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Critiques de Nathan Hill (177)
Les fantômes du vieux pays

Waououwww !



Pour une fois je suis d’accord avec The New York Times quand il évoque LE grand roman américain des deux dernières décennies.



Plus qu’un roman, une épopée, une fresque. Difficile de croire que c’est un premier roman, tellement celui-ci est abouti. Je préfère de loin un auteur qui met 10 ans à écrire un livre à un autre qui pondrait un livre par an pour la rentrée littéraire.



Beaucoup de sujets sont abordés, toujours avec un brin d’humour, et on sent à chaque fois que l’auteur a bien étudié le sujet. Un roman ambitieux, mais maîtrisé.



Une revue de la vie américaine des années 60 à nos jours, avec en point de mire les émeutes de 1968 à Chicago – le mai 68 US.



Le chapitre 3 de la partie 8 est composé d’une seule phrase de 12 pages – époustouflant ! La preuve : je crois que c’est la première fois de ma vie que je vais jusqu’au bout d’une telle figure de style.



Un roman à découvrir et un auteur à suivre.

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Les fantômes du vieux pays

Il n'y a pas à dire : les primo-romanciers américains sont souvent sacrément ambitieux et ingénieux. Et puis ils ont de l'imagination et le goût de raconter des histoires. Ils n'hésitent pas à noircir des pages pour explorer en profondeur l'état de leur pays, sonder les failles, expliquer les moments clé sans jamais perdre de vue le plaisir du lecteur qui aspire à être si possible surpris et diverti. Le roman de Nathan Hill m'a beaucoup fait penser à l'un de mes coups de cœur qui date de quelques années, La physique des catastrophes de Marisha Pessl (Gallimard / Folio). Le volume, la mécanique narrative... il y a beaucoup de similitudes et le lecteur se laisse volontiers embarquer, à la merci de l'auteur qui lui propose d'emprunter un chemin qui n'est jamais le plus court, mais certainement le plus riche en sensations.



"Les choses que tu aimes le plus sont celles qui un jour te feront le plus de mal", cette phrase, Samuel Anderson a une bonne raison de s'en souvenir. C'est une des dernières prononcées par sa mère avant de quitter brusquement la maison et de les abandonner son père et lui alors qu'il n'avait que 11 ans. Désormais professeur de littérature à l'université, imaginez un peu sa surprise d'apprendre que cette mère dont il est sans nouvelles depuis près de 25 ans est en train de défrayer la chronique après avoir, en pleine campagne électorale agressé l'un des candidats en pleine rue. Pour couronner le tout, son éditeur qui attend depuis 10 ans qu'il écrive le grand roman pour lequel il lui a versé un confortable à-valoir le menace d'un procès et Samuel, pour gagner du temps lui propose d'écrire l'histoire de sa mère, coup marketing qu'un éditeur digne de ce nom ne peut qu'accepter. Voilà donc Samuel Anderson confronté à cette mère fuyarde et mutique, et obligé de mener l'enquête pour tenter d'élucider, dans son passé ce qui l'a menée à abandonner sa famille. Est-ce en rapport avec la Norvège, patrie de son grand-père qui semble lui-aussi cacher un secret ? Ou bien avec le mois d'août 1968 qui semble avoir orienté le destin de Faye ?



Il y a de quoi se perdre dans ce roman qui nous balade de 2011 à 1968, passant par 1988 et ce moment charnière de l'abandon au seuil de l'enfance. Pour l'auteur c'est aussi l'occasion d'ausculter trois époques à travers ce destin contrarié d'une femme qui voit ses rêves se confronter à la réalité. Un voyage au cœur des poids qui encombrent et empêchent. Des secrets qui plombent. Qui sont aussi autant de prétextes pour éviter ses propres choix et préférer des échappatoires telles que la fuite, le refus d'obstacle ou même l'évasion dans les jeux vidéo. Le virtuel pour mieux éviter le réel. Je n'ai pas pu m'empêcher de trouver certains passages trop longs, de me demander ce que certains développements apportaient vraiment à l'ensemble (notamment du côté du personnage de Pwnage et des jeux vidéo...), de penser que finalement, ce premier roman avait des défauts...ce qui ne rend son auteur que plus humain. Parce que globalement, c'est très addictif et j'ai beaucoup aimé les quelques réflexions sur la façon dont chacun est amené à se faire sa propre idée du monde à travers les prismes qu'on lui propose, à chaque époque. Mais il me reste une impression de fouillis et de "too much" qui n'a certes pas vraiment nui à ma lecture mais n'a pas conduit non plus à l'éblouissement annoncé par les nombreux éloges qui ont accompagné la parution de ce roman, révélation étrangère 2017 du magazine Lire.



