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EAN : 9782848051345
100 pages
Sabine Wespieser (07/02/2013)
3.52/5   244 notes
Résumé :
"Puis le ronflement sourd de la rame qui s’approchait à grande vitesse a provoqué un frémissement parmi les rares voyageurs. Le vieil homme s’est tourné vers moi avec toujours ce sourire limpide, j’ai cru qu’il allait me demander quelque chose, mais il a sauté sur les rails comme un enfant qui enjambe un buisson, avec la même légèreté."
Avant que le vieil homme ne se jette sur la voie en lui adressant son dernier sourire, la narratrice partait rejoindre l’ho... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (82) Voir plus Ajouter une critique
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Une fin de journée précipitée. Elle court presque pour ne pas rater le train qui la mènera à l'hôtel des Embruns. Ils ont l'habitude de s'y retrouver, toujours dans la même chambre, elle et l'amour de sa vie. Elle est dans le métro pour rejoindre la gare. À ses côtés, un petit vieux qui porte un imperméable beige et tient une canne. Leur regard se croisent, ils se sourient, elle croit qu'il va lui dire quelque-chose, mais il saute sur les rails au moment où la rame de métro arrive à toute vitesse dans un ronflement sourd. Un saut de gamin avec la même fougue, la même spontanéité, la même grâce qu'un plongeon dans une piscine à l'eau bleue…
Pour elle, c'est la Grande Déchirure. Elle fuit le métro, marche droit devant elle, se perd dans les rues, oublie l'hôtel des Embruns, puis s'en rappelle, rentre chez elle, retrouve sa vieille amie, sa confidente… L'orage gronde. Il pleut sur la ville. Les souvenirs affluent. Les bons et les mauvais. Les rires. Les ruptures. Les beaux voyages et les grands mouvements collectifs. Les luttes inutiles et les placettes inondées de soleil. Cet amour qui se traîne en longueur, qui n'ose même pas dire son nom. Cette routine qui engourdit les coeurs. Autour d'elle, l'indifférence des gens. Nuit longue et chaotique. Ne pas dormir, surtout ne pas dormir pour ne pas abandonner le petit vieux à sa nuit éternelle… Son sourire énigmatique. Cette soudaine intimité entre elle et lui qui l'a jetée hors de son ordinaire. Pourquoi a-t-elle été choisie ? Désormais, trouver dans son coeur une place pour l'inconnu du métro. La canne qui tournoie dans les airs. « Écoute la pluie. »




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Sur le quai du métro, il n'y avait que quelques voyageurs. Et un vieil homme. Au moment où elle croise son regard, il lui sourit. Avant de se jeter sous la rame du métro qui entrait dans la station. Des cris se sont mêlés au bruit strident des freins. Tétanisée, la jeune femme court vers la sortie puis dans la rue. Elle erre dans Paris, sous la pluie. Elle pense à son amant qui l'attend à l'hôtel des Embruns, sur la côte sauvage, dans la chambre qu'ils louent habituellement. Elle ne peut se résoudre à le rejoindre. Au lieu de cela, elle repense au vieil homme et à son sourire, retournera sur la lieux du drame. Puis, ce seront des souvenirs qui lui reviendront en mémoire: son enfance, des lectures, des instants avec son amant... Elle s'interrogera alors sur l'amour qu'elle lui porte et sur le désir...

Michèle Lesbre nous offre un roman intime et délicat. A partir d'un événement tragique, tout se bouscule pour cette jeune femme qui nous emmène vers cette quête éperdue de prolonger la vie, de la vivre plus intensément. Comme une urgence. Des questions qui se bousculent sous cette pluie orageuse. Ce court roman, ciselé et sobre, est empli de justesse et de poésie et interpelle sur nos propres sentiments.
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Comment réagit-on lorsqu'un homme se jette sous le train juste devant soi, après avoir échangé un regard et un sourire? Ce n'est pas évident de réagir à ce type d'effraction et c'est ce que l'auteure tente d'exprimer dans ce roman court et intense.

La narratrice est bouleversée, et ce drame qui la fait fuir et marcher dans la ville sous la pluie, au hasard semble-t-il, au début, va entraîner une remontée de souvenirs enfuis et une réflexion profonde sur sa vie, tel un prisme.

Elle avait rendez-vous dans un hôtel avec l'homme qui partage sa vie, photographe parti s'installer à Nantes, seul, la laissant à Paris, relation qui s'est fragilisée avec le temps, le manque de communication entre eux. Il ne s'agit même plus de cohabitation, mais de deux vies qui évoluent de plus en plus en parallèle.

L'irruption brutale de la mort oblige à se poser les vraies questions: sont ils encore un couple? ont-ils encore un avenir ensemble, et quel avenir?

