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Critiques de Natsuki Ikezawa (32)
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La femme qui dort

un petit recueil de 3 nouvelles très sympas, vraiment dans la veine onirique japonaise que j'aime tant

j'ai adoré la première, "les origines de N'Kunre" et son idéologie utopique d'un monde parfait....

La 2ème qui relate la rencontre éphèmère d'une femme et d'un homme sur fond de possesion m'a beaucoup plu aussi
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Des os de corail, des yeux de perle

Ma nouvelle préférée est la première nouvelle, éponyme. Cette nouvelle est très japonaise, et nous parle de l’acceptation de la mort. Le narrateur est le mari défunt qui va s’adresser à sa femme pendant qu’elle recueille ses os (là encore, un rituel très japonais). L’écriture est très belle, très poétique, et les réflexions sur la maladie, la mort, mais aussi la vie en général m’ont beaucoup intéressé.

Ce recueil contient trois nouvelles qui nous montrent l’étendue du talent et la diversité de l’écriture de Natsuki Ikezawa. Un recueil que je conseille à tous les amateurs de nouvelles nippones.


Lien : https://comaujapon.wordpress..
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La soeur qui portait des fleurs

Lire un roman Japonais, c'est l’occasion de découvrir un nouveau monde, un nouvel univers avec des valeurs et un système de pensée et de perception radicalement différent.



Mon préféré reste Murakami Haruki. Il semble qu’il soit pressenti pour le prix Nobel et je dois avouer que j’adore son écriture. « Kafka, sur le virage » Norwegian wood sont des livres que je n’oublierai pas. Je trouve que cette littérature est très onirique.



Cette fois j’ai découvert un nouvel auteur : Ikezawa. C’est très différent de Murakami. Ce livre est basé sur des faits réels ce qui lui donne une atmosphère particulière, en plus il se passe à Bali ce qui n’a pas grand-chose à voir avec le monde Japonais.



Ce livre est construit en parallèle avec des chapitres alternants entre le frère et la sœur. On découvre la descente du frère dans la drogue ainsi que sa découverte de la peinture. Sa sœur narre son chemin pour sauver son frère mais aussi sa découverte d’une nouvelle culture. Car il ne faut pas oublier que ce roman se passe à Bali. Et je crois que c’est ce que j’ai aimé dans ce roman : des morceaux de culture Balinaise nous sont peu à peu présentés. La jeune sœur tout d’abord très réticente va finir par aimer cette ile. J’y ai moins vu l’amour fraternel que Bali.

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Un cadeau

Quand on est invité pour une soirée à Tokyo dans un immeuble situé dans un quartier huppé, on ne peut pas refuser. Si en plus c'est dans l'appartement d'une ex qui s'était mariée à un secrétaire d'ambassade d'un petit pays d'Amérique centrale, on n'a peut-être pas le droit d'hésiter.



« Il y aura des gens de tous les pays. Ce sera sympa ! » Avait-elle dit avec entrain et il n'avait pas su comment lui dire qu'il n'était pas d'humeur pour ce genre de choses.»



Moi, pour ma part ; je ne connaissais même pas cette soirée. Ce sont des amies babeliotes qui m'ont dit : « viens Pat, il y a pas trop de mecs invités…Ça serait sympa si tu pouvais nous rejoindre !!! On ramène une bonne bouteille de Protos »



« L'appartement du second secrétaire et de sa jeune épouse se trouvait dans un immeuble moderne bâti sur un terrain appartenant à un grand temple dans l'arrondissement de Minato-ku. Chaque appartement devait correspondre à deux étages car dans l'ascenseur seul les chiffres impairs étaient indiqués. »



Une fois rentré à l'intérieur, il y avait une dizaine de personnes qui discutaient joyeusement et on m'apporta un gobelet en carton avec un semblant de vin… Pas de Francine ni de Sylvie en vue, juste devant moi un couple lui japonais et elle américaine ou mexicaine qui m'ignoraient tellement ils étaient attirés l'un pour l'autre.