Ceci dit, on approche de la période estivale et ce beau morceau, dans sa version poche est un candidat idéal dans la catégorie pavé de l'été avec la garantie de ne pas s'ennuyer.
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Les fantômes du vieux pays

Samuel, professeur de Lettres et écrivain « raté », noie ses angoisses dans les jeux vidéo en ligne. Sa routine bascule quand un avocat de Chicago l’appelle pour lui apprendre que sa mère, qu’il n’a plus vu depuis 20 ans, est poursuivie pour avoir agressé un politicien en campagne. Mais qui est vraiment cette femme ? De découvertes en déconvenues, Samuel mène l’enquête, passant des années 80 aux années 60, dressant le portrait (délicieusement croqué) d’une Amérique complexe, coincée dans ses contradictions.

Tout y passe, ou presque : du mouvement hippie au consumérisme le plus primaire, en passant par les régimes bobos, l’addiction aux jeux vidéos, le puritanisme des années 60, la guerre en Afghanistan, la politique post 11 septembre...

C’est drôle, rythmé, tendre parfois, mordant et intelligent souvent, en un mot je dirais « foisonnant ».

Un roman savoureux, que j’ai adoré.

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Les fantômes du vieux pays

Les fantômes du vieux pays, premier roman de Nathan Hill a nécessité plus de dix ans d'écriture. Encensé par la critique Outre-Atlantique, il a remporté le L.A. Times Book prize for first fiction. Publié dans trente pays à travers le monde, ce sont les Éditions Gallimard qui ont acquis les droits pour la France. Les fantômes du vieux pays est maintenant disponible au format poche chez Folio.



Scandale aux États-Unis : le gouverneur Packer, candidat à la présidentielle, a été agressé en public par une femme de soixante et un ans qui devient une sensation médiatique. Samuel Anderson, professeur d’anglais à l’Université de Chicago, reconnaît alors à la télévision sa mère, qui l’a abandonné à l’âge de onze ans. Et voilà que l’éditeur de Samuel, qui lui avait versé une avance rondelette pour un roman qu’il n’a jamais écrit, menace de le poursuivre en justice. En désespoir de cause, le jeune homme promet un livre révélation sur cette mère dont il ne sait presque rien et se lance ainsi dans la reconstitution minutieuse de sa vie, à la découverte des secrets qui hantent sa famille depuis des décennies.



Les fantômes du vieux pays a été reçu comme étant le grand roman américain des deux dernières décennies. Son auteur, Nathan Hill est même comparé à John Irving ou Charles Dickens, rien de moins. Pour un premier roman c'est particulièrement flatteur. Quoi qu'il en soit, je dois bien l'avouer, j'ai eu un mal fou à venir à bout des 953 pages que compte ce roman fleuve. Si incontestablement, Nathan Hill sait écrire, manier l'humour, il ne connaît pas la concision. Certes, Les fantômes du vieux pays couvre la période allant des émeutes de Chicago en 1968 au New York post 11 Septembre en passant par la Norvège des années quarante et le Midwest des années soixante, mais, que c'est long !



