Moira Young

T'avise pas de fuir cette fille, Jack, le défie Molly. La majorité des gens ressentent jamais ce que tu ressens. File la rejoindre. Et si ça dure une heure, une nuit, une semaine, un mois, ça n'a aucune importance. Va avec elle, brûle avec elle, brille avec elle... Pour le temps qui t'est offert.

"Hé, tu as oublié ou quoi ? Toi et moi, on se ment pas.
On est au-dessus de ça. Depuis que je te connais, Jack, tu gardes la porte de ton coeur bien fermée et la clef cachée. On dirait que cette fille l’a trouvée…

Il ne répond pas. Molly attend.

Il finit par dire, Les clefs, c’est pas son genre. Elle a plutôt ouvert la porte avec un grand coup de pied."

-Oh, deux ou trois fois... C'est pas très différent. C'est pas pour ça que je reviens.
- Ah bon ?
- Non. C'est pour toi.
Il fait deux pas dans ma direction.
- Tu es mon sang, Saba. Tu es mon esprit. Tu es mon souffle, tu es mes os... tu es partout en moi. Tu y es depuis le premier jour où je t'ai vue.
Mon coeur chavire. J'ose pas respirer. La pierre brûle sur ma peau.
- Je me souviens de la première fois où je t'ai vue, tu m'as dit... Qu'est-ce que tu m'as dit ?
- Que... T'étais pas mon genre.
- C'est toujours ton opinion ?
Je l'observe. J'observe ses étranges yeux gris qui passent de l'éclat de la lune au granit en un instant, son nez tordu, sa lèvre supérieure avec la petite fente.
Et je réponds : Je crois que... j'ai changé d'avis
Il me fait son sourire de travers.
- Approche, il dit.
- Non. Toi.
Il s'approche. Il sent la sauge, les ciels d'été et une odeur qui n'appartient qu'à lui. Jack.
- Et maintenant ? il demande
- Maintenant, tu m'embrasses.
Il passe ses bras autour de moi et me serre très fort contre lui. Il m'embrasse les lèvres, le visage et puis encore les lèvres.
Moi aussi, je l'embrasse. Je respire Jack comme s'il était de l'air. Je le bois comme s'il était de l'eau.

Il me demande, Tu savais que chaque fois que tu fabriques quelque chose, une petite part de ton esprit s'y glisse ?
Non.
Alors...Arrange toi pour que ça soit une bonne part de toi, pas une mauvaise.
Je crois que j'ai plus de bonne part en moi depuis un moment déjà, je dis.
Moi aussi, sans doute.
Il me fait son sourire de travers, et mon cœur s'envole.
Je suis désolée, je lui glisse.
De quoi ?
D'être toujours...tellement...
Ingrate ?
Ouais.
Désagréable ?
Je crois.
Grincheuse ? Têtue ? Violente ?
Je suis pas Violente !
Oh, si. Beaucoup, même. Mais ça me plaît chez une femme.
J'éclate de rire.
T'es fou, je dis.
J'étais normal avant de te rencontrer.

Jusque là, je savais pas. Je savais pas que tout peut aller bien à un instant et si mal au suivant, comme si l'instant d'avant avait été un rêve.

Quand on a trouvé l'amour, on la passe à quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui a besoin d'aide.
-J'ai pas besoin d'aide, je rétorque. Je connais déjà mon amour. C'est Lugh et je dois le ramener.

- J'ai plus vécu depuis que je suis morte il y a deux jours qu'au cours de mes soixante-dix dernières années d'existence. Vous avez treize ans et vous comprenez immédiatement. Nous ne saurons jamais la nature de cette chose qui m'arrive, ce dont il s'agit exactement et la manière dont cela se produit. Au fond, cela n'a pas d'importance, vous aviez raison. Ce qui compte, c'est le pourquoi. Ceci, dit-elle en écartant brusquement les bras autour d'elle. Tout ceci, Davy, c'est le véritable pourquoi.

- J'ai bien l'intention de décéder au calme et à l'heure prévu. Je vous prierai de ne pas me faire mourir de peur.

On m'appelle Ange de la Mort car je n'ai jamais perdu un combat.

Je le repousse violemment. Il tombe dans la boue.
Pourquoi ? Il demande.
Pour m’avoir embrassée ! Essaie plus jamais !
Oh, ça, t’inquiète pas, je préférerais sauter dans la chute d’eau !
Il se relève.
Je préférerais dormir nu dans un nid de scorpions ! Il ajoute.

