Ce roman est un délit non prémédité, je n’avais aucune idée en le commençant que je traiterai de l’amour et de la folie, c’est au fil de l’écriture que ces thèmes se sont révélés.
J’ai tout d’abord trouvé cette phrase « Ceci est mon histoire vraie avec des mensonges à l’endroit, à l’envers… » puis je l’ai attribuée à un enfant, j’ai ensuite décrit ce que l’enfant voyait autour de lui.
Pour Mademoiselle Superfétatoire, je ne voyais pas cette femme, si originale, se contenter de promener un caniche au bout d’une laisse, « des pâtés de poil » comme elle les appelle. Puis, j’ai trouvé cet oiseau intéressant et j’ai décidé de l’emmener dans l’histoire en lui donnant un caractère, et un rôle de pièce rapportée dans la famille qui en compte quelques autres comme l’ordure ou le cavalier Prussien, et puis bien évidemment Mister Bojangles. En les inventant je ne savais pas qu’ils s’imposeraient tout au long du roman.
Pour l’Ordure par exemple, je souhaitais que mes personnages vivent dans un cadre élégant. Je me suis donc demandé comment le père avait gagné sa vie. Je voulais une méthode farfelue pour expliquer leur « presque richesse ». J’ai donc trouvé le délit d’initié et je me suis trouvé à décrire le sénateur, puis je l’ai trouvé attachant et j’ai décidé de l’embarquer.
Pour le jeu de dame géant, c’est venu assez naturellement, j’ai toujours trouvé les sols en damier très élégants. Mais l’élégance ne suffisait pas, il fallait lui trouver un rôle, une fonction et quand on y pense le sol en damier est un échiquier géant, non ?
Comme je vous le disais, j’ai commencé naturellement à écrire avec les mots de l’enfant et cette poésie naïve. Puis, je me suis dit que je voulais développer une autre sorte de poésie un peu plus élaborée. J’ai trouvé l’histoire des carnets qui me permettaient de faire parler le père. Au début, je pensais que ce serait seulement par le biais de paragraphes et assez vite, de peur de me lasser et de lasser le lecteur avec ce ton enfantin, j’ai décidé de faire une sorte de dialogue entre le père et le fils, de donner les deux points de vue pour des événements similaires. Les paragraphes du père sont devenus des chapitres.
Concernant la naïveté enfantine, et bien, je vais peut-être vous surprendre mais pas tant que ça ! Peut-être ai-je encore le quotient intellectuel d’un enfant ce qui m’a facilité la tâche !
Si vous me le permettez, je ne suis pas tout à fait d’accord avec votre analyse concernant le père. Si l’enfant trouve les comportements de sa mère souvent hilarants car il ne décèle pas la gravité qui se cache derrière ceux-ci, le père, lui, comprend assez vite le drame qui se cache dans ces extravagances.
A mon avis, ils ne nient pas les problèmes, ils les traitent différemment. Je ne sais pas s’il est bon d’être anormal, mais je pense que la société a besoin des pragmatiques pour lui permettre d’avancer et des fêlés pour la faire rêver.
Ce n’était pas vraiment un choix car je lis très peu les romans d’aujourd’hui, je suis donc un piètre analyste du catalogue littéraire actuel. De manière générale, je n’ai pas de talent pour parler de littérature ou des arts en général. Je voulais écrire une sorte de conte tendre, drôle, poétique et fantasque, j’ignorais au début la tournure que prendrait le roman à commencer par sa dimension dramatique.
Je suis très admiratif des danseurs, je trouve qu’il y a un abandon maitrisé dans la danse dont je suis proprement incapable. Il y a aussi parfois une légère folie très esthétique dans le fait de s’oublier en dansant. Une folie fugace. J’aime beaucoup regarder les gens danser, et secrètement j’aimerais pouvoir en faire autant !
J’ai toujours essayé de transformer mes tracas en farces, faire rire ou sourire mes proches avec mes histoires d’échecs ou mes mésaventures. Il faut parfois quelques jours avant de dénicher un ressort comique dans ses ennuis ! C’est peut-être pour cela que j’ai transmis cette volonté à mes personnages. Distraire les gens plutôt que de quémander leur compassion.
C’est un petit miracle, car je ne connaissais pas cette chanson 15 jours avant de me mettre à table pour écrire ce roman ! Un ami avait gentiment rempli mon I Pod de musiques et je l’ai découverte en marchant dans les rues de Paris sous la pluie et le froid. Elle m’a beaucoup touchée. Je l’ai donc écoutée en boucle pendant quinze jours. Et puis, lorsque je me suis mis à écrire les premiers paragraphes elle est passée sur mon ordinateur. Au début j’ai souhaité la mentionner sans penser que Bojangles deviendrait un personnage aérien du roman.
En réalité, il s’agit de mon deuxième roman, le premier n’a pas trouvé d’éditeur. J’avais depuis longtemps l’envie d’écrire, j’avais fait dans le passé quelques tentatives très médiocres.
