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Critiques de Nina Bouraoui (516)
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Otages

On peut dire que ce texte écrit dans sa première version par Nina Bouraoui pour le théâtre en 2015, était prémonitoire à la vague du mouvement #Metoo. L'auteure en a donc fait un roman au thème très actuel. Il va sans dire que le monologue de son héroïne, Sylvie Meyer, 53 ans, résonne dans le coeur de milliers de femmes.



Avec ce titre, je découvre Nina Bouraoui. Sa plume est tout à fait en conformité avec l'expression de douceur qu'elle dégage lors des interviews télévisées que j'ai pu visionner d'elle. le texte est tout en retenue, à l'image de son personnage qui parait accepter aisément tout ce que la vie lui fait subir. C'est au fur et à mesure de l'avancement de la lecture que le lecteur découvre toute la violence silencieuse qu'elle retient et qui un jour va finir par exploser. Sylvie prend conscience qu'elle est otage de son passé, de son éducation, et de cette société qui rend la vie beaucoup plus difficile à affronter aux femmes qu'aux hommes. Elle avait accepté l'échec de son couple et s'en rendait même responsable mais la pression exercée par son patron dans l'entreprise où elle travaille va être l'élément de trop, celui qui va déclencher sa révolte. J'ai trouvé dommage que l'auteure reste plutôt évasive à son sujet, on comprend juste que son acte sera puni sévèrement par la loi.



Un roman sur les diverses violences faites aux femmes, écrit comme une confession, une thérapie, auquel j'accorde un 12/20. J'en déplore l'impression de flou final qu'il m'a laissée.
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Otages

Du jour au lendemain le mari de Sylvie lui dit qu'il la quitte. Le savait-elle ou le pressentait-elle ? Toujours est-il qu'elle continue sa vie de mère et son travail. A son travail son employeur lui demande toujours plus. Et lorsqu'il lui demande de sélectionner les salariés dont il doit se débarrasser, Sylvie n'y arrive pas. Sans préméditation elle va séquestrée son employeur, et même s'il lui dit qu'il comprend sa fatigue elle sait qu'il n'en restera pas là. On vient la chercher chez elle, elle pense qu'elle va aller en prison. Pas de peur, juste un soulagement après toutes ces années de déni.

Un portait de femme poignant qui ne laisse pas indifférent et colle à notre monde moderne.

Juste un petit coup de "gueule", page 49 : d'avoir rencontré un homme, pas trop mal, travailleur, MOINS PIRE que les autres, mais qui semblait..." MOINS PIRE une expression à la mode !!!!
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Otages

Dès que j'ai eu connaissance du thème de ce roman j'ai voulu le lire car j'avais le sentiment qu'il parlait de situations que nous avons toutes (nous femmes mais peut-être aussi des hommes) plus ou moins connues. Travail, couple, existence etc.... tout ce que nous pouvons taire et qui a tout moment peut exploser.



Otages : otage d'une vie professionnelle où elle croyait s'épanouir, se sentir valorisée jusqu'au jour où la situation dans laquelle elle se trouve  devient insupportable, otage d'une vie familiale sans heurt qui a volé en éclat, otage d'une vie où elle n'a pas le sentiment d'avoir eu à faire des choix, une vie qu'elle a subie plus qu'elle ne l'a vécue. Le jour où Victor Andrieu, son employeur lui confie une mission pour laquelle sa conscience se réveille. De l'obéissance elle va passer à la révolte et cette prise de conscience va être l'occasion de mettre à jour les blessures et violences de sa vie.



Ce récit est l'histoire d'un parcours féminin, d'une vie ordinaire, dont on écrirait normalement pas un roman mais qui est très juste dans la restitution faite par l'auteure des situations et souvenirs de son héroïne : enfant, adolescente, épouse et employée. En apparence une vie sans aspérités et puis soudain le vernis craque et enfin elle avoue, elle assume, elle se délivre, elle est.



