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Critiques de Murasaki Shikibu (30)
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À la découverte du Dit du Genji

Indispensable pour savourer le Dit du Genji ! Résumé par chapitre, tableau chronologique, index des personnages permettent de se retrouver dans le monumental roman de Murasaki-Shikibu, dont les personnages ne sont quasiment jamais désignés par leur nom propre mais par leur fonction ou leur surnom.
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Journal

Un incroyable témoignage qui, s'il est court, n'en est pas moins riche.

L'autrice du premier roman japonais moderne, la dame de compagnie impériale Murasaki Shikibu, décrit ici la vie au palais agitée par la naissance du petit prince, ainsi que ses propres réflexions et tourments, entrecoupés de courts poèmes.

Peinture d'un milieu qui, s'il est très favorisé et porté sur la contemplation, l'apparat et l'élégance, n'en demeure pas moins humain, et donc par moments faillible, ridicule ou attendrissant.

紫式部の日記.
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Journaux des dames de cour du Japon ancien



Ces dames de cour du Japon vivaient aux alentours de l'an mil, période de Heian ; un temps d'un raffinement extrême, qui précède l'époque de la féodalité et de Shoguns, dont l'imagerie est mieux connue. Point de combats de samouraïs dans ce Japon ancien mais des joutes poétiques et une délicatesse qui confine à la préciosité.



Murakasi Shikibu est l'autrice du premier roman japonais le "Genji monogatari". Son journal relate un moment de sa vie à la cour de l'impératrice Akiko et donne des détails sur le quotidien des courtisans et les rites de la cour. A noter l'importance et la qualité des descriptions de vêtements et des infinis nuances de couleur.



Izumi Shikibu fut une poétesse célèbre dont l’œuvre est encore éditée et respectée. Elle consacre son journal à sa liaison passionnée avec le prince Atsumichi. Elle y recueille les poèmes qu'ils se sont échangés au cours des années.



Le journal de Sarashina est pour moi le plus touchant : cette fille d'un gouverneur y a écrit divers événements de sa vie entre ses 12 ans et ses 50 ans; une vie faite de peines et de deuils, d'un amour profond des romans et d'une grande sensibilité douloureuse.



Tout à fait délicieux !
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Journaux des dames de cour du Japon ancien

Trois journaux écrits par des femmes de cour au Japon au XIème siècle.

Introduction éclairante sur les écrits intimes, la cour de l'époque, chacune de ces femmes et leur journal.



le Journal de Sarashina : il commence quand l'autrice est adolescente et se termine à un âge relativement avancé. Sur une soixantaine de pages, on rencontre la sensibilité de cette jeune fille puis de cette femme, à travers un récit de voyage, sa vie à la cour, ses pélerinages. Toujours sensible à la nature (nombreuses notes descriptives et souvent poétiques), passionnée de littérature (de la difficulté de se procurer des livres quand on n'appartient pas à l'aristocratie ; petite tendance au bovarysme de plus...), pas avare dans l'expression des sentiments que ce soit pour sa soeur morte, son père en voyage, un amant.

J'ai trouvé très émouvant d'imaginer le quotidien, les pensées et les émotions de cette femme d'il y a mille ans !



Journal de Murasaki Shikibu : Elle est l'autrice du Genji Monogatori / @le dit du Genji (dont l'autrice du Journal de Sarashina était une grande amatrice !), considéré encore aujourd'hui comme un des plus grands romans japonais, et l'un des premiers romans psychologiques au monde. Soixante-cinq pages dans lesquelles elle évoque le quotidien de la cour ponctué de cérémonies protocolaires, très attentive à la beauté et aux tenues des femmes qui constituent un art à part entière. Elle se montre pleine d'humilité, de compassion et de circonspection au milieu de ces mondanités. Elle n'hésite pas à en mentionner les travers et la lassitude qu'elle peut éprouver. On croise Izumi Shikibu (autrice du troisième journal présenté ici, qui faisait partie de la cour de la Princesse tandis que Murasaki Shikibu faisait partie de la cour de l'impératrice, grande poétesse encore renommée aujourd'hui) qu'elle considère comme une artiste pas vraiment accomplie, ainsi que Sei Shonagon (autrice de @Notes de chevet, considéré encore aujourd'hui comme un chef d'oeuvre) qu'elle trouve imbue d'elle-même. On la voit complice de l'impératrice pour cacher leur connaissance du chinois (interdit aux femmes à l'époque) alors qu'elles en admirent les créations littéraires (voir citation).

Quelques images bien senties, mais reste à savoir dans quelle mesure la traduction respecte le texte original, car elle n'a pas été faite à partir du texte japonais mais de sa traduction anglaise... ce qui ne m'a pas dérangé pour ces deux premiers journaux mais qui est un véritable gâchis pour le troisième journal, le Journal d'Izumi Shikibu.

Particularité, il est écrit à la troisième personne (donc doute sur l'auteur). C'est le récit de la romance entre Izumi Shikibu et le Prince Atsumichi : leurs rencontres et leur correspondance parsemée de poèmes. D'après les spécialistes, cet ouvrage est vraisemblablement plutôt l'enchâssement des poèmes échangés entre les amants dans un écrin narratif qu'un réel journal.

Je l'ai trouvé assez pénible à lire du fait de la succession souvent simplement juxtaposée des épisodes, sans détail descriptif du décor par exemple, des scènes répétitives, un style aux phrases assez allusives et alambiquées. Certains poèmes m'ont tout de même touchée par leur sensibilité et leur subtilité, le lien nature / sentiments etc. J'étais malgré tout déçue de ce journal - quand je suis tombée sur une traduction de René Ceccaty dans @Mille ans de littérature japonaise. J'ai en partie lu les deux textes en face à face : on pourrait presque dire que ce sont deux textes différents ! Et j'ai trouvé le texte fabuleux dans la traduction de Ceccaty ; de ce fait, j'ai des doutes sur les traductions de deux premiers journaux et je pense que ça vaudrait le coup de lire une version tirée directement de l'original. Cependant, il est possible que ce décalage se sente particulièrement dans le journal d'Izumi Shikibu par le caractère extrêmement poétique de son écriture (d'après ce que dit Ceccaty), jouant énormément sur les mots, leur homophonie et leur polysémie, chose très difficile à rendre en traduction (le fameux problème du "traduire / trahir"), donc en traduction de traduction... d'autant que des références culturelles ou littéraires n'ont vraisemblablement pas été identifées, vidant donc certains passages de leur sens.



