AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Nicolas Fargues (338)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


J'étais derrière toi

Il est beau gosse, trentenaire, marié avec Alexandrine, une femme de caractère qu’il aime énormément et avec qui il a deux enfants.

Mais Alex est loin d’être commode ! Pour elle, les liens du mariage sont sacrés ! On ne badine pas avec le contrat d’une union placée sous le sceau de la fidélité absolue, de la connaissance entière de l’autre et de l’appartenance corps et âme.

Un idéal fusionnel qui va sonner la fin du couple car lui fait un léger écart de conduite et mal à l’aise, se sentant coupable, avoue tout.

La violence alors se déchaîne, la cruauté jalouse grandit de jour en jour, plus rien ne passe, on s’espionne, on se soupçonne, on se méfie, bref on souffre et c’est l’enfer !

Comme il se sent coupable d’avoir ouvert les hostilités, il accepte toutes les humiliations, au point même de se laisser frapper par son épouse ! En voulant éviter la guerre, il n’a fait que la porter à son comble.



Pour souffler un peu, il s’offre alors une parenthèse en Italie chez son père.

Un soir qu’il dîne au restaurant le serveur lui apporte un petit mot rédigé en italien : « j’étais derrière toi », signé Alice, suivi d’un numéro de téléphone.

Il trouve ça osé, sexy, féminin, italien, charmant et…téléphone. Le courant passe d’emblée entre les deux jeunes gens qui décident de se rencontrer.

Alice est étudiante, elle a 20 ans, est jolie, vive, drôle, cultivée.

De l’entente consciente et amicale, germent la souplesse, la douceur, la tendresse…et pourquoi pas l’amour ?



Mais le narrateur retourne quand même auprès de sa femme avec qui il a encore quelque espoir de recoller les morceaux. Alors, il s’accroche et obéit, il s’abaisse devant une compagne dominatrice de plus en plus odieuse, mégère, infernale, qui le mate, le dompte, le harcèle avec toute la hargne dont une femme jalouse est capable.

Les belles images de l’Italie vécues avec Alice sont comme un coin de paradis dans ce sinistre quotidien qui est devenu son enfer conjugal.

Lui qui ne rêve que de tendresse partagée est enlisé dans une situation inextricable où il est comme un chien tenu en laisse par sa propre peur.

Quand pourra-t-il définitivement dire adieu à Alexandrine et Bonjour Alice, bonjour le désir, l’Italie et surtout Bonjour à soi-même ?



La guerre des sexes est déclarée !

Nicolas Fargue passe la désagrégation du couple aux rayons X avec ce roman plutôt sympathique, tour à tour frivole et profond, vivace, sombre ou enjoué, qui exprime avec une lucidité féroce comment les malentendus creusent les sillons de la haine, comment la souffrance de l’un nourrit la culpabilité de l’autre et comment la mécanique de la rupture devient peu à peu inéluctable.

La façon de raconter est originale. Sur le mode du confiteor qu’il adresse à un « tu » compréhensif, l’auteur implique directement le lecteur en lui faisant tenir un rôle primordial : celui de l’ami qui entend la confession grave et légère, brûlante ou tendre du narrateur, ce jeune trentenaire amical perdu dans les affres de la désillusion amoureuse.

Le roman se construit donc sur le mode du partage, de la communion dans l’intimité de la confidence, entre un narrateur extrêmement volubile (un peu trop parfois) et un lecteur qui en lisant sert l’écoute. Au fil de la narration, ce personnage sans nom, qui exprime ainsi une grande partie de la gent masculine, et qu’on ne peut s’empêcher de trouver charmant à l’instar de l’auteur son double, va peu à peu grandir, mûrir et devenir adulte ; ce qui ne se fera pas sans moult atermoiements, hésitations et sentiments de culpabilité.



Porté par un style vif, alerte, de longues phrases pétillantes et un débit endiablé à faire souffler un marathonien, « J’étais derrière toi » fait état de l’incommunicabilité entre les êtres dans une description de l’homme moderne, fragile, vulnérable, qui cache une âme infiniment sensible sous ses dehors de mâles aux gros biceps. C’est donc aussi un roman sur l’intimité masculine, sur l’homme d’aujourd’hui, prêt à partager ses plaisirs, à confesser ses ratages et exprimer son besoin de douceur.

