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Critiques de Nathan Hill (177)
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Les fantômes du vieux pays

Roman d’apprentissage et fresque américaine, « Les Fantômes du vieux pays » révèlent un jeune écrivain à l’éblouissante maîtrise et au comique féroce, Nathan Hill.
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Les fantômes du vieux pays

Lorsque j’ai débuté ma lecture du roman de Nathan Hill « Les fantômes du vieux pays » je ne savais rien ni de cet auteur ni du roman en question.



Je peux vous dire que maintenant, cet auteur est dans mes grands favoris des auteurs américains, dont je dois reconnaître que je suis très friande, quand même, depuis Paul Auster à John Irving en passant par Raymond Carver, Saroyan, Salinger et Jim Harrison… Liste non exhaustive et dont vous aurez remarqué qu’elle est exclusivement masculine : Oui, parce que j’estime que les autrices américaines méritent bien une liste à elles seules.



Le titre original du roman de Nathan Hill est « The nix » et aurait pu le rester en français « Le nix » , sans en dire plus, cela a son importance dans le roman, et un titre un peu mystérieux n’a jamais fait de mal aux lectrices et lecteurs.





Un titre chez Folio

Samuel est un trentenaire célibataire, hésitant pas très bien dans sa peau, qui est prof universitaire. Par ailleurs il joue compulsivement en ligne à un jeu vidéo nommé »Elfscape ».



Il apprend un jour que sa mère, dont il n’a plus de nouvelles depuis ses 11 ans, a jeté des graviers sur un candidat à la présidentielle.Il est contacté par l’avocat de cette dernière.



Samuel essaie de devenir écrivain, et de devenir lui-même ce qui lui est très difficile.Le roman va explorer à travers les récits de vie de Samuel dans ses différents univers (le professorat, le jeu vidéo, l’écriture et l’enfance ) l’histoire des U.S.A. depuis les années 40 et l’histoire singulière de sa vie et de celle de sa mère Faye et de son père originaire de Norvège.



Les U.S.A dans le roman

L’histoire avec un grand H est très présente dans ce roman, tout comme dans le dernier Paul Auster d’ailleurs que j’ai lu également cet été 2018.



J’aime particulièrement cet art de mêler les histoires d’individus avec les réflexions documentées (chapeau les écrivains !) sur l’histoire plus large en les fondant l’une dans l’autre.Ici c’est vraiment très réussi, Samuel qui se retrouve face à un mystère double (l’acte de sa mère et sa mère elle-même) enquête sur ce qui s’est passé quand elle a jeté des graviers à la face de ce politique mais du coup remonte complètement dans son histoire et découvre à la fois une personne, une mère, et un secret de famille qu’il va lever.Tout cela est étroitement mêlé à l’Histoire du pays , c’est une vaste fresque palpitante, vivante, et emplie de la tendresse que je suppose a ressenti Nathan Hill pour ses personnages principaux.



Et ils sont nombreux sans l’être trop, on ne s’y perd pas, mais on a de quoi explorer divers milieux sociaux et diverses époques.



Les allers-retours entre la jeunesse de Faye, l’enfance de Samuel et son père et sa vie d’adulte avec ses différentes casquettes et les principaux personnages qu’il côtoie sont bien menés, et sont absolument justes, des portraits fins et bien brossés, de vrais ingrédients de qualité pour une grande fresque romanesque et sociale.



On passe du coup, suivant les personnages et les situations, du cynisme le plus pur (l’éditeur de Samuel), à l’idéalisme naïf , en passant par l’abattement total ou la manipulation .Et on évolue des milieux des addicts de jeu vidéo, de classes moyennes, au campus universitaire, en passant par les milieux de l’édition, la jeunesse des années 60 de deux sortes : celle des états loin des villes et celles des étudiants de grandes cités, et j’adore cette diversité tout à fait reliée. L’écriture (ici traduite) de Nathan Hill est fluide et s’il a mis dix ans à travailler à ce roman et bien cela a valu le coup ! Chapeau bas, lisez-le, vous allez découvrir des personnages complexes, passionnants et une vraie intrigue que je ne vous dévoilerai certainement pas, qui vous mènera depuis les années 50 à nos jours, en passant par la Norvège…





La maison rouge de Norvège…

Les secrets de famille :

L’histoire de Samuel et Faye est une éblouissante démonstration du fait que les secrets de famille sont un poison terrible, et que dire les choses, est une véritable libération. La lente progression de chacun de ces deux personnages vers une parole qui libère est un vrai soulagement et est subtilement amenée, lentement mais de façon très vivante et crédible, et j’ai adoré la partie norvégienne du roman , assez courte, somme toute, mais plutôt déterminante pour la relation de Faye et Samuel. Et oui il y a un lien avec une maison en bois peinte en rouge au bord de la mer en Norvège, d’où l’image…



J’aime, quand je lis, me laisser emporter par le récit, l’intrigue, apprécier l’écriture, et espérer que le livre ne finira jamais, et j’aime par dessus tout, quand je me demande ce que j’ai récemment lu me souvenir précisément de ce que j’ai lu, des personnages, des gens de cette lecture, de « quoi ça parle »… Dans le fond, si on lit beaucoup, il n’y a pas tant de livres que ça qui me marquent tant, que je peux en parler facilement sans avoir à relire quelques pages ou bien la quatrième de couverture.