En outre, Nathan Hill a pris un malin plaisir à introduire pléthore de personnages secondaires. Ils abondent alors même qu'ils apportent peu à l'intrigue. Ils permettent surtout à l'auteur des allées et venues dans le temps, d'aborder multitude de thèmes et de porter un regard critique sur la société américaine. Bien que parfaitement documenté, l'ambiance des différentes époques bien restituée, Les fantômes du vieux pays est un roman trop.... Trop long. Trop de personnages. Trop d'histoires secondaires. Trop de descriptions. Trop de digressions. Trop de trop. Et surtout trop peu d'information sur le personnage central du livre, la mère de Samuel. C'est donc avec une certaine satisfaction que j'ai tourné la dernière page de ce gargantuesque roman dont l'immense succès demeurera pour moi un mystère.


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Les fantômes du vieux pays

Question d’un lecteur :

- Je suis juste au début et j’aimerais savoir : Est-ce qu’on va apprendre finalement pourquoi Faye est partie ?

- Oui, mais au moment où tu le découvriras, cela aurait cessé de te préoccuper.

C’est exactement ça à mes yeux. Les lignes narratives secondaires brisent ma motivation. 300 pages de trop sur 900. J’aurais aimé plus de cohérence. Une construction plus resserrée autour de Faye et son fils Samuel.



Dommage, le début (200 pages) m’a paru un brillant page turner.

J’ai apprécié surtout les aperçus cinglants sur un pays amoché.

Un extrait : « La passe-temps favori des Américains n’est plus le base-ball. C’est la morale ». P452

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Les fantômes du vieux pays

Tout commence par un fait divers où un candidat, réactionnaire et populiste, à la présidentielle américaine, est agressé pendant un meeting par une femme de l’assistance. Le professeur et écrivain Samuel Anderson apprend qu’il s’agit de sa mère, Faye Andresen-Anderson, qu’il n’avait pas revue depuis l’âge de onze ans. L’avocat de sa mère lui propose d’écrire une lettre pour appuyer sa défense, mais l’éditeur de Samuel va avoir une idée quelque peu différente. Ils sont appelés, de toute façon, ce que le fils ne souhaite absolument pas, à se revoir. Les retrouvailles sont forcément lourdes de non-dits entre Samuel et Faye, les sentiments ambivalents de l’enfant abandonné se heurtant au silence de sa mère sur sa vie ponctuée de fuites.

Où le comportement de Faye trouve-t-il son origine ? Dans sa jeunesse auprès d’un père renfermé, dans ses origines scandinaves, dans la façon dont elle a vécu les événements de 68 à Chicago ? Samuel, de gré ou de force, se trouve obligé d’enquêter sur celle qui l’a abandonné.



Le style, assez original, est ponctué de dialogues vivants et crédibles, et d’énumérations chamarrées qui en disent plus que d’habiles descriptions. La traduction doit être à la hauteur du texte, car elle ne se fait pas remarquer. Quant à la forme du roman, elle peut sembler brouillonne, mais on sent que l’auteur sait où il va, qu’il se délecte à retarder au maximum certaines révélations pour pousser à tourner les pages. Les retours sur l’enfance et la jeunesse de Faye apportent progressivement des réponses, de même que des épisodes de l’enfance de Samuel, ces derniers étant plus « dispensables » à mon avis. Le point fort de ce roman réside dans les rapports mère-fils, vus par les deux protagonistes, mais d’autres thèmes s’y mêlent.



Il y aurait beaucoup à dire, j’en ai suffisamment dévoilé, mais il y a en quelque sorte plusieurs romans en un seul, et chacun en trouvera au moins un qui lui parle. Pour un premier roman, il est remarquable, et regorge de thématiques et de situations qui s’éloignent du déjà-vu, même pour qui a dévoré pas mal de romans américains. Le personnage de la mère est incontestablement intéressant, celui de Samuel plus habituel dans son rôle de professeur et d’écrivain qui se cherche. D’autres personnages ajoutent des touches d’humour, ou de romantisme, et permettent d’ausculter la société américaine contemporaine. Je ne crierai pas au chef-d’œuvre, il ne faut rien exagérer, mais un bon livre difficile à lâcher ne se croise finalement pas tous les jours, non ?

