AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Murasaki Shikibu (30)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Poèmes

Ce petit livre paru en 1986 aux P.O.F. est une fenêtre discrète sur l’univers disparu de Murasaki-Shikibu, l’autrice millénaire du Dit du Genji. Hormis ce célébrissime roman, seul son journal et les poèmes regroupés dans ce recueil nous sont parvenus. Murasaki-shikibu était comptée comme faisant partie des trente six génies de la poésie japonaise. Magnifiquement traduits et interprétés par R. Sieffert, nous retrouvons en une centaine de pages 125 poèmes dont la plupart sont de Murasaki-shikibu, les autres ayant été compilés de sa main et correspondant à ceux lui ayant été adressé par de fins lettrés, dames de cours ou prétendants de haute lignée. 



Il faut revenir un instant sur la vie des dames de cour à l’époque Héian pour comprendre l’importance de ces textes : Elles étaient enfermées, le plus souvent soustraites aux regards masculins, et ne communiquaient avec leurs prétendants et visiteurs qu’au moyen de poèmes dont les sens cachés n’apparaissaient qu’aux lettrés experts en poésie chinoise ou possédant à fond les légendes classiques de l’époque. Ces dames, instruites et raffinées, éloignées de la pratique du chinois « réservé » aux hommes, inventèrent, si l’on peut dire, la langue japonaise sous sa forme écrite.

Ce sont par leurs poèmes que ces femmes revêtues de douze couches de soie exprimaient leurs joies et leurs peines, leurs sentiments et leurs impressions, et par eux qu’elle accédaient à la renommée. L’immense « dit du Genji » ne compte pas moins de 794 de ces tanka, ensemble de cinq lignes comportant 5, 7, 5, 7 et 7 syllabes, rythme que R. Sieffert a réussi le tour de force de respecter en français.



Ce recueil est présenté de façon intelligente (ce n’est pas toujours le cas des ouvrages où foisonnent des notes en fin d’ouvrage, difficiles à consulter en cours de lecture, et qui multiplient les préfaces), car les poèmes sont présentés sur les pages impaires accompagné non seulement des présentations de la poétesse, qui précise le cadre de leur rédaction, mais aussi des précisions et notes du traducteur qui sont situées juste en face, sur les pages paires.



Quels sont les messages que Murasaki-shikibu nous adresse, par delà un fossé de dix siècles ? Des amies qui vont et viennent « au cri faiblissant des insectes », des nouvelles de pays lointain, parvenus « guidées par la Lune », des souvenirs de voyage où des « vagues dressées dans le soir, rudement s’agitent », la cour effrénée d’un prétendant « au coeur volage » mais qui deviendra son mari, un deuil où « l’univers tout entier, de sombres brume se vêt », mais aussi un ruisseau qui coule, la lune dans la nuit ou un oiseau qui chante : milles fragments d’une vie si lointaine et si proche, et la belle découverte d’un auteur majeur de la littérature mondiale.
Lien : https://litteraturedusoleill..
Commenter  J’apprécie          20
Le Dit du Genji

Très bel ouvrage de référence du Japon médiéval, magnifiquement illustré.

Commenter  J’apprécie          20
Journal

Un incroyable témoignage qui, s'il est court, n'en est pas moins riche.

L'autrice du premier roman japonais moderne, la dame de compagnie impériale Murasaki Shikibu, décrit ici la vie au palais agitée par la naissance du petit prince, ainsi que ses propres réflexions et tourments, entrecoupés de courts poèmes.

Peinture d'un milieu qui, s'il est très favorisé et porté sur la contemplation, l'apparat et l'élégance, n'en demeure pas moins humain, et donc par moments faillible, ridicule ou attendrissant.

紫式部の日記.
Commenter  J’apprécie          10
Journaux des dames de cour du Japon ancien

Ce recueil présente trois journaux, de taille inégale, tenus par des dames de cour de l’époque Heian, au XIe siècle. 



À l’époque de leur rédaction règne l’empereur Ichijo et ses deux impératrices, Sadako et Akiko. Chacune s’entourait des meilleurs éléments pour que sa cour surpasse celle de sa concurrente. Sadako comptait dans ses suivantes Sei Shonagon, talentueuse rédactrice des « notes de chevet », livre magnifique que j’ai chroniqué ici, alors que Akiko comptait à sa cour Murasaki shikibu, autrice de l’imposant et magnifique « Gengi monogatori ». En 1008, elle y sera rejointe par une poétesse célèbre, Izumi Shikibu.

Elles ont toute deux rédigé chacune leur journal : Murasaki Shikibu nous y décrit sa vie à la cour impériale pendant quelques années. Izumi Shikibu nous raconte comment, durant quelques années, elle entretint une liaison avec un prince impérial, et son journal s’achève au moment où elle le rejoint à la cour malgré les commérages au sujet de leur liaison.