A travers une histoire de rupture et de rencontre, une histoire qui finit et une autre qui nait, c’est une jolie interrogation sur l’Amour et une intéressante réflexion sur le couple, la jalousie, le désir, l’humiliation mais aussi sur le besoin de simplicité, de tendresse et de reconnaissance que nécessitent toutes relations amoureuses si l’on veut qu’elles soient durables.

A bon entendeur…

Commenter  J’apprécie          775
La Péremption

A l’étonnement de tous, à commencer par le principal de son collège, Zélie, professeure agrégée d’art plastique, démissionne de l’Education nationale, pour prendre, à cinquante ans, une retraite largement anticipée, qu’elle compte financer, principalement, grâce à la vente d’un appartement à Lyon qu’elle reçoit en héritage. Dans sa jeunesse, elle a pu être considérée comme une artiste en devenir, notamment grâce à son exposition personnelle « Minuscule et Ridicule », mais son inspiration s’est tarie, malgré un projet fumeux de « frise sensorielle ». Divorcée d’Alessandro avec qui elle a de temps en temps des relations sexuelles bien qu’il se soit remarié, elle a un fils de vingt ans, Furio, très investi dans le militantisme LGBTQIA+ et vendeur chez Sonia Rykiel Faubourg-Saint-Honoré. Elle essaie désespérément d’être encore à la page, malgré une date de « péremption » dépassée, d’autant qu’au cours d’une soirée elle rencontre Shock, Congolais de trente ans, et qu’une histoire se noue entre eux. ● Le sujet du récit étant le décalage entre une quinquagénaire et des gens de l’âge de son fils ou de Shock, Zélie hyperbolise ce décalage jusqu’à la caricature. Cela donne lieu à des passages plaisants : « Une génération venue au monde avec une maîtrise innée du montage vidéo à coupe franche, de l’usage de la touche lecture rapide de la télécommande et des mots-consonnes de trois lettres. Hermétique aux temps morts, au silence, aux conjonctions de subordination et aux textes de plus de six lignes. […] Pour faire la conversation à Darel – et, par là, pour faire plaisir à Furio à qui je n’osais demander si lui et Darel étaient également amants, j’avais hasardé le nom d’Hervé Guibert. Darel m’avait toisée avec cette compassion amusée qu’on pouvait réserver, de mon temps, à un admirateur du violoniste André Rieu ou du saxophoniste Kenny G. J’avais pensé rectifier le tir en lançant celui de Guillaume Dustan, moins consensuel. Lui, c’est vrai, on peut pas complètement nier qu’il a eu sa part dans le mouvement global, m’avait concédé Darel avec mansuétude. Mais je dirais qu’il reste quand même assez peu challengeant, vu l’importance du contexte, avait-il ajouté pour que je ne me fasse pas trop d’illusions non plus sur la pertinence de mes références archaïques. […] Avec Furio, ma règle était simple : ne pas aborder les sujets qui m’intéressaient. » ● Mais dans l’ensemble j’ai été gêné par cette exagération des différences entre générations. J’ai aussi trouvé qu’il y avait dans ce livre un vrai conformisme, à commencer par un parianisme triomphant dont la narratrice et probablement l’auteur ne se rendent même pas compte. Toutes ces ratiocinations sont à mille lieues de la France rurale, par exemple. ● Et ce qui est peut-être le pire dans ce livre, c’est que les ruminations noient le récit, que la tension narrative est minime, bref, qu’on s’ennuie très vite, d’autant que les seuls dialogues sont ceux de Zélie avec elle-même… J’avoue que je n’ai lu qu’en diagonale le dernier tiers, tant j’en avais marre de ces pensées qui tournent en rond. ● Cependant, voici une autre citation qui m’a plu : « Avec les réseaux sociaux qui, depuis quinze ans, avaient donné la parole au peuple dans son ensemble, les rapports de force étaient désormais inversés. Le peuple et ses goûts pas toujours sélectifs, on n’entendait plus que lui. » ● J’ai aussi aimé que la narratrice critique certains tics de langage affreux qu’on entend sans cesse : « du coup, sur Paris, de base ou au final. » ● C’est le premier livre de Nicolas Fargues que je lis, et malgré ces citations cela ne m’a pas donné envie d’en découvrir d’autres. ● Encore une déconvenue suscitée par les critiques du Masque et la Plume, coutumiers du fait. Ils étaient unanimes à tresser des éloges à cet opus, y compris Beigbeder, dont je me demande bien ce qu’il a pu lui trouver – à part d’aligner sa critique avec le politiquement correct dans le but illusoire de se dédouaner de certaines de ses prises de position.
Commenter  J’apprécie          429
J'étais derrière toi