Ce roman foisonnant plaira aux amateurs de Jonathan Tropper, pour l’ironie douce-amère, Jonathan Franzen, pour la profusion, ou Steve Tesich pour le roman de formation, (j’ouvre une parenthèse pour m’étonner moi-même de le comparer à des romans que je n’ai pas adorés, bien au contraire… et je ne sais pas ce qu’il faut en déduire) mais je ne jetterai pas la pierre (le pavé) à ceux qui préféreront le lire en poche ou sur liseuse !
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Les fantômes du vieux pays

Je souhaite tout d'abord remercier Babelio et les éditions Gallimard de m'avoir permis de découvrir cet ouvrage.

C'est le premier roman de cet auteur célébré aux Etats Unis lors de sa sortie, à juste titre.

J'ai adoré ce livre que j'ai complètement dévoré. Difficile de s'arrêter tellement la lecture en est addictive.

Nous sommes plongés tour à tour dans l'enfance de Samuel avant que sa mère ne les quitte, puis dans l'aventure de sa mère Faye à Chicago, le tout en passant du présent au passé.

L'écriture de l'auteur (et la traduction ensuite) est merveilleuse, c'est fluide tout en étant précis, percutant et amusant. Il nous embarque dans son récit, passe du présent au futur, d'un personnage à l'autre, sans jamais nous perdre. Ponctué de moments clés qui nous donnent envie de continuer pour avoir le fin mot de l'histoire, ce livre est un vrai plaisir de lecture, et une vraie réussite pour son auteur. Quel excellent premier roman!

Je suivrai dorénavant Nathan Hill avec intérêt!
Lien : https://piccolanay.blogspot...
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Les fantômes du vieux pays

Tout d'abord un grand merci à Gallimard et à Babelio pour m'avoir permis de découvrir Les fantômes du vieux pays. Une vraie merveille.



"Un psychodrame mère/fils avec des fantômes et de la politique mais aussi une tragicomédie sur la colère et la moralisation en Amérique." Ce résumé de Les fantômes du vieux pays (The Nix, en V.O), le premier roman de Nathan Hll, est signé de John Irving qui a adoré le livre. Il n'est pas le seul et il est vraisemblable que de nombreux lecteurs français vont tomber à leur tour en amour devant ce prodigieux tour de force, soit 700 pages gorgés d'aventures et de sentiments "larger than Life". Samuel est le pivot du roman, un professeur d'université qui passe ses nuits dans la peau virtuelle d'un elfe au coeur d'un jeu vidéo obsédant. Sa mère a abandonné le cocon familial quand il avait 11 ans et il ne s'en est jamais vraiment remis. Quant à l'amour de sa vie, rencontré à l'enfance, il l'a perdu. Et voici que sa mère fait les gros titres de l'actualité pour une "agression" contre un candidat potentiel à la présidence des Etats-Unis. Inutile d'en dire plus, Les fantômes du vieux pays est d'une telle opulence narrative qu'il serait criminel et stérile d'en dévoiler davantage. Il faut juste savoir qu'il s'agit du Grand Roman Américain dans toute sa splendeur, prodigieux par la richesse psychologique de ses nombreux personnages, ébouriffant pour ses changements de ton, époustouflant dans ses dialogues souvent hilarants, remarquable par sa construction et ses longues digressions, qui n'en sont pas vraiment puisque partie de cette fabuleuse mosaïque qui prend en compte 50 ans d'histoire américaine, avec en bonus une évocation de la Norvège de 1940. Equilibriste, Nathan Hill passe d'un personnage à l'autre, d'une époque à la suivante avec une agilité déconcertante. Il y a plus d'une scène marquante, l'acmé se trouvant dans le "reportage" sur la grande manifestation de Chicago en 1968. Des hippies de ces années-là aux geeks d'aujourd'hui, en passant par des étudiants, des flics, des publicitaires, etc, l'auteur cartographie socialement un pays et une société soumis à des convulsions récurrentes et dominés par une moralisation de la vie de ses citoyens de plus prégnante. le livre est éminemment politique, oui, militant d'une certaine façon contre des forces qui ont de tous temps, mais plus que jamais de nos jours, tenter de raboter les libertés individuelles et collectives à commencer par celle de penser. Dense, intense et d'une humanité fragile et fébrile, Les fantômes du vieux pays est digne de tous les éloges et, plus important, se doit d'être lu par tous les amoureux de la (grande) littérature. Celle qui enthousiasme et fait frissonner de bonheur.

