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Critiques de Murasaki Shikibu (30)
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Le Dit du Genji

Intéressé par la littérature japonaise, j’avais beaucoup entendu parler du « dit du Genji », une ouvre majeure du XI° Siècle.

Je viens enfin de le lire et ce fut une surprise sur plein de plans.

D’abord, c’est une ouvre gigantesque, près de 1500 pages dans l’édition de Verdier. C’est à la fois très clair et très complexe à lire.

Très clair, parce que c’est facile à suivre, à comprendre, que les personnages sont bien campés et que les situations ne s’embarrassent pas de détails, tout étant dans la subtilité psychologique.

Mais c’est aussi très complexe : l’histoire se déroule sur des dizaines d’années, depuis la naissance du Genji, jusqu’à celles de certains de ces descendants. Les personnages sont souvent définis par leurs titres : le Capitaine, le Général, le Ministre de Droite, … et comme le roue de la vie tourne, ce sont les mêmes titres, mais plus forcément les personnes.

C’est un roman psychologique écrit par une femme pour des femmes. On ne parle que des relations des personnages entre eux et absolument pas de ce qui se passe en dehors. Le Général s’occupe de beaucoup de choses sûrement mais on n’en parle qu’au travers de ses états d’âmes avec les autres personnes. Vous naviguez dans le monde de la Cour, mais à aucun moment vous ne connaissez la condition de la population. Un peu comme sous l’Ancien Régime en France, où en dehors des Aristos, rien n’existait. Le temps semble s’être arrêté dans ce roman, les personnages et notamment les Empereurs se succèdent, mais rien ne semble avoir changé.

C’est un roman très lent. Nous suivons la vie du Genji (titre donné à un prince qui ne peut accéder à la succession impériale), de sa naissance à sa vieillesse. J’ai eu l’impression d’être les séries américaines comme « les feux de l’amour », où le héros arrive chez son amie et rien que pour appuyer le bouton de la sonnette, il y a deux épisodes.

C’est un livre à lire lentement, par étapes.

Ce qui le rend très fort, c’est son analyse des liens psychologiques entre les personnages et les situations. C’est un livre très impermanent parce que ces liens et situations sont toujours d’actualité et cela résonne fortement.

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Journal

Un incroyable témoignage qui, s'il est court, n'en est pas moins riche.

L'autrice du premier roman japonais moderne, la dame de compagnie impériale Murasaki Shikibu, décrit ici la vie au palais agitée par la naissance du petit prince, ainsi que ses propres réflexions et tourments, entrecoupés de courts poèmes.

Peinture d'un milieu qui, s'il est très favorisé et porté sur la contemplation, l'apparat et l'élégance, n'en demeure pas moins humain, et donc par moments faillible, ridicule ou attendrissant.

紫式部の日記.
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Le Dit du Genji

Murasaki Shikibu a composé Le Dit du Genji alors qu'il était une dame à la cour japonaise, et l'a probablement terminé vers 1010. Le chinois étant la langue savante de la cour, les œuvres écrites en japonais (la langue littéraire utilisée par les femmes, souvent dans les récits personnels de la vie à la cour) n’ont pas été pris très au sérieux ; de même, la prose n’était pas considérée comme l’égale de la poésie. Le Dit du Genji, cependant, se distinguait par le fait qu'il reposait sur une connaissance approfondie de la poésie chinoise et japonaise et qu'il était une œuvre gracieuse de fiction imaginative. Il comprend quelque 800 waka, poèmes courtois censés être l'écriture du personnage principal, et son récit souple soutient l'histoire à travers 54 chapitres sur un personnage et son héritage.



Dans sa forme la plus élémentaire, Le Dit du Genji est une introduction captivante à la culture de l'aristocratie du début du Japon Heian : ses formes de divertissement, sa manière de s'habiller, sa vie quotidienne et son code moral. L'époque est superbement recréée à travers l'histoire de Genji, le courtisan beau, sensible et doué, un excellent amant et un digne ami. La majeure partie de l'histoire concerne les amours de Genji, et chacune des femmes de sa vie est décrite de manière vivante. L’œuvre montre une sensibilité suprême aux émotions humaines et aux beautés de la nature, mais à mesure qu’elle progresse, son ton plus sombre reflète la conviction bouddhiste de la fugacité de ce monde.
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Le Dit du Genji

Souvenir d'une lecture déjà un peu ancienne.

Je suis confondu par cette extraordinaire période d'Heian-kyō (Kyoto), caractérisée par la splendeur et le très haut niveau culturel de la Cour impériale, avant que les désordres du Moyen-Age ne mettent le pays à feu et à sang. le Dit du Genji a été écrit vers la fin de cet âge d'or, il y a mille ans, c'est-à-dire avant la rédaction (en vieux français) de "notre" chanson de Roland. Une noble dame de la Cour impériale - dont on ne sait presque rien - a rédigé cette oeuvre immense et raffinée, qui est considérée comme l'un des textes fondateurs de la littérature japonaise. Ici le traducteur, René Sieffert, s'est efforcé de rendre l'allure générale de la langue originale, en se référant au vocabulaire de Saint-Simon (mémorialiste français du XVIIIème siècle, ni trop proche ni trop éloigné de nous): ce choix particulier se veut un compromis dans la traduction, pour éviter deux excès opposés, un parti-pris archaïque et une langue trop moderne.



