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Citations de Nicolas Rey (220)


"Our résumer, être perfectible revenait à se responsabiliser. Il était question de règne végétal et de règne animal. Nous faisions partie du règne animal "en mieux". Disons qu'il était possible de passer de notre statut hédoniste à celui de vertueux mais que le passage était plus complexe qu'il n'en avait l'air. Il ne fallait pas nier ses sentiments mais les transcender et faire en sorte de ne pas en être escale."
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"Le livre sur le bouddhisme était un court plaidoyer pour inciter chaque être humain à se laisser emplir par la sagesse et la compassion. Je ne voyais aucun inconvénient à accéder à la sagesse et à la compassion. Je n'étais pas loin de trouver que c'était même une bonne idée. Si la sagesse venait, pourquoi pas."
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"J'avais le choix, Frank. Comme en temps de guerre. C'est formidable d'avoir le choix."
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"_Vingt six patients annulés aujourd'hui. Vous vous rendez compte, la perte en euros ? Il ne file pas droit ces derniers temps. Enfant, tout allait bien. Le gosse impeccable. Il fallait être derrière lui pour qu'il réussisse mais tout allait bien. Bien sûr, il trichait, si vous saviez comment il trichait.
_Tout le monde triche, madame,
_Vous avez raison."
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"Manuel est un des deux mille emplois-jeunes de la SNCF. Il n'est pas que ça. C'est comme avec les meurtriers. Il ne faut pas cantonner les gens à ce qu'ils font."
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Mon premier rendez-vous arrive à 09 h 15. Son visage ne me plaît pas. Il a les traits revanchards d’une militante capable d’égorger un brave boucher rien que pour défendre la cause animale.
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Vous croyez quoi ? On peut respecter le serment d’Hippocrate et avoir malgré tout envie de savourer tranquille son barbecue du dimanche.
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L'existence est un truc étrange. Les jours passent et se ressemblent. Les semaines, les mois et les années. Et puis, en une heure bien rare, le temps se rétracte et quelques minutes vont tout changer. p.78
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Le jour où les murs des cuisines nous feront leurs confidences, le jour où les toiles cirées, les poêles et les Frigidaires rédigeront leurs Mémoires, il ne restera plus qu'aux "Cent vingt journées de Sodome" à aller jouer aux billes.
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Je me suis retrouvé seul sur ma chaise, Et là tout s'est effondré. Qui j'étais? Moi, Diego Lambert, quarante-neuf ans, vieil adolescent attardé avec deux prothèses de hanche en céramique, sponsorisé autant que massacré par son père. Moi, Diego Lambert, alcoolique et ancien cocaïnomane sans chéquier et sans permis de conduire. Moi, Diego Lambert, interdit bancaire et incapable d'offrir un week-end au bord de la mer à l’éventuelle femme de sa vie les soirs où elle aurait trop peur de mourir. Qui suis-je? Moi, Diego Lambert, face à une femme sublime, mariée, sûrement heureuse en ménage, mère de famille au métier épanouissant ?
On a beau dire que l'amour est un enfant de bohème qui ne connaît jamais de loi, mes chances de réussir une vie de bohème avec Anne Bellay étaient tout de même assez faibles, pour être franc juste quelques secondes. p. 68
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(Les premières pages du livre)
1
À l’heure où je vous parle, je me trouve sur une terrasse en face de la gare de Lyon. Ma profession ? Interdit bancaire jusqu’à la gueule avec des kilos de dettes et d’impôts impayés. Je suis mort. Je peux juste régler mon café. Je peux juste regarder les pauvres gens qui s’enfoncent en forniquant histoire de pondre une poussette supplémentaire. Je peux juste penser à tous ceux qui tiennent le coup grâce au jardinage, à leur fox-terrier, au golf, au self du midi, à l’acuponcture, à leur résidence secondaire, à leur rêve d’aller vivre à Dubaï, à la prière, à la diététique, à leur copine Jennifer, à Ibiza, à Roland-Garros et au Bistro Romain de ce soir.