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Les fantômes du vieux pays

Roman un peu long mais très explicite sur la société americaine ,
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Les fantômes du vieux pays

J’évoquais il y a peu une frénésie de lecture favorisée par une météo pluvieuse m’imposant de longs et réguliers trajets en transports en commun. Pour réduire un peu le rythme (et ne pas me retrouver avec des dizaines de billets à rédiger), j’ai sorti de mes étagères ce pavé qui y dormait depuis plusieurs années, et auquel certains lecteurs avaient de mémoire reproché quelques longueurs…

Je l’ai dévoré…



Alors oui, c’est dense. Mais ça l’est délicieusement, à la manière de ces romans dans lesquels on s’installe, pris dans la richesse d’une trame dont la construction est parfaitement orchestrée, embarqué aux côtés de personnages à l’inverse imparfaits, ce qui les rend d’autant plus palpables et attachants.



Samuel Anderson est professeur littérature dans une petite université de Chicago. Sa vie est empreinte de l’insignifiante morosité qu’exsudent les discrets et les invisibles, de ceux qui se font passivement doubler dans les files d’attente et se sont construits sur leurs seuls regrets. Il n’a ainsi pas fait le deuil d’un amour adolescent qui ne s’est d’ailleurs jamais concrétisé, et s’il a eu un bref succès avec une nouvelle de jeunesse, il a laissé en friche le projet de roman que lui avait commandé un éditeur. Son métier même lui semble dépourvu de sens. A quoi bon faire lire Shakespeare à des étudiants à l’égo surdimensionné qui ne courent qu’après l’argent facile, à qui l’école n’a appris qu’à rester assis derrière un écran en faisant semblant de travailler, et qui préfèrent consacrer leur temps et leurs capacités intellectuelles à inventer de complexes subterfuges pour obtenir leur diplôme en trichant, plutôt que de les gaspiller à lire de vieux auteurs qu’ils jugent inutiles et ennuyeux ?



La réapparition inattendue de sa mère, partie un beau matin une valise à la main pour ne plus jamais donner de nouvelles à son époux et à son fils de dix ans, vient briser sa morne routine. En agressant, lors d’une réunion publique, un gouverneur candidat à la présidence des Etats-Unis, Faye s’est exposée à la vindicte médiatique, et par la même occasion au regard de ce fils abandonné trente ans auparavant. Alors qu’il avait enfin cessé de la chercher en permanence, Samuel se voit contraint de rencontrer celle qu’il était parvenu à réduire à l’état de souvenir endormi et silencieux. Non qu’il ait souhaité ces retrouvailles, mais sommé par son éditeur de rembourser l’avance touchée -et depuis longtemps dépensée- pour un roman inexistant, il lui propose d’écrire un récit sur cette mère défaillante qui fait le buzz.



A partir de cet épisode qui initie et charpente l’intrigue, cette dernière digresse, remonte le temps, traverse à l’occasion un océan, et nous familiarise avec d’autres personnages équitablement pourvus en densité. Il y a Pwnage, roi de la procrastination atteint d’une sévère addiction aux jeux vidéo, refuge qui lui évite affronter la dimension imprévisible et déceptive de la vie mais qui le rend peu à peu obèse et inadapté au monde réel ; il y a les jumeaux Bishop et Bethany, rejetons d’un père richissime dont le premier s’emploie dès son plus jeune âge à expérimenter toutes les insolences pendant que la seconde se consacre au violon ; il y a Laura Pottsdam, l’insupportable étudiante qui a juré de se venger de l’intransigeante intégrité de Samuel…



Et puis il y a Faye, énigme que Nathan Hill s’emploie à dévoiler très progressivement, en explorant les traumatismes a priori anodins et pourtant déterminants de l’enfance avant de nous immerger dans l’effervescence libertaire de l’année 1968.