Le "Dit" est un long récit qui enchaîne les rencontres et les marivaudages. Comme chacun le sait, le héros est un Prince de très haut rang et d'une beauté exceptionnelle. Il se comporte comme un grand séducteur; mais il faut souligner que l'auteure use de litotes pour évoquer ses nombreuses conquêtes féminines. de nombreux poèmes et des allusions à des pratiques anciennes du Japon peuvent laisser perplexe un Français contemporain, et aussi il est difficile de bien saisir qui est qui. Chaque "livre" (rouleau) se laisse lire assez facilement, mais la longueur extraordinaire de l'ensemble peut laisser certains lecteurs sur le bord de la route. J'avoue que, moi-même, j'avais assez vite renoncé à le lire intégralement: je m'étais comporté comme un lecteur (trop) pressé. Néanmoins, je n'ai pas regretté d'avoir eu un intéressant aperçu sur ce grand chef d'oeuvre.

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Journaux des dames de cour du Japon ancien

Ce recueil présente trois journaux, de taille inégale, tenus par des dames de cour de l’époque Heian, au XIe siècle. 



À l’époque de leur rédaction règne l’empereur Ichijo et ses deux impératrices, Sadako et Akiko. Chacune s’entourait des meilleurs éléments pour que sa cour surpasse celle de sa concurrente. Sadako comptait dans ses suivantes Sei Shonagon, talentueuse rédactrice des « notes de chevet », livre magnifique que j’ai chroniqué ici, alors que Akiko comptait à sa cour Murasaki shikibu, autrice de l’imposant et magnifique « Gengi monogatori ». En 1008, elle y sera rejointe par une poétesse célèbre, Izumi Shikibu.

Elles ont toute deux rédigé chacune leur journal : Murasaki Shikibu nous y décrit sa vie à la cour impériale pendant quelques années. Izumi Shikibu nous raconte comment, durant quelques années, elle entretint une liaison avec un prince impérial, et son journal s’achève au moment où elle le rejoint à la cour malgré les commérages au sujet de leur liaison.



Le troisième journal présenté est celui dit « de Sarashina », mais nous ne connaissons pas le nom de celle qui l’a rédigé* (Sarashina est une ville). Il couvre presque toute la vie de cette femme, de douze à cinquante ans. On y retrouve les récits poétiques de ses voyages, sa vie à la cour, ses déconvenues (nombreuses), ses rares joies et son goût pour la contemplation des paysages.



Mais au delà du fond, ce qui compte, ce qui transforme ces journaux, c’est leur musique interne, c’est l’enchantement que constitue la langue de cour utilisé par leurs rédactrices. Toutes trois sont les ambassadrices d’un monde raffiné à l’extrême, où l’on ne communique que par poèmes, où les sentiments se doivent d’être suggérés, les tenues éblouissantes et d’un accord parfait (une des dames de cour fait-elle une légère erreur dans la combinaison des couleurs, un peu trop pâles, du poignet de sa manche que tous les nobles présents le remarquent). C’est aussi un monde où règne le poids étouffant de l’étiquette et les moyens variés de la transgresser ; ainsi que l’admiration envers la nature et ses manifestations.



Ainsi nous y rencontrerons bien des fois les aspects changeants de la Lune (si bien décrits bien plus tard, par les estampes de Yoshitoshi), seule source de lumière et d’espoir dans les longues nuits de veille des belles de l’époque dans l’attente d’une visite galante ; nous y ferons connaissances avec des manches qui ne peuvent être que mouillées de larmes et lirons force description de tenues, mais aussi de nombreux tankas, poèmes d’amour, de désir, de remerciement où de désolation, traces par delà les millénaires des éternelles vicissitudes de l’âme humaine. Mots lancés pour un instant, pour séduire, pour laisser transparaître les sentiments qui ne peuvent qu’affleurer à la surface de ce monde codifié à l’étiquette rigide.



Ecoutons « Sarashina » alors qu’elle accomplit son premier voyage, à l’âge de treize ans: « Le mont Fuji se trouve dans cette province. Dans la province où je fus élevée et d’où je partais pour entreprendre ce voyage, j’apercevais cette montagne dans le lointain, vers l’ouest. Elle surgit peinte d’un bleu profond, et couverte de neiges éternelles. On dirait qu’elle porte une robe violet foncé avec un voile blanc sur les épaules. La fumée montait du petit plateau sur sa cime. Le soir, nous y vîmes des flammes vives ».



Voyons comment Murasaki Shikibu nous confie ses désillusions passagères alors qu’elle hésite régulièrement entre s’éloigner de la cour ou y reprendre sa place: « Avant d’aller à la cour, j’essayais d’échapper à la mélancolie en correspondant avec celles qui partageaient mon coeur de diverses façons. Bien qu’étant une personne sans importance, j’avais passé ma vie sans éprouver le moindre mépris pour moi même, jusqu’au moment où je me rendis à la cour : depuis lors, hélas! j’en ai éprouvé l’amertume. »



Découvrons comment Izumi (seule à avoir rédigé son journal à la troisième personne) ouvre son coeur à son noble soupirant lorsque celui-ci lui demande de quelle façon elle pense à lui :



 « S’il était seulement permis à mon coeur d’éprouver la douleur de l’attente !

Peut-être d’attendre serais-ce une douleur moindre ce soir…

Que de ne pouvoir même pas espérer… »



Il règne dans les lignes de ces journaux un charmes féminin indéfinissable, perceptible encore malgré le millénaire qui nous sépare de leur rédaction.