Bref, une lecture intéressante dans l'ensemble malgré la déception sur le dernier tiers. Je trouve émouvant d'observer des tranches de vie aussi lointaines dans le temps, l'espace et la culture et pourtant tellement proches sur le plan humain !





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Journaux des dames de cour du Japon ancien

Les journaux de Murasaki Shikibu, Izumi Shikibu et Sarashina collectés dans ce recueil sont le témoignage de la vie et de la littérature de la période Heian.



Journaux d'Au-dela des nuages, comme on appelait la cour de Kyoto, ces trois femmes collectent les histoires et se font les témoins de la sensibilité d'un temps heureux pour l'aristocratie japonaise.



Le spectacles des fleurs et des nuances des robes disent le raffinement de toute une culture, indiquant le caractère éminemment poétique de ces cercles et de ces goûts médiévaux du Soleil Levant.



Un témoignage précieux et intéressant sur cette culture...
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Journaux des dames de cour du Japon ancien

Dans le journal de Sarashina, c'est l'intimité de la jeune femme qui nous est proposée. Sarashina y évoque les événements de sa vie dès ses douze ans jusqu'à ses cinquante ans. Lors de voyages ou de visites à sa famille, les échanges sont épistolaires sous forme de poèmes faisant souvent référence à la nature pour décrire ses états d'âme.

Le deuxième journal est celui de Murasaki Shikibu, et nous plonge dans la vie de la cour. La jeune femme y fait preuve d'une grande connaissance des moeurs et des rites, notamment les hiérarchies à respecter par les différentes courtisans selon leur rang et leur importance. Elle y décrit les robes, les couleurs ou les fautes de goût, faisant preuve d'ailleurs d'un humour assez caustique, quelquefois drôle dans des portraits que La Bruyère ne renierait pas.

Le troisième journal est celui d'Izumi Shikibu, et surtout de ses amours avec un gentilhomme marié, illustré par de nombreux échanges de poèmes.

Une lecture en demi-teinte...Trois journaux intimes de la période de Heian au XIème siècle quand la capitale du Japon était Kyoto, qui nous révèlent trois femmes et leurs préoccupations principales, leurs échanges avec leurs interlocuteurs, famille, amants, sous forme de tankas, poèmes de trente et une syllabes, forme la plus usitée à l'époque et qui s'appuie souvent sur la nature pour décrire les états d'âme. J'ai eu quelque fois du mal à me concentrer sur les sujets abordés, pour certains assez elliptiques (des amours consommées ou non je ne sais toujours pas) des dialogues sous forme de poèmes épistolaires, processus qui se répète et m'a lassée et moult détails sur les tenues robes, dessous, manches qui ne m'ont pas passionnée...

Murasaki Shikibu, se lancera dans l'écriture "du dit du Genji", oeuvre fondamentale dans la littérature japonaise et il peut être intéressant de prendre connaissance d'écrits plus intimistes, mais ce recueil s'adresse plus aux spécialistes et érudits en littérature médiévale japonaise et je suis restée un peu de côté.

Pour les passionnés.
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Journaux des dames de cour du Japon ancien

Ce recueil présente trois journaux, de taille inégale, tenus par des dames de cour de l’époque Heian, au XIe siècle. 



À l’époque de leur rédaction règne l’empereur Ichijo et ses deux impératrices, Sadako et Akiko. Chacune s’entourait des meilleurs éléments pour que sa cour surpasse celle de sa concurrente. Sadako comptait dans ses suivantes Sei Shonagon, talentueuse rédactrice des « notes de chevet », livre magnifique que j’ai chroniqué ici, alors que Akiko comptait à sa cour Murasaki shikibu, autrice de l’imposant et magnifique « Gengi monogatori ». En 1008, elle y sera rejointe par une poétesse célèbre, Izumi Shikibu.

Elles ont toute deux rédigé chacune leur journal : Murasaki Shikibu nous y décrit sa vie à la cour impériale pendant quelques années. Izumi Shikibu nous raconte comment, durant quelques années, elle entretint une liaison avec un prince impérial, et son journal s’achève au moment où elle le rejoint à la cour malgré les commérages au sujet de leur liaison.



Le troisième journal présenté est celui dit « de Sarashina », mais nous ne connaissons pas le nom de celle qui l’a rédigé* (Sarashina est une ville). Il couvre presque toute la vie de cette femme, de douze à cinquante ans. On y retrouve les récits poétiques de ses voyages, sa vie à la cour, ses déconvenues (nombreuses), ses rares joies et son goût pour la contemplation des paysages.



Mais au delà du fond, ce qui compte, ce qui transforme ces journaux, c’est leur musique interne, c’est l’enchantement que constitue la langue de cour utilisé par leurs rédactrices. Toutes trois sont les ambassadrices d’un monde raffiné à l’extrême, où l’on ne communique que par poèmes, où les sentiments se doivent d’être suggérés, les tenues éblouissantes et d’un accord parfait (une des dames de cour fait-elle une légère erreur dans la combinaison des couleurs, un peu trop pâles, du poignet de sa manche que tous les nobles présents le remarquent). C’est aussi un monde où règne le poids étouffant de l’étiquette et les moyens variés de la transgresser ; ainsi que l’admiration envers la nature et ses manifestations.



Ainsi nous y rencontrerons bien des fois les aspects changeants de la Lune (si bien décrits bien plus tard, par les estampes de Yoshitoshi), seule source de lumière et d’espoir dans les longues nuits de veille des belles de l’époque dans l’attente d’une visite galante ; nous y ferons connaissances avec des manches qui ne peuvent être que mouillées de larmes et lirons force description de tenues, mais aussi de nombreux tankas, poèmes d’amour, de désir, de remerciement où de désolation, traces par delà les millénaires des éternelles vicissitudes de l’âme humaine. Mots lancés pour un instant, pour séduire, pour laisser transparaître les sentiments qui ne peuvent qu’affleurer à la surface de ce monde codifié à l’étiquette rigide.