Mais celui-ci, oui je m’en souviens fort bien.Parce qu’il est tout simplement excellent, parce qu c’est un grand roman, empli d’un souffle puissant,plein de sens, et d’amour de la vie de ses contradictions et d’espoir.
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Les fantômes du vieux pays

Ce roman est une petite pépite, une belle histoire humaine, celle des fantômes de plusieurs vies mêlées au cœur d'une société américaine disproportionnée.⁣



Les fantômes du vieux pays, c'est une quête familiale captivante. La recherche d'un fils un peu paumé pour comprendre la vie de sa mère, les raisons qui l'ont conduite à l'abandonner à l'âge de 11 ans et les motivations qui l'ont poussée à agresser un homme politique en pleine campagne présidentielle.⁣



Les fantômes du vieux pays, c'est une belle petite brique de 950 pages d'une construction narrative détonante et savamment orchestrée. C'est un voyage littéraire où l'auteur décortique, dissèque et explore différentes tranches de vie entre la fin des années 60 et 2010.⁣



Monsieur Nathan Hill, vous avez consacré 10 ans de votre vie à l'écriture de ce premier roman et c'est une pure réussite. Je n'ai qu'une hâte : vous lire à nouveau !⁣


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Les fantômes du vieux pays

Ce livre raconte l'histoire de Nathan, prof de fac raté et de sa mère qui l'a abandonné enfant, en disparaissant brusquement. On suit en alternance sa vie actuelle, celle de sa mère avant sa naissance, et sa vie enfant. J'ai trouvé ce livre passionnant par tous les thèmes abordés au détour de l'histoire : les événements de 1968 à Chicago, les abus sur les enfants, la condition de la femme dans les années 60, l'addiction aux jeux vidéo.... Les personnages sont fouillés et attachants. Malgré sa longueur, ce livre est très facile à lire, le style est fluide. Un seul petit reproche : certains personnages, comme l'étudiante de Samuel, n'apportent pas grand chose, entraînant quelques longueurs.
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Les fantômes du vieux pays

Un grand roman américain qui brasse les époques, l'évolution des mentalités, le choc des cultures de l'Amérique profonde et de l'Amérique libérale. Destins croisés d'une mère (Faye) et d'un fils (Samuel). Elle l'a abandonné dans son enfance et a disparu des écrans radars jusqu'à ce qu'elle jette une poignée de gravillons sur un candidat républicain d'extrême droite à l'élection présidentielle et est au cœur d'un scandale construit artificiellement. Samuel va partir à la rencontre de l'histoire de sa mère et plonger dans les émeutes de Chicago de 1968 lors de l'investiture d'Humphrey. Prodigieuse description du télescopage entre deux mondes, celui, libertaire, qui combattait la guerre au Vietnam et celui, conventionnel et étriqué de l'Amérique profonde. Une Amérique qui existe encore et qui explique aujourd'hui l'élection de Trump. Peinture caustique de l'époque moderne où des êtres se perdent à jamais dans un monde virtuel au point de devenir des épaves dans le monde réel. Peinture ricanante du monde universitaire dans lequel certains étudiants viennent à n'importe quel prix chercher un passeport pour l'avenir plutôt qu'une formation, un surcroît de culture et une intelligence travaillée. Peinture désespérée où la création artistique n'est plus qu'une construction artificielle visant à offrir au millimètre près ce que le public attend. Une culture en voie d'extinction car comme tout est préformaté, il n'y a plus ni audace, ne création originale, ni découverte. Et somme toute, sous ses dehors légers, ironiques, Nathan Hill livre du monde moderne une vision très désespérée. Derrière cette peinture du monde, de ses évolutions et de ses dérives, il laisse évoluer ses personnages qui tous se cherchent sans jamais se trouver : le père de Faye qui a quitté la Norvège où règnent les fantômes du vieux pays pour vivre une vie bâtie sur un mensonge qui le tourmentera toujours, le père de Samuel qui vend des plats surgelés et ne comprend rien de ce qui lui arrive, Samuel qui a une vie fondée sur un malentendu premier dont il ignore tout et qui vit un amour virtuel incapable de prendre quand il le faut la voie du risque et de la vraie vie. Faye, enfin, -même, incapable d'aller au bout de ses rêves qui ne se trouvera qu'en fin de voyage après avoir été au bout de la question de ses origines dans le froid polaire du nord de la Norvège. Entre Irving et Jonathan Franzen, un grand écrivain est né. Qualité suprême, il écrit un roman qui fourmille mais qui est un regard sans concession sur le monde. Il pousse finalement jusqu'à sa quintessence la politesse et l'ironie du désespoir. Ressemblant à l'Irving du début, non loin de Jonathan Frantzen, il nous réjouit… Il offre une belle découverte, si loin des produits littéraires surgelés, fabriqués à partir de sondages qui, croit-il, peut-être à raison, menacent l'art de demain.
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Les fantômes du vieux pays

Attention, ce roman de plus de 700 pages est un monstre au sens de démesuré voire d'excessif. Mais il tellement bluffant qu'il imprime longtemps l'esprit. L'auteur, qui signe là son premier roman, avoue y avoir travaillé pendant dix ans.