Les textes présentés par les éditions P. Picquier proviennent d’une double traduction Japonais -> anglais (par Annie Shefley Omori et Kochi Doi) puis anglais -> français (par Marc Logé) qui date de 1925 (!)



L’Introduction d’Amy Lowell date de cette époque, et elle est d’une grande qualité, présentant parfaitement les trois rédactrices et leur cadre de vie. Celle qui l’a rédigée était une poétesse elle même d’un grand talent (Elle reçut le Pulitzer à titre posthume) et par ailleurs soeur de Percival Lowell, astronome « inventeur » des canaux de Mars et initiateur de la recherche de la planète Pluton, baptisée d’ailleurs en raison de ses initiales.



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* Comme leurs noms soient en fait des surnoms liées à leur fonction,  les noms des autres dames sont parfois inconnus : si Murasaki Shikibu se nommait To (Shikibu est le titre de son père, signifiant « maître de cérémonie, comme Shonagon, « conseiller d’état inférieur »), on ne connait pas le « vrai » nom d’Izumi Shikibu.
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Poèmes

Ce petit livre paru en 1986 aux P.O.F. est une fenêtre discrète sur l’univers disparu de Murasaki-Shikibu, l’autrice millénaire du Dit du Genji. Hormis ce célébrissime roman, seul son journal et les poèmes regroupés dans ce recueil nous sont parvenus. Murasaki-shikibu était comptée comme faisant partie des trente six génies de la poésie japonaise. Magnifiquement traduits et interprétés par R. Sieffert, nous retrouvons en une centaine de pages 125 poèmes dont la plupart sont de Murasaki-shikibu, les autres ayant été compilés de sa main et correspondant à ceux lui ayant été adressé par de fins lettrés, dames de cours ou prétendants de haute lignée. 



Il faut revenir un instant sur la vie des dames de cour à l’époque Héian pour comprendre l’importance de ces textes : Elles étaient enfermées, le plus souvent soustraites aux regards masculins, et ne communiquaient avec leurs prétendants et visiteurs qu’au moyen de poèmes dont les sens cachés n’apparaissaient qu’aux lettrés experts en poésie chinoise ou possédant à fond les légendes classiques de l’époque. Ces dames, instruites et raffinées, éloignées de la pratique du chinois « réservé » aux hommes, inventèrent, si l’on peut dire, la langue japonaise sous sa forme écrite.

Ce sont par leurs poèmes que ces femmes revêtues de douze couches de soie exprimaient leurs joies et leurs peines, leurs sentiments et leurs impressions, et par eux qu’elle accédaient à la renommée. L’immense « dit du Genji » ne compte pas moins de 794 de ces tanka, ensemble de cinq lignes comportant 5, 7, 5, 7 et 7 syllabes, rythme que R. Sieffert a réussi le tour de force de respecter en français.



Ce recueil est présenté de façon intelligente (ce n’est pas toujours le cas des ouvrages où foisonnent des notes en fin d’ouvrage, difficiles à consulter en cours de lecture, et qui multiplient les préfaces), car les poèmes sont présentés sur les pages impaires accompagné non seulement des présentations de la poétesse, qui précise le cadre de leur rédaction, mais aussi des précisions et notes du traducteur qui sont situées juste en face, sur les pages paires.



Quels sont les messages que Murasaki-shikibu nous adresse, par delà un fossé de dix siècles ? Des amies qui vont et viennent « au cri faiblissant des insectes », des nouvelles de pays lointain, parvenus « guidées par la Lune », des souvenirs de voyage où des « vagues dressées dans le soir, rudement s’agitent », la cour effrénée d’un prétendant « au coeur volage » mais qui deviendra son mari, un deuil où « l’univers tout entier, de sombres brume se vêt », mais aussi un ruisseau qui coule, la lune dans la nuit ou un oiseau qui chante : milles fragments d’une vie si lointaine et si proche, et la belle découverte d’un auteur majeur de la littérature mondiale.
Lien : https://litteraturedusoleill..
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Le Dit du Genji

Le niveau de français est très bon (éditions Verdier). Les histoires sont passionnantes de détails et de réalisme. L'universalisme est saisissant. 1500 pages d'amants qui se triturent la tête sur le dernier message reçu et le sens derrière chaque mot ou sur la manière d'avancer sous les ragots potentiels mais on adore. On retrouve des motifs similaires à ceux des livres occidentaux de la même époque ou plus tardifs. Tout le monde est beau, y compris dans les suites, les costumes sont tous plus précieux et plus colorés les uns que les autres. En revanche l'attention portée à la beauté de l'instant, parfois sur des infimes détails (l'éclat d'une feuille, le bruissement du vent, le reflet de la lune) diffère. Le livre est parsemé de tableaux du genre.

On y apprend énormément sur la société japonaise. La vie de la cour, les arts en vue de l'époque, la dureté de la condition de la femme. Mais on comprend aussi que l'économie est au fond du gouffre : il n'est jamais question de monnaie, les services sont rétribués en nature, les repas sont sommaires, les héritages faméliques. On devine aussi que la féodalité n'est pas arrivée, les nobles n'étant que des grands propriétaires terriens ou des gestionnaires de terres reçues en apanage d'une charge (on comprend que passant tout leur temps à la cour impériale, les dites terres sont peu mises en valeur). La puissance vient tout autant de la naissance, des différents protecteurs et de la capacité des nobles à mener l'équivalent d'un cursus honorum comme chez les romains.