Je voulais le lire ce roman. C'était un objectif. Je me faisais une joie de découvrir ce nouvel auteur, ce texte. Déception, malgré quelques citations relevées ça et là, il restera un livre parmi tant d'autres, aussitôt refermé aussitôt oublié. Ne pas le lire n'aurait pas été une catastrophe, le lire n'a pas bouleversé ma vie et ma façon d'aborder les situations. Déception donc.
Lien : http://araucaria20six.fr/
Commenter  J’apprécie          411
La ligne de courtoisie

Comment se fait-il que de très bons auteurs restent dans l'anonymat le plus triste et que d'autres moins talentueux trouvent un éditeur et des lecteurs ?



Ce qu'il y a de plus intéressant dans le livre de Nicolas Fargues c'est le titre.



Pour le reste, histoire banale d'un écrivain qui a dégringolé de l'échelle du succès pour se retrouver à Pondichéry où il ne chérit rien non plus.



Quatre pages pour commenter un match de tennis qui passe à la télé, une demi page pour expliquer que son lave-linge est propre, des longueurs répétitives et un langage ampoulé à tout bout de champ, je ne désire pas prendre plus de temps pour lire ce petit opus de 167 pages.



Même si l'auteur "relève les muscles corrugateurs de ses sourcils pour exprimer son impuissance", je m'arrête à la page 87 en plein milieu de Pondichéry.



Ici, point de litotes mais des hyperboles à loisir. Je suis peut-être tombée sur le mauvais numéro. Je désire lui donner une deuxième chance de me convaincre. Si vous, Babéliotes avez des suggestions à faire, j'écouterai volontiers vos propositions.
Commenter  J’apprécie          370
J'étais derrière toi

Pour ce qui est du livre de Nicolas Fargues je pense lire d'autres livres de lui car cet auteur est surprenant et malgré son écriture qui ressemble à une confession à un ami il a réussi à immediatement m'embarquer avec lui dans son délire masochiste.Comment un homme censé peut se soumettre à ce point là ,par amour à une femme aussi violente et tyrannique qui est en occurrence son épouse ,c'est la question que je me suis posé en lisant son livre :"J’étais derrière toi".

J'avoue que si j'avais rencontré ce type de personnage dans la vrai vie je lui aurai conseillé d'aller voir un psychologue d'urgence car le fait de subir la violence de la part de sa femme représente une pathologie.

L'amour ne justifie pas ce comportement de soumission total qu'il subit par culpabilité parce qu’il à trompé sa femme.Pourquoi est-il incapable de partir alors qu'il supporte un enfer domestique sans nom...une démarche malsaine décrite avec précision dans ce livre mais qui moi m'a mis très mal a l'aise aussi ...A lire pour rentrer dans le cerveau d'un homme marié qui culpabilise après avoir trompé sa femme...instructif malgré tout.
Commenter  J’apprécie          330
J'étais derrière toi

Au début prendre à témoin le lecteur est plaisant, on se sent concerné par cette histoire puis au fur et à mesure ce procédé devient trop répétitif et finit par être agaçant. A moins que le côté agaçant ne soit le résultat du narrateur lui même, à force d'avoir le "cul coincé entre deux chaises" comme il aime le répéter. Car ce trentenaire marié n'aime pas vraiment sa femme mais il s'efforce de rester malgré tout avec elle. Alors qu'au fond de lui, il sait bien qu'il a eût un coup de foudre avec Alice un weekend passé en Italie. Par conséquent la fin de l'histoire est sans aucune surprise.

