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Critiques de Nina Bouraoui (516)
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Otages

= Un roman court, mais puissant. =





Sylvie Meyer, 53 ans, travaille dans une entreprise de caoutchouc : La Cagex.

Elle est mariée et a deux fils, une vie tout à fait banale. Mais lorsque son mari lui annonce : ‘‘Je m’en vais’’, elle ne réagit pas et continue sa vie comme à son habitude. La seule chose qui change pour elle est la garde alternée pour ses enfants.

Elle ne ressent rien à l’annonce de cette rupture, elle l’attendait même.



‘‘C’était fini, sans qu’on se le dise, mais au fond de nous, on savait. On sait toujours ces choses-là ! On les redoute, mais on les sait. C’est faux de dire que l’on est surpris du départ de l’autre. Faux. Parfois, sans l’admettre on l’espère, on le provoque et chacun de nos gestes mène à la chute.’’



Mais son attitude du début n’est qu’une apparence, car inconsciemment toute sa vie va exploser et ce jusqu’à commettre l’irréparable.



Un récit bien ficelé qui montre la complexité psychologique de l’être humain.

Des traumatismes subis pendant l’enfance qui remonte à la surface.

Il y a la face que l’on donne à voir aux autres et celle que l’on garde au fond de nous.



Une femme qui rêve de liberté, car toute sa vie elle n’a fait que de s’enfermer dans son propre mensonge.



La thématique de la souffrance au travail est présente dans ce livre, un thème qui est d’actualité dans notre société.



Un roman profond, subtil sans tomber dans le mélo.

Une plume efficace qui fait de ce roman, un livre petit de par son nombre de pages, mais très puissant quant à sa signification et son contenu.



Un gros coup de cœur pour moi, un livre à livre absolument !


Lien : https://livresdeblogue.blogs..
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Otages

Pourtant la violence lui était étrangère

Elle se connaissait si bien

Savait fermer les portes intérieures quand il fallait

N'aimait pas se plaindre

A su rester forte

Parfois elle était lucide et parfois elle arborait ses œillères

Elle a été blessée, quittée

Aimait son travail et s'y est consacrée

Elle était devenue la confidente de son patron

Acculée par ses plaintes et sa pression

Il lui avait demandé de faire la sale boulot à sa place

Elle supportait tout, fallait bien assumer la charge de ses enfants, désormais seule.

Les choses ne surviennent pas d'un coup, elle mûrissent …

La violence s'est installée en elle silencieusement et insidieuse

Jusqu'au trop plein, au pont de nos retour
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Beaux Rivages

Une lecture poème, pour percevoir les beaux rivages de l'horizon de la liberté...

Nina BOURAOUI décrit le commun d'une histoire dans la séparation d'un couple avec des mots justes et tellement vrais...

J'ai aimé cette dissection de l'ame et du coeur... C'était juste BEAU... et juste.

Il y a de la grace dans les mots...

J'ai aimé cette lecture elle sait rassembler les foules car chacun de nous passe par là... Un jour... Et quand une porte se ferme, une autre s'ouvre.... TOUJOURS

BRAVO et Merci....

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Beaux Rivages

C’est un texte d’une très grande justesse que je vous livre aujourd’hui. On nous parle souvent d’amour, on nous présente souvent des ruptures compliquées, mais c’est bien la première fois que je me revois plongée dans cette période très difficile qui se déroule juste après la séparation. Pour m’avoir permis de me faire revivre ce souvenir compliquée avec autant de précision, bravo !



Comment ne pas encore avoir lu ce roman de la rentrée littéraire. C’est bien la réflexion que je me fais une fois ce livre terminé. Je ne m’attendais pas à un si beau texte au vu du sujet conté. L’auteure va nous décrire d’un ton très juste le processus complexe lié à une rupture. Je me suis revue dans cette période difficile, où l’on tente de se reconstruire, de revivre tout simplement. C’est assez impressionnant, car tout en douceur et sans jamais sombrer dans le cliché l’auteure nous dépeint cette période étrange où l’on ne sait plus ce qui se passe, où l’on ne sait plus qui l’on est !



