Oliver Sacks fait partie de ces médecins qui pensent que pour aider un patient, il faut aller plus loin que l'observation extérieure. Parce que chaque malade est un individu doté de ses mécanismes de défense conscients ou inconscients propres, le neurologue considère qu'il est difficile de traiter un cas sans s'attacher à sa personnalité et son mode de pensée : "Le médecin ne peut étudier la maladie sans étudier l'identité, les mondes intérieurs que ses patients créent sous la pression de la maladie. Mais les réalités des patients, ou les mondes qu'eux-même et leur cerveaux construisent, restent largement incompréhensibles tant que l'on se contente de l'étudier de l'extérieur. En plus de l'approche objective du scientifique ou du naturaliste, il faut donc employer une méthode intersubjective en bondissant comme Foucault l'écrit dans, "à l'intérieur de la conscience morbide, (afin de) chercher à voir le monde pathologique avec les yeux du malade même." (p.20). Parce que les patients traités ont bien plus à partager que leurs souffrances et les seuls symptômes de leurs pathologies, les sept études cliniques ici rapportées constituent autant de riches enseignements pour le médecin que de curiosités pour le lecteur. Dix ans après le succès de L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau (1985 pour la version originale), le neurologue revient sur de nouvelles études de cas : achromatopsie, amnésie, syndrôme de Dostoeivski, autisme, syndrôme de la Tourette, le "neuro-anthropologue" témoigne d'histoires et de drames explorant des univers inimaginables...
Ces études accessibles aux lecteurs néophytes, montrent la nécessité de remettre en question les méthodes d'observation cliniques : même si les patients peuvent présenter des troubles pathologiques communs,
Oliver Sacks insiste sur le fait que chaque cas est unique car il est profondémment lié à la personnalité de chaque patient. le défi du neurologue se situe donc au delà de la simple observation. Selon
Oliver Sacks, les études cliniques doivent en effet s'intéresser à chaque individu non pas comme un simple objet d'étude mais elles doivent aussi "revenir aux sujets concrets, aux individus qui les ont inspirées et dont elles traitent." (p.13). Cette approche humaniste déjà remarquée dans L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau et respectueuse du serment d'
Hippocrate, fait honneur au neurologue anglais dont les publications sont susceptibles de renouveller le champ de recherches des neurosciences. de mon humble point de vue, ces études portant sur des cas plus que troublants, prouvent qu'il n'existe pas de généralités lorsque l'objet d'étude se rapporte à la construction cognitive des individus. Aussi vrai que la médecine est une science inexacte, elle se doit de tenir compte du facteur humain d'autant plus lorsqu'elle s'intéresse aux troubles neurologiques... Abondamment documenté par diverses sources,
Un anthropologue sur Mars met le doigt sur certains mystères encore irrésolus de ce fabuleux organe que représente le cerveau...
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