J'ai trouvé le ton très juste, très vrai, sans réelle violence physique car la violence ici est plus dissimulée, plus morale et a débuté il y a bien longtemps car à y réfléchir elle est le fruit d'une accumulation de petits indices, de petits faits qui ont construit la femme qu'elle est devenue mais qui ont également abîmé l'image qu'elle a d'elle, de l'amour, de l'existence et son acte de rébellion est salvateur. D'ailleurs certains maux ne viennent pas facilement, ils sont effleurés, suggérés avant d'être enfin exposés.



Une femme ordinaire, une vie ordinaire mais une écriture qui vous entraîne, douce, délicate et précise, ciselée pour aller à l'essentiel, à l'image de cette femme que rien ne prédestinait à la rébellion, au vrai, au vécu, à l'urgence, au rythme des pensées, en suivant leur cheminement. Nina Bouraoui s'attache à démontrer finalement la force cachée de Sylvie soumise depuis tant d'années, c'est la confession d'une femme à l'aube d'une nouvelle vie au prix d'un acte qu'elle assume, qu'elle revendique presque, une confession salvatrice.



J'ai beaucoup aimé.
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Garçon manqué

J'ai beaucoup aimé ce premier livre de Nina Bouraoui qu'il m'est donné de lire. Dans la première partie du livre, Nina (abréviation de Yasmina) vit avec sa famille en Algérie, près d'Alger. On devine qu'elle a entre 12 et 15 ans. On est une dizaine d'années après l'indépendance de l'Algérie. Son père, Rachid, est algérien, il a fait de hautes études en France et travaille désormais pour le compte d'organismes internationaux ce qui l'amène à voyager très souvent. Nina vit donc le plus souvent avec sa mère, Maryvonne ou "Méré", bretonne (Rachid et Méré se sont connus à l'Université de Rennes), sa soeur qui a quelques années de plus qu'elle et sa grand-mère paternelle. Elle fréquente le lycée français et ne connait que quelques rudiments d'arabe. En dépit de cela et de sa difficulté à s'intégrer car perçue comme étrangère par les autochtones, elle éprouve un amour viscéral pour ce pays, pour ses paysages, la mer, les plongeons depuis un rocher sur la plage et pour Amine, son ami, qui symbolise à lui seul tout cela. Dans la deuxième partie du livre, l'auteur nous raconte des vacances en Bretagne chez ses grands-parents avec sa soeur et plusieurs cousins. Certes elle aime ces vacances, mais elle lui font aussi ressentir qu'une partie d'elle est en Algérie et qu'elle ne peut partager cela avec ses cousins français.



A cette thématique d'une identité culturelle déchirée entre les deux rives de la Méditerranée, se superpose pour Nina Bouraoui une recherche de son identité sexuelle. Avec Amine, elle joue à inverser les rôles : elle, qui a une carrure masculine, serait le garçon tandis qu'Amine endosserait un rôle féminin. Rien n'est aussi clair que cela. Beaucoup de choses sont seulement esquissées et l'auteur nous laisse combler les vides entre ses phrases sèches, ultra-courtes, qui sonnent comme des coups sur une enclume ou parfois comme des gifles en pleine figure.



Après une cinquantaine de pages, j'ai craint de me lasser de ce style violent, presque barbare, mais j'ai trouvé au fil des pages qu'il se mettait particulièrement bien au service de cette double déchirure dont ce livre veut rendre compte, pour éloigner toute tentation de pathos et pour nous faire sans doute mieux percevoir la révolte intérieure de l'auteur. Un livre très original qui je pense résonnera longtemps en moi.
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Otages



Quand la coupe est pleine…

Sylvie nous raconte ses débordements, ses peines, les trahisons subies, les petites acceptations qui rongent, les illusions perdues, tous ces micro-événements de la vie en société qui nous enferment petit à petit, qui étouffent celui ou celle que l'on est.

Otages de cette société et de ses conventions, de ses lâchetés, otages puisque privés de liberté, les personnages de se roman sont confrontés à la difficulté d'être.

C'est un beau portrait de femme, un hommage à toutes celles qui se taisent puis explosent dans l'incompréhension générale. La solitude pour toujours.

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Standard



Contrairement aux autres romancières ci dessous, je connaissais un peu l'univers de Nina Bouraoui, pour avoir lu deux ou trois autres de ses romans, souvent salués par la presse.