C'est alors que je suis tombé par hasard sur une bouteille de Protos vide entourée de deux verres esseulés dans cette multitude de gobelets en carton-pâte. Mes copines étaient parties, j'étais arrivé encore une fois trop tard…



Dans le grand hall d'entrée de cet immeuble cossu, j'ai rencontré une bande de Pères Noël hilares… Et ce n'était pas un cadeau…

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Un cadeau

Ma copine Sylvie m’a téléphoné à pas d’heure, ça, je suis habitué. C’était une invitation d’une invitation, de la part de la fille d’une de mes ex, et dans un quartier huppé… Le Minatoku. J’ai tout de suite pensé au Minotaure, mais, bon, j’étais libre, j’ai dit oui.

Premier refroidissement : du picrate dans des verres en carton !

Je n’avais qu’une envie, sortir de cette mauvaise fête où je ne trouvais personne à qui parler, assis dans mon coin à regarder le temps passé passer.

Devant tous ces bobos qui buvaient, j’ai compris pourquoi Sylvie m’avait demandé du bon vin, un Protos, j’avais apporté, avec deux verres.

Et le cadeau, on aurait dit des pères Noél, ou des mexicains basanés, mais, non, c’étaient juste des babeliotes comme on n’en fait plus, elles étaient toutes là, un vrai cadeau.

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Un cadeau

Et voilà, je suis allée moi aussi m'offrir ces huit petites minutes d'évasion à Tokyo, où j'ai pénétrée, toute intimidée dans un appartement plein de gens inconnus où quelqu'un m'avait invitée. Je t'ai cherchée, Onee, mais tu étais repartie. J'ai failli croiser Anne-Sophie, mais elle était déjà en train d'écrire sa critique. Et Mh17 (je crois que c'est elle qui nous avait tous conviés) m'observait de loin, cachée derrière un paravent, pour voir si je m'acclimatais. J'ai bravement pris le verre de vin qu'on me tendait (dans un gobelet en carton, quelle horreur, en plus c'était un mauvais beaujolais nouveau), et j'ai erré, cherchant une âme soeur pour partager ma solitude parmi cette foule cosmopolite. J'ai fini par m'asseoir dans un coin, un peu lasse, un peu saoûle aussi...Et c'est là que je t'ai vu, paumé comme moi, l'air presque triste d'être là. Tu m'as fait pitié, je t'ai abordé, et pour te dérider, je t'ai raconté ma belle histoire...
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Un cadeau

Quatre étoiles pour le message que fait passer cette courte nouvelle (merci encore à mh17 pour nous avoir donné ce lien sur ce site de nouvelles)

Je ne suis pas fan de nouvelles, mais disponibles de cette façon, à la demande, c'est l'idéal pour une transition entre deux lectures plus conséquentes.



Un jeune homme déprimé est invité dans une réunion cosmopolite à Tokyo. Il s'y rend à contrecœur et reste isolé, essayant de se rendre invisible. Jusqu'à la rencontre, le cadeau...

L'atmosphère de ces réunions mondaines où l'on se sent un peu perdu, le désarroi de ce jeune homme se cachant derrière son verre de vin, sa sensation de ne pas être à sa place sont parfaitement traduits par l'auteur en peu de mots.

Et puis cette jeune femme qui l'aborde, qui lui raconte son histoire, qui partage avec lui les sentiments qu'elle a ressentis, qui lui sourit : un cadeau qu'il n'espérait pas.



Le lien pour découvrir à votre tour l'histoire qu'elle lui raconte : https://nouvellesdujapon.com/un-cadeau/
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Un cadeau

Aujourd'hui, j'ai Un cadeau, pour vous : le site de nouvelles japonaises « nouvellesdujapon.com », que j'ai découvert grâce à mh17. A priori, c'est le site de la mort pour moi qui n'aime ni les nouvelles, ni la littérature japonaise. Mais j'ai découvert que les deux ensemble pouvaient me convenir ! Cette littérature épurée s'allie à merveille au format court, celui d'un instant, tout petit mais crucial. Et le site vous indique même le temps de lecture à prévoir pour chaque nouvelle !