Le livre est un seul bloc, pas de chapitres, pas de coupures, bref pas très agréable pour le lecteur pour arrêter sa lecture.

Les passages sur le descriptif de l'Italie sont plaisant, sa comparaison avec la France est cruelle pour nous.

Ce livre explore la tragédie du couple incapable de se comprendre, trouvant un certain confort dans la routine même violente, malheureuse.

Commenter  J’apprécie          330
Le roman de l'été

Le personnage principal (je n'arrive pas à lui décerner le titre de héros…) est un quinquagénaire parisien, en plein bilan existentiel, acculé au pied du mur de ses rêves (pouvoir écrire dans le calme, en province...), quand la pire erreur est de les matérialiser. de quoi peut-on rêver alors ? La complainte ne se limite pas à la sphère créatrice, mais déborde sur le physique (eh oui, on n'a plus vingt ans), même si pour se rassurer on teste ses capacités de séduction sur les amies de sa fille.

Mais il ne faut pas croire qu'a vingt ans la vie est plus drôle : fiancé mal assorti, amitié équivoque, rancoeur envers le père.



Sous un masque de dérision, c'est une vision bien amère que nous propose la Nicolas Fargues. On n'a envie de s'identifier à aucun des personnages tant ils sont caricaturaux (du politique à renommée locale – voire nationale- au journaliste médiatique qui se la joue pseudo-écrivain, en passant par l'artiste déjà fini avant même d'avoir commencé, les bobos, les ploucs, les jeunes des quartiers, tout y passe !



Je n'ai pas franchement accroché à cette accumulation de clichés. J'ai comme l'impression que l'auteur lui-même n'a pas pris un grand plaisir à cette écriture, comme s'il était sous la pression, d'un éditeur par exemple, pour le rédiger. Un devoir de vacances ?
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
Commenter  J’apprécie          310
Beau rôle

Décidément, Nicolas Fargues et moi on n’est pas sur la même longueur d’onde. Et ce n’est pas faute d’essayer. Avec «Beau rôle », une nouvelle fois, l’auteur au physique de mannequinat déçoit, en tout cas me déçoit. Aucune empathie pour Antoine son héros star montante du cinéma en devenir, ou futur has been, va savoir. Le garçon vit mal une séparation, son métissage, son rapport à l’argent etc. Des thèmes certes pas essentiels mais pourquoi pas. Le problème c'est qu’ on s’en fout prodigieusement. Nicolas Fargues écrit un énième roman sur le paraitre, sur le désir mais n’arrive jamais à faire décoller son histoire. Même lorsqu’il s’attache à des sujets plus graves : le racisme ou l’acceptation ou non d’ailleurs de la perte de la jeunesse, l’encéphalogramme reste désespéramment plat. Tristounet et sans intérêt à mon gout.
Commenter  J’apprécie          310
Tu verras

J'ai trouvé l'histoire de cet homme poignante. Sans m'identifier totalement, je me suis immanquablement posé la question de savoir comment j'aurais réagi si mon fils était mort à l'âge de Clément. J'ai trouvé très justes les descriptions des interrogations forcément existentielles de ce père, ses souvenirs, son désarrois, sa détresse. Également le rappel de son divorce, du désamour de son couple. C'est un homme profondément seul qui cherche à comprendre son passé et à continuer à vivre malgré tout. La fin africaine, quasi mystique, est très bien trouvée. L'auteur donne ainsi un souffle à son personnage et à son livre.

Nicolas Fargues est un auteur que je ne connaissais pas, mais qui est à découvrir.

Commenter  J’apprécie          262
Tu verras

Ce livre est un cri d'amour d'un père pour son fils. La repentance d'un homme enfin conscient d'avoir gâcher une relation unique.

