Les descriptions ont rarement la cote chez les enfants. Je n'en suis plus un, mais, en habitué de la littérature jeunesse, j'ai vite compris qu’avec L'aventure de Castle Rock, je découvrais une auteure au pouvoir d'évocation particulier. Les premières pages du livre décrivent la maison d'enfance d'Alice, la Cerisaie – cette maison a un nom – et les derniers moments que la famille y vit. Il y a quelque chose de magique dans ces premières pages. Une douce mélancolie, où tristesse de partir et mal de vivre côtoient la folie de l'imagination, l'amour entre un père et sa fille, la tendresse d'une tante pour sa nièce. Et on constate surtout l'impuissance d'Alice, prisonnière des souvenirs de sa mère que lui rappelle constamment la Cerisaie, qui ne réussit à s'échapper que par ses histoires fictives qu'elle écrit.
« La maison pleure, dit [Barney]. »
Fin de la Cerisaie.
Départ à reculons.
Un nouvel essai.
En route vers le soleil de minuit d'Écosse, Alice fait rapidement des rencontres marquantes. Il y a Jesse, un pro de l'orientation et de la structure. Ce trait de caractère l'amène à être gentil et réservé – ce qui plait à Alice –, mais aussi parfois à prioriser les règlements aux amis. D'ailleurs, sa propension à respecter l'ordre lui vaut le surnom de Capitaine Poltron. Il y a aussi Fergus, un des garçons les plus intelligents qui soit, mais qui, comme Alice et Jesse, n'arrive pas à s'épanouir. Affligé, Fergus se crée des problèmes et des ennemis. Quand il découvre une Alice qui s'égare par ses bêtises, on comprend mieux pourquoi le garçon commence à s'y intéresser.
Vraiment, ce trio éclectique – qui se révèle, finalement, pas si éclectique! – constitue une grande force du roman. Ce mélange amène de fortes situations de tensions dans lesquelles leur amitié naissante s'écrasera ou rebondira. Si les autres enfants n'occupent qu'une place de figurants dans le récit, plusieurs adultes tiennent un rôle secondaire d'importance. En premier lieu vient le directeur de l'école, le général Fortescue. Cette imposante figure guide les enfants avec autant de sagesse que d'extravagance.
Bien que le roman s'axe surtout sur Alice qui se cherche et sur les bizarreries du trio dans l'aventure, il y a aussi Barney qui sert de fil conducteur au récit. Alice l'aime et a peur de le perdre aussi, mais on sent, de plus en plus, qu'il y a quelque chose qui cloche profondément avec lui. Prise entre l'envie de revoir son père et la crainte d'une autre déception – trop souvent Barney lui a menti, l'a oubliée à l'école ou ne s'est pas pointé à ses rendez-vous –, l'adolescente en devenir décide malgré tout de trahir une nouvelle fois ses amis et de mener l'équipe, en plein défi d'orientation, sur une ile perdue pour un étrange rendez-vous avec lui. C'est ce faisant que l'aventure atteindra son comble et où la mort les frôlera à quelques reprises!
« Il n'y a pas que la peur et les défis dans la vie. Parfois, la simple beauté du monde vous coupe le souffle. »
Somme toute, malgré leur force, ce ne sont pas les péripéties qui m'ont marqué le plus du roman. L'aventure de Castle Rock se révèle être, du début à la fin, un véritable hymne à la beauté et la force de l'enfance et de la nature, à travers lequel l'auteure y parsème de riches et colorées réflexions. Franchement, il s'agit d'une de mes belles lectures de l'année. À lire!
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