Ecoutons « Sarashina » alors qu’elle accomplit son premier voyage, à l’âge de treize ans: « Le mont Fuji se trouve dans cette province. Dans la province où je fus élevée et d’où je partais pour entreprendre ce voyage, j’apercevais cette montagne dans le lointain, vers l’ouest. Elle surgit peinte d’un bleu profond, et couverte de neiges éternelles. On dirait qu’elle porte une robe violet foncé avec un voile blanc sur les épaules. La fumée montait du petit plateau sur sa cime. Le soir, nous y vîmes des flammes vives ».



Voyons comment Murasaki Shikibu nous confie ses désillusions passagères alors qu’elle hésite régulièrement entre s’éloigner de la cour ou y reprendre sa place: « Avant d’aller à la cour, j’essayais d’échapper à la mélancolie en correspondant avec celles qui partageaient mon coeur de diverses façons. Bien qu’étant une personne sans importance, j’avais passé ma vie sans éprouver le moindre mépris pour moi même, jusqu’au moment où je me rendis à la cour : depuis lors, hélas! j’en ai éprouvé l’amertume. »



Découvrons comment Izumi (seule à avoir rédigé son journal à la troisième personne) ouvre son coeur à son noble soupirant lorsque celui-ci lui demande de quelle façon elle pense à lui :



 « S’il était seulement permis à mon coeur d’éprouver la douleur de l’attente !

Peut-être d’attendre serais-ce une douleur moindre ce soir…

Que de ne pouvoir même pas espérer… »



Il règne dans les lignes de ces journaux un charmes féminin indéfinissable, perceptible encore malgré le millénaire qui nous sépare de leur rédaction.



Les textes présentés par les éditions P. Picquier proviennent d’une double traduction Japonais -> anglais (par Annie Shefley Omori et Kochi Doi) puis anglais -> français (par Marc Logé) qui date de 1925 (!)



L’Introduction d’Amy Lowell date de cette époque, et elle est d’une grande qualité, présentant parfaitement les trois rédactrices et leur cadre de vie. Celle qui l’a rédigée était une poétesse elle même d’un grand talent (Elle reçut le Pulitzer à titre posthume) et par ailleurs soeur de Percival Lowell, astronome « inventeur » des canaux de Mars et initiateur de la recherche de la planète Pluton, baptisée d’ailleurs en raison de ses initiales.



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* Comme leurs noms soient en fait des surnoms liées à leur fonction,  les noms des autres dames sont parfois inconnus : si Murasaki Shikibu se nommait To (Shikibu est le titre de son père, signifiant « maître de cérémonie, comme Shonagon, « conseiller d’état inférieur »), on ne connait pas le « vrai » nom d’Izumi Shikibu.
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Le Dit du Genji

Le dit du Genji est un livre stupéfiant, écrit il y a 1000 ans et donc comme sorti de la nuit des temps. Or, l'on y trouve le descriptif détaillé d'une culture d'un raffinement extrême, vivant dans un monde "à part", sur un mode qui nous est presque totalement étranger (au point où la plupart des livres de Fantasy Fiction semblent bien rustiques et peu imaginatifs en comparaison).

Dame Shikibu Murasaki, membre de la cour impériale de Kyoto nous sidère par la maitrise de la narration dont elle fait preuve, mêlant poésie, réflexion philosophique, analyse sociologique et psychologie des personnages. Un livre incontournable pour tous ceux qui s'intéressent à la culture japonaise.
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Le Dit du Genji

Très bel ouvrage de référence du Japon médiéval, magnifiquement illustré.

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Le Dit du Genji

Le niveau de français est très bon (éditions Verdier). Les histoires sont passionnantes de détails et de réalisme. L'universalisme est saisissant. 1500 pages d'amants qui se triturent la tête sur le dernier message reçu et le sens derrière chaque mot ou sur la manière d'avancer sous les ragots potentiels mais on adore. On retrouve des motifs similaires à ceux des livres occidentaux de la même époque ou plus tardifs. Tout le monde est beau, y compris dans les suites, les costumes sont tous plus précieux et plus colorés les uns que les autres. En revanche l'attention portée à la beauté de l'instant, parfois sur des infimes détails (l'éclat d'une feuille, le bruissement du vent, le reflet de la lune) diffère. Le livre est parsemé de tableaux du genre.

On y apprend énormément sur la société japonaise. La vie de la cour, les arts en vue de l'époque, la dureté de la condition de la femme. Mais on comprend aussi que l'économie est au fond du gouffre : il n'est jamais question de monnaie, les services sont rétribués en nature, les repas sont sommaires, les héritages faméliques. On devine aussi que la féodalité n'est pas arrivée, les nobles n'étant que des grands propriétaires terriens ou des gestionnaires de terres reçues en apanage d'une charge (on comprend que passant tout leur temps à la cour impériale, les dites terres sont peu mises en valeur). La puissance vient tout autant de la naissance, des différents protecteurs et de la capacité des nobles à mener l'équivalent d'un cursus honorum comme chez les romains.

Comme cela a déjà été dit, le livre n'est pas facile à suivre (mais ça n'a rien d'insurmontable) . Pas seulement à cause du nombre de personnages désignés exclusivement par des rangs qui changent tout le temps mais aussi de par les arbres généalogiques qui sont bordéliques et l'art de s'exprimer qui passe uniquement par des allusions et des sous-entendus.
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Le Dit du Genji

Le Genji monogatari (récit du Genji) est attribué à Dame Murasaki, qui a aussi laissé un Journal, journal qui mentionne l’existence de ce roman. C'était une Dame de la Cour du Japon de l’an mil qui fut au service d'une jeune impératrice pendant près de dix ans. Ce sont les personnages côtoyés qui lui serviront de modèles. Elle serait morte vers 1014, à peine âgée de 40 ans, les traces sont insuffisantes pour être précis.



Le personnage principal est un fils d’empereur, homme au multiples talents et d'une grande beauté, écarté de la succession du trône et qui devient un Genji, ancêtre d’un clan de sujets. Cela lui permet de faire une carrière politique. Ce que ne peuvent faire les princes du sang.

Genji n’est pas un nom, mais un titre honorifique.

