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Critiques de Oliver Sacks (107)
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L'éveil

L'Éveil est un livre méconnu (qui n'est plus tout jeune, ce qui peu expliquer l'absence d'intérêt actuel pour ce qui fut un best-seller), qui trouble son lecteur au delà de ce qu'il pourrait croire en ouvrant ce livre pour la première fois.

L'encéphalite léthargique, ou la maladie du sommeil, est une maladie disparue, un peu comme la grippe espagnole : une ancienne épidémie en frappa le monde de façon brutale, pendant une courte décennie, puis le fléau disparait comme il est apparu, sans que l'on ait jamais trop bien compris ses mécanismes. Les symptômes du début de la maladie était si variées que l'on avait peine a reconnaitre l'encéphalite léthargique de la catalepsie, ou de la schizophrénie, dans certain cas. Dans certains cas, les patients ne trouvent plus le sommeil et passent de longs jours éveillés, avant de mourir d'épuisement. Chez d'autres patients, on reconnait des symptômes contraires : sommeil ou somnolence diurne, léthargie profonde, puis le coma et la mort. Des millions de personnes en sont mortes, mais bien plus on été handicapés suite à cette maladie. Les lésions cérébrales consécutives à l'encéphalite font sombrer les patients dans un état parkinsonien sévère, duquel à l'époque aucune médication ne parvient à les sortir.



Ce scénario semble être de la science-fiction a vos yeux? Et pourtant, cette épidémie à réellement eu lieu, au cours des années 1920. Quarante-cinq ans plus tard, en 1965, un jeune neurologue anglais (il est nécessairement plus jeune que tout ses patients) est embauché dans un hôpital pour malades chroniques, ou vivent encore plus d'une centaine de ces personnes qui ont survécue à l'épidémie, et qui ont par la suite sombré dans le Parkinson pendant... près de 50 ans! Alors que le Dr. Oliver Sacks traite ces individus considéré comme perdu pour la médecine, un nouveau médicament révolutionnaire est découvert : la L-Dopa, un précurseurs de la Dopamine dans le cerveau. C'est justement le neurotransmetteur qui fait défaut aux parkinsoniens, de même qu'à ces patients internés et léthargiques depuis un demi-siècle! Le Dr. Sacks entreprend donc de traiter les patients endormis avec ce nouveau médicament... Mais celui-ci n'est pas sans danger, et manipuler la chimie complexe du cerveau humain est un jeu auquel aucun scientifique ne s'adonne sans risque.



D'un point de vue médical, il s'agit d'un ouvrage majeur, car seul deux hôpitaux dans le monde accueillaient à l'époque de la découverte de la L-Dopa un nombre consistant de rescapés de l'encéphalite léthargique : un près de New-York (celui du Dr. Sacks) et un autre en Angleterre. Aujourd'hui, ces rescapés déjà très âgés aux moments de l'histoire, sont inévitablement décédés. Ces personnes souffraient d'une forme de Parkinson extrêmement sévère, comme on en voit aux derniers degrés de la maladie et leur traitement fut en lui même une épopée médicale et humaine digne d'être raconté.

Mais c'est surtout d'un point de vue humain que cet ouvrage se détache de tout les autres. Oliver Sacks nous raconte avec une immense humanité l'histoire de chacune des personnes dont il racontera le traitement : il souligne leurs intérêts, parle de leur famille, de leur métier. Voilà selon moi le signe subtil d'un grand médecin : il aurait été tellement facile de faire de ce livre un condensé des réactions au traitement, sans aborder aucun aspect personnel, tant ces personnes étaient devenues difficiles d'approche, profondément handicapées par un demi-siècle de souffrance, incapables de parler, de bouger et de contrôler le moindre de leur mouvement. Et pourtant. Sacks redonne vie, il dépeint leur humanité en trouvant en chacun d'entre eux une raison de s'y attacher.

Malgré les défaites souvent rencontrées et les souffrances inhérentes au travail dans un hôpital du malades chroniques, Sacks nous livre un témoignage d'humanité immense. On le sens touché par la personnalité et le drame qui se révèle chez chacun des patients.



Au delà de tout ces éléments qui font de cet ouvrage un essentiel, il y a aussi la vision de la neurologie du Dr. Sacks qui est importante dans ce récit. Comme dans plusieurs autre de ses ouvrages, le parallèle est important à faire avec les livres d'Alexandre Louria. Tout les deux considère que l'on fait "de la neurologie sans âme, et de la psychologie sans corps". Notre conception de la médecine est encore influencée par Descartes et son dualisme corps / esprit, alors que nous savons bien qu'aucune division n'est aussi artificielle que celle-là! Sacks est en faveur de l'unification de ces deux discipline, qui en fait, ne sont qu'une.



En bref, je recommande cet oeuvre avec enthousiasme, pour tout ceux ayant un peu d'intérêt pour la médecine, la neurologie, ou la philosophie des sciences en général. Ou simplement pour l'aventure humaine.
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Oncle Tungstène

Il s'agit probablement de l'un des meilleurs livres de l'auteur : il y a dévoile une enfance fascinante en Angleterre, au sein d'une famille peu conventionnelle (ses deux parents sont médecins, ainsi que ses frères, alors que plusieurs de ses oncles sont chimistes).