Me touche pas, je proteste.
Il recule. Il a les lèvres pincées. Désolé, il dit. Je m’excuse.
Ça se reproduira plus.

Je te promets, il déclare, que la prochaine fois que tu passeras pour une idiote, ça sera entièrement de ta faute.

Je le tire et je le hisse près de moi. Il sort un bout de corde supplémentaire de l'eau et le pose sur le rocher.
Il s'en est fallut de peu, il dit.
Il reprend son souffle.
Je me jette à son cou. je tremble des pieds à la tête.
Jack ! J'ai jamais été aussi heureuse de voir quelqu'un de toute ma vie ! je m'écrie.
Il me repousse en plissant les yeux.
Qu'est-ce qu'il s'est passé ? il demande.
J'ai... perdu ma pierre. Je suis allée la récupérer. Puis j'ai perdu l'équilibre et... voilà.
Il dit rien pendant un moment. Puis il demande, Et t'as retrouvé ta pierre?
Je la sens brûler contre ma cheville, là où je l'ai enfoncée.
Ouais.
Tant mieux. ça aurait été dommage de faire tout ça pour rien. Bon. Je suis très heureux de... discuter bijoux, mais il me semble qu'on devrait poursuivre cette conversation en lieu sûr.

Une voix d'homme s'élève derrière nous. Grave. Enrouée.
C'est parce qu'ils veulent pas que tu saches, il déclare.

Sans réfléchir, on saute à l'eau toutes les deux. Maev part à toute vitesse à la nage, mais quelque chose me retient.
Une chaleur familière se répand sur ma peau et me donne des frissons le long de la colonne vertébrale malgré l'eau glacée. Je remonte à la surface.
Jack.
Il a les bras croisés sur la poitrine et le chapeau baissé sur les yeux. Il fait son petit sourire. Mon estomac se contracte.
Quelle coïncidence, il dit.
La tête de Maev surgit près de la chute d'eau.
Qu'est-ce que tu fabriques ? elle me lance.
Tout va bien, Maev, c'est Jack.
Jack ? qui... ah, oui, Jack.
Je rougis encore plus. Maev sait que je suis revenue dans la prison en flammes pour le sauver. C'est Cendre qui lui a raconté.
Ça va, Saba ? demande Jack. T'as l'air d'avoir très chaud.
C'est à cause du soleil, je marmonne.
Je regagne le rocher à la nage. Maev me rejoint. On s'accroche au bord.
Jack éloigne nos vêtements du bout du pied. Il sourit.
Une situation intéressante, non ? il dit. Deux filles nues dans l'eau alors que je détiens leurs vêtements.
Retourne-toi, sinon je t'arrache le coeur, lance Maev.
Une vrai furie. C'est comme ça que j'aime les femmes.
Retourne-toi !
C'est pas un peu tard ? J'ai déjà vu tout ce qu'il y avait à voir.
Mais il se tourne quand même pendant qu'on sort de l'eau et qu'on enfile nos vêtements.

J'ai l'impression qu'elle est pas tout à fait sincère, mais je réponds, Tu me dois rien.

Il y a... quelque chose autour de ce type... Il a des secrets. Il est...
Arrogant?
Oui.
Pénible?
Certainement.
Fuyant?
Comme un serpent.
Elle m'observe un moment, puis elle à l'air de changer d'avis. Elle me fait un petit sourire et elle dit, En tout cas, il est agréable à regarder.
Vraiment.
Je sens mes joues devenir écarlates. Je hausse les épaules.
J'ai pas fait attention, je dis.
Il a de beaux yeux.
Trop rapprochés.
Un joli sourire.
De trop grandes dents. De toute façon c'est pas mon genre.
Elle me lance un caillou en s'écriant, Pas ton genre? Arrête, Saba, c'est exactement ton genre! Un type à problèmes.