Le livre est constitué de deux romans, le premier constitue une biographie complète de la naissance à la mort du Genji ; le second est consacré à son fils, Kaoru.



Le premier volume que je viens de lire est consacré à la jeunesse et à la maturité du Genji. C'est un homme d'une grande beauté, ayant de multiples talents. C'est un séducteur, et le livre nous conte ses aventures galantes.



1- J'avoue j'en ai bavé. Non pas parce que le livre est ennuyeux mais il m’a fallu me déshabituer de la littérature du XX° pour celle-ci du X° siècle. Style, langage, image, symbole etc pas facile pour moi de bien saisir ce qui se joue. Notamment le sens des wakas (poèmes) qui abondent dans tous le texte et que s'envoient les protagonistes pour si dire bien des choses, se déclarer, faire des reproches etc...

J’ai traversé quelques tunnels mais la lecture de ce roman est une expérience intéressante.

2 – On me l’a toujours conseillé et c’est ce que j’ai fait : j’ai lu l’introduction écrite par René Sieffert...

3 – que je cite "ce qui importe, ce n’est pas une « histoire », à peu près inexistante du reste, mais un climat, une atmosphère, un état d’âme, le parfum d’un prunier en fleurs ou les accords d’une cithare".

4 – Il faut considérer que j’ai fait une première lecture comme on dit qu’on a écrit un premier jet. Un deuxième passage n'en sera que plus appréciable, agréable...

5 – Petit conseil : reportez vous à la page wikipédia qui dresse une liste des personnages. Ils sont nombreux et désignés par leur titre. Et comme ils font carrière, ils changent de titre ! C’est très très utile car j’ai mainte fois été perdu : de qui parle-t-on? Qui est ce personnage ?
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Le Dit du Genji

Onzième siècle, une aristocrate dame Murasaki nous narre le destin politique et la riche vie d'un prince le Genji. Enfin, il s'agit "d'une base" pour le récit.

Pour celles et ceux qui céderont aux phrases et aux ambiances si particulières, cet ouvrage sera un moment privilégié de lecture, de rêve, de musique et de couleurs.

Et comme l'indique si justement dans sa préface René Sieffert :

"Et tant pis pour les gens pressés : le Genji est certes un 'roman fleuve', et même un best-seller, mais il est fait pour être lu à tête reposée et relu à loisir, car ce qui importe, ce n'est pas une 'histoire', à peu près inexistante du reste, surtout dans les derniers chapitres, mais un climat, une athmosphère, un état d'âme, le parfum d'un prunier en fleur ou les accords d'une cithare".
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Le Dit du Genji

Traduction du Japonais par rené Sieffert

Monument de la littérature japonaise, le Dit du Genji rapporte de façon romancée la vie d'un prince "radieux" de la cour impériale japonaise.

D'un abord qui n'est pas des plus faciles, il analyse la vie et les comportements humains d'un façon encore très actuelle, avec une extrême finesse dans l'analyse des sentiments et psychologies. Il montre une société qui est certes à l'extrême pointe de la pyramide sociale, mais incroyablement raffinée et subtile comme en témoignent des pratiques et comportements tout-à-fait impressionnants :

- l'extrême recherche dans les vêtements et tenues ;

- le raffinement des musiques, que l'on voulait s'accorder avec le chant des insectes (cigales) environnants ;

- la sensibilité à la nature (que l'on ne peut comparer qu'à celle de Mary Webb) ;

- l'art subtil de se dissimuler derrière des paravents (pour les femmes), et d'essayer d'apercevoir les femmes (pour les hommes) ;

- la correspondance que les amants échangeaient, sous forme de courts poèmes (près de mille dans l’œuvre) exquis, calligraphiés avec art sur des papiers soigneusement choisis, souvent accompagnés d'une branche sélectionnée avec art d'un arbre en fleurs;

- l'extrême soin et prévenance que l'homme prend de la femme à conquérir (bien que ne lui demandant pas toujours son avis !), et qu'il conserve en même temps vis-à-vis de ses autres maîtresses, concubines et épouses déjà en place, et ce sur la très longue durée.

Un monument donc, impressionnant par le raffinement des moeurs (au XI° siècle) qu'il présente, et par la subtilité de ses poèmes.
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Le Dit du Genji

Murasaki Shikibu a composé Le Dit du Genji alors qu'il était une dame à la cour japonaise, et l'a probablement terminé vers 1010. Le chinois étant la langue savante de la cour, les œuvres écrites en japonais (la langue littéraire utilisée par les femmes, souvent dans les récits personnels de la vie à la cour) n’ont pas été pris très au sérieux ; de même, la prose n’était pas considérée comme l’égale de la poésie. Le Dit du Genji, cependant, se distinguait par le fait qu'il reposait sur une connaissance approfondie de la poésie chinoise et japonaise et qu'il était une œuvre gracieuse de fiction imaginative. Il comprend quelque 800 waka, poèmes courtois censés être l'écriture du personnage principal, et son récit souple soutient l'histoire à travers 54 chapitres sur un personnage et son héritage.



Dans sa forme la plus élémentaire, Le Dit du Genji est une introduction captivante à la culture de l'aristocratie du début du Japon Heian : ses formes de divertissement, sa manière de s'habiller, sa vie quotidienne et son code moral. L'époque est superbement recréée à travers l'histoire de Genji, le courtisan beau, sensible et doué, un excellent amant et un digne ami. La majeure partie de l'histoire concerne les amours de Genji, et chacune des femmes de sa vie est décrite de manière vivante. L’œuvre montre une sensibilité suprême aux émotions humaines et aux beautés de la nature, mais à mesure qu’elle progresse, son ton plus sombre reflète la conviction bouddhiste de la fugacité de ce monde.
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Le Dit du Genji

Souvenir d'une lecture déjà un peu ancienne.

