’est heureux que lorsqu’il pense à moi. Papa est donc heureux chaque fois qu’il pleure. »

Michel Rostain cherche dans ce récit à faire passer un message, lui qui a connu ce drame. Et la trouvaille narrative consistant à faire de son fils le narrateur, je la trouve astucieuse et intéressante : elle donne plus de force à l’ensemble de l’écriture, même si le style est un peu ordinaire, mais cela n’a pas réellement d’importance. Ce livre n’est pas une œuvre littéraire, c’est certain. Mais c’est une œuvre pleine de bon sens et de réalisme. Rostain le dit bien : faire attention aux « toujours » et « jamais », dont on use imprudemment lors d’une détresse liée à la disparition d’un être cher.

Le feuilleton final des cendres aux multiples rebondissements et un passage inoubliable. Le rôle du volcan islandais ne paraissait pas devoir prendre une telle importance.

En somme, c’est un bon livre, non seulement émouvant certes, mais aussi et surtout un hymne à la vie dont la mort fait partie paradoxalement, hélas.

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L'étoile et la vieille

L’étoile et la vieille/Michel Rostain



Vous avez dit roman ? Alors je vous le dis tout net : ce récit m’a semblé n’être qu’un bavardage insipide et ennuyeux. Au bout de quatre-vingt pages, il ne ‘est toujours rien passé et il ne va rien se passer je le parierais. L’ennui persiste et la dérision perdure et adieu le plaisir !

Je poursuis ma lecture toutefois jusqu’au terme… et apparaît une éclaircie dans le final…avec une allusion à Mahler et Dietrich-Fiskau pour accompagner une réflexion sur la vieillesse.

Pauvre Yvette Horner si mal racontée, si mal traitée :

« Le metteur admire que le régisseur sache si bien faire avec les vieilles. »

Quoique l’on fasse ou dise, le terme « vieille » reste péjoratif.

De plus je ne suis pas certain qu’il y eût là matière à écrire un roman.

Je me suis demandé à plusieurs reprises qui pouvait bien avoir été passionné par ce récit, qui pouvait être intéressé par les préparatifs d’un gala qui occupent une large part du livre ! Gala dont on ne sait pas s’il aura vraiment lieu…

Je le dis tout net aussi : je n’aime pas le style de Michel Rostain, un style qui se veut actuel, populaire, intello avant-gardiste truffé d’abréviations et de superlatifs, d’hyperboles et de barbarismes. Et du verlan ; et des énumérations pour initiés. Nous sommes loin de Rabelais. La vulgarité et les néologismes peuvent faire recettes, mais je n’accroche pas.

J’avais lu « Le fils » et j’avais mis trois étoiles : c’était un roman original et prenant, quoique d’un style assez lâche. Pas franchement un chef d’œuvre, mais intéressant.

Mais là ! Je pense qu’une étoile suffira.

Une seule phrase qui n’a rien à voir avec le sujet a retenu mon attention par sa regrettable justesse :

« Quand on prête un livre, c’est comme si on le donnait, il ne revient jamais. »

Je crois que je vais prêter celui-ci à la première personne venue…

Amateurs de littérature, passez votre chemin.

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Le fils

J'ai laissé passer le temps pour écrire quelques mots sur ce récit autobiographique qui m'a beaucoup touchée. Un fils meurt et ses parents inventent une nouvelle manière pour continuer à l'aimer, continuer à vivre dans son souvenir, heureux. C'est affreusement triste et bouleversant d'amour et de joie malgré tout. Un livre sur les deuils qui semblent impossibles. A lire !
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Le fils

Après "Vivre vite" me voici de nouveau en deuil. Je ne sais pas pourquoi j'ai enchaîné les 2 ... Quelle drôle d'idée !

Toujours est-il que ce fils décédé prématurément à 21 ans en 2 jours m'a transportée.

C'est ce fils qui raconte ce deuil impossible d'un père ivre de chagrin et de douleur. Pour autant, il n'est pas triste ce fils avec son observation acerbe de la folie qui gagne ses parents. Pour lui, c'est acté il est mort. Mais voilà papa est bien vivant et se souvient de la moindre seconde qu'il a peut être perdu avec ce fils tant aimé.

J'ai pleuré ... beaucoup, j'ai souri aussi, ... beaucoup. Des moments intenses d'amour, des moments cocasses d'absurdité . Finalement un merveilleux moment de lecture.