Hélas, je n'étais pas fan de son univers très proche de l'autofiction, que je trouvais souvent assez plat et désincarné.



Ici, dans ce Standart, paru en janvier 2014, la romancière sort de ses terrains balisés en prenant pour personnage principal un personnage a priori loin d'elle, en la personne d'un célibataire de 35 ans assez désabusé et nihiliste, qu'on penserait plus trouver dans les romans de Houellebecq avec une vision tout aussi pessimisme et sans la moindre illusion sur nos société modernes. Il y a un peu moins d'humour que chez Houellebecq( si si j'assume), mais le regard est aussi sombre et aussi juste la société.

Et si ce Bruno Kerjen parait aussi peu sympathique au départ qu'un personnage houelbecquien,

Bouraoui arrive à nous faire ressentir un peu d'empathie pour lui, pour ne pas dire de dire de la sympathie.

Car "Standart" mine de rien est aussi le récit d’un homme qui, bien que blasé et revenu de tout, aimerait quand même croire aux miracles de l'amour et comme chez Bouraoui- comme chez Michel H- les happy end ne sont pas de mise- va voir son rêve se briser face aux chimères, conférant à l'ensemble une vraie mélancolie faisant de ce "Standart" une belle réussite.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le bal des murènes

Quelle belle écriture. Mais alors, je ne suis pas sûre d’avoir tout compris. Il faudrait le relire. C’est d’un hermétisme !

En gros, c’est le même thème que « Guillaume et les garçons à table » : mère omniprésente, quête d’identité.

Ici, c’est en se réfugiant dans la maladie que ce jeune garçon, qui se sent si proche d’une fille, recherchera l’attention de sa mère.

Et pour ajouter à son tourment, il y a la mémoire de cette maison dont la cave servit de salle de torture pendant la guerre ; et puis ce grand-père dans son fauteuil roulant, porteur d’un horrible poids familial.

C’est dur, c’est noir, c’est compliqué…..mais quelle maîtrise de l’écriture, quelle beauté des phrases..

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Grand Seigneur

Dès les premières lignes, les mots de Nina Bouraoui bouleversent de sincérité et de tendresse. Son père est placé en soins palliatifs, cette “antichambre de la morgue, elle-même antichambre du cimetière “.



Et, pendant une dizaine de jours, lui et sa famille vont ensemble partager des moments d’une extrême intensité. L’écrivaine les évoque en même temps que les souvenirs ressurgissent !



Jeanne-Garnier a un étage particulier, le Sacré-Cœur. Non, rien à voir avec un quartier chargé d’histoire ! Juste un étage d’une maison médicale et surtout une chambre, celle du numéro 119, qui est devenue le lieu de l’agonie d’un homme, une chambre de souffrance et de douleur pour sa famille.



Les écrits de Nina Bouraoui s’attachent généralement aux thèmes du déracinement, de l’enfance et de l’homosexualité. Ayant hérité d’une double culture, algérienne par son père, bretonne par sa mère, l’écrivaine s’attache souvent par l’autofiction à analyser ses rapports au monde.



La perte d’un père

Au début, j’ai eu peur que les mots de Nina Bouraoui soient trop difficiles, ravivant des images qui font encore mal certains jours, ou, qu’ils ne soient présages de séparations redoutées. Et, puis, quelques bribes entendues sur une radio m’ont convaincue de ne pas faire l’impasse devant un tel texte. Alors je me suis plongée dans cet océan de signes !



Cet écrit où une écrivaine prend les seules armes qu’elle maîtrise pour apprivoiser la mort de son père m’a saisie. Je l’ai lu presque d’une traite, m’enfermant dans une coquille pour en goûter toutes les nuances. Difficile d’en décrire la portée générale, puisque chacun le recevra avec son intime singularité.



Pourtant, par l’amour des mots, Grand seigneur entraîne vers ce lien invisible et pudique entre une fille et son père en décrivant leurs histoires, leurs expériences et leurs vécus. Car, Nina Bouraoui réussit à nous hisser, hors de nos histoires.