L’ensemble est plombé de la mélancolie, voire de la souffrance, qui habite les héros, et fait écho au triste constat que dresse l’auteur de l’état de la société dans lequel ils évoluent. Car s’il étrille les faiblesses de ses protagonistes -leurs arrangements fallacieux avec leur conscience, la décorrélation entre leurs actes et leurs principes, leur propension à tomber amoureux de ce qui les rend malheureux…- et semble prendre un malin plaisir à n’évoquer que des relations familiales toxiques, sa plume se fait d’autant plus féroce qu’elle fustige l’iniquité et les absurdités d’un système menant à la déroute et à l’appauvrissement, qu’il soit matériel, moral ou intellectuel.



Il dépeint un monde moderne épuisant et spirituellement débilitant, peuplé d’individus engouffrés dans la course à l’argent, focalisés sur leur soif de possession, suivant les commandements répétitifs, infantilisants et paranoïaques, d’une Amérique hantée par la conviction que les autres sont des ennemis, et qui voudrait leur faire croire qu’il s’agit là d’un principe vital et galvanisant. Les médias participent pour beaucoup à alimenter cette mécanique en rabâchant des informations insipides, faisant du détail un événement et accumulant, dans leur quête de sensationnalisme et de manipulation de l’opinion, spéculations et hypothèses spécieuses. La littérature elle-même n’échappe pas au bulldozer de la marchandisation. Entre les mains de multinationales, l’édition est vouée au profit, à l’utilitaire.



Mais ne vous méprenez pas, "Les fantômes du vieux pays" est aussi et surtout un texte très drôle, par son sens de la formule, son ton grinçant et profondément cynique, mais également par le comique de situation qu’amène la dimension pathétique et subtilement caricaturale dont l’auteur dote ses personnages, insufflant à son texte, même quand le propos est dramatique, une cocasserie fort réjouissante.



J’ai adoré !
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Les fantômes du vieux pays

Avec ce brillant premier roman, l’Américain Nathan Hill signe l’une des histoires les plus riches de la rentrée.
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Les fantômes du vieux pays

*Coup de coeur*



Y a des bouquins comme celui de Nathan Hill qu’on ne soupçonnerait pas d’alpaguer aussi vite. La magie avec ses paillettes dans la poire a opéré de suite ici quasi dès les trois premières pages et s’est confirmée durant les 697 suivantes.



Construit sur 10 parties, alternant 1968 – 1988 – présent, le roman nous embarque à la suite de Samuel sur les traces du passé de Faye, mais pas que. Plusieurs personnages se croisent, différentes histoires se font échos et s’emboîtent grâce à une narration habile donnant ainsi une cohérence afin de peindre, on le comprend au final, le tableau d’une Amérique paradoxale où cynisme et idéaux cohabitent bizarrement.



Et c’est là que tu vois que Nathan Hill a une sacré pa-patte, un petit talent de conteur loin d’être sorti du cul d’une poule. Jamais on est perdu, toujours on est intrigué par la suite des événements et par le destin des différents personnages (dont je ne veux pas trop trop vous parler) (parce que si vous avez pas encore compris IL FAUT LIRE CE LIVRE).



Avec un style contemporain qui n’a pas oublié d’être lyrique ni d’avoir de l’humour, rarement pompeux (c’était quand même ma petite crainte après l’autre sensation, il y a quelques années, City on Fire de Garth Risk Hallberg, imbuvable de prétention), Nathan Hill insuffle à son roman une tendresse pour ses héros, voire même une fascination pour les plus « salauds » que j’ai trouvé absolument touchante.



Comment ne pas s’attacher à la loositude de l’émotif Samuel, ni à l’addiction de son pote de jeu Pwnage au coeur généreux ? Comment ne pas être curieusement passionnée par l’histoire d’une étudiante roublarde et manipulatrice, prête à tout pour accéder à ses fantasmes de carrière sans fournir le moindre effort scolaire ? Même l’éditeur philosophe de Samuel, qui incarne le cynisme à l’état pur et ne vend que du « concept » aux masses même si c’est de la merde, reste un de ces personnages aussi détestables que séduisants. Et Faye, la mère « indigne », fascinante dans sa complexité !