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Le fils

J'ai été happé directement par ce récit dont le narrateur est le fils mort de l'écrivain. Et qui relate les alentours de cette mort inopinée et bouleversante. Hélas, ce point de vue m'est devenu artifice au fil des pages, l'histoire, se bornant à une narration de deuil. Alors, oui, quelques détails et subtilités touchent. Mais j'en suis persuadé, n'importe quelle mort peut être romantisée, mythifiée, ou romancée. A souhait. Et c'est un privilège que de pouvoir le faire.

Tous mes voeux à Michel Rostain et à ses proches, car ça reste un "beau" boulot. Un boulot nécessaire pour lui, sans aucun doute. Fallait-il publier... Ca reste la question sempiternelle.

Le Goncourt (du 1er roman) qui à mes yeux est un prix "littéraire" n'était pas nécessaire. Ce livre est bon sur ce plan, mais on a certainement lésé d'autres plus méritants.



Parenthèse : N'espérez pas un destin standard pour un enfant qu'on choisit d'appeler "Lion". Car c'est semble-t-il son vrai prénom. Just in case : Tiger Woods est seulement le surnom de Eldrick Tont Woods. Et aucun Américain ne s'appelle Bill, c'est William. Bref, je m'égare peut-être.
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Le vieux

Décidemment cet auteur est attiré par la vieillesse car après » L’étoile et la vieille » voici « le vieux » !



Ce roman se divise en trois moments : la peur du Vieux de ce qu’il appelle « les bombes » c’est à dire tous ceux qui meurent autour de lui ou qui sont atteints de maladie dégénératives. Il rencontre à un enterrement d’une femme qu’il a aimée autre fois, la fille qu’il a élevée pendant quelques années, Camille qui est devenue actrice et metteur en scène. Il va croiser aussi Simon un jeune acteur très beau qui le questionne sur le suicide assisté.

La deuxième partie tourne autour du suicide de Simon et de l’opéra que Camille et lui voulaient monter « La flûte enchanté ». Le vieux qui a monté plusieurs opéra a toujours souffert de n’avoir jamais réussi à monter cette œuvre de Mozart. Nous verrons comment l’équipe d’acteurs et de chanteurs vont vivre ce deuil brutal et apparaît un personnage étrange une bretonne comme je n’en ai rencontrée que dans des contes, qui fait des crêpes et qui racontent des légendes en particulier autour de l’Ankou (la représentation de la mort en Bretagne), elle est la concierge du théâtre et jouera un rôle dans le suicide de Simon on découvrira un personnage obsédé par la mort, très déséquilibré et alcoolique.



Enfin la troisième partie, nous apprenons le prénom du vieux : Jean-Michel qui vit avec une ancienne cantatrice, Mireille, et ensemble ils décident de mourir en utilisant le suicide assisté , ensemble ils auront le COVID et ensemble, ils s’en sortiront et finalement ne se suicideront pas.

Plusieurs thèmes se croisent dans ce roman, la représentation théâtrale, la vieillesse et surtout la mort.



J’ai assez bien aimé la première partie, franchement détesté la deuxième avec cette bretonne sortie dont on ne sait quel imaginaire et qui ne rend pas justice aux bretons que je connais et la troisième est quasiment insupportable, cette description de ce couple qui veut mourir dans la dignité et qui, au dernier moment se raccroche à la vie m’a absolument dégoutée .



Au moment où je rédige ce billet des bombes, des vraies celles-là, tombent sur Kiev et cela explique beaucoup mon dégoût de cette fascination pour la mort de ceux qui ont tout pour vieillir tranquillement. J’exagère peut-être mais c’était bien le thème de Michel Rostain, la mort et celle-ci frappe à notre porte de façon tellement plus terrible et l’on se rend compte que le plus souvent l’homme ne choisit plus rien .
Lien : https://luocine.fr/?p=14700
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Le fils

C’est un coup de poing que l’on prend en plein cœur, l’auteur, Michel Rostain perd son fils, emmené par une méningite foudroyante. Pour autant il n’est pas le narrateur de ce livre, c’est bien son fils, la voix qui n’est plus, qui narre son père de la naissance des symptômes jusqu’au désespoir absolu. Commence une réflexion , les remords , les regrets , la douleur , les derniers jours sont passés au peigne fin , un père se raccroche à tout pour continuer à faire vivre un fils , comprendre , mais surtout poursuivre un chemin de vie.