Que de temps perdu à s'imposer devant cet enfant, à se comparer comme si c'était l'adulte qui faisait une crise d'adolescence alors qu'il aurait fallu tout simplement l'aimer et le laisser grandir tout en étant là pour l'épauler.

Incompréhension grandissante, perte de complicité, conflit de générations, les remords et la culpabilité d'avoir laissé échapper ces instants précieux aujourd'hui envolés à jamais.

C'est un autre chemin qu'il faut désormais parcourir, se retrouver soi-même pour se pardonner et pouvoir continuer.

Très beau livre de Nicolas Fargues qui ne pourra que vous remuer.
Commenter  J’apprécie          250
La ligne de courtoisie

Assez déçue par la lecture de ce livre, je dois l'admettre. On dit que la première impression est souvent la bonne et que l'on sait d'emblée si un livre va nous plaire ou pas et c'est ce qui s'est passé avec moi pour cet ouvrage, bien qu'il y ait eu un moment où je croyais que j'allais me laisser envahir par l'histoire.



Celle-ci est celle d'un homme, la quarantaine, divorcé et père de deux enfants adolescents. Écrivain qui a connu ses heures de gloire, il a été mis sur la touche, faute de n'avoir plus rien publié ni plus rien écrit depuis près de deux ans. Il décide donc de s'exiler en Inde, à Pondichéry où il espère retrouver quelque chose mais quoi exactement ? L'inspiration, la rage de vivre ? Nul ne le sait et je ne crois pas que le narrateur le sache lui-même.

Entre son frère Sylvain et son épouse, son ex-femme Nathalie, ses enfants Stanley et Rita et enfin ses parents, le narrateur se sent étranger à ces gens qui lui sont pourtant proches et qu'il chérit. Il se rend compte que dans la vie, on est tout le temps tout seul...



Roman extrêmement bien écrit mais dans lequel j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de longueurs et parfois même, des phrases interminables qui m'ont légèrement déroutées sans pour autant que cela me fasse perdre le cours de l'histoire.

Un autre reproche que je pourrais faire à ce livre est que j'ai parfois eu l'impression que l'auteur nous racontait de courtes scénettes avant de reprendre le déroulement chronologique de l'histoire et je n'ai pas trop compris ce qu'elles pouvaient lui apporter.



Une très belle écriture cependant et un livre très vite lu !
Commenter  J’apprécie          240
J'étais derrière toi

« J'étais derrière toi" , c’est l’histoire d’un classique : un homme trentenaire marié deux enfants, dont le couple bat de l'aile va passer un week-end chez ses parents en Toscane. Dans un restaurant, le serveur lui remet un billet écrit par une jeune femme avec juste ces mots "j'étais derrière toi" et un n° de téléphone. Cette petite phrase anodine mais symbolique va changer sa vie.



"Pendant tout ce temps, toutes ces années, j'étais juste derrière toi, pas très loin, et tu ne m'as pas vue..."

C’est vrai que ça ne va pas fort pour le héros au moment de son escapade italienne. Longtemps heureux, mari fidèle et amoureux, il connaît un premier « bug » en flirtant avec une danseuse de passage dans la ville, a Tanambo, au Madagascar. L’épisode, qu’il avoue a sa femme Alexandrine, se transforme en cauchemar, avec une scène de violence conjugale d’une douleur monumentale. Malgré sa volonté de se racheter, son épouse lui maintient la tête sous l’eau, le tyrannise, l’humilie et décide de le tromper également. Alors quand le destin lui met Alice dans la tête et dans le cœur, la vie bascule.



«Moi qui ne drague jamais, le désespoir me rendait prêt à tout.»



La jolie et cultivée étudiante italienne l'entraîne bien vite dans un monde de délices. Il se sent revivre. Car le personnage est attachant, et on a envie qu’il vive, qu’il sorte des griffes de sa tyrannique Alexandrine et qu’il aille chercher pour toujours Alice à Romanze. On aime ses ambiguités : incapable d’assumer, en recherche permanente d’affection et de romantisme.