Remerciant la virilité que cet homme lui a donnée, cette agonie lui permet de faire un travail de mémoire qu’elle partage. Car l’homme de plus en plus décharné, devenu mutique au fil des jours, ne ressemble pas à l’homme qu’il fut. Et ce sas, représenté par cette chambre, lui permet de rechercher d’autres images, d’autres souvenirs, d’autres présences qui lui ressemblent vraiment.
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Otages

Otages or not otages...Telle est la question. Que se pose cette héroïne commune. Tellement commune. Une madame tout le monde qui aime la nature, est gentille avec tout le monde. Malgré tout. Elle encaisse les petites contrariétés, les grandes déceptions. Sans broncher en bon petit soldat. Et puis un jour, la cocotte minute explose. Et passer de l'autre côté de la barrière, c'est tellement facile. Comme si elle l'avait fait toute sa vie.

Voilà l'histoire que raconte ce roman. ça pourrait vous arriver. Arriver à tout le monde. La leçon a retenir c'est qu'il vaut mieux vider son sac de temps en temps que de planquer ses frustrations et risquer une énorme explosion.



On se met des barrière où il n'y en a pas et on franchit un jour celle qu'il ne fallait pas franchir.



Le mal être de l'héroïne est limpide. On est mal dans sa peau avec elle. On a presque envie de faire tout péter avec elle. D'aller encore plus loin. De hurler que l'agresseur est en fait la victime. Mais ce n'est pas possible. C'est la vie. Moche.



Alors faut-il le lire ? Oui. Belle justesse d'écriture, même si sans être tout à fait naivement optimiste, j'ai regretté le côté no future du global. Mais ça n'enlève rien à la qualité de l'ouvrage.





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Otages

Une lente descente au enfers. Mais quand commence-t-on réellement à descendre ?



Ce livre à la construction très réussie pose la rupture comme point de départ, la prise en otage de son patron par une de ses employée. Mais était-ce le début ? Puis, au fil du récit, se dévoile une part sale de la violence des hommes, de leur besoin de dominer, de leur impunité. Et finalement, une question : qui sont les otages ?
Lien : https://www.noid.ch/otages/
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Tous les hommes désirent naturellement savoir

Les premiers mots de « La Métaphysique d »’Aristote donne le titre à ce livre magnifique.

Découvrir toutes les sensations à travers la mémoire, c’est de là que provient l’expérience. C’est ce que démontre avec beaucoup d’émotion dans de courts chapitres N.Bouraoui.

Cette jeune femme qui je l’espère a trouvé maintenant la sérénité, retrace son enfance , son adolescence, ses années d ‘étudiante, tiraillée entre deux soleils, celui de l’Algérie aimée jusqu’au fantasme, et celui de Rennes plus pâle où elle a passé de nombreuses années près du Thabor chez ses grands parents. C’est le mariage de ses parents , lui algérien, elle bretonne qui a engendré ce grand trouble, 2 pays c’est beaucoup pour une petite fille.  Surtout quand la violence dans les années 90 est de retour à son comble enAlgérie ( de très belles pages). Et quand elle ressent les prémices d’une homosexualité, le trouble devient angoisse et honte.

Avant d’assumer cette préférence, Nina va fréquenter à Paris quand elle est étudiante, une « boite » réservée aux femmes, acceptée, mais dans un coin, elle observe que la violence, le mensonge en particulier font aussi partie de ce milieu, elle en gardera une méfiance pendant longtemps ; jusqu’à enfin s’assumer.

Cette dualité de racines, de sexualité, dans des chapitres intitulés -Devenir- Se souvenir- Savoir- alternativement explique la personnalité de l’auteur, quel courage et quelle lucidité !J’ai été particulièrement émue à la lecture de ce texte, et c’est très rare.
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Satisfaction

Une française marié à un algerien en algerie, elle, son fils son mari, une rencontre avec une autre femme et son fils sur une plage, quelques descriptions de la vie là bas et des images comme des touches au pinceau, le style est très beau mais quel ennui ! et d'ailleurs je pense que c'est l'ennui du personnage que l'auteur veut nous faire ressentir.