Ma lecture a été d’autant plus agréable car l’auteure parvient à manier la nuisance des nouvelles technologies dans le processus de guérison. Car, nous sommes bien dans une guérison. On essaye de sortir la tête de l’eau, voir des gens, manger, parler et rencontrer d’autres personnes. Le tout pour sortir de cette spirale insoutenable qui ne cesse de nous faire sombrer dans la solitude et la noirceur la plus totale. Aujourd’hui le processus de réparation est beaucoup plus lent car on est exposé à l’autre, sa nouvelle vie, sa nouvelle famille et cela d’une facilité extrême. En effet, internet nous ouvre cette fenêtre avec une grande facilité. Et nous nous sentons attiré et obligé de regarder pour comprendre si nous sommes plus heureux ou plus malheureux que l’autre.



On a de plus en plus de mal à oublier et passer à autre chose car l’aspect mis en scène de nos vies a pris une telle envergure dans notre société qu’il est dur de pouvoir en faire abstraction. On ne retrouve que cette image de soi qui est mis en avant par les réseaux sociaux où l’on s’expose à son avantage bien sûr. Alors comment fermer ce nouveau monde, pour prendre le temps de se reconstruire ? L’auteure tentera de nous y répondre, et même si cela semble évident, c’est toujours agréable de le lire.



Le seul aspect qui m’a dérangé dans cette lecture (et oui il y en a un !). Je n’ai pas compris l’intérêt de placer les attentats dans ce texte. Il n’apporte rien à la construction de l’histoire et semble sortir de nulle part. Ces événements sont tragiques mais ne doivent pas devenir des éléments commerciaux pour toucher une nouvelle clientèle.
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Beaux Rivages

Pour cette chronique, j’ai choisi un angle particulier, celui de la bibliothérapie, un concept cher à Régine Detambel qui propose de soigner les maux par la lecture. En lisant Beaux rivages, je me suis en effet d’une part demandé si cela avait fait du bien à Nina Bouraoui d’écrire cette histoire et d’autre part si le roman peut aider le lecteur qui affronte un chagrin d’amour.

En refermant le roman, je crois pouvoir répondre oui à ces deux interrogations, car sans dévoiler l’issue de cette rupture entre A. et Adrian, on comprend l’universalité de ce parcours, les étapes plus ou moins difficiles qu’il faut traverser pour pouvoir s’en sortir. Dans un article, le magazine Psychologies – auquel j’emprunte les intertitres qui suivent – détaille les étapes à traverser. Des étapes qui constituent la trame exacte du roman et qui débute sur le choc d’une annonce forcément brutale.

A. vit depuis huit ans une relation forte avec Adrian, un galeriste Suisse. Si leur relation est longtemps restée si intense, c’est sans doute aussi parce qu’entre Zurich et Paris où ils vivent respectivement, ils doivent profiter de chaque minute ensemble. Lors de vacances communes et de déplacements professionnels ou privés chez l’un ou l’autre. Mais le fait de ne pas vraiment vivre ensemble a aussi un inconvénient majeur : malgré les technologies modernes, la séparation fait mal. Adrian en a assez et opte pour une autre relation. Pour A. tout s’effondre.

Un sentiment de vide

«Je ne mangeais plus, ne dormais plus, il me semblait être au centre d’une forêt dévastée, avec aucun arbre pour m’abriter, et il y avait cette femme (je montrai sa photographie) ma rivale, je n’arrivais pas à comprendre, pourquoi elle et pas une autre, et elle tenait ce blog, qui d’une façon était mon dernier lien à Adrian, même si je me trompais, mais j’essayais de savoir où ils en étaient par ce prisme, elle me manipulait, j’étais tombée dans ses filets (…) c’était bon de souffrir, après tout je le méritais peut-être, je me sentais salie, j’avais non seulement perdue confiance en moi, mais en tous les hommes aussi.»

