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Citations de Mo Hayder (294)


(...) une des peintures de Zelda retient son attention. Il se renverse dans son fauteuil, le classeur sur son giron, et déplie la grande feuille sur son bureau. Il sait par expérience que les travaux artistiques réalisés par les malades mentaux sont soit extrêmement complexes – jusqu’à l’obsession, par exemple les hautes tours de Londres reconstruites dans un flacon de parfum –, soit maladroitement puérils.
L’œuvre de Zelda tombe dans la seconde catégorie. C’est le genre de chose dont un élève de CP serait fier. Un cheval grossièrement représenté a pour cavalier un personnage qui pourrait aussi bien être Heathcliff galopant à travers la lande que Dracula. Ce qui a attiré l’œil d’AJ se trouve cependant dans le coin supérieur. C’est un autre personnage qui observe la scène d’une montagne lointaine. Il est de forme humaine, à l’exception de son visage, étrangement lisse et sans traits marquants. Vêtu d’une robe blanche, il a une chevelure en broussailles hérissée sur les côtés, des bras rayés d’orange et de brun. Dans ses deux mains, il tient ce qui ressemble à des petites marionnettes. (...)
AJ lâche la feuille, se lève brusquement, se met à aller et venir dans son bureau en s’essuyant les mains, en lançant des regards inquiets à la feuille. Finalement, il braque la lampe dessus et l’examine plus attentivement. (...) Le regard d’AJ revient à l’espèce de gnome posté à l’horizon. Le personnage est accroupi ? Ou simplement petit ? Comme une naine. Tous ceux qui ont décrit la Maude ont parlé de son visage lisse et sans traits.
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(...) la carrière est l’un des endroits les plus effrayants qu’il ait jamais visités. Isolée, désaffectée et inondée, elle exerce une attraction malsaine, surnaturelle. C’est un haut lieu de suicide : il a perdu le compte du nombre de gens qui y ont mis fin à leur vie. Quelquefois, le corps réapparaît, quelquefois non.
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Qu’est-il arrivé exactement à Moses, cette nuit-là ? se demande AJ. On peut continuer à prétendre que la Maude n’est qu’une hallucination, un fantasme, mais il s’est passé quelque chose cette nuit-là. Et quoi que ça puisse être, c’était assez puissant pour inciter Moses à s’arracher un œil.
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Dans son métier, il a vu le pire de la nature humaine. Il a vu un type qui avait tué des gamins au hasard à coups de couteau dans une rue commerçante, il a soigné une femme (morte depuis longtemps) qui avait versé de l’eau bouillante sur la tête de son mari infirme, puis l’avait laissé agoniser dans son fauteuil roulant pendant trois jours. Le cœur d’AJ s’emballait chaque fois qu’il la voyait tenir une tasse de café – elle n’y avait d’ailleurs été autorisée qu’après dix années passées dans le service. Il y avait eu ensuite le gars qui avait découpé, rôti et mangé le poney de son voisin parce que l’animal le « regardait bizarrement ». Et le malade du sida qui enfonçait ses seringues usagées, aiguille vers le haut, dans le bac à sable des enfants du quartier. Et ainsi de suite, sans fin, apparemment.

Au bout d’un moment, AJ avait décidé qu’il ne voulait plus savoir pourquoi les malades étaient enfermés. Il estimait qu’il les soignerait mieux s’il ignorait ce qu’ils avaient fait. En principe, il doit le savoir – le personnel a besoin de connaître les actes anormaux commis –, mais il fait en sorte d’en savoir le minimum. Il préfère ça. Ses malades sont pour lui comme des inconnus rencontrés dans un pub ou dans un train : pas d’illusions, pas de préjugés. Il y a simplement ceux qu’il aime bien et ceux qu’il n’aime pas, et il s’efforce toujours de leur accorder la même attention.
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Il y a dans le trottoir un regard dont la plupart des gens ignorent qu’il mène à une rivière souterraine coulant sans fin sous les rues. Il imagine le long murmure de l’eau et ce qu’elle emporte. Il le sait parce qu’il l’a vu. Chaises en plastique démantibulées, cadavres de chats, paquets de chips, canettes flottantes. Tout cela finit quelques centaines de mètres plus loin, contre les dents de la grille qui donne sur le port. Comme les fanons d’une baleine, elle retient les saletés. Les choses cachées. Nous passons dessus. Dessous. A côté. Chaque jour de notre vie, sans jamais le remarquer. Cent endroits où un corps pourrait rester à jamais retenu. Et dissimulé.
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Quatre ans et demi plus tôt, juste avant qu’AJ vienne travailler dans le service, une patiente anorexique nommée Pauline Scott s’était convaincue qu’une créature pénétrait dans sa chambre la nuit et s’asseyait sur sa poitrine pour l’étouffer. Elle avait aussi montré aux médecins une de ses cuisses, où des mots avaient été gravés dans sa chair : Ne sois pas de ceux qui commettent des actes ignobles. On avait retrouvé dans la poubelle de Pauline deux agrafes ensanglantées, dont elle déclara tout ignorer. Comme personne n’aimait trop Pauline, on décida d’en rester là. Elle fut remise en évaluation poussée, où on la surveillerait le temps qu’il faudrait.
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La légende veut que Maude soit le fantôme d’une infirmière en chef du temps où l’établissement psychiatrique de haute sécurité Beechway était un hospice, dans les années 1860. Naine de naissance, elle s’était hissée à un poste à responsabilité dans l’établissement uniquement grâce à sa détermination et à son acharnement. Elle abusa malheureusement de son autorité. On dit que sœur Maude s’asseyait sur la poitrine des enfants qui s’étaient mal conduits pour les forcer à avaler des cuillerées de « médicaments » au risque de les faire s’étouffer. Qu’elle leur faisait copier des lignes et des lignes de textes bibliques jusqu’à ce qu’ils aient les doigts en sang. Selon certaines versions du mythe, sœur Maude aurait caché quelque chose sous son habit de religieuse : elle n’était pas vraiment une « sœur » mais un nain déguisé en femme.
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L’avant-bras manquant était la raison principale de la raison de sa présence à Beechway, ce bras et quelques autres « bizarreries » dans sa perception de la réalité. Elle croit par exemple qu’elle a donné le jour à tous les autres patients : ce sont tous des monstres, et ils ont commis des actes ignobles parce qu’ils sont nés de ses entrailles empoisonnées. « Mère Monstre » est le nom qu’elle s’est elle-même attribué, et si vous passez assez de temps à l’écouter, elle vous fera un rapport détaillé de la naissance de chaque malade du service, comment elle a connu de longues et pénibles heures de travail et su tout de suite que le bébé était monstrueux.
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Un bruit. Il lève le menton. Cela vient de la dernière chambre à droite, celle de Mère Monstre. Il s’en approche, traverse le couloir, frappe doucement à la porte, écoute.
Mère Monstre ou, pour lui donner son vrai nom, Gabriella Jackson, est une des patientes qu’il préfère. La plupart du temps, c’est quelqu’un de très doux, et quand elle ne l’est pas, c’est généralement à elle-même qu’elle s’en prend.
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Mère Monstre en sait plus sur la Maude que n’importe qui ici. Pourtant, elle ne révélera jamais ce qu’elle sait. Elle a trop peur.

