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Citations de Nicole Krauss (115)


Son sourire était une question à laquelle je voudrais répondre toute ma vie.
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 Nous nous tenions dans l'entrée qui était jadis notre maison à tous, une maison remplie de vie, dont les pièces débordaient de rires, de discussions, de larmes, de poussière et d'odeurs de nourriture, de souffrance, de désirs, de colère et de silence aussi, le silence compact de gens serrés les uns contre les autres dans ce qu'on appelle une famille
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Qu'est-ce qu'un juif sans Jérusalem ? Ce n'est que plus tard que sa réponse se révéla peu à peu, à la façon d'une énorme fresque qui ne commence à prendre un sens que lorsqu'on s'en éloigne : faites de Jérusalem une idée. Faites du Temple un livre, un livre aussi gros, aussi sacré et enchevêtré que la ville elle-même. Enroulez un peuple autour de la forme de ce qu'il a perdu et laissez chaque chose refléter la forme absente. Par la suite, son école fut connue sous le nom de la Grande Maison...
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The first language human had was gestures. There was nothing primitive about this language that flowed from people's hands, nothing we say now that couldn't be said in the endless array of movements possible with the fine bones of the fingers and wrists. The gestures were complexe and subtle, involving a delicacy of motion that has since been lost completely.
During the age of silence basic survival demanded that the hands were almost never still, and so it was only during sleep (and sometimes not even then) that people were not saying something or other. No distinction was made between the gestures of language and the gestures of life. The labor of building a house, say, or preparing a meal was no less an expression than making the sign for I love you or I feel serious. When a hand was used to shield one's face when frightened something was being said, and when fingers were used to pick up what someone else had dropped something was being said ; and even when the hands were at rest, that, too, was saying something. Naturally there were misunderstandings. There were times when a finger might have been lifted to scratch a nose, and if casual eye contac was made with one's lover just then, the lover might accidentally take it to be the gesture for Now I realize I was wrong to love you. These mistakes were heartbreaking. And yet, because people knew how easily they could happen, because they did'nt go around with the illusion that they understood perfectly the things other people said, they were used to interrupting each other to ask if they'd understood correctly. Sometimes these misunderstandings were even desirable, since they gave people a reason to say, Forgive me, I was only scratching my nose. Of course I know I've always been right to love you.
If at large gatherings or parties, or around people with whom you feel distant, your hands sometimes hang awkwardly at the ends of your arms – if you find yourself at a loss for what to do with them, overcome with sadness that comes when you recognize the foreignness of your own body – it's because your hands remember a time when the division between mind & body, brain & heart, what's inside and what's outside was so much less. Clapping, pointing, giving the thumbs-up : all artifacts of ancient gestures. Holding hands, for example, is a way to remember how it feels to say nothing together. And at nights, when it's too dark to see, we find it necessary to gesture on each other's bodies to make ourselves understood.
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L'acte d'amour est toujours une confession a écrit Camus. Mais la fermeture silencieuse d'une porte l'est aussi. Un cri dans la nuit. Une chute dans l'escalier. Une toux dans l'entrée. J'avais passé ma vie à tenter de m'introduire par l'imagination dans sa peau. À pénétrer par l'imagination dans son deuil. Tenté et échoué. Seulement — comment dire ? — peut-être voulais-je échouer. Parce que ça me permettait de continuer. Mon amour pour elle était un échec de l'imagination.
(p. 315)
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Un jour, alors que cet homme était encore jeune, il décida de se rendre à une soirée. Là, il retrouva une jeune fille avec qui il avait fait toute sa scolarité depuis l'école primaire, une jeune fille dont il avait toujours été un peu amoureux tout en étant certain qu'elle ignorait jusqu'à son existence. Elle portait le plus beau nom qu'il eut jamais entendu : Alma. Lorsqu'elle le vit debout près de la porte, son visage s'éclaira et elle traversa la pièce pour lui parler. Il ne parvenait pas à y croire.
Une heure ou deux s'écoulèrent. Ce devait être une bonne conversation parce que, sans qu'il s'y attende, Alma lui demanda de fermer les yeux. Puis elle l'embrassa. Son baiser était une question à laquelle il voulait répondre toute sa vie.