Il a fallu un licenciement qui m’offrait du temps, et un petit frère qui m’offrait un toit, une assiette pleine, du café et du tabac pour que je décide d’y consacrer deux années. Ce fut deux ans de formation en quelque sorte. Même si ce premier roman est bourré de maladresses et n’est pas éditable en l’état, il était nécessaire à mon apprentissage.
J’ai commencé à écrire un nouveau roman avant de savoir que Bojangles allait être édité. J’ai continué avant que Bojangles sorte en librairie. Je n’ai plus le temps d’écrire en ce moment, mais je pense qu’il sortira dans deux ans, peut-être un peu plus. Il sera parfaitement différent.
Aucun en particulier, je regrette mon manque de précision, mais dès que j’ai commencé à lire énormément, j’ai eu envie d’écrire.
Presque tous les livres que je lis me donnent des complexes. J’ai toujours des moments d’accablement en lisant certains auteurs, un accablement admiratif.
Sir Arthur Conan Doyle vers 10 ans. Sherlock Holmes est le personnage qui m’a offert mes premières insomnies littéraires.
Je pense qu’il s’agit du Le Portrait de Dorian Gray il y en a beaucoup d’autres mais celui-ci remporte la palme je crois.
Tous ceux que je n’ai pas encore lus !
Je ne sais pas s’ils sont méconnus mais je recommanderais les livres d’Antoine Blondin que je lis en ce moment.
J’ai déjà peu de temps pour parler les livres que j’aime, j’en ai encore moins pour parler des livres que je n’aime pas !
« Je vis au seuil de moi-même à l’intérieur il fait sombre » Antoine Blondin.
Vous constaterez que je suis monomaniaque ! Je viens de terminer Certificats d`études d` Antoine Blondin ! Un livre précieux pour l’ancien cancre que je suis.
Olivier Bourdeaut, écrivain (entretien audio publié le 19/04/24 par "un café au comptoir") Un café au comptoir avec Olivier Bourdeaut, écrivain, enregistré au Café du Commerce Barbès à Paris, 13 rue Clignancourt, Paris (18e) Mon invité du jour est de ceux à qui la vie n'impose qu'un seul choix. Certains entendent depuis leur plus jeune âge lappel du seigneur, lui cest celui des rêves, de lécriture qu'il a entendu . Laffaire aurait pu être, elle aussi, rapidement entendue, mais cest d'abord un long chemin de croix qui sest ouvert sous ses pas avant que le succès ne surgisse enfin il y a quelques années. Ecrivain. Le mot est lâché. Lui, se sentait auteur au plus profond de ses tripes. Cétait comme sil tenait déjà la première phrase de son roman ainsi que la dernière. Le plus compliqué ne résidait pas dans le fait de trouver la volonté de combler les 500 pages manquantes mais bien dans la difficulté matérielle de sy atteler ! Car Dieu sait, hélas, que la vie n'est pas un paradis ! Mon invité a donc vécu un enfer sur terre, ou du moins un purgatoire pavé de petits boulots pour lesquels il ne possédait aucune aptitude particulière et dans lesquels il ne s'épanouissait pas. Mais je vous rassure, son existence ne se réduit pas à une visite du pandémonium. Il tire ainsi le diable par la queue jusqu'à ce que la publication en 2016 de son premier livre, en attendant Bojangles, ne le sorte de l'ombre pour la lumière. Le roman est rapidement sacré best seller, adoré par des centaines de milliers de lecteurs, avant d'être adapté en Bd au théâtre et même au cinéma. Mais il ne faut voir aucun miracle dans ce succès ! Le mérite en revient uniquement à son travail, acharné : religieusement dès 4 heures - prière de ne pas le déranger - le créateur à luvre, chaque matin, donne vie à des personnages attachants, transformant le café et la fumée de ses cigarettes en passionnantes histoires. Ce parcours aux allures de parabole sonne comme une revanche, celle d'un homme qui adore les mots, qui les savoure, qui leur voue une véritable passion, quasi mystique. Dailleurs quand ils se refusent à lui, quand l'inspiration l'abandonne, il grommelle dans son coin, il se sent en proie à tous les tourments, prêt à se crucifier. Non je ne me moque pas, et jai même personnellement beaucoup de tendresse pour mon invité qui, en grand pratiquant de l'autodérision, dévoile avec humour dans son dernier ouvrage, véritable petite perle autobiographique, ses peurs les plus intimes. De son angoisse de la page blanche aux difficultés dexister, du sentiment d'illégitimité à trouver sa place dans la société à l'inconfort de s'affirmer quand tout ce quon sait finalement faire c'est inventer, écrire, conter. Et cest afin d'évoquer tout cela , errances et révélation comprises, que je lui ai proposé de me rejoindre au café du commerce Barbes, pour prendre avec lui un café au comptoir. Emission présentée par Alexis Himeros
Qui a écrit la chanson Mr Bojangles ?