Le troisième journal présenté est celui dit « de Sarashina », mais nous ne connaissons pas le nom de celle qui l’a rédigé* (Sarashina est une ville). Il couvre presque toute la vie de cette femme, de douze à cinquante ans. On y retrouve les récits poétiques de ses voyages, sa vie à la cour, ses déconvenues (nombreuses), ses rares joies et son goût pour la contemplation des paysages.



Mais au delà du fond, ce qui compte, ce qui transforme ces journaux, c’est leur musique interne, c’est l’enchantement que constitue la langue de cour utilisé par leurs rédactrices. Toutes trois sont les ambassadrices d’un monde raffiné à l’extrême, où l’on ne communique que par poèmes, où les sentiments se doivent d’être suggérés, les tenues éblouissantes et d’un accord parfait (une des dames de cour fait-elle une légère erreur dans la combinaison des couleurs, un peu trop pâles, du poignet de sa manche que tous les nobles présents le remarquent). C’est aussi un monde où règne le poids étouffant de l’étiquette et les moyens variés de la transgresser ; ainsi que l’admiration envers la nature et ses manifestations.



Ainsi nous y rencontrerons bien des fois les aspects changeants de la Lune (si bien décrits bien plus tard, par les estampes de Yoshitoshi), seule source de lumière et d’espoir dans les longues nuits de veille des belles de l’époque dans l’attente d’une visite galante ; nous y ferons connaissances avec des manches qui ne peuvent être que mouillées de larmes et lirons force description de tenues, mais aussi de nombreux tankas, poèmes d’amour, de désir, de remerciement où de désolation, traces par delà les millénaires des éternelles vicissitudes de l’âme humaine. Mots lancés pour un instant, pour séduire, pour laisser transparaître les sentiments qui ne peuvent qu’affleurer à la surface de ce monde codifié à l’étiquette rigide.



Ecoutons « Sarashina » alors qu’elle accomplit son premier voyage, à l’âge de treize ans: « Le mont Fuji se trouve dans cette province. Dans la province où je fus élevée et d’où je partais pour entreprendre ce voyage, j’apercevais cette montagne dans le lointain, vers l’ouest. Elle surgit peinte d’un bleu profond, et couverte de neiges éternelles. On dirait qu’elle porte une robe violet foncé avec un voile blanc sur les épaules. La fumée montait du petit plateau sur sa cime. Le soir, nous y vîmes des flammes vives ».



Voyons comment Murasaki Shikibu nous confie ses désillusions passagères alors qu’elle hésite régulièrement entre s’éloigner de la cour ou y reprendre sa place: « Avant d’aller à la cour, j’essayais d’échapper à la mélancolie en correspondant avec celles qui partageaient mon coeur de diverses façons. Bien qu’étant une personne sans importance, j’avais passé ma vie sans éprouver le moindre mépris pour moi même, jusqu’au moment où je me rendis à la cour : depuis lors, hélas! j’en ai éprouvé l’amertume. »



Découvrons comment Izumi (seule à avoir rédigé son journal à la troisième personne) ouvre son coeur à son noble soupirant lorsque celui-ci lui demande de quelle façon elle pense à lui :



 « S’il était seulement permis à mon coeur d’éprouver la douleur de l’attente !

Peut-être d’attendre serais-ce une douleur moindre ce soir…

Que de ne pouvoir même pas espérer… »



Il règne dans les lignes de ces journaux un charmes féminin indéfinissable, perceptible encore malgré le millénaire qui nous sépare de leur rédaction.



Les textes présentés par les éditions P. Picquier proviennent d’une double traduction Japonais -> anglais (par Annie Shefley Omori et Kochi Doi) puis anglais -> français (par Marc Logé) qui date de 1925 (!)



L’Introduction d’Amy Lowell date de cette époque, et elle est d’une grande qualité, présentant parfaitement les trois rédactrices et leur cadre de vie. Celle qui l’a rédigée était une poétesse elle même d’un grand talent (Elle reçut le Pulitzer à titre posthume) et par ailleurs soeur de Percival Lowell, astronome « inventeur » des canaux de Mars et initiateur de la recherche de la planète Pluton, baptisée d’ailleurs en raison de ses initiales.