Comme cela a déjà été dit, le livre n'est pas facile à suivre (mais ça n'a rien d'insurmontable) . Pas seulement à cause du nombre de personnages désignés exclusivement par des rangs qui changent tout le temps mais aussi de par les arbres généalogiques qui sont bordéliques et l'art de s'exprimer qui passe uniquement par des allusions et des sous-entendus.
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Le Dit du Genji

D'une certaine façon, l'on pourrait dire que Le Dit du Genji de Murasaki est au Japon ce que l'œuvre de Chrétien de Troyes est à la France ; tous les deux ont vu le jour au XIIe siècle et font partie des premiers romans à avoir marqué l'histoire en faisant preuve de modernité pour leur époque (je reviendrai plus en détail sur Chrétien de Troyes dans un autre article, dès que j'aurais terminé de relire toute son œuvre).



Lire le Dit du Genji est loin d'être un exercice facile lorsqu'on s'est habitué à lire des romans modernes et contemporains, néanmoins, une fois la barrière de l'époque dépassée, on découvre alors tout un monde fascinant, qui l'air de rien, n'est finalement pas si éloigné du notre.



Le Prince Genji est un bel homme, raffiné, qui aime se parfumer, loin de l’image de l’homme guerrier du japon féodal. Alors qu’il mène son petit train de vie à la cour impériale, il recherche l’amour, le vrai, l’inconditionnel. Celui qui fera vibrer chaque once de sa peau, la passion, le feu. Il écrit des poèmes, il est poli, mais il est frivole et a un comportement auto-destructeur. Playboy, violeur, capricieux, c’est un homme méprisable et peu recommandable, mais sa beauté presque irréelle fait que tout le monde l’admire et lui passera presque tout.



La vie à la cour impériale est loin d’être un long fleuve tranquille, chacun y va de ses manigances et de ses manipulations pour parvenir à ses fins. Les hommes et les femmes se rencontrent séparés par des cloisons exacerbant les sens et les fantasmes, les amants communiquent principalement à travers des waka (poèmes de 31 syllabes).



Dans un Japon où tout est très codifié, et où les non-dits règnent en maître, Murasaki enfonce les portes et n’a pas peur de briser le silence et les tabous qui l’entourent avec subtilité et sous-entendus maniés intelligemment.

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À la découverte du Dit du Genji

Indispensable pour savourer le Dit du Genji ! Résumé par chapitre, tableau chronologique, index des personnages permettent de se retrouver dans le monumental roman de Murasaki-Shikibu, dont les personnages ne sont quasiment jamais désignés par leur nom propre mais par leur fonction ou leur surnom.
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Le Dit du Genji

L'autrice japonaise, dame de la cour de Kyoto, n'est connue que sous le nom de son personnage principal. Ce texte de 1500 pages, écrit au tout début du XIe siècle, émerge parmi d'autres autrices étonnantes de la même période. Cette critique donc sera un peu longue, d'où quelques intertitres ;-) : Les difficultés de lecture, L'histoire, Les arts, le statut des femmes, L'écriture, le religieux, La traduction, Quelques scènes, Et encore.



- LES DIFFICULTES DE LECTURE

Une lecture prenante quoique difficile… J'ai dû acheter l'excellent guide de lecture paru aux éditions Diane de Sellier pour ne pas décrocher (A la découverte du Dit du Genji). Outre un résumé par chapitre contenant parfois quelques explications éclairantes, il propose une liste des personnages ainsi que des arbres généalogiques bien utiles. En effet, les nombreux personnages ne sont pas connus sous leur nom mais sous leur surnom ou bien sous leur titre, qui change au fur et à mesure de leur progression dans le cursus honorum. Difficulté supplémentaire, si le Ministre de la droite (par exemple) est promu Grand Ministre, un autre ministre de la droite va être nommé. Cette succession des titres et de ceux qui les portent évoque d'ailleurs le glissement du monde, la notion d'impermanence au coeur du bouddhisme, la vie semblable à un fleuve qui coule.



- L HISTOIRE (première partie)

Le Genji, prince d'une beauté éblouissante, dit le Radieux, est le fils de l'empereur et de sa favorite morte trop tôt. Il séduit toutes sortes de femmes, souvent très belles, mais parfois aussi laides (par ex, La fleur dont se cueille la pointe !) ou vieilles. Mais il porte au coeur une blessure : il est amoureux de l'Impératrice, femme de son père, car elle ressemble, dit-on, à sa mère décédée. Lors d'une unique nuit d'amour il engendre un enfant que l'empereur croit sien. Sa quête de l'amour amène le Genji à éduquer une jeune enfant qui ressemble, elle aussi, à sa mère (et à l'impératrice par la même occasion). Freud, au secours ! Quand elle a grandi, il l'épouse. C'est Murasaki, celle qui prête son nom à l'autrice. Aventures amoureuses, politiques, relations sociales, clans, influences, exil, apogée et déclin tissent la trame du roman.



L'HISTOIRE (2ème-3ème partie)

Après quelques chapitres de transition commence l'histoire de deux descendants des personnages du premier livre. le premier, le Commandant Suave, ainsi nommé par son corps dégage naturellement une odeur délicieuse, est de tempérament austère, religieux et renfermé. Dur d'être amoureux quand on veut renoncer au monde ! Quant au Prince Parfumé, qui doit son nom à sa passion pour les parfums qu'il élabore lui-même, il est volage et entreprenant. Leurs surnoms signalent leur rivalité amoureuse autour des trois filles d'un Prince religieux retiré du monde.