Voici donc Un cadeau (lien d'accès à cette lecture gratuite en fin de critique) qui ne vous demandera que 8 minutes de lecture pour vous délivrer son message. L'instant dont il est question ici est celui où la vie, au moment où vous en avez le plus besoin mais ne l'attendez plus, vous offre un cadeau : cette petite étincelle de vie, de magie ou de bonheur dont nous avons parfois besoin pour rallumer notre flamme, petit feu intérieur qui peut faiblir devant les tempêtes, les épreuves.





C'est Noël, dans le grand appartement de Tokyo d'un diplomate où le narrateur a été invité. « Il y aura des gens de tout pays. Ce sera sympa ! Avait-elle dit avec entrain et il n'avait pas su comment lui dire qu'il n'était pas d'humeur pour ce genre de chose. » Mais, d'humeur peu propice à la fête, « Il avait l'impression d'être assis au fond d'un trou noir » et « semblait bien incapable de se laisser imprégner par l'ambiance de ce genre de réjouissance ». On ressent avec lui cette sensation d'être d'être en plein milieu de quelque chose à laquelle on n'arrive pas à prendre part, en retrait, observant les autres de l'extérieur.





« Muet, toujours assis, il regardait le temps passer entre les personnes autour de lui ».





C'est tout simple mais visuel, beau, et d'une extrême justesse. L'auteur restitue parfaitement cette sensation de solitude dans la foule pourtant enjouée des invités. le mouvement de cette foule est également bien rendu : un dialogue entamé par-ci, un trait d'esprit par-là avant de s'évaporer vers de nouveaux arrivants, se détournant d'un interlocuteur encore souriant ; les liens éphémères, les envies de s'éclipser, les sourires affichés, les verres de vin.





Et alors qu'il pense ne pas pouvoir être plus seul au monde, le narrateur est abordé par une jeune femme. Comme entre deux solitudes qui se reconnaissent, un lien ténu se crée le temps d'un échange, comme un cadeau. La mise en abîme salvatrice d'une rencontre qui fait du bien. On reçoit, on donne. C'est ça, l'esprit de Noël. Un joli texte sur les rencontres de l'existence au bon moment, les petits signes du destin dont on a parfois besoin pour rebondir.





« C'est le cadeau que j'ai reçu de ces Pères Noël ». « C'est une drôle d'histoire, vous ne trouvez pas ? »





Et vous, la vie a-t-elle déjà placé les bonnes personnes au bon moment sur votre chemin ?
Lien : https://nouvellesdujapon.com..
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Un cadeau

Je viens de découvrir un filon prometteur: le site Nouvelles du Japon. J'ai lu deux trois nouvelles seulement et j'ai bien aimé ce Cadeau-là de circonstances, puisqu'il sera question de noël.

le personnage principal est un homme qui se rend à reculons à une soirée pince-fesses cosmopolite organisée par la fille de son ex. Celle-ci est à présent mariée à un secrétaire d'ambassade d'un petit pays d'Amérique centrale. Il s'y ennuie ferme jusqu'à ce qu'une jeune femme assise dans un coin de la pièce ne l'aborde. C'est une Américaine étudiante en histoire venue étudier la construction en bois japonaise. Elle lui raconte combien les premiers mois ont été difficiles...

Je ne vous en dirai pas plus (8 minutes de lecture).
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Les singes bleus

« Les Singes bleus » est un roman de Natsuki Ikezawa (2006, Actes Sud, 254 p.) traduit par Yutaka Makino qui nous raconte l’histoire de Yoriko Yoshimura, jeune volcanologue à la station du Mont Asama, au cœur des Alpes Japonaises.