La construction du récit en fait une oeuvre hors catégorie : à la fois chroniques d'essai scientifiques et chimiques d'un enfant dans les années 40 et 50, portrait d'une famille fascinante et fascinée par la science, mais également grande fresque historique des découvertes en chimie des derniers siècles, parsemé d'anecdotes rocambolesques et touchantes.



Le grand neurologue qu'est Olivers Sacks nous raconte comment nait une passion scientifique dans le coeur et l'esprit d'un jeune homme. Son Oncle Tungstène, personnage récurrent, est en vérité son oncle, industriel fabricant des ampoules... au tungstène.
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L'odeur du si bémol : L'univers des hallucina..

Connu pour ses contes cliniques, le neurologue nous plonge dans le mystère des hallucinations, au confluent de la science et de la littérature.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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L'homme qui prenait sa femme pour un chapea..

Quel titre singulier me direz-vous.

L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau.

Cela pourrait faire penser à un livre d'histoire drôle ou absurde mais ce n'est rien de tout cela.



L'auteur, Oliver Sacks est un neurologue qui a décidé de nous conter certains cas dont il s'est occupé.

Son but n'est pas de nous faire profiter de la misère des autres mais pour nous apprendre, comprendre et peut être ainsi permettre de guérir des cas insolites et donc peu connus.

Nous pourrions nous dire que depuis 1985, date de la première parution, les symptômes doivent être connus du grand public.

Il n'en n'est rien.



Il souhaite aussi et surtout, à travers ses écrits, nous présenter des cas cliniques mais avant tout des êtres humains, luttant contre une maladie.



Enfin, il explique que "l'être profond" du patient a beaucoup d'importance en neurologie car les désordres de ce type entraînent parfois des modifications de l'identité même du patient.



J'ai beaucoup apprécié sa façon de nous présenter ces histoires.

C'est un médecin qui se présente de manière profondément sensible à la détresse de ses patients et qui essaye de nous faire comprendre ce que leurs symptômes impliquent dans leur vie.



Prenons l'exemple de la femme qui n'a plus de proprioception.

Ce sens caché que nous avons tous et qui nous permet de faire les gestes, les mouvements adéquat pour nous tenir debout, parler ou porter.Il nous permet aussi d'avoir conscience que notre corps est bien le nôtre.

Imaginer perdre ce sens dont vous avez à peine conscience.

C'est difficile.

Et bien, il vous faudrait comme le dit la femme qui en est atteinte être les yeux de votre propre corps. Regarder votre bras pour qu'il puisse bouger comme vous le souhaitez.

Mais cela entraîne chez la patiente autre chose : la sensation que son corps ne lui appartient plus, qu'elle se trouve dans un corps mort.

Un sentiment difficilement imaginable et qui ne peut que nous toucher.



Cet essai est pleins de cas comme celui-là qui nous révèle un monde autre, où des hommes et des femmes voient, ressentent, vivent autrement que nous.

C'est aussi un essai pleins d'émotions, de réflexion et d'humanité.
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Un anthropologue sur Mars

Oliver Sacks fait partie de ces médecins qui pensent que pour aider un patient, il faut aller plus loin que l'observation extérieure. Parce que chaque malade est un individu doté de ses mécanismes de défense conscients ou inconscients propres, le neurologue considère qu'il est difficile de traiter un cas sans s'attacher à sa personnalité et son mode de pensée : "Le médecin ne peut étudier la maladie sans étudier l'identité, les mondes intérieurs que ses patients créent sous la pression de la maladie. Mais les réalités des patients, ou les mondes qu'eux-même et leur cerveaux construisent, restent largement incompréhensibles tant que l'on se contente de l'étudier de l'extérieur. En plus de l'approche objective du scientifique ou du naturaliste, il faut donc employer une méthode intersubjective en bondissant comme Foucault l'écrit dans, "à l'intérieur de la conscience morbide, (afin de) chercher à voir le monde pathologique avec les yeux du malade même." (p.20). Parce que les patients traités ont bien plus à partager que leurs souffrances et les seuls symptômes de leurs pathologies, les sept études cliniques ici rapportées constituent autant de riches enseignements pour le médecin que de curiosités pour le lecteur. Dix ans après le succès de L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau (1985 pour la version originale), le neurologue revient sur de nouvelles études de cas : achromatopsie, amnésie, syndrôme de Dostoeivski, autisme, syndrôme de la Tourette, le "neuro-anthropologue" témoigne d'histoires et de drames explorant des univers inimaginables...