Chicago en 2011. Une femme d'une soixantaine d'années prénommée Faye lance des cailloux sur le gouverneur Packer, clone de Trump, alors en campagne pour l'élection présidentielle. Les médias s'emparent de cet incident qui aurait pu rester à l'état de fait divers si la « victime » n'avait pas été aussi célèbre. Ils fouillent dans le passé de la criminelle et découvrent qu'elle fut dans sa jeunesse une hippie extrémiste accusée de prostitution.

L'éditeur de Samuel, le fils de Faye, exige de son protégé qu'il écrive un livre sur sa mère. Cela fait des années que le jeune homme, professeur d'introduction à la littérature, doit livrer un roman pour lequel il avait reçu un confortable à-valoir. Au lieu d'écrire, Samuel consacre plus de quarante heures par semaine à « Elfscape », un jeu en ligne. Pour oublier que sa mère l'a abandonné ainsi que son père alors qu'il n'était qu'un enfant, du genre pleurnichard ?

Pour comprendre le geste de sa mère, il se plonge dans le passé de cette dernière. Et nous voilà embarqués en 1968, toujours à Chicago. Martin Luther King a été assassiné le 4 avril. Aux émeutes des ghettos afro-américains succèdent des manifestations étudiantes sévèrement réprimées par la police.

Aux deux personnages principaux, Faye et Samuel, se greffe une multitude de portraits croqués souvent avec humour  : Laura, l'étudiante superficielle et d'une bêtise crasse qui ne comprend pas pourquoi on lui demande d'analyser l’œuvre de Shakespeare sous prétexte que ce ne serait pas utile pour sa future carrière de marketeuse ; Pwnage, le geek, qui ne trouve de raisons de vivre que dans les jeux vidéo dont on apprend avec effroi les effets néfastes sur la santé ; le juge Charlie Brown à la vengeance chevillée au corps ; la gracieuse Bethany, violoniste accomplie, dont Samuel est fou amoureux ; Bishop, le jumeau de Bethany, qui paiera tout sa vie une blessure d'enfance ; le grand-père norvégien de Samuel qui vit dans la nostalgie de son pays ; Sebastian, un individu essentiel à la compréhension du roman... On rencontre même Allen Ginsberg, l'un des fondateurs de la Beat Generation, dont les positions pacifistes alimentent les discours des années 1960.

Bref, « Les fantômes du vieux pays » est une vaste fresque romanesque qui reconstitue la vie de ses personnages à la manière d'un puzzle en leur faisant endosser les travers de la société américaine : le cynisme et l'appât du gain du milieu de l'édition dont l'un des représentants se définit comme un « créateur de valeur » ; le sensationnalisme des médias qui déforment la réalité en toute impunité ; l'idéalisme béat dont celui d'Occupy Wall Street dont l'auteur dit qu'ils se révoltent contre des choses, en l'occurrence le capitalisme financier, qu'ils ne comprennent pas comme si les ancêtres hominidés avaient manifesté contre la sécheresse ; la malbouffe ; le puritanisme hypocrite...

Tout le monde en prend pour son grade !

Ce roman est aussi et surtout l'histoire d'une relation entre une mère et son fils qui pose la question suivante : peut-on faite table rase du passé et recommencer une autre vie en lui donnant un autre sens, une autre direction ?

C'est brillant, intelligent. Un vrai coup de cœur.

EXTRAITS

- Voilà comment sa mère les avait quittés, décida Samuel. Voilà de quelle manière elle était partie – imperceptiblement, lentement, bribe par bribe.

- Cette fois, c'est presque trop. Comment peut-on condenser autant de détails hallucinants dans un seul gros titre ? UNE HIPPIE EXTREMISTE, PROSTITUEE ET ENSEIGNANTE CREVE LES YEUX DU GOUVERNEUR PACKER LORS D'UNE VIOLENTE AGRESSION !

- Le livre, c'est juste l'emballage, le contenant.

- Romancier, décida-t-il, il serait aimé.

- Les choses que tu aimes le plus sont celles qui un jour te feront le plus de mal.

- Qu'est-ce qui est vérité ? Qu'est-ce qui est mensonge ? Au cas où tu n'aurais pas remarqué, le monde a à peu près abandonné le concept des Lumières selon lequel la vérité se construit sur l'observation du réel. La réalité est trop complexe et trop effrayante pour ça. C'est beaucoup plus facile d'ignorer tous les faits qui ne vont pas dans le sens de nos idées préconçues et de ne voir que ceux qui les confirment.