Takuma, le frère de Yoriko la met en contact avec Monden, un soi-disant publicitaire qui a l’idée de monter un service de délivrance d’histoires à domicile ou téléphonées à partir de bornes automatiques. Un montage assez étrange qui dénote avec la scientifique. « Mais d'abord, pourquoi les gens auraient-ils envie d'écouter des histoires ? ». Pourquoi appelleraient-ils sans savoir sur quoi ils vont tomber ? Paradoxalement, elle est presque plus préoccupée de ses vêtements que de science « C'est là que se posait la question des vêtements. Une femme, célibataire, maître de conférences dans une faculté de sciences, est prise en général pour une excentrique obnubilée par son travail. En se présentant ainsi habillée comme pour aller donner un coup de main dans un déménagement, elle renforçait ce préjugé. On risquait d'imaginer qu'elle était fermée à toute discussion, alors qu'elle ne vivait pas uniquement dans un monde fait de croûte terrestre, de magma et de travaux universitaires » Peut-on lire au tout début du roman. Il faut dire que ses explications sur la tectonique des plaques et son lien avec le volcanisme sont plus que succints. Tout droit sortis de sites très généraux, avec quelquefois un peu de confusion entre géologie, biologie ou chimie. Cela se traduit parfois par des phrases assez obscures. « Entre la taille du corps humain et la taille de la Terre, ou encore entre la perception humaine du temps et celle de la Terre, la différence n'est que d'environ sept, huit fois seulement ». Et pourtant l’auteur a commencé des études scientifiques avant de traduire « Le Petit Prince » d’Antoine de Saint-Exupéry en Japonais, ainsi que de la poésie grecque ancienne, avant d’adapter la vie de Robinson Crusoé. Il partira trois ans en Grèce.

Des histoires téléchargeables, Yoriko passe à un autre commanditaire des machines de son frère. Celui-ci se pique d’être en plus devin. Peut être un tantinet psychologue, il perçoit assez vite l’intérêt de Yoriko pour son cher Asama. Il lui prédit donc un réveil prochain du volcan avec toutes les catastrophes inhérentes. Et pourtant Yoriko est une scientifique. « Son aversion pour la divination ne venait pas de ce qu'elle était une discipline non scientifique. Non, ce qui lui était désagréable, c'était l'envie de connaître le futur avant qu'il n'ait lieu, de devancer les autres pour faire un exploit. L'homme cherche par toutes sortes de moyens à éviter les rencontres inopinées avec un destin brutal ».

Mais Yoriko a un petit copain, Shogo, qui fait des fouilles au Mexique et qui écrit régulièrement. Il y aura d’autre lettres, longues, cela fait des pages de plus dans le roman. C’est à cette occasion que l’on apprend l’existence « des bandes de singes bleus qui n’arrêtent pas de jacasser dans les arbres » Je connaissais déjà « Les chiens noirs du Mexique qui dorment sans rêver, les singes à culs nu dévoreurs de tropiques, les araignées d’argent au nid truffé de bulles ». C’est de Boris Vian dans « Je voudrais pas crever ». Comme quoi, le Mexique est le pays des couleurs. On comprend mieux l’obsession de Donald Trump à construire son mur.

Par la suite, on pourra lire le journal de madame Hatsu, témoin visuelle de l’éruption du Asama en 1783, la troisième année de l’ère Tenmei. Puis après, on aura l’éruption du Puu-o-Keokeo sur l’ile d’Hawaii « et Pélé chevauchant le front de lave en furie ». La voilà maintenant à Hawaii, chassée de Tahiti à cause de son conflit permanent avec sa sœur Nāmaka, déesse de l'eau et s’est réfugiée au Kilauea à Hawaii. Changement de décor, Yoriko et Monden vont déjeuner vietnamien, avant c’était pizza et lasagnes. Avant d’en arriver à Kismet, « spécialiste de divination » en fait plutôt de combinatoire, ou plutôt, comme on dit en italien de « combinazione ». Il réussit cependant à persuader la scientifique d’une éruption prochaine. Ce qui fait que Yoriko va partir, seule ausculter le volcan.

Le mont Asama est un volcan encore actif, situé dans les Alpes Japonaises, pas très loin de Nagano, à environ 150 km au sud-ouest de Tokyo. Dernière éruption en 2019 et une antérieure en 1783, il est considéré comme potentiellement dangereux. Dans cette région des Alpes Japonaises, la route qui relie Toyama sur la côte à la vallée au pied du mont Asama, la Tateyama Kurobe est célèbre par ses 13 m de neige déblayée chaque année et qui font l’attraction des cars qui passent par là. J’avais été faire du terrain au pied du mont Nishihotake, après avoir pris un téléphérique, le Shinhotaka qui monte à plus de 2000 m, ensuite à pied, on peut aller jusqu’à une hutte Nishino-Sanso à plus de 2500 m. Avec des étudiants plus jeunes, et un matériel peu adapté, j’avais dû renoncer à monter plus haut, avec des pentes à 40°, pour aller voir le plus jeune granite du monde, vieux à peine de 2.6 millions d’années.