Invisible
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-La plupart des filles, c’est genre « oh putain, je fais des rêves trop trop cochons avec Justin Biber ! », renchérit Tatum. Mais pas ma frangine. Ma frangine, c’est plutôt « aujourd’hui sur la plupart du continent antarctique, le vent soufflera à une vitesse de 150k/h. C’est dingue, non ? Tiens, et puis j’ai perdu mon ami le lézard, que je fréquente assidûment en tant qu’adolescente dysfonctionnelle. »
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ls prient pour l’âme des bêtes, se dit Yma. Elk semble d’ailleurs avoir plus de considération pour les animaux que pour les humains. Il dit souvent qu’ils ne sont pas aussi cruels que les hommes, qu’ils n’attaquent que lorsqu’ils ont peur ou faim.
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Et pourquoi les religions monothéistes enseignent-elles la mise à sac de la Terre ?
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L’humanité, songe-t-elle, amère, qu’a-t-elle donc pour elle à part son intelligence ? Ni compassion ni intuition.
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Des acacias sans âge jaillissent des trottoirs défoncés ; les micocouliers prolifèrent, chargés de petites baies orange. Aucun animal ici pour les manger : ni les vautours ni les Djinnis ne se nourrissent de fruits.
Il revient sur les boulevards, plus larges. Il y a tant à voir : par où commencer la quête du Sarkpont ? Il parvient sur une immense place entourée d'immeubles. Pas de bassin dans ses angles. La plupart des fenêtres sont cassées. Un néon clignote pour signaler la présence du Silver Diner. C'est bel et bien une ville américaine, et sa conviction s'enracine : il est à Phoenix forcément.
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Tous ont vécu leur vie et aucun d'entre eux ne comprend ce qui les a conduits ici. Amasha du Sri Lanka, Splendour de Stockolm, Spider de aris, Noor de Jaisalmer. Quelle qu'ait été leur foi, qu'ils aient cru ou pas en une vie après la mort. Ils se sont tous retrouvés ici, avec d'autres dont ils savent d'instinct qu'ils sont de leur famille.
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Il y a des siècles, les Hohokam ont prospéré dans cet endroitt, grâce au système d'irrigation conçu par leurs talentueux ingénieurs. Ils cultivaient les courges, le maîs, le coton. Ils ont abandonné les lieux il y a cinq siècles. La ville nouvelle qui, des années plus tard, s'est érigée sur leurs cendres a été nommée Phoenix, comme l'oiseau légendaire. Une célébration du renouveau.
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_ Vous vous souviendrez sans mal de ce terme, jeune homme, car le Sarkpont ne tardera pas à devenir votre obsession. C'est un terme hongrois, il me semble, qui signifie « pivot ». Le sarkpont se trouve dans une piscina, à l'angle nord-ouest d'un rectangle, et je vous promets qu'à la fin de cette aventure c'est une phrase que vous pourrez vous réciter à l'envers jusque dans vos rêves.
_ Quel genre de rectangle ? a demandé Elk.
_ Et qu'est-ce que c'est qu'une piscina ?
_ Vous le découvrirez par vous-mêmes. Ça fait partie de l'expérience.
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Les arrêts de bus et le parking sont mitraillés par ce déluge de points d'exclamations géants qui font jaillir des éclats de boue assassins. Si les autres élèves paniquent, McKenzie, elle, observe le spectacle le nez en l'air. La pluie n'est pas glaciale mais tiède ; elle lui caresse le visage comme du caoutchouc. La jeune fille ferme les yeux et hume l'averse : chargée de sel et de chaleur, presque poissonneuse, elle vient de l'Atlantique Sud.
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Quand elle va au zoo, elle ne manque jamais l'herpétarium, où sont rassemblés les reptiles. Ça, ou les chiens de prairie et les fennecs.
C'est cette envie permanente qu'elle a des déserts, lieux à la fois séduisants et terribles. Dans sa Virginie saturée de forêts, où les routes sont larges et lasses, obscurcies par les acajous et les séquoias, McKenzie y pense tout le temps. Pourquoi ?
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