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Citations de Mo Hayder (294)


Tout ce à quoi je pensais croire s'est dérobé. Il y a dans mon coeur un vide aussi béant que celui du ventre de la petite fille et je ne puis penser à rien d'autres qu'à ce que cette occupation nous a réellement coûté. Elle signe la fin d'une Chine dont je n'ai pas assez fait de cas pendant des années. La mort de toute croyance-la fin des dialectes, des temples, des gâteaux de lune à l'automne et de la pêche au cormoran au pied des montagnes. La mort des jolis pont enjambant les mares à lotus, des galets jaunes qui se reflètent le soir dans le silence de l'onde...
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- C'est impossible, ai-je murmuré. O Père du ciel, suis-je en train de rêver ?
Il y avait là une centaine, non, un millier de cadavres. Empilés à la va-vite, les uns sur les autres, en couches innombrables de corps contorsionnés, de têtes tournées selon des angles irréels, de pieds flasques plus ou moins chaussés. Liu et moi nous étions endormis au clair de lune face à une montagne de cadavres. Il m'est impossible de retranscrire ici tout ce que j'ai vu ce matin-la vérité écrite risquerait de crever le papier-, les pères, les fils, les frères, les infinies variations du deuil.
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Le visage blême, elle se raidit sur son tabouret et braqua les yeux sur le hall d'entrée.
Six gorilles en costume bien taillé, aux cheveux courts et permanentés venaient de franchir les portes en aluminium et balayaient le club du regard, certains en se tripotant les boutons de manchette, d'autres en glissant un doigt entre leur col de chemise et leur cou massif. Au centre du groupe se tenait un homme mince, vêtu d'un polo noir à col roulé, les cheveux ramenés en queue-de-cheval. Il poussait un fauteuil de roulant dans lequel était assis un homme minuscule, fragile comme un vieil iguane...
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On n'a pas besoin de comprendre ce qu'est l'amour pour avoir envie de le faire. C'est ce que démontrent les abeilles et les oiseaux. J'étais la pire combinaison possible, ignorant tout des tenants et aboutissants de la chose et aussi fascinée qu'on puisse l'être. Pas étonnant, peut-être que je me sois attirée des ennuis.
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- Ne la prenez pas, a-t-il repris. Si vous la prenez, qui témoignera ?
"Si vous la prenez, qui témoignera ?"
Ces mots sont restés en moi. Ils resteront en moi jusqu'à la fin de mes jours. Qui témoignera ? J'observe longuement le ciel au-dessus de la maison, la fumée noire qui passe devant la lune. Qui témoignera ? La réponse est : personne. Personne ne témoignera. Tout est fini. Cette page est la dernière de mon journal. Je n'écrirai plus jamais. La suite de mon histoire ne sortira pas de la bobine que contient cette caméra et ce qui s'est passé aujourd'hui restera un secret.
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-Vous savez, ces types ne sont pas des magiciens, [...]. Ceux qui nous enlèvent des êtres chers sous notre nez, ils ne sont pas spécialement intelligents. Dans la plupart des cas, je me suis rendu compte qu'au contraire ces tarés sont particulièrement inintelligents.
- Inintelligents ?[..]
- Ils ont parfois de la chance.
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Et comme pour la plupart des choses dans la vie,pars de l'idée que le mieux,c'est de commencer par le commencement.
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Tu ne peux ou ne veux rien faire?pense-t-il en replaçant la carte parmi les fleurs éclatantes.Ou n'est-il juste pas encore prêt?Il reste un pont à franchir,celui qu'il évite depuis des mois.
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Je devais comprendre, disait-t-il, qu'à chaque personne sur notre planète, il en correspondait une autre qui était capable de la comprendre à la perfection. Que ces deux personnes s'emboîtaient comme les pièces d'un gigantesque puzzle métaphysique.
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Et vint à sa rencontre, sortant des tombeaux, un homme possédé d'un esprit impur. Et ayant poussé des cris, il dit d'une voix forte: Qu'avons-nous à faire ensemble, Jésus ?
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Il s'empara du dragon, l'antique serpent; qui est le Diable et Satan, et l'enchaîna pour mille ans.
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Caffery se détourna de l’écran, soudain très abattu. Il versa dans son café une cuillerée de sucre et regarda l’îlot blanc sombrer inexorablement. Il se souvenait d’avoir entendu dire que six hommes avaient été accusés de viol sur un bébé de neuf mois en Afrique du Sud, persuadés qu’un rapport sexuel de ce type les guérirait du sida. L’idée souleva en lui un tel dégoût qu’il dut repousser sa tasse.

La partie suivante de l’exposé de Marilyn définissait la différence entre le sacrifice humain, qui visait à apaiser une divinité par l’immolation d’une victime, et le sacrifice muti, dont le but était de prélever un maximum d’organes exploitables dans le cadre de la médecine traditionnelle. "Le cerveau renforce les connaissances du patient. Les seins et les parties génitales de l’un et l’autre sexe stimulent la virilité. Un nez ou une paupière peuvent servir à empoisonner un ennemi". La photo suivante montrait un petit morceau de chair sur une serviette. Ce ne fut qu’en lisant la légende que Caffery comprit ce dont il s’agissait. "Un pénis favorise les gains sur les champs de courses."