- LES ARTS

Les poèmes ("wakas") insérés dans le récit servent à la fois à communiquer de façon allusive et à évoquer l'intériorité des personnages, qui choisissent avec soin le papier, l'encre, et le rameau ou le feuillage à accrocher à leur missive. Calligraphie, musique, concours de poésie se succèdent. La beauté fugace des saisons, dans les jardins comme dans la nature indomptée, imprègne tout le récit.



- LE STATUT DES FEMMES

On ne peut manquer d'être frappé par la condition des femmes de la haute société qui ne doivent à aucun prix être vues, même par leurs frères, et sont dissimulées derrière écrans, cloisons et paravents, communiquant parfois par le truchement de leurs fidèles dames de compagnie, pour ne pas même faire entendre leur voix. Et elles se déplacent en glissant sur leurs genoux (voir le film Aristocrats : encore de nos jours parfois...). Ajoutons qu'il est de mauvais goût que les femmes manifestent leur jalousie quand leur mari prend une deuxième épouse ou une concubine. Cela dit, le mariage pour elles ne signifie pas toujours vie commune avec leur époux, puisqu'elles restent dans la demeure paternelle, et certaines s'autorisent de discrètes aventures. A la décharge du Genji, celui-ci n'abandonne pas les femmes qui ont été, même brièvement, ses maîtresses, au point de les aider matériellement et/ou de les loger ensemble dans un palais.



- L'ECRITURE

Que de choses à dire ! C'est poétique, imagé, souvent drôle, acerbe. La narratrice intervient parfois pour nous dire que les poèmes n'étaient pas tous bons, qu'on n'en a pas gardé trace, que les habits étaient splendides, inutile donc des les décrire... Etonnant de la part d'une écrivaine qui use d'autant d'hyperboles ! Deux exemples d'humour : lorsqu'une femme d'un rang peu élevé est remarquée par le Genji, la narratrice nous dit malicieusement qu'elle a l'impression que "le ciel et les étoiles se reflètent dans son petit baquet". Et elle croque le Secrétaire aux Rites peinant dans la neige ; il "valait d'être vu, marchant avec componction en relevant des deux mains le bas de ses chausses bouffantes". » Murasaki sait évoquer des atmosphères, des vêtements (le bas des robes superposées semblable aux pages d'un livre), la neige qui tombe, les feuillages d'automne, des conflits intérieurs : "voilà que sous un déguisement sordide, à cheval, et poussé par une curiosité mêlée d'appréhension et de remords, il allait pénétrer au coeur des montagnes, cependant que des sentiments divers agitaient son coeur impatient."



- LE RELIGIEUX

Surprenants : le mélange de shintoïsme et de bouddhisme, les superstitions, la croyance dans les esprits malins et les renards maléfiques, les directions interdites et les souillures. Ajoutons que les personnages se font souvent religieux, notamment quand ils avancent en âge (vers quarante ans, on est vieux).



- LA TRADUCTION

Remarquable traduction qui évoque aussi bien Mme de la Fayette et sa Princesse de Clèves, que la prose incisive du duc de Saint-Simon.



- QUELQUES SCENES PRISES AU HASARD, DANS LE DESORDRE

* Grosse chaleur ; les femmes se sont fait apporter un bloc de glace qu'elles ont du mal à briser

* Décidément, impossible de voir les femmes dissimulées derrière leur rideau dans la nuit. le visiteur cache des lucioles qu'il relâche brusquement en faisant mine d'arranger le rideau, et peut ainsi assouvir sa curiosité.

* Elle ressemble à une femme qu'il a aimée passionnément. le Commandant Suave l'appelle un "simulacre" et en tombe amoureux.

* Sur la grève les pêcheurs font brûler le sel.

* Chez Belle-du-Soir, le Genji est confronté pour la première fois aux conversations du peuple et au bruit pénible du foulon qui bat le tissu.

* Les tenues des femmes : accords de couleurs entre robes du dessus et du dessous, ou robes blanches assouplies par l'usage et touchantes dans leur charmant négligé.

*



ET ENCORE :

Je suis loin d'avoir épuisé le texte. C'est à la fois très dépaysant et intemporel, universel. Un petit bémol : l'aspect répétitif et parfois contradictoire des débats intérieurs des personnages.

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Journaux des dames de cour du Japon ancien



Ces dames de cour du Japon vivaient aux alentours de l'an mil, période de Heian ; un temps d'un raffinement extrême, qui précède l'époque de la féodalité et de Shoguns, dont l'imagerie est mieux connue. Point de combats de samouraïs dans ce Japon ancien mais des joutes poétiques et une délicatesse qui confine à la préciosité.



Murakasi Shikibu est l'autrice du premier roman japonais le "Genji monogatari". Son journal relate un moment de sa vie à la cour de l'impératrice Akiko et donne des détails sur le quotidien des courtisans et les rites de la cour. A noter l'importance et la qualité des descriptions de vêtements et des infinis nuances de couleur.



Izumi Shikibu fut une poétesse célèbre dont l’œuvre est encore éditée et respectée. Elle consacre son journal à sa liaison passionnée avec le prince Atsumichi. Elle y recueille les poèmes qu'ils se sont échangés au cours des années.