Il faut tenir, les doigts crispés sur son surf, sur ses actions, sur la danse brésilienne, sur l’hypnose ou sur la petite dynamique de groupe. Moi, je ne tiens plus. Je vais me lever et je vais prendre un taxi que je ne peux pas payer. Arrivé devant chez moi, je tends ma carte Black au chauffeur. Je fais le code. Je connais déjà la suite :

« Paiement refusé, il me dit.
— Je suis au courant, je rétorque.
— Vous avez un distributeur en face, si vous voulez.
— Ça ne changera rien. Je suis fauché, monsieur.
— Pourquoi vous ne me l’avez pas dit avant ?
— Parce que vous ne m’auriez jamais pris, avant.
— Et le métro, vous connaissez ?
— Je ne suis pas encore assez au point pour prendre le métro.
— Alors, on fait quoi, maintenant, connard ?
— Je veux bien laver votre berline si vous voulez.
— …
— Je monte chez moi. Je prends un seau, du liquide vaisselle, une éponge et j’y vais. Je suis dur à la tâche vous savez.
— Y a pas un proche qui pourrait vous dépanner ?
— Je n’ai plus de proches.
— C’est-à-dire ?
— C’est-à-dire que je n’ai plus que des lointains.
— Tirez-vous. »

De retour dans mon loft, je n’ai pas ouvert mon courrier. J’ai juste compté les enveloppes des impôts d’un côté et celles de la banque de l’autre côté. Je ne savais pas trop ce que cela signifiait mais la Société Générale l’emportait largement.

2
Reprenons. Je m’appelle Diego Lambert et je suis totalement ruiné. La banque va mettre en vente mon appartement, je suis poursuivi par les impôts, fiché à la Banque de France, je suis incapable de vous dire par quel miracle mon téléphone portable continue encore de fonctionner et, pire que tout, mon abonnement à la chaîne OCS a été résilié.

On ne devient pas pauvre en une seule prise. On savoure avant. On commence par compter ses sous. Et c’est déjà trop tard. On descend les marches les unes après les autres. Ensuite, on dégringole.

D’abord, il y a l’ultime crédit que l’on vous refuse. Arrivent les temps difficiles de l’aveu à ses proches. Et puis, on se retourne vers sa garde rapprochée, à savoir ses grands-parents.

C’est peu dire que je les ai sucés jusqu’à l’os, ces deux-là. Mon grand-père a vendu sa Golf neuve et m’a filé la recette en billets de cinq cents. Ma grand-mère a cédé tous ses bijoux Cartier : « De toute façon, je n’ai jamais aimé tes cousins, ils ont réussi trop facilement », m’a-t-elle confié un soir avec un triste sourire. J’ai tenu six mois avec ce petit pactole fortement convenable.

Ensuite, j’ai taxé ma petite sœur chérie, laquelle, n’ayant pas un sou, a emprunté la carte bleue de son mari en tâchant de ne pas dépasser le plafond autorisé. Elle s’est fait pincer au bout de quinze jours.

Son mari lui a dit que l’existence était une chose assez simple, en fait, qu’elle devait juste choisir entre lui ou moi. Enchaînant les inséminations artificielles dans l’espoir d’un enfant, elle a opté pour son mari. Difficile de lui en vouloir de manière acharnée sur ce coup-là. Ma mère, avec sa retraite d’enseignante à deux mille euros brut par mois, ne m’intéressait pas.

Non, à présent, c’était une fois de plus l’heure du grand combat, de l’affrontement terrible, du carnage évident : mon père et moi. Dans quel état allais-je finir cette fois-ci ? À genoux, allongé dans la poussière, bavant des caillots de sang à ses pieds ? Mon père : un maître en manipulation, en chantage affectif, en violence, en hurlement, en racisme, en népotisme, en perversité. Mon père règne sans partage sur notre territoire familial en règle générale et sur le Mal en particulier. Il a même réussi à faire en sorte que ses proches le plaignent alors qu’il a semé le malheur et la profonde tristesse dans le cœur des siens et qu’il possède toujours deux tours d’avance sur la vie de chacun d’entre nous.