C'est tellement réussi que ça en est déprimant. Je commençais à vraiment ressentir un sentiment identique et derangeant, un mal être. J'ai abandonné.
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Otages

On a toutes en nous un peu de Sylvie Meyer, cette mère de famille de 53 ans, plaquée par son mari, qui travaille en tant que cheffe des ouvrières à la Cagex, une entreprise de caoutchouc.



NINA BOURAOUI signe un roman fort et engagé. Elle réussit à nous faire partager la révolte de cette femme qui refuse de se laisser contaminer par l'inhumanité de son patron.



J'ai découvert une écriture à la fois suave et caustique mais avec des mots toujours justes.



J'ai trouvé que ce roman était particulièrement bien écrit.



Ce fut pour moi une belle découverte.
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Otages

Un roman fort qui met mal à l'aise ! Il est question d'une femme, des femmes et des jeunes filles... et des maux, des violences, qu'elles ont pu vivre et ressentir, au cours de la vie...



Le climat devient lourd petit à petit... jusqu'à l'étouffement...



Ce que j'ai envie de retenir, avant tout, de ce texte puissant et très bien écrit : "Faisons attention à nos enfants, mettons les en garde et discutons avec eux ! Il faut libérer la parole !"

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Otages

Au fond de mon fauteuil, assis confortablement, bien au chaud, je me délectais de commencer le nouveau Nina Bouraoui. En effet, retrouver sa plume délicate, un dimanche après-midi, est un plaisir des plus réconfortants. Non pas que ces romans soient à l’eau de rose ou faits de bons sentiments mais cette auteure a le don de traiter des thèmes difficiles avec humanité et douceur. Elle crée du plaisir de lecture en passant des messages forts et c’est toujours agréable.



Dans ce court roman, elle nous emmène dans les pas de Sylvie, femme sans histoires, dont le destin bascule le jour où elle décide de ne plus subir. Elle sort complétement de son quotidien banal, pour mettre fin à une spirale destructrice. Le livre traite donc des différentes violences que subissent les femmes et de la situation d’infériorité dans laquelle elles se retrouvent assez souvent, dans leurs relations aux hommes. La société, les mœurs, les mentalités, tout tend à mettre la gente féminine sous l’emprise du sexe opposé.



Grâce à cette histoire intime, on explore aussi l’impact du passé sur la vie des gens. Tout élément traumatique de notre jeunesse peut devenir un acteur important de notre vie d’adulte. Alors que la mémoire s’étiole avec le temps, le corps, lui, ne semble pas pouvoir véritablement oublier. Et il suffit alors d’une étincelle, pour rallumer le feu qui sommeillait en nous.



L’écriture de Nina Bouraoui est toujours aussi belle et lui permet d’être incisive sans être jamais hystérique. Elle utilise cette poigne de fer dans un gant de velours pour marquer les esprits. L’exagération ne sert pas forcément le propos et elle l’a très bien compris. Elle continue son exploration de l’âme humaine face aux obstacles qui façonnent son identité. Encore un beau roman de cette auteure qui ravit à chaque fois mes yeux, avec son talent d’écrivaine, engagée mais bienveillante !
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Otages

En 2015, Nina Bouraoui écrit Otages, une pièce de théâtre, qui sera interprétée et mise en scène à plusieurs reprises, en 2015, 2016 puis 2019. Elle décide de reprendre son texte et d’y apporter quelques modifications, plus attachées aux changements de notre monde.



L’histoire, c’est celle de Sylvie Meyer, une femme d’une cinquantaine d’année, mère de deux enfants, récemment séparée de son mari, elle travaille comme dirigeante de la section ajustement d’une entreprise de caoutchouc. En somme, une vie tout à fait banale, jusqu’à ce que son patron lui demande de faire la liste d’effectifs à licencier. C’est à partir de ces choix, cruciaux pour l’entreprise mais cruel pour elle et le personnel, que la vie de Sylvie et sa façon de voir son quotidien vont basculer à tout jamais.