« Quand on demandait à papa quel était son signe astral, il ricanait. Il disait qu'il se foutait éperdument de connaître son signe du zodiaque, et encore plus son ascendant. Il ajoutait qu'il ne savait qu'une chose, le nom de son descendant : "Lion", moi. Aujourd'hui où je viens de mourir, papa n'a plus rien, ni ascendant ni descendant »

Larmoyant, non. Pourtant l’on pleure bien, non pas par les lignes de Rostain , mais par sa sensibilité qui s’en échappe , par l’humanité qui en découle.

On rit, oui. Pourtant le thème ne s’y prête pas, l’analyse d’un jeune homme de 21 ans décrivant les tourments et maladresses de son père sont parfois risibles.

Si la démarche d’un tel livre peut en rebuter quelques-uns, le contenu les réconciliera en vue d’une approche si insolite autour de cette épreuve.

C’est un appel à la volonté, celle d’un père enfermé lui-même dans le cercueil de la souffrance, celle d’un père qui au travers de la philosophie fait subsister son fils, celle d’un père qui a la crainte que toutes parcelles d’existence de son enfant partent en fumée.

C'est aussi un merveilleux message d'espoir , d'une grande dignité.
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Le fils

Michel Rostain nous livre un récit intime, le récit des derniers jours de son fils et des jours qui ont suivi. Ce livre nous percute dès les premières lignes. "Papa fait des découvertes. Par exemple, ne pas passer une journée sans pleurer pendant cinq minutes, ou trois fois dix minutes, ou une heure entière. C'est nouveau."



Le ton est donné, l'émotion est palpable. Au fil du récit, on passe des larmes aux rires tant l'auteur manie l'humour noir avec brio. On sent toute l'émotion de ce père, de cette mère. Toutes ces fois où il se rejoue le scénario des dernières semaines, des derniers jours, les "et si", la culpabilité, la recherche de signes dans les moindres recoins, le manque du toucher, de la voix. Leur vie semble s'être arrêtée en même temps que celle de leur enfant, et pourtant... Pourtant la vie continue, elle doit continuer. Michel Rostain nous montre que le chemin est long mais que la vie est belle malgré tout.
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Le fils

Michel Rostain écrivain et metteur en scène de théâtre lyrique et musical a perdu son fils âgé de 21 ans d’une méningite foudroyante en 2003. Avec ce livre, dont le narrateur est le fils disparu, l’auteur fait un récit subtil et intense de ce deuil terrible pour lequel un ami lui a dit “ On peut vivre avec çà”. Et à travers la voix ironique et tendre de son fils il signe là un vrai hymne à la vie. Ma fille cadette qui l’a lu avant moi, l’a beaucoup aimé, j’ai eu un peu plus de mal à le lire parce que trop d’empathie pour ce père me bouleversait malgré la distance, l’humour et la dignité de ce témoignage sans pathos ni plainte...Avec le recul, et j’en ai quelquefois besoin pour remettre en place idées et émotions au sortir d’un livre, je me dis qu'il fait partie de ces livres forts qu’on n’est pas prêt d’oublier...
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Le vieux

Un roman magnifique, simple à lire et pourtant très original. Décidément j’aime cet auteur - toujours à la frontière de la vie et de la fiction. Comme un roman d’initiation cette fois, roman d’initiation à la fin de vie, et pourtant sans une ombre de tristesse ni de mélo.
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Le vieux

Quel beau moment de lecture..

Le vieux un ancien metteur en scène apprend la mort d un ami un de plus.

Sa compagne est toujours à ses côtés partageant les mêmes passions.

Une rencontre un drame va survenir..

Mais le. Spectacle doit continuer

Show must go on..

Ce roman est un magnifique hommage aux théâtre à l opéra a la scène en général le covid y est évoqué donnant une force supplémentaire au texte

Roman tendre sensible et qui pose la question sur la vieillesse et la fin de vie

Plaisir de lecture et véritable découverte

9/10
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Le fils



J’ai retrouvé ce récit dans ma bibliothèque, complètement vierge de lecture, j’avais dû le glisser là à l’époque, puis l’oubli et la machine de la vie avait fait le reste. J’ai finalement mis la main dessus durant le premier confinement en dépoussiérant les rayons de mes lectures antérieures achevées ou inachevées.