Une angoisse d'abandon

Nina Bouraoui détaille presque chaque minute de cette phase si difficile durant laquelle on ne sait plus vraiment à quoi se raccrocher, où on a l’impression que chaque événement du quotidien est un signe, ou chaque musique entendue – Shy’m, Natasha St-Pier, Pascal Obispo, Emmanuel Moire – résonne trop fort en soi, où même les ami(e)s ne peuvent rien pour vous. «Il me fallait remonter aux sources de l’abandon, non pour trouver un remède, en existait-il vraiment ?, mais un chemin vers la clarté.»

Comprendre les raisons de la rupture

Elle se connecte au «blog de l’autre» pour prendre des nouvelles de son infortune, veut retrouver Adrian pour le reconquérir, puis finit par se rendre compte qu’il n’y aura pas de retour en arrière. Va chercher le soutien du Docteur Krantz. Si la psy ne peut la guérir, elle peut au moins poser un diagnostic et explique « avoir à soulager ses patients d’un nouveau mal – les réseaux sociaux. Elle manquait d’outils pour nous défendre de ce qui était, selon elle, une invention diabolique mettant à rude épreuve le principe même de liberté ; j’en subissais, telle une souris de laboratoire, l’expérience, elle s’en désolait, ne voyant ä court terme, aucune issue au trouble qui me rongeait. »

Une occasion de se redéfinir

Comprenant alors que ce n’est pas en se complaisant dans sa souffrance qu’elle s’en sortira, A. finit par entrevoir une issue, imagine qu’elle peut repartir. Sauf que, fort de cette douloureuse expérience, elle s’engage sans illusions dans sa nouvelle histoire : «On va dans le mur, mais je ne sais pas à quelle vitesse».

Un beau roman, aussi désespéré qu’une histoire d’amour qui se veut éternelle.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Beaux Rivages

Un très grand livre sur la fin d'un amour.
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Avant les hommes

Un très court roman de moins d'une centaine de page qui évoque avec justesse les premiers désirs et le caractère obsessionnel qui peut les caractériser pendant cette période qu'est l'adolescence.

Nina Bouraoui nous parle ici de l'éveil de la sexualité de Jérémie, fortement attiré par Sami, et décrit un désir omniprésent, une sexualité en ébullition avec des mots simples sans jamais être vulgaire. C'est aussi un livre sur le thème du passage à l'âge adulte, de l'apprentissage d'une certaine maturité. Le roman décrit avec beaucoup de beauté la douleur ressentie à cette période ainsi que les difficultés parfois rencontrées dans les relations parents-enfants.



Un très court texte avec de jolis et grands mots et des phrases capables de réveiller certains souvenirs d'adolescence que l'on croyait bel et bien enfouis pour toujours.

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Otages

"Otages", le dernier roman de Nina Bouraoui fait partie de ma commande en librairie post confinement. Ce n’est pas moi qui l’ai choisi, mais Wissam, adorable libraire de Fiers de Lettres à Montpellier. Je la remercie infiniment, pour cette surprise. Je n’avais pas encore lu cet ouvrage et imaginais le faire très bientôt. Elle a tapé dans le mille.



Ce roman est l’histoire de Sylvie Meyer, une femme de cinquante ans et mère de deux enfants. Son mari l’a quittée, sans fracas, elle assume, ne pleure pas et continue sa vie à la Cagex, une entreprise de caoutchouc dans laquelle elle dirige une section. Sylvie est de ces femmes simples, que l’on remarque à peine. Elle est travailleuse et fiable. Et puis un beau jour, ou plutôt un soir, elle va commettre une faute. Elle se met en délicatesse avec la loi. Elle craque, en somme. Elle n’est pourtant pas méchante, Sylvie. Elle est juste otage, otage d’une vie dont elle ne veut plus. Et c’est en "dépassant les bornes" qu’elle va tout à coup se sentir libre.