- L'idéalisme est le pire des fardeaux. Tout ce que tu feras après te semblera toujours fade. Tu seras toujours hanté, tu deviendras inévitablement l'être cynique que tout le monde veut que tu sois. Laisse tomber maintenant, les grandes idées, les bonnes décisions. Ainsi, tu n'auras rien à regretter plus tard.

- A la fin, il faut toujours payer ses dettes.
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Les fantômes du vieux pays

Je suis très partagée concernant ce roman.

On sent à quel point l'auteur est à l'aise avec les mots, et je reste très impressionnée par sa virtuosité, sa maîtrise en la matière. Il a un humour très subtil et corrosif que j'ai beaucoup apprécié. Il ne s'interdit aucun sujet et tâcle volontiers la politique, les jeux vidéos, les réseaux sociaux.



Voilà pour le positif. Après j'ai quand même mis trois semaines, voire un mois, à le lire, ce qui ne m'arrive jamais... 

Peut-être parce que c'est un livre exigeant du point du vue stylistique et que mes neurones n'étaient plus de première fraîcheur après une longue journée de travail. Peut-être, oui.

Peut-être aussi parce que l'alternance passé/présent, le changement de point de vue en milieu de chapitre rendent le tout décousu et pas forcément agréable à lire quand on ne le lit pas d'une seule traite.



J'ai donc fini "Les fantômes du vieux pays" avec un certain soulagement car l'effort permanent demandé m'a en partie gâché le plaisir de lecture.
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Les fantômes du vieux pays

Un roman magistral, au souffle puissant, qui embrasse plusieurs décennies de l'histoire américaine, incarnée en Samuel, jeune professeur de littérature à l'université de Chicago, aux prétentions littéraires entravées par sa vie personnelle et professionnelle.

Nathan Hill, dont c'est le premier roman, m'a époustouflée par sa verve et sa brillante construction romanesque. Sur plus de six cent pages, aucune n'est ennuyeuse, superflue et jusqu'à la fin, l'auteur possède encore du ressort pour émouvoir et surprendre. Impossible à résumer, ce roman foisonne de thèmes et d'idées propices à la réflexion et c'est ce qui en fait un monument et un jalon de la littérature contemporaine américaine.
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Les fantômes du vieux pays

Tout commence par un fait divers où un candidat, réactionnaire et populiste, à la présidentielle américaine, est agressé pendant un meeting par une femme de l’assistance. Le professeur et écrivain Samuel Anderson apprend qu’il s’agit de sa mère, Faye Andresen-Anderson, qu’il n’avait pas revue depuis l’âge de onze ans. L’avocat de sa mère lui propose d’écrire une lettre pour appuyer sa défense, mais l’éditeur de Samuel va avoir une idée quelque peu différente. Ils sont appelés, de toute façon, ce que le fils ne souhaite absolument pas, à se revoir. Les retrouvailles sont forcément lourdes de non-dits entre Samuel et Faye, les sentiments ambivalents de l’enfant abandonné se heurtant au silence de sa mère sur sa vie ponctuée de fuites.

Où le comportement de Faye trouve-t-il son origine ? Dans sa jeunesse auprès d’un père renfermé, dans ses origines scandinaves, dans la façon dont elle a vécu les événements de 68 à Chicago ? Samuel, de gré ou de force, se trouve obligé d’enquêter sur celle qui l’a abandonné.



Le style, assez original, est ponctué de dialogues vivants et crédibles, et d’énumérations chamarrées qui en disent plus que d’habiles descriptions. La traduction doit être à la hauteur du texte, car elle ne se fait pas remarquer. Quant à la forme du roman, elle peut sembler brouillonne, mais on sent que l’auteur sait où il va, qu’il se délecte à retarder au maximum certaines révélations pour pousser à tourner les pages. Les retours sur l’enfance et la jeunesse de Faye apportent progressivement des réponses, de même que des épisodes de l’enfance de Samuel, ces derniers étant plus « dispensables » à mon avis. Le point fort de ce roman réside dans les rapports mère-fils, vus par les deux protagonistes, mais d’autres thèmes s’y mêlent.



Il y aurait beaucoup à dire, j’en ai suffisamment dévoilé, mais il y a en quelque sorte plusieurs romans en un seul, et chacun en trouvera au moins un qui lui parle. Pour un premier roman, il est remarquable, et regorge de thématiques et de situations qui s’éloignent du déjà-vu, même pour qui a dévoré pas mal de romans américains. Le personnage de la mère est incontestablement intéressant, celui de Samuel plus habituel dans son rôle de professeur et d’écrivain qui se cherche. D’autres personnages ajoutent des touches d’humour, ou de romantisme, et permettent d’ausculter la société américaine contemporaine. Je ne crierai pas au chef-d’œuvre, il ne faut rien exagérer, mais un bon livre difficile à lâcher ne se croise finalement pas tous les jours, non ?

