Citations de Nicolas Rey (220)
- Avez-vous quelqu’un qui vous aime en ce moment ?
- Oui. Et je crois aussi que c’est réciproque.
- alors ce n’est pas de l’amour.
- Pourquoi ?
- L’amour, c’est quand ça ne marche pas.
- J’ai aussi quelqu’un d’autre pour remplir ce rôle.
Il faut que l'on se tire d'ici Marius. Nos parents c'est pire que des adultes ! C'est des bastringues d'adultes. (...)
Il est essentiel d'arrêter de les fréquenter Marius.Sinon, ils vont nous conditionner. Sinon, on va devoir se marier avec quelqu'un de notre caste., on va devoir procréer, acheter un logement, des meubles, des objets domestiques, laborieux et jour après jour des tonnes d'aliments, grignotés, expulsés, brassés par les égouts de la ville en une commune digestion de tous ses habitants. (p.70)
C'est une histoire universelle. Il y a un passé, un destin, des rencontres et un jour débarque l'autre, à savoir l'amour d'une vie. On ne sait pas trop ce qui vient de nous tomber sur le coin du crâne mais tout devient d'une extrême fluidité. Dès le premier jour, dès la première minute, on dialogue sans avoir besoin de se parler. (p.44)
Ce qui s' affiche, c'est une joie tranquille, une manière de vivre aussi, avec casse-croûte, dabses, musiques, chants, réunions vivantes et revendicatives, photos de groupe, solidarités entre âges, sexes, métiers, fonctions, le tout popularisé par de multiples reportages de presse. Un étrange moment de bonheur collectif, une parenthèse effervescente, comme une bouffée d'air pur. (p.15)
je l'aime parce que dans la rue j'ai peur de la croiser.
T'es amoureux parce que c'est ton état naturel d'être amoureux, parce que tu n'as trouvé que cette formule pour te faire un peu moins chier.
Certaines personnes, quoi qu'elles entreprennent, seront toujours pardonnées à cause de leur parfum.
Les vacances payées accordées par le gouvernement ont rendu cette année aux plages de France toute leur animation d’autrefois. Mais derrière l’animation, il y a quoi ?
La même haine, le même mépris du bourgeois pour le prolétaire. Le bourgeois n’a pas attendu l’été 1936 pour éructer à la plage. La bourgeoisie vomit le prolétariat. Dès la première semaine de congés payés, la France est coupée en deux. Comme elle l’a toujours été. Comme elle le sera toujours.
Notre vie dure l’espace d’un clin d’œil. Pourquoi la perdre à vouloir la gagner ? Nous allons devenir ce que nous étions avant de naître. À savoir : rien. Le chaos. Le vide. Une sorte de sommeil profond. Alors ? Deux semaines de congés payés par an . Il faut dire un grand oui ! Avant la grande faucheuse, deux semaines de grasses matinées, d’amour, de pétanque , de randonnées, de saucisses grillées, de bains de mer, de pique-niques et de fraternité.
Je serais toujours un petit bâtard. Je serais toujours du côté de ceux qui perdent, je serais toujours du mauvais côté du mur. Je suis désolé.
Tu n'as plus rien à perdre, alors plongé dans le chaos. C'est comme ça que je t'aime : quand tu plonges dans le chaos.
La seule chose que je puisse entreprendre c'est de faire le mort dans l'attente d'un miracle.
L'amour, ce n'est pas fait pour se reposer et encore moins pour sauver sa peau.
Et puis, tu as pris mes joues entre tes mains et tu m'as juste dit : "Aie confiance." Et ce fut le déclic. J'ai compris que lorsqu'on aimait vraiment quelqu'un, il fallait lui faire une confiance absolue. Bien sûr, les cyniques diront qu'en quelques jours, on peut tomber de haut. Et alors ? C'est peut-être ça, l’existence. Souffrir une vie entière pour vivre en haut et en pleine confiance quelques jours.
Je sais que pour l'instant c'est difficile à croire mais ta souffrance va s'atténuer. Au fil du temps, je vais voir ton chagrin disparaître. Voilà peut-être la chose qui nous désole le plus. De voir même le chagrin disparaître.
Elle s'est rapprochée.
Elle a reniflé son cou, sa nuque et ses oreilles. Ses lèvres se sont placées à quelques millimètres des siennes. Elle a chuchoté: "Tu savais que la lubricité est l'invention d'un bourgeois très à droite. Les gens de gauche échangent tellement de théories qu'ils en oublient de baiser."
C'est à des petits détails qu'on réalise que l'on a passé quarante ans. Hier, par exemple, Gabriel parle à une amie au téléphone.
"T'as fait quoi ce matin ?", il a demandé.
"On m'a posé un stérilet", fut sa réponse.
Parfois, il suffit d'une phrase pour réaliser qu'on n'a plus dix-sept ans.
- J'aimerais te revoir, m'annonça-t-elle ?
- Moi aussi. J'aimerais que l'on aille acheter des meubles pour notre nouvel appartement. Que l'on fasse le marché tous les dimanches. Que l'on se prenne un café dans un bistrot tous les matins. J'aimerais te demander en mariage et que tu en pleures de joie. J'aimerais te couvrir d'amour une vie entière. Me retrouver à tes côtés, au bas des pistes, aux sports d'hiver. En attendant de voir nos gamins revenir de leurs cours de ski. Je veux te désirer même après trois années de vie commune. Je veux te voir en larmes pour mieux te consoler. Mais j'en suis incapable. Je serais incapable de t'aimer plus de quelques jours. C'est mon grand drame. Je t'aime maintenant. C'est faux. Mais ça le sera toujours moins que dans quelques semaines. Je t'aime. Adieu.
J’ai rien contre les injustices. Bien au contraire. Mais les cadenas, serrures, et autres digicodes n’arriveront jamais à la cheville d’un verrou de toilettes. C’est l’évidence même. Y a pas d’amalgame possible. Quand les uns vous cachent et vous enferment, l’autre vous soulage et vous libère. Un verrou de toilettes, il faut l’effleurer comme une vieille pute qu’on oserait appeler maman. L’objet a trop souffert pour être manipulé autrement qu’avec le plus grand soin. Allez donc jeter un œil dans la mémoire de ce bout de ferraille chancelant. Tripotages empressés, moments honteux et indélébiles, diarrhées frénétiques. C’est le camarade des misères autant que des plaisirs. Bienvenu au pays de l’étreinte et du vomi, quand l’angoisse s’arrange avec le soulagement.
Livrées telles quelles, sans détours et souvent crues, parfois amères ou enfouies sous la violence d’une vie, ces paroles toutes recueillies au beau milieu des quartiers, mettent à nu des solidarités inespérées ou des forteresses étonnantes entre groupes ethniques, classes sociales, genres, cultures « de banlieue » ou plus traditionnelle, statuts liés au logement ou religions