Nina Bouraoui signe là un magnifique portrait de femme. Je sais, c’est écrit sur la quatrième de couverture, mais je plussoie. J’ai aimé, beaucoup, l’écriture de l’auteure. Les phrases sont courtes, percutantes, efficaces "La joie se construit. Elle n’arrive pas par miracle. La joie, c’est les mains dans la terre, la vase, la glaise, c’est là que l’on peut l’attraper, la capturer." Elles vous prennent par la main et vous entraînent sur le chemin de Sylvie qui sautille, trébuche, repart. Il est impossible alors de s’arrêter. Impossible parce que au fur et à mesure que les pages se tournent le rythme s’accélère. Les mots s’enchaînent et deviennent logorrhée. Ils traduisent parfaitement les sentiments, les ressentiments.



Nina Bouraoui a le don d’explorer notre société et ses travers, ses horreurs, sans en avoir l’air. Sans fioritures, juste avec des mots simples, sans jugement aucun, elle observe et restitue. Et, longtemps après ses mots continuent de résonner.



"Otages", un récit que l’on ne peut lire que d’une traite, le souffle court.


Lien : https://memo-emoi.fr
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Otages

C'est l'histoire d'une tête qu'on entend penser. On perçoit d'abord comme une force dans ce magma de pragmatisme qui semble pouvoir résister aux événements. Mais on ne peut pas vraiment vivre en dehors de soi-même, surtout quand des discours bon enfant voudraient vous aider à participer à entrainer les autres dans le piège que vous sentez vous engluer.

Est-ce qu'un volcan en éruption va mieux après ?



La qualité de l'écriture est exceptionnelle.

Dommage que ce genre de situation soit trop fréquent et que les dommages touchent presque exclusivement les déjà victimes.
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Otages

Un roman qui délivre de facon directe, sans détours et brute les réflexions de cette femme qui explique son propre cheminement qui l'a amené à réagir de façon extrême. Elle nous permet de mettre en lumière le lent processus des conséquences d'un burn-out. Qu'est ce que c'est qu'un burn- out? Ne serait ce pas le rappel et l'alerte par le corps à l'âme ? Cette dernière n'ayant pas eu conscience du progressif enrôlement vers une volonté de toujours faire mieux, de souhaiter être irréprochable dans le domaine professionnel?

Bien souvent, cette réaction devient exagérée si du côté personnel, la personne est livrée à elle même ou bien n'a pas une confiance en elle suffisante pour s'accorder la bienveillance nécessaire pour conserver ce recul qui nous permet de refuser, ou dire stop dans des situations anormales.

Un livre éclairant grâce au cheminement livré par l'auteure.
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Otages

Un roman court dont on connaît l’issue puisque la narratrice donne à comprendre pourquoi elle a pris en otage quelques heures son patron : solitude après le départ de son mari, déchirement de devoir sélectionner quelles salariées feraient partie de la « charrette » prévue, faiblesse « féminine » liée à cette peur constante du viol que les femmes ressentent toutes. Une belle écriture pour une histoire simple.
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Otages

Comme à son habitude Nina Bouraoui nous livre un récit tout en subtilité et délicatesse. Elle nous raconte la vie de Sylvie Meyer, cette mère de famille, bosseuse, sérieuse, à la vie ordinaire mais qui subit tant !!!

Ce n'est pas un tsunami qui vient chambouler la vie de Meyer mais une toute petite vaguelette emportant tout à son passage doucement mais sûrement:

...Un mari qui décide de partir, elle, de ne pas le retenir.

....Un patron qui lui fait pression, qui la harcèle moralement, qui lui demande d'être son oeil et de chatier ses collègues.

Sylvie bouilonne, elle permet à la colère enfouie en elle de se faufiler au grand jour, elle la nourrit en ressassant sa vie, ses déceptions, ses attentes.

Elle s'interroge sur cette toile tissée autours d'elle qui ne la protège plus , qui l'étouffe, l'asphyxie.