Ce roman foisonnant plaira aux amateurs de Jonathan Tropper, pour l’ironie douce-amère, Jonathan Franzen, pour la profusion, ou Steve Tesich pour le roman de formation, (j’ouvre une parenthèse pour m’étonner moi-même de le comparer à des romans que je n’ai pas adorés, bien au contraire… et je ne sais pas ce qu’il faut en déduire) mais je ne jetterai pas la pierre (le pavé) à ceux qui préféreront le lire en poche ou sur liseuse !
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Les fantômes du vieux pays

Prix littéraire 2017 du roman étranger du magazine Lire, Les Fantômes du vieux pays est le premier roman de Nathan Hill. Aucun doute qu’il impose dès ce premier ouvrage un style maîtrisé, tant dans cette narration descriptive que dans son approche historique et social de son pays à travers les décennies. Avec ce livre, mieux vaut ne pas s’arrêter à la quatrième de couverture ; composé de 960 pages, évidemment que Les Fantômes du vieux pays est dense et prend son temps pour raconter son histoire.



Avec un roman aussi dense, l’auteur prend le temps d’installer ses décors à travers les décennies et le passé de ses deux personnages principaux, d’inscrire ses protagonistes dans leur environnement, dans leur époque. Avec Nathan Hill, mieux vaut ne pas être récalcitrant face aux longues descriptions qui jalonnent son récit, l’auteur mettant un point d’honneur à donner tous les détails possibles afin de bien visualiser un personnage, un cadre, une anecdote, une pensée, etc… Certaines parties sont donc plus dures à lire que d’autres, suivant l’intérêt que l’on porte pour les sujets abordés.



Et ce roman n’en manque pas, tout est fait pour représenter toute la désillusion de la classe moyenne face à cette époque contemporaine dans laquelle on n’est pas obligé de se surpasser pour survivre. Alors on passe le temps avec les jeux vidéos, la mal-bouffe, les réseaux sociaux, etc… Si ce texte peut sembler aller un peu dans tous les sens, c’est qu’il tente de représenter l’état général de cette société actuelle et ce qui l’a amenée à être ainsi en revenant sur les dernières décennies et ses bouleversements. Certaines parties sont donc longues, trop dans le détail et sans que l’on comprenne si elles ont une réelle utilité dans la quête de vérité de Samuel.
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Les fantômes du vieux pays

Je souhaite tout d'abord remercier Babelio et les éditions Gallimard de m'avoir permis de découvrir cet ouvrage.

C'est le premier roman de cet auteur célébré aux Etats Unis lors de sa sortie, à juste titre.

J'ai adoré ce livre que j'ai complètement dévoré. Difficile de s'arrêter tellement la lecture en est addictive.

Nous sommes plongés tour à tour dans l'enfance de Samuel avant que sa mère ne les quitte, puis dans l'aventure de sa mère Faye à Chicago, le tout en passant du présent au passé.

L'écriture de l'auteur (et la traduction ensuite) est merveilleuse, c'est fluide tout en étant précis, percutant et amusant. Il nous embarque dans son récit, passe du présent au futur, d'un personnage à l'autre, sans jamais nous perdre. Ponctué de moments clés qui nous donnent envie de continuer pour avoir le fin mot de l'histoire, ce livre est un vrai plaisir de lecture, et une vraie réussite pour son auteur. Quel excellent premier roman!

Je suivrai dorénavant Nathan Hill avec intérêt!
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Les fantômes du vieux pays

« Comment s’est-elle retrouvée sur la trajectoire de cette vie stupide ? ».

Samuel, un américain moyen et solitaire, prof de littérature entre deux parties de jeux vidéo, semble passer à côté de sa vie. Jusqu’à ce que sa mère, partie lorsqu’il était enfant, soit accusée de terrorisme pour avoir lancé de petits cailloux sur un candidat à la Maison Blanche...

Les retrouvailles seront l’occasion de naviguer entre les époques d’une Amérique de plus en plus blafarde. Et surtout de se demander, à l’instar de tous les personnages, ce que sont les rêves de jeunesse devenus.

Quels événements, quelles décisions ont fait de nos vies ce qu’elles sont ? Et quelles forces nous dépassant ont pu influer nos destins ?

Le clin d’œil aux « livres dont vous êtes le héros » (j’étais fan !) est une parfaite allégorie de ces choix qui n’en sont pas toujours. Pas de retour en arrière possible. À moins que.

Mais il m’a fallu les derniers chapitres de folie pour mesurer la qualité de ce roman. Car même si sa lecture était globalement agréable, je trouvais jusqu’ici l’approche bavarde et parfois pataude.

Un final qui boucle la boucle et qui m’a réconcilié avec cette fresque chargée de sens.
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Les fantômes du vieux pays

Tout d'abord un grand merci à Gallimard et à Babelio pour m'avoir permis de découvrir Les fantômes du vieux pays. Une vraie merveille.