--------------------------

* Comme leurs noms soient en fait des surnoms liées à leur fonction,  les noms des autres dames sont parfois inconnus : si Murasaki Shikibu se nommait To (Shikibu est le titre de son père, signifiant « maître de cérémonie, comme Shonagon, « conseiller d’état inférieur »), on ne connait pas le « vrai » nom d’Izumi Shikibu.
Commenter  J’apprécie          10
À la découverte du Dit du Genji

Indispensable pour savourer le Dit du Genji ! Résumé par chapitre, tableau chronologique, index des personnages permettent de se retrouver dans le monumental roman de Murasaki-Shikibu, dont les personnages ne sont quasiment jamais désignés par leur nom propre mais par leur fonction ou leur surnom.
Commenter  J’apprécie          10
Le Dit du Genji

Certes, c'est un ouvrage de référence mais alors il faut être bien reposé et au calme pour le lire. Il ne se lit vraiment pas facilement.
Commenter  J’apprécie          10
Le Dit du Genji

Murasaki Shikibu : Une féministe esthète, XIe siècle après J.C, Japon



La force de son œuvre : Dame d'honneur de l'impératrice Akiko, Murasaki Shikibu est une femme de lettres qui décrit l'aristocratie japonaise. Son oeuvre conte l'histoire du Prince Genji dont l'attitude se matérialise en un mauvais karma qui sera finalement résorbé.



La structure du texte, son écriture délicate provoque un ravissement esthétique immédiat.



Son influence sur le monde : Très imprégné de bouddhisme et de néo-taoïsme chinois, le texte est aussi une critique de la polygamie japonaise de l'époque et, dans une autre mesure, une contestation politique de la domination masculine mêlée d'une fascinante beauté littéraire qui éveille les consciences. (source l'Internaute Livres)







Commenter  J’apprécie          10
Le Dit du Genji

Le niveau de français est très bon (éditions Verdier). Les histoires sont passionnantes de détails et de réalisme. L'universalisme est saisissant. 1500 pages d'amants qui se triturent la tête sur le dernier message reçu et le sens derrière chaque mot ou sur la manière d'avancer sous les ragots potentiels mais on adore. On retrouve des motifs similaires à ceux des livres occidentaux de la même époque ou plus tardifs. Tout le monde est beau, y compris dans les suites, les costumes sont tous plus précieux et plus colorés les uns que les autres. En revanche l'attention portée à la beauté de l'instant, parfois sur des infimes détails (l'éclat d'une feuille, le bruissement du vent, le reflet de la lune) diffère. Le livre est parsemé de tableaux du genre.

On y apprend énormément sur la société japonaise. La vie de la cour, les arts en vue de l'époque, la dureté de la condition de la femme. Mais on comprend aussi que l'économie est au fond du gouffre : il n'est jamais question de monnaie, les services sont rétribués en nature, les repas sont sommaires, les héritages faméliques. On devine aussi que la féodalité n'est pas arrivée, les nobles n'étant que des grands propriétaires terriens ou des gestionnaires de terres reçues en apanage d'une charge (on comprend que passant tout leur temps à la cour impériale, les dites terres sont peu mises en valeur). La puissance vient tout autant de la naissance, des différents protecteurs et de la capacité des nobles à mener l'équivalent d'un cursus honorum comme chez les romains.

Comme cela a déjà été dit, le livre n'est pas facile à suivre (mais ça n'a rien d'insurmontable) . Pas seulement à cause du nombre de personnages désignés exclusivement par des rangs qui changent tout le temps mais aussi de par les arbres généalogiques qui sont bordéliques et l'art de s'exprimer qui passe uniquement par des allusions et des sous-entendus.
Commenter  J’apprécie          00
Journaux des dames de cour du Japon ancien



Ces dames de cour du Japon vivaient aux alentours de l'an mil, période de Heian ; un temps d'un raffinement extrême, qui précède l'époque de la féodalité et de Shoguns, dont l'imagerie est mieux connue. Point de combats de samouraïs dans ce Japon ancien mais des joutes poétiques et une délicatesse qui confine à la préciosité.



Murakasi Shikibu est l'autrice du premier roman japonais le "Genji monogatari". Son journal relate un moment de sa vie à la cour de l'impératrice Akiko et donne des détails sur le quotidien des courtisans et les rites de la cour. A noter l'importance et la qualité des descriptions de vêtements et des infinis nuances de couleur.



Izumi Shikibu fut une poétesse célèbre dont l’œuvre est encore éditée et respectée. Elle consacre son journal à sa liaison passionnée avec le prince Atsumichi. Elle y recueille les poèmes qu'ils se sont échangés au cours des années.



Le journal de Sarashina est pour moi le plus touchant : cette fille d'un gouverneur y a écrit divers événements de sa vie entre ses 12 ans et ses 50 ans; une vie faite de peines et de deuils, d'un amour profond des romans et d'une grande sensibilité douloureuse.



Tout à fait délicieux !
Commenter  J’apprécie          00
Tale of Genji

On regrette beaucoup que le traducteur ait choisi de ne donner que les 17 premiers chapitres du livre, plutôt que de donner des passages choisis. On ne peut pas connaître la fin à moins d'acheter la version complète.
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Murasaki Shikibu (240)Voir plus

Quiz Voir plus

David Eddings ou J.R.R. Tolkien

Bilbo le Hobbit ?

David Eddings
J.R.R. Tolkien

10 questions
2 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}