Je suis confondu par cette extraordinaire période d'Heian-kyō (Kyoto), caractérisée par la splendeur et le très haut niveau culturel de la Cour impériale, avant que les désordres du Moyen-Age ne mettent le pays à feu et à sang. le Dit du Genji a été écrit vers la fin de cet âge d'or, il y a mille ans, c'est-à-dire avant la rédaction (en vieux français) de "notre" chanson de Roland. Une noble dame de la Cour impériale - dont on ne sait presque rien - a rédigé cette oeuvre immense et raffinée, qui est considérée comme l'un des textes fondateurs de la littérature japonaise. Ici le traducteur, René Sieffert, s'est efforcé de rendre l'allure générale de la langue originale, en se référant au vocabulaire de Saint-Simon (mémorialiste français du XVIIIème siècle, ni trop proche ni trop éloigné de nous): ce choix particulier se veut un compromis dans la traduction, pour éviter deux excès opposés, un parti-pris archaïque et une langue trop moderne.



Le "Dit" est un long récit qui enchaîne les rencontres et les marivaudages. Comme chacun le sait, le héros est un Prince de très haut rang et d'une beauté exceptionnelle. Il se comporte comme un grand séducteur; mais il faut souligner que l'auteure use de litotes pour évoquer ses nombreuses conquêtes féminines. de nombreux poèmes et des allusions à des pratiques anciennes du Japon peuvent laisser perplexe un Français contemporain, et aussi il est difficile de bien saisir qui est qui. Chaque "livre" (rouleau) se laisse lire assez facilement, mais la longueur extraordinaire de l'ensemble peut laisser certains lecteurs sur le bord de la route. J'avoue que, moi-même, j'avais assez vite renoncé à le lire intégralement: je m'étais comporté comme un lecteur (trop) pressé. Néanmoins, je n'ai pas regretté d'avoir eu un intéressant aperçu sur ce grand chef d'oeuvre.

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Le Dit du Genji

Un livre de presque 1500 pages, un grand nombre de personnages désignés par leur grade (qui évolue en fonction de leur carrière) et non par leur patronyme, voila qui pourrait décourager certains lecteurs. Cependant, il faut persister, entrer dans cette atmosphère si particulière et se laisser porter par l'histoire, la poésie, les sensations de ce classique de la littérature japonaise écrit au tout début du XIème siècle.

Une lecture que je recommande vivement.
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Le Dit du Genji

Voilà une chronique difficile à écrire. Parce que j’ai énormément de choses à vous dire et que je ne sais pas où commencer (d’ailleurs, je vais rapidement vous perdre vu la longueur de l’article), parce que j’ai peur de ne pas rendre hommage à ce livre, parce que c’est un roman atypique qui détonne complètement parmi mes lectures habituelles (non, je ne suis pas familière des récits japonais du XIe siècle).



Le Dit du Genji est une œuvre millénaire. Ecrit au XIe siècle, il raconte la vie politique mais surtout amoureuse du Prince Genji. Considéré comme le premier roman psychologique, il est attribué à une femme dont le vrai nom nous est resté inconnu. En effet, Murasaki est le nom du personnage féminin principal tandis que Shikibu se rapporte à la fonction de son père (de l’autrice donc) qui était un lettré à la cour.



• Les us et coutumes d’une époque



Présenté comme une histoire vraie, Le Dit du Genji nous offre une plongée dans le Japon de l’époque de Heian (794-1185) dans la cour impériale sise dans la ville du même nom (l’actuelle Kyôto). Le Genji étant un Prince de sang, nous nous familiarisons peu à peu avec les usages de la cour et les protocoles.

Riche en détails, le récit donne une bonne place aux us et coutumes de l’époque : les fêtes religieuses, les conjurations lors de maladies, les mariages, les entrées en religion, les abdications (j’ai d’ailleurs été surprise par le fait que les empereurs laissent volontiers la place à leur successeur, il n’y a pas du tout de lutte pour le pouvoir dans le roman, ce qui change des histoires de dirigeants avides et accrochés à leur trône) et même une célébration de l’entrée dans la vieillesse… à quarante ans (eh oui, il n’est pas surprenant de trouver, dans une œuvre aussi vieille, quelques éléments qui détonnent avec notre quotidien).

En revanche, nous restons dans un milieu de nobles et la peinture du Japon du XIe siècle n’est nullement complète. Les paysans et autres gens du commun sont présentés soit avec condescendance, soit comme un tableau bucolique (ce qui n’en est souvent pas moins condescendant d’ailleurs…).



• La place des femmes



Je parlais des éléments qui surprendront, voire choqueront, un lecteur ou une lectrice du XXIe siècle. En voici un autre : le traitement des femmes. « Ça y est, elle commence son laïus féministe. » Eh bien oui, mais je précise dès à présent que je ne condamne pas catégoriquement le roman pour une simple raison : il a été écrit il y a mille ans.



Le Genji, homme d’une beauté presque surnaturelle, grand séducteur, a, au fil du récit, de multiples maîtresses, dont certaines deviendront des épouses officielles. Il n’hésite pas à les harceler pour obtenir ce qu’il veut : une tentative de viol initie ainsi sa première histoire d’amour, il presse tant une autre qu’elle tombe malade, l’esprit jaloux d’une amante délaissée vient torturer son épouse…

De mon point de vue de femme du XXIe siècle, ce n’est donc pas toujours un personnage recommandable (son petit-fils, le Prince Parfumé, sera de ce point de vue là encore plus insupportable) mais ce n’est absolument pas présenté ainsi. Sa beauté est si éclatante que le monde est sans cesse en admiration devant lui, chacun – hommes et femmes – lui passera (presque) tout, chacun le trouvera touchant dans sa détresse (comprendre « quand une femme lui résiste un peu ») et tant pis pour la femme concernée qui se retrouve seule contre le monde entier (par exemple, lorsqu’il force la porte de la chambre de la demoiselle d’Akashi, cette dernière est seule pour s’opposer à lui car il a l’accord du père de la jeune fille qui souhaite pour elle un mariage grandiose). Mais ça, c’est seulement la façon dont j’ai vu les choses en lisant entre les lignes car le Genji, surnommé le Prince Radieux, n’est jamais vraiment déprécié dans le récit.



Je continue d’ailleurs ma parenthèse féministe.

Le mot « viol » ne sera jamais prononcé – nonobstant la notion de consentement, on parlera plutôt de « liaison » –, l’acte n’est même jamais présenté comme tel (et la langue est telle que ce n’est parfois pas évident de ne pas passer à côté), mais en ce qui me concerne, aussi implicite que ce soit, c’est bel et bien ce dont il s’agit.