Malgré la petite pointe d’amertume, les regrets du passé, les désillusions et les échecs que vivent les personnages, malgré la peinture pas tip-top de cette Amérique franchement schizo, le roman reste optimiste dans sa finalité. Laissons les regrets au passé et avançons coûte que coûte. J’y ai trouvé des échos avec mes propres peurs et mes propres échecs personnels et j’vous avoue que ça m’a mis un petit baume au coeur (quand on vous dit que la lecture peut être thérapeutique les enfants).
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Les fantômes du vieux pays

Extraordinairement inventif et à l’écriture limpide - il faut d’ailleurs féliciter ici le travail de la traductrice - LES FANTÔMES DU VIEUX PAYS est un grand roman américain, profond et sentimental. Une découverte extraordinaire que je ne suis pas prêt d’oublier.
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Les fantômes du vieux pays

Qui a lu ce livre? Samuel , professeur de son état mais surtout grand joueur de jeux vidéos ignore 1 événement qui fait la une des journaux: sa mère a agressé un futur candidat aux élections présidentielles américaines.. lorsqu'il le découvre et pour se sauver d'un gros pb financier il décide de renouer avec cette mère absente depuis 20 ans pr écrire 1 livre sur elle..

Pavé de 700 pages j'en ai lu 210 ms je n'arrive pas à accrocher à cette histoire où je ne trouve pas d'intérêt. Il se traîne en longueur,est beaucoup trop narratif pour moi,en manque d'action... Je vais malheureusement m'arrêter là alors que d'habitude je lis jusqu'au bout...

Et vous ?
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Les fantômes du vieux pays

Bien présenté par mes blogs préférés, je savais que je lirai à mon tour ce roman de 952 pages (en édition poche). Aucune déception et un coup de cœur pour moi, je rejoins Keisha, Jérôme, Kathel pour dire que ce premier roman de Nathan Hill est un coup de maître. Son seul défaut est d’avoir voulu tout raconter l’Amérique qui va mal en un seul roman. Tout ? pas complètement puisque le racisme n’y est pas évoqué. Le fil conducteur est tenu par Samuel abandonné par sa mère à l’age de 11 ans, il est devenu professeur de littérature dans une petite université, le roman raconte sa quête pour retrouver et comprendre sa mère. Il fera face d’abord à une certaine Laura, étudiante qui a mis le principe de la triche au cœur de son activité intellectuelle ; puis, on le voit passer son temps à jouer dans un monde virtuel où il tue, des nuits entières, des dragons et des orques, on découvre grâce à cela l’univers des joueurs « drogués » par les jeux vidéo. À cause de cette passion nocturne il est bien le seul à ne pas savoir que sa mère fait le « buzz » sur les réseaux sociaux. On la voit sur une vidéo qui tourne en boucle jeter des cailloux sur sur un candidat à la présidence des Etats-Unis, un sosie de Trump, un certain Parker qui ressemble tant au président actuel. Pour que Samuel comprenne le geste de sa mère, il faudra remonter aux événements qui ont secoué Chicago en 1968 et pour mettre le point final à cette longue quête retrouver les raisons qui ont fait fuir la Norvège au grand-père de Samuel en 1941. Toutes les machinations dont sont victime Samuel et sa mère ne sont finalement l’oeuvre que d’un seul homme qui a tout compris au maniement des médias et à celui des foules ? Je ne peux pas en dire plus sans divulgâcher l’intrigue romanesque.
Lien : http://luocine.fr/?p=10066
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Les fantômes du vieux pays

Nathan Hill, auteur surdoué et boulimique…



Excessif et réaliste, policé et irrévérencieux, jubilatoire et énervant, moralisateur et pragmatique...Voici un bon gros roman un peu fourre-tout qui procure autant de plaisir que de risque d’overdose!