« Je me persuadais du lien que l'homme avait créé entre nous en me souriant avant de se jeter sous la rame, j'étais incapable de penser à autre chose. Il avait surgi, anonyme et fugace, et sans doute ne sortirait-il jamais de ma mémoire. » P 38

Michèle Lesbre raconte avec beaucoup de sensibilité et de poésie, le choc et la détresse que cette mort provoque dans les certitudes, les choix de vie et les autres morts qui sont survenues dans la vie de cette femme, tel un effet domino.

Déambuler sous la pluie, chasser cette image terrible, pour fuir l'indicible, et tenter de retrouver la paix en soi, et continuer à avancer. Les Tibétains disent de la pluie qu'elle est la bénédiction des Maîtres.

Je l'ai donc suivie et si j'ai aimé le style, la beauté de l'écriture, sa poésie, je suis restée un peu sur ma faim, car j'ai parfois eu l'impression de perdre cette jeune femme en route du fait de son indécision, de sa passivité devant la lente agonie de son couple.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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C'est une pluie intérieure, les pluies font parfois beaucoup de bruit, d'où elles viennent, là où elles vont.
Elles cheminent en nous comme des ruisseaux, comme des torrents.
Ce roman de Michèle Lesbre, Écoute la pluie, est une invitation à écouter les mots de cette pluie, car les pluies parlent, disent le chagrin, l'ailleurs, les blessures en nous, celles qui laissent passer l'eau et la lumière.
La scène fondatrice de ce court récit poétique est terrible. La narratrice est dans le métro, elle s'apprête à rejoindre son amant dans une chambre d'hôtel au bord de l'océan Atlantique. C'est alors qu'un vieil homme se jette sous une rame devant elle, et qui plus est, il accomplit ce geste fatal en la regardant et en lui souriant.
Après ce drame effroyable, la narratrice est en état de choc, elle renonce au rendez-vous amoureux.
Elle déambule alors dans Paris, sous la pluie, au hasard de ses pensées totalement chamboulées, où la vision du vieil homme lui revient, son sourire comme ultime message, comme une déflagration, mais d'autres images surgissent aussi. Et puis des musiques, des voyages, des livres.
Les pluies intérieures sont des fracas, des séismes.
Ce sont les bruits de l'enfance qui reviennent en nous.
De ce fait divers tragique et malheureusement presque ordinaire, la narratrice s'en saisit pour cheminer, différer la rencontre avec celui qu'elle aime, ralentir le temps, mettre le bouton sur pause... Arrêt sur image.
C'est un récit qui touche au plus près, dans l'intime.
Dans ce voyage intérieur, dans cette introspection presque salutaire, elle tire le fil comme une pelote de laine et ce sont d'autres morts qui viennent dans la nuit, sous la pluie, voyageurs égarés comme elle, dans l'histoire de sa vie.
C'est un chant du dedans pour apprendre à retrouver le chemin du dehors.
C'est un chant d'amour avec les souvenirs qui surgissent, les questions et les doutes. Les lendemains où le futur ne s'invente plus. Est-ce devenu un amour impossible ? Où tout ceci nous conduit-il ? se demande-t-elle alors, de trains en chambres d'hôtel ? de villes bruyantes en bords de mer ? Que deviendra notre histoire dans le fracas dérisoire des jours où des personnes se jettent sous des rames de métro dans l'indifférence presque générale ? Est-ce que cet homme aimait ? Était-il aimé, cet homme qui souriait en appelant la mort ?
Malgré la scène tragique fondatrice de ce court roman, c'est un texte sobre, léger, tout en apesanteur, presque inachevé, comme si c'était à nous d'en écrire la suite...
Les pluies intérieures sont des promesses aussi, comme un ultime sourire...
À partir d'un drame dont elle a elle-même été témoin, Michèle Lesbre nous délivre ici un récit poétique, intime et magnifique, qui m'a beaucoup touché. Comme elle l'a confié lors d'interviews à la sortie de ce roman, elle n'a pas pu écrire tout de suite après ce fait divers qui l'a profondément bouleversé. Il a fallu qu'elle attende longtemps. Qu'elle chemine, elle aussi comme la narratrice, pour pouvoir écrire, après la pluie...
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« Connaissez-vous la pluie intérieure ? »
« Pour moi elle va durer, et j'ai évoqué le vieil homme, toi et l'hôtel des Embruns. »

Je pourrais résumer ce livre avec ces deux citations. En tout cas c'est comme ceci que je l'ai perçu. Un très beau roman d'amour, sur l'attente et les non-dits, pour finir sur un constat : est-ce qu'on se connait ?

