Comment réagit-on lorsqu'un homme se jette sous le train juste devant soi, après avoir échangé un regard et un sourire? Ce n'est pas évident de réagir à ce type d'effraction et c'est ce que l'auteure tente d'exprimer dans ce roman court et intense.
La narratrice est bouleversée, et ce drame qui la fait fuir et marcher dans la ville sous la pluie, au hasard semble-t-il, au début, va entraîner une remontée de souvenirs enfuis et une réflexion profonde sur sa vie, tel un prisme.
Elle avait rendez-vous dans un hôtel avec l'homme qui partage sa vie, photographe parti s'installer à Nantes, seul, la laissant à Paris, relation qui s'est fragilisée avec le temps, le manque de communication entre eux. Il ne s'agit même plus de cohabitation, mais de deux vies qui évoluent de plus en plus en parallèle.
L'irruption brutale de la mort oblige à se poser les vraies questions: sont ils encore un couple? ont-ils encore un avenir ensemble, et quel avenir?
« Je me persuadais du lien que l'homme avait créé entre nous en me souriant avant de se jeter sous la rame, j'étais incapable de penser à autre chose. Il avait surgi, anonyme et fugace, et sans doute ne sortirait-il jamais de ma mémoire. » P 38
Michèle Lesbre raconte avec beaucoup de sensibilité et de poésie, le choc et la détresse que cette mort provoque dans les certitudes, les choix de vie et les autres morts qui sont survenues dans la vie de cette femme, tel un effet domino.
Déambuler sous la pluie, chasser cette image terrible, pour fuir l'indicible, et tenter de retrouver la paix en soi, et continuer à avancer. Les Tibétains disent de la pluie qu'elle est la bénédiction des Maîtres.
Je l'ai donc suivie et si j'ai aimé le style, la beauté de l'écriture, sa poésie, je suis restée un peu sur ma faim, car j'ai parfois eu l'impression de perdre cette jeune femme en route du fait de son indécision, de sa passivité devant la lente agonie de son couple.
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