3
Un matin, je me suis enfilé un Xanax et vingt minutes plus tard, je me suis rasé sans me couper. Puis, pour la première fois de mon existence, j’ai réussi à prendre le métro. Je suis arrivé au siège de l’entreprise multinationale. Je me suis annoncé à François, le secrétaire particulier de mon géniteur. Cet homme m’avait vu grandir. Il avait dépassé depuis longtemps l’âge de la retraite mais restait fidèle à mon père. Il avait tout sacrifié pour ce dernier. C’était le seul à connaître les moindres secrets de son patron. J’ai frappé à la porte d’entrée du royaume. Je me suis installé face à lui. Son bureau était comme dans mes souvenirs : totalement vide, pas la moindre trace d’un ordinateur, pas un dossier. Juste deux fauteuils en cuir où il recevait les visiteurs. La décoration aussi était réduite au minimum : des rideaux pourpres pour protéger du soleil et au mur une grande photo en noir et blanc de la vallée de la Durance. Vêtu de l’une de ses éternelles vestes à petits carreaux, mon père buvait son thé en lisant le Wall Street Journal.

Il a commencé sans quitter son journal des yeux :

« Que puis-je pour toi, mon cher fils ?
— J’ai des problèmes de liquidité, Papa.
— De quel ordre ?
— J’ai besoin de cinquante mille euros. »

Il a posé lentement sa tasse de thé et son journal. Il a levé ses yeux bleu délavé vers moi en faisant tourner sa chevalière en or :

« Et le métier d’écrivain, ça ne rapporte pas ?
— Non.
— Et celui de scénariste ?
— Non plus.
— Et celui de réalisateur ?
— Encore moins.
— Acteur ?
— Rien du tout.
— Journaliste ?
— C’est sans espoir, Papa.
— Et pourquoi c’est sans espoir ?
— Parce que je suis un mâle blanc hétérosexuel de presque cinquante ans. L’époque est sans merci. »

Mon père s’est levé. Il a ouvert la porte de son bureau et a articulé : « Passe me voir, demain, à sept heures, en costume cravate, s’il te plaît. »
Il a tendu la joue pour que je l’embrasse.
Lui n’embrassait jamais personne.

4
Le lendemain matin, mon père jubilait dans son fauteuil en cuir comme un gosse qui vient de réaliser une belle bêtise. Il tapotait de sa main droite un sac posé sur son bureau. Avant de prendre la parole, il a conservé le silence un long moment. Il a remonté une jambe de son pantalon jusqu’en dessous de son genou et s’est gratté le mollet. Je le connaissais par cœur. C’était le signe chez lui qu’il allait faire feu. Il m’a annoncé fièrement :

« Diego, il y a cinquante mille euros là dedans !

— Merci Papa.
— À une condition !
— Laquelle ?
— Que tu travailles pour la première fois de ta vie.
— Sans problème. Dis-moi ce que je dois faire.
— Remplacer Béatrice Forlaine.
— Qui est Béatrice Forlaine ?
— La DRH d’une de mes entreprises. Une entreprise de désherbant. Ça a même été ma première boîte en fait. Béatrice est en arrêt maladie pour un mois.
— C’est grave ?
— Dépression à mon avis.
— Pourquoi ?
— Parce qu’elle a choisi de se mettre en dépression pendant le mois que va durer la restructuration de l’entreprise.
— Et alors ?

