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Citations de Nicolas Dickner (102)


Il apparaît plus démoralisé que de coutume - ou peut-être seulement plus lucide.
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Jay a stationné la voiture en face de Caméra Expert. Assise au volant, elle examine la boutique, se prépare mentalement. Elle ne sait pas ce qui l'attend derrière cette porte vitrée. Les petits détaillants sont devenus si rares. Acheter chez Best Buy a fini par distendre notre vision du monde. L'habitude s'est installée des employés innombrables et blasés, des incessantes rotations de personnel, des planchers labyrinthiques. La perspective de commercer en temps réel avec un humain véritable a désormais quelque chose d'intimidant.

[NB : Best Buy est une entreprise américaine de vente de matériel électronique grand public, présente surtout aux États-Unis et au Canada. Elle est actuellement dirigée par un français].
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Voilà bien le problème avec les événements inexplicables : on finit immanquablement par conclure à la prédestination, au réalisme magique ou au complot gouvernemental.

(Alto, p.178)
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Jay se tape les soixante-douze mille marches qui la séparent de la surface en grommelant. Ses cuisses brûlent, elle a le souffle court. Elle se sent ridicule et gériatrique. Tôt ou tard, elle devra imiter Mahesh et aller suer sur un tapis roulant les mardis et jeudis midi. Arpenter l'austère géographie de la répétition. Prendre des suppléments protéiniques, de la vitamine D.
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« Il ne partageait pas le Glorieux Imaginaire Routier Nord-Américain. De son point de vue, la route n’était qu’un étroit nulle-part, bordé à bâbord et à tribord par le monde réel. » (p. 45)
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Il s'agit d'une sorte de terrain de camping préhistorique, où le défi consiste à reconstruire l'identité et le mode de vie des campeurs à partir des minuscules déchets qui jonchent le paysage. La tâche est délicieusement complexe, car si l'on piste aisément les sédentaires en suivant les traces de doigts graisseux dont ils maculent l'histoire, la lointaine présence des nomades doit se deviner avec trois fois rien: un hameçon en os de phoque grugé par l'acidité du sol, des traces de charbon de bois, des coquillages éparpillés parmi les galets.
L'île Stevenson a été passablement achalandée au cours des siècles. En grattant bien, on devine la trace ténue des pêcheurs de l'Archaïque maritime, des chasseurs de phoques du Dorset, des Scandinaves barbus, des Inuits du Thuléen, des baleiniers basques, des Naskapis et des naufragés français, - sans compter une poignée d'archéologues qui n'ont pas pris de douches depuis deux semaines et s'excitent au moindre éclat de silex.
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« De tous temps, la paternité a constitué un concept volatil. Au contraire de la maternité, que le caractère spectaculaire de la grossesse légitime de facto, la paternité manque de tangibilité. Aucun témoin oculaire ne peut plaider la cause du géniteur, aucun accouchement ne prouve son lien avec l’enfant. Le statut de père n’a réellement touché la terre ferme qu’avec l’apparition des tests d’ADN, une consécration somme toute peu glorieuse puisque le géniteur, en recourant à ce procédé pour ainsi dire judiciaire, admet son incapacité à faire reconnaître son statut par la diplomatie traditionnelle. En brandissant les résultats d’analyse, il consolide sa paternité biologique mais sacrifie, dans la foulée, sa paternité sociale. » (p. 221)
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« Peu à peu, l’ambition de perpétuer les traditions familiales s’insinua dans son esprit. Il lui semblait inconvenant que l’arrière-arrière-petite-fille d’Herménégilde Doucette consacrât sa vie à éviscérer des morues et faire des devoirs de sciences naturelles. Elle était destinée à devenir pirate, morbleu ! » (p. 61)
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« Mon nom n’a pas d’importance. Tout débute au mois de septembre 1989, vers sept heures du matin. » (p. 11)
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Lisa vide son deuxième litre d’eau minérale, assise en tailleur sur le seuil du garage. Elle regarde les conteneurs stationnés de l’autre côté de la rue. Assis sur le bord d’un quai de chargement, un type grille une cigarette. Lisa se demande ce qu’ils mijotent au juste dans cet entrepôt beige et dépourvu de raison sociale. Les conteneurs sont anonymes. Ils pourraient aussi bien renfermer de l’électronique, des bottes d’hiver ou du hasch que des ressortissants roumains. Comment savoir? L’opacité est la clé de voûte du capitalisme moderne.
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Notre librairie est, en somme, un monde entièrement composé et gouverné par les livres - et il me semblait tout naturel de m'y dissoudre totalement, de vouer mon destin aux milliers de destins dûment empilés sur ces centaines d'étagères.
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Après avoir feuilleter quelques ouvrages d’amateur, Hope passa aux affaires sérieuses: l’Encyclopédie illustrée de la psychiatrie, un ouvrage pesant dans les huit kilos et qui répertoriait prétendument tous les désordres psychologiques [...]. En guise de vengeance, elle alla classer l’encyclopédie dans la section des livres pour enfants, entre le Chat botté et Alice au pays des merveilles. Une toute nouvelle génération de psychoses en perspectives. P. 75-76
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« La librairie S. W. Gam est un de ces coins du cosmos où les humains ont depuis longtemps perdu le contrôle de la matière. » (p. 23)
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«Ca sert à quoi de lire des livres?...»

De nos jours, la plupart des objets culturels sont intégrés dans une approche multitâches. Autrement dit, on peut écouter de la musique en lavant la vaisselle, visionner un film en bavardant avec son voisin ou lire huit sites web en simultanée.

Le livre, en revanche, demeure l'un des seuls objets culturels qui exigent de tout arrêter. Pour exister, il exige une attention exclusive. Impossible de lire un bouquin en pensant à autre chose.

Dans un monde multitâches, consacrer tout son temps à une seule activité revient à perdre son temps - ce qui explique sans doute en partie pourquoi on lit moins de livres qu'auparavant. L'intérêt du livre se trouve pourtant là: il exige certes plus d'efforts, mais il dilate les heures.

Le livre est, en somme, une machine à courber le temps.

(...)

...je ne vois plus les libraires de la même manière. Je passe désormais leur porte avec un respect renouvelé - comme si j'entrais non pas chez un simple marchand de papier relié, mais chez un détaillant de machines à voyages dans le temps.
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Les grandes routes commerciales du vingtième siècle aboutissaient dans ce grenier, et tout en jouant de la fourche, Lisa se demande par quel délire géopolitique ces objets ont pu être désirés, achetés, amassés, utilisés, chéris, puis entassés strate après strate dans ce grenier insalubre jusqu'à former une masse indissociable, par endroits, de la masse de guano et de cadavres de chauves-souris.
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Le problème c'est que tous ces livres dûment oubliés nous ont tout de même construits, et peuvent encore exercer une influence sur nous.

Heureusement, la mémoire est comme la mer: elle n'avale pas tout, et il lui arrive de recracher, de temps en temps, d'intéressantes carcasses. Poupées décapitées, espadrille orpheline, serpent de mer.
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- Mon grand-père disait qu'un repas qui ne fait pas de miettes est un repas suspect.
- Ton grand-père était un sage.
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Elle a les lunettes et l'humour tranchant d'une bibliothécaire.
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- Mon grand-père disait qu'un repas qui ne fait pas de miettes est un repas suspect.
- Ton grand-père était un sage.
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[…] il n'existe aucun problème qu'une bonne fin du monde ne peut pas régler.
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