Je ne nierai pas que la façon dont les femmes sont regardées, étudiées, évaluées et en même temps surprotégées est parfois agaçante. Par exemple, elles ne doivent pas être vues des autres (même le fils du Genji ne découvrira le visage de Murasaki, sa belle-mère, qu’en l’épiant en secret) mais si l’une d’elles se laisse apercevoir, c’est elle qui en sera blâmée même si l’homme a forcé sa porte ou ne cesse de la poursuivre de ses assiduités comme on dit.

Elles sont soumises à une pression perpétuelle. Sans protecteur masculin, elles risquent une vie peu reluisante, mais elles doivent faire très attention à leur mariage sans qu’elles aient vraiment leur mot à dire dans le choix de leur époux. Le mot d’ordre : ne surtout pas déchoir, ne pas céder à un homme, etc. Ainsi le Prince Huitième conseillera à ses filles de vivre recluses dans la montagne lorsqu’il ne sera plus et de « s’épargner ainsi les fâcheux éclats de la médisance. »

De même – et je terminerai là-dessus –, la grossesse à onze ans pour la fille du Genji choque un peu.



Attention, je ne veux pas donner l’impression d’écrire un réquisitoire. Non seulement, ce n’est pas une succession de viols, mais surtout il faut vraiment effectuer une remise en contexte. D’ailleurs, même si l’on exigeait beaucoup des femmes – ce qui n’a pas vraiment changé –, elles sont tout de même globalement respectées. Il est d’ailleurs surprenant, en lisant ce livre si raffiné, si avisé sur ce qui agite les cœurs et les esprits des hommes et des femmes, de mettre en parallèle l’histoire de l’Europe alors en plein Moyen-âge.

Je me dois tout de même de réhabiliter un peu le personnage du Genji. Ce dernier est tendrement épris de Murasaki : tous deux ont une relation complice et émouvante. (C’était pourtant mal parti : il en a fait sa protégée toute jeune et celle-ci, devenue grande, est quelque peu tombée des nues en apprenant qu’il voulait l’épouser.) Il la placera toujours au-dessus des autres, inquiétera de ses sentiments (notamment lorsque l’Empereur l’obligera à épouser l’une de ses filles) et lui demandera souvent son avis. En outre, passées les erreurs orgueilleuses de la jeunesse, il est, étonnamment peut-être, d’une grande fidélité envers les femmes qu’il a aimées. Il ne les abandonne pas et fait construire une grande demeure pour leur offrir à toutes confort et sécurité. Il accepte les défauts de chacune et leur rend régulièrement visite même si certaines relations amoureuses se transforment en amitié respectueuse. De même le Commandant Suave sera par la suite plein de respect pour les femmes et se révélera incapable de mal agir.



• Des thèmes universels…



En dépit des siècles qui nous séparent de l’écriture du roman, celui-ci aborde des thèmes universels et immortels tels que l’amour – le Genji recherche durant de nombreuses années l’amour absolu et la femme parfaite –, mais aussi, via le fils du Genji, l’adolescence, la relation avec un père strict qui exige de lui qu’il étudie avec sérieux et régularité. En effet, par la voix du Genji, Murasaki-shikibu évoque l’importance des études, délaissées par les nobles de l’époque. En cela, son personnage n’est pas du tout représentatif des mœurs de l’époque.

En outre, présentant les arts et loisirs qui occupaient les loisirs des membres de la cour impériale, l’autrice offre également quelques leçons pour les lecteurs et lectrices de l’époque : parfums, accords de couleurs pour vêtements, littérature de fiction et dits historiques, calligraphie…



Murasaki-shikibu n’hésite pas à bousculer un peu son époque en parlant de choses qui choquaient la distinction et la retenue polie de l’aristocratie de l’époque. Elle parle d’accouchement, de la laideur d’une femme de haut rang ou du corps pourrissant d’une autre (ne vous attendez pas à entendre parler d’asticots ou de fluides s’échappant de la dépouille, tout reste toujours très subtil et est davantage affaire de couleurs et de rigidité). L’humour n’est d’ailleurs pas absent. Par exemple, le jeu de séduction dans lequel s’embourbe le Genji avec une femme de cour âgée qui ne recule devant rien est (tendrement) moqueur.



• … dans un écrin de sensibilité et de raffinement



L’intériorité des personnages tient une place cruciale dans ce roman qui n’est aucunement une histoire d’action. Murasaki-shikibu offre à ses personnages, principaux ou secondaires, de multiples facettes. Elle dissèque les relations amoureuses, celles qui embellissent ou qui s’essoufflent avec le temps, la jalousie, le désir et les frustrations, les doutes et les lassitudes.



Le récit, lent et méditatif, illustre parfaitement l’expression « mono no aware », que j’avais déjà rencontrée dans les livres de Minh Tran Huy, et qui désigne, pour reprendre les termes de l’avant-propos du Dit du Genji, « la tristesse inhérente à la beauté du monde » ou « la beauté poignante des choses fragiles ». De nombreux protagonistes sont sujets à la mélancolie et conscients de la nature éphémère de toutes choses du monde, que ce soit leur propre existence, la vie des plantes et autres êtres vivants, les sentiments ou encore les positions sociales. « L’impermanence de toutes choses en ce monde » se révélera, avec le désir de « se retirer de ce siècle dégénéré », être le leitmotiv du Genji (et du Commandant Suave par la suite). Son exil, bien que temporaire, le confrontera à l’expérience de la solitude est renforcera cette certitude que rien n’est assuré.



C’est un roman empli de douceur, d’élégance et de raffinement. Les saisons et la nature y tiennent un rôle très important, ce qui confère au roman une tonalité très contemplative et reposante. Elles ne sont d’ailleurs pas invoquées en vain ou simplement pour « faire joli », mais, subtiles métaphores, sont souvent porteuses de sens. (Mais j’y reviendrai (non, je n’ai pas du tout fini...).)