Le corps s'en va ... et l'âme reste aurait-on envie de dire suite à la découverte de ces lignes racontant la vie post mortem d'un fils unique décédé d'une méningite à l'âge de vingt et un ans.

Son esprit plane au-dessus de la lande bretonne à l'image d'un drone druidique capable de déceler le moindre sentiment, renonciation, lutte pour continuer à vivre sans lui chez des parents contraints entre matérialisme et spiritualité, bien des choses qu'il était incapable de mesurer de son vivant parce que le feu de la vie empêchait la contemplation et que tout allait trop vite.

Face à la mort, la réalité n’a point tué la fiction. Belle allégorie que ce voyage au pays de feu et de glace se réveillant en 2010 pour ralentir les aiguilles du temps, un peu comme aujourd’hui en ces moments de crise sanitaire

Le sommet du volcan au nom imprononçable exhumait les cendres du fils de Michel Rostain et j’ignorais qu’elles étaient la cause d’une immobilisation à Shangaï lors de mon premier voyage d’affaire en Chine.

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Le fils

Le fils

Michel Rostain

récit

éditions Oh, 2011, 171p





Ecrire a sans doute des vertus thérapeutiques. Mais le but du livre, outre d'avoir l'impression que l'on est près de, avec, son fils, et de toute façon, on n'a jamais eu un enfant, on l'a toujours, comme dit Marina Tsvetaïeva, est de témoigner qu'on peut vivre avec ça, comme avait dit à l'auteur un ami victime de la même tragédie, ça, le vide que laisse la disparition d'un enfant, ici un fils de 21 ans terrassé par une méningite foudroyante. Michel Rostain dit aussi qu'il avait envie d'écrire, et que la mort de son fils l'a sûrement amené à passer à l'acte.

Le père et la mère travaillent dans le domaine lyrique, Michel est metteur en scène d'opéra, Martine, sa femme, à qui le livre est dédié, travaille avec les comédiens de l'école du théâtre national de Bretagne ; ils n'ont que ce fils, Lion, prénom particulier, qu'ils n'ont jamais poussé à faire quelque chose qu'il dit ne pas aimer. Le père est sujet à la mélancolie, le fils aussi, semble-t-il. Le fils, comme beaucoup de jeunes, prend du shit, joue aux jeux vidéo des nuits entières, aime la musique, mais pas la classique. Il a des copains avec qui il rit, s'éclate, une copine ; avec ses parents, il est réservé, mais ils se voient souvent. Le fils est en licence de philo, aimerait faire un master en Islande. Il a plein d'envies.

C'est le fils qui parle, et au présent de l'indicatif, il est toujours là, vivant, il est le narrateur du livre. Il dit l'abattement, le chagrin irrésistible, de ses parents après sa mort . Il dit que le père fouille, oui, oui, ses papiers pour trouver la juste réponse - à quoi ? Il dit aussi la messe de deuil, l'incinération, et pour le père, élevé catho c'est dur, les fleurs blanches, le choix du cimetière, la vie qui continue, la dispersion de quelques cendres sur un volcan islandais, ce volcan dont les cendres paralyseront la route du ciel cinq ans plus tard. Dans le lac près de ce volcan, une amie verra une tête de lion !Il dit aussi combien ils sont entourés d'amis solides. Ils leur offrent d'ailleurs le voyage en Islande. Il dit la « mécanique des funérailles », le tarif des cercueils qui peuvent être extravagants, tarifs comme cercueils, le thanatopracteur, l'affreuse Sécu qui refuse de traiter le dossier médical de la mère si elle ne fait pas rayer le fils du livret de famille !

Le livre paraît huit ans après la disparition. Il est découpé en chapitres, eux-mêmes découpés en paragraphes. Il y est question de musique, de philo, d'amitiés, de tendresse et d'amour, du manque terrible mais que l'on doit appeler présence, auquel on doit souhaiter la bienvenue, comme y invite Erri De Luca. La lecture n'est pas pesante. Elle est évidemment émouvante, mais elle se veut roborative, un hymne à la vie avec ses drames et ses drôleries. Vive la vie, dit Michel. La mort ne vaincra pas.