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En fin de compte, nous nous sommes rendus malades de connaissance. Je déteste franchement Descartes et n'ai jamais compris pourquoi il faudrait voir dans son axiome le fondement inébranlable de quoi que ce soit. Plus il parle de sortir de la forêt suivant une ligne droite, plus j'ai envie de me perdre au cœur de cette forêt où nous vivions jadis dans l'émerveillement, la considérant comme la condition préalable d'une véritable conscience de notre existence et du monde. Nous n'avons plus guère à présent d'autre choix que de vivre dans le champ aride de la raison, et quant à l'inconnu qui autrefois scintillait à l'horizon de notre regard, canalisant nos peurs mais aussi nos espoirs et nos désirs, nous ne pouvons que le considérer avec horreur.
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Peut-être tous les exilés cherchent-ils à recréer les lieux qu'ils ont perdus,par peur de mourir dans un endroit étranger.
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Toutes ces années où j'avais cru qu'elle avait besoin de régularité, de routine, d'une vie que rien d'inhabituel ne devait interrompre, l'inverse était en réalité peut-être vrai. Peut-être avait-elle tout le temps rêvé de quelque chose qui viendrait faire voler en éclats cet ordre soigneusement préservé, d'un train traversant le mur de la chambre ou d'un piano tombant du ciel, et plus je m'efforçais de la protéger de l'imprévu, plus elle étouffait, plus son désir s'intensifiait jusqu'à devenir insupportable.
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Oui, je croyais — je le crois peut-être d'ailleurs encore — qu'un écrivain ne doit pas être entravé par les conséquences de son travail. Il n'a aucune obligation d'exactitude ni de vraisemblance matérielle, ce n'est pas un comptable et on ne lui demande pas de remplir le rôle ridicule et absurde de boussole morale. Dans son travail, l'écrivain est dégagé de toute loi. Mais dans la vie, Votre Honneur, il ne l'est pas.
(p. 39)
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Nous puisons un réconfort dans les symétries que nous décelons dans la vie parce qu'elles suggèrent un dessein, là où il n'y en a pas.
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Il pouvait philosopher sur le jardin d’Épicure, captiver son auditoire avec l’histoire de ses aventures dans la forêt tropicale ou de ses voyages en Asie quand il était jeune, où il avait marché dans les pas de Bashō jusqu’au mont Haguro. Tout dépendait de son humeur, qui pouvait basculer comme une bouteille d’encre et répandre le noir autour d’elle.
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Victor est français, aussi n’avait-il aucun complexe à sortir avec une étudiante.
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Et puis j'ai pensé : peut-être est-ce cela que ça signifie, être père : apprendre à votre enfant à vivre sans vous. Si c'est cela, personne n'a été un meilleur père que moi.

(page 313)
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Le soir, mon mari me tournait le dos et s'endormait du côté de son lit, tandis que je lui tournais le dos et m'endormais du mien, et parce que nous n'arrivions pas à nous rejoindre, parce que nous avions confondu le manque de désir de nous rejoindre avec la peur de nous rejoindre sans être capable de nous rejoindre, nous nous endormions chacun en essayant d'atteindre un endroit qui n'était pas là. Et ce n'est qu'au matin, quand l'un de nos enfants se glissait dans notre lit, encore tout chaud de sommeil, que nous étions ramenés à l'endroit où nous étions et nous rappelions combien nous y étions attachés.
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Nicole Krauss
Je déteste franchement Descartes et n’ai jamais compris pourquoi il faudrait voir dans son axiome le fondement inébranlable de quoi que ce soit.
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A un moment ordinaire, qui passe inaperçu, l'enfant perd le dernier atome donné par sa mère. Il a complètement mué, il est le monde entier et rien d'autre.
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Peut-être tous les exilés cherchent-ils à recréer les lieux qu'ils ont perdus,par peur de mourir dans un endroit étranger.
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Citation
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... plus j'approche de la mort, plus j'arrive en avance, plus je me satisfais d'attendre, peut-être pour me donner l'illusion qu'il me reste trop de temps plutôt que pas assez.
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