Ces études accessibles aux lecteurs néophytes, montrent la nécessité de remettre en question les méthodes d'observation cliniques : même si les patients peuvent présenter des troubles pathologiques communs, Oliver Sacks insiste sur le fait que chaque cas est unique car il est profondémment lié à la personnalité de chaque patient. Le défi du neurologue se situe donc au delà de la simple observation. Selon Oliver Sacks, les études cliniques doivent en effet s'intéresser à chaque individu non pas comme un simple objet d'étude mais elles doivent aussi "revenir aux sujets concrets, aux individus qui les ont inspirées et dont elles traitent." (p.13). Cette approche humaniste déjà remarquée dans L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau et respectueuse du serment d'Hippocrate, fait honneur au neurologue anglais dont les publications sont susceptibles de renouveller le champ de recherches des neurosciences. De mon humble point de vue, ces études portant sur des cas plus que troublants, prouvent qu'il n'existe pas de généralités lorsque l'objet d'étude se rapporte à la construction cognitive des individus. Aussi vrai que la médecine est une science inexacte, elle se doit de tenir compte du facteur humain d'autant plus lorsqu'elle s'intéresse aux troubles neurologiques... Abondamment documenté par diverses sources, Un anthropologue sur Mars met le doigt sur certains mystères encore irrésolus de ce fabuleux organe que représente le cerveau...



Lire la chronique complète sur les Embuscades...
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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L'homme qui prenait sa femme pour un chapea..

Rangé dans la collection « Essais » du Point, ce livre d'Oliver Sacks reprend une série « d'articles de vulgarisation » de ce neurologue britannique rassemblés en un seul volume en 1986 (Le livre a donc un peu vieilli). Les articles présentent une description précise de problèmes neurologiques rencontrés par des patients que Sachs a eu a traiter. Ces articles sont rassembles selon trois thématique : « pertes », « excès », « le monde des simples d'esprit ». Le ton n'est pas celui du spécialiste qui s'adresse a des spécialistes, mais celui du portraitiste qui veut nous faire connaître des hommes présentant des troubles neurologiques au travers de ses yeux de médecin. Oliver Sachs expose les troubles de ses patients en plaçant ceux-ci dans le contexte de leur vie, en souhaitant montrer comment ceux-ci modifient leur vie. Rarement cependant il explique la cause physiologique de ces troubles. Ce choix m'a initialement quelque peu déçu, mais petit à petit je l'ai apprécié car il met réellement la personne au centre. Il amène le lecteur à se poser des questions sur ce qui fait l'identité et surtout invite a voir au delà des apparences. Je n'entrerai pas dans un résumé détaille des cas traités dans ce livre, d'autres critiques le font très bien (voir par exemple celle d'Alcapone ou de Madamedub), mais j'insisterai sur l'humanité qui se cache dans ce livre. Sachs met en exergue un problème commun que l'on peut avoir face a l'altérité : vouloir changer l'autre pour qu'il rentre dans le moule. Cela se marque dans les soins donnés à certains « simples d'esprit », comme Sachs les nomment, que l'on encourage exclusivement à trouver une forme d'indépendance dans des actes qu'ils ont du mal à réaliser (se déplacer dans une ville, s'habiller, ...) mais en négligeant les talents artistiques (que beaucoup possèdent) dans lesquels ils s'épanouissent. Malgré certains passages ou Sachs semble donner un jugement de valeur sur certaines vies, ce livre m'a finalement beaucoup plus de par sa profonde humanité. Bien entendu, notre cerveau gouverne en grande part ce qui nous fait homme, mais ce livre montre que des dérèglements, même extrêmes, nous révèlent toujours homme, mais autrement.
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L'homme qui prenait sa femme pour un chapea..

L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau est un recueil de récits cliniques. Tous les singuliers caractères qui peuplent ce livre sont authentiques et si l'on a parfois l'impression de naviguer en terrain fantastique, les situations surréalistes décrites par Oliver Sacks sont pourtant bien réelles. Pour le neurologue anglais, " L'être profond du patient a beaucoup d'importance dans les sphères supérieures de la neurologie, autant qu'en psychologie ; car le patient y intervient essentiellement en tant que personne et l'étude de sa maladie ne peut être disjointe de celle de son identité " (p.10). A mi-chemin entre le théoricien et le dramaturge, Sacks considère ses patients comme des " voyageurs de contrées inimaginables - contrées dont, autrement, nous n'aurions pas la moindre idée." (p.11). Réconciliant ainsi le médecin et le naturaliste, le neuropathologiste plaide en faveur de l'émergence d'une science nouvelle fondée sur des études croisées entre psychologie et neurologie...