"Un psychodrame mère/fils avec des fantômes et de la politique mais aussi une tragicomédie sur la colère et la moralisation en Amérique." Ce résumé de Les fantômes du vieux pays (The Nix, en V.O), le premier roman de Nathan Hll, est signé de John Irving qui a adoré le livre. Il n'est pas le seul et il est vraisemblable que de nombreux lecteurs français vont tomber à leur tour en amour devant ce prodigieux tour de force, soit 700 pages gorgés d'aventures et de sentiments "larger than Life". Samuel est le pivot du roman, un professeur d'université qui passe ses nuits dans la peau virtuelle d'un elfe au coeur d'un jeu vidéo obsédant. Sa mère a abandonné le cocon familial quand il avait 11 ans et il ne s'en est jamais vraiment remis. Quant à l'amour de sa vie, rencontré à l'enfance, il l'a perdu. Et voici que sa mère fait les gros titres de l'actualité pour une "agression" contre un candidat potentiel à la présidence des Etats-Unis. Inutile d'en dire plus, Les fantômes du vieux pays est d'une telle opulence narrative qu'il serait criminel et stérile d'en dévoiler davantage. Il faut juste savoir qu'il s'agit du Grand Roman Américain dans toute sa splendeur, prodigieux par la richesse psychologique de ses nombreux personnages, ébouriffant pour ses changements de ton, époustouflant dans ses dialogues souvent hilarants, remarquable par sa construction et ses longues digressions, qui n'en sont pas vraiment puisque partie de cette fabuleuse mosaïque qui prend en compte 50 ans d'histoire américaine, avec en bonus une évocation de la Norvège de 1940. Equilibriste, Nathan Hill passe d'un personnage à l'autre, d'une époque à la suivante avec une agilité déconcertante. Il y a plus d'une scène marquante, l'acmé se trouvant dans le "reportage" sur la grande manifestation de Chicago en 1968. Des hippies de ces années-là aux geeks d'aujourd'hui, en passant par des étudiants, des flics, des publicitaires, etc, l'auteur cartographie socialement un pays et une société soumis à des convulsions récurrentes et dominés par une moralisation de la vie de ses citoyens de plus prégnante. le livre est éminemment politique, oui, militant d'une certaine façon contre des forces qui ont de tous temps, mais plus que jamais de nos jours, tenter de raboter les libertés individuelles et collectives à commencer par celle de penser. Dense, intense et d'une humanité fragile et fébrile, Les fantômes du vieux pays est digne de tous les éloges et, plus important, se doit d'être lu par tous les amoureux de la (grande) littérature. Celle qui enthousiasme et fait frissonner de bonheur.

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Les fantômes du vieux pays

C’est un gros livre (700 pages), mais qui se lit très facilement.



Il y a une intrigue et du suspense, mais l’essentiel n’est pas là. Pour découvrir pourquoi la mère de Samuel a agressé un candidat à la présidence des Etats-Unis, il faut explorer son enfance et adolescence (1968), ainsi que l’enfance de Samuel (1988). C’est l’occasion de découvrir les familles, les blessures et les non-dits, mais aussi, en ce qui concerne 1968, de découvrir les émeutes à Chicago, et le mouvement hippie.



Il y a aussi des personnages secondaires très intéressants : notamment, Pwnage l’acro aux jeux video, et Sebastian-Guy Periwinkle l’opportuniste-cynique.

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Les fantômes du vieux pays

Roman mêlant plusieurs époques, ainsi que les récits de vie de plusieurs personnages, tous liés mais avec la prouesse d'utiliser un narrateur à la 3e personne ce qui permet de gagner grandement en fluidité.

histoire partant d'un fait divers monté en épingle pour s'élargir petit à petit sur une multitude d'événements primordiaux pour comprendre le fil conducteur de l'histoire ainsi que la psychologie des personnages, Nathan Hill nous fait voyager dans une Amérique chaotique, dramatique, schizophrène et qui finalement n'a pas changé. Le combat entre les mêmes idéaux, les mêmes luttes de classes, les mêmes thématiques tout ceci décrit avec une causticité puis une mélancolie installant une distance prudente avec les personnages et leurs turpitudes. Un vrai page-turner on ne s'ennuie pas et on ne s'arrête pas.



Ceci dit, il demeure des longueurs et le style de l'auteur est plat, le langage est commun et il n'y a pas d'identité particulière. Certaines fois j'ai même eu l'impression que le chapitre perdant fortement en intérêt cela ne pouvait pas être le même écrivain qui m'avait passionné le chapitre précédent. C'est le risque avec un roman si long mais je suis exigeant. Au final cet ouvrage réussit son ambition, nous faire passer un bon moment et nous faire partager un univers et des personnalités attachantes.



un très bon moment malgré tout et un merci à Masse critique.
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Les fantômes du vieux pays

J'ai honte de l'avouer car cela ne m'arrive jamais mais je n'y arrive pas ! j'ai très péniblement lu les 100 premières pages , insisté sur les 100 suivantes mais après avoir lu plusieurs autres livres en parallèle, je dois me rendre à l'évidence et poser celui ci.

C'est trop lent, certaines descriptions trop longues et selon moi inintéressantes (le jeu vidéo!).

Peut être le reprendrais je un jour ....
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Les fantômes du vieux pays

Cette révélation étrangère de l'année 2017 fut pour moi une véritable révélation en 2018. Quelle richesse, quel humour, quelle analyse caustique de la société américaine contemporaine!!!Vivement un deuxième roman de Nathan Hill, jeune auteur plein de promesses … en espérant qu'il ne mette pas cette fois 8 ans pour l'écrire ...
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Les fantômes du vieux pays

Donc c'est un premier roman ?