Les titres de chapitres, et les surnoms de femmes, donnent le ton : « La belle-du-soir », « Jeune grémil », « La fête aux feuilles d’automne », « Ce mince nuage… », « Jeunes herbes », « Sarments de vigne vierge », etc. Les protagonistes vont d’ailleurs régulièrement admirer les fleurs omniprésentes qui poussent ici et là. La résidence de la Sixième Avenue où le Genji installe ses femmes est divisée en quatre demeures. Celles de l’été et de l’hiver sont pour les femmes de rang de moindre importance tandis que le printemps et l’automne, considérés comme les plus belles saisons, sont réservées à celles possédant le rang le plus élevé, dont Murasaki. Son inauguration, donne lieu à de splendides descriptions de ce qui m’est apparu comme un lieu enchanteur avec ses cours d’eau, ses plantes et ses arbres qui se pareront de leurs plus belles couleurs à telle ou telle saison. La description des saisons, des fleurs et des cérémonies mois après mois trouve son paroxysme dans le livre-chapitre 41, « Illusions », très lent et poétique puisqu’il s’agit du dernier dans lequel apparaît le Genji.



• Une lecture parfois difficile



Je ne vais pas vous mentir, ma lecture a tout d’abord été assez laborieuse et très lente. Il m’a fallu un mois pour arriver à bout du premier livre, mais beaucoup moins pour les deux suivants. En effet, l’écriture est extrêmement poétique et précieuse, ce qui la rend très exigeante. Elle demande de la concentration, non seulement à cause de la minutie et de l’élégance avec lesquelles les phrases sont construites, mais aussi pour comprendre pleinement l’histoire.

Tout n’est pas explicite (en tout cas pas pour une lectrice du XXIe siècle) : par exemple, il n’est pas dit « ils se marièrent », non, on te parle de nuits passées ensemble et de petits gâteaux et, trois pages plus loin ou dans une légende d’illustrations, on parlera de la femme comme d’une épouse. La première fois, je suis revenue en arrière pour voir ce que j’avais raté. En fait, je n’avais rien raté sauf le fait qu’un mariage est officialisé lorsque l’homme passe trois nuits auprès de sa promise, s’en va avant l’aube les deux premières et partage avec elles des gâteaux le troisième matin. Ce n’est pas évident (la première fois parce qu’une fois au courant, ça va mieux) lorsqu’on ne sait pas que cette succession d’événements est synonyme de mariage.

De même, les personnages s’expriment souvent en courts poèmes, des wakas, pour exprimer leurs sentiments, leur tristesse, leur amour… Et comme je le disais plus haut, ils le font souvent avec des métaphores puisées dans la nature (les arbres et les fleurs, les nuages…). Au bout d’un moment, on sait que tel élément est une image pour tel autre, mais n’étant familière de la poésie (et encore moins japonaise), il m’a fallu un petit temps d’adaptation. Signe de leur culture, ils font également régulièrement appel à des poèmes célèbres à l’époque, références qui m’étaient bien entendu totalement inconnues.

Enfin, il n’y a pas ou peu de prénoms et de noms. A l’exception d’un ou deux subalternes, les hommes sont uniquement désignés par leurs titre (des titres qui évoluent et passent de l’un à l’autre en fonction des promotions, des titres qu’ils sont plusieurs à avoir comme les Princes par exemple…) tandis que les femmes – Murasaki exceptée – sont généralement identifiées par des surnoms (Belle-du-jour, Parure Précieuse, Oie-sauvage-au-séjour-des-nues, dame du « séjour où fleurs au vent se dispersent »). Les surnoms rendent tout de même les femmes bien plus faciles à reconnaître, sauf pour ce qui est des princesses et anciennes princesses d’Isé et de Kano et des Dames de la Chambre ou du Clos aux Glycines/au Paulownia/etc., ce qui a été un casse-tête du début à la fin pour moi.

Heureusement, ma lecture s’est fluidifiée progressivement pour mon plus grand plaisir et j’ai profité de ce texte ensuite avec beaucoup de confort, mais il est vrai que la langue et le style tranchent vigoureusement avec mes lectures habituelles. J’ai également fortement apprécié la présence des annexes réunies dans un petit livret. Les résumés de chaque chapitre, les arbres généalogiques (avec les noms japonais, points de repère fixes pour suivre les changements de grades et de titres) et les petites biographies de chaque personnage m’ont été d’une aide précieuse.



• La découverte d’illustrations absolument fascinantes : les Genji-e



Cette superbe édition, fruit du travail des éditions Diane de Selliers, est également fascinante pour ses illustrations. Je m’attendais à des parallèles avec des œuvres diverses de peintres japonais puisque le coffret porte la mention « illustré par la peinture traditionnelle japonaise », mais il s’agit en réalité – et ce n’est pas un reproche, cela s’est au contraire révélé être une totale découverte absolument passionnante – des Genji-e, des peintures illustrant des passages du roman.

En effet, Le Dit du Genji a immédiatement remporté un franc succès et était admiré avant même son achèvement. Il a inspiré lecteurs et artistes au fil des siècles. Une suite a été écrite au XIIe siècle, des critiques et commentateurs y ont trouvé un inépuisable sujet, tandis qu’en 1277, des nobles ont tenté de reproduire le concert féminin offert par le Genji dans le roman. Mais surtout, de nombreux peintres l’ont illustré. Les plus vieilles peintures retrouvées et présentées dans l’ouvrage datent de 1130-1140. La préface sur les Genji-e, très intéressante, présente l’histoire du genre et quelques artistes tout en donnant quelques précieuses explications sur la manière de « lire » les images.

Les Genji-e est un genre très codifié. Il était interdit de montrer directement une statue religieuse (ainsi, un Bouddha est signifié par des pétales de lotus) tandis que les visages des nobles sont représentés de manière très lisse, sans défaut ni relief. De même, les peintres se montraient réticents à montrer une demeure délabrée, des vêtements modestes ou un faciès laid si tout cela appartient à un noble… se heurtant ainsi au texte beaucoup moins farouche de Murasaki-shikibu. Toutefois, les peintures laissent une place non négligeable à l’expression personnelle de chaque artiste et c’est un aspect fascinant à observer : voir comment différents artistes ont illustré une même scène. Certains sont plus ou moins fidèles au texte, d’autres montrent un intérêt qui pour les scènes intimes et familiales, qui pour les grandes démonstrations d’apparat… Le récit est véritablement embelli par ses images d’un grand raffinement.