« J'ai du mal à imaginer qu'on puisse faire l'amour avec quelqu'un, même d'inconnu, même une unique nuit, sans qu'un lien fort en résulte. Deux corps qui se sont pénétrés, deux peaux qui se sont frottées l'une contre l'autre, deux salives qui se sont échangées, se doivent des comptes, on ne peut pas s'en tirer comme ça, même si chez la plupart des gens, de fait, ça n'engage à rien."



Alors, on le suit, on l’encourage, on a mal pour lui, on sent son cœur se déchirer de douleur quand l’absence d’Alice lui fait mal. On est au plus près de lui, car, en plus, pour nous raconter tout cela, Nicolas Fargues a choisi une forme originale puisque le narrateur s'adresse au lecteur en direct, dans un style presque parlé. L’effet est intéressant d’autant plus que le livre est d’un seul tenant, sans chapitres, ni même paragraphes.



J’ai passé un agréable moment a la lecture de ce roman, dévoré en quelques heures. Nicolas fargues a une écriture sage, mais un style vif et a de vrais parti pris, tant dans la rédaction, que dans certaines thèses développées. Il mérite d’être découvert.



Commenter  J’apprécie          240
Au pays du p'tit

Pourquoi s’infliger la compagnie de personnage aussi désagréable, imbus de lui-même, cynique que ne l’est Romain Ruyssen, le « héros » du dernier roman de Nicolas Fargues Au pays du p’tit ? Je n’ai cessé de me poser la question en avançant dans ma lecture.



Ce genre de personnage, si je le rencontrais en vrai, aussi séduisant soit-il (car à priori il doit être vraiment irrésistible pour que les femmes se pâment autant devant lui alors qu’il est aussi puant), je le fuirais il me semble mais là je n’ai pas reposé le livre. Malgré mon agacement, je n’ai pas abandonné. J’espérais sûrement qu’il soit touchant à un moment ou à un autre, j’espérais peut-être entrapercevoir une faille ou avoir une once d’empathie pour lui mais ce moment n’est pas venu.



Si je n’ai pas abandonné le livre, c’est sûrement parce que j’ai lu avec plaisir plusieurs livres de Nicolas Fargues (en particulier J’étais derrière toi) et sûrement parce que sa plume, son écriture sont toujours là. Pour le reste, le portrait de ce type, revenu de tout, qui regarde avec dégoût sa femme de 40 ans et s’envoie en l’air avec des jeunes femmes de 20 ans en étant spectateur de lui même 24h sur 24h y compris au lit (où bien entendu il est un super amant, faisant forcément découvrir à sa partenaire des choses qu’elle ne soupçonnait pas) et qui dresse de la France un portrait quasi apocalyptique (dans la veine tout est mieux ailleurs), m’a profondément tapé sur les nerfs.



J’ai eu l’impression que Nicolas Fargues passait du feutre à la mine épaisse sur les contours d’un personnage déjà présent dans ces précédents livres mais que le trait était vraiment grossier. Y-a-t-il des hommes aussi calculateurs avec les femmes, des hommes tellement centrés sur eux mêmes que personne d’autre ne les intéresse ? Pourvu que l’auteur ne soit pas aussi aigri dans la vie et qu’il ne s’agisse que de fiction sinon il risque de trouver le reste de son chemin particulièrement désespérant et long.
Lien : http://www.chocoladdict.fr/2..
Commenter  J’apprécie          221
La Péremption

J’avoue que depuis le magnifique « Tu verras » publié en 2011, j’avais un peu perdu de vue Nicolas Fargues qui nous revient en pleine forme avec son dernier titre : « La Péremption ». Je ne sais pas si c’est la cinquantaine qui l’a mis en verve mais franchement, ce dernier texte m’a impressionnée par la finesse de ses analyses et surtout par son écriture que j’ai trouvée remarquable.