Un livre en soi pas trop mal fabriqué, avec des longueurs et du remplissage, comme il fallait s’y attendre. Un peu plus de documentation scientifique n’aurait pas fait de mal, car parfois les approximations sont plus qu’approximatives. Mais on ne peut pas tout avoir. On peut se demander ce que viennent faire les (longues) lettres de Shogo, si ce n’est qu’il n’arrive pas à exprimer ce qu’il voit, ce qu’il vit. « Pourquoi ne pouvons-nous pas témoigner d'une expérience ou d'une sensation autrement que par des mots ? Pour combattre la décomposition due au temps, nous n'avons comme outils que les mots, tellement approximatifs et grossiers, embourbés dans le préjugé et l'erreur. Je voudrais vraiment te transmettre dans sa totalité cette expérience de six mois ». Tout comme Yoriko qui a du mal à faire passer ses connaissances. Alors qui croire de la scientifique ou du pseudo prévisionniste. La première écartelée « Entre la taille du corps humain et la taille de la Terre, ou encore entre la perception humaine du temps et celle de la Terre, la différence n'est que d'environ sept, huit fois seulement ». Mais il faut croire que la phrase est tellement alambiquée que l’on ne sait plus quoi en penser. Ou bien le publicitaire. « Mais dans la réalité, personne n'a le courage de mélanger les cartes qui ont été si bien classées ». Là aussi, on a perdu un bout du décodeur.





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La femme qui dort

« La Femme qui dort » de Natsuki Ikezawa (2009, Editions Philippe Picquier, 120 p.) traduit par Corinne Quentin est une suite de trois nouvelles.



« Les origines de N'kunre » d’une trentaine de pages, commence en Amérique du Sud, avec un titre plutôt d’Afrique du Sud. C’est plutôt une « Recitação, qui vient du portugais, et même si de nombreuses appellations existent de par le monde, telles que Mantra, Shingon ou Veritas », on a le choix. Va pour N’kunre. Un truc quasi magique. « Quand le mari et la femme commençaient à se lancer à la tête leurs quatre vérités, rapidement quelqu’un assistant à la scène disait : « N’kunre ». Alors plusieurs personnes venaient former un cercle en se donnant la main et réciter N’kunre. Et les deux intéressés, le visage redevenu serein, se mettaient à discuter d’un arrangement. Le désir de posséder au point d’entrer en conflit avec les autres ne disparaissait pas sous l’effet de N’kunre ». Cela vaut toutes les scènes de raccommodage, et de plus c’est également bien supérieur et meilleur marché qu’un avocat, fut-il marron.

Avec un exemple à la clé, celui de Sebastiano et Estelle. « Dans le cas de Sebastiano, ce fut l’amour qui le mena à sa perte. Sa partenaire était Estella, une jolie femme au caractère indépendant. Il en tomba amoureux, lui fit la cour et, après qu’il eut déployé tout son savoir-faire, elle finit par se montrer consentante et ils se marièrent ». Comme toutes (ou presque toutes) les histoires d’amour, elles finissent. Bien dans le cas des productions de Hollywood, voire même de Bollywood. Mal pour quelques autres de Bollywood, où interviennent des ingestions de produits chimiques divers et variés.

Bref, scènes, Recitação, fuite éperdue dans la jungle (pas de singes bleus dans ce cas) mais des Desertores, pour faire plus typique et couleur locale. Heureusement « Le jaguar ne comprend pas ce langage ».

Retour à Hollywood pour le bouquet final. « Ainsi, le crime dramatique d’un jeune mari qui tua sa femme sous l’emprise de ses émotions fut finalement pour l’Homo Sapiens l’occasion d’un progrès moral ».