Sylvie s'exorcise du mal qui la ronge, elle, l'otage de ses souvenirs de jeunesse. Elle s'exorcise enfin mais trop tard quand tout un chapitre de sa vie a été tourné.

Une plume douce, soyeuse avec des mots justes pour mettre la lumière sur toutes les injustices, persécutions, mal-être et tristesses de la vie.

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Tous les hommes désirent naturellement savoir

Ce livre autobiographique alterne entre deux époques de la vie de Nina Bouraoui. Les deux récits se succèdent en petits chapitres de 2 ou 3 pages. Ils se nomment « Se souvenir » lorsqu’elle nous parle de son enfance et « Devenir » lorsqu’elle parle de son adolescence. Naviguant dans le temps, on comprend l’évolution entre les deux périodes et on constate tout le chemin qu’elle a parcouru.



Dès son plus jeune âge, elle a dû faire face aux obstacles engendrés par ses « particularités ». Son père est algérien et sa mère française, deux pays qui ne sont pas en bons termes au sortir de la guerre dans laquelle ils se sont affronté. Au gré de ses allers-retours entre les deux continents, sa famille va donc subir la violence physique et verbale du racisme quotidien. D’autre part, l’autrice découvre très rapidement son homosexualité et va devoir affronter les préjugés et surtout se battre pour exister dans sa sexualité. Le lecteur est donc le témoin de ce parcours, du développement de la chrysalide à l’envol du papillon.



Ce roman exhale un tas de sentiments qui sont parfaitement retranscrits. Grâce à une écriture aérienne et poétique, Nina Bouraoui livre un témoignage sans réserve. Elle assume à cent pour cent tout ce qu’elle incarne, avec une sensibilité à fleur de peau et met ainsi à jour tous les tabous d’hier et d’aujourd’hui.



Selon une étude scientifique récente, la lecture améliore l’empathie. Il faut donc que ce roman soit lu par un maximum de gens parce qu’il me semble essentiel, pour faire évoluer les mentalités. Si vous êtes déjà convaincu, je vous le conseille quand même fortement car vous découvrirez une plume admirable.



En conclusion, « Tous les hommes désirent naturellement savoir » m’a beaucoup plu par les émotions qu’il m’a procurées et par le message qu’il véhicule. Je lui reprocherais juste ces chapitres un peu trop brefs et le fait qu’il soit trop vite refermé. Le changement très fréquent d’époque conduit à ce que l’on oublie rapidement les péripéties. Mais l’essentiel est que j’ai découvert une vraie écrivaine qui m’a ému sur le moment, séduit par sa prose et que je retrouverai avec plaisir pour d’autres histoires.
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Beaux Rivages

J'ai entendu parler de ce roman lors du passage de son auteure dans l'émission "la grande librairie". L'auteure expliquait qu'elle avait voulu écrire ce livre en cadeau à une de ses amies qui avait traversé un chagrin d'amour. Et aussi pour tous les quittés du monde version XXIe siècle.

On suit donc A., la quarantaine, qui vient de se faire quitter par Adrian après 8 ans de relation, pour une autre.

Les deux premières parties du roman sont consacrées à la douleur et au chagrin, les deux dernières à la "renaissance" , à la remise sur les rails de A. qui se relance dans la vie, un peu désillusionnée ("on va dans le mur mais je ne sais pas à quelle vitesse") mais quand même avec espoir ("le prochain sera le bon")

Cela donne un livre percutant, poignant, pour qui a déjà traversé ce chemin douloureux de la rupture, de la solitude, de la perte de confiance en soi et en les autres. Un chagrin d'amour est une histoire individuelle, que chacun vit à sa façon par l'intensité de son chagrin, la façon dont il l'exprime, mais aussi très universelle, parce qu'on traverse tous le même chemin au final. Les mêmes étapes, et finalement pour tous le même espoir qui finit par renaître alors qu'on le pensait mort pour toujours.