Publié pour la première fois en 1988, ce livre qui s'inscrit clairement dans une démarche de vulgarisation scientifique, permet au néophyte d'appréhender les difficultés auxquelles sont confrontés les neurologues. Les troubles décrits par Sacks sont incroyables. Ils affectent non seulement les fonctions motrices des patients mais également leur prodonde personnalité. Ce que révèlent ces études de cas, c'est que soigner des patients atteints de troubles neurologiques sans s'attacher à comprendre les corrélations entre corps et esprit relève d'une fastueuse entreprise. D'après Sacks, il est compliqué de soigner un malade " sans approfondir l'anamnèse jusqu'au récit ou au conte : car c'est seulement là que nous avons à la fois un "qui " et un " quoi ", une personne réelle, un patient confronté à la maladie - à la réalité physique." (p.10). Renouant avec la tradition du récit des maladies, technique ancienne héritée d'Hippocrate, le neurologue considère que la rencontre entre les études du psychique et du physique est nécessaire pour progresser dans le traitement des malades. Grande est la tentation de croire que les cas présentés relèvent exclusivement de l'anecdote voire de la fable. Les récits du médecin s'accompagnent pourtant d'analyses argumentées et les cas relatés ne manquent pas de soulever de nombreuses questions : est-ce possible de ne pas reconnaître son propre visage ? Se peut-il qu'on ne puisse vouloir se servir de ses mains qu'au bout de 60 ans de vie ? Que penser de cette femme qui n'a aucune conscience de ce qui se passe à sa gauche ? Que dire encore de la femme désincarnée ou de cette femme qui ne comprenait pas les mots ? Comment croire encore à l'histoire de cet homme qui sous l'effet de la drogue, se retrouve dans la peau d'un chien ? Que se disent encore ces frères jumeaux qui communiquent exclusivement par le biais de nombres premiers ? Toutes ces histoires hallucinantes sont autant de témoignages improbables qui défient toute imagination. C'est déroutant, effrayant, vertigineux mais tellement captivant !



Grâce à l'évocation de ces quelques mystères irrésolus, l'écrivain scientifique invite à un voyage des plus troublants dans les méandres insondables du cerveau : maladie de Parkinson, syndrôme de Korsakov, maladie de La Tourette, maladie d'Alzheimer, autisme... tous ces troubles neurologiques dont nous avons plus au moins connaissance, prennent avec la lecture de ce livre une certaine consistance. Le médecin les a regroupés dans quatre chapitres : les déficits qui se caractérisent par une détérioration ou une incapacité de la fonction neurologique (aphonie/extinction de la voix, aphémie/altération de la parole, apahasie/trouble du langage, alexie/trouble lié à la lecture, apraxie/incapacité à coordonner correctement ses mouvements, agnosie/incapacité à reconnaître les objets, amnésie/perte partielle ou totale de la mémoire, ataxie/perte de coordination des muscles des bras ou des jambes). Les excès qui se traduisent par la surabondance fonctionnelle (hyperkynésie/hyperactivité, hyperboulie/tendance à l'exagération, hyperdynamie/hyperactivité musculaire, hypermnésie/exaltation de la mémoire, hypergnosie/exacerbation de la reconnaissance des objets...). Les transports (réminiscence, altération de la perception, imagination, rêve) qui ne sont pas souvent pris en compte du point de vue neurologique mais qui relèvent plus souvent de la psychanalyse (cf. Hildegarde de Bingen). Et enfin, le monde des simples d'esprits, "univers fascinant et paradoxal où tout tourne autour de l'ambiguité du "concret" p.222-226), qui interroge sur " cette qualité de pensée qui caractérise les simples d'esprit et leur confère leur poignante innocence, leur transparence, leur complétude, leur dignité " (p.224) mais qui n'est pas ou peu étudié par la science classique.



Aussi inquiétantes que soient ces histoires (elles relèvent pour beaucoup de l'incompréhensible), elles recèlent une richesse infinie de l'univers mental qui construit nos esprits. Ne serait-ce le vocabulaire parfois très technique, ce livre est tout à fait accessible et il incite certainement à fouiller le sujet. A découvrir !
Lien : http://livresacentalheure-al..
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L'oeil de l'esprit

Évidemment ce dernier opus du neurologue et psychiatre new yorkais Oliver Sacks a un titre moins intriguant que son essai L'Homme qui prenait sa femme pour un chapeau, mais il n'en décrit pas moins des histoires passionnantes souvent déconcertantes. Notre cerveau, quand il dysfonctionne, peut faire preuve d'une plasticité permettant une grande faculté d'adaptation, et les pathologies étonnantes évoquées par le docteur Sacks amènent à se poser des tas de questions.



Par exemple, saviez-vous que l'on peut perdre la capacité de lire, tout en étant toujours capable d'écrire (alexie sans agraphie)? Howard, auteur de romans mettant en scène un détective, a perdu du jour au lendemain la faculté de lire. Au lieu de privilégier l'audition, il s'est astreint à réapprendre à lire (lentement), tout en bougeant mains ou langue pour s'aider.

Saviez-vous que "l'équipement permettant de lire est intrinsèque à tout être humain alors que l'écriture est une invention culturelle relativement récente?"



Lilian, excellente pianiste, perdit la possibilité de lire ses partitions, de lire tout simplement et même de reconnaître les objets et les lieux, de façon progressive et inexorable. On la retrouve jouant de mémoire:

" Où suis-je s'écria-t'elle, cette question me fendant le coeur. Elle trouva cependant sa place et se mit à jouer magnifiquement le son s'éleva, fusionna, tournoya... Le regard tourné vers le haut, Lilian chantonna jusqu'à la fin de la mélodie quelle était en train d'interpréter."



L'auteur lui-même se perd facilement (au point de passer devant son immeuble sans le retrouver) et ne reconnaît que difficilement les visages (ce serait génétique). Cela paraît incroyable, mais il semblerait que les gens dans ce cas ne sont pas si rares. (2% des habitants de la planète).