Je ne vais pas nier que les légendes des Genji-e se sont avérées cruciales pour percevoir toute la symbolique qui irrigue ces œuvres. Elles sont très enrichissantes et permettent d’appréhender correctement les peintures et de ne pas passer à côté de l’essentiel (ce qui aurait été le cas pour moi, avec mon regard d’Occidentale, sans ses précisions). En outre, elles aident parfois à comprendre certains événements décrits avec tant de subtilité (entre les codes et l’étiquette) que j’ai parfois manqué de passer à côté (l’histoire du mariage par exemple).



• Les dix livres d’Uji



J’ai été surprise de découvrir que le roman ne s’arrêtait pas avec la mort du Genji. Celui-ci étant entré en religion, il disparaît du récit car son statut de religieux est incompatible avec celui de personnage de récit romanesque selon les codes de l’époque. Les derniers chapitres laissent la place à la nouvelle génération avec le petit-fils du Genji, le Prince Parfumé, et son presque-fils, le Commandant Suave. Les dix derniers sont appelés « les dix livres d’Uji » et racontent leur rivalité amoureuse. J’ai cru ne pas pourvoir me faire à ce changement – je venais tout de même de passer deux mois avec le Genji – mais finalement les deux protagonistes ont su éveiller des sentiments tels que je me suis vraiment immergée dans leur histoire. D’un côté, on a donc le Prince Parfumé qui m’a sans cesse exaspérée. Ce personnage, insupportable de sans gêne et d’égoïsme, m’a souvent fait râler à haute voix, malheureusement, il n’a pas réagi à mes injonctions le priant de ne pas se comporter comme un idiot. De l’autre, le Commandant Suave, sensible à l’extrême, tellement réservé et malchanceux en amour que je n’ai pu qu’éprouver de la compassion pour lui. Définitivement, j’ai été de son côté et, la fin étant ouverte, j’espère vraiment que les choses se sont, par la suite, améliorées pour lui (oui, les personnages sont vivants pour moi).



• Une lecture atypique et inoubliable



Tournant la dernière page, j’ai été prise par des émotions parfois contradictoires. La joie et la fierté d’être arrivée jusqu’au bout, la tristesse de dire adieu à ce livre – je n’avais jamais mis autant de temps à lire un seul livre en continu – ou encore le désir de m’y replonger (pour mieux profiter de la première partie dont la lecture avait été laborieuse). Pendant quelques jours, je me suis sentie désœuvrée, abandonnée sans ce roman-fleuve pour me tenir compagnie. Le livre lu ensuite – La Cité exsangue – en a d’ailleurs pâti et je lui ai reproché sa brièveté. En effet, qu’est-ce que 300 pages contre 1300 avec trois colonnes de texte par page ?

Malgré les siècles qui nous séparent – induisant forcément des éléments en désaccord avec mes convictions (la situation des femmes ne me fait guère rêver, même si l’on connaît bien pire de nos jours, de même que les pudeurs et déshonneurs des personnages ne me parlent pas directement) – et en dépit de l’exigence du texte, ce fut clairement une lecture atypique, subtile et délicate, emplie de beauté et de douceur. Littérature et poésie, arts et philosophie, connaissance et mise à nu des femmes et des hommes, récit fictionnel et richissime documentation sur les mœurs de l’époque… un chef d’œuvre.



Je ne peux que saluer le travail absolument merveilleux – et pharaonique – des éditions Diane de Selliers, ne serait-ce que pour l’œuvre iconographi
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Le Dit du Genji

D'une certaine façon, l'on pourrait dire que Le Dit du Genji de Murasaki est au Japon ce que l'œuvre de Chrétien de Troyes est à la France ; tous les deux ont vu le jour au XIIe siècle et font partie des premiers romans à avoir marqué l'histoire en faisant preuve de modernité pour leur époque (je reviendrai plus en détail sur Chrétien de Troyes dans un autre article, dès que j'aurais terminé de relire toute son œuvre).



Lire le Dit du Genji est loin d'être un exercice facile lorsqu'on s'est habitué à lire des romans modernes et contemporains, néanmoins, une fois la barrière de l'époque dépassée, on découvre alors tout un monde fascinant, qui l'air de rien, n'est finalement pas si éloigné du notre.



Le Prince Genji est un bel homme, raffiné, qui aime se parfumer, loin de l’image de l’homme guerrier du japon féodal. Alors qu’il mène son petit train de vie à la cour impériale, il recherche l’amour, le vrai, l’inconditionnel. Celui qui fera vibrer chaque once de sa peau, la passion, le feu. Il écrit des poèmes, il est poli, mais il est frivole et a un comportement auto-destructeur. Playboy, violeur, capricieux, c’est un homme méprisable et peu recommandable, mais sa beauté presque irréelle fait que tout le monde l’admire et lui passera presque tout.



La vie à la cour impériale est loin d’être un long fleuve tranquille, chacun y va de ses manigances et de ses manipulations pour parvenir à ses fins. Les hommes et les femmes se rencontrent séparés par des cloisons exacerbant les sens et les fantasmes, les amants communiquent principalement à travers des waka (poèmes de 31 syllabes).



Dans un Japon où tout est très codifié, et où les non-dits règnent en maître, Murasaki enfonce les portes et n’a pas peur de briser le silence et les tabous qui l’entourent avec subtilité et sous-entendus maniés intelligemment.

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Le Dit du Genji

Murasaki Shikibu : Une féministe esthète, XIe siècle après J.C, Japon



La force de son œuvre : Dame d'honneur de l'impératrice Akiko, Murasaki Shikibu est une femme de lettres qui décrit l'aristocratie japonaise. Son oeuvre conte l'histoire du Prince Genji dont l'attitude se matérialise en un mauvais karma qui sera finalement résorbé.



La structure du texte, son écriture délicate provoque un ravissement esthétique immédiat.



Son influence sur le monde : Très imprégné de bouddhisme et de néo-taoïsme chinois, le texte est aussi une critique de la polygamie japonaise de l'époque et, dans une autre mesure, une contestation politique de la domination masculine mêlée d'une fascinante beauté littéraire qui éveille les consciences. (source l'Internaute Livres)







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Le Dit du Genji

Certes, c'est un ouvrage de référence mais alors il faut être bien reposé et au calme pour le lire. Il ne se lit vraiment pas facilement.
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