Il met en scène une prof d’art plastique, Zélie, divorcée, qui en a marre de bosser et qui, grâce à un héritage, compte prendre sa retraite avant l’âge légal. Elle n’a plus beaucoup d’illusions, se sent comme un OVNI parmi les nouvelles générations d’élèves « hermétiques aux temps morts, au silence, aux conjonctions de subordination et aux textes de plus de six lignes » mais comme elle n’est pas du genre à vouloir vivre dans les conflits, elle écoute les jeunes et les prend là où ils sont même si elle a constamment l’impression de leur être complètement étrangère : « Que nous restait-il d’indiscutablement commun, à eux et à moi ? En dehors des besoins physiologiques et des fonctions corporelles de base, je ne voyais pas trop. » Même chose avec son fils de 22 ans : pas de conflit, on laisse dire et basta. « Avec Furio, ma règle était simple : ne pas aborder les sujets qui m’intéressaient. » Contrairement à son ex-mari, elle ne se met pas en colère contre « une société perméable comme jamais au matérialisme, à l’infantilisme, et à la vulgarité. » Elle se sent dépassée, résignée mais refuse d’entrer en guerre. Elle fait avec… Sage philosophie finalement… Quant à son travail artistique, il semble s’éteindre doucement… Elle se lancerait bien dans une « frise sensorielle » mais à quoi bon ?

 Lors d’une soirée, elle va rencontrer un jeune homme d’origine congolaise de vingt ans son cadet, un certain Shock qui va devenir son amant. Elle ne sait pas bien pourquoi elle l’intéresse mais elle compte bien profiter de ce nouvel amour. Bon, c’est sûr, ils ne partagent pas grand-chose mais on ne va pas se prendre la tête, on n’a plus vraiment le temps de se poser des questions…

Nicolas Fargues excelle à faire le portrait de notre époque : conflits de générations, nouvelles relations amoureuses, sexualité, amitié, réseaux sociaux, féminisme, rapports inter-culturels, racisme, altérité, langage, art, vieillesse…

Plein d’humour, gentiment ironique, sans illusions, son propos est toujours extrêmement juste et très lucide et en même temps, mélancolique sans être jamais nostalgique… J’ai évidemment adoré ce texte d’une grande intelligence et si bien écrit.

Et inutile de vous dire que je n’ai eu aucune difficulté à m’identifier au personnage principal !


Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          210
La ligne de courtoisie

Petite baisse de régime pour Nicolas Fargues qui nous avait habitué à mieux. Sa cuvée 2012 est un ouvrage mineur.

L'auteur vieillit, et son héros avec lui : il a désormais 43 ans, deux enfants qui le méprisent, un divorce derrière lui et une carrière d'écrivain raté.

Il décide de partir à Pondichéry se ressourcer, ou peut-être refaire sa vie.

Et puis il rentre.

Et puis c'est tout.
Commenter  J’apprécie          200
Au pays du p'tit

Contre toute attente j'ai aimé lire ce livre particulièrement curieux et malaisant. Le personnage principal est un intellectuel, un sociologue qui écrit un ouvrage particulièrement virulent contre la France. Et puis il a une aventure avec une jeune étudiante de l'Est, pour un peu on se croirait chez Houellebecq. Le livre est vif, drôle, parfois subtil et parfois c'est plutôt brutal. Nicolas Fragues pratique de manière très amusante le Name Droping, ainsi lorsqu'il fait le récit d'une interview de son personnage principal avec les vrais journalistes de la Matinale (de l'époque).

On voyage aussi, c'est d'ailleurs une des choses que j'ai appréciées, à Saint-Pétersbourg ou au fin fond des Etats-Unis.

Le personnage principal apparaît comme une sorte de double bizarre de l'auteur. Un type sans filtre, plutôt odieux, et en même temps un intellectuel doté d'une certaine visibilité médiatique.

Bref cela m'a plu, cela m'a agacé, cela m'a interpelé. Et pourtant je ne sais pas trop ce que l'auteur a voulu faire avec ce livre. Nous secouer ?
Commenter  J’apprécie          190
Tu verras

Je ne savais pas du tout de quoi parlait ce livre.



On m'avait dit "Tu verras".



Ce livre est triste, ce livre rassemble toutes les pensées d'un père qui perds trop tôt et accidentellement son enfant, Clément un adolescent collégien.