À travers le portrait de Sylvie, c’est le portrait de millions de femmes qui sera dépeint : des femmes seules, courageuses, victimes de la misogynie des hommes, victimes de leur condition de femme, de la solitude, du regard des autres. La femme est l’otage de la société, l’otage des hommes, l’otage de ses fonctions sociales, retenue par ses obligations familiales, par la nécessité de subvenir au besoin de ses enfants. Sylvie, tout comme l’ensemble des femmes, tout comme moi, tout comme vous peut-être, sommes des otages consentantes. Une analyse glaçante de réalisme, qui m’a fait me questionner sur bon nombre de sujets de société.



Le récit en lui-même aurait pu sembler simple, si ce n’est que l’écriture de Nina Bouraoui, pure, violente, percutante, émouvante, fait l’ensemble de l’oeuvre. J’avais à peine lu deux pages que j’avais les larmes aux yeux. L’auteure a réussi à me toucher en plein coeur avec la puissance de ses mots.



Otages, c'est le portrait bouleversant d'une femme qui se révolte. Un texte incisif et percutant, qui vous touchera en plein coeur.
Lien : https://analire.wordpress.co..
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Tous les hommes désirent naturellement savoir

Après un précédent roman, Beaux rivages qui nous avait déjà laissé sur la touche il y a deux ans, le dernier roman en date de la pourtant encensée par les critiques Nina Bouraoui ne des grandes voix de l'autofiction française a eu bien du mal à nous emporter.



L'auteur de Garcon manqué ou une vie heureuse revient sur ses années d'enfance et d'adolescence tourmentées. de manière non chronologique et en mélangeant les époques autour de 3 thèmes que sont devenir”, “ savoir” et “ se souvenir”,



Tiraillée entre deux identités- algérienne et française, et la découverte de son homosexualité, ballotée entre Rennes et Alger, l'auteur aura beaucoup de difficultés à trouver une place et une appartenance entre ces deux pays au même moment où elle conscience que son attirance pour les femmes est belle et bien réelle, et la difficulté de s'assumer.



Un sujet o combien passionnant et on n imagine bien la vertu thérapeutique de l'écriture pour son auteur, mais hélas le traitement laisse le lecteur de côté: jamais incarné, le texte reste à la surface des choses et ne prend jamais chair. et on aboutit à un texte aussi vain que superficiel.. on est bien loin des grandes voix de la littérature américaine, de Oates à Maynard.
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Beaux Rivages

C'est le récit d'une rupture amoureuse comme on en a déjà lus pas mal donc pas un sujet original. J'ai hésité à le lire car j'avais peur du pathos, de l'auto-apitoiement, mais j'avais apprécié ce qu'en disait Nina Bouraoui sur le plateau de "la Grande librairie". Le style est magnifique, elle pose des mots très justes et beaux sur des sentiments qu'on a tous connus un jour et cela n'est pas aussi noir que je le pensais. Après avoir touché le fond, A. , la narratrice, va reprendre doucement goût à la vie et être prête à aimer de nouveau.

Je le recommande pour l'écriture surtout.
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Les couleurs des émotions

C'est pour l'Unicef, c'est pour l'Ukraine, allez j'y vais, j'achète.

Il s'agit d'un recueil de nouvelles et de petits poèmes. 14 au total.

Le problème de ce genre de recueil, c'est le côté inégal. Vous avez des textes vraiment bien, et d'autres..... ici je n'ai pas trouvé réellement de thématique commune, de fil conducteur.

Disons que je garderai un bon souvenir de

- un homme livre de R Puertolas

- Marseille de V Spingora (vraiment marquant !)

- Beppe et Neri de Ph Claudel (émouvant et qui sonne juste).

.

Un point de détail : sur Babelio ce livre s'intitule "les couleurs des émotions". Marrant moi sur ma couverture il est écrit "un arc-en-ciel d'émotions".... De ce fait il m'a fallu le code ISBN pour le trouver !