Le journal de Sarashina est pour moi le plus touchant : cette fille d'un gouverneur y a écrit divers événements de sa vie entre ses 12 ans et ses 50 ans; une vie faite de peines et de deuils, d'un amour profond des romans et d'une grande sensibilité douloureuse.



Tout à fait délicieux !
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Journaux des dames de cour du Japon ancien

Dans le journal de Sarashina, c'est l'intimité de la jeune femme qui nous est proposée. Sarashina y évoque les événements de sa vie dès ses douze ans jusqu'à ses cinquante ans. Lors de voyages ou de visites à sa famille, les échanges sont épistolaires sous forme de poèmes faisant souvent référence à la nature pour décrire ses états d'âme.

Le deuxième journal est celui de Murasaki Shikibu, et nous plonge dans la vie de la cour. La jeune femme y fait preuve d'une grande connaissance des moeurs et des rites, notamment les hiérarchies à respecter par les différentes courtisans selon leur rang et leur importance. Elle y décrit les robes, les couleurs ou les fautes de goût, faisant preuve d'ailleurs d'un humour assez caustique, quelquefois drôle dans des portraits que La Bruyère ne renierait pas.

Le troisième journal est celui d'Izumi Shikibu, et surtout de ses amours avec un gentilhomme marié, illustré par de nombreux échanges de poèmes.

Une lecture en demi-teinte...Trois journaux intimes de la période de Heian au XIème siècle quand la capitale du Japon était Kyoto, qui nous révèlent trois femmes et leurs préoccupations principales, leurs échanges avec leurs interlocuteurs, famille, amants, sous forme de tankas, poèmes de trente et une syllabes, forme la plus usitée à l'époque et qui s'appuie souvent sur la nature pour décrire les états d'âme. J'ai eu quelque fois du mal à me concentrer sur les sujets abordés, pour certains assez elliptiques (des amours consommées ou non je ne sais toujours pas) des dialogues sous forme de poèmes épistolaires, processus qui se répète et m'a lassée et moult détails sur les tenues robes, dessous, manches qui ne m'ont pas passionnée...

Murasaki Shikibu, se lancera dans l'écriture "du dit du Genji", oeuvre fondamentale dans la littérature japonaise et il peut être intéressant de prendre connaissance d'écrits plus intimistes, mais ce recueil s'adresse plus aux spécialistes et érudits en littérature médiévale japonaise et je suis restée un peu de côté.

Pour les passionnés.
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Le Dit du Genji, coffret en 3 volumes, tome..

« Le Dit du Genji », ou Genji monogatari (源氏物語), est un monument de la littérature japonaise parfois considéré comme le premier roman psychologique de l’histoire. Il a été écrit au tout début du onzième siècle, par une femme pour des femmes, en hiragana, l’écriture cursive phonétique du syllabaire japonais. L’auteure, Dame Murasaki, vécut à la cour impériale de Heian-kyô (l’actuelle Kyôto). Ce roman-fleuve est composé de 54 livres narrant sur plusieurs décades la vie tumultueuse d’un prince impérial ne pouvant accéder au trône, le Genji, mais appelé à de hautes fonctions politiques. Sont décrits ses relations avec les personnages de la Cour de Heian, son goût pour les arts et son amour pour les femmes, les us et coutumes de l’époque, les intrigues politiques, et jusqu’à la vie de Kaoru le fils du Genji. Le Genji monogatari est une véritable chronique sociale, détaillant les mœurs et la mécanique du pouvoir.



J’ai longtemps été intimidé par cette œuvre monumentale, notamment parce qu’une multitude de personnages (plus de deux-cents) habitent l’univers très codifié de ce roman, et que leurs noms ou titres changent au fil du temps et de leur évolution dans la société. Du fait de son aspect révolutionnaire, le Genji monogatari donna même naissance à un courant pictural propre, le Genji-e (« images du Genji »). C’est cette somptueuse édition, distinguée de plusieurs prix, qui m’a convaincu d’entamer le voyage dans ce roman absolument unique : le coffret contient 1 livret explicatif et 3 volumes brochés cumulant 1312 pages enrichies de 520 peintures traditionnelles japonaises et de 450 détails en couleurs. La richesse culturelle du roman, alliée à son iconographie éblouissante, font de cette édition très didactique un véritable trésor pour les amoureux de littérature, de peinture et de poésie. La prose de Murasaki est en effet ponctuée de près de 800 waka (poèmes de 31 syllabes). Le concept esthétique et spirituel japonais de mono no aware (物の哀れ), « la beauté poignante des choses fragiles », y est aussi illustré de manière remarquable à travers les arts évoqués.



Je complèterai cette chronique une fois que j'aurai terminé ma lecture de cet ouvrage impressionnant, mais je compte bien prendre le temps nécessaire à la contemplation. J'attribue donc pour l'instant ma note, non pas à l'œuvre de Murasaki Shikibu, mais à la qualité irréprochable du travail éditorial des Editions Diane de Selliers.
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Le roman de Genji

Roman de la délicatesse volatile des sentiments, de leurs mensonges aussi, du souci de l'exquis dans toute son indifférente fatuité. Roman de la délicatesse et de la suggestion, Le roman de Genji ou la jeunesse de Genji est une des premières pièces à l'édifice de la construction romanesque de la psychologie. Entre euphémisme et allusions souvent un rien hermétique, Murasaki Shikibu nous dépeint un monde qui nous demeure délicieusement étranger.
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Journaux des dames de cour du Japon ancien

Trois journaux écrits par des femmes de cour au Japon au XIème siècle.