L'une des plus belles histoires est celle de Sue, qui ne disposait pas de vision stéréoscopique, et y accède tardivement à la suite dune rééducation. Pour elle le monde change complètement!

" La neige tombait doucement en gros flocons humides, et je pouvais voir l'espace entre un flocon et un autre, ainsi que leur magnifique danse en trois dimensions. Autrefois, cette neige m'aurait paru tomber à plat, sur un seul plan vertical à peine éloigné de moi: j'aurais eu l'impression de la voir de l'extérieur. Mais désormais j'étais à l'intérieur de cette chute de neige, parmi les flocons."



Après l'expérience inverse de l'auteur, qui suite à un cancer oculaire perd justement cette vision stéréoscopique là, le livre se termine sur les cas différents de plusieurs aveugles, (dont l'un a été capable de monter sur son toit pour le réparer!) et la réaffectation de de certaines aires du cortex visuel au traitement d'informations acoustiques et tactiles.



Vous l'aurez compris, ce livre est tout à fait abordable (quelques pages seulement sont un peu plus compliquées à suivre), permet de comprendre le ressenti de certains malades et d'admirer les capacités incroyables du cerveau.


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L'oeil de l'esprit

Sans le mélanome oculaire qui fut diagnostiqué à Oliver Sacks au cours de Noël 2005, L’œil de l’esprit n’aurait peut-être pas vu le jour aussi rapidement. En effet, le neurobiologiste a décidé de s’atteler à la rédaction d’un livre consacré aux rapports entre l’œil et le cerveau, le malade et le monde, en même temps qu’il commença à rédiger un journal de bord relatant la prise en charge de son mélanome. Cela ne signifie pas pour autant que l’intérêt d’Oliver Sacks pour l’œil et ses merveilles date seulement de 2005. Auparavant déjà, il avait suivi avec attention les cas de quatre patients atteints de pathologies oculaires singulières, et il relate ses propres expériences avec les mystères de la vision :



« Dans mon enfance, je souffrais déjà de violentes migraines ophtalmiques. […]Ces migraines m'ont incité très tôt à me pencher sur le cerveau et sa construction de la vision. Derrière une apparente simplicité et unité, il y a une complexité que la maladie révèle ».





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Un anthropologue sur Mars

Passionnant! Oliver Sacks, neurologue, décrit ici la vie de 7 patients souffrant de graves troubles (perte de la vue, autisme, syndrome de La Tourette...) mais qui ont en parallèle développé des aptitudes particulières dans des domaines spécifiques. Ayant partagé leur quotidien au moins quelques jours, il colle "au plus prés" de leur vie pour nous la faire partager, avec un regard scientifique et bienveillant, nous emmenant ainsi de surprise en surprise. Le cerveau humain, champs d'étude infini...
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L'oeil de l'esprit

Comment les prosopagnosiques de tout poil se débrouillent-ils dans la vie ? Plutôt pas mal grâce à la plasticité cérébrale, comme le démontre magnifiquement ce livre [...].
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L'oeil de l'esprit

Sans le mélanome oculaire qui fut diagnostiqué à Oliver Sacks au cours de Noël 2005, L’œil de l’esprit n’aurait peut-être pas vu le jour aussi rapidement. En effet, le neurobiologiste a décidé de s’atteler à la rédaction d’un livre consacré aux rapports entre l’œil et le cerveau, le malade et le monde, en même temps qu’il commença à rédiger un journal de bord relatant la prise en charge de son mélanome. Cela ne signifie pas pour autant que l’intérêt d’Oliver Sacks pour l’œil et ses merveilles date seulement de 2005. Auparavant déjà, il avait suivi avec attention les cas de quatre patients atteints de pathologies oculaires singulières, et il relate ses propres expériences avec les mystères de la vision : « Dans mon enfance, je souffrais déjà de violentes migraines ophtalmiques. […]Ces migraines m'ont incité très tôt à me pencher sur le cerveau et sa construction de la vision. Derrière une apparente simplicité et unité, il y a une complexité que la maladie révèle ».



Avant de parler de lui, Oliver Sacks s’attarde donc sur ses quatre patients atypiques. Lilian, grande pianiste, souffre d’alexie. Elle n’arrive plus à déchiffrer le moindre signe, et ses partitions musicales deviennent pure abstraction. Le trouble s’aggrave année après année et touche la plupart des objets de la vie quotidienne. Toutefois, si elle ne reconnaît plus un vase qui lui appartient ou les fruits et légumes qu’elle achète au supermarché, elle est capable de voir qu’un tableau est mal aligné ou d’autres détails qui rendent la compréhension de son trouble encore plus mystérieuse. Dans une existence où tous les repères sont brouillés, Lilian déploie des ruses sans cesse renouvelées pour continuer à mener une vie ordinaire.

Les autres cas évoqueront un homme incapable de déchiffrer le moindre mot, un homme incapable de reconnaître le moindre visage, un aveugle qui répare brillamment la gouttière de son toit, et feront le lien entre strabisme et vision en 3D.