Et alors, le métier de DRH, dans ces cas-là, c’est le pire de tous. Le plus ingrat. Tout le monde va te détester. Si tu arrives à résister à ça, tu auras mérité cet argent.
— Merci Papa.
— File, le chauffeur t’attend. Ton premier rendez-vous est à huit heures trente. Tu vas commencer par rencontrer un magasinier père de quatre enfants. Sur la fiche, Béatrice a inscrit que sa femme est atteinte d’une maladie génétique dont je n’arrive pas à déchiffrer le nom.
— Formidable.
— Bon Dieu comme je t’envie !
— Je ne vois pas trop ce que Dieu a à voir là-dedans, Papa.
— Oh, tu sais, Dieu, le Diable, c’est combines et compagnie tout ça. Il n’y a qu’une cloison qui les sépare. Tu ne vas pas me faire croire qu’ils ne se croisent pas de temps en temps, ces deux-là ! »
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C’est dans ces moments là que je réalise que mes 50 ans se pointent à toute vitesse. C’est aussi dans ces moments que je prends conscience que les 50 années qui vont suivre vont être largement moins marrantes que les 50 années précédentes. La mort est un truc franchement détestable. Elle existe depuis la nuit des temps. La partie se termine toujours de la même façon et on ne voit personne se révolter contre ça.
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Dites-vous que la vie est une farce, une mascarade absurde sans foi, ni loi, parfois, aussi, une petite chipie qui vous aime beaucoup et que lorsque vous allez mourir, rien de tout cela ne vous sera véritablement arrivé.
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Notre premier baiser a été timide. Le deuxième plus piquant. Le troisième plus vaste.
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Anne se balade avec Céline au musée du Louvre. Céline est une amie psychiatre plus âgée qu’elle. Une amie de longue date. Une femme à qui elle se confie lorsqu’elle se confie lorsqu’elle traverse des passes délicates de son existence professionnelle ou privée. Cette fois-ci, Anne évoque le dossier Diego Lambert. Un dossier plus complexe qu’il n’y paraît. Céline tente de la rassurer en lui disant que le plus dur est fait, qu’il n’est plus son patient et que par conséquent, elle n’a plus à le revoir. C’est bien le problème, murmure Anne. Tout va bien avec ton mari ? demande Céline. Tout va bien comme après quinze ans de vie commune, lorsqu’on a choisi un homme par raison et non sur un coup de foudre. Céline lui rappelle le bonheur d’une vie familiale et d’un équilibre avec deux enfants. Elle souligne aussi le fait que ce Lambert lui apparaît comme un véritable cas social et un nid d’emmerdements. « Je sais, rétorque Anne en haussant la voix, je sais très bien tout ça, il me fait chier ce Diego Lambert. Vraiment chier. Mais c’est chimique, que veux-tu. C’est son odeur. C’est totalement primitif comme attirance, d’ordre animal. J’ai beau passer par la case réflexion, ça me réveille la nuit. Et pourtant, ça fait vingt ans que je m’ingénie à écouter les gens. Les écouter pour ne surtout pas m’écouter moi-même. Pourquoi ? Parce que ça ferait trop de bruit. Tu n’imagines pas le bruit d’enfer que ça ferait. Oui, vraiment, ça ferait trop de bruit. Toute mon existence repose sur ce silence contenu, poli. Ne pas montrer ce que je suis vraiment, surtout, j’en ai fait ma devise. C’est une sorte de pacte tacite entre moi et moi. Il m’en a fallu des chagrins pour comprendre qu’il fallait que je cesse de brûler pour l’autre au risque d’en crever. Alors, j’ai fait le triste choix de rester vivante. De ne plus essuyer les plâtres des passions qui me faisaient palpiter.
« Excessive, mes parents ont toujours dit que je l’étais. "Il faut raison garder Anne", telle était leur seule devise. Cela veut sans doute dire qu’il leur faut aimer tiède. La seule garantie de ne pas souffrir. Ils doivent avoir raison. Peu de grandes personnes semblent palpiter. Et les rares qui palpitent encore prennent très cher dans la vie. Tu en sais quelque chose Céline. Comme moi d’ailleurs. Nos bureaux sont remplis de cœurs en vrac qui ne s’en remettront jamais d’avoir tenté le diable. Imagine un peu le foutoir si je commençais à m’écouter... »
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Incipit :
A l’heure où je vous parle, je me trouve sur une terrasse en face de la gare de Lyon. Ma profession ? Interdit bancaire jusqu’à la gueule avec des kilos de dettes et d’impôts impayés. Je suis mort. Je peux juste régler mon café.
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Certaines personnes, quoi qu'elles entreprennent, seront toujours pardonnées à cause de leur parfum.
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Je suis plein d'eau, bien décidé à vivre, j'ai le droit, on a le droit de vouloir vivre un peu.
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... je pense à mes rêves, il faudrait leur donner une consistance, un début de silhouette, puis je réalise que tout ça ne sert à rien, que les rêves ne sont pas forcément là pour être réalisés,, que ce sont eux qui décident de tout.
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J'ai une amoureuse secrète. Une amoureuse platonique. J'ai trop souffert pour qu'il en soit autrement. J'affiche complet niveau sentiment. Fermeture définitive du magasin.
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