On est sûr ? On a vérifié ? On a des preuves ??

Parce que si c'est ça, plus la peine de te crever Nathan Hill, ton chef-d'oeuvre est derrière toi.

Tellement dense et ambitieux comme roman que je ne sais même pas comment en parler. Ça part dans 27 directions différentes dont pas une est moins intéressante que les autres. Y a un fil rouge tout de même pour garder l'ensemble cohérent (même si finalement arrivé à la fin, la cohérence se fait d'elle-même, je n'en dis pas plus, mais attention au twist inattendu, quand y'en a plus...) le fil conducteur donc : Samuel Anderson, professeur de lettres de son état. Une existence tout ce qu'il y a de fadasse, un boulot ingrat le confrontant quotidiennement à des étudiants abrutis qui semblent ne venir à ses cours que pour bâiller, sommeiller, râler et surtout, surtout ne pas écouter, un amour (platonique) de jeunesse à qui il semble avoir juré fidélité, une vie sociale réduite au néant, le tout emmailloté dans le souvenir d'une mère qui l'a abandonné quand il n'était encore qu'un tout petit môme sans qu'il ne comprenne jamais vraiment pourquoi.

Bref, de quoi se mettre la tête dans le four et on en parle plus... s'il n'y avait pas cette petite passion un peu honteuse pour un jeu vidéo en ligne. Dès qu'il peut Samuel se connecte et retrouve sa chère guilde d'elfes dont les missions diverses consistent à s'unir pour, au choix, tuer des orques et des dragons, trouver des trésors, gagner des armes... Voilà la vie du professeur Samuel Anderson. Ou en tout cas, sa vie avant que sa mère ne fasse une réapparition fracassante dans son existence par le biais médiatique en tant que dangereuse terroriste, rien de moins. Faut dire qu'elle a quand même balancé une poignée de graviers sur un gouverneur en campagne (han !! Eh oui, ça pétrifie, c'est normal)

A partir de là, tout va changer pour Samuel grâce à un rapprochement obligé avec sa mère qui lui permettra enfin de répondre à tant d'interrogations sur sa jeunesse. On y reviendra souvent à sa jeunesse d'ailleurs, on y fera entre autre connaissance avec le seul ami (et pas des moindres) qu'il se sera fait pendant sa scolarité...



Sautant allègrement les époques, nous transportant aussi facilement en 1988 qu'en 1968 ou en 2011, Nathan Hill sans jamais nous perdre sur le bord de la route, nous raconte l'Amérique des révoltés, des émeutes de Chicago, des adeptes d'Allen Ginsberg qui devaient sinon changer le monde, tout au moins essayer, et puis hop, nous voilà avec l'US Army en mission en Afghanistan avant de faire un détour par la Norvège et ses croyances folkloriques pour finalement revenir dans un petit coin perdu de l'Iowa où on enseigne aux jeunes filles comment bien nettoyer ses chiottes afin de rendre un potentiel mari heureux et fier de son épouse (!!)

Ça ne s'arrête jamais. Ou si, malheureusement, malgré le petit pavé qu'est ce roman, on arrive quand même trop vite à la fin, bon sang on en voudrait encore tellement. Dur dur après ça de rebondir sur autre chose, Les fantômes du vieux pays vont hanter un moment les pages des autres livres qu'on ouvrira, dont on lira une page et qu'on reposera... Non, pas encore le moment de se jeter dans autre chose. Trop tôt.

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Les fantômes du vieux pays

Samuel, prof de littérature à l'université s'ennuie sec face à ses élèves et se défoule dans le monde du jeu virtuel. Un jour, il apprend par l'avocat de celle-ci, que sa mère a agressé un homme politique en lançant des cailloux sur lui. L'avocat demande à Samuel de témoigner en faveur de sa mère. Hors Samuel a vu sa mère partir quand il avait une dizaine d'années et n'a plus jamais eu de nouvelles. Il lui est difficile de raccommoder un lien aussi distendu. Parallèlement, son éditeur, à qui il doit un livre, lui propose d'écrire un livre de témoignage sur sa mère, un livre facile, racoleur et qui montre la face noire de sa mère.



Samuel décide d'enquêter sur le passé de cette mère. Au travers de l'histoire de sa famille et de gens ordinaires, il nous entraine avec lui des années soixante à aujourd'hui.



Voilà un roman étonnant !



L'auteur nous offre de beaux personnages, complexes mais non héroïques qui se dépatouillent tant bien que mal et plutôt mal avec leur vie, leurs erreurs, leur culpabilité, leurs regrets...



Cesser de jouer à être ce que l'on croit devoir être pour accepter d'être qui on est, est un long chemin, souvent celui de toute une vie , pour autant ce n'est pas un livre philosophique. Ce n'est pas non plus tout à fait une critique sociale et pourtant le capitalisme made in USA est sérieusement égratigné. Ce n'est pas non plus tout à fait une histoire d'amour et en même temps l'amour reste un objectif puissant dans la vie.