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Il est sûr que la moindre conversation pourrait lui fendre le crâne en deux. Faire Craquer cette chose qui s'est formée en lui ces derniers jours.
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Il fait une chaleur ! Nous avons dû laisser la voiture en bas et monter à pied toute l'allée. Je peux me permettre de vous demander un verre d'eau ?
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Personne ne parle. Ils sentent tous l'odeur de pourriture. Pendant le peu de temps que les Anchor- Ferres ont passé dans la maison , les boyaux ont commencé à puer.
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On a beau être aussi brave, aussi vaillant qu’on puisse l’être, on a beau se dire qu’on est invulnérable, qu’on sait ce qui nous attend, on s’imagine que ça ne sera jamais trop grave, qu’il y aura un avertissement avant que les choses aillent trop loin, une musique off, peut-être, comme dans les films. Mais il me semble que ce n’est pas comme ça qu’arrivent les désastres. Les désastres sont les grands maîtres de l’embuscade: ils savent nous tomber sur le dos quand on regarde ailleurs.
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L'aptitude à flairer l'entourloupe est un trait inné des gens de Liverpool, et je me considère quant à moi comme un sceptique naturel, un non-croyant absolu, un pourfendeur à temps plein de canulars. J'ai sillonné le monde à la poursuite de zombies et de chupacabras, de guérisseurs philippins, du monstre de Bodmin, même ; j'ai recueilli dans un flacon de verre du lait coulé des seins d'une statue mexicaine de la Vierge - et tout cela m'a épaissi le cuir, vous pouvez me croire. Et pourtant, force m'était d'admettre qu'il se dégageait quelque chose de mystérieux de l'île où vivaient les ministres de la cure psychogénique. Si vous deviez vous imaginer une secte satanique, vous ne sauriez envisager lieu plus propice que cet îlot lointain et battu par les vagues.
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Ils ressortirent et entreprirent de répartir les morceaux en huit tas. Steve avait une pince dont il se servit pour arracher quelques dents de la mâchoire brisée de Goldrab. Faute d'étau, il la serra entre ses genoux afin de la maintenir solidement. Sally, qui prenait des photos avec le portable de Steve, entendait à chaque dent tirée de son alvéole un craquement qu'elle n'oublierait jamais, elle le savait. Sur une perceuse, il fixa un accessoire doté d'une lame hélicoïdale destinée à mélanger de la peinture, puis ils remplirent un seau de chair et de tendons. Après avoir entouré la perceuse de plastique pour empêcher les projections, Steve la mit en marche et l'enfonça dans le seau, encore et encore, pulvérisant les morceaux.
A une heure du matin, couvert de sueur, il se redressa pour regarder les huit grands sacs de supermarché gonflés par une pâte rouge impossible à identifier.
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Mon moi onirique crut d'abord qu'il s'agissait d'un chat, jusqu'au moment où l'écran fut arraché avec un grincement de métal par une masse lourde comme une boule de bowling qui roula dans ma chambre. Je plissai les yeux et vis que c'était un bébé. Il gisait au sol, sur le dos, et pleurait en agitant les bras et les jambes. Je crus, l'espace d'un merveilleux instant, que c'était ma petite fille, qu'elle avait enfin réussi à traverser les continents pour me retrouver, mais à la seconde où j'allais lui ouvrir mes bras, le bébé bascula sur le côté et se jeta aveuglément sur moi. Je sentis un souffle chaud, une langue minuscule me lécher la plante du pied. Puis, à une vitesse atroce, ses mâchoires gluantes se refermèrent sur mes orteils.
Je quittai le lit d'un bond, secouai, frappai, lui empoignai la tête et tentai de lui desserrer les mâchoires, mais le bébé s'accrochait, grondant, mordant, secoué de soubresauts rageurs, la bave aux lèvres. Je réussis enfin à lui décocher un coup de pied qui le catapulta contre le mur ; avec un cri rauque, il se perdit dans une ombre qui descendit jusqu'au sol et s'échappa par la fenêtre. Au moment de disparaître, le bébé lança, d'une voix qui semblait être celle de Shi Chongming : « Que ne ferait pas un homme pour vivre éternellement ? Que ne mangerait-il pas ? »
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Un énorme insecte ailé jaillit sous mes pieds, pivota sur lui-même comme un oiseau mécanique, s'arracha en ronronnant de la touffeur et monta vers mon visage. Je reculai d'un pas pour l'esquiver, renversant un peu de thé sur le plateau laqué, et le suivis des yeux tandis qu'il montait en spirale au ras de mon visage et encore plus haut, cristallin et mécanique, clac-clac-clac, jusqu'aux branches. Il se posa au-dessus de moi, gros comme un roitelet, déploya ses ailes châtaigne et fit entendre le petit bourdonnement électrique que j'avais pris pour un climatiseur. Je le contemplai avec émotion. Le semi-no-koe du poète Basho, pensai-je. Le chant des cigales. Le premier son du Japon.
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