Tous ces cas sont décrits avec une grande minutie. Oliver Sacks s’investit pleinement auprès de ses patients et les assiste au quotidien pendant plusieurs courtes périodes qu’il renouvelle au fil des ans, suivant ainsi l’évolution de leur maladie sur le long terme. Devant des troubles qui ne présentent a priori aucune possibilité de guérison, Oliver Sacks oppose les grands pouvoirs d’adaptation du corps pour pallier à un sens d’autant plus indispensable qu’il constitue, dans ces exemples, la source même de la personnalité des malades (l’une est pianiste, l’autre écrivain…). On reste ainsi stupéfaits par les capacités déployées par chacun pour se réapproprier le monde d’une nouvelle façon.

Mais Oliver Sacks dépasse ces considérations de premier ordre et vient les enrichir de son expérience de neurobiologiste. S’aventurant souvent dans des contrées peuplées de détails dont le sens échappera parfois au commun des lecteurs, Oliver Sacks n’hésite pas à nous décrire les pathologies d’un point de vue scientifique qui éclairera sur les mécanismes à l’origine de la vision. Heureusement, il sait rester globalement très accessible. Avec un sens de la narration qui rapproche chacun de ces cas du genre de la nouvelle, on pourra également être troublé par les remises en questions que nous apportent les considérations de Sacks sur la vision. On en viendrait même à se méfier de ses sens, lorsqu’un mélanome confère à des jonquilles la couleur violette ou lorsque le paysage s’aplatit pour ressembler à une toile peinte. Pourquoi ces dernières visions ne seraient-elles pas plus crédibles que celles dont nous avons l’habitude ? Lorsque le monde peut être modifié du jour au lendemain, il est permis de douter de tout.



Le livre s’essouffle malheureusement lorsqu’Oliver Sacks nous livre le journal de bord de son mélanome. Ce constat est d’autant plus dommageable que le journal occupe près de la moitié de l’ouvrage. Certainement parce qu’il s’occupe ici de son cas personnel, Oliver Sacks oublie de prendre le recul dont il avait fait preuve pour les récits de ses autres patients et s’attarde trop longuement sur le désespoir que suscite son mélanome. Sans vouloir nier les implications psychologiques de ce trouble, on a parfois l’impression qu’Oliver Sacks se complaît dans son malheur et éprouve une sorte de plaisir malsain à en rajouter des lignes et des lignes sur le tragique de sa situation. Si Oliver Sacks livre de très bonnes analyses des cas de ses patients, il devient médiocre lorsqu’il se penche au-dessus de son nombril. Malgré cet étalage de vie privée un peu nauséeuse, on trouve heureusement un témoignage unique qui, venant compléter les quatre précédents, chamboule de nombreuses conceptions et interroge sur le bien-fondé de ce que nous jugeons être la « réalité ».



Faire de la science-fiction à partir d’observations médicales ? Oliver Sacks l’effectue brillamment et, même s’il se perd parfois dans une prose tragique qu’il maîtrise mal, l’originalité de ses apports et de ses réflexions nous permet de fermer les yeux sur ses petits emportements…




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L'homme qui prenait sa femme pour un chapea..

j'ai lu ce livre il y a quelques années dans le cadre de mes études et aujourd'hui encore il a laissé dans mon esprit sa marque indélébile....en arpentant les pages, on a l'impression de se retrouver dans un monde imaginaire peuplé de personnages irréels...et pourtant il s'agit bien là de cas concrets, réels...de personnes qui parlent elles même de leurs pathologies et comment elles les vivent au quotidien...des pathologies qu'on croirait sorti tout droit de l'imagination fertile d'un auteur de thriller angoissant lorgnant vers le fantastique....mais ceci est le quotidien d'Oliver Sacks, composée de la vie de patients hors normes qu'il a pu rencontrer dans sa carrière et qui ont pû lui parler de leur pathologie....le livre est à lire absolument, il vous marquera à vie...il est assez difficile de suivre les tentatives d'explications scientifiques de l'auteur mais la description des pathologies est simple, compréhensible et tout à fait incroyable....
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L'homme qui prenait sa femme pour un chapea..

Excellent même pour celui qui n'est pas du milieu médical. Quelqu'un perd le sens de l'équilibre, un autre ne reconnaît plus les humains, une autre ne se maquille que la moitié gauche du visage.
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L'homme qui prenait sa femme pour un chapea..

Cela fait maintenant quelques années que j'ai lu cet ouvrage et pourtant il a laissé une marque indélébile dans mon esprit. Pourquoi ? Peut-être parce qu'il est tout simplement génial dans sa catégorie...ou peut-être que c'est plus affectif du fait qu'il s'agit du premier livre que j'ai lu dans le cadre de ma nouvelle vie d'étudiant en fac de psychologie...à moins que ce soit le mélange de tout un tas de chose...