Introduction éclairante sur les écrits intimes, la cour de l'époque, chacune de ces femmes et leur journal.



le Journal de Sarashina : il commence quand l'autrice est adolescente et se termine à un âge relativement avancé. Sur une soixantaine de pages, on rencontre la sensibilité de cette jeune fille puis de cette femme, à travers un récit de voyage, sa vie à la cour, ses pélerinages. Toujours sensible à la nature (nombreuses notes descriptives et souvent poétiques), passionnée de littérature (de la difficulté de se procurer des livres quand on n'appartient pas à l'aristocratie ; petite tendance au bovarysme de plus...), pas avare dans l'expression des sentiments que ce soit pour sa soeur morte, son père en voyage, un amant.

J'ai trouvé très émouvant d'imaginer le quotidien, les pensées et les émotions de cette femme d'il y a mille ans !



Journal de Murasaki Shikibu : Elle est l'autrice du Genji Monogatori / @le dit du Genji (dont l'autrice du Journal de Sarashina était une grande amatrice !), considéré encore aujourd'hui comme un des plus grands romans japonais, et l'un des premiers romans psychologiques au monde. Soixante-cinq pages dans lesquelles elle évoque le quotidien de la cour ponctué de cérémonies protocolaires, très attentive à la beauté et aux tenues des femmes qui constituent un art à part entière. Elle se montre pleine d'humilité, de compassion et de circonspection au milieu de ces mondanités. Elle n'hésite pas à en mentionner les travers et la lassitude qu'elle peut éprouver. On croise Izumi Shikibu (autrice du troisième journal présenté ici, qui faisait partie de la cour de la Princesse tandis que Murasaki Shikibu faisait partie de la cour de l'impératrice, grande poétesse encore renommée aujourd'hui) qu'elle considère comme une artiste pas vraiment accomplie, ainsi que Sei Shonagon (autrice de @Notes de chevet, considéré encore aujourd'hui comme un chef d'oeuvre) qu'elle trouve imbue d'elle-même. On la voit complice de l'impératrice pour cacher leur connaissance du chinois (interdit aux femmes à l'époque) alors qu'elles en admirent les créations littéraires (voir citation).

Quelques images bien senties, mais reste à savoir dans quelle mesure la traduction respecte le texte original, car elle n'a pas été faite à partir du texte japonais mais de sa traduction anglaise... ce qui ne m'a pas dérangé pour ces deux premiers journaux mais qui est un véritable gâchis pour le troisième journal, le Journal d'Izumi Shikibu.

Particularité, il est écrit à la troisième personne (donc doute sur l'auteur). C'est le récit de la romance entre Izumi Shikibu et le Prince Atsumichi : leurs rencontres et leur correspondance parsemée de poèmes. D'après les spécialistes, cet ouvrage est vraisemblablement plutôt l'enchâssement des poèmes échangés entre les amants dans un écrin narratif qu'un réel journal.

Je l'ai trouvé assez pénible à lire du fait de la succession souvent simplement juxtaposée des épisodes, sans détail descriptif du décor par exemple, des scènes répétitives, un style aux phrases assez allusives et alambiquées. Certains poèmes m'ont tout de même touchée par leur sensibilité et leur subtilité, le lien nature / sentiments etc. J'étais malgré tout déçue de ce journal - quand je suis tombée sur une traduction de René Ceccaty dans @Mille ans de littérature japonaise. J'ai en partie lu les deux textes en face à face : on pourrait presque dire que ce sont deux textes différents ! Et j'ai trouvé le texte fabuleux dans la traduction de Ceccaty ; de ce fait, j'ai des doutes sur les traductions de deux premiers journaux et je pense que ça vaudrait le coup de lire une version tirée directement de l'original. Cependant, il est possible que ce décalage se sente particulièrement dans le journal d'Izumi Shikibu par le caractère extrêmement poétique de son écriture (d'après ce que dit Ceccaty), jouant énormément sur les mots, leur homophonie et leur polysémie, chose très difficile à rendre en traduction (le fameux problème du "traduire / trahir"), donc en traduction de traduction... d'autant que des références culturelles ou littéraires n'ont vraisemblablement pas été identifées, vidant donc certains passages de leur sens.



Bref, une lecture intéressante dans l'ensemble malgré la déception sur le dernier tiers. Je trouve émouvant d'observer des tranches de vie aussi lointaines dans le temps, l'espace et la culture et pourtant tellement proches sur le plan humain !





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Le dit du Genji, tome 1 : Le clos du Paulaw..

Cela faisait longtemps que je voulais découvrir le Dit du Genji ( XIème siècle). J'ai écouté en audio gratuit le premier livre. Vraiment j'ai envie de continuer.