L'auteur aborde aussi la question de la rupture à l'heure des réseaux sociaux, le fait qu'aujourd'hui la rupture n'est plus caractérisée par la "sortie" de notre vie de notre ex. On peut encore le suivre sur facebook, twitter, blogs etc... C'est une nouvelle version de la solitude. Une solitude 2.0 où l'on est en permanence entourés et en communication avec les autres, mais où finalement on se sent surtout très seul.

J'ai beaucoup aimé le style de l'auteure, un peu abrupt parfois mais très facile à suivre, très réaliste. Si je m'étais écoutée j'aurais mis une bonne moitié du livre en "citations" tellement ses phrases me paraissaient justes et vraies. Combien de fois pendant ma lecture me suis-je dit "ah mais c'est exactement ce que j'aurais voulu exprimer à tel ou tel moment !".

A certains moments je me suis trouvée masochiste, de m'infliger cette lecture qui me rappelait des moments pas très heureux de mon existence, mais finalement ça fait du bien aussi de se rappeler que cette histoire c'est autant celle de A. , de l'amie de l'auteure, que la mienne et que celle de nombreux individus, et qu'on s'en sort tous, parce que l'amour est plus fort que le chagrin, et que l'espoir de l'amour finit toujours par renaître.

Un beau roman au final, pour le style plus que pour l'histoire.
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Standard

Avec ce roman, Nina Bouraoui effectue un virage à 90 °. Dans la plupart des ses oeuvres précédentes, elle pratiquait l'auto-fiction. Là elle raconte la vie d'un homme de 35 ans, breton vivant à Vitry et travaillant comme électricien dans une usine française à Paris. La vie de Bruno Kerjen tourne exclusivement autour de son travail qui occupe tout son temps. Le weekend et le soir, il boit et appelle des numéros de téléphone rose. Il vit replié sur lui-même, ayant peur des contacts même amicaux. De temps en temps il retourne voir sa mère près de Saint-Malo. Au décès de son père, il se pose des questions sur sa vie très routinière et, suite au retour d'une de ses premières amoureuses à Saint-Malo, il décide alors brutalement de prendre des risques (financiers) et de se lancer vraiment dans la vie pour ne plus être spectateur mais acteur. Il va déclarer sa flamme à Marlène. Mais tout se passera-t'il comme il l'avait rêvé ?

Un constat désabusé sur notre société individualiste, sur le monde du travail et les réalités économiques. Assez déprimant.
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Sauvage

"Et je me dis que la disparition c'est comme un trou dans la vie des autres. Un trou qui ne cesse de s'agrandir. Un trou dans lequel je tombe parfois."

Depuis la disparition de Sami, son meilleur ami, Ayla est submergée par les pensées mélancoliques, par la peur du surnaturel, par les mots qui déferlent dans son esprit. Le roman de Nina Bouraoui est le déversement de ces pensées ce qui en fait un récit analytique parfois débridé et insaisissable.

Toutefois, si j'aime cette intériorité, ce questionnement permanent, l'ensemble est tout de même assez pesant. D'autant plus que la narratrice remet toujours à la fin la révélation de ce qui la torture et que cette explication tant attendue ne m'a pas vraiment satisfaite.

Ce qui reste intéressant est l'ambiance de ce "quelque chose de triste et fatal" que tous ressentent, comme une prémonition de ce qui plane sur l'Algérie. À l'aube de l'année 80, il y a comme une peur indistincte de cette nouvelle décennie, peur traduite dans les pensées de la jeune adolescente par des évènements extra-terrestres ou spirituels.

L'auteur parvient à créer une alchimie complexe entre l'évolution du pays et celle de cette jeune adolescente blessée qui par cette introspection semble se tourner finalement vers l'amour et l'espoir.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Sauvage

Alya vit à Alger, dans un ensemble d'immeubles, avec ses parents et sa soeur : "J'étais bien à Alger. J'avais une vie particulière. Une vie dans les jardins et les forêts. Une vie que nous inventions, tous les jours, ma soeur et moi.", elle cherche l'attention et l'affection des gens : "Je voulais devenir la personne au centre de la scène.", et l'évènement à venir, c'est le passage en 1980, année de nombreux fantasmes.