Lecture non obligatoire mais fortement conseillée dans mon option de neuropsychologie, j'avais acheté ce livre tout simplement parce qu'il regorgeait de cas illustrant parfaitement le contenu du cours. Finalement, j'y ai trouvé bien plus que cela. Peut-être que je m'attendais trop à quelque chose de froid et aseptisé dans sa forme alors qu'en le lisant on se rend compte qu'il n'en est rien.



Oliver Sacks a réussi a partagé ses cas aussi intéressants les uns que les autres tout en évitant d'être trop abscons dans son propos. Il a vraiment réussi à rendre son travail et ses observations abordables et ce que l'on suive parallèlement à la lecture des cours de neuropsychologie (ou équivalent dans d'autres disciplines que la psychologie) ou que l'on soit un lecteur curieux et avide de connaissances, de découvertes ou de nouveautés.



Bref, même après toutes ces années (bon y'en a pas tant que ça non plus^^) je me souviendrais de la lecture agréable que m'a procuré ce livre et des connaissances que j'ai pu engrangé.

Certainement un livre qui aura toujours sa place dans ma bibliothèque !
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L'oeil de l'esprit

Le fonctionnement du cerveau c’est à la fois fascinant et un peu stressant. Oliver Sacks et Antonio Damasio sont les scientifiques que j’ai lu sur le sujet, ils me passionnent et j’admire la qualité de leur argumentation et le respect du lecteur dont ils font preuve en nous prenant ni pour des enfants ni pour des neurobiologistes confirmés.

A son habitude Oliver Sack ( vous avez peut être déjà lu « L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau » ) part de cas de patient qu’il a connus et qu’il a pris en charge. Rien de vaut les exemples concrets pour remplacer le jargon scientifique.

Son propos est de nous faire comprendre les interactions entre la vue et le cerveau.

Que se passe t-il lorsque quelque chose dysfonctionne sur le chemin entre l’oeil et le cerveau ? comment les personnes dans ce cas contourne les difficultés, luttent contre elles ou les compensent.

D’abord un préalable, pour tous ceux qui pensent que le sujet est lourd et triste, j’affirme qu’il n’en ai rien, c’est bien au contraire un constat réconfortant qui s’impose devant les fascinantes possibilités de notre cerveau.

Que pensez-vous qu’il arrive à une pianiste atteinte d’agnosie visuelle ( oui je fais un peu la neurologue ) qui se révèle incapable de lire sa partition mais conserve en mémoire toutes les partitions apprises et peut les restituer avec talent, puis quelques années plus tard devient incapable de déchiffrer un texte ou faire la différence entre un verre et une bouteille ?

Est-il possible d’imaginer une personne incapable de voir en 3D, aucun relief, les paysages observés sont plats tels des tableaux, peut-on penser qu’un aveugle est capable de réparer la gouttière de son toit ?

Comment font les personnes qui sont incapables de reconnaître les visages ou de s’orienter dans un bâtiment ? Oliver Sacks est particulièrement bien placé pour en parler, il est atteint de ces troubles depuis toujours.

Imaginez un écrivain incapable subitement de déchiffrer le moindre mot, tout ce qu’il lit lui apparait aussi obscure que du Coréen ou du serbo-croate ?



Oliver Sacks nous fait partager le quotidien des ces hommes et de ces femmes qui vont prendre leur handicap à bras le corps, qui vont développer des stratégies pour que ce manque, cette difficulté, cette défaillance de la machine humaine ne les prive pas des joies élémentaires ou de leurs capacités personnelles.

Ce que peux le cerveau est loin d’être totalement élucidé et dans beaucoup de ces exemples on est frappé par les capacités de celui-ci et par le courage et la détermination des patients.



Lilian la brillante pianiste compense pendant très longtemps son handicap, se sert d’une série d’astuces pour ne pas être prise au dépourvu et trouve de la joie dans la musique.

L’écrivain découvre qu’il peut écouter au lieu de lire, qu’il peut dicter au lieu décrire, Sue qui ne voyait pas en 3D entame une rééducation et un jour enfin ne voit plus la neige comme sur un écran plat mais « Mais maintenant, je me sentais à l'intérieur, parmi les flocons de neige. J'étais submergée par une profonde sensation de beauté. »

Des leçons d’espérance, une dose d’empathie aussi haute qu’une montagne, une chaude humanité, ce qui pourrait être un livre triste et pesant devient un parcours fascinant et profondément humain à travers cette étrange machine qui nous fait vivre.



Passionnant essai qui me donne envie de revoir le film L'éveil tiré de l'expérience d'Oliver Sacks lorsque jeune neurologue il s'est trouvé confronté à une sorte de maladie du sommeil dont il va chercher à guérir ses patients



Ecoutez l’émission Sur les épaules de Darwin sur le sujet, Jean Claude Ameisen est un conteur magnifique profitez en


Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Musicophilia : La musique, le cerveau et nous

Un livre surprenant qui décortique avec beaucoup de pédagogie les interactions entre notre cerveau et la musique, tant au niveau physiologique qu'émotionnel. Passionnant !
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L'homme qui prenait sa femme pour un chapea..

O.Sacks , neurologue anglais a exercé et enseigné au Albert Einstein Collège de médecine de New York. « « L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau », paru en 1988, a été un best seller international.