C'est, dit-on, le premier roman psychologique du monde. Effectivement la conteuse multiplie les points de vue. Nous sommes à la place de la pauvre favorite de l'empereur, objet de jalousie des épouses et dames d'atour de la cour ; puis de sa mère et de son immense chagrin ; puis de l'empereur, amant inconsolable et prisonnier de l'étiquette. Et par petites touches, nous faisons connaissance avec l'enfant au charme extraordinaire, qui ne peut prétendre au trône et qui est à l'origine ( gen) d'une nouvelle branche ( ji) impériale. La vie n'est pas un long fleuve tranquille à la cour et même l'empereur ne fait pas ce qu'il veut. Heureusement pour lui il peut toujours consulter quelques astrologues de grande réputation... La langue est très élégante, la syntaxe sinueuse mais toujours compréhensible ( bravo les traducteurs). le récit est traversé de wakas ( poèmes) très beaux qui offrent un aperçu du raffinement de la cour à l'époque Heian.

Je vous recommande la version audio du donneur de voix Ahikar ( durée 1 heure).
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Le Dit du Genji, coffret en 3 volumes, tome..

Superbe coffret de trois volumes magnifiquement illustrés de miniatures précieuses et qui racontent l'histoire frantastique et très sensuelle du genji, personnage mythique de la littérature japonaise. Un régal pour les yeux et l'esprit.
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Le Dit du Genji

Traduction du Japonais par rené Sieffert

Monument de la littérature japonaise, le Dit du Genji rapporte de façon romancée la vie d'un prince "radieux" de la cour impériale japonaise.

D'un abord qui n'est pas des plus faciles, il analyse la vie et les comportements humains d'un façon encore très actuelle, avec une extrême finesse dans l'analyse des sentiments et psychologies. Il montre une société qui est certes à l'extrême pointe de la pyramide sociale, mais incroyablement raffinée et subtile comme en témoignent des pratiques et comportements tout-à-fait impressionnants :

- l'extrême recherche dans les vêtements et tenues ;

- le raffinement des musiques, que l'on voulait s'accorder avec le chant des insectes (cigales) environnants ;

- la sensibilité à la nature (que l'on ne peut comparer qu'à celle de Mary Webb) ;

- l'art subtil de se dissimuler derrière des paravents (pour les femmes), et d'essayer d'apercevoir les femmes (pour les hommes) ;

- la correspondance que les amants échangeaient, sous forme de courts poèmes (près de mille dans l’œuvre) exquis, calligraphiés avec art sur des papiers soigneusement choisis, souvent accompagnés d'une branche sélectionnée avec art d'un arbre en fleurs;

- l'extrême soin et prévenance que l'homme prend de la femme à conquérir (bien que ne lui demandant pas toujours son avis !), et qu'il conserve en même temps vis-à-vis de ses autres maîtresses, concubines et épouses déjà en place, et ce sur la très longue durée.

Un monument donc, impressionnant par le raffinement des moeurs (au XI° siècle) qu'il présente, et par la subtilité de ses poèmes.
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Le Dit du Genji, coffret en 3 volumes, tome..

Une édition somptueuse et luxueuse de ce grand roman de la littérature japonaise classique. De ce grand roman tout court. L'iconographie est riche, abondante. La qualité d'impression irréprochable. Un ouvrage unique.
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Le Dit du Genji

Le Genji monogatari (récit du Genji) est attribué à Dame Murasaki, qui a aussi laissé un Journal, journal qui mentionne l’existence de ce roman. C'était une Dame de la Cour du Japon de l’an mil qui fut au service d'une jeune impératrice pendant près de dix ans. Ce sont les personnages côtoyés qui lui serviront de modèles. Elle serait morte vers 1014, à peine âgée de 40 ans, les traces sont insuffisantes pour être précis.



Le personnage principal est un fils d’empereur, homme au multiples talents et d'une grande beauté, écarté de la succession du trône et qui devient un Genji, ancêtre d’un clan de sujets. Cela lui permet de faire une carrière politique. Ce que ne peuvent faire les princes du sang.

Genji n’est pas un nom, mais un titre honorifique.

Le livre est constitué de deux romans, le premier constitue une biographie complète de la naissance à la mort du Genji ; le second est consacré à son fils, Kaoru.



Le premier volume que je viens de lire est consacré à la jeunesse et à la maturité du Genji. C'est un homme d'une grande beauté, ayant de multiples talents. C'est un séducteur, et le livre nous conte ses aventures galantes.



1- J'avoue j'en ai bavé. Non pas parce que le livre est ennuyeux mais il m’a fallu me déshabituer de la littérature du XX° pour celle-ci du X° siècle. Style, langage, image, symbole etc pas facile pour moi de bien saisir ce qui se joue. Notamment le sens des wakas (poèmes) qui abondent dans tous le texte et que s'envoient les protagonistes pour si dire bien des choses, se déclarer, faire des reproches etc...

J’ai traversé quelques tunnels mais la lecture de ce roman est une expérience intéressante.

2 – On me l’a toujours conseillé et c’est ce que j’ai fait : j’ai lu l’introduction écrite par René Sieffert...

3 – que je cite "ce qui importe, ce n’est pas une « histoire », à peu près inexistante du reste, mais un climat, une atmosphère, un état d’âme, le parfum d’un prunier en fleurs ou les accords d’une cithare".

4 – Il faut considérer que j’ai fait une première lecture comme on dit qu’on a écrit un premier jet. Un deuxième passage n'en sera que plus appréciable, agréable...

5 – Petit conseil : reportez vous à la page wikipédia qui dresse une liste des personnages. Ils sont nombreux et désignés par leur titre. Et comme ils font carrière, ils changent de titre ! C’est très très utile car j’ai mainte fois été perdu : de qui parle-t-on? Qui est ce personnage ?
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