Mais auparavant, l'évènement marquant de la vie d'Alya, c'est la disparition de Sami, son ami d'enfance.

Pour ne pas l'oublier lui ni les évènements qu'ils ont vécu ensemble, Alya se raconte, dans son journal, sous la forme d'un monologue qui durera tout le long du livre.

Alya entretient une relation ambigüe avec Sami, faite d'amour/amitié et de haine dont la raison ne sera donnée qu'à la toute fin du livre.

Mais ce qui ressort de son histoire, c'est le côté sauvage de leur amitié et de chacun de ces deux êtres pris séparément : "On avait d'autres envies. On avait d'autres désirs. On manquait de liberté. On n'avait pas eu d'enfance, on renonçait à notre jeunesse. Il nous fallait toujours plus. Toujours plus fort. Toujours plus vite. On ne voulait pas de limites.".

Alya est aussi croyante, que ce soit en une religion : "J'aimais l'idée du sacrifice aussi. Je trouvais ça généreux. Mais je gardais cela pour moi parce que mon sentiment pour Dieu me dépassait. Je n'arrivais pas à le définir. Je ne savais pas si c'était lui qui venait à moi ou moi qui allais à lui. Je n'avais ni les mots ni l'histoire de Dieu, mais j'en éprouvais le besoin comme l'on peut éprouver le besoin d'être aimé et d'exister pour quelqu'un.", ou en des rêves qu'elle faits : "Les rêves c'est la partie de soi que l'on ne peut pas montrer. Parce que c'est l'âme sans défense.".



A travers "Sauvage", Nina Bouraoui transporte le lecteur dans une Algérie tel qu'elle en a conservé le souvenir.

Ni tout à fait récit oriental ni tout à fait récit de science-fiction, "Sauvage" oscille en permanence entre ces deux genres littéraires.

Il y a à la fois le côté enchanteur de l'Algérie, des sensations, des odeurs, des paysages; et un univers fantastique exacerbé par l'imagination d'Alya, avec l'arrivée probable d'extraterrestres, la fin du monde avec le passage en 1980, le tout sous fond de musique avec la chanson "Spacer" de Sheila.

Il y a un côté voyeur dans ce roman qui m'a beaucoup plu, le récit à la première personne du singulier d'Alya y étant certainement pour beaucoup.

Avec elle, le lecteur découvre son univers quotidien, son immeuble et ses voisins, ses relations avec ses parents et sa soeur, et les moindres de ses pensées intimes.

Elle parle sans retenu des garçons, de sexe, des relations entre adultes qui la fascinent, de toutes ces questions qui passent par la tête d'une jeune fille de 13/14 ans, s'attirant ainsi l'intérêt et la curiosité du lecteur dès les premières phrases, deux sentiments qui ne le quitteront plus jusqu'à la fin du récit.

Il y a aussi une ambiance qui se dégage des mots, c'est un livre que je qualifierai d'animal tant il arrive à faire passer au lecteur des sensations et des impressions, ceci étant d'ailleurs renforcé par des passages très sensuels montrant, notamment, l'éveil à l'amour, au sentiment amoureux.

Le lecteur ne se contente pas de lire le journal d'Alya, il le vit et lui donne vie, c'est en tout cas ce que j'ai ressenti tout au long de la lecture.

Le style est beau et l'écriture maîtrisée, Nina Bouraoui livre avec "Sauvage" le très beau portrait d'une jeune fille dans une époque en pleine mutation, dans un pays qui commence à s'agiter et dans un monde qui change.