Ce sont toutes les choses qui n'ont pas été dites et /ou faites.



Ce sont les "Tu verras" lancés par le père pour mettre en garde son fils sur l'avenir qui résonnent désormais dans le vide...



C'est l'avenir d'un enfant qui s’arrête et celui d'un père qui s'écroule et crois ne pas avoir été à la hauteur...



Ce sont tous les remords et regrets de ceux qui restent ... Et qui doivent essayer de vivre avec cette absence comme un gouffre...



Ce livre parle du deuil d'un enfant du côté d'un père divorcé et j'ai trouvé qu'il en parlait avec toutes les souffrances et les " Si j'avais su" qui doivent résonner dans beaucoup d'esprits de parents lors de la perte d'un enfant...



Un livre qui ne convient pas à une lecture estivale de plage ...

Mais un livre qui m'a touché et ému,

qui parle des liaisons père-fils avec justesse et émotions.



Je vous laisse en musique celle que Clément écoutait

avant de mourir et que son père écoute pour être encore avec lui...




Lien : http://imagimots.blogspot.fr..
Commenter  J’apprécie          190
Tu verras

On peut aimer le dernier livre de Nicolas Fargues. Ou pas.



L'aimer parce qu'on y retrouve l'ironie désabusée de ses précédents ouvrages (depuis l'excellent "Rade terminus" que j'avais adoré jusqu'au moins réussi "Roman de l'été"), une auto-dérision assez maline qui fait souvent mouche



Ne pas l'aimer quand Nicolas Fargues fait son Olivier Adam et sombre dans le pathos lacrymal, par cette description tire-larmes d'un père en deuil de son fils adolescent. Tout y passe depuis l'incinération au Père-Lachaise jusqu'à l'amour retrouvé avec un témoin de l'accident qui a coûté la vie au fils aimé.



Entre les deux plateaux, je choisis le premier. Parce que Nicolas Fargues me touche quand il dépeint les travers des bobos parisiens, la détresse du mâle occidental et la complexité de la paternité. De là à dire que je me suis reconnu dans son héros, il n'y a qu'un pas que je refuse de franchir en touchant du bois pour protéger mes fils !
Commenter  J’apprécie          190
J'étais derrière toi

Je n'ai pas compris l'engouement pour ce petit roman. "Une banale histoire de séparation et de rencontre" comme le dit la quatrième de couverture. Ce n'est resté rien d'autre. Rien ne m'a attirée, attendrie, distraite, encore moins bouleversée : ni l'histoire (banale, mais on peut faire un chef d'oeuvre avec du banal), ni le style, ni l'attente de "comment tout çà va se terminer ?". Eau de rose ? On peut faire des chefs d'oeuvre avec de l'eau de rose. Quelque chose m'a sans doute échappé.
Commenter  J’apprécie          181
Au pays du p'tit

Franchement déçu par une grande partie de ce roman qui nous décrit les conquêtes amoureuses d'un sociologue-écrivain sans beaucoup d'intérêt y compris dans les descriptions des performanes sexuelles de ce romancier. Par contre, les pages consacrées à l'analyse de la culture et des moeurs françaises sont particulièrement bien vues et nous décrivent sans concession une image de notre société guère brillante mais malheureusement sans doute assez proche de la réalité.En espérant que Nicolas Fargues puisse se consacrer dans ses prochains livres à l'essentiel plus qu'à la bagatelle évidemment plus commerciale...dommage.
Commenter  J’apprécie          170




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nicolas Fargues (2346)Voir plus

Quiz Voir plus

Jouons avec Gary Cooper

Gary Cooper est un légionnaire dans un film adapté du roman de Benno Vigny, Amy Jolly. Cœurs brûlés (titre original : Morocco) est un film américain réalisé par Josef von Sternberg en 1930 avec:

Marlene Dietrich
Mae West
Annabella

8 questions
35 lecteurs ont répondu
Thèmes : Acteurs de cinéma , acteur , hollywood , star , adaptation , cinema , littérature , roman , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}