Et voilà ce livre plein de pudeur et d'amour fou, qui a obtenu le prix Goncourt du premier roman. Ce succès, malgré l'impossible, l'impensable peine, a fait plaisir au père. C'est ça aussi la vie, les contradictions.
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Le fils

Sur le même thème – la tragédie que constitue pour un père de perdre son fils – ont paru deux livres il y a quelques temps : "Tu verras" de Nicolas Fargues – Prix Télérama France Culture - et "Le fils "de Michel Rostain – Goncourt du Premier Roman.

Deux pères que le tragédie bouleverse profondément : l’un perd son fils adolescent dans un accident de métro (Tu verras) l’autre par suite d’une méningite foudroyante non détectée à temps (Le fils). Mais la comparaison s’arrête là.



Car le point de vue qu’adopte Michel Rostain est bien plus original : il donne la parole – fictive, par définition – au fils défunt.

Celui-ci s’adresse à tous, et à son père en particulier.



Se déroule le récit des jours qui ont précédé la tragédie – comment le père va s’en vouloir rétrospectivement d’avoir fait ses courses pendant que son fils vivait ses dernières heures – puis le récit de l’enterrement – ses parents ont eu la bonne idée de choisir la crémation – et les mois qui suivent avec les photos qu’on regarde en boucle, jusqu’au voyage pour disperser les cendres. « On peut vivre avec ça » lui avait confié un ami au moment fatidique. Il avait raison.



Pas de dolorisme, simplement un récit juste où on entend résonner la voix d’un jeune garçon qu’on aurait aimé rencontrer. Le lecteur, jamais pris au piège du voyeurisme, suit, à travers le regard ironique du fils, les errements pathétiques mais aussi drôles parfois, de ce père qui essaye de survivre à un événement dont on ne revient pas.



Metteur en scène, notamment de spectacle lyrique, la musique est une constante pour Michel Rostain. L’auteur explique qu’il a vraiment perdu son fils, pendant la préparation d’un spectacle musical : « Notre fils est réellement mort à la fin des répétitions d’un spectacle musical que Martine et moi nous étions en train de créer. Musique de Richard Dubelski d’après des textes de Nancy Huston. Évidemment, Martine et moi, nous nous sommes demandé si nous allions annuler cette création. Nous nous sommes dit que non, il ne fallait pas, Lion faisait partie de l’histoire de notre spectacle. En plus, c’est un des rares spectacles que j’ai faits avec la maman de mon fils, avec cette femme tant aimée. »



D’un style sobre et en évitant l’écueil du pathos, Michel Rostain livre donc un récit plein d’espoir. On n’adhère pas forcément à la cascade de « signes » que l’auteur va trouver dans la fin de l’ouvrage, mais une fois le livre refermé on reste touché par l’humanisme de son auteur, et du message final sur lequel il se conclue :



"On n'a jamais EU un enfant", écrit Michel Rostain en citant Marina Tsvetaieva, "on l'a toujours !"
Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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Le fils

Émouvant, tout simplement.
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Le fils

Un roman sur un sujet difficile, la mort d'un enfant

Une écriture pas du tout pathos, mais plutôt originale, puisque c'est le fils, mort, qui raconte comment son père se débrouille pour continuer de vivre après cette épreuve. Il y a même des passages un peu drôle.

Bravo à l'auteur !
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Le fils

Quand on a conduit mille fois son enfant par la main, pour lui montrer patiemment les écueils, quand mille fois on l'a mis en garde contre tout ce qui brûle, empoisonne, tranche, asphyxie, mord ou griffe, quand on lui a appris à résister à l'attrait du vide, enseigné que l'eau peut trahir ceux qui se fient à sa douceur ou sa pulsation magique; quand on a essayé de le rendre attentif à la vie, et respectueux de tout ce qui vit, quand on croit lui avoir transmis ce qu'il y a de meilleurs en nous avec mission de le transmettre à son tour, qu'il est dur de lui survivre. Rien ne s'est accompli, rien n'est dans l'ordre. Il en est ainsi des grandes douleurs insurmontables et tout particulièrement la mort d'un enfant. La douleur n'est pas donnée en une seule fois, non, elle est donnée en quantités de douleurs successives, qui font toute la douleur, et souvent elle arrive avec fulgurance sans prévenir. Que peut-t-il survenir de pire!? rien: nous devenons invulnérable, plus rien ne nous touchera d'avantage, si ce n'est la même tragédie se répétant...elle nous tuera assurément.







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