"Sauvage" est un roman qui se lit et qui se vit, porté par l'écriture audacieuse de Nina Bouraoui à travers un monologue de plus de deux cent pages et par Alya, une jeune fille très attachante, qui offre au lecteur une vision sans compromis de sa vie et de ses pensées.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Sauvage

Alger, à la veille de l'année 1980, dans un monde empli d'incertitudes et hanté par la peur de l'Apocalypse. Alya, adolescente plus éveillée que la moyenne, se sent différente. Heureusement qu'elle a Sami, son grand ami, son quasi-frère, sa presque moitié. Ensemble, ils expérimentent ce qu'ils appellent "la peur chaude" - qu'on pourrait traduire comme une excitation mêlée de danger, une envie de vivre exacerbée - jusqu'au jour où Sami disparaît... Le manque de l'ami disparu, avec l'ambiguïté amour/amitié et amour/haine, est l'objet principal de ce récit. Le spectre de la guerre d'Algérie et l'ombre des troubles politiques à venir planent également sur la famille d'Alya (dont l'oncle a disparu à la guerre) et celle de Sami (dont la mère flirte avec la folie). A la fois portrait sensible de l'Algérie et auto-portrait imaginaire de l'auteur Nina Bouraoui, "Sauvage" est un très beau livre sur le rapport aux autres, à l'au-delà et à soi-même.
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Mes mauvaises pensées

Qui dit mauvaises pensées chez Lou, jeune auteur angoissée, dit phobies d'impulsion, cette peur de passer à l'acte, de tuer l'autre, qui en psychologie reste le plus souvent au stade de névrose.

Une Lou, donc, que l'on dit "tendre" mais qui se sent mauvaise aux mauvaises pensées vis à vis du père (référent et absent à la fois) ou de M. (soignée par la même psy) se confiant à sa thérapeute " élégante", "jolie et douce", idéalisée. Une Lou qui porte le symptome de sa famille.

"J'ai peur de devenir un assassin".

Long monologue-confession, remontée dans l'enfance et les souvenirs d'Algérie, épluchage des couches successives jusqu'au pépin central(le moi dans l'autre, les "romans dans le roman","les phobies dans les phobies"), démultiplication de ses propres facettes dans le miroir imposé par les différentes figures féminines de l'entourage et surtout de la mère dont elle reste dans le désir.

Les mauvaises pensées (prix Renaudot 2005) semble expulsé et non écrit. Débit très rapide d'une Lou narcissique qui joue du je, plus que de raison.

J'avais chroniqué Poing mort, très poétique mais trop psychotique (le personnage bien sûr) à mon goût. J'ai par contre apprécié la capacité de Nina Bouraoui d'écrire dans des styles différents. Ici, le lecteur, positionné en voyeur, assiste à une séance sur le divan, dans laquelle la patiente vide son sac de violence contenue pour retrouver sa propre identité, d'où l'intéret psychologique.

Sont abordés également les fragiles limites du réel et l'imaginaire, l'écriture en tant que "sexualité" et "exposition de l'intimité"; le livre enfanté dans le transfert par rapport au thérapeute, "les livres buvards" de la famille,les livres "forteresse" érigée autour de la mère, la perte de l'écriture qui s'en vient parfois sans avertir et dont le vide se comble dans la lecture, la "haute jouissance" des mots.

Bref, un livre éclairant dans lequel chaque manieur de mots peut piocher son bonheur.

Nina Bouraoui, née de père Algérien, enrichie de deux cultures opposées, est l'auteur de nombreux romans dont La voyeuse interdite( qui a été couronné par le prix Livre Inter 1991).
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Le désir d'un roman sans fin

Il y a des styles avec lesquels on tombe instantanément en amitié. Des images, des évocations, un rythme instantanément familier. Le Sud, la vie, la douceur, l'élégance, la féminité, l'audace,...

Une très belle rencontre avec Nina Bouraoui, que j'avoue, je n'avais pas encore lue.
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Johnny Halliday
Boby Lapointe

10 questions
25 lecteurs ont répondu
Thèmes : chanteur , musique , nostalgie , Chansons françaises , humourCréer un quiz sur cet auteur

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