Où t'as eu tout ça?je demande.
Leçon numéro 1:le meilleur endroit pour voler, c'est la foule.Sourtout une foule en panique.
Il retire sa tunique. Quand je découvre sa poitrine, mon estomac se tord. Trois longues cicatrices roses, irrégulières et boursouflées vont de son épaule droite à sa hanche gauche.
Des traces de griffures. Mais je connais pas de bête assez grosse pour faire ça.
Enfin il enfile une chemise, puis commence a enlever son pantalon.
Qu'est ce que tu fais? je m'exclame.
D'après toi? Si t'es du genre prude, je te conseille de te retourner.
Je m'exécute aussitôt.
Leçon numéro 2:même quand t'es pressé, trouve-toi de bonnes bottes. Pas de compromis sur la qualité. Il m'en lance une paire. Celles-là devraient t'aller, essaie-les.
Je m'assieds par terre et je les enfile. Je me relève.
C'est incroyable, c'est exactement ma taille.
J'ai l'oeil. Bon tu peux te retourner.
On s'observe. Il est couvert de suie et de cendre. Ses dents brillent dans tout ce noir.
Tu connais mon nom, il dit. Mais toi, comment tu t'appelle? Ton vrai nom je veux dire.
Saba.
Saba. Ca me plaît.
Bon, je dois y aller , je dis.Ma soeur m'attend avec les Aigles et ...
Avant que je comprenne ce qui se passe, il me prend la main. Je veux me dégager, mais il me serre plus fort.

J'ai escaladé les hautes montagnes et navigué sur les vastes mers
Des jolis minois j'en ai vu beaucoup
Mais d'un seul regard, sa beauté m'a envoyé au tapis
Ô Annie au coeur de pierre que je ne peux satisfaire.

J'ai arpenté la terre entière
Des baisers j'en ai saisi beaucoup
Mais ce sont ses lèvres rouges dont je rêve toujours
Ô Annie au coeur de pierre, Annie mon amour.

J'ai aimé tant de femmes et courtisé tant de filles
Et dans des bras doux combien de fois je me suis blotti
Si seulement elle avait accepté de passer une nuit avec moi
Avec Annie au coeur de pierre je serais mort de plaisir.

Combien de beautés m'ont supplié de rester
Mais aucune sauf Annie ne m'a ensorcelé
Même si elle me fait souffrir et fait saigner mon coeur
Mon Annie au coeur de pierre je ne pourrai jamais quitter.

Je suis dans la Cage. Je regarde la foule. Les spectateurs sautent sur place en rugissant. Je suis le plus grand attrait que Hopetown ait jamais connu. Ils se précipitent pour me voir me battre.
Je lève les yeux. Nero est là, comme toujours. Perché au sommet de la tour de lumière. Qui a bien sûr jamais éclairé depuis la fin des Destructeurs. Maintenant, elle sert juste aux gens qui s'y mettent pour voir le combat. La tour de lumière, c'est les places les moins chères.
Sauf que personne y va quand je suis dans la Cage. Quand Nero est perché dessus. Tout le monde a peur de lui. Ils croient tous que les corbeaux, ça porte malheur. Que ça annonce la fin du monde. Ils croient que je tiens mon pouvoir de lui.
Je le regarde. Il attend toujours que je gagne, puis il s'envole. Il a fait ça depuis mon premier combat.
Mais mon pouvoir ne vient pas de Nero. Il vient de la colère rouge. C'est elle qui me fait gagner.

Il me tend la main.
J'hésite puis je la prends. Elle est chaude . Calleuse .Forte .
Je suis désolé d'avoir été si dur avec toi . J'étais ... tu vois Saba ... j'étais jaloux que tu souries à Tommo et pas à moi . Tu m'adressais à peine la parole , je parle pas de sourire, alors j'ai pas pu me retenir .
Jaloux ? Toi , jaloux ? De Tommo ? C'est qu'un enfant !
Je suis jaloux de toute personne à qui tu souris à part moi .Il s'approche et passe le dos de sa main sur ma joue .Un frisson brûlant me traverse .
Je regarde ces lèvres ... et je peux qu'à une chose c'est à t'embrasser .T'en as aucune idée, hein ? T'as aucune idée de combien t'es belle .

Il y a un couteau dans mon ventre.
Qui tourne, me déchire. A chaque battement de mon coeur, il s'enfonce un peu plus. Je peux pas vivre avec une telle douleur. Je mets mes bras autour de mon corps et je me roule en boule. Ma bouche forme un cri silencieux.
Je reste longtemps immobile.
La pluie continue. Autour de moi, la terre brûlée se transforme en une mer de boue.
Regarde, Pa, il pleut.
Trop tard.