« Mieux encore que les fleurs » presque 50 pages encore d’histoire d’amour (avec envoutement). C’est sans supplément. « On ne comprenait pas vraiment ce qui se passait mais, en tout cas, aucun des deux n'a dit à l'autre qu'il l'aimait ». un couple se retouve après quinze de séparation.



« La femme qui dort » enfin, nouvelle elle aussi d’une cinquantaine de pages. C’est effectivement une femme qui s’endort le jour, pendant qu’elle vacquait aux travaux ménagers à Boston où elle a suivi son mari. C’est en fait un rituel traditionnel d'Okinawa, rituel, qui se perd, mais survit de ci de là. « Ce n'est pas une simple envie de dormir. C'était comme si une force impérieuse l'attirait vers le sommeil. Ce genre de chose ne peut pas m'arriver, se dit-elle, tout en essayant de résister, mais elle ne pouvait pas résister et, comme un avion décolle du sol, elle s'envola tout à coup vers le sommeil ». Elle dort le jour et se transporte sur l’Ile Kudata, à Okinawa. « Elle tenta de penser à autre chose : ses amis au Japon, sa vie plutôt satisfaisante avec son mari, son cours hebdomadaire sur les arts premiers à Harvard et d'autres choses encore, mais en vain ».

Une façon comme une autre de fuir la réalité et de se retrouver un passé. « Depuis le rêve de ces derniers jours je me sens comme un grand bateau qui sombre dans une mer peu profonde ; je me sens couler vers le fond de moi-même et là, sans le moindre tangage, immobile au milieu du vaste océan sur lequel je ne naviguerai plus, j'ai l'impression que l'eau va me traverser librement au gré des marées et que des milliers de petits poissons viendront se réfugier là ».



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Des os de corail, des yeux de perle

Un mort donne ses consignes à sa femme pour jeter ses cendres, une femme disparaît avec son enfant alors que le mari est loin de chez eux, un homme, seul survivant d'une catastrophe biologique attend la mort dans la neige un jour de Noël. Il y a beaucoup de sensibilité et de poésie dans les 3 nouvelles de ce recueil. Tout à fait dans l'esprit de "La soeur qui portait des fleurs" et de "La femme qui dort". Le temps semble comme en suspend. Ikezawa nous fait percevoir notre vulnérabilité, la précarité de notre existence, face à la mort, la maladie. Un gros travail de deuil attend celui qui reste.
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Tio du Pacifique

Tio, 12 ans, aide son père qui tient un petit hôtel familial dans cette petite île qui a "la forme d'une papaye coupée en deux". En évoquant les rencontres ou les évènements qu'il vit, c'est une peinture impressionniste de cette petite île que fait le jeune garçon. Avec poésie ou nostalgie, tantôt sérieux, tantôt ingénu, le jeune Tio donne sa vision du monde : il envoie des cartes postales à des personnes qui, en les recevant sont irrésistiblement attirés par l'île, un peu comme le chant des sirènes attirant Ulysse, il se fait défenseur de la nature en décrivant les fouilles d'une japonaise Asako, qui recherche le bois flotté parfait pour sublimer l'arbre désormais mort, ou encore ce couple arrivé pour quelques jours de vacances et qui, subjugué par l'île, va s'installer dans une cabane pendant plusieurs mois pour vivre intensément dans la nature qui les a envoûtés.



En dix rencontres Natsuki Ikezawa fait vivre cette petite île dans le Pacifique, où Tio va se construire et faire des rencontres inoubliables. Ce sont des sentiments, des émotions des souvenirs qui font le portrait à la fois de cet enfant qui grandit et de cette île si particulière qui attire et révèle les habitants, les résidents de passage ou les touristes qui se trouvent transformés après leur séjour.

Tio du Pacifique tient du recueil de contes ou une fable, à l'instar du Petit prince - que Natsuki Ikezawa a traduit en japonais. Dans ce récit, place est faite au merveilleux, au rêve, à l'enchantement et à la défense de la nature qu'il sublime avec des textes qui peuvent paraître naïfs mais qui sont touchants par leur poésie quelquefois lyrique.