Oliver Sacks décrit dans ce livre des cas de malades atteints dans leur corps et leur personnalité la plus intime, dans l’image d’eux –memes.



Il décrit des pathologies authentiques hors du commun et sans explication médicale précise : Des jumeaux arriérés mentaux capables de calculs prodigieux, un homme qui se vit comme un chien, un autiste totalement artiste, une femme qui a perdu la notion meme de son schéma corporel, un homme qui ne reconnaît plus ni les visages ni les objets, un marin amnésique….



Le livre est peuplé de personnages réels au parcours étrange et pathétique.



-Un cas : « l’homme qui tombait de son lit » : Un homme ayant ce que le neurologue avait appelé une « jambe paresseuse » se retrouve hospitalisé pour examens. A son réveil, il trouve dans son lit une jambe ne lui appartenant pas et croit à une plaisanterie douteuse. Il la jette au bas du lit et tombe avec elle car c est la sienne. Il croit alors cette jambe étrangère attachée à lui. Le docteur Sacks lui demande où est alors sa propre jambe. Il répond : « il faut la retrouver ! ». Il s agit de la perte de conscience totale d’un membre hémiplégique.







-Deuxième cas : « Le marin perdu » :







Notre mémoire est notre cohérence. Le marin en question avait été assistant radio dans la marine et se rappelait très bien cette époque . Mais ses souvenirs s’arretaient à la fin de cet emploi et de la guerre.



Il se croyait toujours en 1945 et croyait avoir toujours 19 ans ; il était excellent aux tests de QI sauf s’ils étaient longs car alors il finissait par oublier ce qu ‘il était en train de faire . Il ne se souvenait pas un quart d’heure après avoir vu le docteur un quart d’heure avant.



Cas d’une extreme perte de mémoire immédiate, ce malade , quand il gardait un souvenir, ne savait plus s’il datait de quelques minutes ou de quelques semaines.



Sans doute était-il atteint d’une dégénérescence des tubercules mamilliaires et restait pour ainsi dire prisonnier d’un moment de son existence entouré d’un fossé d’oubli.











-Cas de « l’homme qui prenait sa femme pour un chapeau »:



Le Dr P. se mit à ne plus reconnaître les visages ni les objets et ne savait à qui il avait à faire que par la reconnaissance de la voix ou d ‘un signe distinctif de la personne.



Les visages étaient devenus des puzzles dont il ne reconnaissait que certaines pièces .



Les objets lui étaient devenus étrangers sauf s’il pouvait les reconnaître à une odeur ou un son :il attrapa la chevelure de son épouse croyant avoir reconnu son chapeau, il décrivit un gant comme un objet ayant cinq excroissances ,puis le mit et s’écria : « Mon Dieu, mais c’ est un gant ! »



Il s’accommoda, vécut par habitude, gràce aux voix , aux bruits , aux odeurs ; sa femme l aidait en plaçant toujours les objets au meme endroit , quant à lui , musicien, il accompagnait chaque action d’une chanson particulière .



Il reconnaissait les autres à leurs gestes qu ‘il appelait « leur musique corporelle ».



Le Dr Sacks a perdu de vue le Dr P. mais a pensé à un trouble des zones visuelles du cerveau causé par une tumeur ou une dégénérescence massive .



-Cas de la « femme désincarnée » :



Sacks définit ce qu ‘il appelle la « proprioception » un peu comme notre 6ème sens qui fait que automatiquement et inconsciemment nous controlons et adaptons tout mouvement de nos muscles, tendons, jointures . C’est le moyen par lequel le corps se voit lui-meme, avec lequel nous avons le sens de nous –meme.



Il nous permet d’éprouver notre corps comme notre, ce qui va tellement de soi que nous n’y pretons aucune attention.



Or, le cas d’une jeune femme dynamique semble montrer que nous pouvons etre privés de cette certitude .



C. reve une nuit qu ‘elle ne tient plus sur ses pieds et que les objets lui échappent des mains .



En quelques jours , cela devient réalité. Angoisse hystérique ?



Elle perd la coordination de ses gestes, le contrôle essentiel de son corps. Elle dit ne plus sentir son corps, etre désincarnée. C’est comme si les lobes pariétaux ne recevaient plus les informations sensorielles normales.



Elle avait perdu la sensibilité de son corps, le sens de la position, ce que Sacks appelle la proprioception.







Elle dut compenser avec ses yeux et regarder les parties de son corps pour se les réapproprier partiellement. Elle développa des réflexes visuels compensatoires ce qui lui permit de vivre mieux cette pathologie.



Ce livre de Sacks, captivant , donne accès à un aspect étrange de l humain en 24 cas étudiés.


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L'oeil de l'esprit

Une telle rencontre dans l'histoire de la pensée est rare. La joie d'en être le lecteur témoin l'est tout autant.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
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L'oeil de l'esprit

Qui aussi bien qu'Oliver Sacks peut dépeindre dans ses moindres détails les symptômes et l'évolution d'une maladie neurologique en racontant à son lecteur une extraordinaire aventure humaine ?
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