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L'Âge blessé

Nina Bouraoui fait partie de cette nouvelle génération d´écrivains qui se soucient peu de la ponctuation. Peu de virgules, elles sont remplacées par des points. La lecture est cassée. Pour comprendre, un tour dans ses autres romans s´impose. L´âge blessé, est une ponctuation. Ce n´est qu´en faisant le rapprochement entre la Nina de L´âge blessé et la Nina du Garçon manqué que tout s´éclaircit. Ce qui nous semblait au premier abord comme une entrave aux règles de l´écrit devient, en fait, un rythme que l´auteur prémédite. Et pour cause, Nina va loin dans son amnésie infantile pour tirer les bribes de ce qui longtemps la marquera.

Fille d´une Française et d´un Algérien, Nina en plus d´être confrontée à cette double identité veut être un homme. Nina c´est d´abord Yasmina. Trop féminin, trop arabe. Nina est un nom qui l´arrange, parce qu´il est neutre.

L´Histoire de Nina, le garçon manqué, cheveux courts, la fille de la Roumia, commence sur les plages et les rochers de Zéralda en compagnie de Amine, mystérieux personnage, un allié dont la fille envie l´apparence d´homme.

Le soleil, la chaleur d´Alger imprègnent Nina. La mer la façonne. Nina se nourrit des regards des autres, ceux qui voient en elle la fille de la Française.

Nina n´est pas la fille d´Alger, elle n´est pas la constituante d´une société. Bien qu´elle s´alimente de cette essence tropicale, elle reste cachée derrière sa mère, plus robuste, protégée dans une villa sur les hauteurs d´Alger. Nina est peut-être sensible, mais elle perçoit mal l´Algérie ; c´est une enfant surprotégée, étrangère. L´intérêt de l´oeuvre, on le retrouve plus loin, lorsque Nina part en France où une autre partie d´elle l´attend. Celle-ci est plus fournie, plus riche. Accueillie dans une famille attentionnée, elle visite le passé de sa mère, ses études, sa rencontre avec ce brillant étudiant en économie, le Français musulman qui deviendra plus tard son père. Enrobée dans un amour familial, elle n´arrive cependant pas à se détacher d´une Algérie sauvage, seule image que cette enfant qui ne maîtrise pas l´arabe peut en garder.

En France, elle est beur. «Beur, c´est ludique. Ça rabaisse bien aussi». Elle est alors confrontée à cette sourde haine du basané, une peur de l´étranger. Elle fait partie de «cette génération ni vraiment française ni vraiment algérienne. Ce peuple errant. Ces nomades. Ces enfants fantômes. Ces prisonniers. Qui portent la mémoire comme un feu. Qui portent l´histoire comme une pierre».

Nina est blessée quand une vieille femme apostrophe son père: «Il y a trop d´Arabes en France». Nina est blessée jusqu´au silence car elle a trouvé mieux pour faire entendre sa colère. «Je l´écrirai. C´est mieux, ça, la haine de l´autre écrite et révélée dans un livre. J´écris. Et quelqu´un se reconnaîtra. Se trouvera minable. Restera sans voix. Se noiera dans le silence. Terrassé par la douleur.»

En France, on doit être propre et bien soigné, mais on ne peut pas changer de couleur de peau. Pour les vacances d´été, Nina et sa soeur Jami sont prises dans le tourbillon des retrouvailles familiales qui les emportent sur une plage en France parmi des cousins et des cousines qui n´ont pas forcément la même couleur de peau. Ils ont l´air rachitique et semblent malades. Le soleil n´est pas le même que celui en Algérie. La plage n´a pas le même sens.

Insidieusement, Nina se transforme, même si elle ne le révèle pas dans son livre. Elle parle français, pense et rêve en français. La France l´accapare, mais l´Algérie demeure en elle. «Je ne sais pas si je suis, ici, chez moi en France. Je ne le saurai jamais. Je ne sais pas si je suis chez moi en Algérie. Je ne le vérifierai jamais.»

Ce qui était une certitude devient doute. Un premier passage est fait. Ne reste plus que cette épineuse identité sexuelle que Nina réglera lors d´un voyage à Tivoli, en Italie. Pour cet épisode, Nina se contentera de quatre pages évasives. Une lettre pour Amine vient clore le tout. Son modèle d´hier ne sera plus qu´une image
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