Un conte tantôt profond tantôt léger qui reste enchanteur.
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La femme qui dort

Un recueil qui nous fait beaucoup voyager avec des histoires vraiment intéressantes à suivre, et qui nous transportent dans des univers où la logique n’est pas forcément une chose sur laquelle l’on souhaite s’appuyer.
Lien : https://comaujapon.wordpress..
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Les singes bleus

Livre lu dans le cadre de la pioche de Novembre. J’ai découvert ce roman grâce aux offres reconditionnées d’Amazon au moment où je cherchais des auteurs pour le challenge ABC. Mais aussitôt arrivé, aussitôt enterré comme tant d’autres. Le format de ce livre est curieux, aussi large qu’un poche et aussi long qu’un broché.



Le style est agréable, même si je ne retiens pas tout de l’histoire, elle est encore floue. Nous suivons Yoriko, une jeune universitaire et volcanologue. Par le biais de son frère, elle rencontre un publicitaire aux idées novatrices et curieuses. Le tout se passe sur fond du mont Asama et de la volcanologie. Malgré que ce n’est pas ma littérature habituelle, l’histoire finit par être intrigante et j’aimerais en savoir plus. Quand j’étais plus jeune, je m’intéressais à la volcanologie. Je ne suis pas une habituée du style japonais mais j’aime l’écriture de cet auteur, il alterne de longues descriptions sur différents contextes de la volcanologie avec différents dialogues. Malgré une curiosité à toutes épreuves, le personnage principal, Yoriko, a des idées assez cartésiennes et elle ne se gêne pas pour le dire, je l’aime bien. On n’a aucune notion de temps avec Yoriko, il peut se passer un jour comme un mois sans qu’on le sache vraiment. Finalement, on la suit beaucoup dans son travail de volcanologue (c’est très intéressant) et dans sa vie de tous les jours. Les idées du publicitaire l’influencent de temps en temps. Le moins que l’on puisse dire est que je ne m’attendais pas à cette fin-là. J’ai pourtant imaginé différents scénarios mais pas celui-là. Je n’attendais rien de précis de ce roman à part une bonne lecture. C’est chose faite, le style de l’auteur est agréable et j’ai fini par considérer Yoriko comme une bonne amie. Il ne se passe finalement pas grand-chose dans ce roman mais j’ai apprécié suivre Yoriko dans sa vie de tous les jours et dans le dédale de ses pensées. J’ai beaucoup aimé les histoires liées à la volcanologie. Par contre, il y a trop d’info dans le résumé de la 4ème de couverture.



Comme vous l’aurez compris, ayant peu l’habitude de ce genre littéraire, je situerais donc ma lecture entre bonne et excellente découverte car malgré tout, je n’en garderais pas forcément beaucoup de souvenirs. Je remercie Neneve pour cette bonne pioche. Si vous êtes amateurs de littérature japonaise et de volcanologie, je vous conseille de découvrir ce roman malgré tout intéressant. Quelques coquilles ont été néanmoins oubliées de-ci delà (qu’on face / où pour ou (la plus fréquente)). Si j’en ai l’occasion, je retenterais peut-être un autre livre de cet auteur, peu de ses livres semblent avoir été traduits en français.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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La vie immobile

Deux nouvelles lunaires et contemplatives dans la pure tradition Japonaise, propices à la méditation et à l'introspection. J'ai beaucoup aimé la seconde.
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La soeur qui portait des fleurs

Roman ambitieux et récit à deux voix ("je" pour la soeur Kaoru ; "tu" pour le frère Tetchi. Les chapitres alternant ces deux voix) pour raconter leur lien fraternel mis à l'épreuve, puisque le frère s'est fait arrêté pour détention d’héroïne, et que cette soeur entreprend tout pour le sauver de la peine de mort. Mais ce qui m'a beaucoup plu, ce sont les échappées, aussi importantes, que le coeur de l'intrigue (la dépendance, l'emprisonnement et le procès de Tetchi) : les voyages du peintre et les réflexions sur la peinture, la culture balinaise, le chemin spirituel de Kaoru.