Ça fait des années qu'on se retrouve entre deux gares, à mi-chemin, au bord de l'eau. le vague à l'âme ? Oui bien sûr tu le connais mais est-ce que tu me fais partager ton rythme ? Tes instantanés sont réussis car ils disent plus sur toi que toi tu ne le feras jamais. J'aime toujours tes photos, même si j'avoue avoir un faible pour cette balançoire immobile dans le brouillard de Claude Batho.

C'est vrai je devais te rejoindre à la mer ce week-end, et puis ce vieil homme a interrompu le cours de mon temps et je suis plongée depuis dans le brouillard. Je revois son sourire lorsqu'il a sauté dans le vide. Cet « homme qui est entré dans ma vie en perdant la sienne. » Nous aussi nous étions « au bord d'un quai et en danger ». Et je déambule, perdue dans ce Paris que j'aime.

« L'apesanteur d'un corps abandonné au vide est d'une étrange et inquiétante beauté, il apparaît soudain mobilisé et offert, tout entier pris dans un élan dont on ne veut croire qu'il s'enfonce dans la nuit. »

Un très beau roman et une écriture fine, émouvante, incroyablement sensible.
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critiques presse (3)
LaPresse
04 octobre 2013
Écoute la pluie : magnifique.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Lexpress
15 avril 2013
Dans Ecoute la pluie, Michèle Lesbre parcourt les thèmes qui l'obsèdent depuis ses premiers textes et les condense avec un talent de miniaturiste. [...] Mélancolique et pourtant volontaire, Michèle Lesbre écrit des odes minuscules à la vie, sa fragilité et ses mystères.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
13 mars 2013
Il y a des romans, comme celui-ci, qui vous submergent, vous touchent au plus intime, vous soufflent entre les lignes des mots essentiels, font surgir de vieilles images enfouies, et des larmes, comme « une pluie intérieure ».
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (80) Voir plus Ajouter une citation
Lorsque j'ai jeté un œil sur ma montre, hier soir, il était grand temps que je quitte l'agence. J'ai couru jusqu'à la station de métro, je ne voulais pas rater le train pour te rejoindre à l'hôtel des Embruns. Je pensais que, de ton côté, tu étais peut-être sur le chemin de la gare de Nantes. J'essayais de t'imaginer, sac noir sur le dos et petite valise. Depuis que nous ne vivons plus dans la même ville, quelques terrains vagues se faufilent entre nous, ceux de nos imaginaires, qui parfois me font peur. Où es tu dans l'instant même où je pense à toi, à qui parles-tu ? Pourtant j'aime ces zones d'ombre, elles nous permettent de ne pas laisser l'ennui et l'habitude nous grignoter peu à peu.
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Je me suis souvenue de ces moments où les corps et les visages figés dans une compassion réelle ou feinte pour soutenir le chagrin des proches du mort donnent à ces instants cérémonieux quelque chose d’artificiel, de presque faux, parfois. Mais je me suis souvenue de larmes versées en chœur, de corps rapprochés, de silences émus et profonds où les vies complices ne sont plus qu’un souffle, qu’un hoquet, une dérisoire et bouleversante tentative de résistance au vide.
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Lorsqu'il [ mon grand-père ] est mort, longtemps après ces balades initiatiques, j'ai posé un baiser ému sur son front glacé dans le sous-sol d'un hôpital. J'avais atteint l'âge adulte depuis déjà bien des années, mais j'étais la petite-fille aimante de cet homme qui m'avait tant appris en le regardant vivre. Je me demande si ce n'est pas cet amour qui m'a permis tous les autres. Pourquoi est-ce si difficile de te dire cela très simplement ? Est-ce que je t'aime assez ? Est-ce que l'amour suffit ?
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Depuis que nous ne vivons plus dans la même ville, quelques terrains vagues se faufilent entre nous, ceux de nos imaginaires, qui parfois me font peur. Où es-tu dans l'instant même où je pense à toi, à qui parles-tu? Pourtant j'aime ces zones d'ombre, elles nous permettent de ne pas laisser l'ennui et l'habitude nous grignoter peu à peu.
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Tu ne dors peut-être pas, tu as peut-être laissé libre ma place dans le lit, comme les veuves de Noirmoutier dont le souvenir de leur marin disparu flotte dans la moitié du lit qu'elles n'occupent jamais, parait-il, comme si le retour impossible des hommes pouvait ainsi se transformer en résistance éternelle à l'absence. Cette nuit, je suis ton marin perdu.
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Vidéo de Michèle Lesbre
https://www.librairiedialogues.fr/livre/10978327-chere-brigande-lettre-a-marion-du-faouet-michele-lesbre-sabine-wespieser 5 questions posées à Michèle Lesbre qui nous parle de son livre "Chère brigande, lettre à Marion du Faouët" paru aux éditions Sabine Wespieser. Questions posées par Morgane Ollivier. Réalisation : Ronan Loup.
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