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Citations de Nastassja Martin (224)


Je ne suis pas morte, je suis née.
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En réalisant que chaque infirmière embrassait le médecin-chef sur la bouche systématiquement, j’ai ensuite pensé qu’il s’agissait d’une coutume locale : les Évènes s’embrassent bien sur la bouche pour se saluer lorsqu’ils appartiennent à une même famille. Avec les grognements répétés de nuit en nuit, mes élucubrations ont vacillé. C’est une autre forme de coutume inconnue dont il devait s’agir. Que d’animation ! C’est avec ces considérations sexuelles que ma vie d’humaine a repris le dessus, que je suis sortie de l’entre-deux-mondes, quelle étrangeté, que de se ressaisir de soi-même en entendant les autres faire l’amour chaque nuit. Ce fut le début d’une atténuation des souffrances.
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A la fin de la nuit cela m'apparaît très clairement : je veux remercier ses mains à elle, ses mains de femme qui ne savait pas, qui ne s'attendaient pas, elle non plus, à faire face aux brèches ouvertes par la bête de l'autre monde. Ses mains qui enlèvent, qui nettoient, qui rajoutent, qui referment. Ses mains citadines qui cherchent des solutions aux problèmes des fauves.
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Je passe mes journées à lire et à regarder par la fenêtre en attendant la nuit, sa protection, ses rêves, ses visions, la possibilité d'un voyage.
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A Tvaïan, la vieille idée selon laquelle les hommes chassent et les femmes cuisinent est un leurre absolu, une jolie fiction d'Occidentaux qui peuvent dès lors être fiers de l'évolution de leur société et du dépassement des présumés rôles genrés. Ici, tout le monde sait tout faire. Chasser, pêcher, cuisiner, laver, poser des pièges, chercher de l'eau, cueillir les baies, couper du bois, faire du feu. Pour vivre en forêt au quotidien, l'impératif est la fluidité des rôles ; le mouvement incessant des uns et des autres, leur nomadisme journalier implique qu'il faut pouvoir tout faire à tout moment car la survie concrète dépend des capacités partagées lorsqu'un membre de la famille s'absente
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Les personnes comme Daria savent qu'elles ne sont pas seules à vivre, sentir, penser, écouter dans la forêt, et que d'autres forces sont à l'œuvre autour d'elles. Il y a ici un vouloir extérieur aux hommes, une intention en dehors de l'humanité. Nous nous trouvons dans un environnement "socialisé en tout lieu parce que parcouru sans relâche" aurait dit mon ancien professeur Philippe Descola.
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"Délivrer un peu le passé de sa répétition, voilà l'étrange tâche. Nous délivrer nous-mêmes - non de l'existence du passé - mais de son lien, voilà l'étrange et pauvre tâche. Dénouer un peu le lien de ce qui est passé, de ce qui s'est passé, de ce qui se passe, telle est la simple tâche." J'ai commencé à lire Pascal Quignard il y a dix ans, quand j'étais sur le terrain en Alaska. Disons que ce fragment n'avait pas encore pris tout son sens. p.120
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Ivan arrive, c'est sa spécialité, faire barrage à la mélancolie, il dit toujours : ici on vit, pas le temps de s'apitoyer. p.132
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Les gens font que ça, penser à ce que pensent les autres. Ça sert à rien. p.132
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Ma mère pleure mais sait, au fond, que c'est ma seule issue. Plus tard, la plupart de ses amies feront vaciller sa foi en lui resservant cette histoire de limites. J'ai rencontré l'ours parce que je n'ai pas su mettre de limites entre moi et l'extérieur ; je n'ai pas su mettre de limites parce que ma mère n'a jamais était capable de m’en mettre. Tu aurais dû être autoritaire pour une fois et dire non à ta fille. Tu devrais la cadrer. La raisonner. L'arrêter. La borner. Pauvre maman, pauvres amies. En vrai, je n'ai jamais aimé les normes ni le concordat et encore moins la bienséance. Mais ma petite mère, cette fois, je pars pour que tu comprennes qu'entre moi et l'ours, il y a autre chose qu'une histoire de frontière mal placée et de violence projetée. Ma mère tient bon, elle ne flanche pas ; ma mère réalise que sa fille est liée à une forêt et qu'elle va devoir y replonger pour finir de se guérir à l'intérieur. p.90
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Je dis qu’il y a quelque chose d’invisible qui pousse nos vies vers l’inattendu.
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Comme aux temps du mythe, c'est l'indistinction qui règne, je suis cette forme incertaine aux traits disparus sous les brèches ouvertes du visage, recouverte d'humeurs et de sang: c'est une naissance, puisque ce n'est manifestement pas une mort.
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Je dis qu'il y quelque chose d'invisible, qui pousse nos vies vers l'inattendu. p. 124
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Vous savez, le visage, c'est l'identité. Je la regarde ahurie. [...] Je lui demande si elle prodigue ce genre d'information à tous les patients du service maxillo-facial de la Salpêtrière. Elle hausse les sourcils déconcertée. Je voudrais lui expliquer que je collecte depuis des années des récits sur les présences multiples qui peuvent habiter un même corps pour subvertir ce concept d'identité univoque, uniforme et unidimensionnel. Je voudrais aussi lui dire tout le mal que cela peut faire, d'émettre un tel verdict lorsque, précisément, la personne qui se trouve en face de vous a perdu ce qui, tant bien que mal, reflétait une forme d'unicité, et essaie de se recomposer avec les éléments désormais alter qu'elle porte sur le visage. Sauf que je garde ça pour moi.
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Mon corps après l'ours après ses griffes, mon corps dans le sang et sans la mort, mon corps plein de vie, de fils et de mains, mon corps en forme de monde ouvert où se rencontrent des êtres multiples, mon corps qui se répare avec eux, sans eux; mon corps est une révolution.
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J'ai l'impression de respirer, je crie de joie dans le vent. Cela dure quelques jours, le sourire aux lèvres, la légèreté, le corps qui s'affûte, les sens qui s'aiguisent à mesure que l'on monte. Il y a une ivresse de la haute montagne. Un intense bonheur propre au détachement. Et puis, juste derrière, il y a toujours les épreuves, qui attendent.
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Il dit : Nastia tu as pardonné à l'ours ? Silence à nouveau. Il faut pardonner à l'ours.
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L'ours est parti depuis plusieurs heures maintenant et moi j'attends, j'attends que la brume se dissipe.
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Je dis qu'il y a quelque chose d'invisible, qui pousse nos vies vers l'inattendu.
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si grandir c'est voir mourir ses rêves, alors grandir devient mourir. Mieux vaut snober les adultes, lorsqu'ils nous font croire que les cases sont déjà là, prêtes à être remplies.
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