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Les singes bleus

Je commence par ma formule consacrée : « roman lu il y a quelques années ». Je ne me souviens donc plus véritablement de l'intrigue. Mais pour moi, ce n'est pas toujours le plus important. Je suis plus sensible à l'atmosphère, à l'ambiance, aux idées véhiculées par l'auteur à travers son histoire. Donc c'est un roman qui parle d'une ravissante volcanologue et de volcans. Au japon les volcans, ils connaissent ! Cette jeune femme est donc responsable d'un observatoire volcanique dans les Alpes japonaises : le volcan Asama. Quand son frère lui présente un astrologue qui lui prédit une éruption imminente. Je me souviens que cette volcanologue étudie la dernière éruption qui a eu lieu sous les Tokugawa et, est donc très perturbée par l'annonce de cette éruption prochaine. Elle va donc aller vérifier par elle-même dans l'antre du monstre les signes précurseurs d'une éruption…

Comme souvent dans le romans japonais, l'histoire peut paraître abracadabrante. Mais comme je vous le disais, il faut savoir aller au-delà de l'intrigue. Car il y a véritablement dans ce livre un esprit de la nature qui se ballade quelque part, en lien avec un puissant tellurisme sous-jacent. En écrivant ce billet, ça me rappelle vaguement l'esprit du « Convoi de l'eau » de Yoshimura. Au Japon, le surnaturel n'est jamais très loin. L'animisme Shinto associé à un panthéisme ancestral ! La nature se révèle souvent le personnage principal du récit. Ce roman, sans être un chef-d’œuvre, participe à cet esprit.
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La soeur qui portait des fleurs

Qu'est-ce qui arrive lorsque l'on consomme de l'héroïne à Bali, en Indonésie ? Eh bien on se retrouve en prison. Et les prisons indonésiennes… Heureusement, Tetsuro a une sœur qui va essayer de le sortir de là, en s'aidant de ses relations. Voilà à peu près l'intrigue.

Bien que le récit ne soit pas dénué d'intérêt et soit bien mené, d'une lecture agréable, j'ai trouvé tout cela un peu bancal, manquant de fluidité. On est dans la réalité, dans le trivial, mais j'ai eu l'impression que l'auteur hésitait sur la conduite à tenir, sur ce qu'il voulait développer.

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La femme qui dort

Alors que je débouche ma bouteille de Nikka pour lire ce petit livre de Natsuki Ikezawa – ou ai-je lu ce petit recueil de trois nouvelles pour me servir un verre de Nikka, je suis pris par un sentiment étrange, celui d’être perdu dans un conte ancestral où je ne comprends pas grand-chose. Promis, première nouvelle, premier verre seulement.



« Les origines de N’Kunre » m’emmènent en Amérique du Sud, j’aurais dû me servir un verre de rhum, une histoire d’adultère et de rédemption. La rédemption, je vais la croiser au fond de la jungle auprès d’un peuple reculé. Ma rédemption, je la trouverai probablement au fond de mon verre au cristal éculé.



« Mieux encore que les fleurs », il y a le pastis et l’anis. Cette senteur florale qui parfume mon verre et fait ressassé les souvenirs d’une rencontre, comme une histoire d’amour sous envoutement. Le charme d’un souvenir, l’onirisme d’une vie. Les images d’amour flirtent là encore avec le rêve et les légendes d’un autre temps.



Mais revenons à mon Nikka que je déguste sous la bise iodée de Boston pendant que mon regard se porte lascivement vers « la femme qui dort ». Elle dort le jour pour se plonger dans des rêves d’Okinawa. Son esprit sombre dans l’âme de cette île, un endroit étrange sous des airs marins.



Mon Nikka n’est pas aussi iodé que cette dernière histoire – même pas du tout. Est-ce pour cela que mon corps n’a pas basculé entièrement dans ce recueil ? J’avais du mal à suivre tant d’onirisme et de croyances – qui prennent peut-être leur fondation dans des préceptes shintos qui ne me sont pas familiers. Mon regard se portait étrangement vers le fond de la bouteille sans message à l’intérieur pour découvrir la clé d’un trésor, celui de « la femme qui dort ». Trop de légendes, trop de rêves ou de contes étrangers à ma culture porté essentiellement sur l’esprit malté de mon verre que l’esprit iodé d’un parfum de femme endormie.
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