Car il faut tenir la longueur sur ses 600 pages de paragraphes parfois serrés. Et si j’ai dégusté certains passages ou tranches de vie, j’ai eu du mal à digérer les excès narratifs de certaines situations.



Partant de l’enquête menée par un prof trentenaire sur les traces d’une mère évaporée lorsqu’il était enfant, la saga familiale va se déplier par autant de tiroirs que de personnages. En entrelaçant deux époques (des révoltes étudiantes des années 60 au terrorisme contemporain), la relation filiale dévoile peu à peu ses zones d’ombre, accompagnée par de nombreuses intrigues en satellite, toutes aussi méticuleusement décrites.



Le scénario en puzzle est improbable mais se tient, en jonglant jusqu’aux dernières pages. Le style virevolte, les détails foisonnent. On participe aux grandes manifestations anti guerre de Chicago au plus près des cocktails Molotov ! On déguste la satire des médias, de la politique, de l’éducation et de l’art de (bien?) vivre à l’américaine.

Le tout produit un panoramique assez effrayant de cette société, son consumérisme, les dérives de ses institutions et les problèmes comportementaux de ses individus.



Il se dégage beaucoup d’audace et d’énergie de l’ensemble, mais aurait pu être allégé de plusieurs dizaines de pages. Pour un premier roman, c’est un phénomène et une puissante narrative qui promet...
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Les fantômes du vieux pays

Un livre étonnant, riche, trop riche. 250 pages de moins et cela aurait été mieux. Comme son héros, universitaire, Nathan Hill fait des recherches profondes sur tous les sujets qu’il aborde et veut absolument nous les faire partager. Ainsi celles sur le fonctionnement (ou le dysfonctionnement) du cerveau du jouer vidéo en ligne.



Beaucoup de plaisir à le lire, ce livre qui fonctionne comme un puzzle où on est parfois en 2011 et à d’autres dan les année 60, parfois dans la peau du héros et dans d’autres dans celle de Faye...



Ce livre au-delà de l’aspect « policier » est aussi une critique en règle de la société US et, derrière le discours ouvert et positif, d’une société manipulé par les médias et populistes. On comprend mieux le phénomène Trump.
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Les fantômes du vieux pays

Ce roman fait parti de ceux que l'on adore ou qui nous laisse sur notre faim.

Tout était pourtant réuni pour une belle réussite. L'intrigue est bonne. Particulièrement bien amenée dès le début du roman. Le personnage de Samuel est très drôle. J'ai ri des le début. La lecture était très agréable jusqu'au milieu du roman ou j'ai eu envie d'en venir au fait et de comprendre l'histoire de Faye.

Au lieu de cela l'auteur se perd dans des détails dès plus ennuyeux...que j'ai passé à coup de dizaines de pages..Alice m'a réveillé dans cette lecture. Son personnage est la clé de cette histoire. On enchaîne les clichés américains, les manifestations, les protestations contre la guerre au Vietnam et les conspirations politique dans une chronologie certes intéressante.

La révélation de fin aurait également puis être un chef d'œuvre s'il ne tombait pas dans le pathos dramatique de l'américain en quête de sens.

Une grande déception donc.



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Les fantômes du vieux pays

Très belle réussite. D'habitude les secrets de famille sont réservés aux femmes écrivains voire leur seul terrain,

N.Hill prend le flambeau et l'élève au sommet.Les USA des révoltes étudiantes de 68 à Occupy Wall street sont le décor de ce roman de la fuite.

Tous les protagonistes trahissent ceux qui les aiment tout en croyant les aider et s'enfuient poussés par leurs démons intérieurs .

La construction en flash back avec des personnages mirroirs qui se répondent d'une époque à l'autre est envoûtante.

Avec en plus l'humour caustique de l'auteur sur son époque, étudiants, financiers et éditeur sont passés à la moulinette.
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Les fantômes du vieux pays

Avant que je ne lise « Les fantômes du vieux pays », c'était un gros livre ; maintenant que je l'ai lu, c'est un Grand Livre...
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