Bref il n'est pas et il est, ce qui le rend riche, parfois étonnant, avec une construction façon puzzle et il se lit "tout seul" tout en amenant une pointe de réflexion. Pour un premier roman, c'est un beau coup !
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Les fantômes du vieux pays

Été 2011 : Samuel Anderson est un jeune enseignant à l’université de Chicago et par ailleurs adepte d’un jeu vidéo, Elfscape, qui occupe tout son temps libre. À tel point qu’il est passé à côté d’un évènement qui fait la une des médias et du Web : sa mère, Faye Andresen-Anderson, qu’il n’a pas revu depuis qu’il a onze ans, a agressé à coup de gravillons le gouverneur Paker, candidat à l’investiture présidentielle. Elle est devenue quasiment l’ennemi public numéro un, surnommée Calamity Packer et transformée par la rumeur en une HIPPIE EXTRÉMISTE, PROSTITUÉE ET ENSEIGNANTE AYANT CREVÉ LES YEUX DU GOUVERNEUR.

Contacté par l’avocat de Faye qui lui demande d’écrire une lettre en faveur de sa mère afin d’amadouer le juge, Samuel commence par refuser, se sentant incapable d’écrire quoi que ce soit à propos de cette femme qui l’a abandonné et dont il ne sait rien, et n’ayant surtout pas envie de le faire. Mais un rendez-vous avec son éditeur l’oblige à reconsidérer sa position. En effet, suite à la publication d’une nouvelle qui avait rencontré un certain succès, Samuel a perçu, plusieurs années auparavant, un à-valoir conséquent contre la promesse d’écrire un livre, dont il n’a, dix ans plus tard, pas écrit le premier mot. En revanche, il a bien sûr dépensé l’argent pour acheter sa maison, qui entretemps a vu sa valeur divisée par trois ou quatre. Incapable de rembourser l’à-valoir, Samuel, pris à la gorge, propose alors d’écrire un livre-confession sur sa mère, la célèbre Calamity Packer. L’écriture de la lettre de louanges devient alors le prétexte bienvenu pour une première rencontre avec celle qu’il n’a plus vue depuis vingt ans.



Voilà le résumé d'une petite partie de ce gros roman de 700 pages, le fil conducteur d'une histoire qui va beaucoup s’en éloigner.

D’abord dans le temps, en remontant à différentes périodes : l’enfance de Samuel et plus particulièrement en 1988, lorsque Faye a déserté le foyer. Puis, ensuite, en 1968, lorsque Samuel va découvrir les raisons qui ont poussé sa mère à quitter son Iowa natal pour aller étudier à Chicago, où se déroulaient de nombreuses manifestations contre la guerre au Vietnam, et celles qui l’ont ramenée dans l’Iowa à peine un mois plus tard pour épouser le père de Samuel. Il y aura même une incursion dans les années 1940 lorsque Faye s’interrogera sur la jeunesse de son père, qui lui aussi a tout laissé derrière lui en Norvège, son pays de naissance.

Ensuite la narration prend également des libertés avec l’intrigue principale, en s’intéressant à des personnages à première vue secondaires, comme Laura, une étudiante de Samuel, experte dans l’art de la triche et de la manipulation, ou bien Pwnage, grand maître d’Elfscape et symbole particulièrement poignant de l’addiction aux jeux. En 1988, c’est Bishop Fall, un copain de classe de Samuel et sa sœur Bethany qui amènent quelques digressions tout à fait bienvenues. En 1968, à Chicago, la rencontre d’Alice, très impliquée dans le mouvement protestataire, et de Sebastian, responsable d’un journal militant, sera fondamentale dans l’évolution de Faye.



Finalement, ces digressions contribuent à élaborer un roman très bien construit, où les mystères s’éclaircissent les uns après les autres, alors qu’au départ, on avance complètement dans le flou, aux côtés de personnages qui paraissent assez déjantés et soumis à des angoisses qu’ils ne comprennent pas eux-mêmes, comme Samuel et Faye. La recherche des origines va permettre à l’un comme à l’autre de comprendre l’influence de l’histoire familiale et des vieilles légendes scandinaves. C’est aussi un roman sur l’importance des choix que l’on fait à des moments critiques de la vie et sur les conséquences de ces choix. Et dans la vraie vie, il est hors de question de revenir sur ses pas et d’explorer un autre chemin, comme on peut le faire dans les livres dont vous êtes le héros.



Après un début de lecture qui m’a laissée perplexe - les deuxième et troisième chapitres sont consacrés aux expériences de jeu de Samuel et de Pwnage dans l’univers d’Elfscape et je ne suis pas du tout fan de ce type de jeux – j’ai été embarquée dans ce roman multiforme, plein d’humour et de dérision, qui pointe les contradictions de la société américaine qui font peur quelquefois. Une belle expérience que je recommande vivement, et ce n’est pas seulement parce que j’ai reçu ce livre gracieusement que je le fais !
Lien : https://ruedesiam.blogspot.f..
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